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Stephen B. Roman
From the Library of Daniel Binchy
REVUE CELTIQUE
TOME XI
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A\^ FONDEE ^ ^F-v.
/\ H. GAIDOZ ST^
^\^ 1870-1885 rx
lS^^ publiée sous la direction de .^r\
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H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE ^
Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France
AVEC LE CONCOURS DE
J. LOTH E. ERNAULT
Professeur à la Faculté Professeur à la Faculté des
des lettres de Rennes lettres de Poitiers
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNIQUES ET DU CONTINENT
G. DOTTIN
Agrégé de l'Univeisité, Secrétaire de la rédaction
Tome XI
PARIS
EMILE BOUILLON, LIBRAIRE-ÉDITEUR
67, RUE RICHELIEU, 67
1890
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES
DANS LE TOME XI
Pages.
ARTICLES DE FOND.
La vie de saint Maio, étude critique, par L. Duchesne i
The Fer Diad épisode of the Tain Bô Cuailnge (suite), by Dr. M.
Nettlau 23, 318
Les bracac et les hosae, par E. Saglio 33
A note about Fiacha Muillethan, by Whitley Stokes 41
Anciens noëls bretons (suite), par H. de La Villemarqué .... 46
Notes on Welsh Consonants (suite), by Dr. M. Nettlau .... 68
Inscription attique relative à l'invasion des Calâtes en Crèce (279-278),
par S. Reinach 80
Closes bretonnes, par R. Thurneysen 86
Etudes bretonnes, VIL Sur l'analogie dans la conjugaison, parE. Er-
nault 94, 458
/ Uath Beinne Etair, edited by Kuno Meyer 125
Les anciennes litanies des saints de Bretagne, par J. Loth . . . . 135
Les Caulois et les populations qui les ont précédés dans l'Italie du
nord, étude géograpliique, par H. D'Arbois de Jubainville. . . 1^2
Essai de classification chronologique de différents groupes de monnaies
gauloises, par A. de Barthélémy 173
Versions bretonnes de la parabole de l'Enfant prodigue, par E. Er-
nault 180
L'inscription prétendue gauloise de Nîmes — Camaracus — Tndcnlum
— Calkmarcius — Nancy, par H. d'Arbois de Jubainville . . . 249
La Création du monde, mystère breton (suite), par l'abbé Eug. Bernard. 254
Catalogue des mss. celtiques et basques de la bibliothèque nationale,
par H. Omont 389
The oldest version of Tochmarc Emire, by Kuno Meyer .... 424
MÉLANGES.
Notes sur quelques gloses galloises, par R. Thurneysen .... 203
Le suffixe d'égalité gallois en -et, par J. Loth 206
De l'adjectif subissant la mutation initiale après un substantif masculin,
par J. Loth 207
VI Table des Matures.
L'initiale du complément du verbe fléchi subissant rinfectio destituens. 208
Tene cen coicled — Ni bh-fuU, by Kuno Meyer 209
Addenda to the Echtra Nerai., by Kuno Meyer 210
Morgablou, par J. Loth 210
Note sur un texte de l'historien grec Eusebios relatif au siège d'une
ville des Gaules par les Francs, par Th. Reinach 211
Trublobion., par J. Loth 214
Hercynia, par H. D'Arbois de Jubainville 216
Le manuscrit luxembourgeois des Hisperidi famina, par H. Gaidoz et
Bradshaw 219
Epitaphe britannique chrétienne, par R. Mowat 344
Rapprochement entre l'épopée irlandaise et les traditions galloises, par
J. Loth 345
Saint Amphibalus, par J. Loth 348
Aguetou, cynneu, par J. Loth 349
Les noms gaulois en France dans le Roussillon, par H. d'Arbois de
Jubainville 488
Saint Branwaiatr, par J. Loth 490
La conversion de Maeisuthain, par H. D'Arbois de Jubainville . . 492
Loanwords in early Irish, by Kuno Meyer 493
Sur un passage du Mabinogi de Kulhwch et Olwen, par J. Loth. . 495
Vicus Artiacus près de Vérone, par H. D'A. de J 496
CORRESPONDANCE
Ch. de Kay, Ccntury Magazine^ p. 221 ; — M. Prou, Andebrinnaco,
222 ; — S. Reinach, Les Simulacra chez César, 224, 497 ; — S. Rei-
nach, Brogitaros 497
BIBLIOGRAPHIE.
.Mimer (A.) et P. Dissard, Trion. Antiquités découvertes en 1885,
1886 et antérieurement, au quartier de Lyon dit de Trion. . . 235
Arbois de Jubainville (H. d'), Les premiers habitants de l'Europe,
tome premier, deuxième édition 228
Loth (J.j, Chrestomathie bretonne, première partie, breton armori-
cain 351
CHRONIQUE.
Agde (Inscription grecque d') 386
Aided Echach mie Maireda 246
Antuberix et les Antobroges ^05
Arbois de Jubainville iH. d'i, Recherches sur l'origine de la propriété
foncière, 381 ; le duel conventionnel 388
Archaeological Revieiv cesse de paraître 24^
Armagh (travaux du P. Hogan sur le livre d'i 239. 384
Art (I') irlandais en Grande Bretagne 379
Table des Matières. vu
Atkiiison, Tri bior-ghaoithe an bhâis, 576; critique par Wh. Slokes,
387 ; notes de grammaire irlandaise. 506
Barthélémy (A. de), Manuel de numismatique ancienne 575
Basse-Bretagne (Les lutins en), 247; (excursion de Gallois en). . 579
Bellesheim, Gescliichte der katholischen Kirche in Ireland . . . . 511
Bladud le roi) ^ 378
Bonnet, Le latin de Grégoire de Tours 378
Brendan (S.) et Sindbad S05
Bricomaglos S04
Brugmann, Morphologische Untersuchungen 384
Celtique (le), sujet d'examen à l'Université de Londres 245
Coelho, Etudes celtiques. ^09
Cucuimne et Cummian 245
didu (la particule) 374
Droit irlandais (Résumé d'un cours de) 581
Duchesne (l'abbé), Les anciens catalogues ép'scopaux de la province
de Tours 388
Espérandieu, Epigraphie romaine du Poitou et de la Saintonge. . . 241
Evans (Gwenogfryn), Livre rouge de Hergest, t. II 504
Flavius Josèphe et Muirchu 370
Gaidoz, La rançon au poids 377
Gallois (excursion de; en Bretagne 379
Glas (dérivés de) en roman 506
Grammaire irlandaise du moyen âge. 372
Grégoire de Tours (Le latin de) 378
Gwenolé 1 Mystère de S.) 247
Habert, Marques de potiers gallo romains 246
Hennessy (la bibliothèque de) 388,498
Hergest (Livre rouge de) 504
Hogan (P.), Documents sur saint Patrice 239,384
Holder, Altceltischer Sprachschatz 386
Jacu (Vie de S.) 243
Janssen, Gesammt-Index zu Kluge's etymologischen Wôrterbuch . . 505
Jullian, Inscriptions romaines de Bordeaux 380
Kay (de), Irish Kings and brehons 507
Keating, Tri bior-ghaoithe an bhâis 376
Kerviler, Bibliographie bretonne 246
Kluge, Le celtique dans les langues germaniques, 382 ; index. . . 505
Lausum 508
Leamy, Irish fairy taies 385
Lecoat, La Bible traduite en breton 368
Liban, nymphe de la mer 246
Lièvre, Inscription gauloise du Vieux Poitiers 386
Lismore (Lives of saints from the book of) 241
Loth, Chrestomathie bretonne, 247 ; prix Langlois 248
Lutins (les) en Basse-Bretagne 247
VIII Table des Matières.
Luzel, Mystère de S. Gwenolé 247
Mac Carthy, Critique de Bellesheim 511
Mac Innés, Waifs and Strays of Celtic tradition 242
Meyer (Kuno), Etude sur les mss. Phillips, 572, 573 ; didu . . . 374
Meyer-Lûbke, Grammaire des langues romanes 500
Monnaies gauloises de la Bibliothèque nationale 383
Ms irlandais de Rennes et Celt. 1 , de Paris 507,508
Muirchu et Flavius Josèphe 370
Mureaux (allée couverte des) 506
Newgrange (monument de) 248
Nutt (A.), Remarques sur des contes écossais, 242 ; Celtic Myth and
Saga, 383 ; critique par Zimmer 507
O'Clery (Lughaidh), Vie de O'Donnell 238
Ogamique (inscription) de l'île de Man 511
Ogmios 244
O'Grady, Critique de Whitley Stokes, Lives of saints .... 370
O'Meagher, L'église S. Patrice de Rouen 506
Osthoff, Morphologische Untersuchungen 584
Patrice (documents sur S.), 239, 584; ^église rouennaise de S.). . 506
Phillips (mss. de Thomas) 372, 373
Pilot (the) de Boston 509
Reinach (S.), Les Gaulois dans l'art antique. ....... 244
Rennes (le ms. irlandais de) 507
Revue des Deux-Mondes (Le celtique dans la) 508
Rhys (J.), Leçons d'archéologie de la fondation Rhind, 239, 377,
501 ; Livre rouge de Hergest 504
Ronan (Vie de S.) 242
Roscher, Lexicon der griechischen und rômischen Mythologie. . . 244
Salamanque (Vies de Saints du ms. de) 374
Sarmento (travaux de Martins) 510
Serrure, Essai de grammaire gauloise 240
Smedt (de) 242,374
Société pour la conservation de la langue irlandaise 259
Stokes (Wliitley), Lives of saints from the Bojkof Lismore, 241, 370;
Gloses irlandaises et bretonnes, 246; critique d'Atkinson, The Pas-
sions, 387; Hibcnnca 511
Sullivan (Mort de William Kirby) 367
Thurneysen, formes verbales sigmatiques 580
Uraicept na n-eigeas 372
Vetta t. Victi 504
Vieux Poitiers (menhir du) 386
Windisch, le codex Boernerianus, les formules magiques en vieil irlan-
dais 511
Zimmer, formes verbales sigmatiques, 380; critique de Nutt, Studies
on the legcnd of the Holy Grail 507
LA VIE DE SAINT MALO
ÉTUDE CRITIQUE
La vie de saint Malo, écrite au ix^ siècle, a un grand intérêt
pour l'histoire locale de la Bretagne armoricaine. C'est la plus
ancienne de toutes les vies de saints bretons, si l'on excepte
celle de saint Samson. Encore celle-ci, malgré son étendue,
n'offre-t-elle que peu de pages, on pourrait même dire de
lignes, qui aient rapport au séjour du saint dans le pays où il
termina sa carrière. Quoi qu'il en soit, les personnes qui étu-
dient la formation et le développement des vieilles légendes
celtiques trouveront dans la vie de saint Malo le premier do-
cument bien daté^ d'un cycle épique fort célèbre, celui de
saint Brandan et de ses longs voyages à la recherche de l'île
Fortunée. C'est assez dire pour attirer leur attention sur les
rédactions diverses de la légende malouine.
Deux de ces rédactions nous ont été conservées, l'une signée
de Bili, diacre d'Alet, l'autre anonyme-. Dans la première, qui
est distribuée en deux livres, est compris un récit de la trans-
1. La vie latine de saint Brandan a été publiée par M. Cari Schrôder
(Sanct Brandan, Erlangen, 1871) d'après un manuscrit du xii'= siècle, qui ne
doit pas être de beaucoup postérieur à la rédaction du texte qu'il contient.
Il est à croire que cette rédaction tardive n'est pas le plus ancien document
de la célèbre légende. Je ne suis pas assez versé dans l'histoire de la litté-
rature celtique pour dire si des textes irlandais antérieurs au xii'= siècle ont
été publiés ou signalés. Mais je doute fort que l'on puisse jamais en pro-
duire qui remontent au delà de l'année 840, c'est-à-dire jusqu'au temps où
la légende de saint Malo permet d'attemdre.
2. Publiées ensemble à Rennes (Plihon, 1884), la première par dom
Plaine, la seconde par M. A. de la Borderie.
Bxvue Celtique, XI. . i
2 L. Duchesne.
lation des reliques du saint, suivi de quelques miracles que le
narrateur dit avoir eu lieu de son temps. La seconde s'arrête à
la mort de saint Malo en Saintonge; mais une troisième pièce,
contenant le récit de la translation, s'y réfère et en forme
comme le complément. Cette dernière est postérieure au règne
d'Alain le Grand (f 907) et antérieure au transfert des reli-
ques à Paris ; elle doit ainsi avoir été écrite dans la première
moitié du x^ siècle. La rédaction de Bili est dédiée à un
évêque, Ratwili, que l'on sait, par les chartes de Redon, avoir
siégé de 866 à 872 environ. Quant à la vie anonyme, sa date
n'est pas connue directement ; elle peut donner lieu à diverses
conjectures. Entre elle et la composition de Bili il y a de graves
différences ; il y a même, sur un point important, une contra-
diction très nette. Suivant elle, saint Malo aurait été ordonné
évêque dans le pays de Galles, avant son arrivée dans celui
d'Alet ; Bili, au contraire, suppose que le saint n'avait reçu
outre-mer que la prêtrise; il raconte avec de grands détails
son ordination célébrée à Tours, par Tévêque de ce siège mé-
tropolitain.
M. de La Borderie a rattaché ces deux rédactions l'une à Alet,
l'autre à Saintes ; il explique ainsi leur diversité. D'un texte
primitif seraient dérivées deux légendes, l'une aléthienne, l'autre
saintongeaise. Celle-ci serait représentée par la vie anonyme.
Bili n'est pas le premier qui ait écrit la vie de saint Malo. Il
dit lui-même, à la fin de son prologue, qu'un autre sage, alius
sapiens, avait, longtemps avant sa naissance, consigné dans un
livre « la vie, l'origine, la pérégrination et le séjour en divers
lieux du saint évêque Malo » ; mais que, plus tard, beaucoup
s' essayant à l'écrire, elle avait fini par être corrompue. C'est
à cause de cela qu'il entreprend de la reconstituer.
A quelle date remontait le travail de ce premier sage ? Sui-
vant Bili, ce serait longtemps avant sa naissance : longo tem-
pore antequam nos orti fuissemus. Or Bili était diacre vers l'an-
née 870; il occupa le siège d'Alet^ dans les dernières années
I . Dom Plaine l'identifie avec le Bili qui figure dans la liste épiscopale
de Vannes ; mais cette liste est dépourvue de valeur pour le temps où le
La Vie de saint Malo. 3
du ix*^ siècle; cela suppose qu'il naquit aux environs de l'an-
née 840. Le biographe doit donc avoir vécu au plus tard sous
Louis le Débonnaire,
Je ne crois pas, d'autre part, qu'il soit permis de remonter
beaucoup plus haut que ce règne. Voici pourquoi. Les détails
liturgiques, dans la description de la messe célébrée par le
saint sur le dos d'un monstre marin, se rapportent, non à la
liturgie gallicane qui était celle des Bretons des deux côtés de
la mer et des églises tranques aux temps mérovingiens, mais
à la liturgie romaine. VAgnus Dei, venant après le Pater,
est un trait caractéristique. Nous savons même quand il fut
introduit dans la messe romaine ; c'est sous le pape Ser-
gius (687-701), tout à la fin du vu" siècle. Or il est impos-
sible d'admettre que la liturgie romaine ait été importée à Alet
avant les derniers temps de Charlemagne. C'est seulement vers
le VIII* siècle qu'elle pénétra dans les églises de France. Les
Bretons, encore séparés politiquement du grand corps de l'em-
pire frank, obstinés de longue date dans une hostilité spéciale
contre les usages romains, ne durent point l'adopter sponta-
nément. Son introduction chez eux doit avoir été un des ré-
sultats de la conquête franque. J'ai même peine à croire
qu'elle ait été un des résultats les plus rapidement obtenus, et
je serais disposé à penser qu'il a fallu l'insistance de Louis le
Débonnaire et le zèle ^ qu'il portait aux choses de cet ordre
pour que l'on consentit à sacrifier sur ce point les vieux usages
nationaux. En tout cas, au temps où la vie de saint Malo fut
écrite, il y avait longtemps qu'on s'était résigné à la confor-
mité ; les habitudes étaient même si bien prises que l'on ne
concevait plus une autre façon de célébrer la messe et que l'on
trouvait tout naturel que saint Malo l'eût célébrée ainsi. Et il
n'y a pas à dire que ce détail a pu être ajouté par Bili ; il se
trouve dans les deux rédactions et doit ainsi être considéré
nom de Bili s'y trouve marqué. L'intérêt que ce personnage porta au re-
couvrement des reliques de suint Malo et le fait qu'il commença par être
diacre d'Alet donnent plutôt lieu de croire qu'il devint évêque de ce siège.
Ceci, du reste, n'empêche nullement de croire qu'un autre Bili ait été
évêque de Vannes.
I. Gallia Christ., t. XIV, p. 189 (Instr.).
4
L. Ducheme.
comme remontant à la source commune, la rédaction du pre-
mier « sage ».
Celui-ci écrivait donc sous l'empereur Louis et môme à une
date assez avancée de son règne, plutôt aux approches de
l'année 840 qu'aux environs de l'année 814.
Cette manière de voir est confirmée, dans une certaine me-
sure, par le fait que lors de la révolte de 811, les papiers de
l'église d'Alet avaient péri par le feu^
Aussi ne doit-on pas s'étonner que le premier « sage » ait
dû tirer de la tradition orale ce qu'il consignait dans son livre,
sicut ah aliis sapientibus audivit ac didicit scribere curavit.
La tradition orale, il faut le reconnaître, était une source
d'information assez trouble, car il y avait environ deux siècles
que saint Malo était mort. Cependant certains traits caracté-
ristiques, certains noms d'hommes ou de pays avaient pu se
conserver. Il est même possible que, bien que nous n'ayions
là-dessus aucun témoignage, la légende du saint ait été mise
par écrit avant la conquête franque et que le plus ancien bio-
graphe connu, Valius sapiens de Bili, ait pu se servir d'une ré-
daction antérieure à la sienne. Mais ceci n'est qu'une simple
possibilité, sur laquelle il n'y a rien à fonder. Avec les textes
dont nous disposons, il n'est pas possible d'atteindre autre
chose que le témoignage de l'écrivain contemporain de Louis
le Débonnaire, Encore ne peut-on l'atteindre qu'en dis-
tinguant, dans la rédaction de Bili, ce qui lui appartient en
propre de ce que lui fournit son prédécesseur.
Avant tout, il importe d'être fixé sur la date relative des
deux rédactions qui sont venues jusqu'à nous. L'origine sain-
tongeaise de la vie anonyme ne me paraît pas bien démontrée.
Quand même elle le serait, il n'y aurait rien d'impossible à
ce que le texte saintongeais fût plus ancien que celui de Bili.
La question doit donc être examinée, quelle que soit la solu-
tion que l'on adopte sur la provenance des textes.
J'ai déjà dit qu'il y a entre les deux rédactions une diffé-
rence très grave, l'une supposant que saint Malo n'était encore
I. Gall. chr., l. c, p. 253.
La Vie de saint Malo. 5
que prêtre quand il débarqua en Armorique, l'autre le pré-
sentant comme déjà ordonné évêque. Quelle est celle que
nous pouvons considérer comme dérivant, sur ce point, de la
tradition exprimée dans la biographie du premier « sage » ?
Examinons d'abord l'hypothèse où ce serait la vie anonyme.
Dans ce cas, il faudrait admettre que Bili a rompu avec la
tradition existante et introduit de son chef l'ordination de
saint Malo par l'archevêque de Tours. Ceci ne se conçoit
guère. Bili a dédié son livre à un évêque d'Alet qui n'avait pas
reçu à Tours la consécration épiscopale et qui ne reconnaissait
pas l'archevêque de Tours pour son métropolitain. Quel in-
térêt aurait-il eu à mettre son attitude en contradiction avec
celle du saint fondateur ? C'est déjà beaucoup qu'il ait laissé
subsister dans son livre, où il s'est permis tant de changements,
un épisode aussi peu d'accord avec le droit canonique in-
troduit par Nominoé.
Supposons au contraire qu'il ait trouvé cet épisode dans la
rédaction du vieux « sage ». Ici sa présence s'explique très
bien. Au temps de Louis le Débonnaire il n'y avait aucun
doute. Le métropolitain de Tours était le supérieur hiérar-
chique de tous les évêques de Bretagne. A lui revenait sans
conteste le droit de les consacrer. Quelle qu'ait été la réahté
historique, de quelque façon que les choses se soient passées
au temps de saint Malo, on comprend très bien qu'un ha-
giographe écrivant sous le régime frank ait représenté un
évêque d'Alet comme soumis à la métropole de Tours.
C'est donc l'anonyme qui aura rompu avec l'usage,
soit qu'il ait fait revivre une tradition plus ancienne, soit
qu'il se soit inspiré des relations hiérarchiques de son
temps pour parler, ou pour se taire, de celles du temps de
saint Malo.
Il y a donc, de ce fait, une prévention en faveur de Bili.
On est du reste frappé, en le lisant, du soin qu'il a d'indiquer
l'endroit précis où se sont passés les faits qu'il raconte. C'est
ainsi que le triple miracle du mort ressuscité, de la pierre
changée en coupe de verre et de l'eau changée en vin, est
placé par lui à Corseul, tandis que, dans la vie anonyme, le
lieu de la scène n'est point indiqué. Il en est de même de la
(3 L. Duchcsnc.
résurrection de la truie, localisée par lui à I.an-Domnech
(Saint -Domineuc). Il distingue, ce que ne fait pas l'anonyme,
entre l'île de Césambre (Sepiember), où il fait aborder le saint,
et l'île d'Aaron, où il le représente menant la vie de solitaire.
Il parle aussi des deux fermes appelées Laioc et Guoroc, où
l'âne de saint Malo allait tout seul faire les commissions de
son maître.
De plus, les récits de miracles recueillis par lui sont en bien
plus grand nombre que ceux qui figurent dans la vie anonyme.
Il semble donc avoir puisé plus largement dans la tradition,
soit écrite, soit orale. La première impression lui est plus fa-
vorable qu'à son collègue.
Cependant il faut y regarder de plus près et s'assurer que
l'avantage constaté sur certains détails se vérifie également
pour l'ensemble de la composition. C'est seulement après cet
examen que nous pourrons accorder la préférence à Bili chaque
fois que nous le trouverons en contradiction ou en divergence
avec l'auteur anonyme.
A la fin de son prologue il indique les sources d'où il tire
ses narrations ; c'est d'abord la tradition orale (j-elatione et nar-
ratione fidclium viroruvi), puis le livre du premier « sage ». On
serait porté d'après cela à croire que tout ce qui, dans sa ré-
daction, ne vient pas de ce premier sage, a été emprunté à la
tradition orale. Or il n'en est point ainsi. Bili s'est servi de
documents écrits autres que la vie du premier « sage », et cela
sans en prévenir le lecteur. Son prologue est, pour une très
grande partie, copié du prologue de la vie de saint Pair
d'Avranches, par Fortunat. C'est encore à cette vie qu'il a em-
prunté, sans autre changement que celui des noms propres,
ses chapitres 42, 43 et 46, sur les austérités du saint, sur le
pain donné au pauvre, sur l'enfant muet guéri aux environs
d'Alet. Tous ces passages manquent dans la vie anonyme, ce
qui porte à croire qu'ils ne se trouvaient pas dans le texte du
premier « sage ». En eff'et, s'ils s'y étaient trouvés, il serait
bien étrange que l'anonyme eût eu assez de perspicacité ou
de chance pour n'y faire absolument aucun emprunt.
Pour qu'on ne m'accuse pas de calomnier Bili, je vais don-
ner un spécimen de ses procédés d'assimilation littéraire, en
Lii Vie de saint Malo. 7
reproduisant le début de son prologue et celui du prologue de
la vie de saint Pair par Fortunat^
BILI.
Domino sancto etvenerabili toto-
que pectoris sinu amplectendo ac
meo magistro gregorio ^ in sancta
Trinitate Ratuilio episcopo mihi
amantissimo, Bili, levita humilis,
perpetuam salutem.
Magnitude caritatis profert tes-
timonium cuius curam in amico nec
mors subtrahit post sepultum. Qui
famam amatoris multis ostendere
studet post obitum, iam ipsam me-
moriam fortner diligit in defuncto
qui afîectum in Deo viventis toto
bibit in pectore propter quod nec
sepultum abstulitobliviodesermone.
Quo voto sollicitante, pater vene-
randissime, de beati Machuti vita
opinioneque confingere aliqua se-
cundum nostram impossibilitatem,
paucis paginis indicantibus, pigri-
tatem eicientes studuimus. Qui
certe vir apostolicus nec apud vos
oblivione nec apud nos absens est in
virtute, etc.
FORTUNAT.
Domino sancto et venerabili me-
ritis totoque sinu pectoris amplec-
tendo in Christo patri Martiano ab-
bati Fortunatus humilis.
Magnae karitatis profert testimo-
nium cuius curam in amico nec mors
subtrahit post sepulchrum; nam
qui famam amatoris studet post obi-
tum, ipsam memoriam fortiter dili-
git in defuncto ; denique affectum
viventis toto bibit in pectore, quem
nec sepultum abstulit oblivio de ser-
mone. Quo voto sollicitante, pater
venerandissime, de beati Paterni
opinione tam celebri iniungere non
distulisti a nobis aliqua loquente pa-
gina promulgari. Qui certe vir apos-
tolicus nec apud vos oblivione nec
apud nos absens est in virtute, etc.
Ainsi la fraude, car c'en est une, est à mettre au compte de
Bili. Non seulement il a puisé dans l'œuvre d'autrui les
phrases étudiées dont il orne son prologue, mais il n'a fait au-
cune difficulté de transporter à saint Malo les détails que For-
1 . Edition Krusch, dans les Monumcnta Germ., Auct. Antiqiiissimi, t. IV,
part. 2, p. 33.
2. Dom Plaine a pris, erreur excusable, ce mot pour un nom propre. Il
y a vu un Gfégoire « maître es lettres et es arts », distinct de l'évêque Ra-
tuili. En fait, il n'est question ici que de ce dernier. Un texte contemporain
de Bili, la vie de Léon IV dans le Liber pontiftcalis (t. II, p. 109 de mon
édition) fournit un exemple de grcgorius devenu épithète, dans le sens éty-
mologique, celui de vigilant. — Je cite, pour ce prologue, celui des deux
manuscrits de dom Plaine dont il a rejeté la leçon en note. Ces manuscrits
n'ont été connus de lui que par une collation de dom Chamard. Peut-être
ne serait-il pas inutile qu'ils fussent revus.
8 L. Duchcsne.
tunat donnait sur les austérités de saint Pair et les miracles
que la tradition d'Avranches lui attribuait.
Voilà un fait peu propre à encourager la confiance qu'ins-
pire, au premier abord, l'œuvre de cet hagiographe. Mais étu-
dions de plus près le rapport de sa rédaction avec la rédaction
anonyme.
Au début, elles diffèrent très peu. La naissance de saint Malo,
son éducation dans le monastère de Lancarvan sous la disci-
pline de l'abbé saint Brandan, le miracle du jeune saint en-
touré par la mer et sauvé miraculeusement, l'histoire du psau-
tier qui va le rejoindre sur son île, toute cette première partie
se retrouve dans les deux rédactions à peu près dans les mêmes
termes. Çà et là un synonyme, un tour de phrase plus ou
moins heureux, c'est tout ce qu'on trouve le plus souvent, en
fait de différences. Cependant il faut noter que le parentage du
saint est plus complet dans la vie anonyme : nous y voyons, ce
que Bili ne nous dit pas, que saint Magloire était, comme saint
Samson, cousin de saint Malo, la mère de celui-ci étant la sœur
iï Umbrafel , père de saint Magloire. Quant saint Malo vient
au monde, sa mère a soixante-cinq ans dans la vie anonyme,
quarante seulement dans le texte de Bili. La vraisemblance est
ici du côté de Bili ; est-ce une preuve qu'il soit plus primitif?
J'en doute fort. Plus loin, pour peindre l'ardeur intérieure
qui consumait le jeune saint, Bili nous le montre suant à
grosses gouttes, en plein hiver, et cherchant à se débarrasser
de son manteau ; l'anonyme dit qu'il n'en portait jamais, et
qu'il se contentait d'une simple tunique, ce qui ne Tempêchait
pas d'avoir toujours le front couvert de sueur. Ici encore son
récit a quelque chose de plus satisfaisant, qui porte à croire qu'il
se rapproche plus complètement de l'original. Vers la fin de
l'histoire du psautier miraculeusement transporté, Bili dit que le
tas d'algues sur lequel le livre sacré avait navigué fut changé
en une petite île; ce détail est omis dans la vie anonyme.
En somme, dans cette première partie, tous deux copient le
même texte, mais avec plus ou moins d'exactitude et de liberté ;
quelques menus détails, propres à chacun d'eux, s'expliquent,
ou par une fidélité plus ou moins grande dans la transcription,
ou par des retouches.
La Vie de saint Malo. 9
Entre l'histoire de saint Malo sauvé miraculeusement de la
marée et celle de son voyage à la recherche de l'île merveil-
leuse, Bili intercale le récit de son ordination presbytérale,
tandis que l'anonyme raconte encore un autre miracle de saint
Malo enfant, le miracle des charbons ardents jetés sur son vê-
tement sans le brûlera
Les deux rédactions se rapprochent ensuite pour décrire la
science, la sainteté et l'enseignement du saint, auquel l'auteur
anonyme fait confier par saint Brandan, son maître, les fonc-
tions de prédicateur. Ce dernier détail ne figure pas chez Bili,
à qui l'ordination presbytérale du saint suffit pour introduire
ses prédications. Tous les deux entrent ensuite dans le récit
des pérégrinations à la recherche de la fameuse île d'Yma.
Ici la rédaction anonyme présente une particularité remar-
quable. Après avoir décrit le départ du saint et de ses compa-
gnons, embarqués au nombre de quatre-vingt-quinze sur le
même navire, elle se borne à dire qu'ils voguèrent très long-
temps sur la mer, visitèrent les Orcades et autres îles du nord,
et que, n'ayant pas trouvé ce qu'ils cherchaient, ils revinrent
dans leur patrie. Puis, saint Malo continuant àse distinguer par
ses mérites et ses miracles, sa réputation devint si grande que
les rois et les nobles de la province {rcges et nobilcs illius pro-
vinciae) l'élurent évêque d'une seule voix.
Suit un second récit de la pérégrination à la recherche de
l'île merveilleuse. Eodcin vcro ordinato navalihusque instrmnentis
paratis, ad predictam insuJam, etc. A partir d'ici la coïncidence
avec Bili redevient sensible. Il est clair que tous les deux dé-
rivent, non pas seulement d'une même tradition orale, mais
d'un texte identique, dont les expressions se retrouvent çà et là.
Le rédacteur anonyme est, en général, plus prolixe que BiH ;
cette relation se maintient jusqu'à la fin de l'histoire du géant
Mildu et à sa réintégration dans son tombeau.
Mais revenons sur l'étrange foçon dont l'ordination épisco-
pale de Malo se trouve intercalée, dans la vie anonyme, entre
I . Ce miracle est attribué à saint Tudual dans la vie de saint Guénolé
(de la Borderie, !,« trois vies de s. Tudual, p. 113) et à saint Mandé ou
Mandez dans sa propre légende, récemment publiée par M. U. Robert, Vie
de saint Mandé, p. 35.
10 L. Duchesnc.
deux récits du fameux voyage. Le premier de ces deux récits
ne supposait pas encore que Malo eût été élevé au sacerdoce,
le second place le voyage après son ordination à Tépiscopat!
Chez Bili, les choses se passent d'une façon plus naturelle:
Malo est déjà ordonné prêtre au moment où il est question
du voyage, et ce voyage n'est raconté qu'une fois.
Il me semble que l'irrégularité du récit anonyme se rat-
tache à la retouche, signalée plus haut, de la tradition sur l'élé-
vation du saint à l'épiscopat. L'anonyme, selon qui saint Malo
avait été ordonné évèque dans le pays de Galles, a cru devoir
supprimer, dans le texte du premier « sage », le passage où il
était question de son ordination presbytérale, jugeant appa-
remment qu'un seul récit d'ordination suffisait. Puis, au mo-
ment d'entrer dans les aventures de saint Malo au cours du
voyage merveilleux, il se sera rappelé qu'il devait le montrer
céléb:-ant la messe. Alors il lui a bien fallu s'interrompre pour
raconter l'ordination, qui était, dans son système, une ordi-
nation épiscopale.
Entre la résurrection du géant et la messe célébrée sur le
monstre, Bili intercale l'histoire de la fontaine enchantée qui
donne des perles et non de l'eau, et l'épisode de la ronce re-
cueillie par saint Malo. Il est de nouveau question de cette
ronce après le retour des voyageurs à Lancarvan. Tout cela
manque dans la vie anonyme, et, je crois, devait manquer
aussi dans la rédaction du premier « sage «. En effet, le récit
de la fontaine enchantée est introduit par une phrase où on
dit que, la nuit de la septième pâque, les navigateurs, privés
d'eau depuis longtemps et mourant de soif, abordent sans s'en
douter sur une côte inconnue. On pourrait croire qu'ils vont
y rester pour célébrer la fête de Pâques. Du tout : l'épisode
suivant nous les montre au lever du soleil, le matin du jour
de Pâques, désolés de se trouver en pleine mer et de ne point
apercevoir le moindre îlot pour y débarquer et y chanter la
messe.
Il y a ici une incohérence évidente. Je l'expliquerais volon-
tiers par une interpolation. Bili, on l'a vu, se réclame de la
tradition orale dans son prologue. Ici, à propos de la ronce
cueillie par saint Malo près de la fontaine aux perles, il dit
La Vie de sainî Malo. 1 1
qu'elle fut plantée à Lancarvan et que beaucoup d'Aléthiens
l'y ont vue : niulli ex nostris regionihus ad illain patriavi euiiles
viderunt. C'est peut-être un de ces pieux voyageurs qui lui
aura rapporté l'histoire de cette plante merveilleuse, histoire
qui est étroitement liée à celle de la fontaine aux perles. Il
l'aura cousue lui-même, mais mal cousue, au récit du fameux
voyage. Dans celui-ci, je crois, le texte qui forme le chapitre 26
de Bili devait suivre immédiatement celui du chapitre 21.
Le voyage terminé, saint Malo se décide à repartir, mais
cette fois pour venir en Armorique. Les circonstances
de son départ sont racontées à peu près de la même façon
dans les deux vies. Mais pour l'arrivée à la côte d'Alet, il y a
des différences très grandes. Bili fait débarquer le saint à l'île
de Césambre, où il extermine un dragon et séjourne trois mois
parmi les moines de l'abbé Festivus. Puis il vient à Alet,
abandonné depuis longtemps par ses habitants ; il y fonde,
tant dant la ville elle-même qu'aux environs, beaucoup de mo-
nastères et de cellules ; quant à lui, il se retire avec son fami-
lier Riwan dans les cavernes du voisinage et y mène la vie
érémitique, tout en gardant une sorte de supériorité sur toutes
les fondations monastiques de la région. Au cours des visites
qu'il leur tait se produit l'histoire de la truie. Dans le récit de
Bili, elle est séparée de ce qui précède par deux chapitres (42
et 43) copiés dans la vie de saint Pair; un autre chapitre (46),
emprunté au même document, vient aussitôt après. Ces trois
chapitres écartés, le récit se développe régulièrement. Malo,
d'abord directeur des monastères éparpillés dans la région
d'Alet, les visite de temps en temps ; on raconte un épisode
de ses tournées, puis vient le récit de son élévation à
l'épiscopat.
L'épisode de la truie est, comme je Tai déjà dit, raconté
avec plus de détails et de précision dans la vie de Bili que
dans l'autre. Bili connaît le nom du maître de la truie : c'est le
solitaire Domnech; il sait aussi que Domnech était proprié-
taire d'un vaste terrain, cadeau de Meliau, prince du pays
d'Alet. Ceci permet de localiser l'histoire à Saint-Domineuc.
Après cette histoire, Bili raconte comment le saint fut désigné
pour l'épiscopat par le roi Judicael, elcctione popiili atque sacer-
12 L. Duchesne.
dotum consensu, et envoyé par lui à Tours où il fut ordonné
par les évoques de ce ressort métropolitain; des guérisons si-
gnalent son séjour à Tours et auprès du roi Judicael : une co-
lombe, prodige classique, apparaît au-dessus de sa tête au
moment où les évêques lui imposent les mains. Il revient
alors à Alet et s'établit dans l'île d'Aaron, avec son disciple
Riwan, et un âne qui va tout seul aux provisions.
L'anonyme fait aborder le saint, non pas à Césambre, mais
dans l'île d'Aaron, où il reste, en compagnie de ce solitaire,
jusqu'à ce que l'évêché d'Alet lui soit confié. Ceci est raconté
très brièvement, puis vient le triple miracle et enfin la résur-
rection de la truie, sans aucune indication topographique. A
partir d'ici la comparaison cesse d'être possible, Tanonyme ne
nous offrant qu'un très petit nombre de récits analogues à ceux
de Bili. Celui-ci parle d'abord du mauvais traitement que les
ennemis du saint font subir à son disciple Riwan. Il en est
question plus loin dans la vie anonyme, et à une place plus
naturelle. Puis viennent, dans Bili, les chapitres sur le voyage
de saint Malo à Luxeuil, sur la fondation du monastère de
Roz (Raus), sur les entreprises du duc de Bretagne contre le
monastère d'Alet; ce prince est frappé de cécité, puis guéri
miraculeusement par le saint.
Dans la vie anonyme, ce dernier épisode se rencontre
aussi; le duc porte le nom de Hailoc ; Bili l'appelle d'abord
Rethiuald, le dit fils de JudueJ et le qualifie de roi. Aussitôt après
il raconte qu'après la mort de JudeJ, parut un impie appelé
RetJjival, qui voulait tuer tous les fils de Judel, sauf Hailoc,
destiné par lui à revêtir la dignité royale. Malo parvient à
sauver un des enfants lorsque déjà six de ses frères ont été
égorgés ; mais Rethwal le poursuit jusque dans le monastère
d'Alet, se saisit de l'enfant et le tue ; il meurt lui-même
trois jours après.
Il me semble que Bili nous donne ici deux versions du
même fait; le second récit accentue les raisons politiques de
la haine vouée au monastère d'Alet par le nouveau prince,
successeur de Juduel ou Judel, c'est-à-dire de Judicael. Le pre-
mier, commun aux deux rédactions, est inconciliable avec
l'autre, sur un point important. Le prince qui, dans ce récit,
La Vie de saint Mah. 13
attaque le monastère d'Alet, est frappé de cécité, puis guéri, ne
peut être le même que celui qui meurt trois jours après la
violation de l'asile sacré. Comme il n'est pas douteux que
Rethwald et Rethwal ne soient que deux formes d'un même
nom, il faut ou que la tradition ait raconté le même fait de
façons très différentes, ou bien que Bili ait mis Rethwald pour
Hailoc. En ce cas, l'anonyme serait ici plus correct que lui.
Suit, dans Bili, une longue série de chapitres (61-91) sur
la sainteté de Malo, sa prédication, ses miracles; tous ces dé-
tails, sauf une exception, rentrent dans la catégorie des lieux
communs de l'hagiographie; ils manquent dans l'anonyme,
et peut-être qu'en cherchant bien dans les vies des saints anté-
rieurement composées, on trouverait que Bili les a pillées,
pour cette partie de son œuvre, comme nous avons vu qu'il
a pillé la vie de saint Pair.
L'exception que j'ai mentionnée est celle du triple miracle,
qui figure aussi dans la vie anonyme et qui est un trait carac-
téristique de la légende de saint Malo. Bili seul en indique le
théâtre. C'est à Corseul que ces prodiges ont éclaté. Il indique
même, comme l'un des témoins, un comte Cunmor, dux
Domnonicae regionis. Si ce personnage est, comme il semble,
le même que celui dont parle Grégoire de Tours à propos de
Chramme et de sa révolte contre Clotaire, il faut croire que
la tradition qui l'a fourni au biographe était bien altérée, car
il est impossible que Conmor ait vécu après Judicael.
On pourrait aussi comparer le chapitre 68 de Bili avec le
chapitre 18 de l'anonyme: tous deux décrivent une guérison
de possédé; dans l'un c'est un garçon, dans l'autre une fille :
la tradition orale a de ces variantes.
Au chapitre 92 dans Bih, 21 dans la vie anonyme, com-
mence le récit de l'exil volontaire du saint, de son retour pas-
sager et de sa mort. Bili, sans recourir aux procédés de rem-
plissage que nous avons signalés (c. 61-91), est plus long et
plus détaillé que son collègue, et surtout plus précis dans les
indications topographiques. L'avantage qu'il avait déjà sur ce
point pour la partie armoricaine de sa composition, il le con-
serve pour la partie saintongeaise. Cela n'empêche pas que
l'anonyme ait çà et là quelques petits détails qui manquent à
H
L. Duchesne.
Bili, et même un épisode tout entier, celui du loup qui croqua
l'âne de saint Malo et fut, en punition, obligé de se charger
de son service. Au moment d'entrer dans le récit du départ,
l'anonyme raconte le mauvais tour joué à Riwan par les en-
nemis du saint et la malédiction que celui-ci prononça sur les
gens d'Alet. Puis il s'interrompt pour intercaler tout un nou-
veau prologue. Peut-être cette vie était-elle, comme celle de
Bili, divisée en deux livres, pourvus chacun d'un prologue ;
le second commencerait ici.
Pourquoi les Aléthiens en voulaient-ils à saint Malo ? L'ano-
nvme nous dit qu'ils lui reprochaient d'avoir accaparé trop de
biens-fonds. Bili ne donne aucune expHcation en termes précis.
Cependant, après avoir raconté la mort du saint, il parle du
châtiment surnaturel dont fut victime un de ses ennemis. Les
détails qu'il donne à cet endroit, rapprochés de certains traits
de l'histoire de Riwan, portent à croire que Malo avait été
l'objet de calomnies infâmes et insupportables. C'est sans
doute pour cela que l'anonyme a mis son départ en rapport
immédiat avec l'histoire de Riwan.
Le second livre de Bih commence par le récit des premiers
miracles opérés au tombeau de saint Malo; ils sont indiqués
en termes généraux à la fin de la vie anonyme. La partie ex-
clusivement propre à Bili ne commence donc qu'au chapitre 5
de son deuxième livre. Ici apparaît le roi frank Philibert et le
récit de la translation commence. Viennent ensuite, depuis le
chapitre 13 jusqu'à la fin, les miracles posthumes dont Bili
lui-même a été témoin.
L'impression qui se dégage de la comparaison des deux
rédactions est, je crois, qu'elles sont indépendantes l'une de
l'autre et qu'elles relèvent toutes les deux d'un même texte
pour le commencement, d'un môme texte ou d'une même tra-
dition pour la fin. Pour le commencement, les mots, les
phrases sont le plus souvent identiques. A partir de la grande
pérégrination à la recherche de l'ile d'Yma, certaines expres-
sions caractéristiques se rencontrent çà et là dans les deux
vies et prouvent qu'elles dérivent encore d'une même rédac-
tion, quoique l'une d'entre elles au moins s'en écarte gran-
La Vie de saint Malo. x 5
dément. Depuis que le saint a quitté la Cambrie pour venir en
Armorique, ces traces fugitives disparaissent elles-mêmes et il
ne reste plus de commun que les traits généraux du récit.
Bien que Bili soit plus développé en général et plus précis dans
ses indications de lieux et de personnes, je ne voudrais pas
affirmer qu'il reproduise avec plus de fidélité la rédaction du
premier « sage ». Les faits qu'il est seul à relater ont pu être
tirés d'autres vies de saints, comme nous pouvons le constater
pour les passages empruntés à celle de saint Pair ; ils ont pu
aussi lui être fournis par la tradition orale; et celle-ci a pu
conserver ou déterminer des localisations que le premier
« sage » n'avait point enregistrées.
Cette dernière observation n'atteint pas les localisations de
la période saintongeaise. Celles-ci supposent une connaissance
exacte du pays. Si Bili avait voyagé en Saintonge, il est diffi-
cile qu'il n'en eût rien dit dans son prologue. Il est plus na-
turel de croire que c'est le premier « sage » qui aura recueilli
ces traditions si bien classées au point de vue topographique.
Jusqu'ici je ne me suis occupé que des rapports entre les ré-
dactions diverses de la vie de saint Malo, celle de l'anonyme,
celle de Bili et celle du premier « sage », perdue apparemment,
mais dont l'existence est attestée par le prologue de Bili. Nous
pouvons ressaisir ainsi soit directement, soit indirectement,
trois formes de la vie de saint Malo, telle qu'on la racontait
au monastère d'Alet, dans le courant du ix" siècle.
Maintenant, quel est le rapport entre ces narrations et la
réalité historique ? Cette question est bien difficile à résoudre ;
elle n'est même pas susceptible d'une solution absolument
sûre et précise. Au moins peut-on indiquer un minimum de
données certaines, au delà desquelles les traditions, si elles
contiennent encore des éléments de vérité, les enveloppent
de tels nuages que les yeux de la science, moins perçants que
ceux de la foi, ne parviennent pas cà les isoler.
Deux choses d'abord sont certaines: 1° saint Malo a fondé
le monastère breton d'Alet et exercé l'épiscopat dans la région
voisine; 2° saint Malo est mort à Saintes. C'en est assez pour
justifier le culte dont il a été l'objet en ces deux localités; de
i6 L. Duchesne.
ce chef nous sommes en règle avec la tradition liturgique dans
ce qu'elle a d'essentiel.
Quant à ses documents écrits, c'est-à-dire à nos légendes, il
faut avant tout en considérer la finale. Nous y voyons que
saint Malo fut accueilli à Saintes par un évèque appelé Leontius.
Cet évêque n'a rien de légendaire, et son relief, même dans
son propre pays, n'est pas tel que sa mémoire ait pu exercer
une sorte d'attraction, comme celle de saint Martin, par
exemple, avec qui on a tenu à mettre en rapport des saints
très éloignés de son temps. La légende est donc sur ce point
parfaitement admissible. Ceci est important, car elle nous
fournit une date approchée pour la mort de saint Malo. En 614,
au concile de Paris, siégeait un évêque de Saintes nommé
Audoberthus. Au concile de Chalon, sous Clovis II, c'est-à-
dire vers le milieu du vii*^ siècle, l'évêque de Saintes s'appelait
Bertarius. Entre les deux, au concile de Chchy, en 627, nous
trouvons un évêque de ce même siège, nommé Leontius. C'est
évidemment le nôtre. Quand a-t-il commencé à siéger? Quand
est-il mort ? On l'ignore. Ce qui est sûr, c'est que son avè-
nement doit se placer après 614, sa mort avant le milieu du
VII'' siècle.
Avec cette donnée concorde une autre indication chronolo-
gique propre à Bili, mais qui, comme on l'a vu plus haut, se
rencontre dans un récit qui figurait aussi dans la vie du pre-
mier « sage ». Saint Malo fut appelé à l'épiscopat par le roi
breton Judicael. Or Judicaelest connu ^ pour avoir fait, en 637,
un voyage à la cour du roi Dagobert. C'est donc en somme
un contemporain de Leontius, et l'on s'explique très» bien
qu'il ait été en rapport avec saint Malo. Même en dehors du
témoignage du biographe, la coïncidence des dates et les rap-
ports nécessaires entre les évêques et les chefs temporels du
pays breton autoriseraient à l'admettre.
Si l'on en croit Bili, Judicael serait mort avant saint Malo.
En tout cas, les traditions s'accordent à désigner par un autre
nom que celui de Judicael le prince qui persécuta le saint et
dirigea contre son monastère des entreprises sacrilèges. Qu'il
I . Frédégaire, IV, 78.
La Vie de saint Malo. ij
faille l'appeler Rethwal ou Hailoc, ceci est secondaire ; c'est en
tout cas un prince persécuteur, qui succéda au prince bien-
faiteur, Judicael. Il résulte de là que saint Malo ne partit d'Alet
qu'après la mort de Judicael, laquelle est postérieure à l'an-
née 637. C'est donc vers l'année 640 qu'il faut chercher la
date de sa mort.
La tradition rapportait qu'il mourut à l'âge de 133 ans.
C'est là un chiffre mystique, comme ceux de sept ans, de
quarante ans, de 33 compagnons, que l'on rencontre à divers
endroits de sa vie. Un phénomène de longévité aussi extraor-
dinaire ne saurait être admis sur une tradition orale de deux
siècles de durée et consignée dans un écrit où les fables abon-
dent. Il est d'ailleurs contredit par les longs voyages que l'on
fciit faire au saint dans les dernières années de sa vie. Je crois
donc que ce chiffre doit être écarté, et que, par suite, nous
n'avons de ce chef aucun moyen de dater la naissance de
saint Malo. Mort vers le milieu du vii^ siècle, il a dû naître au
déclin du siècle précédent. C'est un contemporain du roi
Dagobert et du pape Honorius,
Il n'y arien, du reste, dans la première partie de la légende
qui puisse suppléer au défaut de cette indication. Tout ce
début, tout ce qui regarde la période insulaire de la vie du
saint, est plein de fables merveilleuses, qui ont leur intérêt
littéraire et même historique, mais qui ne peuvent servir à
reconstituer une biographie réelle. La généalogie elle-même
m'inspire des doutes, car il est difficile, vu la différence d'âge,
qu'il ait été cousin germain de saint Samson. Cette parenté
me paraît avoir été imaginée après coup, ou plutôt suggérée par
le voisinage des deux monastères de Dol et d'Alet.
Malo naît dans la nuit de Pâques, au moutier de Lancarvan \
où sa mère était venue assister à la veille sainte. La noble
dame galloise était alors âgée de 65 ans; trente-trois jeunes
femmes lui avaient fait cortège ; elles étaient toutes enceintes ; la
même nuit elles accouchèrent avec ensemble d'enfants mâles,
I . Ce monastère se trouvait aux environs de Cardiff, dans la manche de
Bristol.
Revue Celtique, XI. Z
i8 L- Duchesne.
qui furent élevés avec saint Malo, devinrent ses disciples et
demeurèrent ses compagnons tout le temps de sa carrière.
Ici apparaît le nom de saint Brandan, un des plus grands
noms du monachisme celtique. A un tel disciple il fallait un
maître de premier ordre. Mais saint Brandan n'a point été abbé
de Lancarvan dans le pays de Galles. C'est un saint d'Irlande.
Il a, je crois, été introduit ici avec sa légende pour servir de
décor à la première partie de la vie du saint d'Alet, dont les
débuts n'étaient connus par aucune tradition spéciale. Un
point seulement est à retenir de tous ces récits, c'est que
saint Malo était venu du monastère de Lancarvan. Tout le
reste, ou à peu près, n'est qu'une adaptation de la légende
de saint Brandan. Si saint Malo avait été de bonne heure
le héros, je ne dis pas de si merveilleuses aventures, mais
de si merveilleuses légendes, sa renommée eût été un peu
plus célèbre qu'elle ne l'était encore au milieu du ix" siècle.
Bili rapporte que l'évèque Dotwoïon, de Saint-Pol de Léon,
un prélat qu'il avait vu et connu, non seulement ne célébrait
pas la fête de saint Malo, mais ignorait même le jour où on
la célébrait à Alet. C'est Bili qui le décida à l'introduire
dans son église. Saint Malo doit beaucoup à ses biographes du
ix^ siècle.
Même dans la période aléthienne de sa légende et dans les
parties qui, communes aux deux rédactions conservées, pa-
raissent avoir appartenu à celle du premier « sage » ou tout
au moins dériver de traditions moins incertaines, il se trouve
bien des choses qui inspirent de légitimes soupçons. La belle
histoire du petit oiseau qui vient pondre son œuf sur le man-
teau du saint et que celui-ci laisse couver tout à son aise se
retrouve, sous une forme plus merveilleuse et plus primitive,
dans la légende de saint Kado. Cet épisode est commun aux
deux rédactions. Celle de Bili est la seule qui parle du dragon
exterminé par le saint et de l'enfant royal que celui-ci couvre
de sa protection. On trouve des choses semblables dans les lé-
gendes de saint Efflam et de saint Méloir. J'ai bien peur qu'une
étude attentive ne permette de retrouver une à une toutes les
histoires où nos légendaires ont donné un rôle à saint Malo.
Mais il est impossible de porter ici un jugement définitif tant
La Vie de saint Malo. 19
qu'on n'aura pas une édition quelque peu critique des vies des
saints bretons.
Les épisodes saintongeais, de même qu'une bonne partie
des miracles propres à Bili, sont d'une touche moins merveil-
leuse, moins poétique. Le saint celte est dépaysé. Sur la terre
prosaïque d'Aquitaine, il ne tait plus que des miracles ordi-
naires, des guérisons de muets, d'aveugles, de lépreux. Que
cette partie du récit relève de traditions locales, je suis tout
disposé à l'admettre, quoique cependant il y ait encore quel-
ques traces d'emprunts faits aux légendes voisines. Dans le
loup qui croque l'âne de saint Malo, et, pour punition, est
obligé de le remplacer, qui ne reconnaîtra un congénère de
l'ours de saint Martin ?
Avouons-le : sur la vie réelle de saint Malo, nous n'avons
que très peu de détails particuliers. Venu du pays de Galles
et du monastère de Lancarvan, il fut à Alet un maître de la
vie monastique, et remplit les fonctions d'évêque au milieu
des populations bretonnes. Comme tous les saints de son
temps et de son pays, ce fut un homme d'une foi, d'une piété
et d'une austérité extraordinaires, un prédicateur énergique, un
grand protecteur des faibles, une âme fière, capable de parler
ferme aux représentants de la force brutale et de lutter contre
eux avec l'ascendant de la vertu. Sa vie se passa dans l'exer-
cice des oeuvres de religion et de charité. Vers la fin, se sen-
tant impuissant à dominer des oppositions injustes, il se
retira en pays frank et y mourut, peu après, d'une mort
paisible. Avant et après sa mort il fut en grand renom de mi-
racles.
Ce qui le caractérise, ce n'est ni sa provenance ni son rôle ;
tous nos vieux saints bretons viennent d'outre-mer, tous ont
eu, comme chefs religieux, la même attitude en face des mêmes
besoins. Malo n'a qu'un trait particulier, c'est son exil volon-
taire. En général, les saints bretons meurent chez eux; celui-ci
est allé mourir à l'étranger, après avoir, dit-on, maudit ses
ouailles ingrates. On ajoute, il est vrai, qu'il leur pardonna
avant de mourir et même qu'il vint leur apporter ses dernières
bénédictions. J'ai bien peur que ce dernier trait ne soit une
atténuation de la tradition primitive et authentique. Les saints
20 L. Duchesnc.
bretons n'étaient pas tendres ; c'est beaucoup qu'ils pardonnent
au lit de mort.
Quoi qu'il en soit, les Aléthiens ne gardèrent pas rancune à
leur pasteur; quand ils apprirent que son tombeau était de-
venu miraculeux, ils se mirent en devoir de faire valoir les
droits qu'ils avaient sur ses reliques.
Le roi Philibert — dans les légendes bretonnes, le roi frank
s'appelle toujours Childebert ou Philibert, et c'est bien perdre
son temps que de chercher de quel règne il s'agit — le roi Phi-
Hbert ayant dans son pays un saint aussi considérable, a soin
de veiller à ce que son sanctuaire soit bien desservi. Il envoie
même des évèques inspecteurs pour s'assurer que les offices
sont célébrés suivant toutes les règles ^ Or il arrive que, pen-
dant une de ces tournées d'inspection, le moine chargé de
sonner matines au premier chant du coq s'abstient de réveiller
ses confrères, pour la bonne raison que le coq, croqué par
maître renard, n'a pu le réveiller lui-même. Le monastère ne
s'éveille qu'au jour et l'office commence en retard. Voilà
l'évêque de Saintes et son clergé dans le plus grand embarras :
les envoyés du roi tie vont pas manquer de les accuser de né-
gligence. Heureusement saint Malo les tire de peine; le renard
arrive au chapitre tenant entre ses dents le corps du délit,
c'est-à-dire celui du coq. Dès lors la responsabilité des moines
se trouve dégagée.
Cependant les gens du pays d'Alet se mettent en campagne
pour récupérer les reliques de leur patron. Ils arrivent à
Saintes au nombre de vingt-quatre, douze du pays d'Alet pro-
prement dit, douze du pays d'Outre-forêt (Poutrocoet) ; sept
prêtres sont du nombre. L'ambassade est conduite par deux
Aléthiens, Rociantworet et Riwoed. Ce sont tous de bons
chrétiens, capables de réciter sans broncher leur Credo et leur
Pater. Les Saintongeais, néanmoins, leur trouvent quelque
chose d'étrange et les prennent pour des fous. Très interloqués,
nos Bretons se décident à s'adresser au roi; douze d'entre eux
I . Ces inspections ressemblent beaucoup à celles que nous voyons fonc-
tionner sous le résine de Louis le Pieux.
La Vie de saint Malo. 21
restent à Saintes, les douze autres vont trouver Philibert. Ils
le rencontrent à la porte de son palais, partant justement en
pèlerinage pour le tombeau du saint. Ils y reviennent à sa
suite. Après un jeûne sévère, les ossements de saint Malo sont
tirés de sa tombe et placés sur l'autel. Quatre clercs bretons
s'en approchent et essaient de les soulever ; la tête seule et la
main droite leur restent entre les mains ; les autres os ne
peuvent être remués. Ils disparaissent même de dessus l'autel
et réintègrent d'eux-mêmes leur tombeau. Les Bretons, satis-
faits de leur part, s'en retournent dans leur pays; sur le pas-
sage des saintes reliques, des prodiges éclatent en diverses
localités. Une fois installées dans l'île d'Aaron, elles ne tardent
pas à y manifester leur vertu surnaturelle; cependant les reli-
ques restées à Saintes ne perdent pas la leur et les miracles se
partagent entre les deux tombeaux.
Telle était, au temps de l'évêque Ratwili, la façon dont on
racontait la translation des reliques de saint Malo. On se con-
tentait alors d'avoir sa tète et sa main droite. Sous l'évêque
Rethwalart, prédécesseur de Ratwili, en un temps de grande
sécheresse, on avait porté ces reliques en procession dans les
campagnes aléthiennes ^ et obtenu ainsi une pluie abondante,
sans parler des guérisons miraculeuses. Bili, qui vivait en ce
temps-là et qui raconte ces faits, ne marque nulle part que l'on
enviât à l'égUse de Saintes les autres parties du corps saint.
Cependant, au x^ siècle, une tradition différente avait pré-
valu. On disait alors qu'au temps du roi Alain (888-907) et
de l'évêque Bili, un jeune Aléthien, Ménobred, forcé par des
revers de fortune de quitter son pays, alla s'établir dans le pays
de Saintes, où il se mit au service du prêtre qui desservait le
sanctuaire de saint Malo. A l'instigation de Bili, il profita
d'une occasion favorable, se saisit du corps saint et s'enfuit à
Alet, où, comme on le pense bien, il lui fut fait grand accueil.
Au premier abord, il semble que les deux narrations soient
conciliables et que la translation opérée par Ménobred n'ait
I . Bili donne ici le texte de l'antienne que l'on avait chantée pendant la
procession. Cette antienne se retrouve dans certains manuscrits de l'antipho-
naire qui porte le nom de saint Grégoire, au jour de la litanie majeure
(25 avril); v.-Migne, Patrol. ht., t. LXXVIII, p. 685.
2 2 L. Duc II es ne.
été que le complément de la précédente. Cependant on doit
remarquer que le récit de la translation par Ménobred ne fait
pas la moindre allusion à celle de Rociantworet. Au contraire,
il suppose que les Aléthiens étaient consternés de n'avoir pas
le corps de leur évéque : aniiiioconsternati eo quod erant destituti
ex prescntia sacri corporis beaii Machutis. A diverses reprises,
l'auteur parle soit du corps de saint Malo reposant à Saintes,
soit du désir que les Aléthiens ont de le posséder, sans jamais
donner à entendre qu'il ait le moindre vent d'un partage
antérieur entre les deux églises.
Il faut donc sacrifier l'un des deux récits. Le premier a un
aspect légendaire qui ne dispose pas en sa fliveur; mais on ne
saurait contester un fait, dont Bili témoigne abondamment,
c'est qu'à Alet, vers le milieu du ix^ siècle, tout le monde
croyait avoir d'importantes reliques de saint Malo.
En ce temps-là, on admettait le partage avec Saintes. A la
longue, on voulut avoir le saint tout entier. De là l'histoire de
Ménobred. Vraie ou fiiusse, elle met dans un très mauvais cas
mes compatriotes du x*-' siècle. Ou bien ils ont perpétré un
vol de reliques, avec la circonstance aggravante d"un odieux
abus de confiance; ou bien ils s'en sont vantés sans l'avoir
commis. Cette dernière hypothèse me semble plus vraisem-
blable que l'autre. Quel que soit d'ailleurs le péché pour le-
quel on se décide, les délinquants auront été absous, sans la
moindre difficulté, par l'opinion de leur temps, fort large, on
le sait assez, en matière de fraudes pieuses.
L. DUCHESXE,
cJericus Aletcnsis.
P. -S. — Cet article était imprime quand j'ai eu connaissance du mé-
moire intitulé Zur Brendanus-Legcnde, thèse présentée à l'Université de
Leipzig par M. Gustav Schirmer, Leipzig, 1888. — Les références de la
légende brendanienne s'y trouvent discutées; quelques-unes sont, comme je
l'avais prévu (p. i, n, i), antérieures au xiF siècle, mais aucune n'atteint
l'âge delà légende malouine. Le ms. Palaliniis 217, indiqué par M. Duffus
Hardy {Descr. CataL, t. I, n" 458) comme du ix" siècle, est en réalité
du XII* ; c'est la date marquée dans le catalogue récemment publié par
M. H. Stevenson iunior (Codiccs Palalini lat. Bibl. Vatic.x. I, 1886, p. 45).
L. D.
THE FER DIAD EPISODE
OF THE TAIN BO CUAILNGE.
(II. 82 a 21— 88 b 52.)
(suite)
[32]. LL. 82 b 28-34. — Lcc. ^^-^ Cid nach srengai feirtsi
incharp(ait) fo;//thaib 7 mofhogaimen fomchiMd corocodlai7/d
colleic. monuar fori//gilla is cotlad troch si» arci/zdaigi 7 cua-
nart sund. Ced on agilla nach tualaing tusu for[f]airi 7 for-
coniQi à-MH. isam tualai^îg or in gilla acht minathistar anellaib
no anrer dotindsaigid naticfa id^r anair no aniar dotindsaigid
cenrabad cenrathug(u)d. Rosrengtlia fertsi acliarp(ait) fothoeb
7 a fhogaimen fochenn. 7 cided nirochotail abecc.
Eg. 106 and Eg. 209 = LL. (29 sguir na lieich. 7 cuir
feirsde an charbuid fûm go ccodhluin/z fliir. uair (32) — ).
[33]. Eg. 106 ro bhl an giolla ag f(or)aire. Et agfôrchoimh-
ét dô; cf. Lee. 32.
[74]. Lee. Dala Cou. c. dob(er)ar ar aird.
Eg. 106 : Cuehulinn went this night to Enter, ete. : sec 21.
Eg. 209 = LL. 82 b 35-38.
[35]. LL. 82 b 38-40. Eg. 106 and 209 =. {Eg. 106,..
thug C. c. lamh tar afhormnd. 7 taragheal agii(aidli)... ; Eg.
209 ... tug lamh tair aghaidh...).
[36]. LL. 82 b 40-44. — Lee. '^=. maith amopopa a Laig
geib na heocho 7 i;/dill incarb(at) mata Fer Diad ac arnirr-
naidi is fada lais, atracht i//gilla 7 rogab na hecho 7 roi/idill
incarp(at).
24 Neitldii.
Eg. 209 = LL. (40 Maith — 41 car(pat). V).
[37]. LL. 82 b 44-50. — Lee. Cindis C. c. inacharp(at) 7
tangadar rempo doindsaighidh anatha.
Èg. 106 and 209 = LL. {Eg. 106, 47 mar domhothui-
ged^r fiabhol( ) na fola ar an ccraois(igh) ; ... Eg. loé
geilte glinne; 209 geinte glin;îe ; Eg. 209 Tuatha deadain).
[38]^ LL. 82 b 51-83 a 7. Lee. IMth//5a giUa Fhir Diad
nirbo chian do oc f(or)airi cocuala chucu culgairi incharp(ait).
Eg. 106 and 209 == LL (Eg. 106, 51 an tan do chuala an
thuaim. 7 an fothra/;;/;. 7 an tair/;/ et an torainn. Et an truim-
sheasddn .i. sgeallghoire nasgiath. et siansan na sléagh...;
6 dluthchomhradh; £"0-. 209, 51 goccualaidh anfuaim et an fo-
thramha agus an fidhrean. iomthora;» an torainn et an tor-
main .i. sgealgaire na sgiath et sligreach nasleagh (2) ...; 3 et
ciorgail na ccraoiseach et tromghair na luireach. (3). Et
fuasgar na bhfoghaaibh et oll ghrioth na nomhnach et iom-
chumailt(4) ...; 6 dluth chamhradh).
[39]. LL. 83 a, 8-10. — Lee. robai ic diuscud athigerna.
Eg. 10 and 209 = LL.
[40]. LL. 83 a 11-21. — Lee. 7 dorigni in laid; = LL.
(11 Rocluiwiur — dardruing — 12 uas dreich — 13 dar broi;z
feir[s]tib broine do chengait int[s]ligi retreb baili — 16 soi-
ghes — bodeas. demin lim darna eich charp(at) incua dobera
dund très. Dorairngert onuraid maire. (18) — cubaid. ticfa
cebed chui;z eu na hEmna (20) — 21 adcluinim roeluin.
Rocl-).
[41]. Eg. 106 eirghéas F(er) D. iar sin. 7 ro ehenguil achorp
ina ehaitheid(edh) edtha.
Eg. 209 = Eg. 106 (deirghe...).
[42]. LL. 83 a 40-83 b 3. — Lee. ^^. Tuarascbail char-
p(ait) Con. c. an;zso intres pr/mcharp(at) na seelaigeaehta for
tanaieh bo Cu[a]l(nge).
Cifzdus adehi C. c. arse ar Fer Diad fm araid. Atchiu arse
inearp(at) {eol. 616) forfliairsiiig fêta li;/dglai/?e eoeui;7g ndor
ordaib cotarbelaraib umaidib eofersib eredumaib colungetaib
fiwdruine eona ereit eroes tana eroes tirim cleasaird clocatchai;i
cuirita aratail[l]fitis .uii. nairm inlatha no inilflatha. Cai?z so-
sad afhlatha. Contacmaing incarp(at) si» earp(at) Conçu-
The Fer Diad Episode. 2 5
l(ainn)/coluas fai;zdle {hcrc begiris the fragment in Ms. H. 2. 12)
no cliabaigi allaid tarcend machairi maigshlebe ise tr/cius 7
atcius imoroget daig is chucaijîd imthigit. Dofil dï incarp(at)
sin f(or) dib echaib cendbeca cruindbeca coirrbega birig bas-
c'md brui^di d(er)g sesta suaithi«te sogabalta sodain fogrindib
aillib aen. Andara hech dibsidi ocus se lugaid luathleimnech
tresmar traigmar fotmar focharrsaid. INtech aile 7 se casmoiig-
ach caschoel coiseïig seiredach coelcairgdech. Dadreich duba
dorchaidi sithbe creda cruanatai dathalaind. Da[na]ill norda
ni?îtlaisi.
H 2. 12, f. la of the fragment of the T. B. C. (2 fol.) be-
gins : goluas faindli no eirbi no iarann no cUabhaigÇi) all(aidh)
tair [ ] sleibe no mâ^rtsighi gaithi g^re gailbidhi adhuaire
i/;7lui;;/e earraithe tarcenn machaire maizh sleibe. IS e si« ire'iss
7 vit 7 tairptighi Et t;rabarluas foth(iag)aid naheich si» isi/z
madhrod g(o)[ ]tsed i;ztalm(ain) tromfodh focraitib letroisi
anceiz/znighthi b(er)id Et sriazîta cce;»a cruanatha firaluinecor-
orda friu Et basamalta lem resnear/j^a sithoilti igshnaighi uan-
fadhach naheach... : Et ba samalta lem rehealtada dodub cnaib
nafodmaigi dandeis ata fon carb(at) sut cach ceindfiwd crofind
cœlcosach seng sirc?d casmongach csel drond ndub dual(a)c/;
falforubh nard ni/;/amnMJ sig[ ] cruanatha bain[ ] uchl-
glinde foth(iag)aid naheich sm mn inadh rod. Et ata inaroile
foncarb(at) iar(um) each luath luthmar laig(ir) lenm(e)ch
maign(e)c/; tairrng(e)c/; tresmar sduagmar/oJwar t[ ] fo-
luath cechtair cruaigh .i. ahucht buadha forith gansgarand aid-
bli tened [Ail this and the next 21 Unes are hardly legible and I
hâve not copied them\ [21 Unes].
Eg. 106 and 209 = LL. {Eg. 106 and 209, 40 doibh
go bthacad^;- chuca — ; 43 gristhirini (106); 44 dhd eâch
lûatha leimennacha arda uicht leathna bhechroidhecha (209
bheo croidheachair) bhenwarda (209 bhlein arda) bhaisleathna
choschaola chruâidh ingnacha (209 bhas leathna for threana
forran/zacha). Et iad faorgach faobhr(a)ch fornzn^ach foirniata
rémbûain dfiairshlio^/;/ gâcha hiomuire aramhoille leô go leî-
ghthi dion/zsuighé aigh no iomghona iad; 48 (209) dar bhainm
an Liath Mâcha; 49 (209) dar bhainm an Dubh Sithlean?;;
51 tar maoilinzz macHaire; (209) tair mhuing machaire no
26 Nettlau.
vioîgh sleibhe {so in Lee, H. 2. 12 ; not in LL., Ei[. 209); 52
ré hoigh naliiin« nall(aidh)); 81 b i mar — 3 dirma : not in
Eg. 106 and 209.
[43]. Lee. Fil fer fi^îdchas folt lebar inairi?îech incharp(ait)
si«. Fil di imbisidi brat gorw cruanchorcra. Laigen .i. goi
coneitib 7 se d(er)g doigerdai inadurn« arderglasad. Faircsi
tr/folt fair .i. folt dond friatoi;/d achind. folt crod(er)g iarnair-
medon mbid noir dotuiget^fr intres folt.
Caiw cocortMJ' innuilt sin cocuirend teora imsrotha mathor-
mna fiar sellsechtair samalta leam fri horsnath iarndenam ada-
tha dar orni;zdeona no re buidi mbec cechoen fhi?zda frisatait-
nend gr/an illaithi samrata taitnem cach oen fhi?ida donult sin.
un. meoir for cach cois do 7 .un. meir arcach laim 7 ruith-
nigid tened romoiri imarusc cein cofosaib icruithib aech croib
glec laich inalamaib.
Ara carp(ait) adingbala inaliadnaisi. folt cass cirdub fair.
berrad lethan arfud ach'vid. cochall eitech ïmhe cofuaslucud
daduilend. echlasc urchain orda in[a]laim 7 brat fi/zdglas wihi
7 brot ûnd aircit inalaim ici/;dsaidi brot f(or)siw nechraid cech
conair imateit in milig morglonnach dafil isin[carp(at).].
[44]. H 2, 12 ... is miîbid dul a?zdail co;//raig an f/r si;/.
IS tr/^agh angni;;/ arachinde a F(ir) D. .i. dul do co;;/land anai-
gi(dh) do comalta cartanaid. is fcrg(a)c/; 7 is feochair is an
is[aur]lamh istrm is très agaf isleoghman ar îcrg istarb artreisi
is nathair arneimnigi is mathamain arglond Et is carrag fria
fosug. is doig frzatesarga[in i]s teine arloisgadh is brisid cnawa
is doga is losgad is bred is agh is acais fu[ ]g îergi anf/r ud
ar ingilla 7 an eachaigh d&raib Er(enn) i/zadail ni therncfi- îer
comna[ ] na indisi sgel dib arculuadha^
[45]. Lee. Arsada chaicle atacownaic is bec leis i;mEiriu 7
fria gilla. Eirig agilla arse f(or) Fer Diad (44) 7 romor mo-
laisiu s\n it(er) 7 i«dill naharmu isi//nath arachind. Danim-
I. Cf. LU 98 a, 59,40: 7 ni môr madoernascéola iz/dise;/ scél donafi'a»-
naib robatar ar tig doib ^z 7 ninior madroirne sceola indisen scel dona di-
bcrgchaib robat(ar) artig doib (Yclknu B. ofLccaii) =r 7 nimorra«ic dolur/;/
i;/disi;; scel do//afian«aib robat(ar) acathugud friu (Stoivc Ms. D 4, 2) n: 7
nimôr maroéla fer in«isti scel donafhi'annaib rpbâtar icdul f(or) bruidhin
(Ms. Eg., 1782), Bruidhcn Da Dcrga.
The Fer Diad Episode. 27
poi//d maigid illeth ata mochul darlim noragdais fersde inchar-
p(ait) tr/amchul muinel.
H. 2. 12 leig as agilla air Fer D(iad) is mor anmola[d] do-
b(eir) armobidb(adh) afiana[i]si Et is br/atar da;wsa dam(a)d
bes daw gilla no arad no eachlach do/;/arb(adh) isciaw odo-
gebtasa bas lem.
[46]. LL. 83 a, 22-39. — -^^^- Agilla f(or)se ro mor mo-
laid siu C. c. uair niluag moka darad duit 7 is awlaid robai ic-
tobairt atuariscbala 7 atb(er)t Çcol. 617) IS mithig etc. (28 in-
cobair daig in gnïiii ar codail. bi tast is na blodaich daig (29);
31 uailli frithailfither uai/zdi daig; 32 leiterthar; 33 ni ar; 34
tic. Gid roga^th inrogand is armaith romolum reithid is ni
romall imarthorand tricc. Bec nar chonair chonais ara met
romolais cia flith arathogais othaig isaurissi fuacrait isatait ga-
fobairt nachtawic dia[f]uapairt acht mad aigith meith).
[47]. LL. 83 b, 3-4. — Lee. Ni cian iartain coro comrai-
cedar ar lar annatha.
H. 2, 12. ISanw tai»ig C. c. gohoiriar anatha.
Eg. 106 aiid 209 == LL.
[48]. LL. 83 b, 4-23. — Eg. 106 and 209 = LL.
[49]. Lee. 7 adubairt F. D. ri Coin cul(ainn) cantici achu
arse daig cua ai;nn na claine isin tsenguidilc 7 .un. meic im-
leasan batar isi;z rig rose C. c. Dam(a)c imleasan dibsidi 7 siat
cl^na 7 nochomo adomaisi do inamaisi doso;;j 7 dambeith ai-
nib bad mo for Choi//. c. is(edh) rothuibebad fris 7 robai ca-
thabairt uasaird.
H. 2. 12. 7 do eonaïc F(er D(iad) ei adubairt ris carabais a
cua oir cua innin naclai;;e asi;z tsen g^^ilig. .i. seeht m(ei)c im-
risin doba i;zg(a)c/; suil do 7 da m(a)c iwrisi;z dib oir clasna 7
nibamo ado/«aisi dosiw nasomaisi 7 àanihetb ni bud modoai-
nem air dotr/ub[ ] fr/s reheadh nahuaire s'in.
[50]. LL. 83 b 23-84 a 4. Lee. =. 7 doroi/zdi laid 7 i///re-
cair C. c. cotarrnaic. Cantici seo achua etc. (27 ren(er)t nua
— dochua uasanalaib tech. bid atod fri haires. mars: tanic do
thurus — 30 imtorc toraig tretaig — 3 i mow li;?d — Eirc rit
— 32 icomruc — 34-36 V — 37 infar — cnetfem. daig do-
chomruc forath. i;/forrendaib ruada no f(or) claidmib cruada
dathslaidi ret t[s]luaga mathanic dothrath — 42 rotgabsad ar
28 NettLw.
[tfjaillseo — 44 bxgail imberthar fort — 45 bias ni ba toiscch
tmir oniu coti in brath — 47-49 (str. 7) after 50-52 {str. 8)
— 51 mochoicli — 52 mac[a]in[c]e tu f(or)me [cailli tu mair-
sid written above the last luords] ni fuair nam — 47 Bi tast dim
dorobud — 48 daig indos uas dus[a]. As misi rofitir. it gilla
congicil acr/di mneom eitig cengaisced — 84 a i faid[i] —
gaireas — ).
[5 i]. H 2, 12. Canas ùcidhs'i atsirridi tsiabarta ar C. c. doig
iscora tusa. dfiarf(a)dh aun so uair as tu n(e)c/; bid ann g(a)r/j
Lie 7 ni dent[a] ingnad do?;iaisginsi annso ar ¥er D. uair ata-
maidne agtog(ail) Et ag losg(adh) 7 agu[r]gai7z Uladli 7 Cuail-
gni 7 Cru'itnQC cearm(a)d o;7lua7z REsamai» gobais nahuaireseo.
Et t(u)csamrtr lin;/ armbrait, /. ib, 7 armbuar et armbotai;7ti
airseoit Et air szVmai/7e Et arsean i;zdmM^a 7 dolegsuwî atulcha
ararneis isnafantaib gorabadar coi;;/sill risna faithib. astusa
bicrcAch deisi Et misi into'iv 7 nidenta i7Zgn(a)d doz/îaisginsi
an;7 so diimheîh don(er)t no doniagh ba du duit hadb and^-
dJmgh docrwibh 7 doorithi acht ata ni cena nir deinta duit dô
co;,';rug do« indsaigisi Et .x. hoU coiàdh Er(enn) amaighsi
amaenur Et gi»gogabtha lium is gabtha duit oruw arshadb ad-
chara 7 adcoigli 7 adco/;zalta caratn(a)c/; da;;zsa. Cidii sin ar
¥er D. is ecin domsa cojnlann 7 co77îrug riutsa noreseis/r lasch
is ierr dferaib Er(enn) armarach leo 7 tuitfirliuwsa dacomrigum
Et dob(er)ai?zdsi comairli maith duit si arfostogh ar cadaigh 7
arcaradraig ishair icr g{j\)ch las damsa dibh oir is «ja leamsa
sin nacoMîrag riutsa atx'nar. Mised incodaigh 7 i/îcaradraigh ro-
baill nocha ne id/r air Ver D. acht ismn damsa co;;/rag riutsu.
IS tr/zac: in2;ni;;/si;x araci/zde a F/r D. dois;bud tesaroaizz darach
dodorzmib duitsiu si« 7 budh gad um gaineamh 7 bud teine
saighnei;/ 7 bu beimh ciwd foraill 7 bud buarach bais duit-
siu inco7»airlesi;z. ACugugaiu air Ver D, atacualamr7./-ne nar-
co;«calma cwraid na cath milidh riutsa otangais arsluaigh^^/;
tana bo Cuailgni gobais nahuaire seo. luigimsi fo;zadeibh da-
nadhrai/;; ar C. c. n(a)c/; docn7 lia/;zsa doco/zzrugsu do dinga-
b(ail) nasg(a)r/; a;n dotorca/r amaig(idh) gwsdmsta, ti;zdamaid
sin aniosa ar Ver D.
[52]. LL. 84 a 5-6 (— 7 Me(dba)) and 6-8 = Eg. 106,
Eg. 209.
The Fer Diad Episode. 29
Eg. 106 and 209 {after l. 6) dochionn na ngeallt(adh)
(209 a ngealtaighe). mbregach do nid dhuit ar chomhadhuibh
fallsa Et ar an i(nge)« farmelladh mordn do dheghdhaoinibh
(romhatt, 209);
Eg. 106 ami 209 (after l. 8) amh(ail) chàch. Et a Fhir Dia
arsQ Mairg dhuitsi do treig mo chairdios. Et mo charadr(adh)
armhnaoi do racad (209 do reicedh) re. 1. laôch (209 leis na
ceadaibh laoch ; LL. 84 a 22 raddled do choicait laéch) rom-
had. Et as fhada go ttrelgfinn si Û\us2. ar an mhnaoi si;/.
[53]. LL. 84 a, 31 (daig) — 34 (diamair) = Eg. 106,
209.
[54]. LL. 84 a 34 (Et is) — 42. Eg. ro6 7 adub(air)t so-
sios : Robdar coigle croidhe : robdwr cuart( ) i coille —
robdwr ion«s( ) aireach : os lerg(aibli) gâcha linne.
Eg. 209 = LL. (35 go ndubhairt an rosg — 36 robadar
coimhdlieargadli — 37 i ttroimnitir — 39 1^ Sgatliaidlie ro
ciîinsiomh ceardacomhdiiana. ro chloiseat cruadhchaithr(e)ch
doceadghonaibh madh cuimlineach cumhaltas comliradhach).
[55]. LL. 84 a 43-84 b 60. — H. 2. 12 Cagaisgi arar(i)-
cum aniugh a FzV D. ar C. c. ancu/;iai;/ letsa na cleasa gaile Et
gaisgid noch doniamais agUathaigh 7 ag Sgath(aigh) 7 og
Mar. g.^ Manan/î 7 ag Ablaig( )arann 7 ag Abradr^fg 7
agrigh tiri intsneac/;/aigh 7 ag Eisi a;nci;zd 7 ag Crochthan î
Monaigh 7 ag Sen(a)c/; tiubra 7 ag Cab Geide 7 ag Cuara
Aidh 7 ag Aifhi i;zgen Ardge«[ ] do G/'<?gaibh. Ascu;;/ai«
ar Ver D. Tiagam orta si;/ ar C. c. 7 do cuadar su// araclesaibh
gaile 7 gaisg/(i[/;] .i. sec/;/ nocar cleasa 7 .7. bîEncleasa 7 .7.
corp clesa 7.7. fcbair clesa agter/;/ uatha 7 cucu ma;- fogma;-
gan gaith 7 niteilgidis n(a)c/; ai;;/sidis 7 n[ ]idis n(a)c/;
I. Is this Get occuring in Forbais Fer Falga ? I shall later on dwell
further on the names mentioned hère. By the way, the old nom. * Maint-
for Manann (see Rhys, Hibbcrt lectures, 1888, p. 663, n. 2) occurs evi-
dently in the Book ofLecan (R. I. Ac), f. 139 a: Ba ri Er(enn) 7 Alban
Baedan m(a)c Cairill. Giallais do m(a)c Gabrai« .i. Aedan aRosnarig.
Glanta Maim indala bl(iadain) iarnaecaib dolelcsead Gasdil Manai;/d, etc.,
cf. LL., 330 b, c. This form caii be considered as an error as ind follows
upon Maim as a part of the next word, and a *Mana in this place of the
Ms. would undoubtedly hâve to be looked upon as an error, but Manu
(with u. not fl) deservessome crédit (or is it _::: Mainiu, Maine?)
30 Nettlau.
athaiwsidis dorisi gerbathlom aniwgoi?z dobi deahas nahinga-
bla narf[ ]ar dib Et dobad^r;- marsin araclesaib gaile 7 gais-
gidh oborbsoillsi na maidni {Ms. maïdni as several tivies be-
lozv) go[ J lo 7 dolansoillsi. asmitid sgur donaclesaib so
ar C. c. antrath husaû Ictb sa on [ar] F(er) [D]. IS ann s'in do-
cuij'eddar aclesa gaile 7 gaisg/J/; alamhaibh angilla 7 rogab-
[ajtar dasgiath aille iarnaidhi urd^rga 7 rogabadar aslega aible
arda agglasa snaithslemain caidhe go[ Jnaighnedaibh la;z
cadaith alamhaib leo. Et rogabadar ada cloitine dirga doilgi
crwaidh[i] beimnecha .i. fud bas [ ] bas Et gonas g(^)ch
ier dib aceile. Et gerbathlamh [ ] nahi;;zg07U goran-
gadar .x. prz'm gona [cach] na;n dib gotai«ig i»buidi dar in-
gran. anail leth osad dogab(ail) a Cugugai;/ air F(er) D. Asail
on [ar] C. c. oir anti gahas lamh aragaïsgidh ase dl(igh)^j-
sgur. IS ann s'in do cuirendar anairm uatha alamaibh angilla
7 iwdsaighci- g(a)r/; (er dib aceile arlarm(e)doi?z anatha 7 toir-
heras g(a)c/; f(er) d(ib) teora pog daçeile acu;;muig(udh) aco-
ma'md 7 acaradraig. Et docuadar naharaid cohicninadh 7 aneich
an^nsgur 7 iadfein goh:ï;z pubaill gofailid fr/chuw/nech. ISan;z
si» docoirighei/; aîokhraicedh cr/adh donacwradhaibh 7 alep-
(a)c/;a urluach doib gofrithadartaib f/Vgowa. Na biadha 7 na
deocha soblasta dob(er)idis f/r Eir(enn) dP/r D. dob(er)edh
sun acoibeis reisfei;z do C. c. dib. Et nalosix 7 naluibhe ici 7
le(gis) dob(er)tai asigbrwgaibh Er(enn) do C. c. doheredh oired
risfein dFtr D. dib si» dacMzV ancnedaibh 7 inacrolinzmb Et
dob( )tis i;2c(et) tr/an donaidhchi rethuchb(adh) 7 ret'o'ai;/e
7 inv'iin tan(aisi) recowîr(a)d 7 recowzairli acomraig 7 intmn
deiginach di resua» 7 resarcoll(adh),
Èg. 106 and 209 = LL. (51 anocbt ngoithnidhe, Eg. 209
a nocht ng.'ethe nfada neid; 52 amhuil bêcha alô ain/zle; 209
mar bheocha ille ainle ; 84 b 5 nasgiadh slirghér ; 209 a sgiath
dis gheura ; 9 daig etc. V; 20 go — i;zdi V; 47 Raptar — 49
aidche V; 49 bhadar marsin anagh(aigh) si».
[56]. H 2, 12. IS ânn si» cuiris ¥cr D. fesa 7 tef/;/a go-
hOill(ill) 7 go M. dar(a)dadh si» i»gni;» dogeallus doib aneg-
mais mucuïnd 7 moceille 7 moco»?airle dogeall//^a he oir ni
fuil arhetb uile sen hïch dam(a)d/; indraithi coioidedb C. c. leis
ar/;/ ata ni cena noca. ria ag na eisl(inn)ig o C. c. dab(ar) inn-
The Fer Diad Episode. 5 1
dsaighi iw hdb bes F(er) D. aga;/co/;?rug 7 gluaisid fir Er(inn)
datighibh 7 b(er)id atairb 7 atai/z leo 7 teid gilla ¥ir D. lei-
si/ztechtairar/;/ si» g(o)hairm araibe Oill(ill) 7 M. 7 ¥crghus
7 maithi f(er) nEr(enn) 7 ro'mnàis angilla audub(air)t F(er) .
D. ris. is annsiw [cuiris] [a del.] Oill(ill) arighi 7 arotaisigh 7
alatha f(er)ai«d cuigi 7 doiwdis s'in doib Et is(e)d/; adubrad^r
uili datuiti cacli re fer acu nifuicfimaid comr(a)g nadeisi de-
glœch ut gan heth agafechai» 7 doco;//airlidhar a»gillada àocuir
le tairb 7 le tai» rompo go Cru:\ch:\iii 7 iad fei« doa;/mai;z
refechai/z anco;nraig 7 reforcoi/ned fos (/. 2 a) adub(air)t Ffr-
gus m(a)c R(oich) n(a)c/? r(fl^)cadis le dui;/e airbr//; aiin ac/;/
monadechadais, 4. holl co/Vidh Er(enn) uile ann uair is dei-
min leam n(a)c/; bia do ncn nadoniach/« anxii duiiie ardo?;/an
fostog(udh) C. c. acht goclui;ïe atairbh 7 atai;/ dobmth uada.
[57]. H. 2. 12. IMtz^j-a C. c. doeirigh go;;/och i;/lasi« uair
ba[leis] eirgi ard//s dindsaigi incowraig i//lasi//. Et ni reirigh
F(er) D. gowoch inhslii 7 dobid C. c. agar(a)d/; reLa2gh. is
fodaata F(er) D. anri^mais i/zco/;zlai;/d 7 iHco;;îraig. Narab tada
lethsn e air Lœg oirnifoda bias ategma/V Et ata se cugad F(er)
D. 7 tabair \et du'md atoitim 7 atuarusgb(ail) 7 t(u)c atua-
rM5b(ail). dob(er)imsi ahaithne ann. iir sïn ar C. c. .i. is lond
leogmui;î le bas; urlamh dind Domnan» dai2;h fer falc fala
F(er) D. dithmilzW/; m(a)c Dawaiw dreach d^rg dogawanraigh
Inus Downaill. Et is mairg teid andail m ki^ich sin 7 met amen-
wan 7 luas alam crwas acmidi bailci abuille.
[58]. H. 2. 12. IS an/zsi/z adub(air)tC. c. reF(er) D. nircoir
duitsi \.Qd.cht isin comland so airdob( ) adcara 7 adcoigli 7 adco-
malta bag(a)c/; cartan(a)c/; daceile 7 isana£nleb(aidh) do;zimais
suan7 coll(adh) 7 fo;-c(e)dul ag Sgath(aigh) 7 ag Uath(aigh).
leig as aie a Cugugai?z air Ver D. nihurz^ja damsa ga/z cosnam
lem cairdib 7 nacuiwniigh comanw nacaradmgh na cowtanM,jdam
festa oir ce cuiwnighi ni coib^ra tu, doedarmarne am. dob( )
ortsa s\n ar C. c. gr^^d Fi«dabhr(a)c/; 7 brt'ga M(edba) 7
bud n(em)tsomai7zeach duitsi s\n 7 nicoir dyit tea^/;f isincom-
rug so. is firsi;z air Yer D. nara coir damsa comlan;/ na com-
lag rem gilla fein na remarraidh. oir i/ztan dobamairne agre/z
foghlaim gaisgidh istusa faharad carbfaid) damsa and. IS cora
damsa ar Cu. c, uair isromatsa ataitar[ ] 7 ^r[ ] ar-
&
3 2 Nettbii.
neich 7 arn(e)c/;radh arseoid 7 arsarmaine 7 arseni«dm«5a 7
isti/^a tai?zig acrich coranwcair acein darnindsaighi 7 nabid do-
gra nadomen/;/a agutsa r'iuni a F/V D. ar C. c. oir ni ci»d-
î{e)ch me riut.
[59]. LL. 84 b 51-85 a 3. // 2, 12. Et caisgid arar(i)cam
aniugh a ¥ir D, ar C. c. letsa dorogha gaisg/Vi[h] ar ¥cr D. oir
iswisi dorug roga ane.
Eg. 106 and 209 = LL. (84 b 50-85 b 40 and 47).
[60]. H. 2, 12. Cid tmcht tiagaid araclesaibii g. 7 g. 7
dobadar orosin oborb tsoillsi namaidne {Ms. maîdne) muichi
gotaiwig medon Ix 7 lan soillsi conarha leir dferaib Er(enn) fos
gnuis eich na gilla na cura na catbm'ûidh d[ib] reisi;î resin le-
hiumad na clés uathu Et cuca 7 acu. Ni fuilech angaisgi so a
¥ir D. air C. c. 7 anail let sgur de so. asail antrath bus ail
lets3. ar F. D. ISandsiw doch«/;'eadar acleasa g. 7 g. uata
alamhaib angilla.
[61]. LL. 85 a 3-47. H 2, 12 : 7 dogabad^;- dasgiath aille
œn geala 7 da cloigeim orduirn indtlais 7 amaiwisi mora
muirn(e)c/;a W/;an glasa analamaibh leo 7 d[ ]e«sad it:n(a)c/;
c'md righed dibh gotangadar nahaibne fola t[ir] dtrgi ahina-
dhaibh nasleg tada febwrglas gorab urd^rg intath si;; taraneis
Et doc;i;Veadar alama gasda gelmeracha da cloigimib co'in-
deallt(a)c/;a c;-;/aidgera Et robean g(a)cZ; ïer dib uru;ida fedma
lir do Civbaibh fola 7 feola dib Et dobadur marsin rehead i;?-
ca^m kiî gotai;;ig dcredh i;;lai dani;;dsaighi. IS andsi;; doc/;/;'ea-
dar nagilla goha£ni;;ad 7 naheich goha^n sgur 7 iadfei;^ goktn
pubul cofliilid f/-/chnu;;;ach go foithmicib c;7a 7 golebaid ur-
luacni 7 golosaib ici 7 le(gis) og(a)c/; ïcr dib daceile.
Eg. 106 and 209 = LL. (237 adbeart an laoi an;^ leigem
(25); Eg. 209 et adubhairt an rann — comhchluidhthe. fria
formnadh feaidhm — 25 o ros cathar ndeilm; 36 ioptha et
orrthanna; 209 ioptha et arran;2a); /. 40 Cach — 47 aidche:
V /;; Eg. loé and 209.
^ Max Nettlau.
(A suivre).
LES BRACAE ET LES HOSAE
COMMUNICATION
FAITE A l'académie DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
Da7is sa séance du 2 mars iSSS.
M. d'Arbois de Jubainville a £iit dans une précédente
séance un appel aux archéologues : il a demandé si l'examen
des monuments confirme la distinction qu'il a faite, d'après les
noms qui les désignent dans les langues celtiques et germa-
niques, entre les hracae et les hosae, les deux termes s'appli-
quant également à un vêtement qui couvre les jambes. Les
hracae seraient des pantalons longs ou courts, flottant sur la
jambe, les hosae des pantalons qui la couvrent toute entière,
liés à la cheville ou même se projongeant sur le pied ^
Notre confi"ère a cité pour exemple les Barbares figurés sur
la colonne Antonine. Ces bas-reliefs de la colonne Antonine ne
nous sont connus que par des gravures de la fin du xvii" siècle
(l'ouvrage qui les contient a été publié en 1704-) et elles n'ont
pas malheureusement dans les détails la précision nécessaire
pour résoudre des problèmes tels que celui qui est en ce mo-
ment posé. Mais la colonne Trajane est véritablement à notre
disposition. Nous avons, des sculptures qui la couvrent, des
1 . Voir les Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, année 1888, séance du 6 janvier, p. lo-ii.
2. Columna cochlis M. Aurelio Antonino Jugusto dicaîa... Notis J.-P. Bel-
lorii illuslrata et a P. Sancto Bartoîo, . . aère incisa. Rome, 1704.
Revue Celtique, XI.
54 E. Saglio.
moulages et des photographies^ où se voient figurés, avec toute
la netteté possible, les pantalons portés par les Barbares que
les armées de Trajan rencontrèrent au delà du Danube.
Ces pantalons descendent de la ceinture au pied, le plus
ordinairement serrés à la cheville, autour de laquelle ils for-
ment quelquefois un bourrelet; mais souvent aussi ils sem-
blent flotter sur la jambe sans être assujettis en bas par aucun
hen; d'autres fois encore, le pantalon entre dans la chaussure,
qui en cache l'extrémité. C'est le cas le plus rare: on ne l'ob-
serve que dans un petit nombre de figures différant dans leur
ensemble du costume des populations représentées dans la
plupart des bas-reliefs. Mais je n'ai pas l'intention, à propos de
la question soulevée en ce moment, de faire des distinctions
précises entre les peuples divers, Daces ou Sarmates, Quades
ou Marcomans, qui ont été figurés sur la colonne de Trajan ou
sur d'autres monuments. C'est là un problème des plus déli-
cats, pour la solution duquel je crains que l'on n'ait pas en-
core réuni des documents suffisants.
Au même temps environ, c'est-à-dire aux règnes de Trajan,
d'Adrien et de Marc-Aurèle, appartiennent ces statues de pri-
sonniers barbares, faites de marbres de couleurs variées, de
porphyre et d'autres matières précieuses, qui décoraient à
Rome et dans les grandes villes de l'empire des arcs de triomphe,
des portiques et d'autres somptueux édifices-. Ces captifs sont
vêtus de pantalons amples, noués à la cheville comme ceux
des Barbares de la colonne Trajane.
Nous possédons des monuments romains plus anciens sur
lesquels on voit des Barbares et notamment des Gaulois. Les
braies de ceux-ci ne diffèrent pas des pantalons des Daces et
des autre» peuples représentés dans les sculptures des colonnes
de Trajan et de Marc-Aurèle. Dans celles de l'arc de triomphe
d'Orange, par exemple, on peut remarquer parmi les amas de
dépouilles des vaincus des braies suspendues toutes droites,
faisant fiice au spectateur 5 ; on y voit très bien que ce vêtement,
r. W. Froehner, La Colonne Trajane d'après le surmoulage exécuté à Rome
en 1861-1862, reproduite en phoio-lypographie par G. Arosa. Pins, 1872.
2. De Clarac, Musée de sculpture, pi. 852-854 c.
^. Cmsût, Monuments antiques d'Orange. Vaûs, 1856, pi. xvi.
Les Bracae et les Hosae. 35
large à la taille et maintenu par une ceinture garnie d'un an-
neau ou percée d'un oeillet, allait se rétrécissant vers le bas,
où il n'a que l'ouverture nécessaire pour passer le pied. Sur
un autre monument un peu moins ancien, le sarcophage du
musée du Capitule, connu sous le nom de sarcophage de la
Vigna Amendola^, des Gaulois, bien caractérisés par toutes les
pièces de leur costume national, portent des braies resserrées
au-dessus du pied, mais sans attache visible.
Le sculpteur de ce monument et ceux qui ont travaillé aux
colonnes commémoratives des victoires de Trajan et de Marc-
Auréle paraissent s'être efforcés de fliire reconnaître les peuples
vaincus par leurs traits vraiment caractéristiques. Ailleurs ces
traits sont plus effacés, et les artistes qui ont travaillé pour les
Romains, comme leurs devanciers en Grèce, se sont souvent
contentés de reproduire un type général du Barbare fixé par
une constante tradition. Or, pour les Grecs et pour les Ro-
mains, il n'y avait pas de signe qui fit plus expressément re-
connaître un Barbare que le pantalon. Ils avaient été fi"appés
de l'habitude qu'avaient les peuples de l'Asie et du nord de
l'Europe de couvrir toutes les parties du corps et particuliè-
rement les jambes, qu'eux-mêmes ils gardèrent nues jusqu'au
temps où, amenés par la guerre et par la conquête dans les
pays des Barbares et y demeurant avec eux, ils durent se plier
comme eux aux nécessités du climat. Dès lors, les soldats
romains portèrent une culotte serrée autour de la taille, pro-
bablement par une ceinture semblable à celle des braies gau-
loises et descendant un peu au-dessous du genou. Ce vêtement
est firéquemment représenté sur les monuments de l'Empire.
C'est celui qu'on voit constamment représenté dans les bas-
reliefs de la colonne Trajane.
Je citerai encore les sculptures qui décorent la colonne de
Théodose. La meilleure reproduction que nous en possédions
est une suite de dessins appartenant au Musée du Louvre de
la main d'un artiste habile du xvi"-' siècle (peut-être Battista
Franco), qui lui-même les aurait copiés sur ceux qu'avait exé-
cutés Gentile Bellini pendant le séjour qu'il fit, on le sait, à
I Monuments de l'Institut de correspondance archéologique, I, pi. xxx.
-,6 E. Saglio.
Constantinople. Ces dessins ne manquent pas de précision
dans les détails ; on peut y avoir confiance au moins pour la
manière dont y sont représentés, dans de nombreux exemples,
qui se contrôlent en quelque sorte, les pantalons des Barbares,
Goths ou Sarmates, conduits captifs dans le cortège triomphal.
Ces pantalons sont extrêmement amples. On se rappelle en
les voyant ce que dit Lucain de ceux des Sarmates et des Van-
gions M « Et qui te Iaxis imitantur Sarmata braccis, Van-
giones » . Ils rappelleront aussi, à ceux qui ont visité les pays
voisins du Danube, les larges braies dont les hommes y sont
encore aujourd'hui vêtus, si larges et si flottantes qu'on les
prendrait, quand les jambes sont réunies, pour un jupon. Pour
faciliter leur marche, les prisonniers les ont relevées au
moyen d'une et quelques-uns de deux jarretières.
Bien avant le règne de Trajan des Romains avaient adopté
les braies, mais seulement dans les provinces où elles étaient
d'un usage général; aussitôt qu'ils quittaient ces provinces, ils
abandonnaient le costume étranger. Calcina, au miheu du
I" siècle, se plaisait à porter les braies et la saie gauloise,
mais il excita les murmures quand il osa, en Italie, s'adresser,
vêtu comme un Barbare, à ceux qui portaient la toge: « ... in
superbiam trahebant quod versicolore sagulo, braccas, indu-
mentum barbarum, indutus, togatos adloqueretur - ». Cepen-
dant, sous des princes d'origine barbare, la mode des bracae
s'implanta à Rome et l'on y vit de nombreux tailleurs appelés
bracarii; mais l'opinion semble avoir toujours résisté à cette
altération de l'ancien costume romain. Une loi d'Honorius, de
l'an 397, interdit le port des bracae à l'intérieur de la ville
(intra urbem venerabilem). Peut-être faut-il voir dans cette loi
moins une protestation contre une mode à laquelle les yeux
étaient trop bien accoutumés, qu'une défense contre l'envahis-
sement de Rome par les Barbares.
Dans aucun des monuments que j'ai cités je n'ai rencontré
ce qui peut motiver la distinction proposée entre les bracae et
les hosae; car on ne peut faire de différence entre des pantalons
1. Phars., I, 430.
2. Tac, Hist., II, 20.
Les Bracae et les Hosae. 37
serrés à la cheville, quoique sans lien apparent, et d'autres
visiblement noués et formant un bourrelet au-dessous du
cordon qui les assujettit ; c'est le même vêtement, auquel on
n'a pas sans doute donné deux noms.
M. d'Arbois de Jubainville a bien voulu me dire que l'idée
de la distinction qu'il a faite lui est venue en voyant, dans
Y Histoire du Costume en France de Jules, Quicherat (p. 11), la
représentation de braies assez bien conservées découvertes
dans les tourbières de Thorsbjerg en Jutland. Qiiicherat y
reconnaissait une pièce du costume celtique, auquel, dit-il,
les Cimbres de la péninsule danoise restèrent fidèles jusqu'à
leur extinction. M. Lindenschmit^, le savant conservateur du
Musée de Mayence, est disposé à considérer ces braies et
d'autres parties de vêtement trouvées dans le même endroit
comme le produit de fabriques romaines provinciales tra-
vaillant pour les habitants (romains ou non) des pays du nord.
Il n'importe, nous avons sous les yeux un exemple de braies
descendant jusqu'au pied, avec un appendice cousu qui s'avance
comme une espèce de guêtre sur le haut du pied. Mais il faut
remarquer que l'étoffe dont est fait cet appendice n'est pas
semblable à celle du pantalon. Le tissu en est plus fin, et l'on
admettra difficilement qu'il fût destiné à protéger le pied à la
fliçon d'une guêtre contre le froid, l'humidité et les accidents
du chemin. Je crois plutôt que ce prolongement devait être
introduit dans la chaussure, comme on en voit des exemples
sur la colonne Trajane, et l'on jugera sans doute que cela
n'était pas inutile avec le soulier des peuples germaniques et
celtiques, lacé sur le haut du pied et qui le laissait souvent
en partie découvert.
C'est d'une matière plus résistante, de cuir, de feutre ou
même de peau crue, que l'on devait foire des chaussures vrai-
ment propres à garantir les jambes contre les heurts et contre
les intempéries : tels furent les cinbades et les enâromides des
Grecs, les cothurnes de chasse, les udones, les inipilia, les ti-
bialia, les ocreae des Romains, telles les beuses du moyen âge,
qui étaient de hautes guêtres ou des bottes portées par-dessus
I. Handhuch der dculschen Alterthimshuude,\, p. 338.
38 E. Sjglio.
les chautses. Les distinctions qu'on peut faire entre tous ces
noms mériteraient d'être le sujet d'une étude spéciale. Je ne
veux en ce moment que me rendre compte du rapport qui
peut exister entre les heuses dont le nom vient se placer natu-
rellement ici, et les hosae, dont il s'agit de déterminer la diffé-
rence avec les hracae.
J'aurais souhaité que M. d'Arbois de Jubainville eût bien
voulu indiquer les textes les plus anciens où il a rencontré le
mot hosa ou osa. Pour moi je n'en connais pas où il se trouve
avant la fin du vi'' ou le commencement du vif siècle, c'est-
à-dire après les grandes invasions et l'établissement définitif
des Barbares dans les anciennes provinces de l'empire romain.
Isidore de Séville^ nomme, sans les décrire, dans le chapitre des
calciamcnta, les ossae, nom dans lequel on peut reconnaître, et
l'on a reconnu en effet une orthographe défectueuse de osac-.
L'empereur Maurice, vers la même époque (vi^-vii^ s.) appelle
les hosae un vêtement gothique (L>:-:âp'.a ';z-b':/,y. 3). Warnefried,
Paul Diacre -1, un siècle plus tard, mentionne à son tour les
hosae dans une phrase qu'il convient de citer toute entière. Il
parle des Lombards, ses compatriotes, dont il compare le cos-
tume au vêtement ample des Anglo-Saxons. Leur chaussure,
dit-il ensuite, était ouverte presque jusqu'au bout de l'orteil
.(c'est le soulier découvert des peuples du Nord, très différent
de celui des Romains), et il ajoute : « Postea cœperunt hosis
uti, super quos equitantes tubrugos birreos mittebant; sed hoc
de Romanorum consuetudine traxerunt. » (Après cela 'is
commencèrent à se servir de hoses, par-dessus lesquelles, p.,Lr
monter à cheval, ils mettaient des tubruques de bure; mais
c'est là un emprunt qu'ils firent aux usages romains).
Qu'est-ce au juste que les Lombards empruntèrent aux Ro-
mains ? Il est clair que ce sont les hosae, ce ne sont pas les
trabuques ou tubruques (tuhrugi). Pour ce dernier mot il n'y
a aucun doute; l'explication qu'en donne un contemporain,
1. Orig., XIX, 34, de Calciamentis.
2. Du Gange, Gloss. inf. lut. s.v.osa; Quicherat. Addenda kx. lat,
p. 198.
3 . Strat., p. 302.
4. P. Diac, IV, 28.
Les Bracae et les Hosae. 39
Isidore ^, la signification qu'il a gardée aux siècles suivants,
mais surtout l'emploi ici indiqué par Paul Diacre fait bien
comprendre qu'il s'agit de bas ou de bottes de laine épaisse,
tirés par-dessus les hoses, de véritables houseaux ; on les met-
tait pour monter à cheval.
Mais alors que sDnt les hosae, dont le nom paraît indiquer
plus précisément encore la botte ou la grande guêtre qui s'est
toujours appelé heuze et houzeau ? Il y a parenté manifeste
entre les termes ou, pour mieux dire, c'est le même mot qui
s'est perpétué depuis l'antiquité avec la même signification.
Chez les peuples germaniques et Scandinaves, bose, a toujours
désigné un long bas montant jusqu'au genou, broche hruch,
brœker, un caleçon ou un haut-de-chausse descendant quel-
quefois plus bas, ce sont les bracae. Il est vrai que le mot ho-
sen a pris en allemand le sens général de pantalon ; mais il
ne l'avait pas encore au moyen âge. Le sens du mot a pu
varier de même avant de se fixer une première fois. Isidore,
on l'a vu, place les osae parmi les cakiamenta. L'empereur
Maurice en parle comme d'un vêtement de corps, un ciiictiis,
Il fliut se rappeler ce que l'on sait de précis au sujet du cos-
tume des Lombards. Le même Warnefried- nous apprend que
dès avant leur arrivée en Italie au vi^ siècle, ils enveloppaient
leurs jambes jusqu'à la hauteur du genou de chausses ou de
bas de couleur blanche ou laissaient le genou nu comme les
Anglo-Saxons, les Burgondes et quelques tribus franques. Dès
lors aussi, sans doute, ils portaient comme ces peuples des ca-
leçons ou des braies; ils en avaient au moins dès le vu" siècle;
Paul Diacre 3 les appelle fcnioraJia; mais ces braies étaient
courtes, puisqu'elles laissaient les genoux découverts ; peut-être
comme ces braies que l'on voit encore figurées dans le cos-
tume des Normands sur la tapisserie de Bayeux, qui sont fort
amples, mais ne tombent pas plus bas que le genou. Ce sont
donc, je le pense, les longs pantalons^ alors d'un usage général
1 . Ori^., XIX, 22, 30.
2. P. Diac, I. 24.
?.V, 58.
40 E. Sai;!io.
en Italie, que les Lombards se sont appropriés pour compléter
leur ajustement et que leur historien désigne par le nom de
hosae.
Il ne faut pas trop demander au latin des écrivains des pre-
miers siècles du moyen âge. Ils ont mêlé et confondu plus
d'une fois les termes qu'ils employaient ou n'ont pas su
trouver pour les mots de leur propre langue qu'ils avaient à
traduire des équivalents suffisants. Mais la persistance à travers
les siècles de dénominations qui signifient les mêmes choses
est une indication plus sûre. On vient de voir que le mot
hracac a toujours été le nom d'un pantalon, long ou court,
tantôt s'arrêtant au genou, tantôt descendant jusqu'au pied ;
hose a pu avoir anciennement, comme il a encore dans les lan-
gues germaniques, la même signification; mais il a dès les pre-
miers temps où on le rencontre et il a toujours gardé une
autre acception : c'est une chausse étroite haute ou basse,
puis la botte ou la guêtre qu'on a nommé Ikuslï ou boiiscau,
recouvrant le bas de chausse.
E. Saglio.
A NOTE ABOUT FIACHA MUILLETHAN
From Prof. D'Arbois de Jubainville's Essai d'un catalogue
de la littérature épique de l'Irlande, p. 141, I learned the exist-
ence of the following note, which is hère tninscribed from a
photograph of p. 337 of the Book of Lecan, a ms. in the
library of the Royal Irish Academy. The note illustrâtes the
behef in lucky days. It also gives an instance of the power which
in the times of paganism Irish fathers appear to hâve exer-
cised over their daughters. A parallel may be found in the
Book of Ser Marco Polo, Book II, c. 47, where he says of the
people of the province of Caindu : « No man considers him-
self wronged if a foreigner, or any other man, dishonour
his wife, or daughter, a sister or any woman of his family;
but on the contrary he deems such intercourse apieceofgood
fortune. And they say that it brings the favour of their gods
and idols, and great increase of temporal prosperity. » And
see Colonel Yule's note 3, vol. II, p. 48, ofthe second édition.
The epithet muillethan, rectius muill-lethan « broad-crown-
ed » is interesting as preserving the Irish reflex of the A. S.
molda or molde « the top of the head » and the Skr. mûrdhan
« the head » . From mull are derived mullach « hill-top » and
mullôc « the cover of a paten » .
BOOK OF LECAN, P. 337, COL. 2.
Doluid Eogan Mor mac Aililla Vluimm do chath Muigi Mu-
42 Whitlev Stokes.
craime. Feraid aigideçht ^ i tig Threith mcic Da Chrega in
druad. I CarnFhearadaichbai teach Treith^, 7 bai ingen illdeal-
bach aici .i. Moncha a hainm. Rochuindich Eogan a ingen
for Treith in aidclii sin, 7 adbeart in Treith fria ingin techt il-
lebaid 3 Eogain, 7 adb^rt fria co mberad mac d'Eogan 7 com-
[b]ad ri Mwman in mac sin 7 com[b]ad rigda a cland dia eis,
7 nod-mw/rfidea he fen i cath Muigi Mucrama.
Faidid-i Moncha la li-Eogan iarsin, 7berid mac hi cind .ix.
mis .i. Fiaciia Muilleathan a ainm, ar intan tanic goa lamnad
adbeart in drai fria : « Mad iniu > b^'ra do matcbid cland druad,
mad imarach hcrà, bid rig in mac 7 bid rigda a cland. »
« Mina thi », ar si, « trem thcTb-sa, ni tharga in chonair
choir coamairech ».
Beirid Moncha a mac iarnamaireach la t//rcbail ngmni,
uair^ is airi fa « Muillethan » [fair] uair roleth a cheand for-
sin cloich, 7 maraid lathrach a chind forsin cloich beos.
Gabais Fiacha Muillethan flaithiwi Muman iar Cornwc Cas
mac Aililla Uluimin, 7 is 'na re tanic Cormflc hua Cuind for
sluaiged a M/^main co Druim n[D]amgairi .i. Long Qiach in-
dala hainm, cor'gob forbaisi and sin (or Mwmnechaib, co ndea-
chas o Fhiachaig 7 Muilleathan co Mog Ruith. Is and bai side
in[D]airpri, 7 tucad do a roga do thirib M//man ar thoideacht
donchath. Co tanic Mog Ruith iarsin don chath, 7 romemaid/
for Covmac 7 for Leath Cuind tre thegasc Moga Ruith, 7 tue
Cormac geill do Fhiachaig^ Muillethan. Conad and adbcrt
Feidlimid mac Crimthain :
Fiacha9 Muilleathan maith-rig
a hiathaib Lai il-leitrib Crai,
tucad geill do a Temraig '° thren
I .
Ms. aidigecht
2 .
Ms. treich
3 •
Ms. illebaig.
4
ior failli, root svap.
5-
Ms. iniug
6.
leg. ocus.
7-
Ms. romebaid
8.
Ms. fiachaid, with dotted f.
9-
Ms. fiachaid
10.
Ms. tcniraid
A Note about Fiacha Muilleihan. 4J
co Fafaind reill. co Rath nai.
roslecht do ri[g] Thigi Duind,
Corm^zc hua Cuind cid rom lai.
Fiacha Fear da liach ainm aile do .i. liach do cach ecbt do-
rala do .i. mor in t-echt dosom .i. marbad a athar i cath la
M^7c con 7 marb[ad] a mâthai dia breith. Finit.
Translation.
Eogan the Great son of Ailill Bare-ear went to the battle
ofMagh Mucrame ^ He getteth guesting in the house of the
wizard Treith son of Dd Crega. On Carn Feradaich^ was
Treith's house, and he had a very comely daughter, named
Moncha. Eogan asked Treith for his daughter for that night,
and Treith told his daughter to go into Eogan's bed. And he
said to her that she would bear a son to Eogan, and that that
son would be king of Munster, and that his children after
him would be royal, and that Eogan himself would be slain
in the battle of Magh Mucrame.
Thereafter Moncha sleeps with Eogan, and at the end ot
nine months she bears a son whose name was Fiacha Broad-
crown. For when she went to bring him forth the wizard said
to her : « If thou bear thy son today he will be (only) a wiz-
ard's child; but if thou bear him tomorrow, the boy will be
a king and his children will be royal, »
« Unless », she saith, « he shall corne through my side, he
shall not go the proper way till the morrow » >.
On the morrow, at sunrise, Moncha bears her son, and he
was called « Broadcrown », because his head flattened on the
stone [on which his mother sat in order to delay his birth,]
and the site of his head still remains on the stone.
1. Said to hâve been fought A. D. 195.
2. In Munster, see O'Donovan note 9, Four Masters, A. M. 3656.
5 . Hère there is a gap in tlie taie. According to Keating (O'Mahony's
translation, p. 316). Moncha then « went into a ford upon the river Siuir,
which flowed by her iather's dwelling, and there sheremained stationary,
seated upon a stone. And when the auspicious hour had arrived, she carr.e
forth out of the river, gave birth to her son, and then died immedialely
on the spot. "
44 Whitley Stokes.
Fiacha Broadcrown assumed the lordship of Munster after
Cormac Cas son of Ailill Bare-ear; and in his time it was that
Cormac, grandson of Conn [of the Hundred Battles] came
on a hosting into Munster as flir as Druim Damgaire, the other
name whereof was Long CHach. And there he began invading
the Munstermen, so that Fiacha Broadcrown sent [for aid] to
Mogh Ruith [the wizard,] who then dwelt in Dairbre ^ And
for coming to the battle there was given him his choice of
the lands of Munster. So after that Mogh Ruith came to the
battle, and Cormac and Conn's Half- were routed through
Mogh Ruith's teaching, and Cormac gave hostages to Fiacha
Broadcrown. Wherefore Feidhmid son of Cremthann said :
Fiacha Broad-crown, excellent king,
From the lands of Lee3, on the slopes of Crai,
Hostages were brought to him from strong Tara .
To famous Fafann, to Rath Nai.
To the king of Donn's House "■■ knelt
Cormac, Conn's grandson, though...
Fiacha Fer dà liach, « Man of two sorrows », was another
name of his, to wit, a grief from each misfortune that hap-
pened to him (great the misfortune to him), namely, the kil-
ling of his father in battle by Mac Con, and the killing of his
mother by bringing him forth. Finit.
So in a poem preserved, in the Book of Leinster, p. 147'%
Ailill Olomm says to his grandson Fiacha :
Da liach deit a n-éc...
t'athair is do mathair...
gaet in fer i cath,
marb in ben dot breith.
1 . Now the Island of Valencia, co. Kerry.
2. i. e. the northern half of Ireland.
5 , Lai, now writen Laoi , a river in Munster.
4. Tech Duinn now called the Bull Island, otî Bantry B;iy. Sec Chronicon
Scotorum, éd. Hennessy, p. 12.
A Note ahoiiî Fiacha Muillelhan. 45
that is :
Two sorrows to thee their death :
Thy fluher and thy mother.
The man was slain in battle.
The woman dicd of bringing thee forth ^
Whitley Stokes.
London, 19 sept. 18S9.
I. Compare O'Clery's Glossary, s. v. Liach, Revue Celtique, t. V,p. ij*
ANCIENS NOELS BRETONS
Traduction ' .
XVÎI '-
222 Chantons Noël au Roi des Anges avec foi et parfait amour !
Un enfant aimable a été mis au monde heureusement
Par une Fille pure qui a été préservée de tout péché,
[soyez-en certains.
223 En fâcheux état, par suite du péché d'Adam, nous étions
[destinés à cause d'un morceau coupable
A être sans soutien dans la douleur, dans l'enfer glacé,
[dans la peine,
En attendant que dans la fidèle Marie vint la seconde
[Personne [de la Trinité].
224 II y eut cinq mille ans d'angoisse et d'ennuis à attendre
[Dieu ;
A mesure que [les hommes] mouraient, ils allaient au feu,
[tourmentés tout de suite par Satan ;
Jésus est venu, notre crime est efflicé, et nous sommes
[rachetés de l'enfer.
225 Une Vierge sans feinte — comprenez, croyez cela — par
[humilité
1. Voir le commencement de cet article aux pages 1-91 et 288-319 du
précédent volume.
2. Sur l'air Urhs heala Hierusaîein.
ANCIENS NOELS BRETONS
Texte.
XVII ^
222 Quenomp Nouel da Roue'n Aelez gant feiz ha carantez
Ganet eo sur gant eûr mat hegarad un crouadur [pur !
Gant un Merch scier so preservet a pep pechet, bezet sur.
223 En drouc stat dre pechet Adam ez oamp dre un tam blam-
[met
Da bout en hyruout hep souten, en Ifern ien, en penet,
En désir en Marv guirion han eil Person da donet.
224 Pemp mil blizien ancquen a voe oz gortoz Doue enouet;
Beb maz marnent ez eant dan tan buhan gant Sathan poa-
[niet;
lesu so deuet, lamet hon crim, maz omp an lim redimet.
225 Vn Guerches hep fent, ententit, crédit, dre humilité
I . Nouel voar ton Urbs beat a Hierusalem.
^8 H. de La Villemarqué .
Conçut Jésus [venu] du ciel qui paya notre dette sur la
[croix ;
Un Ange, avec une grande joie, lui avait révélé cette chose.
22e La naissance de Jésus est merveilleuse outre mesure :
Par la volonté de Dieu le Père, il fut conçu, enfant,
[d'une jeune et bonne Vierge
Qui conserva sa virginité sainte quand elle l'enfanta, je
[vous assure.
227 Le premier lit que Dieu eut fut une étable, pas autre chose ;
Il naquit de Marie en terre dans une masure, une écurie
[froide,
Et ce fut entre des animaux, — comprenez-le bien —
[lui notre Roi, Dieu et homme.
228 Mais en même temps les Saints Anges, comme il convenait,
[vinrent du Paradis
Vers le Dieu-homme qui devant eux reposait dans une
[étable.
Pour célébrer le doux Roi du Ciel du haut des airs, à
[minuit.
229 Aussitôt du Ciel près de lui se leva une brillante étoile
Pour rendre un témoignage certain à notre Dieu et à la
[bienheureuse Marie,
Et vers elle vinrent les Trois Rois avec des offrandes pour
[Dieu le Roi du monde.
230 Par les Saints Anges fut chanté aux Bergers — le beau
[chant! —
« Honneur et gloire à Dieu ! et à Marie : Gloria ! »
Ils chantaient le petit Enfant, et faisaient fête au Roi des
[Saints.
231 Jésus est venu se faire homme et nous racheter de la
[souffrance ;
Anciens Noëls bretons. 49
Jésus an eff a conceuffas a paeas en croas hon die ;
Dezy an Eal a reuelas gant un joa bras an dra se.
226 An nativité a Jésus so maruaillus dreyst musur :
Conceuet Guerch gant un merch mat a perz Doue'n Tat,
[crouadur,
En he guerchdet glan ez manas pan ezganas, me hozassur.
227 Quentaff guele en deffoue Doue un presep voue, ne voue
Ganet en douar gant Mary en coz ty, merchaucy ien [quen;
Entr'en mylet, ententet, voue, hac enfF hon Roue, Doue
[ha den.
228 Maz deuez yuez an Aelez mat dereat an Barados
Bete Doue ha den rac enep en un presep oz repos,
[nos
Da meuHff Roue'n Tron deboner, dyouz an aer, da hanter
229 Quen buhan en enff e queffuer ez scauas scier un steren
Euyt reiff certes ^ testeny hon Doue ny gant Mary guen,
Maz deuez bet enn y an Try Roue da proff da Doue Roue
[an glen.
230 Dr'en Aelez glan ez voe canet dan Pastoret — caezret
[tra !
Da Doue enor ha jolory ha da Mary Gloria;
Dan Mabic bihan ez canent hac ouz Roue'n sent ez grent
[joa.
23 1 Deuet eo Jesu da bout humen hac[a] ancquen don prenaff;
I . Liseï certen.
Revue Celtique, XL
^0 H. de La Villemarcjué.
Parmi les Juifs, par leur fait, il a été étendu sur une croix
[de bois,
Et il est mort durement pour nous, en souffrant la peine
[la plus grande.
232 Rendons honneur et gloire avec mille louanges à Marie;
Adressons-lui nos requêtes, prions-la qu'il lui plaise de
[supplier
Jésus, le fils de Dieu, le vrai roi du Ciel, de nous pardonner
Amen! [en Léon.
XVIIP
233 Chantons Noël ! Noël saintement, en toute humilité,
A la Vierge excellente qui nous a présenté
Un petit Enfant qui va sauver le monde :
[Rendons] grâce à la Dame qui a été l'instrument de son
[avènement.
234 A cause de notre père Adam nous étions condamnés
Aux peines de l'enfer, noires, sombres et dures ;
De nous, ô roi des Anges, vous avez eu pitié :
Rendons grâce à la Dame...
235 II y avait cinq mille ans entièrement passés
Que chacun restait au miheu du feu ;
Alors le doux Jésus est venu de Nazareth :
Rendons grâce à la Dame... ,
236 Sans lumière ni feu cet Enflint-ci est né
Dans une écurie froide où n'habitait personne.
D'une douce Vierge incomparable, par amour pour nous :
Rendons grâce à la Dame...
I . Sur l'air Sacris Soknnis (sic).
Anciens No'éls bretons. . ,
Entr'en Juzeuyen dre ho penn en croas pren e astennaff,
Hac euid omp garo ez maruas, poan a souffras an brasasff.
232 Greomp enor ha gloardaMary ha meuleudy an mu3diaff;
Entromp requetomp, pedomp hy mar plig gaty suppliaff
Jesu Map Doue, guir Roue an Tron, e Léon don pardo-
Amen! ["n^ff.
XVIII J
233 Quenomp Nouel ! Nouel santel dre vuheltet
Dan Guerches excellant he deues presantet
Deomp ny un Map byhan a saluo breman an bet
Trugarez an Ytron so moyon de donet.
234 Dre pen hon tat Adam ez viomp condamnet
Dan poaniaou infernal, du, tenffal ha calet;
Ouz omp, Roue an Aelez, truez oz eux bezet :
Trugarez an Ytron...
235 Coude pemp mil blizien a yoa plen tremenet
A pan oa pep unan en creis an tan manet ;
Jesu so deuet hep mar douar a Nazaret : '
Trugarez an Ytron...
23 e Hep na goulaou na tan an Map man so ganet
En un merchaucy ien na chomme den an ^ bet
Gant un Guerches clouar dispar dre hon caret :
Trugarez an Ytron...
1 . Nouel voar ton Sacris sohnnis.
2. Lise:;^ en.
J2 H. de La ViUemarqué .
237 Vierge charmante et sainte, qu'il est étrange de voir
Hélas ! ce petit Enfant venu au monde ici
Dans une vile écurie où il y a des bêtes !
Rendons grâce à la Dame...
238 Dans le Temple, par Syméon, à la sage Dame,
Lorsqu'il y fut porté, certes il fut dit
Que son cœur serait percé d'un glaive de douleur :
Rendons grâce à la Dame...
239 Ensuite la prophétie s'accomplit,
Sur le mont du Calvaire, lorsqu'il fut crucifié,
Il racheta là tous ceux qui étaient perdus:
Rendons grâce à la Dame...
240 Là, le vrai Roi de la terre, notre ami de Nazareth,
Souffrit la douleur pour racheter le monde ;
Et il nous délivra de peines infinies :
Rendons grâce à la Dame...
241 O Dame, ô Reine bénie, la demande que vous ferez
A votre Fils Jésus, ne sera pas repoussée !
Heureux notre sort en ce monde depuis qu'il est né !
Rendons grâce à la Dame...
242 O vous l'Impératrice, la Maîtresse des Vierges,
Dans les cieux vous êtes placée près de la Trinité ;
En votre corps sans aucun doute II est venu par amour
Rendons grâce à la Dame... [pour nous
243 Donc, ô douce Marie, priez avec ardeur
Pour les pécheurs ; ne laissez personne dans l'affliction.
Quand le Dieu-Homme est venu nous racheter de peine :
Rendons grâce à la Dame...
à
Anciens Noels bretons. 5 3
237 Guerches plesant santel, dyheuel eo guelet
Allas ! an Map bihan e bout aman ganet
Ez ^ un merchaucy vil maz aedy an mylet !
Trugarez an Ytron,,.
'o^
238 En Templ gant Symeon dan Ytron raesonnet,
Pan voe douguet, hep mar, enffa voe lauaret
Gant an clezeuff a ceuz he calon esteuzet :
Trugarez an Ytron...
*&■•
239 Goude an profecy a voe peur achyuet,
E menez Calvary pan voe crucifiet
Eno ez prenas oll quement a yoa collet :
Trusarez an Ytron...
'&'
240 Eno guir Roue'n nouar, lion car a Nazaret,
A gouzavas anquen euyt dazpren an bet;
A poanyou infinit hon genre acuytet :
Trugarez an Ytron...
241 Ytron, Rouanez guen, an goulen a menhet
Digant hoz Map Jésus, ne vyhet refuset !
Guen hon bet en bet man pan voe heman ganet !
Trugarez an Ytron...
242 Chuy en Impalaezres, Maestres an guercheset,
En effaou ez ouch din e quiffin an Drindet;
En hoz corff hep nep mar ez deuez dre hon caret :
Trugarez an Ytron...
243 Rac se, clouar Mary, a devry supliet
Euit an pecherien ; na list den sourprenet,
Pan eo deuet Doue ha den don dazpren a penet :
Trugarez an Ytron...
I . Liser en.
54 H. de La Villemarqué.
244 O Marie, quand viendra le jour de notre mort dans ce
[monde,
O Vierge, ô Reine bénie, par la prière que vous ferez :
A votre Fils Jésus, excusez-nous, s'il vous plaît
Rendons grâce à la Dame...
245 Priez surtout, Madame, pour les Bretons,
Afin qu'en Bretagne ils tiennent bon à leur Foi, à leur
[Loi toujours;
Oui, priez Dieu, le Roi du monde, de nous garder de péril!
Rendons grâce à la Dame qui a été l'instrument de son
[avènement.
XIX ^
246 Chantons Noèl ! Noël ! Noël !
A cause de Gabriel, quand il révéla
Que le Dieu du Ciel était conçu, [remède.
Dans le sein de la Vierge pure qui nous porta
247 Sans nulle douleur elle enfanta
Dans la vile demeure d'un âne
Notre vrai Roi charmant, sans eau ni feu,
Jésus lui-même sur du foin.
248 Hélas ! de la fin au commencement
Le Seigneur souffrit de grands maux ;
Depuis sa naissance, soyez-en sûrs.
Il ne fit qu'endurer la peine.
249 Le ciel et la terre brillèrent
Quand vint le Messie, c'est certain;
Et dans un beau nuage se leva
Une grande étoile, je vous l'affirme.
1 . Sur l'air Ave, fuit prima sains.
Anciens Noels bretons. j j
244 Mary, pan duy an deiz hon finuez voar an bet,
Guerches, Rouanes guen, dren peden ha mennet
Hac ouz ho Map Jésus, haetus hon excuset :
Trugarez an Ytron...
245 Ha ! suppHet, Ytron, euit an Bretonnet,
Maz dalchint ferm en Breiz ho Feiz, ho Reiz bepret ;
Pedet Doue, Roue an tyr, ouz piril don myret !
Trugarez an Ytron so moyon de donet.
XIX ^
24e Quenomp Nouel ! Nouel ! Nouel !
Da Gabriel pan reuelas
Bezaff Doue an enff conceuet.
En Guerches net hon remedas.
247 Hep nep poan houman a ganas
En abry dyfflas un asen
Hon guir Roue flour, hep dour na tan,
lesu e hunan voar an fouen.
248 AUas ! a dyuez da dezraou
En deffou'en Autraou poanyau bras ;
A pan voe ganet, bezet sur,
Nemet laiir ne enduras.
249 An enff an douar a paras.
Pan deuez Messias, a tra sur ;
Hac en coabren brauff ez sauas
Vn steren bras, nie hoz assur.
I . Voar ton Ave, fuit prima salus.
5 6 H. de La Villemarqué.
250 Pendant treize jours de grands Rois,
[Venant] de très loin, s'avancèrent religieusement;
D'Orient ils venaient joyeux,
Sans mentir, pour voir Notre Seigneur.
251 Pour offrir de riches présents
A leur vrai Roi, comme bienvenue
Vinrent ensemble, n'en doutez pas.
Ces trois Rois, trois amis aimables.
252 Jésus, sur la croix nous racheta tous
Et sages et fous, de peur que nous ne fussions
Afin de nous tirer de peine. [perdus,
Il était temps que l'homme fût racheté.
253 Au nom de Jésus, [faites] l'aumône !
Donnez aux pauvres affligés ;
Pendant sa vie, voyez-vous. Dieu était •
Dans la pauvreté, selon le monde.
254 Jésus, un jour, rendra promptement
A chacun plus que ce qu'il aura donné.
Prions tous Dieu, le vrai Roi de la terre,
De nous faire grâce débonnairement,
255 Les gens du Léon, Bretons,
Vrais catholiques, au premier [chef],
Quand ils trépasseront.
Je vous prie, Roi du Ciel, de leur ^ pardonner.
XX ^
256 Noël! chantons saintement, maintenant, peuples de la
Par dévotion et d'un cœur pur, [terre,
1 . Littéralement de nous.
2. Noël dont l'air est populaire.
Anciens No'éls bretons . J7
250 Tryzec deiz an Rouanez bras
A marchas a pell bras ha saou ;
Dyouz Orient ez deuent haut
Da guelet, hep faut, hon Autraou.
25 1 Da proft offrancc ha chevancçaou
Do guir Autraou, de dezraou mat,
E deuez parfet, na lequet mar.
An Try Roue, try car hegarat.
252 Jésus en croas hont ^ prenas oU,
Ha fur ha foU, na vemp collet,
Huit hon dianc a anquen.
Mail voa da den bezaffprenet.
253 En hano Jésus, an alusen !
Reyt dan peuryen so anquenet;
Doue a voe, chetu, e buhez
En paurentez heruez an bet.
254 Jésus un dro a rento pront
Da pep an tu hont e bontez.
Pedomp oll Doue, guir Roue'n nouar,
Da reift deomp clouar trugarez :
255 An pobl a Léon, Bretonet,
Guyr catholiquet, da quentaff.
Pan a hint scaff da anaffon,
Moz pet, Roue'n Tron, don pardonaff.
256 Nouel ! quenoni glan, breman, pobl an bet,
Dre deuotion hac a calon net,
I . Lisci hon.
2, Nouel pe ahynnyan to so commun.
58 H. de La Villemarijué.
Puisqu'il vient de naître le Roi du monde — la belle
[condition ! —
OMarie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles!'
257 La glorieuse Marie, par l'effet de la grâce,
Fut conçue corps et âme
Sans aucun péché ; il n'y a pas besoin de garant :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
258 Adam par sa grande faute mérita un châtiment,
A cause de la pomme fatale, au peuple de ce monde
Où nous étions unis par beaucoup de soupirs :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
259 Certes, par Marie nous sommes heureux;
Elle a enfanté le beau Roi du monde ;
Nous avons donc lieu de nous réjouir :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
260 Joachim, l'homme excellent, fut son père selon la nature;
Anne avec beaucoup de joie l'enfanta assurément :
Nulle personne aussi pure qu'elle ne fut créée jamais :
OMarie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
261 Quel ardent amour a ressenti
Pour nous Dieu, le Roi de la terre, pour être descendu
Dans une fille d'une virginité parfaite sans nul doute;
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
262 A des gens d'honneur, à une famille de bergers,
A ceux-là il fut annoncé par l'Ange
Que le Roi du monde était né — grâce en soit rendue !
O Marie, il vous appartient de donner de bonnes nouvelles.
263 Et sans fliute dans l'étable certes avec Marie
Ils trouvèrent né le Roi du monde, qui, soyez-en sûrs,
I , Allusion au vœu du duc de Bretagne, Jean de Montfort, à Notre
Dame de Bonnes nouvelles (1364).
Anciens Noëls bretons. 59
Pan eo s;lan s,inet Roe'n bet — caezret stat ! —
&*
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
257 Mary glorius, dre gratiustet,
Ha corff hac eneff a voe conceuet
Hep bech a pechet; ne fel quet cretat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
258 Adam gant blam bras a deloezas poan,
Dr'en aual calet, da pobl an bet man
Maz edoamp un moan en cals huanat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
259 Gant Mary, sigur, ny so eurus;
He deues ganet Roue'n bet quenedus,
Maz dleomp hetus en em joayushat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
260 Joachim, den prim mat, voe he tat natur;
Anna gant joa bras he ganas assur;
Nep den he quent pur sigur ne furmat ;
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
261 Strivant carantez en deues bezet
Ouz omp Doue, Roue'n glen, e bout disquennet
Gant merch dre guerchdet parfet hep cretat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
262 Tut plen a enor, cosquor pastoret
Deze gant [an] Eal ez voe reuelet
Bezaff glan ganet Roe'n bet, bezet sur^ :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
263 En presep hep sy gant Mary sigur
Ez quetsont ganet Roue'n bet, bezet sur.
I . Peut-être faut-il lire grat à cause de la rime.
6o H. de La Villeinarcjiié.
Etait plein de misères pour nous guérir :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
264 Trois rois d'Orient sans défaut
Se rencontrèrent au milieu d'un carrefour
Cherchant en toute hâte Dieu le Roi des saints:
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
265 Joseph qui, de fait, était son vrai mari
Etait sûrement empressé près d'elle,
Ayant foi en elle et la respectant :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
266 Poursuivant leur route avec ardeur et amour,
Au bout de treize jours, selon leur désir les trouvèrent
Les Saints Rois, sans être en retard :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
267 Hérode, aussitôt qu'il sut [la nouvelle] (?)
Invita les trois [rois] à venir le voir chez lui,
Après les avoir renvoyés libres, étonné du cas :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
268 Les Trois Rois aidèrent puissamment le Dieu-Homme
Avec de l'or, de la myrrhe et de l'encens, apporté géné-
[reusement,
Dont ils venaient pieus^m:nt lui faire hommage:
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
269 Ils n'avaient tous trois d'autre guide
Qu'une étoile qui se montra en plein Ciel ;
Elle leur permit de venir trouver le Fils de Dieu le Père;
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
270 II n'en tant pas douter, il était malade d'envie
Le roi Hérode, il était plein de dépit
De ce qu'ils étaient venus tous trois chercher leur Sauveur.
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
Anciens Noéls bretons. 6i
Leun voa a laûr euyt hon curât :
Mary, chuy byaou reifF quehezlaou mat.
264 Rouanez hep sy try dioux Orient
Voe en em caffas en creis un croassent
Oz clasq Doue Roue'n sent hep nep fent quentrat :
Mary, chuy byaou reifiF quehezlaou mat.
265 Joseph gant effet he priet detry
A veze strivant suramant ganty
Oz douen feiz dezy hy ha he bryhat :
Mary, chuy byaou reiff" quehezlaou mat.
266 Ouz poursiff" stryvant gant choant carantez,
Ez queffsont choantec, da pen trizec dez,
Glan an Rouanez, hep bout dyuezat :
Mary, chuy byaou reiff" quehezlaou mat.
267 Herodes, presant euel maz santas,
De guelet de ty try a covyas ;
Dilacc ez caccas, dan cas abassat :
Mary, chuy byaou reiffi" quehezlaou mat.
268 An Try Roue Doue [den] plen a soutenas
Gant aour, myr, esancc, gant un avance bras,
Maz deuzont dinoas dezaff" da goassat :
Mary, chuy byaou reiff" quehezlaou mat.
269 No deff"oue ho try quen occasion
Nemet un steren a deuez cren en Tron ;
Honnez vou'en moyen da clasq Map Doue'n Tat :
Mary, chuy byaou reiff" quehezlaou mat.
270 Ne fell quet douetaff", claff" voe gant auy
An Roue Herodes, dre fin frenezy
Ho bout deuet ho try da clasq ho Siluat :
Mary, chuy byaou reiff" quehezlaou mat.
62 H. de La Villemarijiié.
271 A Bethléem donc avec la douce Marie
Ils trouvèrent né le Roi du monde, n'en doutez pas,
Dans l'étable vers laquelle ils avaient été guidés :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
272 Ils étaient épuisés par l'angoisse et la peine, en chemin,
Cherchant le Roi des astres, comme ses amis ;
Or, par leur savoir, ils arrivèrent bien :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
273 Au sommeil, pendant le chemin, oui, sachez-le.
Tous trois se livrèrent fatigués.
Ayant été décidé d'abord qu'ils perdraient leur sang :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
274 — « O Rois, soyez prompts, changez de chemin »,
Leur fut-il dit doucement par l'Ange,
« Devant vous qui êtes les premiers amis du Roi des
[Saints : »
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
275 « Dans la maison d'Hérode on est en fureur,
Et si vous y allez, hélas ! vous serez tués. »
Et alors tous les trois s'éloignèrent :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
276 Ainsi fut-il fait : il fut ordonné tout de suite
Qu'on recherchât, qu'on tuât, qu'on massacrât tous
Les petits enfants pour trouver notre père chéri;
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
277 Peuples, écoutez bien les paroles:
Marie, sans obstacle, alla en Egypte,
Et son fils, n'en doutez pas, fut sauvé :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
Anciens Noëls bretons. 6j
271 En Bezleem hep mar gant an goar Mary
Ez quefsont ganet Roue'n bet, na gret sy,
En presep en ty dy ho covyat ;
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
272 Scuiz voant gant ancquen ha sourpren, en hent,
Oz clasq Doue Roue'n ster, evel e querent,
Ha, dre ho squient, ez deuent en[t]mat:
Mary, chouy byaou reifF quehezhiou mat.
273 Cousquet, a het hent, hep fent, ententet,
A gresont ho try hac y castyset,
Rac dehberet voa ez collsent goat :
Mary, chouy byaou reiff" quehezlaou mat.
274 — « Rouanez, hezit ^ escuit, chenchit hent ! »
Emez voe an Eal vuhel euel quent :
« Rac chuy so querent da Roue'n Sent quentrat : »
Mary, chuy byaou reiff" quehezhiou mat,
275 « En ty Herodes ez eux frenesy.
Ha, syouas! lazet vyhet mar det dy. »
Ha neuse ho try ez dispartiat :
Mary, chuy byaou reiff" quehezlaou mat.
276 Neuse ez voe gret : ordrenet seder
Ez vyze lazet, clasquet, muntret scier
An mybyen tener da clasq hon quer Tat :
Mary, chouy byaou reiff" quehezlaou mat.
277 Fier an gueryaou, tudaou, sezlaouit :
Mary dyampeig a iez en Egypt;
He map, na goapeyt, voe a acuytat.
Mary, chouy byaou reiff" quehezlaou mat.
1 . Lisez berit.
64 H. de La Villemarqué .
278 Là demeura sept années entières assurément
Jésus, le fils de Dieu le Père, comme il convenait.
Sans aucune faute, on le conçoit, honorablement, avec
[gloire:
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
279 Beaucoup de peines et de profondes afflictions, à cause de
[notre méchanceté,
Souffrit le Roi du monde ; croyez-le, sans nul doute.
C'est à cause de nous qu'il fut déchiré,
O Marie^, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles,
280 Jésus par pitié [pour nous] et par grand amour
S'étendit affreux sur la croix de bois;
Joyeux de nous racheter au prix de tout son sang :
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
281 Gens religieux, chantez; alerte! et livrez-vous à la joie,
Car il est né le saint Roi du monde, oh ! la belle raison de
Pour notre salut il s'est livré à l'orage : [se réjouir!
O Marie, il vous appartient de donner les bonnes nouvelles.
XXP
282 Noël ! Avec une foi droite, en cette occasion
Chantons tous ensemble
[Un cantique] au petit Enfant nouveau né :
Noël vient nous rendre visite.
283 Le petit Enfant glorieux
Est né à Bethléem, n'en fliites doute.
Comme cela avait été prédit :
Noël vient nous rendre visite.
I . Noël sur l'air Chris feRedemptor.
Anciens No'éls bretons.
278 Eno ez chômas seys bloaz bras assant
Jesu, Map Doue'n Tat, dereat vatant,
Hep blam suramant, révérant, gant stat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
279 Cals doan ha poan don dre hon fellony
En deffoue Roue'n bet; credet, hep quet sy,
Pahimour deomp ny voe en goulyat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
280 Jesu dre truez ha quarantez bras
Dyfflas en croas pren en em astennas;
Lauen hon prenas her dre padas goat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat.
281 Tut deuot, notyt; escuit! ha gryt fest,
Pan eo glan ganet Roue'n bet, caezret test !
Palamour don test en em tempestat :
Mary, chuy byaou reiff quehezlaou mat'.
XXI ^
282 Nouel ! Dre feiz reiz, an guez man
Quenomp, commun, guytibunan.
Dan Map byhan neuez ganet :
Nouel e quentel don guelet.
283 An Mabyc byhan damany
En Bezleem ganet, na gret sy,
Drez voa devry proficiet :
Nouel e quentel don guelet.
I . Nouel voar ton Christe Redemptor.
Revue Celtique, XL
6G H. de La Vdkmarqué.
284 D'une douce fille nommée Marie
Il naquit pur, assurément,
Pour être cruellement crucifié :
Noël vient nous rendre visite.
285 Et sa virginité elle l'a gardée sainte,
Aussi pure que la neige, cette fille;
Quoiqu'elle ait enfanté Celui-ci :
Noël vient nous rendre visite.
28e Dans une écurie, dans la firoidure,
Est né notre Roi Dieu et homme.
Sans qu'elle souffrît aucune douleur:
Noël vient nous rendre visite.
287 C'est pour nous racheter promptement,
Pour acquitter notre dette et la payer.
Pour nous racheter dès la première heure
Noël vient nous rendre visite.
288 II est né de Marie, notre ami;
Parlons de sa bonté, à elle.
Que le Roi du Ciel soit remercié !
Noël vient nous rendre visite.
289 Prions Celui-ci, le saint divin,
Et sa bonne mère, la douce Marie,
De nous rendre tous glorieux.
Noël vient nous rendre visite.
290 Ayez, Marie, la charité
De prier Dieu, le vrai roi du Ciel,
Pour la Dame des Bretons! ^
Noël vient nous rendre visite.
(A suivre.)
i. Anne de Bretagne (1488-15 14).
Anciens No'els bretons. 67
284 A un merch goar hanuet Mary
Ez voe ganet net, a detry,
Da bout devry crucifiet :
Nouel e quentel don guelet.
285 Ha de ^ guerchdet so chomet glan
Quen pur han erch gant an merch man,
Euyt Heman da bout ganet :
Nouel e quentel don guelet.
28e En marchauzy, en iennien,
E ganat hon Roue Doue ha den,
Ne deffoue plen anquen en bet :
Nouel e quentel don guelet.
287 Euyt escuyt hon acuitaff,
Lamet hon die hac e paeaff,
Don acuytaff an quentaff" prêt :
Nouel e quentel don guelet.
288 Ganet eo hon car gant Mary ;
Conmsomp madelez a nezy.
Roue'n velly ra ve gratiet !
Nouel e quentel don guelet.
289 Pedomp Heman glan damany,
E mam hegar, clouar Mary,
Don ober ny glorifiet:
Nouel e quentel don guelet.
290 Hoz bet, Mary, deuotion
Da pidiff Doue, guir Roue an Tron,
Euyt Ytron an Bretonnet !
Nouel e quentel don guelet.
I . Liseï he
I
NOTES
ON
WELSH CONSONANTS
BY DR. M. NETTLAU
(Suite I)
//.
75. On the pronunciation of the unilatéral Welsh 11 see
Salesbury, 1547 and Ellis notes to his description;]. D. Rhys,
Granim. 1592, p. 24: linguae maiore cuspidis parte in eam
palati regioncm, quae primoribus dentibus iisque supernis vi-
cina est, valido nisu impulsa, ita intérim parce diducto rictu,
ut obscuram quandam rotunditatem prae se ferat, ac quodam
deinceps veluti ex anserum serpentumque quasi sibili commix-
tione veluti per crasin constituto halituose densissimo bruti-
noque sono et per maxillares dentés utriusque, verum magis
dextrorsum, operoso conatu, emisso; L. Morris, Celtic Rcinains,
p. Ixxv; Rhys, YC. II, p. 34; Sweet, p. 48. On the différent
signs used in the B. of Herg. and in other Mss. to dénote 11
and 1 -|- 1 see Evans, intr. to the Oxford Mah., p. xv.
76. thl is often used by médiéval English scribes to dénote
the Sound of 11 and it is still said, that EngHshmen are under
the impression to hear thl for 11. Cf. the index to the Record of
Carnarvon (see Zeuss- p. 1063); Arch. Cambr. I, i, p. 105
Penthlinn, Thlintegid (H 2); I, 2, p. 244 Thloyt, Thlewelyn
i. Voir t. IX, p. 164; t. X, p. 105.
Notes on Welsh Consonants. 69
(1343); I, 4, p. 134 cantredus de Thleen (9E2 = Lleyn) ;
insula Enthli, Gir. Cambr. VI, p. 124; Cadewalthan see§ 66 ;
Maghentleyt (Machynlleth) etc.
77. th is said to be a dialectal (Gwentian) pronunciation
of 11; in the examples which I am going to quote, r, 1 or
II occur in the neighbouring syllables ; hence I am unable to
say whether dissimilation took place or whether a real change
of sounds must be stated. Cf. Schuchardt in Keltische Briefc,
Allg. Zeitung, 1876, p. 2323 b: 11 becomes th in Monmouth-
shire from Penmarc and Llandunod until Gwentlwg (thèse
boundaries are given in the Cambr. Journ. IV, p. 207); he
quotesarath; cf. in a text from Ebbw Vale, Monmouthsh., pi.
erish and erith = erill, sing. arall, Punch Cymraeg Nr. 28,
29 ; cylleth for cyllell is more generally spread, cf. Y Beirniad
III (1862) p. 344 pi. cyllith ; S. C. III p. 603 cyllith; arath Yr
Ariu. 30. 10. 1859.
c, CH, G T, TH, D, DD, S, H — P, PH, B, F, FF.
78. Before discussing some flicts relating to the sundry
guttural, dental and labial consonantsi will give examples
of the apparent « provectio » of g, d, b in a part of the
Gwentian dialect, vie. intheeasternpart ofGlamorganshire and
in Monmouthshire. Some intelligence of the phonetic side of
this fact may be gathered from Rh^'s, lectures^ p. 45, who
quotes oti (ydyw), ffetog (arphedog), gatel (gadael), retws
(rhedodd) and who describes the t as a « t somewhat softened
towards d ».
79. In modem 'exts from Monmouthshire and such parts
of Glamorganshire in which e in final syllables becomes a
(see Beitr. § 51, 5)1 hâve found : rytag (rhedeg), Y Geninen
III, p. 19; from Pyle, Glamorgansh. : wettaf, a wetsoch chi,
gwettwch (dywedaf etc. ; gwedaf is SouthW.), crettu, cy-
ffretin, mi wettav rhaccor (rhagor, more; in NorthW. rhagor
means : différence, cf. Ll. y Resol. NorthW. rhagor = gwaha-
niaeth; h\ SouthW. it means: more, cf. rhagor = ychwa-
70 Nettlau.
neg, more, in some parts ot SouthW., Richards dict.; Hu-
ghes 1822 : SouthW. rhagor — NorthW. chwaneg), accor
(agor), Y Giuladfiarwr 15, 9, 1860. gwetwch, fi weta chi,
wetas I, otuch I (= ydych chvvi), otus (ydys), wetyn (wedy
hyn), precath (pregeth) Y Tyiu. a'r G. I, p. 93, 118). From
Mynnyddyslwyn, Monmouthsh. : y wetsochchi, pleto (to
plaid), afnatyw (ofnadwy), otw; dyscedicion VIII, p. 106, yn
acos nac ym mhell Y Bed., X, p. 9 (185 1); weti, gwetws, \ve-
todd, otw, otich chi, os to fe (oes do fe), Punch Cymraeg Nr.
28, 29. — In Neath : gwascarog, hircîl, catw, ipt. âcor:
agôrwch, fe agorws, llwtwn (:dwr: dyfwn), satwn (sadwrn),
plur. ailota, sylwata, cymeriata, blota, brotyr; dyletus; dera
gyta fi (Aberdare: dera geno i) ; trucan (60), jocal (diogel, like
jofadd = dioddef), etc.
80. It is not easy to trace this pronunciation in Mss.,
since I know nonc, which may be attributed with certainity
to tljis section of the Gwentian dialect; the many orthographs
of suffixes with tenues (-oc -ic etc.), which occur in later
Mss. may folio w the middleWelsh orthography (-awc, -ic, etc.).
So I can only give with some hésitation the following forms
from a Gwentian tcxt, written late in the i6thcent. and in an
often ahxiost phonetic orthography of which I hâve already
given many examples, namely Addit. Ms. 24921 : redec,
rydec, hydec, drwc, rvwoc, bwoc (bywiog), heboc, kafoythoc,
cyffoythoc, grafayloc, mârchoc, mwnwc, chydic, arferredic,
o bledic (= o blegid), yn amlwc, golwc, diskwyl, diskwl,
yskawn (ysgafn), yskwydd, yskwydde (ph), katw f. 55 b (yn
kad f. 43 b). This Ms. shows otherwise no prédilection for
historié orthography and so thèse forms may really tend to
express a local différence from ordinary Welsh in the pronun-
ciation of thèse sounds.
8 r . I will also mention hère thèse cases of « provectio» occu-
ring in the oldest middlewelsh Mss., to which Evander Evans,
studics in cymric philology § 11 first drew attention. « Provec-
tio » of the mcdiae after final voiceless consonants in the pre-
cymric period is a phenomenon tully developed in Cornish
and in Breton ; therefore a ncarer discussion of the Welsh
examples can be dispensed with hère. In the, Ms. A of the
Notes on Welsh Consonants. 71
Venedotîan Code occur: yn keuuc ac ekaller p. 6, hyd ekallo,
eckeyll p. 48, e keill p. 79, e kyrryr p. 125 (yd occurs in the
old poets also before consonants, « infecting » however, where
it lias been later superseded by y not altering the following
consonant); o keyll e dyn hunnu prouy p. 13 (oc?, see
Bcitr. § 56; o aspirâtes the tenues); vrht kerru p. 79, cf. corn,
ow tybbry, in edendo, Zeuss. Gr. CcJt. - p. 146; peht peccan
p. 58, peth peccan ib.; ac naskouenhop. 394, oskouyn p. 397
(inserted pronoun). cf. bei yscuypun arvn, B. of Cann. Nr.
26; the following cases are not so clear : en e kocled p. 50,
gur or kocled p. 50, kan bu quell kanthau ef p. 60 (cf. ko-
quinyat = cychwyniad p. 61), en kerru p. 65 . — B. of Herg.
col. 1163 y du6 y tiolchaf (= y(d) diolchaf) — dewin plant
adaf — oe donyeu cuplaf — euraf eryr, in a poem said to be
bylustusllwyt. Ms. S: ac nystyly y vab f. 82a, kytt asscofynho
gôedy hynny. ny 6rennde6ir, f. 19 a; Ms. Cleop. B. j: Ar
dynhyat y gledyf y pygythia y dwircin, f. 67 a.
82. The only later example of a provective influence of a
final consonant upon a following initial one, of which I am
aware, is yll tau for yll ^au (both), cf. Ms. O yllteu (Owen,
Laws p. 299), Ms. les Coll. 141 illtav f. 27 b, 34 a, illdav,
illtau f. 61 a; a hwy vyont yll tai etc., Ll. Achau, 1604 p. 16
(yll dau p. 17).
c rh <y
''j '-'•'5 ^'
83 . C, g, ch are in some parts of Wales, especially in the
Powysian dialects palatalised betore slender vowels ; thus e. g.
cienedl (cj^nedl), is given as the pronunciation ofcenedletc.
As to a palatal pronunciation of other consonants I hâve
nowhere found it mentioncd, which I do not wonder at,
since even the palatalisation of gutturals is not expressed in
Mss. Exception must be taken of two instances obscure to me :
miawn and biachu (since the I7th cent.), bachgian and ugian
are somewhat wider spread, occuring also in venedotian dia-
lects (bachgen and ugain). They help perhaps to fix the time of
the palatalisation, for this altération probably took place, when
e (bachgen and ai, pronounced, e, in ugain) had not yet be-
72 Neitlau.
corne a in final syllables, as they did in the modem Venedotian
dialects.
84. In Y Tracth. III p. 8 examples of ci, gi (cj, gj) before
a, e, i, u are given : cianys, ciaws, cienedl, giair, giem (engl.
gem) ; ceirch is pronounced cieirch, cierch etc. ; in Dosparth
£"û?f3v;z Williams notes ciar (car), iech, ieach (iach) fromPowys,
ciear, iech, ieach from the dimetian dialect(?) perhaps a mis-
take for the Gwentiin dialect, since I never found a similar
statement, but noted from Y Geninen III p, 19 the Glamor-
ganshire verse : mae 'mrawd yn byw ar fara chiaws — a mi-
nau ar giaws a bara. Sweet p. 420 says the palatal affection
of g in basgjad (basket) and bachgjan in Carnarvonshire is
fully carried out in Merionethshire before stressed a, which
is however pronounced a in Powys, stQ Beitr. § 31. But he
gives also for Carnarvonshire kjastin, kjaff, gjard, gjât as the
dialectal pronunciation of the respective English words
(casting, gaff, guard, gâte). In an account on the English
spoken at Llanidloes in the Transactions of the Powysland club
X, p. 278 cyart (cart), cyap (cap), gyarden, gyarter, tshyarge
are given ; c, g, to a less extent Engl. ch. before a hâve « a
peculiar pronunciation by the introduction of an intermediate
Sound équivalent to i or y ».
85. From Carnarvonshire texts cf. Yr Anv.: miciyith, hi
giyiff, miciyiff, mi giyffo 13, 11, 1856; cieiniog 11, 12, 56,
yn giysio etc. ; pump ar igian, dyigian 17, 7, 56; machgiani ;
trhigjan (60), Sweet p. 415 etc., trigiarog Punch Cynir. Nr
3, 3 (ib. also lleidar, gwyhanu, pyrgethu etc.).
In older prints I only found several times ugien, e. g. Cy-
faill i'r Cyinro ÇPoiuys, 1765) am ddeg ar hugien p. 22, deu-
gian p. 41; arhugiain, in the title of an almanack printed at
Shrewsbury as given by D. S. Evans, Rev. Celt. II, additions
to Uyfr. s. a. 1760, Nr. 71.
86. Davies dict. has bachu latere, latitare, in sinuosas late-
bras se conferre, incurvare se; biachu pro bachu corrupte;
cf. ir. bacc. — He gives also iâch, vulgo pro ach, to which
Lewis Morris (Add. Ms. 14944, f. 109 b) adds : a Iach wen-
wys i'ch wyneb, from Sion Ceri (1520) ; cf. Add. Ms. 14881,
f. 29 b o lyfr iaclryu Nhegainhl ; Stoiuc Ms. 785 r Jachan
Notes on Welsh Consonants. 73
sydd yny llyfr hwn, yn iach gogerddan, yn iach maes my-
nan etc. — miawn for mewn, mywn is quoted from the Car-
narvon and Merionethsh. dialects by Williams, Dosp. Ed.; il
occurs regularly in the dialectal texts (miawn, miewn, Yr
A nu. and in prose and poetical Mss. down from the lyth
century, written as is shown also by other signs in Po-
wysian dialects. Cf. e. g. Add. Ms, 31056 miewn (in Hancs
y Trwstan), Add. Ms. 14890 meawn f. 100 a, Add. Ms. 31060
meawn f. 67 a, miawn f. 4 a, 5 b, 9 a; Add. Ms. 15059
o feawn f. 175 a, miawn f. 175 a, 176 a; Add. Ms. 31058
miawn f. r 18 a etc. From Southern dialects cf. mwn doi ne dri
mish, Y Giuladgarwr, 27, 7, 1861 (ib. yr oen ni, osgetyn,
gweid, wedi neithir, en dysgu, fe wedis i, y Uiad, yr oil
(heul), oboitu, daw (mae)etc., probably Eastern Carmarthen-
shire dialect) ; mwn at Neath etc. This isolated word offers
other difficulties which I am unable to explain; mewn and
mywn are both fréquent in médiéval Mss. and the loss of d
(dd), cf. ir. mcdhôn, can not be accounted for. The only
phonetic explanation of which I am aware would be, to as-
sume a change of dd to f, which occurs elsewhere; *medd-n-,
*mef-n-; then the vowel after f was dropped by the shifting
of the accent in declension and * fn became *wn, like eofn :
ewn; so *mef-n-, * mefn-, mewn. But I know at the same time
the improbability of such an explanation and its chronological
difficulties.
87. In some words initial tenues and mediae change; this
may partly hâve been brought about by the influence offollo-
wing consonants — an argument which must be alwavs reserved
until the contrary can be proved from the phonetics of the living
language — and partly, perhaps in most of the cases, by the
.wrong analogy of the « infected » forms ; if thèse are from
some reason or the other prevailing in usage over the unin-
fected ones, they are likely to be held for the original forms
and are liable to further « destitution ». Or in the contrary an
original form is thought to be a « destitute » one and accor-
74 Nettlau.
dingly an apparent « provection », but in fact only a wrong
reconstruction took place.
88. Cf. cosgordd, gosgordd rctinue Sp. ; et. bret. coscor
Cath., goskôr Sarzeau, R. C. III, p. 59. — crabinio, grabinio
to grapple, scramble, scrape Sp. — craf, graf garlic Sp. —
cnawd vulgo perperam pro gnawd, consuetum Davies, dict. ;
— y Groesffordd (croes-ffordd), n. 1., hence Gresford, Rhys
Pennants Tour I, p. 387 n. — The Welsh pronunciation of
English mediae as tenues is wellknown ; cf. koblyn a goblyn,
Sal. dict. 1547, etc.
89. trach, the older form of tra like chwech of chwe is
kept in the expression dramkevyn, drach dy gevyn etc. ; cf.
YS. Gr. drach dy geuyn p. 275. drach eu keuyn p. 283, 301;
B. of Herg. drachecheuyn col. 866; Add. Ms. 19709 dra-
cheukefyn f. 30 a; Sal. A^. T. yno ydd ymchoelodd ef trach
i gefyn f. 26 b; etc. ; besides thisi only know trach y lavnawr,
behind his blade (a plural in-awr), B. of An., Gododin 77 and
oes tragoes B. of Herg., Skene p. 230, which I saw mysclf
written thus in the Ms.
90. chwech and chwe occur both since the earliest middle-
Welsh Mss. In modem Welsh some dialectal différence in
their use appears to exist, cf. Y Traeth. III, p. 8 NorthW.
chwech; chwe llath — SouthW. hwech, hwech llath ; ib.
VII, p. 421 NorthW. chwe throed — SouthW. (c)hwech co-
syn; D. S. Evans, llytbr. NorthW. chwe dyn, chwe phunt,
chwephunt, chwe chefîyl — SouthW. chwech d., chwech p.,
chwechpunt, chwech c. — I hâve not collected examples
to ascertain in what degree thèse différences can be traced
perhaps in the Middle Welsh Mss. ; as far as I can see, exani-
ples contrary to thèse rules can easely be brought forward.
Ci". B. of Herg. chwech wraged col. 722 (ni an whech 723)
chwech marcha6c 690.- ch6e meib 655, a ch6ethorth o vara
667; Ms. A chue byu p. 12, 13, 16, 19; whe bu IV
(Gwentian Code) p. 309; Ll. Giu. Rh. hwech cufyd p. 235,
yn chwech nyheu p. 290, etc. — The loss of chis to be com-
pared with the loss of ch in trach, of c in a (ac), o (oc), etc.
by the généralisation of one form of syntactic doublets etc.
91. W. Williams, called Caledfryn says in his grammar
Notes on Welsfi Consonants. 7 <;
(2 p. 59), that certain people use to add ch to every word
endingin a vowel. He exemplifies this statement by the sen-
tence : os ei di i'r bedd yn farwch, fe ddeui i fyny yn fywch.
To the same kind of « altérations » duwch in the exclamation
duwch anwyl, quoted by Rhys, lectures ^p. 100 seems to
belong. I known nothing further on thèse apparently addit-
ional consonants; Welshmen told me they wish to avoid from
religious superstition to pronounce words like duw in thèse ex-
clamations in their proper way, but this is of course a post
festum cxplanation like the many others every Welshman is
ready to give of every tact occuring in his language.
92. g : On g lost in the interior of words between vowels
see Zeuss, Gr. Cclt.^ p. 85, 86, 140, 141 ; on ou, eu ùom og,
ug, âg see Rhys, Rev. Celt. VI (boreu, teulu, meudwy,
breuant, OldW. poulloraur -ir. pôlire, lectures- p. 67). Gis
certainly lost in teyrnas, brenhin. Teuyrnas, breyenhin and
breenhin occur in a few old Mss., but g is evidently treated
otherwise in thèse words than in breuant where eu is constant ;
for this the différence of the accentuation inay account. I do
not think that u in teuyrnas is secondary, expressing a sound
similar to j, developed between the two vowels on account
of the hiatus. On gwaeanwyn, haearn and gwanwyn, harn
where e is probably j and takes the place of an old s see
below. — Gaeaf, winter, pronounced geuaf could stand for
*gem-af, *gjem-af, *tv;? between vowels becoming eu and *ef;
thus *gjem would be the old stem, and the ending -af can hâve
been taken from haf, summer, cf. also the name of the autumn.
So also daear may contai n the root *dem.
93. B. of Cann. teyrn p. 10, teern p. 41, teeirn p. 41,
teernet p. 10, 17, 19, 22, 27, 41, tyirnet, p. 7, tyernet
p. 39, teernas p. 9(2), tiyrnas p. 46, teernon p. 40. B.
of Tal. tegyrned truan p. 173 (?) ; Eutegirn gr. Celt.- p. 85,
S = Add. Ms. 22356 ù deùyrnas f, 61 h, 0 deuyrnas
f. 71 a, h 3 a; yn deueyrnas(?), f. 87 a, teyarnas f. i b,
13 b. It is true, eu, ei were pronounced e in the dialect of
S, see Beitr. § 84, accordingly teuyrnas can be simply teyrnas in
this Ms. Forms of teyrn- inlater texts are e. g. teyrnwialen, tyr-
nas, ef y dyrnyssa f. 385 b (Huet), teirnas f. 392 b, teirnasu
76 Nettlau.
f. 392 b, a thyrnaswn (Jeyrnaswn) f. 378 b, Sal. N. T.;
ternes, tyrnas, teyrnas, Gr. Roberts ; ternes Add. Ms. 14973,
f. 77 b; tyrnas Add. Ms. 15038, f. 49 b, ternas f. 54 b,
75 b, tarnas f. 50 a, 76 b; see Beitr. § 49. tarnas in Add.
Ms. 14921, see 1. c. p. 39. Edyrn (Eutegirn) is still stressed
on the second syllable, since the first syllable of -dcyrn was
originally stressed.
94. breenhin (like teernas) occurs in the B. of Carm.,
p. 28 (2), 39, 40, breinhin(?) p. 30. In Add. Ms. 14945
Lewis Morris transcribes a few lines from an old Chronicl
Cymreig ; f. 273 b: s. a. 1247 Edward ure3'n}''n Lloegyr ; in
the same excerpt occur y uloydin honno, y vrovdir, castell
Maishyueid, y distrywt, blwydyn, tVairnas, so that the lan-
guage of this SouthWelsh text may be said to be of some
interest also in other directions.
95. deuali instead of deall, dyall occurs often in books ot
the i6th cent., cf. mi a ddeuhelldais, Gr. Roberts gramm.
p. 81, ni ddeahellir p. (207) etc., onis dehelHr y geiriau yn
dda p. (207), ni ddehellir ib., mi addehellais p. (212) etc.;
Athr. Grist. y deuelltir p. 8, a ddeuhelHr, a ddeuhaller
p. 14 etc. ; dyallt, dealht, Y Drxcb Christ. 1585. In modem
dialects : S. C. dyall I p. 212, diall II p. 242, 503; YT. a'r
G. waeth, dw I ddim yn duall y peth dybygwn I; in North-
wales dallt is commonlv used, see Sp., Yr Anu. etc. Is this
Word a compound containing gallu, to be able ?
96. Besides megvs occurs meis, said in the préface to Llyfr
Gweddi Gyffredin, 1586 to be SouthW. Also o blegid and o
bleid occur often; is o bledic in Addit. Ms. 1492 1, f. 25 a
a clérical blunder or a reallv existing form ?
97. An unexplained phenomenon (provided two words with
différent endings hâve not been mixed up) is the apparent loss
of final g (oldw. c) in gwddwg, gwddw, gwddf, neck, throat.
Cf. léon. gouzoucq, couzoucq (Rostrenen), gouzouk(Troude),
vann. goucq, coucq (R.), gouk (Tr.). gwddf, gwddyf occur
in the oldest middleWelsh Mss. and seem to hâve taken their
origin in the plural : gwddw, gyddf-eu, hence gwddf; at
any rate gwlw : gwlf, marw : marwol, marfol etc. can be
compared. Cf Ms. A : gedueu p. 43, 5 (Ms. Tit. D 2) gudyf
Noies on W'elsh Consonanîs. 77
f. 46 b, S g6dyf p. 285, Ll. Gw. Rh. y wdyf p. 39 ; 5 0/
Herg. G6ineu g6d6c hir, col. 597, Ll. Giu. Rb. y guduc
p. 274. In later texts : Sal, N. T. gwddwc, gwddwg, gwddwf
f. 114 b. Y drych christ, ei wdhwg neu ei fynwgl f. 19 b;
Add. Ms. 14986 gwddw f. 35 h; Ll. Achau gwddwg p. 19;
Hom. 1606 ar ein gyddygau (marg. gyddfau) I p. 125, gyd-
dfau (marg. gyddygau) II p. 130, 147. Davies, dict. : gwddf,
passim gw^ddwg, vulgo gwddw; C. y C. 1672 d'wddwg and
cynddrwg rhyme, p. 427. In modem dialects : S. C. am'u
gwddge II, p. 262; gwddw (with vowel w), Sweet p. 429.
98. The dropping of initial g in the case of « destitution » is
the cause of the socalled prothetic g, since every word com-
mencing with a vowel can in certain positions be believcd to
hâve lost a primitive initial g. By the same reason initial b
and m change, f being the status infectus common to both. A
few dialectal instances are : NorthW. gaddo, Rhys, Arch.
Cavibr. loamuords s. v. altus ; enaid, Silurian genaid, Barddas
I, p. 196 note; oer, dimet. goer Davies, dict.;gûr in Cardi-
gansh., iâr Northw., L, Morris, Add. Ms. 14944, f. 93 b
(SouthW. giar, gieir Sp., dict., Y Traeîh. III, p. 8 etc.) ; geist-
eddfod is said by Jolo Morganwg in Add. Ms. 15003 (also
printed in Y Greaî) to be a Monmouthshireword; gwr gon-
est Add. Ms. 15059, f. 210 a etc., ar fy ngonestrwydd,
upon my honour, in Anglesey, L. Morris, Add. Ms. 14944,
f. 94 b; garddwn = arddwrn Sweet p. 429.
99. Cf. further : allt and gallt, see Rhj^s, loanwords s. v. altus ;
L. Morris Add. Ms. 14944, f. 20 a : allt, gallt, the side of a
hill or mountain; also any highlands; but in Cardigansh. the
hill of wood or coppice; Richards, dict. : the side of a hill, in
some parts woods; Hughes 1822: SouthW. gallt a cliff,
Northw. any steep. — genwair an angling rod, E. Lhuyd;
in the legend of Llyn yr Afangc, printed from Lhuyd's auto-
graph in the Cambr. Journal, vol. II : genwairiwr, yn gen-
wairio ; L. Morris, Add.Ms. 14944, f. 91 a (1737): NorthW.
enwair, gwialen enwair ; and to angle enweirio. — gordd,
maliet see Rhys Celtic Britain, ^ p. 310 and Pennants Tour I
p. 4. — elach E. Lhuyd, homuncio ; L. Morris Add. Ms. 14944,
f. 98 b gellach (11 on account of an etymology which he ima-
78 Neltlau.
gines), a littlesorry fellow, a scrub; gelach Sp. — oddigeithr,
Add. Ms. 15058, f. 59 a (ijth cent., prose); Rowlands
gramm. 4 116 oddieithr, oddigerth except. — elor, gelor Da-
vies, dicî., (g)wr gieuanc, Evans, llyfr. s. a. 1764, 5. — ga-
gen, genaid, gaddewid, see Skene, Four ancient Books II p. 325
(notes).
100. The manner in which the primitive groups r-g and
1-g are treated in Welsh is a problem common to ail bry-
thonic languages on which see Zeuss -p. 140 and Ernault in
Revue Celt. VU p. 155-157. The reasons, why serch and
merch in Welsh are différent from eiry, boly and eira, bola,
whilst in Breton erc'h and serc'h exist, hâve not yet been
found. I will. only put forward hère the Welsh materials as
fully as possible (eira, hela, d:ila occuring besides eiry, bely,
daly are said to be SouthWelsh forms).
ICI. Cf. boly, bol; E. Lhuyd, Arcb. Brit. s. v. venter:
SouthW. bola; brct. see R. C. 7, 155 and 199 : Er hirran a
gornow/diwenét hi volow Que le plus long des cornes/Dé-
fende son ventre, Bas-Vannet.
caly, cala, vulgo cal L. Morris, Add. Ms. 14944, f. 54 b;
bol, cal, eir, hel in verses, J. D. K\\ys gramm. p. 130, Davies
gramm. p. 43 like marv(w), car(\v), ber(w), llan(w), cad(\v),
daly, dal ; E. Lhuyd s. v. teneo : dimet. dalla, dale, hele in
Ms. A; dala and daly are fréquent in middleWelsh Mss. ; in
the B. of Hcrg. dala and especially hela largely prevail; cf.
also delleis col. 747, dellis 3. sing. col. 679, 788, 810; ettel-
lis col. 803. Ms. Clcop. B 5, laws : os deily y distein wrth
gyf6reithf. 172 a, o deily dyn f. 196 a; deily f. 196 a, 196 b;
dalyo f. 196 a etc.
y dera L p. 278 the staggers ; so /p. 278, /^F(G\vent. Code)
= Ckop. A 14, f. 69 b etc. : dery O, p. 278. Sp. has dera,
on, fury, fiend, devil ; the staggers; der, stubborn, froward,
sullen; inf. derio, deru. dera=diafol W. Lleyn's vocabulary ;
ir. derg ?
eiri 5. ofCarm. poem 18; B. ofHerg. eiry col. 672(2), eira
col. 674(2); eiry, SouthW. eira, Richards, dict.; aira Stowe
Ms. 672 ; irch, Corn. voc. ; ànn iarh, Sarzeau, R. C. III,
p. 566.
Notes on Welsh Consonants.
79
hely and hela in micidleWelsh Mss. ; o helg6n B. of Herg.
col. 710. hella 5, f. 4 a. OldWelsh helcha, heighati. L. Morris
Add. Ms. 14944 : hele to tiunt, Flintshire dialect, f. 104 b.
Ilary placid, gentie, meek Sp. ; llara B. of Carni. p. 5 ;
superl. llariaf p. 40.
llwrw, bret. lerc'h ; oldbret. ollored ; corn, heliyrchys,
Rev. Celt. VIII, p. i.
(^A suivre.')
Nettlau.
INSCRIPTION ATTIQUE
RELATIVE A
L'INVASION DES CALATES en GRÈCE
(279-278)
Dans le récit détaillé que Pausanias nous a laissé de l'in-
vasion des bandes galatiques en Grèce, il est question de la
part glorieuse que prirent les troupes athéniennes à la défense
du passage des Thermophyles ^ Mais, lorsque le défilé eut été
forcé, les Athéniens se rembarquèrent et Pausanias ne fait plus
mention d'eux en racontant la défense de Delphes, où figu-
rèrent seuls les Phocidiens, quatre cents Locridiens d'Amphissa
et douze cents Etoliens-. Ce n'est qu'après la défaite des Gau-
lois que les Athéniens, au dire de Pausanias, revinrent, de
concert avec les Béotiens, pour harceler les Barbares dans
leur retraite.
Nous savions cependant, par une inscription découverte à
Athènes en i86oj, que les Athéniens avaient contribué, avec
les Etoliens, à la défense du sanctuaire commun de l'Hellade.
1 . Paus., X, 22.
2. Paus., X, 23; Droysen, Histoire de l'Hellénisme, trad. franc., t. II.
p. 653 (où on a écrit par erreur 200 Etoliens). Nous n'entrons pas ici dans
l'étude des témoignages contradictoires relatifs à la campagne des Gaulois
contre Delphes; on les trouvera admirablement exposés et discutés dans le
mémoire de M. Foucart, Archives des Missions, 1865, p. 205 et suiv.
3 . Corpus inscr. attic, t. II, n" 323.
Invasion des Calâtes en Grèce. 8i
Ce texte contient une proposition de Kybernis K.ao\j du dème
d'Halimuse ; M. Koumanoudis ^ a proposé de restituer K['jS](:u
et de reconnaître dans l'auteur de la proposition un fils de ce
Kydias qui tomba vaillamment aux Thermophyles en com-
battant les Gauloise «Attendu, dit le texte, que le Koinon des
Étoliens, montrant sa piété envers les dieux, a résolu par
décret de consacrer la fête des Sotéries à Zeus Sôter et à Apollon
Pythien3, comme souvenir du combat livré aux barbares qui
avaient fait une expédition contre les Hellènes et le temple
d'Apollon commun aux Hellènes, et contre lequel le peuple
[athénien] a envoyé les soldats d'élite et les chevaliers pour
prendre part à la lutte qui a eu pour objet le salut commun;
attendu que le Koinon des Étoliens et le stratège Charixénos ont
envoyé à ce sujet une ambassade au peuple [athénien].... »
Le reste de l'inscription est mutilé 4, mais M. Haussoullier a
pu le restituer d'une manière certaine à l'aide des formules
d'un décret analogue de Chios5. Nous traduisons: « ont en-
voyé à ce sujet une ambassade au peuple [athénien] pour prier
le peuple [athénien] de prendre part aux concours ; le concours
musical est égal aux jeux pythiques pour les âges et pour les
honneurs^, le concours gymnique et hippique est de même
assimilé aux jeux néméens. »
Le décret de Chios, qui a été découvert à Delphes en 1880
par M. Haussoullier, est une réponse à l'ambassade étolienne
qui avait prié les Chiotes, comme les Athéniens, de recon-
naître les Sotéries et d'y prendre part. Voté la même année que
le décret d'Athènes traduit plus haut, il présente avec lui des
analogies frappantes ; seulement, comme l'a finement remarqué
1 . Koumanoudis, 'ET^typ. iXXr)v. à'jv/.o., 1860, n" 7s ; Foucart, Mém. sur
les ruines et l'histoire de Delphes, p. 207.
2. Paus., X, 21.
3 . L'institution des Sotéries est postérieure de deux ans à la retraite des
Gaulois ; cf. Haussoullier, Bull, de Corresp. HelUn., 1881, p. 302.
4. M. Droysen avait renoncé à en rien tirer, op. laud., trad. franc.,
p. 638.
5. Haussoullier, Bull, de Corresp. HelUn., 1881, p. 307; Dubois, Les
ligues étolienne et achêenne, Paris, 1885, p. 217.
6. II s'agit de l'âge exigé de ceux qui concouraient dans les jeux pythi-
ques et des honneurs décernés par les villes à leurs concitoyens vainqueurs
(HaussouUier, lac. laud., p. 511).
Revue Celtique, XL 6
82 Salomon Reinach.
le premier éditeur, tandis que le décret de Chios parle d'une
victoire (ir^ç vtV.-r;?, 1. 6), les Athéniens emploient l'expression
rq; \iiyr,q et rappellent qu'eux aussi ont combattu pour le salut
commun. « Il est probable que les députés étoliens, dans le
discours qu'ils tinrent à l'assemblée, après avoir remis le
décret de leurs concitoyens, insistèrent sur la part que les
Athéniens avaient prise à la défense commune, et que l'éloge
des deux peuples avait tenu la plus grande place dans leurs
développements oratoires. A Chios, les Etoliens, plus libres
dans leur langage, avaient seulement parlé des exploits de leur
nation et présenté leur résistance comme une victoire décidée.
Ainsi commençait à se former la légende sur le désastre de
l'expédition gauloise. » ^
Nous possédons maintenant un second texte qui atteste
l'intervention des Athéniens à côté des Etoliens dans la série
des engagements qui eurent lieu en 278 près de Delphes.
C'est une inscription gravée s-c;'.'/r,$;v sur deux morceaux de
marbre pentélique; ils ont été découverts en 1889 près de
l'entrée de l'Acropole d'Athènes et publiés par M. LoUingdans
r 'Apyx'.oKo-f.y.ov oeA-io-i (bulletin archéologique), où la Direction
des Antiquités grecques fait connaître au fur et à mesure les
principales trouvailles archéologiques 2. Il s'agit d'un décret
du peuple athénien en l'honneur d'Hérakleitos fils d'Asclé-
piade du dème d'Athmonée^, qui s'était acquitté avez zèle de
ses fonctions d'agonothète dans la célébration des Panathénées.
Mais il avait fiiit plus encore, et c'est ici que le texte est assez
intéressant pour qu'on le transcrive dans la langue originale ;
nous adoptons les restitutions excellentes de M. Lolling :
1. 3 : 7.al àvaTÎO-^T'.v tv;'. 'AO-^vx; rr,'. [y^i-Ar,: Ypçjà:; iycJzx: j-cixvr,-
[xaTa (5) 'Mi [(p-ît' A'.twXwv 7:)]î-paY;jivojv r.pb: t;jç ^xpôxpzn:
0::àp ~qq twv EXX'f^vwv zM~r,ç,ixq.
1. HaussouUicr, loc. laud., p. 308. M. Foucart avait déjà insisté sur ce
mot (jâyji, Mêm. cité, p 210.
2. 'Ap/a!0A0YL-/.6v osÀxiov. Athènes, 1889, p. 58.
3 . Cet Héracleitos est probablement identique à un archonte athénien
de la seconde moitié du iii' siècle avant J.-C. (Corp. inscr. attic, II, no859.)
Ce rapprochement est dû à M. Lolling (Aha-;ov. 1889, p. 61.)
Invasion des GaUies en Grèce. 83
« [Attendu qu'Hérakleitos] dédie dans le temple d'Athèna
(Niké ? des peint ?)ures rappelant le souvenir des actions
[d'éclat] accomplies (de concert avec les Étoliens) contre les
barbares pour le salut des Hellènes... »
Les barbares sont incontestablement les Galates; l'expression
Tzphq xs'j; {ixpSipouq... ii-ïp x'^ç... jwxr^pi'aç se rencontre dans le
nouveau texte comme dans l'inscription attique que nous avons
traduite en commençant. Les ex-voto qu'Hérakleitos consacrait
à Athéna peuvent avoir été des stèles, c'est-à-dire des bas-
reliefs (jT/jXxç) ou des peintures (ypaça;); M. Lolling s'est dé-
cidé pour la seconde restitution, qui est de beaucoup la plus
vraisemblable. L'inscription étant gravée a-or/r^i^/, nous con-
naissons exactement Tétendue de la lacune, qui est parfai-
tement remplie par les mots [N(-/.-^'. yp^?]^?; c'est donc dans
le petit temple d'Athèna Niké sur l'Acropole que ces peintures
auront été déposées. On peut rappeler que la frise de ce
temple était précisément décorée de bas-reliefs représentant,
au nord et au sud, les combats des Athéniens contre les Perses
pour le salut de l'indépendance hellénique ^ L'inscription a
d'ailleurs été découverte dans le voisinage immédiat du temple
d'Athèna Niké (celui qu'on appelle vulgairement « de la Vic-
toire Aptère »).
En dehors des lacunes que présente ce texte par suite de la
brisure du marbre, il y en a plusieurs qui ont été produites
par un martelage intentionnel. Ainsi, à la ligne 5, les lettres
(ij.îi' AIto^Xwv ■::) ont été effacées; il en est de même à la
ligne 13, où revient la mention du peuple étolien. M. Lolling
a supposé que ces martelages remontent à une époque où
Athènes eut à se plaindre des Etoliens, mais on ne saurait
rien affirmer à ce sujet. Il présente d'ailleurs trop peu d'intérêt
pour que nous y insistions ici.
En résumé, la nouvelle inscription de l'Acropole confirme
ce que nous savions sur la coopération des Athéniens avec les
Etoliens et rend d'autant plus singulier, au premier abord, le
silence de Pausanias. Mais Pausanias a-t-il altéré la vérité ?
I. Le Bas-Reinach, Architecture, Athènes, \'^ série, pi. 9-10, p. 127.
84 Salonwn Reinach.
Nous ne le croyons pas et nous pensons plutôt que la vanité
des Athéniens est ici en cause. Pausanias, après avoir raconté
la terreur panique dont les Gaulois furent victimes \ les montre
en butte aux attaques des Phocidiens et souffrant d'une
grande disette, qui les faisait périr par milliers. Il ajoute que
des Athéniens, venus à Delphes pour voir ce qui se passait,
étaient retournés chez eux et avaient annoncé les désastres in-
fligés aux barbares par les dieux. Alors, dit Pausanias, les
Athéniens se mirent aussitôt en campagne; en traversant la
Béotie, ils prirent avec eux les Béotiens ; ils commencèrent alors
tous ensemble à poursuivre les Barbares et, s'embusquantsur leur
passage, ils tuèrent les retardataires. Brennus s'étant donné la
mort, les Galates regagnèrent avec peine le Sperchius ; là ils
furent attaqués vigoureusement par les Etoliens et anéantis.
Ainsi, d'après le récit de Pausanias, les Athéniens ont bien
participé à ce qu'on pouvait appeler la campagne de Delphes, et
ils sont entrés en ligne au moment où les Gaulois n'avaient
pas encore quitté la Phocide. De là à dire qu'ils avaient lutté
avec les Etoliens pour la défense du sanctuaire commun de la
Grèce, il n'y avait assurément pas loin, et les Athéniens ne
se sont fait aucun scrupule de faire valoir après coup une coo-
pération qui, pour être tardive, n'en a pas moins été, semble-
t-il, assez efficace. Il n'y a donc pas contradiction entre le té-
moignage des inscriptions et celui de Pausanias. Droysen^,
croyant que l'envoi de soldats d'élite et de chevaliers athéniens,
dont il est question dans l'inscription citée au début de cet
article, se rapportait à la défense des Thermophyles, s'est
étonné que ce texte passât sous silence l'envoi des trirèmes
athéniennes qui est attesté par Pausanias 3 ; mais c'est là une
erreur de l'illustre historien, car l'inscription en question,
comme celle que l'on vient de découvrir, concerne seulement,
à notre avis, l'envoi de troupes athéniennes en Phocide à la
suite du premier échec des Gaulois devant Delphes, postérieu-
rement à l'épisode des Thermopyles.
1 . Paus., X, 23.
2. Droysen, Hist. de l'hellénisme, trad. franc., t. II, p 650, note 3.
3. Paus , X, 20, 3.
Invasion des Gûlates en Grèce. ' 85
Dans un travail récent sur les Gaulois dans l'art antique \
nous avons énuméré les œuvres d'art connues jusqu'à présent
où les Grecs ont représenté la défaite des Gaulois devant Del-
phes (p. 41 du tirage à part). Il fout maintenant y ajouter les
peintures du temple d'Athéna Niké dédiées vers 250 par Héra-
kleitos d'Athmonée; elles rappelaient sans doute une des escar-
mouches heureuses où une fraction de l'armée gauloise en
retraite avait été battue par les Étoliens et les Athéniens.
Salomon Reinach.
I. Revue archéologique, 1888-1889, et à part (Leroux, éditeur, 1889.)
GLOSES BRETONNES
I.
Quelques gloses bretonnes, depuis longtemps publiées, pa-
raissent avoir échappé jusqu'ici aux celtologues. Ni la Gram-
matica Celtica ni M. Loth dans son Vocabulaire vieux-breton
n'en font mention. Elles se trouvent dans un mscr. de Saint-
Omer (n° GGG'), écrit au x' siècle à Saint-Bertin. Elles sont
écrites sur un poème alphabétique qui a été pubhé par Beth-
mann dans la Zeitschrift fur deutsches Alterthum, V (1845),
p. 206 ss. M. Stowasser, qui vient de donner une nouvehe
édition du poème dans ses « Stolones latini » (Vindobonae,
1889^), a eu la complaisance de me les signaler. Je donne le
poème en entier avec les gloses latines et bretonnes, et à droite
le texte émendé par M. Stovv'asser. C'est un nouveau spécimen
de cette latinité artificielle, mêlée avec du grec et de l'hébreu,
qui paraît avoir fait les délices des latinistes celtiques du
viii'^ siècle environ; il rappelle de près les Hisperica famina,
le fragment de Luxembourg- et la Lorica, dite de Gildas.
J'espère que d'autres réussissent mieux que moi dans l'expli-
cation des gloses bretonnes.
Adelphus^ adelpha- moter3 Adelphus, adelpha, meter,
1. Cp. Archiv fur latein. Lexicographie, VI, 595 s.
2. M. Stowasser a aussi réédité ces deux textes, le premier sous le titre
« Incerti auctoris Hisperica Famina » (Vindobonae, 1887), le second dans
les Wiener Studien IX (1887), p. 309-322.
I frater 2 soror 3 mater
Gloses bretonnes.
87
pilus4 hius^ tegater^' dronte7
tanaliter^.
Blebomom9 agialos^° ni-
cate^" dodrantibus^^. sic mun-
di et uita huius.
CaleuxoiTi ^3 dnm ut det bo-
len^4 suum nobis auxilium.
Didaxon^5 sapisure^^ toto
biblion^7 acute non debes re-
ticere.
Equo nomicum^^ epensum^9
habemus apud deum si autu-
metimus-° audum-^
Fallax est uita mundi. de-
cipit ut flos feni. permanet
regnum dei.
Gibron-- prason-3 agaton-4
de uita athematon-' ut sis
fretus in Sion.
Hipagie^^^ de audo-7 habita
in cirimonio -^ ut sis hères in
bapho-9.
Indiximus 3° est dei qui
semper seruiens ei et erit in
sceptro?! poh.
Kalextratus32 mansie3 3 in
marttino 34 tempore déficit ut
uiuoIae5).
Lamach)^ .ê. Iemna37
aduubi amartus 38 amentu 39
dusmi ictatur in luctu.
— pilus, hius, tegater —
dronte tanatahter.
Blepomen agialus — nicate
dodrantibus : — sic mundi et
uita huius.
Cateuchomen dominum,
— uti det bulen suum — no-
bis ... auxihum.
Didaxon, sapiture, — toto
bibhon acute; — non debes
reticere.
Equo nomicum pensum —
habemus apud deum, — si
autu metimus audum.
Fahax est uita mundi, —
decipit ut flos feni : — per-
manet regnum dei.
Gibron praxon agaton, —
deuita athemiton, — ut sis
tretus in Sion.
Hipage, i de audo, — ha-
bita in cirii nomo, — ut sis
hères in bamo.
Inde dimus est dei, — qui
semper seruiens ei — et erit
in sceptro poH.
Kai extratus mansiae — in
mattino tempore — déficit ut
uiolae.
Lamach est lemna adu, —
ubi amartus amentu — dusmi
ictatur in luctu.
4 amicus 5 fillus 6f.lia 7 décadent S mortaliter 9 uidemus lolitus 11 uin-
citur 12 adsissis .i. adlauou 13 uocamus 14 consilium 13 disce 16 magister
17 canone 18 coronam 19 raanifestum 20 relinquamus 21 malum 22 homo
25 fac 24 bonum 25 uir .i. sanguinum 26 dianguet de (dianguetde Bcthm.)
27 de malo 28 in lege dei 29 in celo 3opopulus 51 regno 32 qualitas 35 uite
34 nouissimo 35 foeou 36 isel 37 leh 38 pcccator 39 a inues (ainues Betbm.)
88 R. Thurneysen.
Metes4o hoc tetrex4i ^j \yQ. Metes hoc tetrex, ad bethen
mmsu '
tu
then42 postquam transit inte-
gen43 suma44 aporipsumen45.
Notalgicus46 est gibra47 et
obtalmicus4^ ut talpha49 non
agens dei mandata.
011a5otoma abia^^ glableus)^
in anchreta53 bellantes défen-
dit peltaH.
Pile>5 peson56 opéra quae
deofuerintplacita ut sis lesie>7
incola.
Quirius 5^ apemon 59 ana-
^° apollit*^^ agion^- au-
sison me ^4 o teos mu ^5.
Raxas ^^ est ciromerus ^7
agoniteta^^^ frenumus^'9 qui
sine labe fit iustus.
Sarax7°nostracales7^ agitur
postea agitatur luibus/^ malis
moritur.
Tamaxo7) in mente mea
minus idon74 in terra antro-
phum sine macula.
Uonitue75 protenamonum76
asarum77 nitententem ad ba-
mum78 agtibaxetam79. secum
agentem.
Xenodicium presules breue
integen habentes achatarbam
asiam.
— postquam transit, m ten
gen — soma aporipsumen.
Notalgicus est gibra — et
obtalmicus ut talpa — non
agens dei mandata.
Olla, toma, abia — galileus
in anctera — bellantes défen-
dit pelta.
Pile poeson opéra, — quae
deo fuerint placita, — ut sis
elesii incola.
Quirius anomias u — apol-
lit agion autu : — soson me o
teos mu.
Raxas est gibro merus, —
agoniteta frunemus, — qui
sine labe fit iustus.
Sarcx nostra cales agitur —
postea ... agitatur, — luibus
malis moritur.
Tamazo in mente mea : —
minus idon in terra — antro-
pum sine macula.
Uonite proten amnonum —
asarum nitentem ad bamum
• — agit pax etamensecum(?).
Xenodocium presules —
breue in te ge habentes — ...
40 medot 41 esatcod 42 animam 45 in terra 44 corpus 45 prospicimus
(/. proiciemus Sioiu.) 46 surdus 47 homo 48 cecus 49 guod 50 deus 51 deus
pater 52 christianos 33 catina 54 choer uel scutum 55 amice 56 âge 57 pa-
radisi 58 deus 59 a nobis 60 iniquitateni 61 dediledet 62 sanctorum 63 eius
64 saluum me fac 63 deus meus 66 peritus 67 homo 68 campgur 69 pru-
dens 70 caro 71 bonis 72 doloribus 75 miror 74 uidi 73 intellegite 76 pri-
mum fidelis 77 beatum 78 ad altum 79 pax amicitia
Gloses bretonnes. 89
Z — ....—
-j- achatarbam agiam^4.
Et abi^'' aproterion^^ sus- Et abia poterion — suscepit
cepit periranton^- pro re- periranton — pro redemptione
demptione antrophon^3, antropon.
12. dodrantibus gl. adsissis A. adlauou. Assisaesx. « la marée
montante » selon Isidore, de Ord. Créât. 9, 7. Le mot do-
drans se trouve avec un sens analogue dans les Hisperica Fa-
mina, p. 12: vastaque tiimente dodrantc inundat fréta. On atten-
drait donc *lanuoi{ ou a lanuou, cf. gall. Uaniv, arm. lano lanv
« marée montante » . Le scribe a pu changer a en ad, comme
il a écrit idsissis. Il faudrait admettre plus de fautes, si on
voulait rapprocher le gall. adlif a marée basse ». M. Stowasser
pense à une erreur pour adluvio.
25. atbematon gl. uir ./. sanguinum. D'après M. Stowasser,
qui veut lire atheiniton, le glossateur se serait trompé en pre-
nant/;«/wfo// pour a'.|j.2T0)v. Il suppose que uir cache un mot
celtique, ce qui me paraît douteux.
26. Hipagie ('j-aye) gl. diangiiet de. M. Stowasser propose
de l'ire dilinque, ide(m). J'incline plutôt à y voir un mot breton,
mais je ne sais trop lequel. On ne peut guère penser à l'im-
pératif dianc « échappe « qui demanderait un c au lieu de g et
qui n'expliquerait pas les lettres suivantes.
35. liiuolae (violae Stow.) gl. foeou. Il faut peut-être lire
foeon, cp. arm. moy. foeonnenn « c'est une fleur blanche qui
chiet tantost, It. ligustrum », arm. mod./^'o?/ « renoncule »,
V. gall. fionou « rosarum », irl. sion « digitale », etc. (Ernault,
Dict. étym. du bret. moy., s. v. foeonnenn).
36. Lauiach gl. isel. Les gloses bibliques expHquent le mot
hébreu par « pauper, humiliatus » (Stowasser, p. xiii), ce qui
est ici rendu par iseJ « bas ».
37. lemna adu QJ.[vrr, "Aiou) gl. (sur Jenina) leb. Si le glos-
sateur a bien compris, on ne peut expliquer leb ni par le mot
80 deus pater 81 passio 82 uas 83 hominum 84 M. Stowasser prend à
tort cette ligne pour le reste d'une strophe perdue. Il faut lire « cateruam
agiam as;entes ».
90 R. Tliurneysen.
breton îecb « pierre plate » ni par gall. le, arm. lec'b « lieu ».
Doit-on lire lob := v. gall. lucb (Stokes, Beitr., VII, 415) pi.
lîcboH « marais », arm. loc'b Jouc'b « mare d'eau » ? Ou bien
peut-on comparer arm. kcbid, gall. liai « limon, sédiment »?
39. amentu gl. a innés. Amentu dusmi est égal à amento dia-
boli. A inucs pourrait être l'arm. mod. mw~, pi. envesiou « vi-
role d'outil » avec la préposition a. [Cp. les gloses inubisiou
(gl. ammenta, ammentis), publiées par Stokes, Academy,
18 janv. 1890, p. 46].
40-42. met es (gl. medot^ boc tetrex (gl. esatcod) ad hetben (gl.
animani). Ce vers n'est pas clair. M. Stowasser voit dans metes
l'impératif [).i^zt et dans hetben le mot hébreu betb « maison ».
Je ne sais que faire de esatcod et je n'ai pas d'explication satis-
faisante pour luedot « metes ». Serait-ce une forme du verbe
gall. et arm. )ncdi « moissonner » ? Mais à cette époque on
attendrait / et non d au milieu du mot. Cp. aussi gall. moy.
inetbaïud « il périra » Mab., 2, 202.
49. talpba gl. guod; cp. arm.^f^o^, gall. giuadd « taupe ».
54. pelta gl. cboer vel scutuiii. Doit-on lire scoet pour cboer?
61. apollit gl. dediledet. M. Stowasser corrige la glose en
deJet. Il se peut que deux gloses s'y soient mêlées, l'une
latine « delet», l'autre bretonne contenant une forme du verbe
gallois dilëu « abolir, perdre ».
68. agoiiiteta gl. campgur « homme de combat».
II.
Profitant de l'occasion, j'ajoute l'explication de quelques
gloses publiées par moi dans les Comptes rendus de l'Acad. de
Munich, 1885, p. 90 ss. Je dois ces corrections à M. JohnRhys.
P. 96. biligor parocleo. J'avais déjà séparé bi-tig, sans savoir
expliquer le reste. Il faut lire or pard cled qui serait en gallois
moderne o'r partb cJedd « du côté gauche »; cp. /;; siiiistra
parle un peu plus haut dans le texte. La même faute, 0 pour
d, se trouve dans fniobuide pour findbiiide, p. 103. Or prouve
que ces gloses ne sont pas armoricaines, comme j'avais supposé,
mais galloises.
Gloses bretonnes.
91
Ib. am cir biniios, 1. ain-cîrbin[n] nos « vers la nuit » ; cp.
bet circhinn h guoJkum « usque sub occiduum coeli » Juv.
D'autres explications que m'a fournies M. Rhys me semblent
douteuses. Prenant rinn, p. 96, pour le mot gallois rhyn dans
pcnryii « promontoire » ou pour un adjectif rbyii « stiff or
rigid », il voit dans gel moi, qui le précède, une mauvaise écri-
ture du mot gallois gylfin « bec, pointe », écrit correctement
gîlbin dans les gloses sur Juvencus.
P. 99. tnhenuljd serait le gall. mod, tzuyn uchcl « a high
clump or high hillock » .
D'après le même savant glanasoc (vir sanguinosus) n'est pas
nécessairement une faute pour galanasoc, puisqu'on dit en
« colloquial welsh » glanasdni pour galaiiasdra. Il voit l'ar-
ticle et non, comme moi, la préposition i[n] dans hi giiolt ucbel,
hi tig, hi dcJrint (p. 96) et traduit ce dernier mot, que j'ai
identifié au gall. mod. dybyiit « voyage », par « les dents » ou
« la dent ».
P. 10^. Jcidii. lïos. Jaicos. M. Gûterbock a vu que le premier
mot est irlandais et doit être corrigé en laich .i. « laïque ».
P. 96. viruiii liiscum vel colloculo dcxtera. Je pense qu'il faille
lire goJl oculo dextcro ; c'est l'irl. goll « borgne ».
III.
Après avoir ajouté quelques mots au vocabulaire des anciens
dialectes bretons, je me vois obligé d'en retrancher plusieurs
autres. On prend généralement pour du pur gallois les gloses
sur Juvencus que M. Stokes a publiées dans les Beitrage de
Kuhn et Schleicher, IV, 385 ss.; VII, 410 ss. Mais le scribe
était irlandais; il conclut en priant les lecteurs : araut di Nuadu
« priez pour Nuadu » (IV, 389). En gallois il s'appellerait
N^iidd. Le caractère gallois de la glose hir ur {ignis focos) a
déjà été suspect à M. Stokes, qui ajoute à son explication : « if
this is not Irish » (VII, 414). Le premier miot serait laur (ou
/(;;■) en gallois, et le mot ur « feu » n'est connu qu'en irlandais.
En effet, il y a d'autres gloses qui me paraissent indubitable-
ment irlandaises; ce sont les suivantes :
92 R. Timrneysen.
IV, 390. restât A. arta. La forme galloise du verbe se
montre dans itau, p. 396.
IV, 394. astrorum obitûs À. occasus g\. funid. Cp. ir\. fuined.
IV, 398. anbela socrus gl. lobur. En v.-gall. on attendrait
plutôt lober ou lobir ou lobr (lubi-).
IV, 40e. Jain lux adveniet propriis (1. properis) mihi cursilis
instans gl. archinn dies. Cp. irl. ar-chiunn (gall. erbyn') ar~
chenn « vis-à-vis, à la rencontre », ail. « entgegen ».
IV, 410. On trouve trois îois h glose fodeud fodeut fodiud,
qui n'a pas été expliquée. C'est une note du scribe sans rap-
port avec le texte; cp. irl. fo-deud fo-diud « à la fin ». Elle est
opposée à la remarque galloise qui se trouve deux fois (ib.) :
init oid « c'était le commencement » .
IVj 415. ira ab ûr Jiomen acccpit hoc est ab igné, ûr enim
flamma dicitur, etc. V. plus haut.
IV, 390; VII, 411. moenia gl. aul J. mur bethlem. M. Stokes
a trouvé 0 aul dans un glossaire irlandais; mais il est vrai que
cet exemple n'est point sûr.
IV, 390; VII, 412. La glose da{ni)fraud atius se trouve
deux fois, la première fois sur subtrahet igni dans le passage :
Hoc opus, hoc etenim forsan me subtrahet igni Tune, cmn . . des-
cendet .. Judex .. Christus. Sans pouvoir expliquer le premier
mot^, il me semble que atius pourrait bien être irlandais : a
tius « de la chaleur », prép. a et datif de tess. Mais je ne sais
pas si le second passage (VII, 412) se prête à cette interpré-
tation; M. Stokes ne cite qu'un seul vers.
Outre ces mots purement irlandais il s'en trouve d'autres qui
ont bien l'aspect gallois, mais qu'on n'a jamais rencontrés
dans d'autres monuments des dialectes bretons ; on ne les
connaît que sous une forme irlandaise. Ne serait-ce pas que le
glossateur irlandais ait parlé un gallois « hibernisant », c'est-à-
dire qu'il ait çà et là « britannisé » des mots irlandais, tout
comme un Français qui, parlant italien, se servirait de mots
français italianisés. Je sais bien que cette hypothèse est peu
sûre, puisque beaucoup de mots de l'ancienne langue bretonne
se seront perdus plus tard. Mais cp. les gloses suivantes :
I. Doit-on comparer giW. ffraivdd, 3.x:m. freu^ « tumulte, désordre »?
Gloses bretonnes. 93
IV, 392. mitiquam oentun gl. stnitiu. C'est l'irlandais sruith
inconnu en breton.
IV, 402. veteris script i monimenta À. hencassou; cf. irl.
senchas. Même remarque pour le breton.
IV, 406. fréta fervida gl. anbhhaul. Cet adjectif paraît être
formé de l'irl. anfud anfuth « tempête ».
IV, 413. num vescitur gl. anit arber bit; cp. irl. ar-biur
biiith « je me sers de ». Le gallois moderne emploie dans le
même sens arfer sans byd (ou biuyd).
Pour frequens populis À. litimaur (IV, 395) je lirais lin-
maur = irl. lînmar « nombreux ». Le mot lin « nombre »
manque aux dialectes bretons.
IV, 350. obsistit .i. gurthdo résistif. Serait-ce une traduction
de l'irl. fris-tâ « il résiste ? »
IV, 393. tribus .i. bcnihed. Bcmhed pouv pemhed (^pemped)
pourrait traduire l'irl. coiced « province ».
Je ne donne ces conjectures que pour ce qu'elles sont.
R. Thurneysen.
Juillet 1889.
ETUDES BRETONNES
VIL
SUR L ANALOGIE DANS LA CONJUGAISON.
/. La troisième personne du singulier du futur.
1. Il y a en moyen breton trois façons de former la troi-
sième personne singulière de l'indicatif futur, qui est en même
temps un subjonctif:
1° en ajoutant o au radical du verbe : car, il aime, caro, il
aimera, qu'il aime ;
2° en ajoutant y ou / au radical, ce qui a lieu : quand il
finit en a, comme dans a, il va, ay, il ira, qu'il aille ; ou en
eu, dans le seul verbe deu, il vient, tut. deuy ; ou en o, comme
dans ro, il donne, fut. roy ;
3° sans voyelle finale : yel, iel, yaJ, il ira.
Ces trois formes du futur ont des emplois bien délimités,
sauf que la troisième peut être remplacée par la première.
2. Au lieu de yel, iel, yal, on trouve à.onc yelo, icio, yâlo.
Toutes ces formes du verbe aller appartiennent plutôt à la
conjugaison impersonnelle et au futur (cf. Rev. Celt., IX,
248, 251), tandis que les autres en 0 et en 3' sont à la fois
personnelles et impersonnelles, futures et subjonctives.
Voici, d'ailleurs, des exemples contraires à cette exception,
en breton moderne : na yélo qet, il n'ira pas, Trajedi Jacob,
1850, chez Lédan, p. 75 ; n'ielo ket, Gwer'^iou Brei::^-Ixtl , I,
196; ra yel, qu'il aille, Preparationou d'ar maro, ... troet...
gant Dom Charles ar Bris, Bel ec a Léon, Quimper, 1784, p. ici.
Etudes bretonnes. 95
Yel et yelo sont proprement deux temps différents : (y)el =
gall. eJ, il va, il ira (présent-futur); (y)elo = gall. clo (jus-
qu'à ce) qu'il aille, il sera allé (subjonctif-futur antérieur). Yel
est la seule forme appartenant au premier de ces temps qui
ait toujours le sens du futur-subjonctif, en breton. Dans les
autres verbes la forme correspondante est un indicatif présent,
sauf certaines locutions où l'idée de futur n'est pas exprimée
dans le verbe, mais résulte nécessairement du contexte : tréc. bi-
henn nho kiuel ma daoulagad, jamais mes yeux ne vous verront,
G. B. L, I, 350, cf. 3 40 (et collection Penguern, I, 28), etc.;
bikenn veut dire « jamais, dans l'avenir »; bikenn n'hen gan
(j'ai peur que) jamais elle ne le mette au monde, 388; dans
cette expression le breton n'exige pas, comme le français, un
subjonctif. Cf. Rev. CcH., IX, 380, 381 ^
De même dans les phrases comme pc me cm veu^, pe me na
rinn (dites-moi) : me noierai-je, ou ne le ferai-je pas ? G. B.
L, I, 362, pe me em la~, pe iia rinii /cet, me tuerai-je, etc., 3 10,
le second verbe seul est au futur; il peut d'ailleurs se trouver
lui aussi au présent : pe me em la:^, pe me na ra, 34e.
Ce dernier mot rime en a ; le second verbe est à l'imper-
sonnel, quoique négatif et après son sujet, cf. Rev. Celt., IX,
251, et B, 804, 467, 641 ; a chiiy na gou:{ye quet, ne saviez-
vous pas, Nouelou, 76; bikenjne nem goJo, jamais je ne me
perdrai, Bar:^a:;^ Brei::^, 515; te pini... na droa:^, toi qui ne
tournas pas, 379; an Egyptianet père nhor sell, les Egyptiens
qui ne nous regardent (qu'avec horreur), Jacob, 129; ar re
n observa qet, Traj. Moyses (à la suite de Jacob), ceux qui n'ob-
serveront pas, 160, maleiir evit an nep père no observo, malheur
I. Autres exemples en moyen breton avec la ir^ pers. : bishiiyquen ... ne
pourchaiaf, jamais je n'obtiendrai, Grand Mystère de Jésus, 100; bi:^huyquen
ne hiienaj, je ne me réjouirai, 187, col. b; =2 bi^uiquen lonenhat neraf,
Sainte-Barbe, 292. Bikenn et biriuikenn en bret. moderne avec des présents,
fe pers. sing. en an, ann: G. B. L, I, 18, 20, 130, 180, 182, 234, 314,
350, 410, 492 (et coll. Peng., I, 59); avec des futurs, v^^ pers. en inn :
6, 130, 518, 526; 3e pers., en 0: 454, 464; avec as po, tu auras, 436, ho
po, vous aurez, 338. Croii^uet ont abars bloas ainàn (jamais tu ne verras cet
âge:) tu seras pendu avant un an d ici, Sarmoun great var ar niaro a Vikeal
Morin, chez Guilmer, p. 41, est devenu croiigiiet vi dans des éditions plus
récentes (Sermon Michel Morin, chez Ledan, id. chez Lanoé, p. 40).
96 E. Ernault.
à ceux qui, etc., 256; vannetais hé fromesseu ne virai q net, ses
promesses n'empêchaient pas. Voyage misterius, 85 ; er ré na
^isclair, ceux qui ne déclarent pas, en 1693, Amiales de Bre-
tagne, III, 412, etc. ^
3. On peut ajouter à yel le bret. moy. et mod. ve:^, sub-
jonctif « qu'il soit », dans «a ve::^ muy, qu'il n'y ait pas autre
chose, J 76 b, où ve^ rime en f;^, = na ve:{et quen, B 396 (ve:^et
est un impératif); nia:(^ve::;^, pour qu'il soit, Sainte-Nonne, 601,
= ma^ vexp, 919, 1275 ; me a w'~, je serais, me a vé\ het, j'aie
été, pegueiuent bennac é vé:^-eh het, quoiqu'il ait été, etc..
Grammaire du P. Grégoire, Rennes, 1738, p. 85, 86, 129,
neb a vé7^, quiconque serait, 26, cité à propos de la pronon-
ciation du ;(; r'am béT^, j'aie, plût à Dieu que j'eusse, p. b. ma
am béz^ bet, quoique j'aie eu, 2^ pers. a:^ pé:^, y en devé:^^,
fém. he devé:;^, pi. bon bé:^, bon devé:(^, 2^ p. bo pé:^, y bo devé:^, etc.,
94, 95, 120, 121, et Dictionnaire du même auteur, s. v.
avoir \ mar c'boantait e w~ ///// ... bo sqiant, si vous voulez que
votre science soit utile. Imitation ... J.-C, 1836, chez Lédan,
p. 5, etc.
Ce mot be:{, ve~ = le présent-futur gall. bydd, a un emploi
régulier, par exemple dans bi:{l]uyquen ... neni be:;^, jamais je
n'aurai, J 226 b, cf. qiicn na ue:^aff, jusqu'à ce que je sois, B
45, birviquen ... nen deve, jamais,il n'aura, Tragédien sant Guil-
larm, Morlaix, 181 5, p. 76 (= birfiquen ... nen deveus, ms.
de la même pièce, à M. Bureau, daté de 181 1, f" 61 v°), etc.,
§ 2; mais les cas signalés plus haut sont très différents. Na
vex_ muy est une 3'-' pers. ; na car muy, n'aime plus, une 2^ A
r'am- bcx^ (cf. ra yel) devrait répondre * ra car, qui n'existe
I . Au lieu de pe me etn veu:;^, etc., on lit pc me n'em venin, pe na rin het,
E. Rolland, Recueil de chansons populaires, III, 64, ^l pe me n'em veuin, pe
me na rin, Quellien, Chansons et Danses, loi. Il y a ici, au contraire, un
emploi abusif du personnel, cf. Rev. Celt., IX, 2')6 , et rouanei, pan deuiont,
amensont, les rois, quand ils arrivèrent, demandèrent, NI 12; hek'icnn V
Vuriuenn, vel ma kleujont, ur prosession a :^wjont, les prêtres du Bourblanc
entendant cela, firent une procession, G. B. J., I, 226; lie \isquihien oclê-
ved ar c'homjo-se, e coue^chont, ses disciples, entendant ces mots, tombèrent,
Testamant neve, Guingamp, 1853, p. 40; ha neu^e mc'r la^in, et alors je le
tuerai, Guill., 1815, p. 74 = a neuse mer la^in, ms. 1811, fo 60; et me
hoc'h etablissa, je vous établis, Jac. 40, rime à qenta}
Etudes bretonnes.
97
pas. Mâf~ car, analogue à mac^ w~, est toujours un indicatif
présent: « si bien qu'il aime ».
4. Le :^ de bc:^, fq, ne permet pas d'y voir un conditionnel.
Ce temps peut remplacer dans certains cas le futur-subjonctif;
c'est pourquoi le P. Grégoire donne aussi, par exemple, r'en
deffé, plût à Dieu qu'il eût, ma en dejfé, ma he deffé (encore)
qu'il, quelle ait (eu), etc., formes de conditionnel.
En vannetais et en trécorois le :^ doux se supprime ; on ne
peut donc savoir si dans le van, buiquen henmh ne ue coh deen,
il ne vivra pas âge d'homme, Chai, ms, et dans le tréc. bikenn
na ve paour et bikenn paour na ve, jamais il ne sera pauvre, G.
B. L, I, 470, ve est un présent-futur =: léon. ve:{, cf. mar
bean, si je suis, 420, ou un conditionnel = léon. ve, cf. mar
ben, si je suis, 412 (futur bikenn ... na vo paour, 464). Le
conditionnel breton peut s'employer parfois là où le français
mettrait le futur : m'arruann . . . binoiken m\ou 'n defe-han, si
j'arrive (avant lui), jamais il ne recevra (littéralement « il
n'aurait ») les ordres, 442. Il partage aussi avec le futur la
faculté d'exprimer le subjonctif.
5. On aurait tort de joindre à iel et à bex^ certaines expres-
sions comme c'hom (lisez choni) er guélénep à garo, demeure au
lit qui voudra, Quiquer, 1690, p. 113. Le verbe peut être ici
à l'infinitif, c'est ce que prouvent entre autres les phrases
evelse be:^a grct, ainsi soit-il, Conferançoii curius, chez Lédan
(édition publiée sous Louis-Philippe, comme on le voit à la
p. 26), p. 47; he:{a et bea droug gant an eb a garo, que cela dé-
plaise à qui voudra, collection Penguern, I, 206 ; III, 3 i ; Nini
a neus c'hoant da vellct true~ Mond di:^iou d'ar chastel neves,
celui qui veut voir grand pitié, qu'il aille jeudi au château
neuf, I, 33; trci an acl, que le vent tourne, V, léi, cf. 212,
treï dan avel, ij^. Cet emploi de l'infinitif pour l'impératif
n'est pas borné à la 3^ pers. du sing.; cf. Rev. Celt., IV, 299 ;
e astenn, qu'on l'étende, J 135; e aeren, lions-le, 73 b. On
dit très souvent en petit Tréguier: dond aman, venez ici;
c'hastan, ha chomah ke da dortah, hâtez-vous, ne vous arrêtez
pas (cf. « il n'y a pas à tortiller » ?), etc.
Après un verbe au futur ou à l'impératif, un second verbe
à l'infinitif peut exprimer l'idée de ces temps : me ... a gray ...
Revue Celticjue, XI. 7
98 E. Ernaiilt.
ah se:(lou, je ferai et j'entendrai^ N 499-500, pour se:^louo ;
deomp ... hac ...e lescl, allons et laissons-le, 519-521; na
hentet na darempret, ne hantez et ne fréquentez, J 21 b.
Il en est de même, du reste, pour les autres temps ; exemples :
Moy. br. ho^^ bennigaf ... ha hoÂ^ ober, je vous bénis et je
vous fais (archevêque), N 1770, 1771 ; ne espernaff ... dekher,
je n'épargne (lièvre ni renard) ; je prends (les lapereaux), 285,
28e ; ne credaff ... na doen, je ne crois pas et n'ai (souci de),
B 105; pan sell ... ha guelet, quand il regarde et voit, 283-
284; mar da ... ha caffout, si elle va et trouve, 79 ; na diguer
ha rannaff (qui empêche) qu'il ne s'ouvre et ne se brise, J 34;
ma^ huesenn ... ha crenaf, tant que je suais et tremblais, 231;
en doiigenn net hac e caret, je le respectais et l'aimais, N 1145 ;
no dalchech huy, ha ho diqiiacc (pourquoi) ne les arrêtiez-vous
pas et ne les ameniez-vous pas, J 219; e:;^ aparissas ... hac he
admonetas ... yue:^ he assury, il apparut et l'avertit; de plus il
l'assura, Cathell 13 ; ^^ deu:^ de nem colcry ha da enrage ha gour-
henien, il se mit en colère et ordonna, 17 ; en querhomp ... e ado-
rifu, nous l'aimerons et l'adorerons, H 9; na macses ... hac
ho emplig, n'aurais-tu pas nourri (des animaux) et ne les aurais-
tu pas employés, B str. 700, vers i et vers 5 ; dans l'inter-
valle se trouvent d'autres verbes à des temps différents; ne
lamsct ... nac he rauissaff (de peur) qu'on ne la prît et ne
l'enlevât, 8.
Bret. mod. : ma crevas ha mervel marv-miq (si bien) qu'elle
creva et mourut, de Goësbriand, Fables, 1836, p. i ; me 0
lacfe a blat, hac ober dé anaout, je les abattrais, et leur ferais
reconnaître, Mc»)'5. 176; biskoa::^ ... neuz^hi andurct ... met hi
chaseal, jamais il ne l'a supportée ... mais il l'a chassée, G. B.
L, I, 160, cf. 162 ; me gouitafe ... ; houitad ..., mont, je quit-
terais (mon pays), je le quitterais, j'irais, 138; ma kouskfomp
... kousket ..., dcbri (la grâce) que nous couchions ... ; que
nous couchions ..., que nous mangions, 254; a vrcofc ...,
lakad, il briserait ... et mettrait, 520; brenian pahon di:^ourci,
ha caout eun tant animer, maintenant que je suis tranquille et
que j'ai un peu de temps, Chanson ... var ... ann evereiet, i ;
squiant en dcoa ha gou:^out peur e impligca, il avait de l'esprit
et savait quand l'employer, Sarnioun, 35, cf. p. 21, etc. On
Etudes bretonnes. 99
dit en petit Trég., par exemple, an diid avor a chik, pe vutunat,
les marins chiquent ou fument, etc.
Cette construction existe également en comique et en gal-
lois ; cf. Stokes, Pascon agan Arluth, p. 95 (note à str. 175,
1. 2); Beunans Meriasek, Furtber corrigenda and addenda, note
au vers 906.
On la trouve aussi en français : « Item que si l'on vend et
allienne du dommayne de l'Eglise et en ce appauvrir les dits
Ecclésiastiques, ... » (pièce datée d'avril 1573, signée de
l'évêque de Luçon ; dans les Papiers d'Aquitaine, Recueil ma-
nuscrit de Dom Fonteneau, t. XIV, p. 714, bibliothèque de
Poitiers).
6. Il y a un troisième cas où l'infinitif peut alterner avec
le futur-subjonctif; c'est après le mot da.
Doué dû conduo, que Dieu vous conduise, Quiquer, 1690,
p. 77, cf. 14, a pour synonyme Doué do conduy, 73, où le
verbe est à l'infinitif, de même que dans Doué da rei, que
Dieu donne, m (= Doué da roi, 11, 14, 42, da roy Doué,
12, futur). Doue da rei, Moys. ijo, (= Doue da royo, 309),
Doue da reï, G. B. L, I, 254, 260, vann. Doue de rein, Voy.
Diist., II, Do lie de rein, Chalonsms., s. v. allonger, Doi'ié d'hou
sicourein (= Doiïé hou sicouret) et Doïié de uout guenech, Dieu
vous assiste. Chai, ms, litt. Dieu soit avec vous, Doue da
vc~an, Quellicn, 235, Doue da vea, Giiill. 181 1, f" 77 v",
Doue da vean, Explication an doctrin christen, III (1849),
p. 288, etc. (=:Doué dave:^o, Quiq., 37, Doïié da véo, 103, cf.
Doué ra tr~o, 40) ; Doue da renia dêc'h, que Dieu vous rende,
Moys., 270; Doue da :^istrein, que Dieu détourne, Expl. II
(1838), p. 176; Doue da xpnt do pca « que Dieu vienne à vous
récompenser », Guill. 1811, 79 v°, etc.
Cet emploi de l'infinitif avec da pour rendre l'idée de l'op-
tatif existait dès le breton moyen : peuch ... da regnaf, que la
paix règne, J 8. Il provient d'une confusion entre da, parti-
cule verbale = irl. do, Rev. Celt., IX, 250, et da, préposition
signifiant à. La construction plus ancienne, avec le futur, se
trouve aussi à cette époque : do^ greay, qu'il vous fasse, J 9 ;
da ue^o graet, qu'il soit fait, Middle-Breton Hours, 65 ; Doe
da:^ saluo, Dieu te salue (i. e. sauve), Catholicon. Autres
100 E. Erridult.
exemples de Quiquer, 1690: Doue do miro, Dieu vous garde,
89, d'b iiiiro, 97; Donc do binnigo, Dieu vous bénisse, 27 ; da
hinigou, qu'il bénisse, 55 (cf. seruigou, il servira, 53); deut
îiiat da viet, soyez le bienvenu, 20, 22, 33 (m viel, 97).
Il n'est pas exact de dire que da « est toujours précédé du
sujet », Rcv. Celt., IX, 538, ligne 14; on en a la preuve,
ibid., 1. 3 ^ — Cf. da, particule optative, en slave.
Il n'est pas impossible, d'un autre côté, que dans clrnn er
gucle ncp a garo, reste au lit qui voudra, chom soit à la seconde
personne du singulier. Cette explication paraît la plus naturelle
dans n'oii gonvertis ncp a garo, se convertisse qui voudra, Dis-
put ... Molarge (après Chanson go~), chez Lédan, p. 6. On
trouve des constructions semblables avec la 2^ pers. du pluriel:
';/;/ /;/;;/ 'n cu~ c'hoanî kavel truc~ It dihin d'ar C'hastcJ-neve:^,
G. B. L, I, 242, litt. « celui qui veut ..., allez ... », cf. la
variante de la coll. Peng., citée § 5 ; gourdrou::it an eb a garo,
murmure qui voudra, coll. Peng., II, 66, gourdrou:(id an eb
a garo, 69 ; grognit ncp a garo, en grogne qui voudra, Jac. 96,
clêvit nep a g. (entende), Moys. 239; va ■:;jid, ncmrenjitpc-
pini, (... na boltronct ini), mes gens, que chacun se range,
(que personne ne soit lâche), Pcvar niap Eni., anc. éd., 271 ;
hcuiUiî achanon ncp a garo, me suive qui voudra, 397; recourit
ho pue, mignonct, ncp a cil, sauve qui peut, amis, 347; va ~ud,
mar deus ini ani c'har, Laqit c advcrsour pepini d'an douar, mes
gens, s'il y en a quelqu'un qui m'aime, que chacun terrasse
son adversaire, 57, cf. 146; choniit, conipagnunc~, pepini en e
blaç, Riniou ha goulennou chez Lédan (anc. édit.), p. 53, litt.
« restez, la compagnie, chacun à sa place » ; choniit ta pepini
qeit ni'o c volonté « restez donc chacun tant que ce sera sa vo-
lonté », ibid., etc. ^. On dit en petit Tréguier 'n ini 'n e
1 . On lit dra ve:[in, que je sois, dans l'ancienne édition de Biie\ ar pevar
map Emon, p. 179 ; dra est un compromis entre da et ra. Une autre com-
binaison curieuse se montre dans ar blet oiisda tago, que le loup t'étiangle,
ilnd. 275, pour ar blei da (n:: Ja:^) tago ou ar hlei oti:^ da daga, littéralement
« le loup à t'étrangler ».
2. Dans beiit grêt, qu'il soit fait, ib. 20, il y a, je pense, une simple con-
fusion graphique, pour bf:(et ; cf. «;ori7, on honorait, Pev. m. E., anc. éd. 7,
et peut-être assurit, assurément (pour assuret, assuré), 29, 167, 182, 212,
225, 243, 263, 284, 322, 326, 381 (voir § 41).
Etudes bretonnes. loi
c'hoahd de gàd prenct hagë pou, litt. « celui qui veut en avoir,
aclietez et vous aurez ».
Une tournure analogue existe en français : « Gardez vos
gants ceux qui en ont «, Labiche, Un chapeau de paille d'Italie,
acte II, se. 3.
7. La seconde classe (verbes à futur en_)') se divise en trois
groupes : radicaux en a, en eu et en 0.
Exemples: groay, gray, grai, greay, ray, il fera, qu'il fasse;
disgray, il défera, essa\, il essaiera, hoaiitay, il désirera, lacay,
il mettra, pellay, il s'éloignera; couffhay, il songera, B 657,
659 ; dans ce mot seulement ay compte pour deux syllabes
(rimes a, i), mais cela n'empêche pas les autres d'avoir i
voyelle, et de rimer en î : « Hac a grai ma deuotion, N 500;
En ty nia::^ ay, hep fa::jiajf », J 47. La rime intérieure de ^y
avec fa::^iaff ne suffirait pas, parce qu'elle n'est qu'à la 2" syl-
labe du vers ; cf. mon Glossaire moyen breton, Préflice.
Gruy, il fera, J 78, col. b, i syll., rime en i, est dû proba-
blement à une confusion graphique avec gruy, tu feras, Sainte-
Nonne, 1149, ry, B 614 (jien gry, J 52, pour na ry, rimes ar,
i);gry, Cathell, 23 {Rev. Celt., VIII, 88). Va du radical dis-
paraît à cette seconde personne, mais non à la troisième : y,
tu iras.
Le verbe du deuxième groupe, deuy, duey, duy, dui, il vien-
dra, n'a qu'une syll., qui rime en i, J 49, N 522, etc.; duy,
tu viendras, en a deux.
Exemples du troisième groupe : roy, il donnera, scoy, il
frappera, une syll. ; roy, deux syll., B 292; gouloy, il couvrira,
trois syll., B 630 (rimes 0, i); troy, il tournera. Poèmes bre-
tons, 227, peut être compté pour une ou deux syll., parce
qu'il est suivi d'une voyelle, et qu'en pareil cas la synérèse
est fréquente. La rime de roy (une syll.) à baeleguie-, N 1688,
est analogue à celles que nous avons étudiées plus haut.
Royf, il donnera, une syl., N 708, est une variante pure-
ment graphique de roy; cf. canef, il chantait, Cathell 3, pour
cane; a graff, il fait, 8, ^ara 35, auj. a ra. On lit de même
da roijf, qu'il donne, don preseruofj, qu'il nous préserve, graijf,
il fera, Quiquer, 1626 (Loth, Annales de Bretagne, III, 249,
247. 245)-
102 E. Ernault.
8. Le comique nous offre dans jvy, qu'il donne, en regard
de may hallo, pour qu'il puisse, etc., un exemple de la répar-
tition des suffixes o et 3' en moyen breton.
En gallois -0 appartient au subjonctif-optatif, que la gram-
maire de Rowland appelle future pcrfect et qui s'emploie dans
les propositions dépendantes, cf. Loth, Rev. Celt., VII, 236,
237: moy. gall. akafo, qu'il aura reçu, duw arodo, que Dieu
donne! mais aussi jyn)' wyttao, jusqu'à ce qu'il ait mangé,
Grammatica celtica, 2^ éd., 513, aho, il sera allé, 583.
La terminaison i appartient, au contraire, au présent-futur,
que Rowland appelle Juture : bzuytài ef, il mangera. Diction-
naire de Spurrell. Je suppose qu'on peut joindre à bwyiài aiff
ou eiff, il ira, gwnaijf, il fera, formes admises par la grammaire
de Rowland, 3^ éd., Bala, 1865, tandis que les correspondantes
dans les thèmes consonantiques, comme dysgiff, il apprendra,
sont regardées comme vulgaires, p. 72. Aiff et gwnaiff étznt
synonymes de a et g-wna (= les présents bretons a, groa),
pourraient provenir d'une imitation analogique du rapport ré-
gulier de ca, il aura (infinitif ra^/), avec caiff, ceiff, il aura (inf.
caffaeï) = bret. mov. qucff, il trouve ^ Un passage de la gram-
maire de Griffith Roberts, Milan, 1567, montre combien cette
analogie devait sembler naturelle : « Quelques-uns, dit l'au-
teur gallois, forment la y pers. sing. en ajoutant ph à la se-
conde : ceri [tu aimeras], ceriph [il aimera] ; cai [tu trouveras],
caiph [il trouvera] » (p. 64 de l'édition originale, 154 de la
réimpression de la Rev. Celt.').
Mais cette influence a pu s'exercer à l'origine sur des for-
mes de futur, existantes, en -(ci)i\ et n'avoir pour efiet que de
les augmenter du son /, ce qui les distingua d'ailleurs heu-
reusement des imparfaits : ai, il allait, gzvnai, il faisait (bret.
mod. é, gré), et de la 2'' pers. du futur : ai, ci, tu iras, giiniai,
I . Davies avait à peu près la même idée : « Quodfactum existimo ex...
prava imitatione anomali caiff, a caffad » (Antiqua lingua britannicce ... ru-
dimenta, 2^ éd., Oxford, 1809, p. 99). Il esta remarquer que, tout en reje-
tant en bloc les terminaisons -i(f, il semble regarder aiff. dont il donne un
exemple, comme plus excusable quQ ceriff; et qu'il mentionne, à ce propos,
les autres thèmes en a: « Et in futuris verborum in au, rectius duxerunt
veleres duplicare aa [vel ipsum duplex aa in simplex contrahere (dit-il plus
loin)], quam dicere iff, ut trislja, laicenhja..., givarha » (p. 100).
Etudes bretonnes. 105
tu feras (bret. moy. y, gruy). L'indignation des grammairiens
devant des futurs comme dysgiff, carif, ceriff (cf. Z^ 510) nous
est un garant de leur nouveauté relative. Sur l'emploi de cette
terminaison -ijf, voir Loth, Rev. Celt., VII, 190.
Le breton moyen, le comique et le gallois paraissent donc
d'accord pour indiquer la terminaison i du futur comme
propre aux verbes dont le radical est en a, (eu), 0.
9. En breton moderne, la distinction des futurs en 0 et en
/ n'est pas aussi tranchée qu'en bret. moy. ; il se fait entre les
deux classes des échanges et des compromis.
Le trécorois ajoute la terminaison 0, ou, à des thèmes en a
et en 0 .• Iakao, il mettra, G. B. L, II, 8; kuitao, il quittera,
Histoariou, 225, trugarekao, il remerciera, <)\distroo, il retour-
nera, 223, G. B. L, I, 68; 'tiverrao, il raccourcira, Revue de
Bretagne et de Vendée, lvii, 214, etc.; petit Trég. kouitâou, etc.,
rôou, il donnera, skôou, il frappera, golôou, il couvrira, etc. Ces
formes sont analogues à celles du gall. moyen comme hwyttao,
il aura mangé (§ 8) = pet. tréc. boetâou, il nourrira. Il y a
aussi une variante eo pour ao : ni a vcrreo, nous raccourcirons,
Bue^ ar pêvar viah Einon, ancienne édition, p. 116; pelleo,
qu'il éloigne. Revue historique de l'Ouest, V, 210, etc. ; v. § 16.
On trouve de môme en cornouaillais deuo, il viendra, em-
ployé dans VAlnianach de 1877, concurremment avec deui ; a
:ieuo, saint Jean, IV, 14, trad. Lecoat, etc. Le léonais (comme
quelquefois le trécorois) ajoute la première désinence 0 à la
deuxième, i: rai, il fera, Quiquer, Morlaix, 1690, p. 79,
ray, 67, etraio, 17, rayo, 69; roi, roy, il donnera, 122, royo,
72 ; ay et ayo, il ira, ray et rayo, il fera, lacqay et lacqayo, il met-
tra, caç:;ay et caç^fiyo, il haïra, deuy et deuyo, il viendra, roy et
royo, il donnera, sqoy et sqoyo, il frappera, etc., P. Grégoire,
Grammaire, 134, 102, iio, 140; cet auteur regarde les formes
sans 0 comme dérivées des autres par abréviation. Le Gonidec
écrit de même lakaiô ou Iakai, etc. Cf. lakaï, G. B. L, I,
248; lakaïo, 196; qiïittayo, il quittera, tosîayo, il approchera,
chanson du Juif-Errant, 3, etc.
Le point de départ de ce cumul d'indices peut avoir été la
synonymie ancienne de iel et ielo, il ira; d'après le rapport de
ces deux formes, on aura donné à leur équivalent ay, il ira, une
104 ^- ^'^nault.
variante ayo; de môme à deuy, il viendra, une variante
deuyo, etc.
10. La correspondance de can-o, il chantera, à can-ot, vous
chanterez, a été imitée dans deu-yo, il viendra, d'où ma tcuyot,
que vous veniez, Moys., 173; distro-yo, il retournera, ma tis-
troyot, que vous retourniez, Jac, 86.
De même pour les deux autres personnes plurielles du futur,
qui ont parfois des terminaisons omp, ont, cf. Rev. Cclt., IX,
262, 264 {ye:io)up, nous serons, GuilL, 181 1, f° 71 v°, =
Guill., 181 5, p. 88; sonjont, ils penseront, GuilL, 181 1, f° 71,
= soiicbont, GuilL, 1815, p. 88) : le ;y de ra-yo, il fera, a-yo,
il ira, a pénétré ces personnes dans rayomp, nous ferons, GuilL,
1815, p. 62; Pcv. m. E., anc. éd., 325, Moys., 235, ma
rcïomp, que nous fassions, Meulidiguc:^ qeguin ... ^^an^ ...El
Liab ..., 7081 (i. e, Le Bail, 1807) p. 14 (une édition plus
récente, chez Lédan, a raimp); raimp avec un 0 au-dessus de
1'///, Guill. 181 1, f. 53 v; rêyomp, nous ferons, que nous fas-
sions, Pcv. m. Em., anc. 39, 119, 336, 341; ayomp, nous
irons, que nous allions, 28, 132, 149, 383, 386, etc., etc.,
ma chcyomp, 109, ma haïovip, GuilL, 1815, p. 102 (= ma
chcouip, GuilL, 181 1, f. 82 V.), aionip, GuilL, 181 1, f. 6j v,
G<);nïomp, GuilL, 181 5, p. 59, 83, 85, 102; deuyomp, nous
viendrons, Pêv. m. Em. anc. 87, 125; rayant, ils feront, Jac.
ICI, raïont, GuilL, 1815, p. 45, graïont, 75; rêyont, Pêv. m.
£. anc, 374; « on dit souvent ^m/on? (qu'ils fassent), surtout
en Trég. », selon M. l'abbé Hingant, Grammaire, 68, aiont,
qu'ils aillent, 93 ; deuyont, ils viendront, Grég., Gram., 140,
daiont, id., QueUien, 135, et même deuchont, id., Peng., II,
268; laqayont, ils mettront, Pcv. m. E., anc. 166; roïont,
qu'ils donnent, GuilL, 1815, 56 ^ M. Wmgmt isLit de graioiît
et aiont des impératifs ; nous avons vu que l'emploi de ce
I . Il y a une autre terminaison vulgaire -iorit pour ont, à l'indicatif pré-
sent : pa :(eiiieiont, quand ils se marient, dleioiit, ils doivent, Sitppl. aux dict.
hret., Landerneau, 1872, p. 92; cf. disqueiel, montrezl GuilL, 1811, 63 v.
Cette addition de y s'observe encore en dehors du verbe : Dotieyo, dieux,
Guill. 1815, 29, dkyo, dettes, Expl. I (1833), 168; ak'hueyo, clefs, 275 ;
ruïoc'h, plus rouge, 2-jc); ^hpioc'h, plus humide, Suppl. 109. Elle paraît due,
en partie du moins, à diverses analogies (cf. dimeio, des mariages; dleien, je
devais, ruiah, rougir, etc.).
Etudes bretonnes. 105
temps peut parfois alterner avec celui du futur. Cf. consullont,
qu'ils consultent, Avantiiriou un dcnyaonanq, chez Lédan, anc.
éd., p. 33 ; sonjont, qu'ils pensent! Cantic ... var ar buretc,
chez Lédan, p. 4. Il faut ajouter à ces formes ma leuyor,
pour qu'on vienne, Pêv. m. E., anc, 265.
11. On peut comparer la transformation de presque tout le
futur du verbe être, à l'image de la 2'' pers. plurielle, vihot,
Gramm. de Grég., 82, 87, 127, 153 :
he'^a é viiin het ou a vihon bet co\, j'aurai été vieux.
Plur. ire p. — eivi\inip — ou é vihomp —
3e p. — e:( viiint — ou ^ vihont —
Sens indéfini : — e^ vc^or — ou. ê vihor — on sera.
La i""^ pers. plur. analogique vihomp, nous serons, que nous
soyons, existait déjà en moy. br., J 220 b, Noueloii, 448; j'ai
eu tort d'y voir un conditionnel. Au lieu de vil^ot, on a sou-
vent viot, Pcv. m. E. anc. 72, 144, etc. ; de là viomp, nous se-
rons, que nous soyons (2 syl.), ibid., 142, 178, 257, 275, etc.,
ma viont, pour qu'ils soient, 341, Destruction de Jérusalem
(Bibl. nat., ms. cclt., n° 61) f" 4, etc.; vior, on sera, Le Go-
m<\ec, Gramm., 1807, p. 167; Hingant, Gramm., 180, etc.
La première pers. du sing. vihon, unique en son genre, s'appuie
sans doute sur Vu aoriste » ancien vioûn, vioirn, je fus, encore
donné par le P. Maunoir, Grammaire armoriquc, p. 20
(2*" pers. viout ; pi. viomp, vioc'h, viont, ibid.^
12. Il est possible que elot signifie vous irez, J 201 b, en ce
cas c'est un produit de l'analogie, comparable à deuyot ; le fait
est certain pour _)'t'Y()^ 7;, vous irez, Pév. m. E. anc. 180, 206,
Moys. .169, Jac. 8^, ielloc'h, Canaouen ... var an hent-ouarn,
chez Haslè, str. 8, etc., malgré la présence en gallois du sub-
jonctif-optatif <'/oc/;, vous serez allé; la racine el a, en cette
langue, une conjugaison à peu près complète.
13. Le trécorois et le vannetais changent fréquemment ai
en ei : tréc. ei, il ira, grei, il fera, Rev. Celt., IX, 248, 254;
laqey, il mettra, Pév. m. E. anc. 311, Jaqéy 375, c'hoantéi, il
désirera, 88; quitta, il quittera, Devocion d'ar galon sacr, Saint-
Brieuc, 185 1, p. 137 (infinitif moy. bret. cuittai); van. id.,
pealley, il s'éloignera, l'A., v. ciel, SuppL, etc. Ceci est con-
io6 E. Ernault.
forme à la phonétique : cf. tréc. mein, ils sont = léon. emaint.
Le trécorois seul ajoute quelquefois o : veto, il fera, G. B. I.,
I, ']G\greyo, Pév. ni. E. anc. 89, gréyo, jy, êyo, il ira, qu'il
aille, 338, 74; laqueio, il mettra, Rev. Celt., IX, 256, etc.
14. En dehors du vannetais, je ne vois que deux verbes
dont le radical n'est pas en a qui puissent présenter au futur
l'aspect de ceux en a. C'est d'abord le verbe du 2^ groupe de
la seconde classe dei, il viendra, en pet. Trég. (cf. Rev. bist.
de l'O., V, 208) et en van. {ètay, van. de 1693, Loth, Ann.
de Brct., III, 413) et un seul du 3% rci, il donnera, Quiquer,
79, reï, G. B. L, I, 126, 292, m, 14, 286, ray, Jac, p. 129;
van. rei.
En vannetais, certains futurs de verbes du y groupe sont,
comme rei, assimilés complètement à ceux du i^' : golei, il
couvrira, gorlei, il attendra (éin ortcye, il m'attendra, Rev.
Celt.., VIT, 340, v. 91; tréc. ni a c/jortoyo, nous attendrons,
Pév. m. E. anc. 48). Dans les autres il n'y a qu'une sorte
d'accommodation, Vo reste et s'adjoint ei et non i : scoey, il
frappera, l'A., suppL, v. éventer; troci, il tournera, distroei,
il détournera, Vocab. nouveau, Vannes, 1863, p. 67.
15. Il y a des verbes qui, ayant deux infinitifs de radicaux
différents, ont légitimement deux formes de futurs, en breton
moyen ou en breton moderne :
Bret. moy. essaeo et essay, il essaiera, inf. essae et essa; le
premier est le plus ancien ;
Bret. mod. coveç:(o et coveç^ay, il confessera, Gramm. de
Grég., 22, inf. cûve:{_ et coveç:{ât, Dict. de Grég., moy. bret.
cojfes et coffessat;
Bret. mod. laqai, il mettra, Traj. Moyses, 172, laco, 171;
lakaï, G. B. I, I, 248, lako, 212, van. lakei et lakou, inf.
van. lakat et lahin, tréc. lakal, lakout, Gram. de Hingant,
100; Jak, coll. Peng., V, 112; petit Trég. lakeign. La forme
en at est la seule ancienne.
Nous allons voir qu'en moyen breton plusieurs autres verbes
sont à ajouter à cette liste. Nous verrons aussi que dès lors la
conjugaison des thèmes en a pouvait, par suite de contractions,
prendre dans beaucoup de formes verbales une ressemblance
complète avec la conjugaison des verbes de la première classe.
Etudes bretonnes. 107
Ces ressemblances sont plus frappantes encore et plus mul-
tipliées en vannetais ; d'un autre côté, ce dialecte a étendu la
terminaison d'infinitif ein à presque tous les verbes, sans dis-
tinction de classes.
16. Dans ces conditions, il n'y a pas à s'étonner de trouver
en vannetais diverses confusions entre les deux terminaisons
de futur 0, ou et (a)i, (e)i.
Exemples de ai, ei, pour ou, en vannetais : digorai, il ou-
vrira, renai, qu'il conduise, Baixa:^ Brci^, 382; honfortai, il
consolera, 369, Doue d'ho pcnnigai, Dieu vous bénisse, 341;
arrihuci, il arrivera, Brediah er fé, 1861, p. 192, é virei, il
gardera, 145; candalhei, il continuera, Apparition ... er Sa-
lette, 187 1, p. 7, brchonnei, il s'émiettera, 8; carei, il aimera,
Loth, Mémoires de la Société de linguistique de Paris, V, 134-135;
sonnei, il sonnera, Livr bugale Mari, 48, e huelei, il verra, 49,
vanquei, il manquera, Histoer ... J.-C, 58, (=vanquco, ibid.);
e gucmerei, il prendra, 95 (e- gueniereo, 63); egarçi, il aimera,
69 (e garrco, 63)^; nie huisquei, je revêtirai, Mélusine, IV,
^^2; jouissei, il jouira, j^iy, eit niavercbei, pour qu'il marque,
Chai, nis, v. appuyer, auancei, il avancera, v. appui (auançou,
s. V. avancer), a goustei et a goustou, il coûtera. Chai, ms ; bas
van. /()/('/, il jettera, kassei, il mènera, kouskei, il dormira,
Rev. Celt., VII, 182, 187, 188, etc. ; en 1710, c/t-m^ il en-
tendra (Loth, Annales de Bref., 111, 419).
On trouve en cornouaillais a ■:^ishei, il montrera, Bar:^.
Br., 147, ni :::iskei, nous montrerons, et ni :;jskeio, 37, =^ ni
\isko, ni a :{iskoi', G. B. I., I, 135 (léon. me :[iskoue':io, B. B.,
471); infinitif van. discoein, léon. diskoue:(_. Ni :iisko doit
appartenir plutôt au verbe diski, apprendre, enseigner.
17. Exemples de ou pour / .• van. toou, il couvrira (une
maison), Maiiuel, 1867, p. }'] ; gueUou, il guérira, 39, mehe-
Icou, il déshonorera, 36, etc. ; à Batz (Loire-Inférieure), bond a
rou, il y aura, se dit en même temps que boud ri (= bout rei.
I. Dans ce livre, imprimé à Lorient en 1818, tous les futurs qui ne
sont pas en ci sont en eo, sauf t'o, il sera, hou po, vous aurez, 60, 61, etc.
Peut-être -eo vient-il ici de -ao, cf. § 9 ; il y aurait un curieux mélange de
-(a)i et de -0. Voir plus loin mon article sur ï Enfant prodigue, II, v. 18.
io8 E. Ern.mlt.
de ray, il fera). Dans ce dernier dialecte, qui se rattache au
vannetais, il n'y a même que trois autres futurs en i : hah gi,
il ira (ay), ban :;}, il viendra (deuy) et hah ri, il donnera (roy) ;
tout le reste est en ou.
On trouve hors du vannetais Doiie da bello fortun et Doue
ra bello ou ra bellaï fortun, à Dieu ne plaise, litt. que Dieu
éloigne (la mauvaise) fortune, chez le P. Grég., qui ne donne
pas d'autre \nÇ[mx\i c[\xq pdlaat, pcUât (écarter), thème en a;
bac'hato, il bâtonnera, Chanson ... peder vreg, 2; -0 pourrait,
du reste, être une contraction peu usitée de -ao, -eo.
18. Pour ces raisons, et pour celles qui seront développées
plus bas, je ne puis admettre aucune des deux explications
données pour le vann. carci, Soc. Ling., V, 134, 135; cette
forme me paraît venir de m; -fl/, imitation analogique de lahai,
Jahci, = laca -\- i. On peut comparer le gallois ceriff de * cer-i
d'après gzuna-iff, bzii\tà-i (§ 8).
La lutte en vannetais des deux suffixes de futur / et 0, avec
des succès divers, n'est qu'un épisode de l'antagonisme plus
général entre les thèmes verbaux en a et les autres ; antago-
nisme qui a son point de départ dans la phonétique, mais qui,
grâce à l'analogie, a fini par intéresser directement la mor-
phologie dans ce dialecte.
2. Les thèmes verbaux en a.
19. On peut distinguer, dans la conjugaison des thèmes
verbaux en a du moyen breton, trois sortes de formes :
1° normales, qui gardent la voyelle finale du thème ;
2° communes, qui suppriment cette voyelle par contraction;
3° spéciales, qui par suite de phénomènes de contraction
au profit de la première voyelle, ou de métathèse, d'assimi-
lation ou de contamination analogique, se distinguent net-
tement des autres verbes.
20. Exemples de formes normales.
Infinitif: lentaat, £iire lentement, laquaat, mettre, Cathell,
19; pcUahal, éloigner; cofahat, se souvenir, cité par D. Le
Pelletier d'après « les vieux livres », s. v. coûn; — essa, es-
Etudes bretonnes. 109
sayer. Cf. v. bret. meplao^n, être confondu, gall. mefibau, Rev.
Celt., VIII, 506.
Participe : laquaet, mis ; groact, gract, fait, hoaniaet, désiré,
ledanhact, élargi, etc. Cf. v. bret. inaatoe, gl. ineundum.
Indicatif présent : (v. bret. lemhaaiu, j'aiguise, nicrgidbaaiii,
gl. hebesco, datolaham, je rassemble; auj. lakaann, je mets,
Le Gonidec, lakaan, 3 syll., G. B. L, II, 288; joansaaû et
joaiisean, je deviens gai, Hingant, 79); — (léon. Iékéi\, tu
mets) ; — laça, il met, groa, gra, il fait, houanta, il désire (v.
bret. ar-iianta), etc. ; — kqucomp, nous mettons, grucojup,
reomp, nous faisons; — (léon. likiit, vous mettez); — grueont,
greont, ils font; — Jaquacr, on met, graer, on fait.
21. Exemples de formes communes, en moy. bret., aux
thèmes en a et aux autres :
Infinitif: 1° labourai, travailler, arrêta, arrêter (r'' classe) ;
2° lacat, essa (thèmes en a) ;
Participe : lahoiirct — Jaquet ;
Indicatif présent : i""^ pers. : carajf, j'aime, 2" qtiere:^, plur.
2^ queret ; quefit, vous trouvez ; — lacaff, leque~, leqnet ; gruyt,
vous faites. Gueler, on voit; — rer, on fait.
Pour ces deux sortes de formes dans le reste de la conju-
gaison, on peut voir Dict. étym., s. v. lacat, groaet, cojfessat,
ioaeussat, goapat, etc.
22. Exemples de formes spéciales :
Participe : laquât, mis, contraction de laquaet; laqueat (mé-
tathèse) ; lequeat, Cathell 3, 5 (assimilation régressive, d'où
par contamination Icquaet, laequaet).
Présent: groear, on fait, Cathell 33, grear, Catholicon b,
s. V. veniin (métathèse) ; graeoinp, nous faisons (mélange des
deux formes du radical, gra- et grc-).
Imparfait : great, on faisait (métathèse) ; yea, il allait, gréa,
il faisait. Dans ces deux derniers mots, il n'y a pas métathèse
directement, mais imitation analogique des autres personnes
telles q^uQ great Qi léon. ieann, yAl^is, greami, je faisais, pour
graet, etc.; car ae final ne devient pas ea. Une analogie du
même genre se trouve dans le moy. bret. quea, va, d'après le
pluriel *queat ; voir sur ces mots mon Glossaire moyen breton,
s. v. leach, quea.
1 10 E. Ernault.
Impératif: graeomp, faisons (mélange de gra- et de gre-^ cf.
greomp); gruemp (contraction de grucomp, cf. denip, « allons »,
et « à nous » de dcomp).
23. Ce qui distingue le plus en moyen breton la conju-
gaison des thèmes verbaux en a, en dehors de la 3'' pers. sing.
du futur, c'est qu'ils gardent cet a quand il est final et aussi
quand la désinence commence par une consonne; dans ce
dernier cas Va est souvent changé en e. Exemples
groa, il fait ; groa, fais !
Icqiiesot, tu mis, gresoinp, nous fimes, gruesocb, vous fîtes,
grmsont, ils firent, groasenn, j'aurais fait, etc. ;
gruehet, vous ferez, graher, on fera, grahenn, je ferais, etc.
Je ne compte pas ici les formes comme groahinip, nous fe-
rons, grahint, ils feront, dont 1'/; vient, par analogie, de celui
de gruehet.
24. Les thèmes verbaux en eu et en 0 gardent leur voyelle
dans les mêmes conditions.
Quand il y a contraction, si la première voyelle l'emporte,
il n'y a pas de confusion possible avec les thèmes en a : dent,
venu, de deuct; (deut, vous venez, Quiquer, 1626, Ann. de
Bret., III, 247; pa deur, quand on vient, Instr. Christ., 105);
troff, je tourne, rof, je donne, de roajf, cf. comique rof,
gall. r/;o/" (Gramm. de Davies, 2" éd., p. 141), et tréc. rôt,
donné. Le cas contraire se présente rarement; exemple: rtx, tu
donnes, = léon. nv-;cf. r^:^, tu fais, de *o-roat'~, en comique
reth.
25. Smiajf, je vais, et groaff, je fais, à qui mon(c)t et obcr
servent d'infinitifs, tous les verbes qui ont un thème en a font
l'infinitif en at, plus rarement a; mais la réciproque n'est pas
vraie.
La terminaison -ai indique un thème en a, quand elle a une
variante -aat, -ahat {ce qui est rare en moyen breton, mais
on peut s'en rapporter à cet égard au léonais -aat^; ou bien
-hat. Le plus souvent aussi, -at après une consonne double ou
une forte comme p, c, t, indique un thème en a.
Exemples de thèmes en a: crethat, cretat, garantir, prés.
crcta (mê ho cretay, je vous plaigerai, Quiq., 102); hihanhat,
bihannat, bihanat, amoindrir, part, -haet; trugarecat, remercier,
Etudes bretonnes. 1 1 1
prés, -cca (fut. -ecay, Quiq. 57), et même amiaplat, faire ami-
tié, de amiahl, aimable, cf. v. bret. meplaom, être confondu,
de * mebl-ha-om ; âencssat, approcher, dcnessa, approche! cf.
dinessait, approchez, Q., 24; ho roiaii!ti.'lc~ dinessect, que votre
règne arrive, e tinessai, il arrivera, Prcp. d'ar inaro, 69.
L'orthographe -aat est assez fréquente dans Quiquer, éd.
de 16^0: yselaat, abaisser, p. 129, dou::aat, adoucir, Jessaat,
allaiter, 130, tostaat, approcher, 132, to'âf/^af, devenir obscur,
140, gouassaat, empirer, 141, yac'haat, guérir, 146, chue~aat,
sentir, 163, pasaat, tousser, 165, nettaat, nettoyer, 154, qui-
taat, quitter, 160, plenaat, unir, 167. Il emploie aussi -abat :
cassahat, haïr, 147; -bat, -al: bardi:^nat, oser, i^^, gouacquat,
amoUir, 131; -eat : marc' beat, chevaucher, 91 (cf. viarc'baet,
vous chevauchez, 90; niairbeomp, chevauchons! 91). Le Bris
écrit aussi -aat, mais trugarecaat, remercier, n'a que 4 syll.,
Prep. d'ar maro, 100, et aa indique simplement un a long
accentué, dans hennaac, quelconque, 46, 68, 69, cf. peur-
bennâc, toutes les fois que, 10 1, bcnnac, 68, 69 {taan, feu.
Chai, ms., v. bontefeii). On trouve en trécorois -aet : gzuasact,
empirer, Hist. 200, kaeraet, embellir, 215, covessaet, confesser,
Me:^ellour an ineo, 162, 165, lakad, mettre, 3 syll., Quellien,
229. Autres infinitifs, beaucoup plus rares : laoucuai, réjouir.
Le Coat, S' Luc, XV, 24 et 32; hiwénah, à Kérity en Goello,
Ann. de Brct., III, 636.
Exemples de verbes en -at qui sont de la i" classe, en
moy. bret. : gruyat, coudre, prés, griiy; labourât, travailler,
impér. labour ! mcnnat, demander, prés, menu ; dinisaî , parler,
diuis.
26. Les verbes à l'infinitif en a ne présentent qu'une forme
caractéristique de la 2"" classe en moyen breton {essay\ mais
nos textes n'en fournissaient pas d'occasions.
Dans le dialecte de Tréguier, où je ne vois pas que les
thèmes en a aient empiété sur les autres, on conjugue comme
tels les verbes qui expriment l'idée de rassembler, de recueiUir,
comme pésketa, pêcher, kistina, ramasser des châtaignes, tao-
:^eta, glaner, nij^Aa, chercher des nids ; ou de mesurer, comme
dornata, prendre à poignées, marc bâta, marchander, talnieta,
tâtonner pour chercher (depalmata), blaseta, goûter, c boues' ta,
112 E. Ernault.
flairer; troieta, tourner et virer (part, troictaat, Hist., 171); ou
de pourvoir, comme bouda, nourrir, kerc'ha, fournir d'avoine
(un cheval), jista, pourvoir de cidre, mesa, faire paître, etc.
On lit dourea ma marc h, abreuver mon cheval, Quiquer,
102, dourait, abreuvez, 100; le P. Grég. écrit doura, abreu-
ver. Cf. tanvca, goûter (2 syl. ), Jac, 88^; et marc'heat,^ 25.
Le P. Grég. donne boëta, part, boctëct, foire paître; ba~ata et
ba::^atâ, donner des coups de bâton, part. ba~atet et ba~atéet.
Ces sortes de verbes sont les seuls qui puissent avoir à l'in-
finitif ^ï à la lois dans tous les dialectes bretons et en gallois.
Ils donnent lieu, de même que ceux (a)at, à des dérivés qui
gardent cet a : je crois qu'il faut analyser léon. pcshet-a-er,
pêcheur, dour-a-er, porteur d'eau, vendeur d'eau, goap-a-er,
moqueur, van. amoncnn-a-our, marchand de beurre, etc., et
non pesket-acr, etc., Etudes grammaticales, 39. Les mots léon.
breutaer, plaideur, evnetaer, oiseleur, en moy. bret. brcutaour
(de breutat, plaider), e:^netaer (léon. cvneta, chasser les oiseaux),
ne peuvent pas avoir le même suffixe que impalaer, empereur,
moy. bret. eiupala::^r. Il y a eu confusion entre les deux suf-
fixes d:ins iuipa lad ur es, impératrice. Chai, ms.; cf. rasspaour,
pi. -aerion, grapilleur, de rasspa, part, -aétt, prés, -a, grapiller,
L'A.
27. Il est donc très possible qu'on ait conjugué comme
thèmes en a, en moy. bret., les verbes tels que pesqueta et
pesquetaff, pêcher; marchata et -taff, marchander; palfuata,
manier ; gopra, louer, douarha, acquérir des terres, tescouha et
-hajf, glaner (pet. Trég. teskoa, part, -ât^ ; bocbataff, souf-
fleter; boeta et -taff, nourrir. En giWoïs bzvy ta, nourrir, et lla-
drata, voler, sont aussi des thèmes en a. Le Catholicon donne
brihadal, embrasser, diff"érent de bryata, bryatât, part. -îéet,
Grég.; cf. briatffc, il embrasserait, Coll. Peng., I, 131.
Les deux terminaisons d'infinitifs de la 2" classe, -(h)at et
-(h)a ont cela de commun qu'elles ne peuvent être précédées
d'une consonne foible. Les mots moy. bret. cloedat, herser,
I. Esea, essayer, 2 syl., Bt^he::;^ sant Gwennoté, éd. Luzel, p. 142, est sans
doute une faute d'impression pour essa, que porte le ms. celt. 62 de la Bi-
bliothèque nationale.
Etudes bretonnes. 1 1 5
ada, hadajf, semer, etc. appartiennent nécessairement à la pre-
mière classe. Il en est de même sans doute de arat, labourer,
part, ^//r/ (pet. Trég. /J.), bien qu'on lise cc'h hara, il laboure,
Conferançoii (ancienne édition publiée sous Charles X), p. 22.
28. En bret. mod. il y a des cas où une variante -at a été
donnée à des intinitifs en -a plus anciens, par suite de la su-
périorité numérique des verbes en -at dans la 2^ classe : tahva
et tahvat, goûter, Grég., moy. br. tajfha, taffhaff; aç^aëa et
ceç:(dt, essayer, Grég. (essât, Moys., ijo, pet. Trég. esâ, parti-
cipe esât), tréc. kerc ha (Hingant, 108) et hrchât, fournir
d'avoine, etc. ; van. eistra, pêcher des huîtres, l'A., eistrat,
Vocal), nouv., Vannes, 1863, p. 22; pisqnctat, pêcher, 21,
mcisclat, pêcher des moules, herheUihat, pêcher des maque-
reaux, etc., etc., 22; isîrcih, eistra, Grég., cf. chivrietat,
pêcher des crevettes, i?ey, Celt., III, 58^, etc.
29. Il n'est pas possible de savoir directement si les dou-
bles infinitifs blasbat et hla:;ajf, goûter, peuchat et peocha, pa-
cifier, en moy. bret., correspondaient à des thèmes diflerents.
Il y a des cas plus clairs ; comme noasha, il nuit, infinitif
noassat, à côté de noaso, il nuira, inf. mas, noasaff. Cassât,
haïr, au prés, cassa Cb, v. gueleuiff, ne peut expliquer le con-
ditionnel cassent, ils haïraient, de * cashcnt et non * casahent
(cf. lacabe) ; mais il y a un autre infinitif, caset, qui n'est pas
un thème en a: cf. ca:^, il hait, Maunoir, Tciiip] consacret, 160.
Coujjhat, penser à, tait au prés, cojfa, fut. coiijjhay ; l'impératif
couf et le conditionnel coiifhenii se rattachent, au contraire, à
l'infinitif <:()/7a/ (cf. gallois cojfâu et coffa). Un composé de ce
verbe, ancoffhat, oublier, part, aiicouffhaet, impér. ancoujha, est
incompatible avec ancoiijfhet, vous oublierez, que vous oubliiez
(cf. kqiicljct) et aiicoiijfhenii, j'oublierais. Mais, d'une part, ces
formes ne peuvent se séparer de celles du verbe simple que
nous venons de justifier; cf. Imm couffhet nam ancouffhct (je de-
1. A Sarzeau, de cl)îvnet,^\. de chîvr, ibid. CInvre, non traduit ^4««. de
Bret., V, 265, rend le franc. « salicot, saliquoque », dans le dict. de l'A.,
ir: ctièvreenn, pi. chivre « chevrette, petit poisson )>, ibid. ; ctievrenn, pi.
chivr, Troude ; pi. clièor, P. Grég.; chiffrétesen, pi. chiffrètès, du Rusquec;
pet. Trég. chevreten, pi. clievrelet ; pi. chévret, Vocab. (van.) 22; cheffretes,
Focab. nouveau, 6« éd., Quimper, 1778, p. 25.
Revue Celtique, XI. 8
(14 E. Ernault.
mande) que vous songiez à moi et que vous ne m'oubliiez
pas, B 494. D'autre part, on trouve l'infinitif exigé par la
théorie, ancofua, quoiqu'il ne soit employé que comme nom :
« oubli ». L'infinitif cojfha, songer à, était en même temps
substantif: coujjha, le souvenir; le gall. coffa a les deux sens.
Le représentant gall. de l'infinitif breton coujfhat est cojjdd, qui
n'est que substantif comme les autres mots en (h)âd.
En pet. Trég. on dit tosteign, approcher, bien que ce verbe
se conjugue comme ceux en at.
30. En Tréguier les thèmes en a font souvent dominer
cette voyelle dans les contractions : pet. Trég. bop ma kosâs
inosantâs, plus tu vieillis plus tu deviens bête ; dourât, abreuvé;
de même goapâr, moqueur, etc.
31. Il n'y a guère d'exemples de confusions entre les deux
classes de verbes, en dehors du vannetais, sauf les cas de dou-
bles thèmes, distincts à l'infinitif.
On peut citer e^ rencqear, il faut, on doit, Gram. de Grég.,
3, et Dict., s. V. être, repas ; rencqeat, rencqeët, qu'il faille, Dict.
(ce qui concorde avec le participe vannetais rekeit, dû, Loth,
Rev. Celt., VI, 511, cf. renca, il doit, Chai, ms, v. charge,
falloir, et retiqua, v. accroître, admissible, devoir'), à côté de
rencqer, rancqer, Dict. de Grég., et vann. riket, dû, de renc-
qout, rancqout, falloir; pligeat gant Doiïe, Dieu veuille, Grég.,
de pligeouî, plaire ;aqiiiteal (il s'est) acquitté, Almanach du
père Gérard, 1791, p. 77, int. aquita, ibid.; dleat, dû, Grég.,
variante dedleët, ibid., inf. dleout, amenée par l'imitation ana-
logique de lecqeat, lecqcet, mis, inf. lacqaat.
Cette analogie a donné lieu à toute une conjugaison nou-
velle, dans le x erhe savetei, sauver, Grég., Le Bris, Reflexionou
profitabl, Quimper, chez Y.-J.-L. Derrien, p. 364, Mis maë
par G. L..., cure Taulé, Brest, 1836, p. 285, savetei, Sarm.
22, sovetaï, Serm. 23, zpvetei, Pév. m. E. anc. 155, savatein,
Expl. I, 175, etc., dérivé de savete, sûreté, du v. fr. sauveté;
part, saveieël, Grég., saveieat, id., prés. :^oveta, Pév. m. E.
anc. 216, fut. savetaio. Mis maë, 289; à'où.Vin'nnmi savetat,
Moys., 222, :(ovctdt, 173, sovetat, Rimou, 53, etc. Dans Doue
d'e Tuvetai, que Dieu le sauve, Moys. 162, le verbe peut être au
futur ou à l'infinitif, cf. § 6.
Etudes bretonnes. 1 1 5
32. En vannerais, les trois groupes de la 2^ classe n'en
forment plus guère qu'un seul : dan, je viens, ran, je donne,
se conjuguent comme ^m;7_, je fais.
Il y a ici évidemment une part d'analogie : si dan pour
deuah, rah pour roah et les 2^' pers. dès, rès, plur. det, ref, peu-
vent s'expliquer par des contractions, aucune loi phonétique
ne rend compte des 3" pers. du sing. da pour deu, ra pourro^
qui ont pris la voyelle de gra. Cf. ra, il donne, dans une
chanson cornouaillaise, à la rime, H. de la Villemarqué, La
légende celtique, 1864, p. 317.
On lit a :^efia, qui vient, dans la partie léonaise du Celtic
Hexapla, VII, 9; mais l'auteur vannetais de cette traduction
a commis bien des méprises, par exemple dans la même
phrase, ar ré péhini a ~d_, ceux qui sont, pour ar ré péré a -^ô
(ou mieux ar ré a :(o); son a ~eî'ia pour a ■:;eû n'est sans doute
qu'une imitation arbitraire du vannetais e ::^a.
La confusion des verbes « fliire » et « donner » est complète
dans certaines variétés vannetaises : à Batz on dit me goua, je
donne, part, gonat, goiiet, fait, donné, Et. sur le dial. de B.,
24; à l'île de Groixgreit, donnez, Loth, Ann. deBret., IV, 105.
^}. Quelques verbes du 3'' groupe gardent pourtant Voii la
3^ pers., comme gortah, j'attends, gorto (impér. gorta, Mart.
Castelf.,SS,Hlst'.J.-C., 96).
D'autres n'ont pas de contractions : scoafi, je frappe, troan,
je tourne, ce qui les fait ressembler aux verbes de la i""^ classe.
A vrai dire, ils forment une classe intermédiaire, qui a dû
contribuer à la confusion. Leur 3'^ pers. sing. du présent est
régulièrement sco, tro; mais ils font aussi scoa (Mart. Castelf.,
GG, 128), troa, par imitation des thèmes en a. Discocin, mon-
trer, fait souvent au part, discocit et au prés, discoa (Martired
Castelfidardo , 205), bien que l'A. donne disscoétt et dissco.
On Ht hum ::j.scou, il se montre, Hist. J.-C, 66, et hum
^iscoa, 67.
34. La i'^ classe se conjugue ainsi au présent : caran,
j'aime, caves, car ou carë (avec e mi-muet d'origine française,
cf. Rev. Celt., IX, 378, 379); caramb, caret, caratit.
Ce paradigme est identique à celui de la 2* classe, sauf la
3^ pers. sing. ; et nous avons vu que les verbes en -oein hésitent
I i6 È. Ernault.
entre les deux formes (sco ■== car; scoa, cf. gra, da, ra); cf. ce
qui a lieu au futur, § 14.
35. Comme pendant au vannetais carei, il aimera (§ 16),
on attend, d'après ce qui précède, cara, il aime; cette forme
existe. M. Loth la donne, Essai sur le verbe néo-celtique, 65,
dans un paradigme « armoricain » ; elle serait mieux à sa place
dans celui qui suit, !'« armoricain vannetais ». Cf. bas-van.
colla, il perd, Loth, Rev. Celt., VII, 199; marna, il meurt.
Annales de Bretagne, III, 641 ; e gousca, il dort, e gonta, il
compte, Mélusine, IV, 452, ^01 ;pretein, dîner, a hreta, qui
dîne; er silien bac er serpant a gonhla, a varra « l'anguille /mjy^
avec le serpent », Chai, nis ; heulia, il suit, Hist. J.-C, 131,
194; et même en haut cornouaillais e :^igouca (le bien) qui
(me) revient, A}iu. de Bref., III, 637.
Je crois qu'il faut séparer le breton cara, il aime, du gallois
cara, il aime, il aimera, et du v. irl. no chara, il aime, parce
que cara est propre au breton moderne ^, et à un seul dialecte,
au vannetais, où cette forme se rattache à tout un ensemble
d'imitation des thèmes en a, dans la conjugaison des autres.
Remarquons que la phonétique de ce dialecte présentait une
cause spéciale de confusion. Lors même que la contraction
donne une apparence identique à des formes de nature diffé-
rente, les autres dialectes les distinguent au moyen de l'accent:
tréc. hcrc'hàt, chercher, kerc'hat, donner de l'avoine. Mais
l'accent vannetais, se portant généralement sur la dernière syl-
labe, rend impossible cette distinction.
36. L'influence de la V classe sur la 2" se montre au pré-
sent comme au futur (§ 16). Exemple : pêl, il éloigne, Livr bu-
gaJé Mari, 412; (l'A. donne péella, inf. pceUat et péelkin, nous
avons vu au futur léon. pello et pellaï, § 17); cf. splan, il
brille, 423, splanna, id., 420 (infin. splannein, 418).
I . On peut objecter que le v. bret. atesiiauha gl. nauseantein (Stokes,
The Acadcmy, 1890, p. 45) répond au gall. a lysnafa « qui rend une matière
muqueuse »', inf. Ilys7iafu, v. bret. {inced-)leslncuioyn {hsluaued gl. nausiam
= gall. llysiiafedd, mucosité, de llws, pi. llysoii, limon, chose visqueuse, v.
br. hisoii gl. tramitem, et br. moy. dinou, verser). Mais IV; de la terminaison
est un indice de thème en a, ci. v. br. Jemhaam, j'aiguise, etc. \ il a dû y
avoir un autre 'n\ï\n\\\i*]esnauhaoni, cf. § 25.
Etudes bre'tonnes. 1 1 7
37. La confasion des deux classes de verbe au présent n'est
d'ailleurs pas assez complète en vannetais pour empêcher de
les distinguer, même aujourd'hui, en tenant compte des di-
verses variétés. Au xyiii*^ siècle le Dictionnaire de l'A. le fait
par£iitement. Il donne pour chaque verbe la 3^^ pers. sing. du
présent la plus régulière : car, il aime, coll, il perd, inarhuë, il
meurt, tro, il tourne, etc. Il est obligé de constater da, il
vient, ra, il donne ; mais par ailleurs il n'indique un a final
que dans des verbes qui y ont réellement droit, comme dcura,
il abreuve, inf. dcura et dcurcin.
38. L'a des terminaisons de caraiiih, nous aimons, carant,
ils aiment, est-il dû à l'analogie des thèmes en a, comme
gramb, graiit ? Cela paraît assez vraisemblable. En effet, le
moy. bret. a toujours ici -onip, -ont ; le vieux breton a de
même oin (docordoniui, gl. arcemus), et on (imguparton, se
abdicant^). Toutefois, il y avait aussi, à cette dernière per-
sonne, une terminaison aut : condadJaut, gl. conducunt, Aca-
demy, 1890, p. 46, cf. gall. dadlniit, ils discutent. Le comique
n'a point a : crcsyn, nous croyons, crcsons, ils croient; le gall.
ne l'a qu'à la y pers. : crediun, credant.
Les autres dialectes bretons ne présentent que très rarement
un a à ces places : léon. be~amp, nous sommes, be:{ant, ils
sont, variantes de lk':^o)np, bc:;ont, données par Grég., Grain.,
88, et produites sans doute par quelque phonétique spéciale.
Le petit Trég. hani, nous allons, qui se dit en même temps
que eom, semble venu de ha, il va, par imitation analogique
des rapports de hc, il allait, à Inm, nous allions, etc. Cf. van.
e niant, ils sont, de la 3'' pers. sing. c tna ; en 1693, é maint
et é niant (Loth, A)in. de Brct., III, 412).
Si carainb provenait phonétiquement de caronip, on ne voit
pas pourquoi le vannetais n'eût pas changé également oinb,
nous sommes, en *anib, ce qui n'a pas lieu. Comme régime
d'une préposition, on trouve aussi -oinb, nous, plus souvei:it
I . La racine de ce motetde f^//y'a/7/;gl. ramota, gupartolaid, privilège, etc.,
est restée en bret. moderne dans dibari, choisir, Grég., = gall. dybarthu, sé-
parer, comique dybartljx, id., et dans le van. debeairh, m., contingence, l'A. ;
le sens de ce dernier peut provenir de l'idée d'ci échoir ».
n 8 E. Ernault.
que -amb^ cf. Gram. de Guillome, 91; cette dernière forme a
pu être amenée par l'influence de la terminaison verbale. L'o
ne devient pas a non plus dans chou, besoin, l'A. On trouve
en van. de 1693 deliivnp, nous devons; e homp, nous sommes;
a Jmiuimp, de nous ; iic ellant, ils ne peuvent, et autres formes
en -ant, Auu. de Brct., III, 411, 413, 412.
On lit en bas-van. skoont, ils frappent, Bai\. Br., 382.
39. La 2*^ pers. sing. de l'impératif, en vannetais, est géné-
ralement semblable à la 3" pers. sing. de l'indicatif présent; il
en est de même de la i'''^ pers. plur. des deux temps.
La 3"^^ pers. du sing. et celle du pluriel n'ont qu'un para-
digme pour tous les verbes.
A la 2" pers. du pluriel il y a deux terminaisons, d et eit :
caret, aimez, mais giveit, faites, deit, venez, reit, donnez,
scoeit, frappez.
L'origine de la diphtongue ei est ici bien claire : elle vient de
ai, et appartenait d'abord en propre aux thèmes en a, d'où
elle a passé aux autres groupes de la 2"" classe, comme cela a
eu lieu au futur : moy. bret. ioaussail ! goapeyt ! Cf. vann.
goapeit.
40. En moy. breton, les terminaisons -et et -it s'emploient
indifleremment pour la 2"' pers. plur. de l'indicatif présent et
de l'impératif; il en est de même dans les dialectes modernes,
saut que quelques-uns, comme le trécorois, ont des préférences
pour la prononciation -et. Le vannetais a fait ici une répartition
spéciale dans les thèmes en a. Il dit caret, vous aimez, caret,
aimez, mais goapet, vous vous moquez (pour goapaet) et goa-
peit, moquez-vous (pour goapait). Des thèmes en «_, cette
forme eit devenue propre à l'impératif s'est répandue dans
toute la 2^ classe de la même façon que la terminaison ei du
futur; mais elle n'a pas gagné la i''' classe \
41. En revanche, elle a donné lieu à une forme nouvelle
de participes, propre aussi à la 2^ classe, et inconnue aux au-
tres dialectes. D'après le rapport de caret, aimez! à caret,
I . Le trécorois présente des traces d'une répartition semblable ; il a
quelques rares formes en -eit qui s'emploient exclusivement à l'impératif:
pet. Trég. tostcit, approchez, o-or/^//, attendez, reit, donnez (on dit aussi /oj-
tdet, gorlôet, réel, comme à l'indicatif).
Etudes bretonnes. i ic)
aimé, on a dit (^oapeit, moquez-vous, goapeit, moqué ; de là,
par la même filière analogique tant de fois constatée plus
haut, deit, venu, rcit, donné, scocit, frappé, etc. Cette termi-
naison de participe ne sort guère de la 2*" classe. On lit pour-
tant dishcil, appris, ranneit, partagé, Livrhug. M., 419, cf. 28;
diskéit se trouve en 1734, Atin. de Br., III, 320. Ce mot peut
avoir subi l'influence de discoein, montrer, cf. § 16. Goiwit,
gagné, Baix. Br., 383, pour goncet, de gone~et, a été influencé
par les mots comme lakeet, lakeit ; cf. § 3 r .
A Batz on dit plus souvent -eit que -ef, sans distinction de
classes; mais c'est la conséquence d'une phonétique particu-
lière : redeit, couru, cf. rcdcit , courir, rcit, il court {Etude,
p. 6, 25).
La terminaison -et est assez fréquente au participe en van-
netais à côté de -eit : cairétt et caireitt, embelli, l'A. ; grocit,
groit, fiiit, en 1693, groétt rime -étt, et groeïtt, r. -élt, en 1734,
Ann. de Bret., III, 411, 412, 424. On trouve rarement -cet,
comme en Léon : hrauéct, embelli, Manuel, 39 = hràucit,
Vocah., 1863, p. 76.
En dehors du vannetais je ne vois qu'une forme analogue;
c'est deit, venu, qui se dit en pet. Trég. et surtout en Goello
en même temps que dent ; cf. Quellien, 115.
Le Dict. de l'A. àonwQ eétt, allez, et oueitt, allé; la Grain.
de Guillome a oiteit dans les deux sens; celle de Grégoire a
en van. eit et ouëit, allé, p. 72.
Uo de ce participe d'un thème en a lui est probablement
venu de l'analogie du verbe gra, il fltit (de g roa), groeit, fait;
cette analogie était fivorisée en vannetais par une foule de
rapports spéciaux à ce dialecte entre les thèmes en a et ceux
en 0. Le P. Grég. cite en vannetais ràïi et roeih, donner, part.
reit et roëit ; on sait que ce verbe fait au présent ra, il donne.
42. Les imparfaits vann. careti, j'aimais, gren , je faisais,
den, je venais, gorten, j'attendais, qui se conjuguent d'une
façon uniforme, montrent les deux classes réduites à une seule,
la première. Il reste pourtant une trace du y groupe de la
2'' classe, dans quelques formes comme troen, je tournais,
scoen, je frappais.
43. Il en est <\t mlniie du passé défini à la personne la plus
I 20 E. Ernaiih.
usitée (la Y du sing.): caras, p-as, âcis, gortas, — troas,
scoas. L'abbé Guillonie ne donne pas d'autre personne, et on
lit dans VEssai sur le verbe nco-ccllique, p. 69, que « les Van-
netais, à cetemps, neseservcnt quede la forme analytique »,
c'est-à-dire impersonnelle. Il y a pourtant aussi les autres per-
sonnes ; la seule dont la désinence commence par une voyelle,
est la première du singulier : me chiielis (depuis) que je vis
cela, Chai. ms. ; bas-van. gwek:^, je vis, Bar~a~ Brei^, 383 ; au
xviir^ siècle lariss, je dis, ncvlliss, je ne pus, Loth, Rev. Celt.,
VII, 344, vers 113, 109. Je n'ai pas trouvé d'exemples dans
des verbes de la 2"-" classe. Voir § 46.
44. Les deux premières personnes du singulier du futur et
la 3^ du pluriel ont en vannetais la diphtongue ei, sans dis-
tinction de classes, sauf que le y groupe de la 2^ garde parfois
son 0 :
carein, j'aimerai, grein, dein, gorleiii, — troein ;
caret, tu aimeras, grei, dei, goriei, — troei ;
careint, ils aimeront, greint, deint, gorteint, — troeinf.
Cette dipiîtongue a-t-elle passé de la 2*" classe à la i''' ? Ce
n'est pas probable pour la i""" pers., le moy. bret. -(^don-
nant phonétiquement -f/;/, eiii, en vannetais: melein, louer, je
louerai = nieiilif.
Pour la 2"" pers., cela paraît vraisemblable, 1'/ final ne de-
venant fi que dans quelques variétés dialectales, cf. Rev. Celt.,
III, 52. Du reste, cette analogie ne se produit pas toujours,
M. Loth donne cari, tu aimeras. Elle ne se montre pas dans
un texte de 1693, où l'on a^ _4^fl!;'v, tu aimeras, ^m/Vj', tu dési-
reras, vy, tu seras, toiiiy, tu jureras, a gonvessy, tu confes-
seras, ^;v/o', tu feras, etc., en regard de houantey, tu désireras
(3 syll.), Ann. de Bret., III, 413, 414.
A la y pers., on trouve en 1693 -'^crvigeint, ils serviront,
ihid., 411, mais en 1734 r'uitt, ils feront, 424, ci. doiijint, ils
craindront, Manuel, 40. La diphtongue peut être aussi due à
la phonétique, et. heint, ils sont. Science er salvedigueah,
Vannes, 1821, p. 134, de int. — M. Loth donne une
i""" pers. pi. carini, sans diphtongue; de même larinip, nous
dirons. Chai. )ns., v. ample.
45 . Nous arrivons aux désinences qui commencent par une
Etudes bretonnes. 121
consonne en moyen breton, cf. § 23. En vannetais cette con-
sonne est presque toujours précédée d'une voyelle. Je crois que
cette voyelle vient, à la i'"'' classe, de l'analogie de la seconde.
46. Je ne trouve pas d'exemples vannetais des deuxièmes
pers. du prétérit.
Exemples de la i''^ pers. du pluriel : antnx^inp, nous en-
trâmes = ni a antras, et rctoiirnc::^aiiip, nous retournâmes,
Dict. ms. de Châlons, s. v. rembarquer; a pe gavc::auih, quand
nous trouvâmes. Voyage inisterius, 65 ; ma b'ùclc~ai)ib, que
nous vîmes, 54. Ue de antre:^amp peut appartenir au radical :
le Dict. de l'A. donne l'inf. antréein.
Exemples de la 3": 1° sans e, na gol:{and-i, ne perdirent-
ils pas, Rev. Celt., VII, 336, v. 44; avec e justifié par un thème
en a : chom a hre:(ant, ils restèrent. Manuel, 99 ; avec e analo-
gique : saoue:{and, ils se levèrent, Rev. Celt., VII, 336, v. 45 ;
arrihue:{ant , ils arrivèrent, Choége... a gannenneu. Van., 1829,
p. 89; ari-, Vocab., 118, e resconde:(ant-int, ils répondirent,
Foy. mist., 56; a pe uéle:(ant, quand ils virent, Histoer a vuhe
Jesus-Chrouist, Lorient, 181 8, p. 20; sortie^aiit, ils sortirent,
^2 ; discare:{ant , ils abattirent, Buhe e s., Vannes, 1839, p. 733;
(que nd) :^igasse:(ant, ils apportèrent, iennesant, ils attirèrent,
Chai, ms, v. monter; e larc:^ant-ind, ils dirent, Brediah er fé,
1861, p. 193. Cf. choége, 78, fin; 79, v. 11; 93, fin; 94,
V. 2, 17 ; etc.
]Ja de ces terminaisons -(e)::j^xmb, -(e)ant qui répondent à
-^omp, -:^ont des autres dialectes, moy. bret. -somp, -sont, a été
amené probablement par Va du présent. Le gall. dysgasant
présente donc avec le vannetais un double rapport fortuit
dans ses deux voyelles a, dont la seconde d'ailleurs ne se
trouve pas à la i''' pers. ^l.'dysgasom.
47. Ceci nous explique également l'a de la i'" pers. sing.
du prétérit vcinnetais pcgave:(^an, quand je trouvai, é chome::an,
je restai, i?fi'. Celt., V, 488; = léon. rejoun, je fis, kavcboun,
kav:{oun, je trouvai, Troude, s. v. prétérit; pa velson, quand
je vis, Suppl. aux dict. bret. , 22.
Il ne faut pas confondre avec pe gave^an, etc., les formes
van. e houlenne:^en , je demandai, 3'' pers. sing. lare^ai, il dit,
i'' pi. lah:{cah, vous mîtes, 3"^ intanm\ent, ils incendièrent
I 22 E. Ernauli.
(e tistruje:^ent, ils détruisirent, laire:;ent, ils volèrent), Rcv.
Celt., V, 488, note. Ces formes très distinctes du prétérit
concordent avec le conditionnel passé; quant au sens, c'est
celui d'actions passées, avec nuance de fréquentatifs ; le con-
ditionnel passé breton répond à ces données : cf. tréc. me a
vije, j'étais toujours, me ain hijc, j'avais toujours (durant sept
ans), G. B. /., I, 200.
48. Le conditionnel vannetais est presque toujours terminé
en -ehen, et le conditionnel passé en -e:;en. M. Loth a donné
de Ve qui précède 1'/; dans carchc, il aimerait, etc., une expli-
cation fondée sur l'accent, Rcv. Cclt., VII, 236. Je crois qu'il
y a là plutôt un fait d'analogie semblable à d'autres du môme
genre que nous venons de constater. Pour juger de la forma-
tion de ces deux temps, où le détail des désinences des per-
sonnes ne nous importe pas ici, nous y joindrons la 2^ pers.
plur. du futur, qui offre une particularité semblable, l'insertion
apparente de cet e où l'on a vu une « voyelle irrationnelle ».
Fut. carehet, vous ^nvutXQz; f^rehct, débet, gortchct ; — troehet;
cond. carchetî, j'aimerais; grehcii, dehen, gorteben (^Manuel, 40);
— troehen; cond. passé care-en, j'aurais aimé, lake:(eah, vous
mîtes.
Ce dernier temps n'est pas signalé par l'abbé Guillome;
M. Loth en donne le paradigme, Méni. de la Soc. dcLing., V,
138, 139. En voici des exemples (cf. §47): negarc~cn quel, je
n'aurais pas voulu, Fox. iiiist., 64; pe gare::^eb =^p' ou pc:^é caret,
si vous aviez voulu. Chai. ms.;cil ne ve~é quet, pour qu'il ne
fût pas, Vocah., 146.
Lake:^eab n'a pas de svllabe de trop : cf. laquasc, qu'il fît
(faire), Cathell, 24; bc:^é non plus, = moy. bret. bise. Meit
mou devc~é bel, pourvu qu'ils eussent eu, n'est pas un exemple
de conservation de la dentale spirante douce, Rev. Celt., VII,
319, mais équivaut au tréc. 0 dije, de 0 devise.
Le V. br. roricscii (^-= ro ricsent /), gl. sulcavissent, montre
qu'il n'y a pas à chercher dans la voyelle c du van. care:^nt ,
ils auraient aimé, Soc. Ling., V, 139, l'équivalent du second
a du gall. carasent, ils avaient aimé.
Le conditionnel passé a souvent le sens du conditionnel
présent, hors du dialecte de Vannes. Le Gonidec et Troude
Etudes bretonnes. i 2j
ÇDict. fr. bret., s, v. conditionnel) ne font pas de différence
entre karfenn et karjenn. Mais il n'en est pas toujours ainsi :
Piou en divigc lavaret. . . ? den nel lavarje, qui l'eût dit ? personne
ne l'eût dit, Sarm., 6 ; nep a welje, on eût vu, G. B. 1., I, 174;
hri vije ar galon na oelje, dur eût été le cœur qui n'eût pas
pleuré, ma karjenn na vijenn hct, si j'avais voulu je n'aurais
pas été, Quellien, 128, 174, etc.
49. Le procédé analogique qui a fourni une syllabe de plus
à carhcn n'a pas effacé toute trace un peu ancienne d'une pro-
nonciation antérieure, comme le montrent les conditionnels
du siècle dernier : e varhutvnn, je mourrais, Rev. Celt., VII,
338, V. 52; choufrhainn, je souffrirais, 334, v. 12; aiidurhccnn,
j'endurerais, rauvachann, je ravagerais, 336, v. 35, 36, ie
gretai, tu croirais, v. 23, a tc::jrhainn, je désirerais, 320, na
gochainip, que nous ne tombions, 2 syl., Ann. de Bret., III, 426,
qui sont conformes au type primitif, contrairement à recehuc-
haimb, que nous recevions, 425, mé varhuchai, je mourrais,
Rev. Celt., VII, 334, v. 12, arrihuehai, il arriverait, 336, v. 46.
D'un autre côté, cette addition d'une voyelle par analogie
n'est pas absolument propre au vannetais; en voici des exem-
ples en d'autres dialectes, au conditionnel : tréc. huanadefe, il
soupirerait, Bai^. Br., 222, cornouaillais dastumefe, il recueil-
lerait, 143, rannafe, il se briserait, 236; a hadéfé, il durerait,
Ahnanach de 1877, 27j néc'hla:(éfent quet, ils ne verdiraient pas,
30, a gresquefé, il accroîtrait, 39 (ce verbe peut être un thème
en a en vannetais, où il a deux infinitifs, cresquein et crescat,
Chai, ms, cf. fut. e gresquei, MartiredCastelfidardo, 225; mais
hors du vannetais il n'a que le correspondant du premier).
50. De même au futur: cornouaillais ma ho pj-allefimp-ni ,
que nous les mettions en branle, Bar:^. Br., 28z|.; a ::^entefec'h,
vous obéirez, 179; tréc. respontefomp, nous répondrons, Expl.
I, 185; perisefet, vous périrez, 260; profitefet, vous profiterez,
272.
Nous avons vu, § 23 , qu'en moy. bret. la i""^ et la 3^ pers.
plur. du futur prenaient quelquefois par analogie Vh propre à
la 2" plur. de ce temps et au conditionnel. En vannetais le
môme fait a lieu à la i""" pers. plur. avec changement de la
voyelle i du futur, qui devient e comme à la 2" pers. pi. et au
124
E. Einault.
conditionnel: carebenib, nous aimerons, comme careheinb, nous
aimerions, d'après carehet, vous aimerez. Je ne vois pas d'exem-
ple vannetais de la forme antérieure *carhet ; car dans birhui-
qiiin n'er havétt, jamais vous ne le trouverez, Rev. Celt., VII,
338, v. 60, le verbe est au présent, cf. Rev. Celt., IX, 380.
Mais il y en a une forme analogue au futur * carhemb : on lit
saludhaimb, nous saluerons, Rev. Celt., VU, 350, v. 184.
51. La contamination des thèmes verbaux différents par
ceux en a était favorisée en vannetais par l'influence des deux
verbes gra, il fait, et da, il vient, dont le second n'est pas en
a dans les autres dialectes. On connaît l'emploi de gra comme
auxiliaire; sans être aussi fréquent, celui de da, ailleurs ^^«,
est bien plus important qu'en français : cf. hep dont d'o esperni,
sans (venir à) les ménager, Moys., 247; dre bere e teu d'hon
avcrtissa (paroles) par lesquelles il nous avertit, Imitation...
J.-C. en cornouaillais, chez Lédan, 1836, p. i; Doue a deuio
dlio pean, Dieu vous le rendra, Quellien, 193, etc. Carein e
ra, il aime, a pe -a dchou carein, quand il aime (litt. quand
vient à lui aimer), fut. carein e rei, a pe :;ei dehou carein, con-
ditionnel carein e rche, a pe :^ebe dehou carein, etc., ont con-
tribué sans doute à fiire dire quelquefois cara, il aime, carei,
il aimera, carebe, il aimerait, care:^e, il aurait aimé, au lieu de
car, carou, carhe, carse. Il faut tenir compte aussi, pour ces
deux derniers temps, d'un autre auxihaire, le verbe être, qui
n'est pas un thème en a, ni même un thème originairement
en e, mais qui s'est confondu phonétiquement avec ces der-
niers. Il n'est pas nécessaire d'expliquer par une voyelle irra-
tionnelle le première de anavehe, il connaîtrait, Rev. Celt., VII,
236, même avec un m'nnmî anavo ut et non anaveout, puisque
c'est un composé de bout, être, dont le conditionnel est régu-
lièrement zv/a^'////, ypeis.vcbaifRev. Celt., VII, 338, v. 61, 67).
(A suivre.)
E. Hrnault.
UATH BEINNE ETAIR
The foUowing taie, which is now published for the first
time, is préservée! in the wellknown I5th century MS. Har-
leian 5280, fo. 35 a, 2 — 35 b, i. I know of no other copy.
ThoLigh there is no heading to it, O'Curry (MS. Mat. p. 587)
has rightiy identified it as the Uatb Beinne Etair mentioned
in the hst of taies, LL. 189 c, 28, as one of the uaiha, or
taies of hiding (uatl} « retirement », O'R., not « cave », as
O'Curry thought).
To the student of Irish literature this short taie will be of
peculiar interest. It is evidently an isolated épisode of the Os-
sianic taie knownasthe Tôruigbeacbt Dhianiiudaagus Ghrainne,
edited and translated by Standish H. O'Grady in the Trans-
actions of the Ossianic Society, vol. V. The curions fact
now présents itself that, while this taie as a whole has corne
down to us in quite a modem form only, the oldest MS., ac-
cording to Jubainville, Catalogue p. 249, dating from 1736,
an épisode of it should be found in a MS. of the I5th cen-
tury ^
But we can date the existence of this taie or, at least, of its
main motive even further back than that. We know that the
story of Diarmait's and Grainne's love was sung of as early
I . It is worth mentioning, however, that no such épisode occurs in
O'Grady's text; nor would it fit in vviih the narrative of that version. The
Hill of Howth lies quite outside the route pursued by Diarmaid and Grainne
in theirflight fromFinn. But then leabadlia Dinar uiada agus Grainne are to
be tound throughout Irehind, according to a modem legend even as many
of them as there are days in a leap-year (Joyce, Irish Names of Places, I,
P- 329)-
126 Kuno Meyer.
as the iith century. In the gloss upon the Amra Choluimb
Clîille the following quotation occurs in illustration of the
Word diutcrcc :
Ut dixit Grdinne ingen Cormaic fri Find :
Fil duine
frismad buide lemm diuderc,
aratibrinn in m-bith buide,
huile, huile, cid diubert ^
« As Grainne, daughter of Cormac, said to Find :
There is a man,
on whom I were thankful to gaze long,
for whom I would give the fair world,
ail, ail, though it is a fraud ».
Thus it is évident that in the iith century a poem existed
, in which Grainne confesses her love for Diarmait to Finn,
perhaps in reply to his proposai of marriage. There is again
no incident like this in O'Grady's version.
A second point of interest is raised in connection with the
fine poem contained in our taie. A poem almost identical
with'it in its opening and last lines occurs in another Ossianic
taie, copies of which are preserved in two MSS. of the I2ih
century, LL. 208 a, 11. 37-52, and Rawl. B. 502, fo. 59 b,
2. The story is shortly this. Find and one attendant, Mac
Lesc, i. e. « the Lazy Lad », find themselves alone one night
in Slieve GuUion, separated from the other members of the
fiann. Find orders his attendant to fetch water, who excuses
himself on the ground of the terrible state of the weather, in
verses beginning :
1. Rawl. B. 502, fo. 56 a, 2. The reading of LU. p. 7 b, and of the
Liber Hymnorum, Goid. 2 p. 159, varies slightly. Eg. 1782, fo. 6 b reads:
Fuil duine
fr/ssbud buid/;i Hnn diûdcrc,
ara tibrainn in bith buid/;e,
a mfl/c Muire, cid diub^rt.
Uath Beirine Etair. 127
LL. ■ Fuit co brdth !
Ro ddil in donend ar cdcli, •
is dth cach n-ettrigi n-dn
ocus is lind Idn car/; n-dth.
« Cold till Doom !
The storm has spread over ail,
A river is every bright furrow,
And a fuU loch is every ford.. »
The poem after that differs from that in our taie, but it re-
turns to the lirst word (fuit « cold ») in the same phrase :
Rawl. fo. 60 a, i : congab donenn dar cac/; leth,
conna abair nech acht fuit.
« The storm has settled on every side,
So that no one says anything but « cold ! »
Hère the story ends in LL., but in Rawl. it goes on to say
that Find tells his servant that he is lying, and begins on his
part to praise the f^iirness of the weather and season in a
poem beginning :
« Summer has come, fair and free. »
Mac Lesc then had to fetch the water, and when he retur-
ned, he was bound naked to a standing-stone by Find, and
was left there till the morning. « Since when there was
not in the fiann a man quicker and more unwearied than
he. »
It would be difficult to say, to which of the two stories the
poem originally belonged. Probably to neither. The LL. and
Rawl. story is evidently merely a frame to set the two poems
in, which are kept quite gênerai. On the other hand, in the
case of the Uath Beinne Etair, the mention of places so far
from the scène of action as the vale of Newry and Moylurg
seems to tell against the assumption that the poem origi-
nally belonged to the taie. Thèse facts rather seem to show
that the taie was invented for the sake of the poem, revealing
128 Kuno Meyer.
an interesting feature of folk-lore. A poemexists in connection
with somc story. The poem, or at any rate part of it, is re-
membered, while the context isforgotten, or no longer consi-
dered interesting. A new story is invented, towhiclitlie poem
is suitcd, and in which it is inserted.
In conclusion, a few words on tlie language of our text will
not be out of place. Its spelling, possibly based on dialectic
varieties, is very peculiar. Thus p is used for b; ph for in-
fected b; ndo, udc, ndi are written for dô, dé, di ; au is written
for a before m, g, cb, pointing pcrhaps to Munster as the home
of the writer. di is found several times for the verbal prefix do.
The following rare words occur.
aistrech « unsteady », 1. 46. aistrioch « inconstant », O'R.
from Shaw. go haisdreach, Battle of Moy Leana, p. 84, 3.
From astar « journey ».
bridn « a hillock », 1. 15. bri .i. tulach, brîân .1. tulachan,
H. 3. 18, p. 64 b.
caimper, 1. 62 .i. coimlonti .i. fer is gnath ac imguin i càni,
H. 3. 18. (cf. cam .i. comhlann, O'Cl.). Like W. camp
and caïupiwr borrowed from A. S. camp.
cluthar, 1. 65, for clithar « shelter, recess ». Cf. a clithar
diamuir a édaig, Eg. 1782, fo. 21 a, i. cuan clutharmhin,
Battle of Moy Leana, p. 48, 29.
cuibiur, 1. 49. cupar .i, senén, Corm. p. 13. cufir .i. sineoin,
ib., p. 63. cubhar, cufar, cuphar .i. senéun, « an eagle »,
P. O'C. ; « a hawk » O'R. Can this word be contained in
capercail:je ? The usual explanation capall caille looks like
a popular etymology.
curpha, 1. 18 ?
datdn « fosterfather », 1. 70. datan .i. aiti, Corm. p. 73.
demh, 1. 18, « protection, shelter » deimh f. O'R.
di, 1. 9?
diuais, 1. 65 ?
doinenn « storm », 1. 26. Anfli mara, doinionn tire, Eg. 158,
fo. 79 a. Cf. soinenn « fair weather ». sina .i. sonenna,
Goid p. 164. sith la sonind 7 sobarthan, LBr. 132 a, 5.
£tth « raiment », 1. 19. foth .i. édach, O'Dav. p. 85.
ar liarLeid « athwart, across », 1. 20. dar tiarlait na faichthi,
Uath Beinne Elalr. 1 2q
LBr. 215 b, 49. ib. 216 a, 15. ar fiarlaid crichi sa;ruaisli
saxan, Rev. Celt., X, p. 188, 7. Cf. fiarut, fiarldn.
frac « hand », 1. 58. frag .i. Idmh, O'Cl.
forti « a cloak », 1. 68. ti .i. brat, Corm. p. 41, and cf. for-
bratt, fortcha (= for-tuga).
fuit « cold », 1. 21. 56. fuit fuacht, Corm. p. 10, s. v. culpait.
langaim « betray », l. 61. lang .i. brég no mebul, Eg. 1782,
fo. 15b. lang .i. meabhal, O'Cl. gaileng .i. gualang .i. gua
brég 7 lang fell, H. 3. 18, p. 42 b. Cf. Corm. s. v. gaileng.
lethanchlaiss « broad-braided », 1. 68. P. O'C. Cf. clais « a
streak, a stripe ».
ris « a story », 1. 7. riss .i. cach scél 7 faisnés; risse à\no À.
scéla, Corm. p. 39. risi .i. scelaigi, LU. 8 a.
sincreth « an old woman », Lu.
tuirigin « tongue », 1. 60. tuirgin .i. tur gina .i. tenga,
Corm. p. 42. tuirighin .i. teanga, O'Cl.
[UATH BEINNE ET AIR.] .
Fechtus diaraiu/je D'iermait macDmnn i Duipni ind-uai/M
Pennl hEdair ier m-breith Gmindi ingeni Corma/c ar ai-
ihed o Finn. Pai cailliuch lae D'iermait ind mhuid s/We oc
a forairiu in cech du a m-pid/;. Luid in ca.iï[iiich isan
5 uamaidh immauc, co m-pui for mullach Pendi Edair. Co
n-acai ind oen-oclach dia soigid. Is e dhio pui ann, ind rig-
fendid. Vochtus int sentonn rise nde. « Totocmarc-sai td-
nac », ol Finn, « 7 cais adp/;dT^ deis dit, \\ocus is^ed is
ail dauw, do di at oen-bé ocwm ». Credis int sentonw fgrpo
10 Finn 7 tingeullwj ndo at/?al degniw. IsedrusiW Finnfz^Vri,
DiermflîzV di nxakned ndo. Foem//i" int si^zcreth sin do,
\\ocus dop/;fc'/r a ti font sali, hociis lot isan uaiw iarom.
Fochtus Diarmfl/7 iniiiis nabé ndi. « Is cuphus dini », ol i,
« nacb hcusai riam 7 nach cechla a fiu ar uairi 7 ain-
15 ^benaibh. Oir dileth an rend t/zr na brianaip/;, hocus ni fil
I . adhper MS.
Revue Celtique, XI. 9
1 5o ^'/'//o Mcyer.
maug minreid/; inJ-Elgai uili nach fuil sruth rod routmald
ew gach da fut/;irp/?i md », ol i. « Ocus ni hgaidh sc" no
curp/Ai a n-Er///n dem/; ind-uai?;î ma i n-aildu ;/o a n-
ailén nô i n-inp/;^;- an Falmoig/;. » Crot/;us a fat/; co lirr-
20 naid/; ar fiarUdd na huam/;u hocus rocan na run;/// ^a sis.
. ' « Fuit, fuid !
ar^rt in snechta. 'nas an slm/'_,
noc/;a roic/;enn fiad/; a cuid.
25 Fuid co hrathl
Rwi-dail in doinen« ar cach,
apon^7 cech ettrichi a Lui,
hocus is linn la^? gacb n-ath.
As muir mor gacb loch phis lân,
30 hocus is loch làn gacb linn :
ni roic/;it eic/; tar Atb Rois,
1 ni mo roic/;it di cois inn.
SiupW ar iasc Inse Fail,
ni [f ]uil traïcb nacb tiprai ton« ;
3 5 a m-proccaibb nicotfl' proc,
ni leir doc, ni lap^r corr.
Ni fagaid coiii Coildi Cuan
siL77t na suan a n-adbpaid con :
ni fagann in dreen - becc
40 din da net a Letricb Lon.
Asmait/; do mcnpaid na n-en
in gaeth ger 's a[n]t oïcbred fuar :
ni fagban/z lon drom bad ail,
din a toib i Co'ûltib Cuan.
1. inosz MS.
2. With two dots overthe fïrst e to indicate that the word is dissyllabic.
Cf. Drccn ïïnaig inniain câcli, LBr. loS b, 67. drean, ib. 274 a, 64.
Uat'i Beinne FAair. \ ^ i
45 Sadail ar cairi da drol,
aisdr/c/; ar Lonletnch cro :
dimi;/aig snechta coild c/;é,
decair drci;;; rc [vnnaib/; ^ pô.
Cuibiur Glindi Ridi riii ( ) ^
50 on gosit/; acher^ dogeip len:
mor a tn^aige ocus a pian,
int oiccreud dosia 'na bel.
Eirgi de colcaid 's do clmin
— tucc dit' u'idh ! — noca ciall duit :
55 imwad n-aigr/d ar cecli n-atii,
isse fat/; fan-aprann « fuid ». F. u. i. t.
Luid int sentonn amauc iersin. Imta/a Graindie im-
morro, rorait/;id an sentuin/î ar n-imdir/;f 7 douce a frac
amac/j lassota/n for an tiuMach pô imbpe, Iwrw^ denfwc
60 for a tuiridin, ^^onfuair plais na tret/;no for a ti. « Dirsan,
a Diermflf/Y », ol i, « rolancc in sennin fort, \\ocus atr^îig
co cr/p hocus geub do erriud caimp/r imbat ! » Togene
Dierma/Y sin. Lod immauc/; ïvisoiain \\ocus Graùidic leis.
Con-acatwr and rifen/àd/; co fianaip i/;/me ina n-dof/;wm.
65 Diuais Diermd// seucha ïor in rein [i]m Eriiin, co n-acuu
i// noi a clut/;ar in rwain 'na comfoc«5'. Luid hocus Graïmiï
ina (ocbraib ind. Ocnceile ar a cind isin luingin co timtach
saine?;zail i;;nne, co forti let/;anchlaiss orb/;uide ur a for-
mna sechtcàr, hocus isse po in^ sin : Oengus an Procc/;ai,
70 datan Dfrmatai, tain/r:dia oirc/;is£r/;/ on nairne s'in i raib/;ae
6 Find 7 6 fianaib Erenn. Finit.
THE HIDING OF THE HILL OF HOWTH.
Once Diarmaid, son ot Donn the grandson ot Duibne, was
1 . Or p^rnnaibh? The p is crossed under the Hne.
2. rûi with sign of abbreviation and dot. The word raust rime with
gceith in the next line.
l athr MS.
I ^ 2 l^uno Meyer.
in thc cave of the Hill of Howth \ aftcr having carricd oft
Grainne, the daughterof Cormac, in elopement from Finn. An
old woman was with Diarmaid at that time, watchingover him
wherever he would be. The old woman went out of the cave,
and when she was on the top of the Hill of Howth, she saw
an armed man coming towards her alone. It was the war-
rior-king. The old woman asked tidings of him. « To woo
thee I hâve come », said Finn, « and the cause I will tell thee
afterwards, and what I désire is that thou shouldst live (?)
with me as my only wife. » Thc old woman believed the
words of Finn, and promised him todohis will. This is what
Finn desired of her, to betray Diarmaid to him. The old hag
consented to this, and she put her cloak into the sait water, and
thenwentinto the cave. Diarmaid asked how shejvasso (wet).
« I confess, » said she, « I never saw or heard the like of it for
coldandstorms. For thefrost has spread over the hillocks, and
there is not a smooth plaininall Elga, in whichthere isnota
long restless river between every two ridges », said she. « And
no deer or raven(?) in Erinn finds shelter in a cave or in any
other place, or in an island, or in a bay of Fâlmag ». Craftily
she shook her raiment across the cave, and sang thèse staves :
« Cold, coid !
Cold to-night is the broad plain of Lurg-,
Higher the snow than thc mountain-range,
The deer cannot get at their food.
1 , One day last August, Mr Henry Stokes, ot Dublin, and I spent some
time in discovering this cave, which is situated on the Cliffs, about half a
mile to the west of the Lighthouse. I say « discover », because it is not
marked on the Ordnance Map. nor did some of the oldest people on the
peninsula, whom wel asked, know of its existence. The reason of this is
that the cave is now destroyed, having been blown up at the beginning of
the century by order of tlie Government, doubtlcssly because it had repea-
tedly served as a hiding-pluce for fugitive rebels. Among others, Hamihon
Rowan lav concealed in it for some time, before he escaped to America.
The entra'nce, which faces the sea. is still perfect, while the roof has hllea
in and the interior is completely tilled up with the débris. As this is the
only cave on Howth, there can be no doubt as to its being the leaba Dhiar-
miida agiis Ghrainne of our taie.
2. Mag Luire (Lorcmag, LL. 48 a, 10) « Moylurg », nowthe Plains of
Boyle, co. Roscommon.
Uath Beinne Etair. 1 33
Cold till Doom !
The storm lias spread over ail :
A river is each furrow upon the slope,
Each ford a full pool.
A great sea is each loch, which is full,
A full loch is each pool.
Horses do not get over Ross-ford,
No more do two feet get there.
The fishes of Inis Fail are a-roaming,
There is no marge nor well of waves,
In the lands there is no land,
Not a bell is heard, no crâne talks.
The hounds of Cuan-wood find not
Rest nor sleep in the dwelling of hounds,
The little wren cannot find
Shelter in her nest on Lon-slope.
On the little company of the birds has broken forth
Keen wind and cold ice,
The blackbird cannot get a lee ^ to her liking,
Shelter at the side in Cuan-woods.
Cosy our pot on the hook -,
Crazy the hut on Lon-slope :
The snow has smoothed the wood hère,
Toilsome to climb by kine-horned staves ' .
Glenn Rigi's -^ ancient bird
From the bitter wind gets grief,
1 . Lit. « back « or « ridge ».
2. Lit « our caldron troni its hooi< ».
5. Lit. « by the horns of kine ». Sucli staves are still nuicli uscd in the
Highlands.
4. The Vale of Newry, co. Armagh.
I J4 ^'""0 Me\er.
Great her misery and her pain,
The ice will get into her mouth.
From flock and from down to rise
— Take it to heart ! — were folly for thee :
Ice in heaps on every ford,
That is why I keep saying « cold » ! »
The old woman went out after that. As for Grainne, when
she noticed that the old woman had gone, she put out her
hand on the garment that was about her, and put it on hei
tongue, and found the taste of sait on her cloak. « Woe, oh
Diarmaid ! » shecried,-« the old woman has betrayed thee.
And arise quickly and take thy warrior's dress about thee ! »
Diarmaid did so, and went out, and Grainne with him. Then
they beheld the warrior-king with the fianna around him co-
ming towards them. Diarmaid glanced(?) aside on the sea
around Erinn, and saw a skiff in the shelter of the harbour
near him. He and Grainne with him went into it. One man
was awaiting them in the little boat with a beautiful raiment
about him, with a broad-braided golden-yellow mantle over
his shoulder behind. That was Oengus of the Brug, the fos-
terfather of Diarmaid, who had come to rescue him from the
night-watch(?) which he was in from Finn and the fianna
of Erinn.
Kuno Meyer.
Liverpool, November 1889.
After the above was sent to press, I found in the Bk of Lecan, fo. 181 a
2, a taie about Find and Grainne, which has not yet been pubHshed. The
beginning is : Luid Find hua Baiscne do thochmorc Graindi ingine Cormaic
hui Chuind. . Adbert in ingen na gebad tindscra aili uadh acht lanamain
cacha fiadmil[a] robai 'san Eri do thobairt i n-nsnimain co m-beith ar tua
na Temra. — Caihe cosluath accomphshes this, and Grainne is wedded
to Finn, but retains her hatred against him. The taie ends on fo. 181 b, 1,
with an obscure dialogue between Grainne and her father, and some gê-
nerai reflections of Finn on the married state.
K. M.
LES
ANCIENNES LITANIES DES SAINTS
DE BRETAGNE
Dans le numéro de janvier 1888, p. 88 et suiv. de la Re-
vue Celtique^ M. Warren a publié des litanies de saints con-
servés dans un psautier du x^ siècle, faisant partie de la biblio-
thèque du « Dean and Chapter of Salisbury ». M, Warren a
mis en italiques les noms de saints bretons; ces noms, selon
lui, ne se trouvent pas ailleurs, et, pour leur identification, il
aurait fait d'inutiles recherches. Or, la plupart de ces noms
se trouvent ailleurs, et M. Warren aurait pu en identifier un
certain nombre, s'il avait été au courant de la liturgie et de
l'hagiographie bretonnes. En comptant les litanies publiées
par lui, on possède aujourd'hui quatre séries d'anciennes litanies
contenant des noms de saints bretons. La plus anciennement
publiée l'a été par Mabillon dans ses Fêtera Analecta (nou-
velle édition, II, p. 669). Suivant Mabillon, elles dataient à
son époque d'un millier d'années ; il les a extraites d'un ma-
nuscrit de Reims. Elles me paraissent du même âge que celles
de M. Warren, à en juger par la forme des noms bretons, c'est-
à-dire du x*" siècle. D'autres litanies ont paru dans Les Vies des
Saints de la Bretagne armorique du père Albert le Grand, réé-
ditées par M. de Kerdanet en 1837, d'après un missel ma-
nuscrit, dit de saint Vougay, conservé dans l'église de la pa-
roisse du même nom, dans l'ancien évèché de Léon (p. 298-
300). Suivant M. de Kerdanet, ce missel est un manuscrit
156
J. Loth.
in-folio, sur vélin, de la même date que le cartulaire de Lan-
dévennec ; il contient 46 feuillets sur deux colonnes. On y
remarque des notations de plain-chant. Ces litanies me pa-
raissent en effet plus récentes que les autres. Une troisième
liste de noms de saints a été publiée par M. D'Arbois de Ju-
bainville, dans la Revue Celtique, III, p. 449, d'après un ma-
nuscrit du XI'' siècle. Ces quatre séries de litanies se complètent
et parfois se corrigent les unes les autres. Je les publie ici, par
ordre alphabétique, en les désignant par le nom de ceux qui
les ont publiées. Je fais suivre cette liste de remarques sur
chacun des saints. Les noms ont été assez souvent défigurés,
ou quelquefois peut-être mal lus. Je n'entre pas dans le détail
des sources ni des vies des saints ; il faudrait un gros volume
pour le faire. Je me borne à restituer, autant que possible, la
vraie forme des noms et à tenter leur identification.
IVarrcn
Mabillon
Kerdanet
D'Arbois ,
Armine
Bachla
Bachla
Becheve
Bodiane
Bili
Brangualadre
Branwalatre
Brangualadre
Brigita
Brioce
Brioce
Brioce
Budmaile
Brioc
Caoce
Carnache
Caoc
Catoce
Citawe
Catroc
Conocane
Conocane
Courentine
Courentine
Chourentine
Courentin
Dir[c]ille
Dircille
Deriane
Dirchil
Ediunete
Idunete
Eneuere
Flocan
Germane
Germane
Gilda
Gildas
Gildas
Gueganton
Guengualoe
Guinwaloee
Guingualoee
Guingualui
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne.
n?
U^arren
Mabillon
Kerdanet
D' Artois de J.
Guenleue
Guidguale
Guoidwale
Guidguale
Guoidiane
Guidiane
Guidnoue
Guidnoue
Guodnou
Guiniaue
Guiniau
Guinnoce
Gulhuinne
Gurgualr
Gurthierne
Hoeiardone
Huardone
Hoeargnoue
Huarneue
Hoiarnbiu
Hoiarnuine (lege
Hoeiarninne)
lahoiue
larnhobri
leaguele
Iliaue
Iltute
lubudoc
ludicaele
Judicaele
Judicale
ludoce
lunanaue
luti
Leubri
Leutierne
Loutierne
Lohene
Lisure
Loviau
Macloue
Machlove
Macute
Maccent
Matith
Melani
Melani '
Melore
Meleor
Meuinne
Mevinne
Meguinne
Munna
Munna
Munna
Ninnoca
Ninnoca
Paterne
Paterne
Paterne
Paterne
Patrici
Patrici
Patrici
Paule
Paule
Paulinine
Paulninan
Petrane
Petran
Pinnuh
Racatc
Racat
Rawele
138
J. Lolh.
JViirren
Samson
Tearnmaile
Toconoce
Tutgucde
MabiUoti
Samson
Serwane
Serecine
Ticiawa
Toninnane
Trifina
Tutwale
Kerdanet
Riaucc
Runare
Samsone
Siiliaue
Teconoce
D'Arhois de J.
Rethgualt
Ronan
Salmon
Samsoni
Suliau
Tutsual
Armine. Ce saint m'est inconnu. Il y a lieu de craindre qu'on
ne soit en présence d'une erreur de scribe, ou que ce saint
ne soit pas breton.
Bachla. Peut-être saint Balay, disciple de Winwaloe, honoré
à Penflour, près Châteaulin (De la Borderie, Annuaire hist.
et archéol. de Bretagne, 1862, p. xxii). Bachla a dû donner
Bala comme Machlow, Malo, comme tnachtetb « servante »,
mate:^, comme Mochdreh, Mot reff (près Carhaix). Je ne sais,
il est vrai, si on prononce Bala ou Balé.
Bechevc. On a fait de ce saint Vio et Fougay ou Vouga. Sui-
vant Kerdanet, on prononcerait son nom dans le pays de
Saint-Vouga, Veho, Vec'ho et Vezo. Si Ve:^o existe, c'est
une forme analogique. A Priziac, canton de Faouët, Mor-
bihan, Bechevus est le patron ou un des patrons de l'église
paroissiale : on prononce Bchièzu, forme régulière de l'ancien
nom. Sur ses actes, v. Albert-le-Grand, éd. Kerd., p. 296;
cf. BoU. II, 15 juin, p. 1060.
Bill. Aurait été évèque de Vannes, d'après le bréviaire de Van-
nes, imprimé en 1660. Une chapelle lui était dédiée à
Plaudrcn (Pouillé de Vannes dans le Cart. de Redon ; cf.
Dom Lobineau, Vies des saints de Bret., append. Saints
inconnus). Ce nom est bien connu en vieux-breton. C'est
un nom de baptême encore en usage dans le pays de Van-
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 1 59
nés. Il est entré dans la formation de plusieurs noms de
lieux.
Badiane. Pourrait bien avoir donné son nom à Saint-Bedan,
paroisse de l'ancien évêché de Saint-Brieuc (Dom Lob.,
Saints inconnus). Saint-Bedan est dans une zone de langue
française depuis le xi" siècle peut-être : il est fort possible que
le d n'ait pas subi la mutation pour cette raison.
Brangnalatre, Bramualatrc. Ce saint me paraît le même que
saint Brelade de Jersey et saint Broladre de l'ancien évêché
de Dol. Il a donné son nom à Loc-Brévalaire, dans le pays
de Léon, au xvr' siècle, Loc-BrcvaIa:{r, ce qui mène à une
forme vieille bretonne Brewalatr et probablement Brenwalatr
ou Braniialatr. On a identifié ce saint avec saint Brendan
et, en eifet, Loc-Brevalazr est traduit en latin par Monas-
terÏHDi saiicti Brendani (v. de Courson, Fouillé de Léon,
Cart. de Redon, p. 579). Dom Lobineau (Saints inconnus)
en constatant qu'une paroisse de l'évêché de Saint-Brieuc
porte le nom de Saint-Brandan, remarque que ce saint est
appelé simplement Bran dans les registres de la réformation
de la noblesse de Saint-Brieuc (cf. pour saint Brieuc les
noms Briocus et Briomaglus). Pour Brelade, Broladre et
mieux Breladr, le tr, dr n'a pas subi la mutation, le breton
ayant disparu de bonne heure dans l'évêché de Dol. Le
pouillé de Dol, du xiv^ siècle, mentionne la parocchia 5''
Broladrii.
Brigida. Sainte Brigitte, l'irlandaise. Son culte était fort ré-
pandu en Bretagne. Elle a donné son nom à Samte-Brigitte,
commune du canton de Cléguerec, Morbihan (en breton
Birhictt), à Loperhet (Locus Brigida), en Cornouailles.
Brioce. Saint-Brieuc. V. BolL, i^''' mai, I, p. 92-94; Dom Lo-
bineau, Vies, p. 11-19; mss. Bibl. publ. à Rouen, n° 79;
Bibl. nat. franc. 22321, p. 613. Brioc était honoré aussi en
Cornouailles anglaise (Saint-Breock or S. Briock en Pyder,
Davies Gilbert, History of Coriiwall).
Budmaile. Probablement le même que Bothmael, disciple de
saint Modez (saint irlandais dont le culte a été un des plus
répandus autrefois en Bretagne). (Dom Lobin., Vies SS.,
p. 84, d'après le Bréviaire de Léon) : à moins que ce ne
no J. Loth.
soit saint Budoc, beaucoup plus connu : pour Budoc, Bud-
mail, cf. Brioc, Briomaglus. Budoc a donne son nom à
Beuzec? il y a un Budock en Kerrier, Cornouailles anglaise
(sur S. Budoc: v. dans Lobin., p. 127, d'après Chron.
Saint-Brieuc et vieux bréviaires ; Bibl. nat. franc. 22321,
d'après Bréviaires de Léon et Dol.)
Caoce. A donné son nom à Langueux et Tregueux, évèché de
Saint-Brieuc (Tregueux est en 1129 Tre-guehuc, A. de
Barthélémy et Geslin de Bourgogne, Anciens évêchés de Bre-
tagne, IV, 309; Lan-gueu est pour Lan-geuc, Lan-caoc)?
Carnache. Peut-être saint Carné, qui a donné son nom à une
paroisse, Saint-Carné, au sud-ouest de Dol. On en a fait en
latin Carnetus sur C^r77tf (Fouillé de Dol, cart. Red.). Carné
pour Carnachus s'expliquerait facilement en zone française.
En tout cas Carnach paraît être le saint irlandais Carnechus
(v. Colgan, Acta Sanct., p. 782).
Catoce. Saint Cadoc, qui a laissé son nom dans Pleu-Cadeuc,
Morbihan. On l'identifie avec le saint breton Cado. En
breton, Cado se prononce Cadaiv, ce qui ferait supposer une
forme Cataïuos. Dans le Cart. de Quimperlé, il est fait men-
tion d'une vie de Cado, sous le nom de Catuodus (Cat-
vodu). Cadoc, Cadawc est un nom de saint bien connu des
hagiographes gallois. Sur les vies anglaises, v. Duffus Hardy,
Descript. catal. I; cf. Boll. 24 janv., II, p. 602-606; Dom
Lob., Vies, p. 30.
Catroc. C'est le saint qui a donné son nom au prieuré de Saint-
Cadreuc, aujourdjiui village de Saint-Cadreuc, paroisse de
Ploubalay, ancien évèché de Saint-Malo (le pouillé de
Saint-Malo porte Cardroc, erreur évidente pour Cadroc), et
à Saint-Carreuc, trêve de Pledran, ancien évèché de Saint-
Brieuc. Sur Catroc, v. de la Borderie, Les Deux Saints Ca-
radec, Paris, 1883 (le nom de Cadroc a été maladroitement
changé en Caradoc.)
Citazve, pour Citiaiue. Saint Kigeau, le sanctus Kigavus, du
Cartul. de Quimperlé. Pour Citiaiu = Kijaiu, cf. Ratian =
Rajen, dans La-rajen en Coray, autrefois Lan-Ratian ; Tu-
tian = Tujan, dans Lan-Dujan, auj. Landugcn en Callac;
Pritient = Prijcnt. Ciliaw est prob, le même saint que le
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 141
gallois Keydiaiu qui a donné son nom à Cappel Ceidio
(Myv. arch., p. 417 et suiv.).
Columcille, Columhane. Saints irlandais connus.
Conocane. Saint Conogan. Les bréviaires de Bretagne mettent
sa fête au 15 octobre. Il y a une église de Saint-Conogan
près Landerneau (v. Dom Lobin., Vies, p. 55, d'après le
Brév. de Léon; Boll., 15 oct., VII, p. 36) ; cf. Cart. Lan-
dév., 41.
Courentiiie. Saint Corentin (en breton Caiurintiii), d'après la
tradition bretonne, le premier évcque de Cornouailles (v.
Dom Lobin., Vies, p. 50-55, d'après les Bréviaires de Nantes,
Saint-Bricuc etDol; ms. Bibl. nat., 12665, ^ol- -3*^j ^^i'^-
tranç. 22321, fol. 728, d'après Brév. Saint-Brieuc et
Nantes.)
Dircilh.
Deriane. Il est fait mention de Derrien et de son compagnon
Neventer dans la vie de saint Rioc, comme d'un saint person-
nage (Kerdanet, Vies des Saints, p. 29). Derrien est un
nom breton bien connu; dans le Cartul. de Redon, il a la
forme Dergen; Neventer a laissé son nom à Plou-neventer
(cf. le nom de lieu gallois Caer-Nevenhyr.)
Ediunete. D'après le Cart. de Landevennec (charte 2), Ediunet
était frère de saint Winwaloe; il habitait près de la mon-
tagne de Nin (Châteaulin, Castel-Lin pour Castel-Nin). Il
a été confondu avec saint Ethbin, ce qui peut provenir d'une
fausse lecture : au lieu à'Ed-iunct, on a pu lire Ed-uinet,
Ed-vinct (v. Ethbin, Dom Lob., Vies, p. 118).
Eneuere. Eneiuor est le patron de Plonéour, près Quimper,
dans le Cart. de Landevennec, Plebs sancti Eneguori, et
PIucii Eiieuur. Ce nom est à rapprocher de Eneuiri que
donne une vieille inscription chrétienne de Grande-Bretagne
(Rhys, Lectures^ p. 401).
Flocan, pour Frogan. Frogan a donné son nom à saint Frogan,
en Léon (Dom Lob., Vies, p. 46), ou saint Fregan, trêve
de Guiseny (c'est le même que Fragan père de Winwaloe).
Germanc. C'est saint Germain d'Auxerre honoré en Grande
comme en Petite-Bretagne.
Gilda. Saint bien connu. La forme bretonne de son nom est
142 J. Loth.
GweJtas (vannerais Gueltas : u'avec coloration //); il a donné
son nom à plusieurs lieux. La vie la plus ancienne de ce
saint a été écrite au xi*" siècle par un moine de saint Gildas
de Rhuys (sur les sources imprimées et manuscrites, v. J.
Loth, L'Emi^rat. bretonne, p. 245-246).
Gueganton. Le calendrier de saint Méen (xV siècle, ap. Dom
Lob,, Vies, p. 13) met la fête de saint Gucguenton au
10 mai et lui attribue XII leçons. Ce nom est donné sous
la forme Winganton (Wiunganton) dans les Script, hist.
franc, III, p. 344.
Guengualoe. Le nom sous sa forme la plus ancienne est Win-
waloe. On retrouve son nom dans Locunolé, Finistère
(BolL, 3 mars, I, p. 250-261; sur les sources, v. J. Loth,
L'E migrât, bret., p. 286.)
Guenleue. Erreur de lecture pour Guenhaek?
Guidguak, Guoidiuale. La forme la plus ancienne de ce nom
estWotvval ou Woitwal (Vita Vodoali, Bibl. nat. lat. 1762e,
fol. 25, x" siècle). Son nom se retrouve dans Locoal, près
Vannes, en 1037 Locus sancti Guituali, en 1387 Sanctus
Gudwalus. Guotwal a donné régulièrement Gu:{iual et Goal.
(Sur ce saint, v. BoU. 6 juin, I, p. 728; sur les sources, v.
J. Loth, L'Emigr., p. 247.)
Guoidiane, Guidiane. Probablement saint Gozien, disciple de
Winwaloe (sur Gozien, v. Dom Lob., Vies, p. 47). 11 y a
un saint Guilhian ou Gothian, en Cornouailles anglaise (Da-
vies Gilbert^ Hist. of Cornwall).
Il est foit mention de saint Guedian dans la Vie de Gur-
thiern, du Cartul. de Quimperlé. Ses reUques auraient été
transportées, lors des invasions normandes, à Groix, avec
celles des saints Winwaloe, Guenhael, Idunet, Symphorien,
Tenenan, Paulennan, puis retrouvées au milieu du
xi^ siècle, du temps de Benoît, abbé de Quimperlé. On
trouve le nom de Guedian sous la forme régulièrement
évoluée de Goezian, dans le Cart. de Quimper (Bibl. nat.,
9891, fol. 38 v°). Un comte Guedian apparaît aussi dans la
plus ancienne vie de saint Samson.
Guidnoue, Guodnou. Saint Goueznou, qui a donné son nom à
Lan-Gocsnou, aujourd'hui Gouesnou, ancien évéché de Léon.
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 14^
L'ancien bréviaire de Léon met la fête de saint Goe~}ioveus,
évêque de Léon, au 25 octobre (Dom Lob., Vies, p. 112-
113 ; BibL nat. franc. 22321, p. 733). La forme la plus an-
cienne du nom se trouve dans la vie de S. Paul Aurélien,
premier évèque de Léon, suivant la tradition bretonne :
Woednovius (Revue Celt., V, p. 11, d'après un ms. du
x*" siècle). Woednovius avait le surnom de Toiuocdocus , nom
qui se retrouve dans saint Toue:;;ec, patron d'une chapelle
près de Saint-Brieuc.
Guinnoc. Saint Giuinnoc ou Winnoc, suivant la plus ancienne
forme connue de ce nom; de la famille de saint Judicael;
est honoTé à Bergues-Saint-Winnoc, en Flandre. Sur ses
actes, V. Mab. aa. o. s. Bened. sitcul. III, I, p. 302-314;
Dom Lob., Vies, p. 165. Le nom de ce saint apparaît dans
Lan-Wennoch, auj. Leiuannick, Cornouailles anglaise (Da-
vies Gilb. Hist. of Cornwall).
Guiniaue. Peut-être le saint qui a laissé son nom dans 5' Winnoiu,
Cornouailles anglaise (Davies Gilbert, Hist. of Cornwall).
Guihuinne. Saint Goulven, évêque de Léon. Il a donné son
nom à la paroisse de Goulchen. La forme la plus ancienne
de ce nom est Vulvinus {Martyr, de Castellanus ; cf. BoU.
I" juillet, I, p. 126; Kerdanet, Vies, p. 367; Dom Lob.,
Vies, p. 204).
Gurgualr (leg. Gurgualt). C'est l'évêque de Saint-Malo
connu sous le nom de Gwrwall; il est fait mention de sa
fête au propre des saints de l'évêché de Saint-Malo, au 6 juin
(ap. Dom Lob., Vies); cf. ibid. p. 135; Boll. 6 juin, I,
p. 727; Bibl. nat. fr. 22321, p. 776). Il a été souvent con-
fondu avec Guoitwal. Un ruisseau porte le nom de Saint-
Gurval, dans la commune de Guer, Morbihan.
Gurthierne. Saint Gurthiern est mentionné dans le Cart. de
Quimperlé, copie Maître, BibL nat. 5283, p. i. C'est aussi
un émigré insulaire. Il y avait à l'île de Groix, où il aurait
séjourné, un Loc-Gurthiern, aujourd'hui Loc-Maria; il y en
a un autre en Kervignac, près Hennebont, Morbihan : Lo-
coyarn, Loc-Gouziern^ en 1490. Il a été confondu avec
Gunthiern, prob. Cuntiern (Contigern, Cyndeyrii). Sur Gur-
thiern, v. Dom Lob., Vies, p. 49.
144 J- ^oth.
Hoeiardonc, Huardone. Saint Houardon, d'après Albert le
Grand, huitième évêque de Léon : c'est tout ce qu'en dit
Dom Lob. (Saints inconnus). Le Bréviaire de Léon men-
tionne sa fête en novembre : 5'' Hoar:^oni. Le pouillé de
Léon mentionne un prieuré de sancto Houardeno, Saint-
Houardon, une des paroisses de Landerneau (De Courson,
Cart. Redon; cf. cart. Landév., 41). Le premier terme de
ce nom composé est Hoiarn « for ». Cf. Hoeargnoue, Hoeiarn-
niuc.
Hoeargnoue, Hiiarncue. C'est le saint qui a donné son nom à
Lam-Houanicau, paroisse de l'évêché de Léon, et à Saint-
Houarno, trêve de Langoelan, évêché de Vannes. C'est à
peu prés tout ce qu'on peut dire de lui; .il a été confondu
avec le saint suivant. .
Hociarnhiu. C'est évidemment le Hoarveus des Bréviaires.
Hoeiarn-biii a donné Hoearn-veo, Hicarveo, Houarvc, fort
régulièrement. Le Bréviaire de Léon met en juin la fête de
5'' Harvei; celui de Nantes donne une forme plus ancienne :
Hoarvei. Sur Hoarvé, v. Dom Lob., \'ies, p. m.
Hoeiarnnine. Saint Isarninos, herninos. De même (\wq* eisarno-
* ïsanio-, a donné hoiarn, houarn « fer », herninos adonné
Hoiernin (plus régulier que Hoeiarnin), Houernin, Hernin
ou Herlin. Ce saint a donné son nom à Vlehs Hoiernin, 860-
866, Cart. de Red., Huerninen 833, aujourd'hui Pluhcrlin,
Morbihan; à Saint-Hernin, en Cornouailles, etaLes-Hernin,
■ 141 1, Treff-leshernin, 1436, trêve de Séghen, Morbihan
(Rosenzw., Dicî. top.); transformé par la romanonianie
de notre clergé en Saint-Germain (on prononçait Le^-ernin).
Sur ce saint, v. Dom Lob., Vies, p. 85, d'après Albert le
Grand, qui aurait puisé dans un manuscrit de l'église de
Locarn, près Carhaix).
lahoiue. C'est le lahoevius de la Vie du ix^ siècle de Paul Au-
rélien; c'est le nom d'un compagnon du saint (v. sa vie
par Wrdisten, Revue Celt., V, p. 11). On l'appelle saint
Jaona dans le pays de Léon (v. sa vie légendaire dans Ker-
danet, Vies, p. 44.)
larnhobri. Nom très breton, mais je ne vois aucun saint dont
le nom se rapproche de cette forme.
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 145
leaguale. Faute de lecture pour ledgual, forme un peu plus an-
cienne ludival, nom d'un saint, roi de Domnonée, dont il
est fait mention dans les Actes de S. Judicael, Judoc, Léo-
nor, Samson. V. Dom Lob., Vies, p. 92. La fête de Judwal
était le i" juillet. Il est fait mention dans le Fouillé de
Saint-Brieuc d'un prieuré Sancti JuguelU ÇC2.i-t. Red.).
Iliaiic. Sans doute saint Teliau. Dans la Vie du Cartul. de
Llandaf, il est appelé EUud et Teliau, Teilo. Eliud est prob.
une faute pour Eliau. Quant à Teliau, c'est Eliau, plus le
préfixe to, qui, comme le dit le biographe de Paul-Aurélien,
s'ajoutait souvent aux noms propres : Conocus, Toconocus ;
Suliau, TosuUau ; Ritien, Toriticn (y. Liber Land., p. 92-
332; BoU. 9 février, II, p. 303; Dom Lob., Vies, p. 28).
Ce saint a donné son nom à Lan-deJeau, plus anc. Lan-Te-
leau dans le Finistère et Llandàlo dans le pays de Galles.
Iltute. Saint Iltut, le saint gallois bien connu, a donné son
nom à plusieurs lieux, entre autres Aber-Ildut, Lan-Ildut,
Finistère, et Llan-ildut, pays de Galles.
luhudoc. Ce nom est breton et pourrait être pour lud-hudoc;
mais ce saint n'apparaît nulle part. C'est prob. une faute
pour ludoc.
ludicaih, roi de Domnonée. Il a des rapports avec Dagobert
(Vie de saint Eloi). Sur sa vie, v. Obituaire de Saint-Méen
de Gaël, Bibl. nat. 9889 (xv"' s.) d'après un vieux ms. de
l'abbaye; v. Dom Lob., Vies, p. 143. Sa fête se célébrait le
16 décembre. Ce nom fort commun est auj. Je-^eqiiel et
Giquel.
ludoce. ludoc, frère de saint Judicael. Sur la vie curieuse de ce
saint, V. Dom Lob., Vies, p. 152; Mab. act. s. o. s. B.
sosc. II, p. 541, d'après un ms. ante sexcentos annos manu
descripto; pour les sources, v. J. Loth., L'Émigrat. brct.,
p. 248-249.
lunanaue. lunanau est un nom très breton qui se trouve dans
le Cart. de Redon, mais je ne connais pas de saint de ce
nom. Il y a une chapelle de Saint-Junan, en Riantec, men-
tionnée en 1473 ; et une autre du même saint, qui est restée
paroisse (mention en 1184), mais au détriment du nom du
malheureux saint : c'est Saint-Aignan, près Pontivy, Mor-
Revue Celtique^ XL 10
14e J- Loth.
hihan! (Rosenzweg, Dict. iop.'). Il y avait aussi un saint
Juniavus, mentionné dans la vie de saint Samson et qui a
donné son nom à une chapelle de S:{n-\x.-Ignaw en Saint-
Aignan : Igiiaw est devenu Saint-Ignace ! !
luti. Ce saint n'est peut-être pas breton. Cependant il y a un
saint Ind ou ludveus, selon Albert le Grand, 2"" abbé de Lan-
devennec. Suivant Dom Lobineau, il ne serait que le 4'^ et
se serait appelé ludiilus (Vies, Saints inconnus).
Lcîibri. On peut se demander si ce ne serait pas le saint ho-
noré sous le nom de Lcry, d'autant plus que Lery, dans la vie
latine assez récente qui lui est consacrée, est appelé Laurus.
Leubri ou Louhri a pu être déformé par une identification
mal faite de Lcuri ou Lonri en Léri (v. Dom Lob., Vies,
p. 157 d'après un bréviaire mss. de l'abbaye de Montfort,
qui a appartenu à l'église de Saint-Lery.^
Leuiierne, Loutîerne. Il est fait mention de Leuthern, évêque,
au tome 3 des Script, hist. franc, p. 344. Ses reliques
avaient été transportées hors de Bretagne, avec celles de
beaucoup d'autres saints, lors de la grande invasion nor-
n^ande du commencement du x'-' siècle. Hugues Capet, du
temps de Lothaire, les fait transporter avec d'autres dans
une église dédiée à saint Bartholomée.
Lisure? Mauvaise lecture prob. cour Lisine : (persona) Saucti
Li:(ini de Dolou, charte de 1227, évêché de Saint-Brieuc
(A. de Barth. et Geslin de Bourg., Anciens évcchés, III, 63).
Lohene. Ce nom m'inspire des doutes. Il y a cependant un
Kos-Lohen mentionné dans le Cart. de Landév. Aujourd'hui
Ros-nocn, près Châteaulin.
Loviau. Le nom de ce saint varie entre Lcviavus et Levianus.
Il faut préférer Leviav, plus anciennement Lovinii. M. de
Garabit dans ses Vies des Saints dit qu'il existe encore en
Tredarzec une chapelle en son honneur. Il Tappelle Levien
ou Levias ; il se trompe en tout cas pour une des deux
formes, peut-être pour toutes les deux. La forme Leviau me
paraît confirmée encore par l'existence en Plumieuc d'un
prieuré dédié à saint Leviavus et portant aujourd'hui le nom
de saint Leau. Duchesne (Script, hist. Franc, III, p. 344)
mentionne avec les reliques de Leuthern, Samson, Budoc,
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 147
Gueiihael, Macut, Leonor, Tremor, Melor, Briomaglus, Co-
rentin, Winganton, dans les Fragiii. hist. Franc, que j'ai
cités à propos de Leuthern, les reliques de Leviani episcopi. Il
faut lire Leviavi.
Macblove. Saint Malo (en breton, on prononce en bas-vanne-
tais et en Cornouailles Malouî). C'est ce saint qui a donné
son nom à la ville de Saint-Malo et à d'autres lieux (Saint-
Malo, Locmalo, Morbihan). Sur les actes de ce saint, v.
Mabill. Act. s. o. B. sœcul. I, p. 177; sur les sources, v.
J. Loth, L'Eniigr. bref., p. 249-250. C'est le même saint
que Maciiiiis, quoiqu'il soit impossible de montrer comment
le saint est arrivé à cumuler ces deux noms.
Macceni. Saint autrefois bien connu en Bretagne. Il y avait
au IX'-' siècle une basilique célèbre de Saint-Maxent (Mac-
centius ou Maxenthis) en Saint-Maxent, canton de Plélan
(lUe-et-Vilaine). Il y avait une villa et un cimetière de
Saint-Maxent en Malansac (Morbihan). Le corps du saint
est transporté hors de Btetagne, à Poitiers, en 924 (Cart.
Red., pp. 184, 190, 194, 204, 284).
Matith ? Serait-ce une faute de scribe pour Matoc ?
Melaiii. Saint Melaine, le grand évêque de Rennes. Sur ses
actes, V. Boll. 6 janv. I, p. 327; Dom Lobin., Vies, p. 32;
sur les mss., v. J. Loth, L'Eiiiigr. bref., p. 250.
Melore. Saint Meloir ou Mekr a donné son nom à Saint-Me-
loir, près Dinan, à Saint-Meloir, entre Cancale et le mont
Saint-Michel, à TremeJcr ou Trcindoir près Saint-Brieuc, à
Loiiiener, au xii" s. Loc-Melaer, dans l'île de Groix; Loc-
Melar, trêve de Sizun, pays de Léon (v. Boll. 3 janvier, I.
p. 136; Dom Lob., Vies, p. 61.)
Meuinne, Meguinne. Saint Meven, et en zone de langue fran-
çaise, saint Meen. Ce saint a donné son nom à Saint-Méen
de Gael, siège d'une des plus célèbres abbayes de Bretagne,
à Saint-Méen près Rennes, à Trcineven, Plocven (anc. Ploe-
Meveii), Finistère, et à sept endroits du Morbihan. Il y a
aussi un Saint-Meiuan, dans la Cornouailles anglaise (Davies
Gilbert, Hist. of Cornwall). Sur les actes de ce saint, v. Boll.
21 juin, IV, p. 100 (d'après Albert le Grand; Dom Lob.,
Vies, p. 138; Obit. de saint Méen, Bibl. nat. lat. 9889.)
148 J. Loîh.
Munna. C'est le saint irlandais connu sous le nom de Fintan
et deMunnu ou Munna (Colgan dit Mutina; son monastère
s'appelait Tcach Munae), et qui paraît avoir joué un rôle
assez important (BoU. Oct. IX, p. 333 et suiv.).
Ninnoca. Sainte Ninnoc a laissé son nom à Lan-Nenec et
Saint-Nencc, Morbihan. Sa vie nous est surtout connue par
le Cart. de Quimperlé. Bibl. nat. lat. 5283, p. 57 (Vie
écrite en 1130); cf. Boll. 4 juin, I, p. 407.
Paterne. Ce nom a été très populaire dans les deux Bretagne
(Llan-hadarn en Galles); cinq endroits portent son nom
dans le Morbihan. Deux ou trois saints paraissent avoir été
confondus sous ce nom. Le plus connu est l'évêque de
Vannes (Boll. 5 avril, II, p. 378; Dom Lobineau, p. 10.)
Patrîci. Saint Patrice, l'apôtre de l'Irlande.
Paule. Saint Paul-Aurélien, d'après les traditions bretonnes, le
premier évêque de Léon. Voir sa vie, écrite au ix^ siècle,
dans la Revue Celtique, V; sur les sources, v. J. Loth,
L'Emigr. bret., p. 252. Il a laissé son nom dans Lampaul,
Castell-Paol (Saint-Pol-de-Léon), Paul, commune de Cor-
nouailles, etc.
Paulinine, Paulninan. Saint Paulcnnan ou Paulinan. Il est
mention de la découverte des reHques de saint Paulennan
avec d'autres dans la vie de saint Gurthiern, au Cart. de
Quimperlé.
Petrane. Le cart. de Landevennec mentionne une tribus Pe-
trani. Ce nom se retrouve dans Loc-Pe~ran, 1423, Lopéran,
1446, aujourd'hui Port-Louis, près Lorient, Morbihan (Ro-
senzw., Dict. top.). Saint-Péran est une trêve de Paimpont,
Morbihan. Petran est donné comme disciple de Winwaloe
(Dom Lob., Vies, p. 47).
Pinnuh. Si ce nom de saint n'est pas maltraité, il faut le rap-
procher de saint Pinnock, de la Cornouailles anglaise (Da-
vies Gilbert, Hist. of Corn.).
Racate. Racat est certainement pour Riacat, nom qui se re-
trouve dans Trcff-Riûgat, Cart. de Quimper, Bibl. nat.
9860, fol. 50, xiv'^ s., aujourd'hui Treffiagat, arrond. de
Quimper. Riagat était plus anciennement Riocat.
Rawelc. Cette forme est due probablement à une foute de
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 149
scribe ou de lecture. Dans une des vies de Winwaloe, le
roi de Domnonée qui est en contestation avec Fracan s'ap-
pelle Rauuahis. La forme correcte apparaît dans la vie de
Wrdisten, Riwalus. Rawale serait-il pour Riovak, comme
Racate pour Riocate ?
Rethguaït. Nom breton bien connu; se trouve dans le Cart. de
Redon. Il s'agit très probablement ici de l'évêque de Dol
appelé Rethwal et Rcstoald (cette dernière forme est incor-
recte), contemporain du pape Séverin et qui suivant les
prétentions bretonnes aurait reçu de lui le pallium (Baudri,
Chronique de Dol, ap. de la Borderie, Annuaire, 1862,
P- 157)-
Riauce. Saint Rioc. Il est foit mention de ce saint dans la
vie de Winwaloe (v. Dom Lob., Vies, p. 50; cf. Boll.
12 févr., II, p. éo2, d'après Albert le Grand; cf. Cart. Lan-
dév., 21). Ce saint a laissé son nom à Riec, et Lan-Riec,
Finistère.
Ronan. Saint Renan; a donné son nom à Loc-Ronan, près
Qiiimper, et à Saint-Renan, près Brest. V. Boll. i" juin, I,
p. 83; Dom Lob., Vies, p. 41; Bibl. nat. lat. 5275
(xii" siècle.)
Runare. Probablement Lunare, dont le nom se retrouve dans
Saint-Lunaire. Sur Lunaire ou Léonor, v. Boll. i'^' juin,
I, p. 118-125.
Samson. Saint Samson, le premier évêque de Dol, le saint le
plus connu de l'ancienne Bretagne : v. Mab. aa. s. o. Be-
ned. sœc. I, p. 165-186; Boll. 28 juillet, VI, p. 568. Sur
les sources mss. v. J. Loth, L'Einigr. hret., p. 253.
Seriuane. Saint Servan; a donné son nom à la ville du môme
nom et à une paroisse du Morbihan. C'est un saint d'ori-
gine irlandaise (Dom Lobin., Saints inconnus).
Serccine. Je ne vois d'autre trace de ce singulier nom que
dans Kos-Serecbin, charte 10, du Cart. de Landévennec.
Suliau. C'est le saint connu en Galles sous le nom de Ty-sylio.
Il a donné son nom à une paroisse de l'ancien évêché de
Saint-Malo : Saint-Suliac. La forme véritable et ancienne de
ce nom de lieu est Saint-SuUau. Les paysans français pro-
nonçant Saint-Sulia, comme pour les noms de lieux en -ac,
I <o J. Loth.
on en a fait Sciint-Suliac. C'est le même procédé qui a donné
Rotcncuf, autrefois Rotenciic, les paysans prononçant Roteneu.
Sur ses actes, v. Dom Lobin., Vies, p. no; BoU. i" oct.,
I, p. 196.
Tearnmailc. C'est le Tigernomaglus de la vie de Paul-Aurélien,
compagnon d'émigration et successeur du saint comme
évèque de Léon (Revue Celt., V, 11). L'évêque auquel est
dédiée la plus ancienne vie de saint Samson s'appelait aussi
TigeriiomaJns.
Ticia-iua. Peut-être une faute de lecture. On pourrait lire Ti-
t'uiiva et identifier cette sainte avec la sainte galloise Tydyeii,
fille de Brychan Brycheiniawc ? (lolo mss. p. 140).
Teconocc. Saint Tegonnec a donné son nom à une paroisse du
pays de Léon. C'était un compagnon de Paul-Aurélien :
Oiionoco quem alii sub additamento more gentis transma-
rinae To-qiionociim vocant {Revue Celt., V, 1 1). Sous le nom
de Coiioc, il a donné son nom à plusieurs noms de lieux
du Morbihan, du Finistère.
Toiiiinmne. Le même sans doute que saint Tencnan dont il est
mention dans la vie de Gurticrn et dans les bréviaires de
Bretagne. Le Cart. de Redon, à l'année 913, mentionne un
nionasteriinii sancti Toinnani : il faut lire Toninajii. V. Dom
Lob., Vies, p. 118; cf. Boll. 16 juillet, IV, p. 179-180.
Trifina. Sainte Tryphine, la mère de saint Tremeur, plus an-
ciennement Trechmor, forme qu'on trouve dans la vie de
Gildas du xi^ siècle ; il est aussi fiiit mention de lui dans la
vie de saint Léonor : v. Dom Lob., Vies, p. 78.
Tiitgucde. Faute de lecture évidente pour Tutguale. Sur ce
saint, voir la publication de M. A. de la Borderie, Les trois
anciennes vies de saint Tudual, Paris, 1887; et. Boll.
15 juin, VI, p. 246; Dom Lobin., Vies, p. 56. Ce saint est
honoré en divers lieux et a laissé son nom notamment à la
paroisse de Saint-Tiidual, évêché de Vannes. On a écrit
Saint-Tugdital par suite d'une fluite de lecture : un scribe a
lu Tugdual au lieu de Tudgual, forme du x^' siècle.
Une étude complète des noms de trêves et de chapelles ar-
riverait peut-être à faire retrouver les deux ou trois saints qui
Les anciennes Litanies des Saints de Bretagne. 1 5 1
se sont dérobés jusqu'ici à nos recherches. Beaucoup de vieux
saints bretons ont été évincés au profit de saints romains,
mais le peuple persiste à invoquer ces intrus sous le nom des ^
saints nationaux. Je ne puis mieux témoigner ma reconnais-
sance à M. Warren pour le service qu'il a rendu par sa publi-
cation à l'hagiographie bretonne, qu'en lui signalant une
assez plaisante erreur dans laquelle il est tombé (Tbe liturgy
and ritual of tbe Celtic cburcb, Oxford, 1881, p. 63 et suiv.).
Voulant prouver que les moines bretons armoricains avaient
conservé la tonsure irlandaise, ce qui a été vrai jusqu'au
ix"^ siècle, au moins, M. Warren renvoie à un passage de Gré-
goire de Tours qu'il ne me paraît pas avoir lu (Hist. Franc,
IX, 18). Or, les prétendus moines aux cheveux coupés à la
bretonne, dont il serait question, sont des soldats saxons de
Bayeux, envoyés par Fredegonde comme auxiliaires du chef
des Bretons du Vannetais, Waroc, lors de l'expédition qui se
termina par la défliite des Francs sous Beppolen et Ebrachaire,
en 790. Pour que les Francs ne pussent les distinguer dans les
rangs bretons, on leur avait coupé les cheveux à la mode
bretonne !
J. LOTH.
LES
GAULOIS ET LES POPULATIONS
aUI LES ONT PRÉCÈDES
DANS L'ITALIE DU NORD'
ÉTUDE GÉOGRAPHIQUE
Sommaire: ?! i. Généralités. — ^ 2. Les Ligures. — § 3. Les Raeti, les Euganei,
les Vencti, les Ombriens, les Etrusques. — § 4. Les Gaulois.
§ I . Gêner alit es .
Le pays occupé par les Gaulois dans ITtalie du Nord est
aujourd'hui presque entièrement compris dans les régions de
Piémont, Lombardie, Vénétie, Emilie et déborde légèrement
sur celles des Marches et de Toscane. Il fout y joindre hors
du royaume dTtalie le Tessin en Suisse, la partie méridionale
du Tyrol et les environs d'Aquilée dans l'empire d'Autriche.
Ce pays, à l'époque de la conquête gauloise, au commen-
cement du IV'' siècle, appartenait en grande partie aux Etrus-
I . L'idée de cette étude est due à un mémoire de M. Flechia, Di alciine
forme de' nonii kcaJi dclV ItaJia supcriore, qui a paru en 1871 et dont il a été
rendu compte dans la Revue Celtique, t. I, p. 460. La base que nous avons
prise est pour l'Italie le Di-ionario geoc;rafico postale del regno d'Italia, 1880 ;
pour le Tessin et le Tyrol, la carte de Bâcler Dalbe, 1802, et le Geographisch-
Statistisches Lexikon de Ritter. 188;.
Les Gaulois dans l'Italie du Nord.
•5^
ques : nous le savons par Polybe, 1. II, c. 17, § i; et par
Tite-Live, 1. V, c. 33, § 7-10; mais les Etrusques étaient des
nouveaux venus superposés à une population plus ancienne.
La partie occidentale était habitée par les Ligures, celle du
nord-est par les Raeti, les Euganei, les Veneti, celle du sud-est
par les Ombriens, et une partie de ces peuples avait été asser-
vie par les Etrusques, une autre était restée indépendante.
Pour se faire une idée précise de la situation géographique
de ces peuples, il faut commencer par se rappeler les divisions
actuelles du nord du royaume d'Italie.
Le Piémont comprend les provinces de : i" Turin, Toriiio,
2° Cuneo, 3° Alexandrie, Alcssaiidria, 4" Novare, Novara, et
5° celle de Pavie, Pavia, presque entière.
LaLombardiese compose des provinces de: 1° Corne, Como,
2° Milan, Milano, 3° Sondrio, 4° Bergame, Bcrgaiiio, 5° Cré-
mone, Cremona, 6° Brescia, 7° Mantoue, Mantova.
En Vénétie, Veneto, sont situées les provinces de : 1° Vérone,
Verona, 2° Vicence, Viccn::a, 3" Padoue, Padova, 4° Rovigo,
5° Bellune, Bdlnno, 6° Trévise, Treviso, 7° Venise, Vemxia,
8° Udine.
A l'Emilie, Eiiiilia, appartiennent les provinces de : 1° Plai-
sance, Piaci'ii:^a, 2° Parme, Parnia, 3° Reggio, 4°Modène, Mo-
doia, 5° Bologne, Bologna, 6° Ferrare, Fermm, 7" Ravenne,
Ravenna, 8" Forli.
Des Marches dépendent les provinces de: 1° Pesaro et 2°An-
cona. De la Toscane, la province la plus septentrionale est
celle de Massa et Carrara.
Le nom des Ligures reste dans la géographie moderne à la
région située au sud de l'Apennin. La Ligurie moderne com-
prend les provinces de : i" Porte-Maurizio, 2" Gènes, Gcnova.
§ 2. Les Ligures.
Les Ligures n'ont jamais été dépossédés de la Ligurie mo-
derne par les Gaulois. Mais, avant la conquête gauloise, ils
se sont étendus bien loin de là en Italie au nord et à l'est.
C'est établi par le témoignage des auteurs de l'antiquité et
par celui des noms de lieux. Les Tauriui, dont Turin était
la capitale et porte encore le nom, sont des Ligures suivant
154 ^- d'Arbois de Juhainville.
Strabon ^ et Pline-. Aux TaHvini appartenaient, suivant Pto-
lémée% Aiif^iista Bagiennoruin, aujourd'hui Bene Vagienna,
province de Cuneo; Dertona, aujourd'hui Tortona, province
d'Alexandrie; Iria, aujourd'hui Voghera, province de Pavie.
Ces trois localités sont situées au sud du Pô, limite septen-
trionale de la neuvième région de l'Italie d'Auguste, à laquelle
était attribué le surnom de Liguria^; mais les textes de l'anti-
quité suffisent à eux seuls pour nous montrer que les Ligures
s'étaient autrefois étendus au delà de ces limites. Les Ligures
ont possédé non seulement la rive droite, c'est-à-dire méridio-
nale du Pô supérieur, mais aussi la rive gauche ou septentrio-
nale sur laquelle se trouvent la ville de Turin et l'antique Ti-
ciniim, aujourd'hui Pavie. Ticiimiii, Pavie, a été fondée, nous
dit Pline, par deux peuples ligures : les Laevi et les Marici^.
Plus au nord, Novare, chef-lieu de la province de ce nom,
avait été fondée par les Vertauiacori, peuple ligure suivant
Caton qui écrivait au deuxième siècle avant notre ère. Pline,
plus tard, contesta l'exactitude de cette doctrine, parce qu'il y
avait, paraît-il, de son temps dans la Gaule transalpine un
pagus Vertamacorus. Ce ptigits faisait partie de la cité des Vo-
contii dont les "villes principales étaient Dca, aujourd'hui Die,
Drôme, et Vaison, Vaucluse. Les Vocoutii étant un peuple
gaulois, Pline conclut de là que ce sont les Gaulois qui ont
fondé Novare, mais les Ligures ont précédé les Gaulois en
Gaule transalpine dans le territoire des Vocoutii ; ainsi le nom
du pagus Vertamacorus chez les Vocontii en Gaule transalpine
pouvait être ligure. C'est donc sans bonne raison que Pline
rejette la doctrine de Caton, suivant laquelle les Vertauiacori,
fondateurs de Novare, étaient ligures.
Ainsi il y avait des Ligures au nord de la IX" région de
l'Italie, dans la XL' ou Transpadane. Enfin, suivant les auteurs
anciens, des Ligures habitaient sous l'empire romain dans les
Alpes de l'ouest à la gauche du Pô. Ainsi le royaume de Cot-
1. Strabon, IV, 6, 6; édition Didot, p. 170, 1. 2-3.
2. Pline, 1. III, § 123.
5. Ptolémée, 1. III, c. i, § 31; éd. Didot, t. I, p. 141-142.
4. Pline, 1. III, § 47-49.
5. Pline, 1. III, 5 124.
Les Gaulois dans l'Italie du Nord. 1 5 5
tins dont Suse, Segusio, était la capitale et qui était situé au
nord-ouest du Pô, était un territoire ligure ^
Au sud du Pô, le pays des Ligures débordait sur la huitième
région ou Emilie antique, puisque Pline compte parmi les
peuples ligures les Vekiates dont le nom dérive de Veleia près
de Montepolo, province de Plaisance.
Aujourd'hui on peut affirmer que les Ligures ont occupé,
avant la conquête gauloise, un territoire beaucoup plus étendu
que celui dont nous venons d'indiquer la circonscription
d'après les anciens. Le jugement arbitral, rendu par les frères
Minucius entre les habitants de Gênes et les Veturi Laugciiscs,
c'est-à-dire les habitants de Langasco en riy av. J.-C, nous
fait connaître le nom terminé en asca de trois cours d'eau :
Neviasca, ThIcIûscû, VeragJasca ^. Deux noms analogues se ren-
contrent dans la table alimentaire de Vdc'ia; il y est question
de l'Apennin ArcJiascus et Caudalascus >. On en a conclu
qu'il y avait dans la langue des Ligures un suffixe -ascus em-
ployé à former des noms de lieu, et cette doctrine a trouvé
une éloquente confirmation dans ce fait que la région de Li-
gurie de l'Italie moderne contient au moins trente-trois noms
de lieux habités qui se terminent en -asco, -asca, -ascbi ; ces
noms de lieux sont au nombre de trente dans la province de
Gênes, de trois dans celle de Porto-Maurizio^.
Des noms de lieux terminés de la même façon se rencon-
1. Strabon, 1. IV, c. 6, 5 6; édition Didot, p. 17O;, 1. 2-4.
2. CI. L., V, 7749.
■ 3. C I. L., XI, 1147, p. 5, 1. 21.
4. Dans la province de Gènes :
Amborzasco Ciangiaschi Porciorasco
Arnasco Cravasco (Campomo- Reizasca
Benasco rone) Roviasca
Bogliasco Cravasco (Montoggio) Schiarborasca
Borlasca Croviasco Teriasca
Borzonasca Langasco Trensanasca
Caiasca Magnasco Trensasco
Campozasco Marinasco Venasca
Caraschi Morasca Visasco
Carasco Nasche
Cerviasca Pogliasca
Dans la province de Porto-Maurizio :
Lucinasco Candeasco Nirasca
156
H. d'Arbois de Jubainville.
trent dans les autres provinces de l'Italie moderne où les textes
de l'antiquité déjà cités attestent l'existence des Ligures.
Dans la province de Cuneo est située Bene Vagienna, an-
cienne ville des Taurini, peuple ligure, et cette province était
située presque tout entière au sud du Pô; par conséquent
dans la neuvième région ou Ligurie antique. On y trouve
vingt-trois noms de lieux terminés en -asco ou -asca ^
La province d'Alexandrie tout entière au sud du Pô ren-
ferme Tortona, autrefois Dcrtoiia qui appartenait aux Taurini
et qui était par conséquent ligure ; on trouve aujourd'hui
dans cette province dix-sept noms de lieux en -asco ou -asca^.
Ces faits linguistiques confirment purement et simplement
la doctrine géographique qui résulte du nom de Ligurie
donnée dans l'antiquité à la neuvième région de l'Italie. Ceux
auxquels nous arrivons montrent qu'il y avait des Ligures
hors de cette région de l'Italie antique.
La province de Pavie comprend : au sud du Pô, dans la
Ligurie des Romains, Voghera, autrefois Iria qui appartenait
aux Taurini et qui par conséquent était ligure, et au nord du
Pô dans la onzième région, la ville même de Pavie, autrefois
T/V/nw;/;^ de fondation ligure. Dans la province de Pavie, il y a
dix-neuf noms de lieux en -aschi, -asco, -asca 5.
Agliasco
Airasca
Bagnaschi
Bagnasco
Baibiasco
Bergagliasco
Bossolasco
Bottonasco
Avolasca
Bagnasco d'Asti
Bcrgamasco
Bignasca
Casasco
Bottonasco
Brossasso
Camigliasca
Cervasca
Cervignasco
Cherasco
Gambasca
Isasca
Casinasco
Cassinasco
Cornegliasca
Fabiasco
Gremiasco
Lagnasco
Mondurasco
Piossasco
Venasca
Villasco
Vioraschi
Voltlgnasco
Morsasco
Nirasca
Prasco
Revigliasco
Vergenasco
Casasco (Camecano) Martinasco
Benaschi Donelasco Gualdrasco Murisasco
Bergamasco Garlasca Liconasco Rosasco
Bornascn Godiasco Martinasca Soriasco
Bosnasco Gornasco Mandasco Zinasca
Carisasca Gosnasco Mezenasco
Les Gaulois dans l'Italie du Nord. 1 57
La province de Turin a pour capitale la principale ville du
plus important des peuples ligures d'Italie, elle nous offre
vingt-cinq noms de lieux habités terminés en -asco ou -asca ;
le plus grand nombre dans la partie méridionale de cette
province, c'est-à-dire neuf dans chacun des deux circondnrio
situés le plus au sud, Pignerol ^ et Turin - ; mais aussi sept
plus au nord, savoir : deux dans le circondario de Suse 3, cinq
dans celui d'Ivrée-^; il n'y en a pas dans celui d'Aoste.
La province de Novare, partie nord-est du Piémont,
est située au nord du Pô, dans la onzième région de l'Italie
d'Auguste, et ne contient, sauf Novare, aucune localité dési-
gnée comme ligure par les anciens ; elle a eu une population
ligure importante, car on y peut relever vingt-neut noms de
lieux habités qui se terminent par le suffixe -asco, -asca, -asche 5 .
En résumé, les cinq provinces du Piémont contiennent cent
quatorze noms de lieux habités qui se terminent par le suffixe
-asco, -asca, -aschi, savoir :
Cuneo 23
Alexandrie 17
Pavie 19
Turin 25
Novare 29
Total 113
I . Airasca Cercenasco Lombriasco
Baudenasca Famolasco Osasco
Buriasco Frossasco Pinasca
■ 2. Beinasco Grugliasco Revigliasco
Brusasco Piossasco Sivrasco
Cimenasco Qjuarlasco Tavagnasco
3 . Bigliasco Tignasco
4. Craviasco, Gambarasca, Mercenasco, Noasca, Q.uassasco
5 . Bosnasco Grignasco Rimasco
Calasca Guargnasco Rivasco
Camasco Locasca Romagnasco
Cambiasca Marasco Sagliasco
Campasca Messasca Salasco
Casasco Novasco Savagnasco
Casasco Pansasca Vergnasco
Cavagliasche Pettenasca Villasco
Civiasco Pregliasca Zornasco
Colonnasca Pernasco
158 H. d'Arbois de Jubainrille.
Toutes ces localités étant situées au nord de la Ligurie
actuelle, qui est bornée au nord par l'Apennin, nous attestent
l'existence d'une Ligurie antique beaucoup plus étendue au
nord que la Ligurie moderne; cette Ligurie comprend la Li-
gurie du temps d'Auguste ou huitième région, mais aussi elle
en dépasse sensiblement les limites, elle déborde sur la onzième
où sont compris la province de Novare tout entière et la partie
septentrionale des provinces de Pavie et de Turin.
En poursuivant cette étude, nous allons voir que, comme le
Piémont, la Lombardie a autrefois appartenu en grande partie
aux Ligures. La Lombardie, c'est la portion orientale de la
Transpadane ou onzième région d'Auguste, et c'est la portion
occidentale de la dixième région. Les sept provinces de la Lom-
bardie contiennent au nord du Pô quatre-vingt-quatre lieux
habités dont les noms se terminent en -asco, -asca, -aschi.
De ces sept provinces, deux, celles de Come et de Milan
joignent le Piémont à l'ouest; elles ont jadis appartenu à la
onzième région ou transpadane. Le nombre de leurs noms
ligures en -asco, etc., est à peu près le même que dans les pro-
vinces du Piémont, il y en a trente dans la province de
Como% vingt et un dans celle de Milan-, total cinquante et
un, presque autant que dans les provinces réunies de Turin et
de Novare qui nous donnent un total de cinquante-quatre.
Mais les cinq autres provinces de la Lombardie ne contiennent
qu'un total de trente-trois noms en -asco, -asca, -aschi, ce qui
fait une moyenne de six seulement : douze dans celle de
1 . Arcellasco Casasco Maciasca
Bernasca Cattasco Muggiasco
Beraschine Cavalasca Olgelasca
Besnasca Dizzasco Olgiasca
Borlasco Fabbiasco Parlasca
Bosolasco Garlasca Penasca
Camesasca Giasca Pianasca
Camnasco ('Sansiro) Gilasca Pomelasca
Camnasco (Somana) Ginasca Rovellasca
Caslasco Lucinasco Valciasca
2. Basiasco Buccinasco Gomonasca
Binasco Calvignasco Macciasca
Boldinasco Coriasco Pantanesca
Borasca Domenegasco Poasca
Boraschina Ferronasca ■ Poglionasca
Les Gaulois dans l'Italie du Nord.
•59
Bergame^, onze dans celle de Crémone-, cinq dans celle de
Brescia3, trois dans celle de Sondrio-^ et deux dans celle de
Mantoueî.
Caton cité par Pline dit que Corne et Bergame avaient été
fondés par les Oniinhovii ; les deux provinces de Corne et de
Bergame offrent un total de quarante-deux noms de lieu en
asco, asca, aschc. Les Orumbovii étaient donc Ligures^.
On trouve aussi des noms en -asco et en -asca dans la partie
la plus septentrionale de la vallée du Tessin, qui, après avoir
appartenu à la Transpadane ou onzième région d'Auguste, est
aujourd'hui comprise dans la Suisse et forme le canton du
Tessin; nous pouvons en citer treize/.
Il y en a sept dans la province de Massa et Carrara qui forme
la partie septentrionale de la Toscane moderne et qui, à l'ouest,
touche la Ligurie^. Cette province a été comprise sous l'empire
romain dans l'Etrurie qui est la septième région de l'Italie
d'Auguste.
En Emilie, la province de Plaisance contient neuf noms de
lieux habités en -asco, -asca 9; il y en a huit dans celle de
Rovagnasco Tolcinasco
Zavanasco
Tavernasco Velasca
Zelasche
I .
Albelasco Grabiasco
Somasca (Ambivere)
Badalasco Martorasco
Somasca (Pontida)
Camasche Muggiasco
Somasca (Vercurago)
Curnasco Piazzasco
Trevasco
2.
Bodegasco Livrasco
Trezzolasco
Vinzasca
Boldrasca Livraschino
Vidolasco
Vinzaschina
Boldraschina Porcellasco
Villasco
3-
Cremasca, Cremaschina, Logasca
, Villasche,
Villaschetta.
4-
Cedrasco, Cresciasca, Pendolasco.
5-
Caramasche, Chiericasco.
6.
Pline. 1. III, § 124.
7-
Albirasco Brugnasco
Giubasco
Soliasco
Bambanasco Cugnasco
Ossasca
Verzasca
Biasca Frasco
Prugiasco
Ziebiasca
Bignasco
8.
Barbarasco Gabanasco
Prowedascc
) Vallingasca
Borrasco Gorasco
Tarasco
9-
Bacedasco-al-nord Cremadasca
Sarmadasco
Bacedasco-al-sud Lusurasco
Tavasca
Calendasco Morasca ■
Vernasca
i6o H. d'Arbois de Jubainville.
Parme % un dans celle deReggio^. Un document du xiii'^ siècle
nous en fait connaître un dans celle de Modène^ Cela nous
donne pour l'Emilie un total de dix-neuf noms ligures en
-a SCO, etc.
Le nombre de ces noms est donc :
en Ligurie 33
Piémont , . 113
Lombardie 84
Tessin 13
Massa et Carrara 7
Emilie 19
Total. . . ; . 269
§ 3. Les Raeti, les Euganei, les Veneti, les Oiiihriens, les Etrusques.
Les noms en -nsco, -asca, -nschi font complètement défaut
dans les quatre provinces orientales de l'Emilie, celles : de
Bologne, de Ferrare, de Ravenne et de Forli, comme en Vé-
nétie et dans la partie italienne du Tyrol autrichien. Les textes
anciens signalent dans cette portion de l'Italie quatre peuples
antérieurs aux Etrusques et aux Gaulois, ce sont : au sud du
Pô, les Ombriens ; au nord, les Racti et Euganei, les Veneti. Les
Raeti ont précédé les Gaulois à Trente 4 et à Vérone qu'ils
ont partagé avec les Euganei ; Vérone est, comme on le sait,
le chef-lieu d'une province de la Vénétie5. Padoue, Vicence
et Bellune ont appartenu aux Vénètes. Les Vénètes ont aussi
possédé : Ateste, aujourd'hui Este, province de Padoue, Ace-
lum, aujourd'hui Asolo, Opitcrgiiun, aujourd'hui Oderzo, tous
deux dans la province de Trévise^. Les Vénètes avaient
échappé au joug des Etrusques, mais ceux-ci dominaient dans
1 . Barbarasco Caprendasco Cavadasca
Boraschi Carpadasco(Soglio;nano) Ceredasco
Cacciarasca Carpadasco (Varsi)
2 . Romasco
3. Picigascus, près de Nonantola, dans une charte de l'année 1242 chez
Tiraboschi, Storia deW augnsia badia di S. Silvestro di Nonantola, t. Il,
P- 37)-
4. Pline, 1. III, S 130; Justin, 1. XX, c. 5, § 8.
5 . Pline, 1. III, § 130.
6. Pline, 1. III, '§ 130; cf. Ptolémcc, 1. III, c. i, § 26, p. 357-338.
Les Gaulois dans V Italie du Nord. i6i
tout le reste de l'Italie septentrionale; toutefois on n'y connaît
que sept villes où une population étrusque se soit e^tablie, ce
sont : au sud du Pô, Parme, Modène, Bologne alors appelée
Fehina, Ravenne; au nord du Pô, Mantoue, Adria, Spina.
Chacune de ces villes avait une colonie étrusque et ces colonies,
plus cinq autres, en tout douze, a-t-on dit, liguées entre elles,
tenaient sous le joug avant la conquête gauloise toute la partie
de l'Italie située entre le Pô et les Alpes, le territoire des Vé-
nères excepté.
§ 4. Les Gaiiloiî.
On sait que le plus ancien fait militaire connu de la lutte
des Gaulois contre les Etrusques date de 396. L'établis-
sement des Gaulois dans l'Italie du nord paraît devoir se placer
entre cette année et l'année 3 90 où ils prirent Rome. Les prin-
cipaux peuples gaulois qui s'emparèrent de l'Italie septentrio-
nale sont au nombre de dix; nous suivrons l'ordre géogra-
phique en commençant par le nord-ouest : 1° les Salassi, 2° les
Lepontii 3" les Libici, 4° les Insubres, 5" les Cenomani, 6° les
Garni, 7° les Ananes ou Anamares, 8° les Boii, 9° les Lin-
gones, 10° les Senones.
I" Les Salassi sont le peuple gaulois chez lequel les Ro-
mains fondèrent les colonies d'Aiigusta Praetoria, aujourd'hui
Aoste, qui paraît dater de l'empereur Auguste^ et celle d^Epo-
redia, aujourd'hui Ivrée, qui remonte à l'an 100 av. J.-C. 2.
Leur territoire comprenait presque tout le bassin de la Dora
Baltea, autrefois Diiria, affluent de gauche du Pô et corres-
pondait à peu près aux deux circondari d'Aoste et d'Ivrée qui
forment la partie septentrionale de la province de Turin. Les
Salassi paraissent s'être superposés à une population ligure
dont nous n'avons pas trouvé de trace dans le circondario
d'Aoste ; mais dans celui d'Ivrée, on a signalé plus haut cinq
noms de lieux en -asco, -asca qui semblent d'origine ligure.
5. Voyez les textes réunis par M. Mommsen dans le C. I. L., t. V,
P- 756, 757-
6. Voyez les textes réunis par M. Mommsen, C. I. L., t. V, p. 750,
751.
Rivuc Celtique, XL 1 1
102 H. d^ Artois de Jiibaini'ille.
On peut considérer comme une trace des Salassi les noms
de lieux du circondario d'Ivrée qui se terminent en ê ^= acus,
nous en relevons en note neut dont trois ont une variante ita-
lianisée en -acco^. Il y en a aussi dans le circondario d'Aoste^,
mais les Gaulois s'étendirent dans la province de Turin beau-
coup plus au sud. Ainsi dans le circondario de Suse, capitale
du royaume ligure de Cottius, se trouve l'emplacement de la
ville gauloise de [E]scinooniagus ^ que l'on croit avoir été
située à Exiles, circondario de Suse. Suse même, Segusio -onis
forte un nom dérivé d'un thème gaulois segusio- qui se re-
trouve dans un nom de peuple de la Gaule, les Segusiavi.
Dans le circondario de Turin est compris le village de Monteu
da Po près duquel était bâti la ville gauloise de Bod'mcomagns ,
connue par Pline ^ et dont le nom se lit en outre dans deux
inscriptions contemporaines de l'empire romain, ce sont des
épitaphes, l'une d'un scxvir Bodincomagensis'^, l'autre d'un
soldat prétorien originaire de Bodinconiagus^^. Dans le même
circondario, le village de Brenno porte un nom identique à
l'un des noms d'hommes gaulois les plus célèbres; on y
trouve aussi quelques villages dont les noms se terminent en
(' m aciisT. Des Gaulois paraissent également s'être établis
dans le circondario de Pignerol où la ville de Cavour, dans
l'antiquité Cahiirrus, porte un nom d'homme gaulois connu
par César ''^ et où le village de Lussiè est un antique Luciacus.
Les Gaulois pénétrèrent même dans la province de Cuneo,
la plus méridionale et, semble-t-il, la plus ligure du Piémont ;
là au moins six localités ont des noms terminés en è et semblent
1 . Agliè Drusè ou Drusacco Lugnè ou Lugnacco
Communie Loranzè Vidrè ou Vidracco
Cossè Lusiglié Vestignè
2. Carné, Corè, Lusse.
3 . Strabon, 1. IV, c. i, § 3 ; édition Didot, p. 148, 1. 41, 43 ; Pline, 1. II,
§ 244-
4. Pline, 1. III, § 122.
5. C. /. L.,V, 7464.
6. C. I. I., VI, 2613.
7. Ciriè, Corgnè, Vagliè, Vergnè.
8. C. /. L., t. V, p. 825. De hello galîico, I, 47.
Les Gaulois dans l'Italie du Nord. i6^
avoir eu dans l'antiquité la finale acus'^; enfin on peut y citer
une commune de Verduno dont le nom semble identique à
celui des Verdun français. Les noms de lieu modernes qui
rappellent le souvenir des Gaulois dans la partie occidentale
du Piémont sont vingt-deux au moins.
2° Les Lepontii habitaient le Tessin et les environs de Do-
modossola, chef-lieu d'un circondario de la province de No-
varre en Piémont. La vallée Leventina (canton du Tessin)
qui est la partie supérieure des deux rives du Tessin, porte
encore leur nom, Domodossola est Oscela que Ptolémée leur
attribue =. Leur territoire au nord atteignait, suivant César,
la source du Rhin, c'est-à-dire la partie occidentale du canton
des Grisons 3; suivant Pline, la source du Rhône, c'est-à-
dire le haut Valais +. Ils étaient, suivant Caton, de race tau-
risque 5, c'est-à-dire gauloise. Strabon se trompe quand il fait
d'eux des Radi. Les Lepontii étaient des Gaulois établis par
la conquête sur un territoire précédemment ligure.
Le territoire des Lepontii comprend environ onze noms de
lieu en ago, aga, par conséquent d'origine gallo-romaine, sa-
voir deux dans le Tessin''^ et neuf dans le circondario de
Domodossola 7.
Mais vingt-trois noms de lieu en -asco, -asca, attestent
qu'une population ligure a précédé les Celtes dans le terri-
toire des Lepontii et qu'elle y est restée mêlée à eux. Il y a
treize de ces noms de lieu dans le Tessin ^ et dix dans le
circondario de Domodossola 9.
1 . Cigliè, Cigliè (Prunetto), Ciriè, Nevigliè, Vergnè.
2. Ptolémée, 1. III. c. i, § 34, éd. Didot, p. 343, 1. -4.
5 . César, de Bdlo Gallico, 1. IV, c. 10, ^ 3
4. Pline, ], m, § 135.
5. Pline,], m, § 134.
6. Brissago, Cavegnago.
7. Ardignago Cuzzago Macugnaga
Auriago Gagliago Saggiago
Bugliago Laudrago Ventriago
8. Voy. plus haut p. 159, n. 7.
9. Calasca Novasco Rivasco
Colonnasca Pantosca Villasco
Locasca Pregliasca Zornasco
Messasca
164 H- d'Arbois de Jiibainvitle.
Par conséquent, ce n'est pas dans le territoire des Lepontii
que nous devons, quoi qu'en dise Strabon, chercher des Raeti.
3° Les Lihici possédaient les villes de Vercellae, en italien
Vercelli, en français Verceil^, et probablement de Rigomugus,
aujourd'hui Trino, toutes deux dans la partie sud-ouest de la
province de Novare et la ville de LaumcUum, aujourd'hui Lo-
meilo - dans la partie occidentale de la province de Pavie. On
peut croire que le territoire des Lihici se composait à peu près
du circondario de Verceil où est l'emplacement de Rigomagns,
et du circondario de Mortara où se trouve, outre Lomello, le
le bourg de Cergnago. Dans cette portion de l'Italie, les Li-
gures ont, comme nous l'avons vu, précédé les Gaulois. Les
Ligures avaient aussi la province d'Alexandrie, la seule du
Piémont où nous n'ayons pas trouvé trace des Gaulois.
4" Les Insubres. Aux Insubres appartenaient Novare, Come,
Milan et Ticimtm, aujourd'hui Pavie 3. Nous avons dit plus
haut que Ticinum est une ancienne fondation ligure. Dans les
provinces de Novare, Como et Milan, les Ligures ont, on
vient de le voir, dominé avant les Gaulois. Mais la nomen-
clature géographique des quatre provinces auxquelles Novare,
Como, Milan et Pavie ont donné leur nom, contient, à côté
des noms de lieu ligures en -asco ou -asca, un grand nombre
de noms de lieu dont la terminaison en -ago, -aga, -agbi atteste
une origine celtique. Dans la province de Novare, non com-
pris le circondario de Verceil qui correspond à peu près
à la partie septentrionale du territoire des Libici et le circon-
dario de Domodossola qui appartenait aux Lepontii, nous en
avons compté dix-neuf 4 ; dans la province de Como soixante-
1. Vovez les textes réunis par M. Mommsen, C. I. L., t. V, p. 736.
2. Vovez les textes réunis par M. Mommsen, C. I. L., t. V, p. 71$.
3 . Ptolémée, 1. III, c. i, § 29: éd. Didot, p. 340, L 8, 9 ; p. 341, 1. 1-4;
cf. Mommsen dans le C. I. L., t V, p. 565, 624, 707, 718, où le savant
auteur a réuni les principaux textes des auteurs de l'antiquité.
4. Bellinzago Cavanago Corciago
Caltignaga Cinzago Cuzzago (Pallanza)
Capraga Comignago Dulzago
Carciago Comnago Dulzaghetto
Les Gaulois dans Vltalie du Nord.
i6j
trois '^; dans celle de Milan, déduction faite du circondario de
Lodi qui paraît avoir appartenu aux Boii, quarante-quatre-;
dans celle de Pavie, non compris le circondario de Mortara qui
paraît avoir appartenu aux Libici,et celui de Voghera aux Ana-
mares ou Ananes, dix-sept 5. Cela fait donc environ cent qua-
Gognago
Mercurago
Ovago
Arzago
Asnago
Barzago
Bernaga
Binago
Bissago
Bissago
Bongiaga
Bresciago
Brissago
Cadorago
Cagiago
Camlago d'Uggiate
Camnago Volta
Camnago
Camsiraga
Canzaga
Capiago
Carnago
Casciago
Casirago
Albusciago
Arcagnago
Arsago ou Arzago
Assago
Bellinzago
Binzago
Biraga
Biraghi
Birago
Bornago
Burago
Busnago
Cambiago
Camizzago
Camnaço
Sozzago
Tornaco
Cassago
Casternago
Cazzago
Colciago
Cremnago
Crescenzaga
Cucciago
Dolzago
Durago
Germignaga
Gessaga
Imbersago
Insiraga
Lazzago
Lissago
Lomnago
Luisago
Lurago
Malnago
Mariaga
Marconaga
Caponago
Carpenzago
Cavenago
Ciskgo
Colnago
Conago
Crescenzago
Cusago
Dairago
Grezzago
lerago
Inzago
Macconago
Magnago
Mairaga
Lodi, Laus Poinpcia, est attribué aux Boii
raison pour laquelle M. Mommsen (C.
cette doctrine nous semble arbitraire.
Buttirago Carpignago
Calignago Fortunago
Vacciago
Valbussaga
Masciago
Masnaga
Masnago
Mognago
Mornago
Mondrago
Msnago
Ombriago
Peslago
Pugnago
Rezzago
Rossaga
Rozzago
Solzago
Subinago
Tabiago
Trevisago
Urago
Verzago
Viconago
Vizzago
Menedrago
Menzago
Mezzago
Moirago
Mornago
Orago
Ornago
Parabiago
Pasturago
Sacconago
Senago
Sumirago
Tornago
Vanzago
par Pline, 1. III, § 124. La
1. L., t. V, p. 696) conteste
Gerenzago
Giussago
i66 H. cVArbois de JubainviUe.
rante-trois noms de lieu d'Italie dans le Piémont et la Lom-
bardie qui paraissent devoir leur origine aux Insubres.
5° Les CeiiODiniii. Ceux-ci paraissent avoir conquis un ter-
ritoire précédemment peuplé par les Raeti, les Euganei et les
Venetiet les Etrusques; ils enlevèrent: Vérone aux Raeti et aux
Euganei qui, semble-t-il, l'auraient possédée conjointement ^ ;
Tridentum, Trente, probablement aux Raeti-; Vicence aux
Veneti'. Mantoue était une colonie étrusque^, il semble que
les Etrusques y restèrent la population dominante 5, mais elle
tomba au pouvoir des Cenomani^. Les Cenomani s'établirent
à Bergame7, Crémone^, Brescia9, Mantoue ^°, Vérone", Vi-
cence^-, probablement dans leTrentin^3. Dans chacune des
provinces dont ces villes sont capitales, nous trouvons aujour-
d'hui un certain nombre de localités dont les noms modernes
en -aga, -ago, -aghi rappellent le souvenir des Gaulois. Dans
la province de Bergame, treize ^■+; dans celle de Crémone, colo-
Gravanago Moriago Spirago
Lardirago Mossago Tartago
Marcigiiago Papiago Turago
Marnago Polinago
1. Pline, 1. III, § 130; Tite-Live, 1. V, c. 35 ; Justin, 1. XX, c. 5, § 8 :
cf. Mommsen, C. I. L., t. V, p. 327.
2. Trente est attribuée aux Raeti par Pline, 1. III, 5 130; aux Gaulois
par Justin, 1. XX, c. 5, § 8 ; cf. Mommsen, C. /. I., t. V, p. 330.
3. Cette ville, attribuée aux Veneti par Pline, 1. III, § 130, et par Pto-
lémée, 1. III, c. i, § 26, p. 337, 1. n, est de fondation gauloise, suivant
Justin, 1. XX, c. 5,§8.
4. Pline, I. III, 5 130.
5. Virgile, Enéide, \, 198.
6. Ptolcmée, 1. III, c. 1, § 27, p. 339, 1. 8.
7. Sur riiistoire de cette ville, voir Mommsen, C. 1. L., t. V, p. 547.
8. Voir Mommsen, C. I. L., t. V, p. 413.
9. Ibidem, p. 426.
10.
Ibidem, p.
406.
1 1 .
Ibidem, p.
527.
12.
Ibidem, p.
306.
13-
Ibidem, p.
530.
14.
Arzago
Gambirago
Terzago
Benago
Gorlago
Terzaghetto
Cavernago
Odiago
Valbonaga
Drizzago
Palaz^go
Vercurago
Filage
Les Gaulois dans Ntalie du Nord.
167
nisée par les Romains dès l'année 218, trois seulement ^ ; dans
celle de Brescia cinquante-six-; dans la partie septentrionale,
celle de Mantoue, au nord du Pô, une 5 ; dans celle de Vé-
rone, vingt ■^; dans celle de Vicence, trois 5 ; dans celle de_
Trente, c'est-à-dire dans la partie méridionale du Tyrol, au-
jourd'hui province de l'empire d'Autriche, sept^. Le nombre
total des noms de lieu en -ago, -aga dont l'origine peut être
rapportée aux Cenomani, est de cent trois, dont soixante-
treize en Lombardie et trente en Vénétie.
6° Les Canii. Vérone et Vicence, villes des Cenomani, sont
en Vénétie. Nous ne pouvons déterminer quelle était dans cette
Bcrinzaga, Cambiago, Carsago, Baldracco et Baldraccone sont des noms
de lieu du moyen âge dérives de noms germaniques d'homme.
3
Artignago Gussago
Azaga (Corzago) Gussago
Arzaga (Desenzono) Legnago
Binzago Lissignaga
Bogliago (Rivoltella) Lurago
Bogligo (Gargnago) Macenago
Bottenago Madergnaga
Burago Martignaga
Bussago (Bedizzoe) Marzaghe
Bussago(Soprazocco) Masciaga
Cagnaghe Messaga
Carzago Mognacchi
Cassaga Mornaga
Cazzago Molzenago
Cizzago Moraga
Cussaga Morgnaga
Pedenaga
Pedergnaga
Persaga
Porcellaga
Puegnago
Quintilago
Rampcnaga
Recciago
Rossaghe
Terzago (Bovezzo)
Terzago (Calvagese)
Terzago (Moscoline)
Trevisago (Moniga)
Trevisago (Soiano)
Urago
Urago (Brescia)
Venzago
Zernago
Dernago Offlaga
Formaga Offlaga (Castenedolo)
Grignaghe Olzenago
Carzaghetta. La partie sud de la province de Mantoue appartenait aux
Boii.
4. Alcenago Ceriago
Azago Gargagnago
Borago (Avesa) Giago
Borago (Castelletto) Legnago
Boriago Lumiago
Cambraga Maregnago
Canzaga Marzago
$. Asiago, Ignago, Villaga.
6. Almazzago Cavedago
Arnago Ciago
Borzago Dernago
Mizzago
Moiago
Morago
Sulvago
Tregnago
Verago
Terlago
Peut-être Fiave zn Fia-
i68
H. d'Arbois de Jubainrille.
région de l'Italie moderne la limite précise entre les Garni et
lesCenomani. Aux Garni appartenaient probablement, outre les
provinces d'Udine, de Trévise et de Bellune, les localités cel-
tiques des provinces de Padoue, de Venise et de Rovigo. Dans
la province d'Udine, il y a six noms de lieu terminés en -ago'^
et quarante-deux terminés en -acco, finale qui dans la plus
grande partie de cette province est la prononciation moderne
du suffixe gaulois -ûcos". La province de Trévise renferme
onze localités dont les noms se terminent en -ago ou -agay. Il
y en a dix-neuf dans celle de Bellune ■+, seize dans celle de
Venise 5, cinq dans celle de Padoue^ et deux dans la province
I . Uardcigo, Uongeagh
e, Istrago, Maniago, Use
lasfo, Usago.
2. Adegliacco
Fraelacco
Ponteacco
Aveacco
Grimacco
Popeveacco
Avosacco
Laibacco
Premariacco
Caporiacco
Laipacco
Priraulacco
Cargnacco
Lauzacco
Remanzacco
Carpacco
Lazzacco
Rubignacco
Carvacco
Loneriacco
Segnacco
Casiacco
Leonacco
Tavagnacco
Cassacco
Lumignacco
Tiveriacco
Chiarisacco
Luseriacco
Urbignacco
Chiazacco
Martignacco
Vignacco
Cussignacco
Moimacco
Vergnacco
Dernazacco
Montegnacco
Vidracco
Faugnacco
Pagnacco
Ziracco
5 . Crcspignaga
Martignago
Vedelago
Lanzago
Moriago
Virago
Limbraga
Orsago
Volpago
Lorenzaga
Varago
On peut considérer
comme un nom celtique
Venadoro.
4. Bolago
Curago
Pirago
Callibago
Lantrago
Tiago
Carzaghe
Lorenzago
Vinago
Cavessago
Madeago
Villaga
Colcugnago
Mercuiago
Villiago
Colvago
Missiago
Voltago
Conzago
5 . Borbiago
Giussago
Povenzago
Carzago
Grassaga
Rivago
Cavernaghi
Giussago
Rossignago
Cazzago
Marteliago
Stiago
Chirignago
Oriago
Summaga
Comenzago
6. Massanzago =: massa Antiacus et quatre Bussiago.
Les Gaulois dans l'Italie du Nord. 169
de Rovigo^. Cela fiiit en Italie un total de cent un noms
de lieu d'origine celtique et qu'on peut attribuer aux Garni.
Nous avons trouvé des noms de lieu celtiques dans toutes
les provinces de la Vénétie sans exception et dans toutes
celles de la Lombardie, sauf celle de Sondrio. On a déjà signalé
des noms celtiques dans toutes les provinces du Piémont, sauf
celle d'Alexandrie.
8° Les Auanes. Passons au sud du Pô central et oriental.
Les Ananes ou Anamares sont les premiers à l'ouest. Leur
ville principale était Clastidium, aujourd'hui Casteggio dans
la province de Pavie, circondario de Voghera, où il y a trois
localités à nom gaulois^. Chez les Ananes devait être aussi Ca-
millomagus connu par la Table de Peutinger et par l'Itiné-
raire d'Antonin, aujourd'hui Broni, circondario de Voghera'.
9° Les Boii. Prenons plus à l'est l'Emilie, la huitième région
d'Auguste. C'est le pays occupé par les Boii et les Lingones.
Les Lingones établis sur la rive droite du bas Pô ont laissé peu
de traces dans l'histoire. Les Boii ont lutté bravement et non
sans gloire contre les Romains. C'est chez eux qu'en 218 les
Romains ont fondé leur colonie de Plaisance, à eux ont appar-
tenu Parme, Pnnim, Reggio, Rcj^imii, Modène, Mutina, Bologne,
Bononia. Reggio parait une fondation gauloise dont le nom
primitif i^/V/o// aura été déformé par l'influence du latin. Bo-
logne, d'abord Felsina, est une ville étrusque dont les Gaulois
ont changé le nom et dont le nom gaulois a été adopté par
les Romains quand ils établirent une colonie dans cette ville
en 189. Parme et Modène ont conservé, sous la domination
gauloise et depuis, leur ancien nom. Outre ces possessions au
sud du Pô, les Boii avaient un petit territoire au nord du Pô :
1. Cartirago, Mardimago.
2. Inveriaghe, Rossago. Stephanago. Sur Clastidium, voyez Polybe, II,
34, 5-
3 . "Voyez sur Clastidium et Camillomagus ou Comiilomagus, Mommsen,
dans le C. /. L., t. V, p. 827-828.
170 H. d'Arbois de Jiibainville.
Lodi dans In, province de Milan leur appartenait. Le circon-
dario de Lodi contient huit villages dont le nom se termine
en -ago, -aga et paraît par conséquent rappeler le souvenir des
Boii ^ Dans la province de Plaisance, les localités qui offrent
la même finale sont au nombre de six 2; nous y signalerons
aussi le village de Breno qui nous offre une variante du célèbre
nom d'homme Brennus.
La table alimentaire de Veleia nous apprend qu'au com-
mencement du second siècle de notre ère, cette province
contenait dans le territoire de Veleia et dans celui de Plai-
sance deux pttgi, un viens, huit fundi et un saltus dont les
noms étaient gaulois. Des deux villes, la mieux pourvue en
cette matière historique était Veleia. Plaisance, colonisée
par les Romains en 218, avait cependant un ptigus et xxnfundus
à noms gaulois : le pagus Noviodunus et le fuiidus Histridunus.
Mais à Veleia, on trouvait le viens Caiurniaeus, le peigns Am-
bitrebius, les fundi Cabardiaens, Caiidiaeae, Crossiliaciis , No-
niacus, Pisuniacus, Ouintiacns, le fundus Liceo-leueus ou « blanc
de pierres » et le saltns Nevidunus, Le nom du fundus Cabar-
diaens de Veleia persiste aujourd'hui dans celui de Caverzago,
un des six noms en -ago que nous avons mentionnés dans la
province de Plaisance 3.
Il y a aujourd'hui six noms de lieu en -ago dans la province
de Parme 4. Nous ne savons s'il existe encore une trace de la
eortis appelée MaUiaeo que placent dans le comté de Parme
deux diplômes du ix" siècle, l'un de 863 5, l'autre de 890^.
Le nombre actuel des noms de lieu en -ago dans la province
de Reggio parait être de cinq 7. Il ne faut pas en séparer deux
1. Camairago, Cavenago, Fissiraga, Livraga, Mairago, Orgnaga, Os-
sago, Secugnago.
2. Caverzago, Gravago, Mamago, Marzonago, Sarniago, Tavernago.
3. C. I.L., XI, p.
4. Cavignaga, Carzago, Coriago, Lcgnago, Gainago (Mezzani), Gai-
nago (Torrile).
5. Tiraboschi, Memorie storichc Modenesi , t. I, Preuves, p. 40.
6. Tiraboschi, Memorie storiche Modenesi, t. I, Preuves, p. 65.
7. Cavriago, Civago, Pojago, Simiago, Visiago. Visiago est le Visiliacus
d'une charte de 1188 (Tiraboschi, Memorie storiche Modenesi, t. III, Preuves,
p. 107), Simiago est le Similiacum d'une charte de 1208 (Ibid., t. IV,
Preuves, p. 38).
Les Gaulois dans l'Italie du Nord. 171
localités terminées de la même façon dans la partie de la pro-
vince de Mantoue qui est située au sud du Pô^ Plus à l'est les
noms en -ago deviennent rares, on en trouve deux dans la
province de Modène^. Le nombre total des noms de lieu qui
paraissent rappeler le souvenir des Boii est donc de trente,
non compris les noms de Bologne et de Reggio.
Nous ne savons à quel peuple rattacher les noms de lieu
gaulois de la province de Massa et Carrara; il y en a cinq 5.
8° Des Lingoncs, il semble ne rien rester, sauf peut-être les
trois noms de lieu en -aga des provinces de Ravenne-^, Forli^
et Ferrare^. Mais des textes du ix" et du x^^ siècle nous font
connaître trois noms gallo-romains de localités situées dans
les provinces de Ravenne et de Forli : dans la province de Ra-
venne une curtis Aiireliacus en 973 7, dans la province de Forli
une autre curtis Aureliacus en 896*^ et un fuiidits Veriniaca
en 9749. On peut attribuer aux Lingones l'origine de ces
trois dénominations.
9° Des Scnones, le premier peuple gaulois dont le territoire
ait été colonisé parles Romains, il ne subsiste qu'une trace géo-
graphique : Siui-gaglia. La colonie romaine de Sena, aujour-
d'hui Sinigaglia, date de l'an 283 av. J.-C. ^°; celle d'Ari-
miuiini, Rimini, autre ville des Senones, remonte à 268 ^^
1 . Gonzaga, Pegognaga. Gonzaga est appelée Gon~iaga dans une charte
de 967 (Tiraboschi, Metnorie storiche Modenesi, t. I, Preuves, p. 133), et le
nom de Pegognaga se trouve écrit P/o-ojz/aca vers 1030 (ibid., t. II, Preuves,
p. 50).
2. Arzagola, Polinago, déjà mentionné sous ce nom en 1038 (Tira-
boschi, Memorie storiche Modenesi, t. II, Preuves, p. 33).
3. Collegnago, Corlaga, Garbugliaga, Gignago, Turlago.
4. Basiago.
5 . Arvaga.
6. Gambulaga.
7. Fantuzzi, Monuiiienti Ravennati, t. I, p. 180.
8. Fantuzzi, ibid., p. 97.
9. Fantuzzi, ibid., p. 187.
10. Polybe, 1. II, c. 19, § 12, éd. Didot, p. 83.
1 1 . Voyez sur Rimini les textes cités par M. E. Bormann, C. 7. L., t. XI,
p. 76.
172 H. d'Arbois Je Jubainville.
Nous terminerons par une récapitulation générale des noms
de lieux modernes de l'Italie du Nord qui par leur désinence
rappellent le souvenir des Gaulois :
1° Salassi 22
2° Lepontii 11
3° Libici I
4° Insubres 143
5° Cenomani 103
6° Garni 10 1
7° Ananes 3
8° Boii 30
9° Lingones 3
10° Senones i
11° Peuple anonyme dans la pro-
vince de Massa et Carrara^ . 5
Total 423
H. d'Arbois de Jubainville.
I . Les noms en -ago, comme les noms en -iUco, font défaut dans le reste
de la Toscane. Voyez Bianchi, Toponimia toscana, dans VArchivio gloUolo-
gico diretto da G.-L Ascoli, t. X, 1886-1888, p. 34).
ESSAI DE CLASSIFICATION CHRONOLOGIQUE
DE DIFFÉRENTS GROUPES DE
MONNAIES GAULOISES
MÉMOIRE
LU A l'académie des INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
Dans Su séance du 14 février iS^o.
Dans une communication que l'Académie a bien voulu en-
tendre, en octobre dernier, j'ai dit qu'en ce qui concerne le
classement chronologique des monnaies gauloises, j'essaierai
de déterminer des dates avec une certaine précision. Je viens,
aujourd'hui, lui soumettre le résultat de mes premières re-
cherches.
Les plus anciennes monnaies frappées en Gaule sont incon-
testablement celles de Marseille; elles eurent une grande in-
fluence dans la partie de la Gaule qui devint la Narbonnaise,
ainsi que sur l'autre versant des Alpes. On ne peut admettre
que les Phocéens aient apporté l'usage de la monnaie à Mar-
seille ; La Saussaye le supposait, mais il n'avait pas pensé que
lorsque Euxène aborda en Gaule, vers l'an 600 avant l'ère
chrétienne, la monnaie commençait à peine chez les Lydiens
qui mettaient en circulation les premiers lingots d'or portant
une marque pondérale officielle; puis chez les Eginètes qui
fabriquèrent les plus anciens types monétaires d'argenté Je ne
I. Fr, Lenormant, Les Monnaies dans l'antiquité, I, p, 125 et seq.
174 ^- '■^^ Barthélémy.
crois pas que l'on puisse remonter plus haut que le milieu du
v'' siècle av. J.-C. A cette époque on trouve des traités mo-
nétaires conclus entre des villes grecques : Phocée est du
nombre. — On a recueilli, en Provence, soit isolées, soit en
nombre considérable, des petites pièces en argent que leurs
types autorisent à classer à des villes d'Asie, de Grèce et
d'Italie : Clazomène, Lampsaque, Lesbos, Abydos, Colophon,
Egine, Vélia ; on en a trouvé d'analogues à Volterra en Italie,
à Morella en Espagne; ces pièces, contemporaines entre elles,
appartenant à un même système, paraissent procéder de ces
alliances monétaires et avoir été répandues par le commerce
sur tout le littoral de la Méditerranée. Dans cette série il s'en
trouve qui semblent appartenir à Marseille.
Nous voyons ensuite un autre groupe qui procède des mon-
naies de Rhoda de Tarraconaise et de la colonie massaliète
d'Emporium. Ce groupe joue un rôle important dans l'ouest
et le sud-ouest de la Gaule. Notons que la colonie phocéenne
ne continua pas le système monétaire de la métropole; les
monnaies des deux villes que je viens de nommer procèdent
de celles que les Carthaginois frappaient en Sicile au m'' siècle
avant l'ère chrétienne. — C'est en effet en Sicile que ceux-ci
commencèrent à monnayer et, plus tard seulement, ils émi-
rent à Carthage même des espèces qu'il n'est pas toujours
facile de distinguer du numéraire insulaire. — Si l'on com-
parées monnaies frappées en Sicile, entre 317 et 218 par Aga-
thocles, par Pyrrhus, par Hiéron II avec les premières drach-
mes de Rhoda et d'Emporium, on ne peut se refuser à constater
leur analogie. Il n'est pas trop hardi de fixer le commencement
de la monnaie punico-ibérique vers l'an 280; j'insiste sur ce
point parce que la monnaie de Rhoda, considérée par quel-
ques numismatistes comme n'ayant été frappée que pendant
un quart de siècle, fut cependant copiée de ce côté-ci des Py-
rénées, jusqu'à la conquête romaine, avec une telle profusion
qu'il est logique d'en tirer deux conséquences importantes.
D'abord, c'est qu'entre l'Ibérie et la Gaule occidentale il y
avait des relations tellement multipliées que la colonie massa-
liète d'Emporium se garda bien d'inaugurer un monnayage
différent, comme type et comme poids, de celui qui était déjà
Différents groupes de monnaies gauloises. 175
employé dans cette région. — Ensuite, c'est que la diffusion
de la monnaie de Rhoda est due, sans doute, aux libéralités
par lesquelles Annibal, vers 220, se préparant à envahir l'Italie
en passant par la Gaule, se concilia les peuples dont il avait à
traverser le territoire entre les Pyrénées et les Alpes. Il avait
affaire à des peuples essentiellement mercenaires et imitateurs
chez lesquels l'argent était le meilleur passeport. — La première
et la seconde guerre puniques auraient donc contribué à donner
naissance au monnayage de la Gaule du sud-ouest et de la
moitié du littoral méridional. Plus tard, sur les frontières de
l'Aquitaine et de la Narbonnaise, le type de Marseille et celui
de Rhoda se combinèrent ^
Jusqu'ici, nous n'avons vu que de la monnaie en argent.
Dans le second siècle avant J.-C. paraît une monnaie en
bronze dont la fabrication semble circonscrite entre les Pyré-
nées et l'Hérault. Sur ces pièces, d'assez grand module, on Ht
deux ethniques et les noms de plusieurs chefs qui prenaient le
titre de BastAsu;. Cette série, par ses types et sa fabrique, se
rapproche singulièrement des pièces de Phintias, à Agrigente,
vers 280, et de Hiéron II, à Syracuse, 275-215 ; leurs proto-
types ne remontent donc pas au delà du m* siècle. Il semble
naturel d'attribuer ces monnaies à la tribu gauloise des Volcae
établis à l'époque à laquelle nous les classons dans le bassin
de la Haute-Garonne et dans celui du Rhône. Les Volcae
étaient à Toulouse, à Béziers et à Narbonne depuis l'an 280
environ. De nombreux mercenaires gaulois unis aux Ligures
ayant été soudoyés par les Carthaginois prirent part, en Si-
cile, à la première guerre punique; en 249 ils se trouvaient
au siège de Lilybée; nous en voyons 4,000, à un certain mo-
ment, réclamer vainement leur paye et massacrés à Entella où
ils avaient été envoyés sous prétexte de pillage, mais après
que les Romains en eurent été traîtreusement avertis. — Les
ethniques dont je parlais plus haut sont ceux de Béziers, et
d'un peuple connu seulement par les monnaies jusqu'à ce
jour; il s'agit des Longostalètes dont le type monétaire, le tré-
I . Cette combinaison fut favorisée par la confusion de la rose de Rhoda
avec la roue à quatre rayons de Marseille.
176 A. de Barthélémy.
pied, est emprunté à Agrigente. Ces bronzes paraissent avoir
été frappés assez longtemps, à en juger parla dégénérescence
des types et l'apparition, sur les moins anciennes, d'un mot
composé de quatre lettres celtibériennes.
Nous arrivons maintenant au numéraire d'or, très répandu
dans une partie de la Gaule, mais dont on ne constate l'usage
ni dans le sud ni dans le sud-ouest, où ce métal existait, mais
en très faibles proportions, dans quelques cours d'eau. L'im-
portation des premières monnaies en or peut être datée, puis-
qu'elles procèdent des statères de Philippe II, roi de Macédoine
(359-336 av. J.-C). Les mines exploitées par ce prince en
Thrace et en Thessalie produisirent une abondance de ce
métal précieux comparable à l'affluence d'or causée jadis par la
découverte de l'Amérique et, de nos jours, par les pépites de
la Californie. Philippe II fit frapper une quantité considérable
de statères au type du quadrige, souvenir de sa victoire aux
Jeux Olympiques; il en inonda ses états ainsi que l'Orient;
on imita dans toute l'Asie les statères macédoniens qui conti-
nuèrent les dariqucs et devinrent d'un usage général dans le
commerce antique; ils étaient désignés sous le nom dephilippcs,
comme nous disons aujourd'hui louis ou napoléons pour indi-
quer une pièce en or. Valérien écrivait au procurateur de
Syrie : « dabis Claudio philippos nostri vultus CL. »
Les Gaulois aimaient l'or: ce métal se trouvait dans leur
sol et dans leurs rivières et ils s'en servaient pour fabriquer des
objets de parure, ainsi que de massifs bracelets, longtemps avant
de savoir le transformer en monnaie ; on pense même que
ces bracelets d'un usage peu commode pouvaient servir à des
échanges. Il n'est donc pas étonnant que les statères ayent été
accueillis avec un certain empressement dans la Gaule. Les
premières imitations sont assez fidèles; mais, peu à peu, les
graveurs de coins, plus ou moins habiles, altérèrent leurs
modèles et arrivèrent à produire à la longue des types telle-
ment défigurés que, si l'on n'étudie pas la suite des pièces pro-
gressivement dégénérées, on ne peut deviner que certaines
monnaies gauloises en or procèdent des statères macédoniens.
Les empreintes défigurées présentent quelquefois des détails
tellement fantaisistes que les archéologues qui s'occupent de
Différents groupes de monnaies gauloises. 177
symbolisme y trouvent l'occasion de multiplier leurs conjec-
tures plus ingénieuses que solides. Je ne veux pas prétendre
que les graveurs gaulois n'aient pas, quelquefois, introduit
sur leurs coins certains détails inspirés par le milieu dans
lequel ils se trouvaient, mais c'est très exceptionnel. Nous
connaissons si fugitivement les croyances gauloises qu'il y a
plus de danger que d'utilité à établir des hypothèses. Le plus
sage est de chercher si telle figure, bizarre à première vue,
ne s'explique pas naturellement par la loi de dégénérescence.
La plus ancienne et la plus active fabrication de philippes
gaulois a été chez les Arvernes; il est très probable que
c'étaient ces pièces que Luern, père de Bituitus, jetait à ses
sujets lorsque, au 11^ siècle avant J.-C, il sortait pompeusement
sur son char.
On a longtemps discuté sur la route suivie par l'or macé-
donien pour pénétrer en Gaule. On crut d'abord que les Gau-
lois, après avoir pillé Delphes et ravagé la Grèce (280-272),
étaient revenus avec un riche butin ; une partie de ces dé-
pouilles, jetée dans le lac de Toulouse, aurait été prise en 106
par le consul Cepio. Mais il ne taut pas oublier qu'une inva-
sion de la Grèce par des Gaulois du sud-ouest n'est nullement
certaine; on admet aujourd'hui que les Volcae qui guer-
royaient en Orient venaient de la Germanie, et s'il en était
parti du sud-ouest de la Gaule, ils n'y seraient certainement
pas revenus chargés de trésors; j'ajoute que l'on ne trouve
pas de statères dans le sol toulousain. Comme les Gaulois
jetaient dans les fontaines, les cours d'eau et les lacs des
offrandes ou une part du butin, la découverte de Cepio dans
le lac de Toulouse et l'homonymie des Volcae d'orient et des
Volcae d'occident ont sans doute donné naissance à la légende
de l'or de Delphes.
D'autres savants ont pensé que les philippes avaient pu venir
par la voie de terre, la vallée du Danube et la Pannonie à la
suite des migrations gauloises de l'est à l'ouest. Or, on a cons-
taté que dans tous les pays traversés par les bandes gauloises
on trouve en quantité des drachmes, des didrachmes et des
tétradrachmes imités des monnaies grecques, mais pas de sta-
tères en or. Dans ces régions comme dans le reste de la Ger-
Revuc Celtique, XL 12
lyS A. de Barthélémy.
manie, l'argent monnayé était le métal préféré. Tacite dit, ii
propos des Germains, « argentum quoque magis quam aurum
scquuntur ». Plus tard, après la dislocation de l'empire d'Oc-
cident, cette préférence subsistait. Les Francs et les autres peu-
ples germains avaient continué d'abord la monnaie romaine
en or, mais, à la fin, par suite de la centralisation de l'or qui
eut lieu du fait des classes privilégiées, particulièrement du
clergé, et de la faveur traditionnelle dont jouissait l'argent,
ils étaient revenus peu à peu à ce métal que les Carolingiens
adoptèrent exclusivement.
J'estime que les ^/;/7z/i^« sont arrivés en Gaule grâce au com-
merce, par Marseille, le grand entrepôt entre l'Orient et l'Oc-
cident. Marseille, à la vérité, frappait exclusivement de la
monnaie d'argent, mais elle se servait de monnaies en or
étrangères qui avaient cours sur tous les marchés comme, au
moyen âge, les florins de Florence dont le nom devint aussi
un terme usuel pour désigner une pièce en or, les ducats de
Gênes et de Florence, les bezants d'Orient, etc.
En effet, la plus grosse dot, chez les Massaliètes, d'après
Strabon, était de loo pièces d'or, plus 50 affectées aux parures
d'orfèvrerie : les lois de Marseille faisaient donc allusion à des
monnaies en or employées dans cette ville. Deux romans
grecs qui ont entre eux une grande analogie, l'un attribué à
Aristodème de Nyssa, l'autre à Parthenius de Nicée, parlent
de femmes grecques enlevées par des Gaulois et amenées par
ceux-ci dans leur pays. Suivant la version la plus ancienne,
la rançon apportée pour le rachat de la captive était de
2,000 statères d'or; dans la seconde, le ravisseur porte le nom
de Cavarus, et la somme dont l'époux s'était muni était de
2,000 pièces en or. — Les imitations des statères macédo-
niens cessèrent en Gaule lors de la conquête romaine; les der-
niers portent les noms de Vercingétorix et de quelques chefs de
la Belgique, gravés en lettres latines. Dans le nord de la
Gaule, en Helvétie, en Rhétie et dans le Norique, les copies
des statères complètement informes paraissent, d'après les
légendes latines qu'elles portent, avoir persisté jusqu'au milieu
du i"'' siècle, avant l'ère chrétienne.
A l'époque beaucoup plus rapprochée des expéditions de
Différents groupes de monnaies gauloises. 179
César, époque qui coïncide avec l'établissement des Romains
dans la Province, les deniers de la République servirent de
modèles plus ou moins bien imités. Ce penchant d'imitation
portait quelquefois les Gaulois à graver sur bronze des types
qui, à Rome, étaient réservés à l'argent. Les deniers gaulois
auxquels je fais allusion constituent un groupe qui se localise
dans le sud-est ; ils forment une série nombreuse portant des
noms de chefs gravés en caractères latins qui paraissent avoir
été à la tête des tribus connues sous le nom générique d'Al-
lobroges, de Voconces et de Cavares depuis le commencement
du second jusqu'au dernier quart du premier siècle avant
l'ère chrétienne; mon calcul est basé sur ce fait que l'un de
ces chefs, Diiiiiacos, en même temps qu'il émettait des deniers
copiés sur des prototypes romains, flibriquait aussi des oboles
imitées de celles qui étaient frappées à Marseille avec l'em-
preinte d'une roue.
Enfin viennent toutes ces monnaies, postérieures à la con-
quête, frappées par les peuples libres et alliés dont j'ai déjà
eu l'honneur d'entretenir l'Académie.
Pour me résumer, j'indique ainsi les dates approximatives
les plus anciennes des différentes séries de monnaies gau-
loises que j'ai signalées aujourd'hui; je recevrai avec recon-
naissance les observations qui auront pour but de rectifier mes
propositions. — Dans un travail ultérieur, j'examinerai les
monnaies de la Gaule septentrionale et de l'Armorique.
Monnaies de Marseille vers 450 avant J.-C.
Imitation de Rhoda vers 220 —
Bronze de Beterra et des Longostaletes. . Id. —
Monnayage d'or 199 —
Deniers d'argent du sud-est 100 —
Monnaies autonomes des villes libres et al-
liées 50 —
A. de Barthélémy.
VERSIONS BRETONNES DE LA PARABOLE
DE
L'ENFANT PRODIGUE
L
M. Loth a publié, Annales de Bretagne, III, 630-642, et IV,
103-108, dix traductions de ce texte fameux, dans les différents
dialectes du breton moderne; elles forment les pages 363-380
de sa Chvestomaihic bretonne. Deux seulement sont des repro-
ductions : l'une d'après Le Gonidec, en léonais, l'autre d'après
Le Brigant, revu par Le Gonidec, en trécorois.
L'œuvre primitive de « teu M. Le Brigant », « revue et cor-
rigée pour l'orthographe par M. Le Gonidec » (Mémoires de
l Académie celtique, II, 127), a subi de la main du grammairien
breton bien des « corrections » qui ne tiennent pas uni-
quement à l'orthographe. Ainsi c'est à tort que dans le
deuxième vocabulaire qui suit son utile publication, M. Loth
attribue l'emploi du mot talvondch dans le sens de « digne » à
Le Gonidec et à Le Brigant; ce dernier n'y est pour rien. Je
crois donc bon de donner ici le texte tel qu'il est dans les Elé-
nieiis de la langue des Celtes Gomérites, ou Bretons ... par M" Le
Brigant, avocat àTréguier; Strasbourg, 1779, p. 44 et suiv. ;
j'ajouteseulcment l'indication desversetsdesaint Luc, chap. XV.
AR MAB PRODIG.
II. Eun dénn an éfoa daou vab,
Parabole de r Enfant prodigue. i8i
12. ar iaouankan à laras de dad : ma zad, reit din al loden
mado à deu din; ag o fartajas.
13. A neubed gondé^, ar mab iaouank gant é ail- draou à
bardas évit éur î vro bell ag enô a daibras, 4 è vado en eur ve-
van dreist muzur.
14. A pan efoé dispignet an oU, a deiias ar ghernes er voî
zé, ag à comensas caout fod.
15. Ag à as, ag en eun la kaas^ en servi eun dénn euz ar
vro zé, à énn cassas voar ar mez da vessa ar moh,
16. ag an éfoa hoant da gargan è goff, euz ar plusk à dai-
bré ar moh, à dènn na rai déan.
17. Kend ar fin en eun sonjal en an è unan a laras : nag à
dud à zo en ti ma zad, an euz bara ar pez à ghèront! ag am-
man à varvan gant an naon.
18. Zevel à rin, ag à in dam zad, ag a larin dèan : ma zad,
pehet emmeuz ouz an ev, à diragoh.
19. Na véritan kên bèan galvet o mab, leket anon evel
unan à o mitigien.
20. Ag en eun zével à deûas da è dad. Pa voa pèll hoas,
è dad à voèlas an éan/, à leun à druez à rédas, ag ag^ enn bria-
taas, ag à pokas déan.
21. Ar mab à laras : ma zad, pehét emmeuz ouz an ev, à di-
rag oh, na n'on kén dign da véan anvet à map.
22. An tad à laras daé vitijen, digasset raktal ar gaèran zai,
ag hé gouisket déan, leket eur bizaour voar è vis à botto en è
dréid ;
23. à digasset al loué lard, à lahet an, ma dai promp9, à ma
réfomp fest.
24. Rag ar mab^°, man din, èvoa marv, ag an euz adbévet,
collet évoa, ag é adcavet. Ag à commansjont da ober cher
vad,
25. è vap énan évoa er parko, à pa deuai, agà^^ tostaai dàn
ti à glévas ar iubans à trouz an danso.
I Liseï goude. — 2 Lis. oU. — 5 Lis. eur. — 4 Cette virgule est de
trop. — 5 Lis. vro. — 6 Lis. lakaas — 7 Lise^ anéati — 8 Ce mot est ré-
pété par erreur — 9 Lis. daipromp (de * dcbrhomp) — 10 Cette virgule est
de trop. — II Lis. ag à
1 82 E. Ernaiill.
26. Ag à halvas unan euz ar vitigien, ag a houllas diant an
pétra à voa zé ?
27. ag à laras ennes déan : ariv è o preur, ag an euz groet
ô tad lahan al loue lard, en ascont c retornet iah.
28. Ma hlazas, à na deur vée^ ket antrènn. c dad et er
mez, en eun lakaas de bedin.
29. Ag en en eun ghèmer ar goms à laras da é dad : chetu
kcment à vlaio a zo o servijan-, biscoas na mcuz trémenet oh
urzo, a nèp goez no heuz roet din eur mènn da daibrin gant
ma mignoned ;
30. maes panne- ariet ar mab man dah, an euz daibret è
vado gant plahed fall, à heuz lahet èvit an al loué lard.
31. Maés en à laras dèan : ma map, houi à zo ghènin bep
coulz, à kèment emmeuz à zo ddh;
52. maes ret à voa ober fest, à joa, rag o preur man evoa
marv, ag è adbévet, collet évoa, ag é adcavet.
C'est là la première en date (1779) des traductions bre-
tonnes de l'Enfant prodigue qui me soient connues. Ce texte
ne se ressent aucunement de l'absurde système linguistique
de son auteur; c'est la preuve qu'on peut à la fois avoir des
théories philologiques qui ne méritent pas la discussion, et
être un traducteur breton sérieux et estimable dans son dia-
lecte natal. Le même contraste s'est rencontré depuis; cf. Rev.
Celt., I, 279, 280.
Verset 15. Servi = « (il ... se mit au) service (d'un des
habitans) », dans la version française qui accompagne le texte
breton, ne paraît pas être une faute d'impression pour servij ,
cf. servijan, je sers, v. 29. On lit, dans le même ouvrage,
p. 40, iiiipli, emploi, variante de iiiiplij, cf. van. impie. Le y
reste toujours dins piij, plieh, il plaît.
V. 17. Keiid ar fin « à la fin », en petit Tréguier hen ë fin :
Ari oc'l.) Jcen ë fin! ah vous voilà enfin ! on dit aussi 'hen ë fin.
V. 19. Mitigien « serviteurs à gages »; daé vilijen « à ses
domestiques » 22, ar vitigien « (un) des serviteurs », 26. Ce
mot veut dire proprement « servantes ». On dit de même
I Lis. deurvée — 2 Lis. pann é
Parabole de l'Enfant prodigue. 1 8 j
quelquefois en Léon mitisicii, serviteurs, et à Batz mîtieon, ma-
teheon dans le même sens, cf. mon Etude sur h dial. de B., 21,
etRcv. Celt., III, 231, verset 17. De même hé^çk, chevaux, est
le pluriel de kaT^eh, jument (gall. ccsyg, juments).
V. 22. Biiftour « bague », qui se retrouve p. 55, est pour
bi^aoïi, bixpu, peut-être influencé par le mot aour, or.
V. 25 . Ar jubaus « la symphonie (et le bruit de ceux qui
dansoient) », cf. eur gri a cabans, un cri de joie, collection
Penguern, VI, 119. Ce mot semble venir du radical du fran-
çais jubilalion, jubiler, et de la terminaison -aucc.
V. 27. En ascont è « parce qu'il est ». On dit encore en
petit Tréguier en askohd c, id.; en askond da :^c, à cause de
cela. Composé de coût, compte; cf. l'anglais ou account ofit. Le
bret. asconch, instruction, doctrine, enseignement, D. Le Pel-
letier, doit venir d'un pluriel *asconchou, ou d'un verbe dérivé
*asconcha; cf. pet. Trég. abavanch, un abat-vent, au lieu de
* abavant, à cause du pluriel abavancho, etc., voir Dictionnaire
étymologique du breton uw\cn, s. v. rioig ; Glossaire moyen breton,
s. V. baut, degre:(^. Pour le sens, on peut comparer l'angl. ac-
count, relation, récit, exposé. Quant à Vs, il vient soit de celui
du V. fr. cscouter, conter, raconter, soit d'une accommodation
du V. fr. acoute, compte, récit; acoutcr, compter, rendre
compte, tenir compte de, raconter, au préfixe breton r/~-, cf.
a^coue:^, van. acoueh, rechute.
V. 28. Ma hla^as « ce qui l'aiant fâché ». Le mot-à-mot
est « si bien qu'il devint bleu (de fureur) » ; cf. Ijag heu ker gla:(_
vel ar g]i~iuu « aussi bleu (décolère) que le bluct », Giver'^iou
Brei~ I::^el, I, 440 ; bag Ijcu ker gla;^ evcl tricbeu « la face verte
comme l'oseille », Bar~a:;^ Brci::^, éd. de 1867, p. 218; pa\oc'b
ker gla::^ evit rcjin, ... pa'~ oc'b ker gla::^ bag ar uiaro « quand
vous êtes vert comme du raisin, ... quand vous êtes pâle
comme la mort », 316. Dans ce dernier cas il ne s'agit pas
de colère, mais de douleur. On sait que gla:^ veut dire à la fois
vert, bleu et gris.
V. 28. Eneun Jakaas (il) « se mit », pour 01 cm ; eu cun sonjal
« en pensant », 17, cf. 29, 20, de eu un; confusion fréquente
en trécorois. Cf. en eur pourvei, se pourvoir, Riniou, anc. éd.,
39, en ur scrabat, s'égratigner, pa n'eur gavont, quand ils se
184 E. Ernault.
trouvent, 40; en cur soumeijoni, ils se soumirent, An Avicl,
18 19, I, 7, pcn eur gavo, quand il se trouvera, ms. celt. 19,
Bibl. nat. (1815), ï° 15 v", cf. 24, etc. ; ous nem vcrvel en
mourant, Instr. voar ar hlasphcm, S' Br. 1828, p. 72, pet.
Trég. ou:(n ini vervel, etc., cf. Rcv. Celt. V, 488.
II.
Je trouve de ce même texte une traduction vannetaise datée
de 18 t8. Elle est aux p. 229-232 d'une concordance des évan-
giles intitulée Histoer a vuhc Jcsus-Chronist. Dré enn ciitru
J : GéqneJIeu, ex-c : pr : c : log : E Lorient, è ti Le Coat Sant-
Haoucn, iniprimourr-Jibrourr. 1818.
La voici; j'ajoute encore l'indication des versets.
ER MAB PRODIGE
1 1 . Un den en doai deu vab
12. er ïevanquan à nehé e laras di dad : Me zad, hreit deign
me lod danné péhani e zigoéhe teign. En tad e bartagas enta
i zanné itre zé.
13. Un dé benec goudé er ïevanquan, arlèrh en dout pet
tolpet tout er pèh e oai dehon, e ias de voïageign i méz à vro
ac e zispeignas in débauche tout er pèh en doai.
14. Mass, goudé en dout tout dismantet, en hum gavoet e
ras ir vro-cen ur famin vras ac n'en doai nitra.
15. Ion e ras enta gobre doh unan ag en habitantet ag er
vro-ce. Nezen i v;t;str ir hassas di veiterie eit goarne i voh.
16. Enn ur féçon ma en devezai carzet en devout er pèh e
zaibai er môh de gargueign i gofr, niîes hanni ne rai dehon.
17. Antin ion e zistroas doh ton i huenan, enn ur laret :
Nac à dud e zo i ti me zad ac en dés tout bara inn abon-
dance, durant ma hon-mé i variièle guet en nean !
18. I han enta de bartie, me iei de ti me zad ac me lareo
dehon : Me zad, me mes péhet inep d'en nian ac inep toh :
19. ne véritan quet mui bout galûet hou mab : tra;tet-mé
èl en deùehan à hou serviterion.
I . Ce titre se trouve à la table, p. 590 (non numérotée).
Parabole de l'Enfant prodigue. 185
20. Ion e bartias enta ac e ias de gavoet i dad. I hoai hoàh
pèle, à p'ir gûélas i dad péhani e gueméras quentèh truhé
doh ton, e ridas abcn d'ir hemer à vréhad ace vocquas dehon.
21. Me zad, e laras quentèh er mab dehon, me mes péhet
inep d'en nian ac inep toh : ne véritan quet mui bout galûet
hou mab.
22. Nezen en tad e laras di serviterion : Digasset dehon
promptemant i ceintur quetan ac laquet hi ar i dro. Arlèrh la-
queit ur biseû ar i zorn ac botteu enn i dreit.
23. Digasset ehiie ur laï lard ac làhet hon. Anfin, daibamb
ac groamp chxr-vad ;
24. hrac me mab, péhani e uélet azen, e oai marûe ac
chetu ion hoàh i buhé; collet e oai, ac chetu ion hoàh cavet.
Hint en hum laquas enta de ober ch^er-vad.
25. Durant en dra-zen i hoai er mab côhan ir parcq; mass
à p'en das d'er gùer, él ma tostai d'en ti, ion e gleûas er han
ac en dance.
26. Ion e alûas quentèh unan ag^ serviterion ac e oulonas
guet hon petra e oai en drace.
27. Nezen er servitour e laras dehon : Arriue ë hou prèr
ir guèr ac hou tad en dèsgroeit lâheign ur laï lard, hrac m'en
dès hon hoàh cavet i buhé.
28. Er mab côhan en hum o;avas enta fachet bras à sue-
ment-cen ac ne fautai quet dehon onet in ti. Hraccen en tad e
sortias ac en hum laquas d'ir pedeign.
29. M:^s, aveit tout réponse, ion e laras di dad : Chetu pe-
guement à amzer e zo à oudé ma hon doh hou servigeign
hemp manqueign nitra ager pèh e ordrenèh teign ac noàh ja-
nic-es ne hués reit deign ur pen devet, eit regaleign me amiet :
30. ha quentèh mi ma arriue ir gùer er mab-ce péhani en
dès dismantet tout i dreu guet er merhet débauchet hui e hués
abén laquet lâheign ur laï lard aveit hon.
31. Me mab, e laras en tad dehon ehiie, hui e ùai berpet
gueneign ac tout er pèh e mes e zo doh :
32. noàh ret mat e oai gober ur laeign ac en hum rejoeis-
I . Supplée^ er.
i86 E. Ern.iult.
seign, hrac hou prcr e ûélet amen e oai marùe ac chctu ion
hoàh biuet; collet e oai ac chetu ion hoàh cavet.
^'erset 12. hreit, donnez, cf. hrac, car, 24, 27, 32, hraccen,
à cause de cela, 28 ; on ne lit r initial qu'après des mots pro-
duisant une mutation sur la consonne suivante : {/) ras, il fit,
14, 15 ; (né) rai, il (ne) donnait, 16; (c) ridas, il courut, 20.
Cependant m/^ donné, 29, et rcî, nécessaire, 32, font excep-
tion. Cette double façon d'écrire l'initiale hr comme radicale,
et r avec mutation est la règle dans VHistoer, malgré certaines
inconséquences. Elle rappelle le traitement du gallois rb, qui
s'adoucit en r. Le signe hr répond à une prononciation spé-
ciale, semblable probablement à celle que j'ai signalée autrefois
en cornouaillais; cf. Rev. Celt., III, 492.
Quelquefois VHistoer semble présenter aussi /;/ initial, mais
c'est une illusion : dans ma hiausquas, si bien qu'il lâcha,
p. 362, ma hJarai, qu'il disait, 165, / hlarco, il dira, 305, /
hJaquat, en mettant, 61, etc., 1'/; provient du mot précédent,
cf. ma hanaiicljct, (pour) que vous connaissiez, 164, / ])an, je
vais, verset 18 de notre texte, i hantréeign, en entrant, 297, etc.
C'est ainsi qu'en trécorois on dit hé JUstr, hé nnatur, hé rré, son
navire, sa nature, les siens (à elle), Hingant, Grammaire, 219,
de *he c'hiestr, *hec'h Icstr, etc., cf. Ijec'h ine, son âme (à elle),
Rev. Celt., VII, 154.
V. 16. En deve:(ai car~et, il eût voulu, paraît d'abord une
faute évidente pour caret; cependant la version de VEnfant
prodigue en vannetais de Belle-Ile (^Annales de Bretagne, IV,
107 = Chrcstoni., 379), porte de même en dévéhc câr:^et, et
M. Loth admet cette forme de participe dans son deuxième
vocabulaire, s. v. caran. — I gofr, son ventre; cf. cofr, ventre,
p. 7; à gofr, du ventre, p. 236, etc.
V. 18. Me lareo, je dirai. La 3^ pers. sing. du futur n'est
guère en 0 simple, dans VHistoer, que pour les verbes être et
avoir : e vo, il sera, en do, il aura, p, 131; les autres prennent
eo : neaheo, il reniera, e gaveo, il trouvera, / holleo, il la perdra,
p. 131, e garreo, il aimera, saiieo, il se lèvera, p. 63, etc., etc.
On Ht pourtant antréo, il entrera, p. 239, m^mtii antréeign,
217, à cause de Ve qui précède la terminaison; cf. antréehct,
vous entrerez, p. 220. On pourrait s'attendre à trouver, au
Parabole de l'Enfant prodigue. 1 87
contraire, e vco, il sera (de vcî^o), en deo, il aura (de devo, dcveo,
deve:^o), et neaho, etc.
Quelle est l'origine de cette diphtongue ? Le langage de
Batz fait un grand usage de co pour aiu accentué à la fin des
mots, et des doublets syntactiques comme dco (accentué) et
do (non accentué) « deux » ont donné lieu, par analogie, à
des formations inverses telles que :^o et ~éo « (il) est » {Etude
sur le dialecte ... de Bat:^, p. 3). Mais dans VHistoer on ne voit
pas du tout paraître cette prononciation eo pour aw: les plu-
riels y sont en eu, « deux » se dit dcu (verset 11), etc. D'un
autre côté, ce sufiixe de futur est le seul cas où l'on puisse
supposer une diphtongaison de 0 en eo: cf. iiio, là, p. 131, (•
:^o, qui est, verset 17, ar i dro, autour de lui, v. 22 de notre
texte, etc.
Il fout donc avoir recours à l'analogie. Aurait-on imité le
rapport des deux formes légitimes veo et vo, il sera, en donnant
par exemple à ivo, il boira, une variante iveo (p. 50)? Ou
bien IV intercalé vient-il de ce que toutes les autres personnes
du même temps ont une terminaison commençant par cette
voyelle (-nV;7^ -ei ; -ehemb, -ehet, -eint)} D'autres explications
sont encore possibles : voir plus haut, p. 103, 107.
V. 28. Ne fautai quel debon onet, il ne voulait pas venir.
Onet est pour vonet, mutation abusive de inonet ; cf. Glossaire
moy. bret., s. v. ah {Mémoires de la Société de linguistique de Paris,
VI, 417, 420).
V. 29. Aveit tout réponse, pour toute réponse. L'adjectif se
trouve avant son substantif; construction assez fréquente en
breton moderne, où elle est souvent un gallicisme : ar barhar
Pharaon, Jraj.Mo., i^t,, ar c'hruel Pharaon, i6^,d'ar vencrabl
Jacob, Traj. Jac, 107, prudani Joseph / 13 5 ; van. er bur Su~ane,
B. er .^..494; divin Jésus ! Hisioer, 3 ; fol vanité, pussunius devccr-
rance (plaisirs empoisonnés), Voy. mist., 105; ur sod incliiut-
tion, 57; adorable vertu, 73; hé véritable boid.ieur, 59; en ou
douce captivité, 82; guet ferme confiance, 116; ur j'ust punition,
29, ur parf et f délité, 151; hur propr iscldat, 94, cf. 51, i prope
héritage, Histoer, 14 {ou deulegat prope, 16); certantud, cer-
taines gens, Voy. mist., 57, cf. 42 ; 0 puissant Jupiter ! Jac, 99,
cf. hor galloudus roue, notre roi puissant, 65 ; e vras madek^, sa
i88 E. Ernault.
grande bonté, 105, van. turel ur bras seèl ar er héd, Vcy.
misL, 129; ag ouvad volante^ de leur bonne volonté, 75, a ou
vad ha libr volante, 54; dh queah inean! ô chère âme, 123,
pi. queih tud, ^} ; en distér satisfactioneu-hont , ces légères satis-
factions, 38, un distér f al vlas, 47, un distériq dioustemant, un
léger dégoût, 81 ; ^r ureih i^el, en i^el ureih, la Basse-Bretagne,
Chai, ms, V. vers; ur grac vesten, une courte veste, Sarm., 8,
0 excellant Omnis homo! 34, dispar Michel ! (incomparable),
Serm., 7, karadek brô! aimable pays, Kanaouennou gant Bri-
:^eux, Paris, chez Duverger, p. 8, Koantik Elen (gentille) 10,
ar fur Caton (sage), Rimou, anc. éd., 10, ar seul sujet, 31,
eun hahil architcct, 45, an eiirus ingalite, l'heureuse égalité,
Tad Gérard, 28, eun enorm cspern, Catechis ar républicann mad,
1872, p. 24; a hul'l ligne, de haute lignée, G. B. I., I, 170;
ar rust amser, le mauvais temps, Introduction d'ar vue~ dévot
(Le Bris, 1710), p. 419; ar fos avielou, les faux évangiles, ./4n
Aviel, 1819, I, 6, actou ... a :{iffcrant vertu:{iou, 10, nialheurus
Judée, 209 ; Trugar Jc::^u:i, klouar Mari, Eiinn dibab toniou,
p. I (cf. 5rt;-;(. Br., 40, col. 2), etc., cf. Rev. Celt., IV, 162.
De même en moyen breton: diuers, Cathell, 5,11; adiuers
ha pell broe:(you, de divers et lointains pays, 12. Cï. principal
barner, J. 163 b; reuseudic hérétiques, B 125;^;? trugar Jésus,
le miséricordieux Jésus, Gw. (cité par D. Le Pelletier) ; Dict.
étyni., s. V. antier, ardant, berr, bras, ca:yr, douar, a)~, cren,
diuin, don, drouc, fall, fais, fidel, fin, foll, glan, goall, goar,
goe::^, guiryon, hanter, hec, hegar, haual Çjeuelep), hir, holl, mat,
meur, neue~, fioa::^, seder, seuen, strivant, vaen, etc.
m.
Il y a d'autres traductions bretonnes imprimées de V Enfant
prodigue qui ne sont pas citées par M. Loth ; je connais les
suivantes :
1° Morlaix, 1819, dans An Aviel ha meditacio)wu, Tennet
eus re challec an Abat Duquesne, Gant an Otrou Richard, Person
Peurit-ar-Roc'h. Tom tri, chez Lédan (p. 294-322);
2° Brest, 1851, dans Testainant ncve:^ hou Aotrou hag hor
Parabole de l'Enfant prodigue. 189
Salvcr Jésus Christ, chez Ed. Anner (p. 140); réimprimé avec
très peu de changements, Brest, 1870, chez J.-P. Gadreau;
3" Guingamp, 1853, dans Testamant neve eus bon Otro hac
hou Salver Jesus-Christ, chez B. JoUivet (p. 174);
4° Quimperlé, 1858, d:ins Bue~bor Zalver Je~u:^-Krtst great
gant kom:{ou ar pevar avicler, par l'abbé Henry, chez Guffanti-
Breton (p. 236);
5° Londres, 1883, dans Testamant neve~hon Aotrou bag bon
Zalver Jestis-Cbrist, par G. Le Coat, imprimé par la Trinitarian
Bible Society (p. 142). La traduction de saint Luc a paru aussi
séparément, avec la même pagination, en deux éditions, dont
l'une porte le français en regard.
Voici quelques remarques sur ces textes.
Le n° I traduit « l'Enfant prodigue » par ar Mab Prodig ;
le n° 3 par eur buguel prodig ; le n° 4 par ar niap tre:{er, ar
map prodig, p. 239, ar map tre:;enner, p, 417; le P, Grégoire
donne armapprodicq. Le Gonidec ar uiab giuaU-'::jspiher, Méiii.
deVAcad. celt., II, 118, cf, 126.
Verset 18 : da gaout (j'irai) trouver (mon père), n° i et n° 2
(185 1), dagaoud, n° 2 (1870), da gaout, n°' 3, 5; da gavout,
n"4; = de gavct, haut vannetais (^Ann. de Bret., IV, 104).
En petit Tréguier ces mots ont deux prononciations distinctes.
Lorsque la signification propre de trouver ou atteindre, avoir,
est assez sensible, comme ici, on dit de gavcd, de gâd; mais
quand le sens primitif s'est atténué, au point de donner une
simple préposition de mouvement, on n'entend jamais le / ou
d final, ni le v, et la contraction de ae se fait en é et non en
â : xelled de gé kroec'b, regardez vers en haut ; cf, biskoa:(^ mann
na deua:^ ken eu:( be drouk d'be gae, litt, « jamais rien (la
moindre attaque) de son mal ne vint plus à lui (le trouver) »,
Bue sant Ervoan, Tréguier, 1867, p. 77,
Des doublets de même genre sont: tréc. uutt, bien, ma! eh
bien! van. bama, eh bien = ba ma{f); pet. Trég. eun dén,
un homme, 'n en, on, quelqu'un : pë ve 'n en, quand on est.
V, 32, en em iéat, se réjouir, n° 5 ; dérivé de ye, gye, ge, gai;
cf. carguet a yeoni , plein de gaieté, Avanturiou un denyaouanq,
Morlaix, chez Lédan, e traon ruar Fur, p. 9. C'est probablement
cette prononciation gy pour g, qui empêche la mutation dans
190 E. Ernault.
re ge, trop gai, G. B. L, I, 368, 374, 376. Cf. icol, herbe,
de geot, ieuu, marais, de gciin, etc.
IV.
Le Gonidec a publié une version de V Enfant prodigue en léo-
nais, avec explication mot-à-mot et traduction française, dans
les Mémoires de V Académie celtique, II, 1 18-124, pour répondre
au désir que lui exprimait le Ministre de l'intérieur, Cretet,
par lettre du 26 janvier 1808 (imprimée ibid., p. 125). En
1827 a paru Testaniant neve~ bon Aotrou Jé:;jt:^-Krist, du même
auteur, à Angoulême, chez F. Trémeau; la parabole (p. 102-
103) y présente quelques divergences : mots changés, accents
différents, - pour s finale, etc.
L'un de ces changements est à noter : va digémérid, re-
cevez-moi, verset 19, est devenu va -igémer, reçois-moi, avec
une mutation de d en ~ contraire aux règles posées par l'auteur
lui-même dans sa Grammaire, Paris, 1807, p. 22.
L'abus qui consiste à traiter le d comme un t, après les
mots qui produisent l'aspiration d'une initiale forte, est par-
faitement réel; je l'ai constaté à Tressignaux, en Goello, où
l'on dit, par exemple, tnë ~orn, ma main. Cf. va ~orn, Moys.,
149, pi. va :^aoiiarn, 276; va :Jouscouarn, mes oreilles, 294;
va ~aou vah, mes deux fils, Jac, 82 ; va :;jsohoissançou, mes dés-
obéissances. An Avicl, 1819, I, 237; ma ::^cl]}ct, (il) m'(a)
tenu, Quiquer, 1690, p. 124; ho ~cluv, qui les mangera, ho
:^ivreïno, qui les « dépourrira », G. B. I.,\, 426, etc. De même
pour la gutturale : va c'hcnou, ma bouche, Jac, 132, mac'hour-
c'he)neno, mes compliments, G. B. L, I, 542; on dit à Tré-
vérec, en petit Tréguier, ;;/('' c'haïur, ma chèvre, /;/ c'haivr (et
/;/ gaun-), sa chèvre à elle, 0 c'Jnnvr (et 0 gazvr^ leur chèvre
(on dit toujours më griueh, ma femme, mëgar, ma jambe).
En 1866 (et non 1868, comme l'indique M. Loth) a paru
à Saint-Brieuc la traduction complète de la Bible par Le Go-
nidec, revue par Troude et Milin. C'est de cette édition que
M. Loth a extrait la parabole de V Enfant prodigue. Elle ne dif-
fère de la précédente que par des détails d'orthographe (vers. 13,
Parabole de l'Enfant prodigue 1 9 1
lé, 21, 28), sauf deux mots changés, vers. 17 et 30. Fa :^i-
gémer y est resté, bien que la reproduction de M. Loth porte
va digémer.
Nous avons parlé de la traduction trécoroise de Le Brigant
(1779), dont la rédaction revue par Le Gonidec (1808) a été
reproduite par M. Loth. Le Gonidec a fait disparaître presque
toutes les particularités de la version primitive signalées plus
haut (§ I).
Deux autres versions citées par M. Loth se trouvent Revue
Celtique, III, 48 et suiv., cf. 59 (vannetais de Sarzeau et de
Saint-Gildas), et III, 230-231 (dialecte de Batz, Loire-Infé-
rieure).
1° Vers. 20, el ma oai anou ... piall, comme il était ...
loin; koU'd oai anou, il était perdu, 24, 32, cf. a p'en duai
anou chairrët, quand il eut rassemblé (13), p. 59, labour ket
anei, elle ne travaille pas, etc., p. 59. Ce pronom explétif n'est
pas absolument propre au dialecte de Vannes : on lit ne xaleas
quct ane:^i d'eu cm laçât en ur goucnt, elle ne tarda pas à se
mettre dans un couvent, 5«<?~ ar scent . . . lequet e bre::^onec gant
an Auirou Messir Clauda-Guillou Marigo, Person eus a barres
Bcu~ec-Conq, Saint-Brieuc, chez Prud'homme, 1841, p. 127;
ne ^aleas quet ane:yi goude-se da labourât, elle ne tarda pas ensuite
à travailler, p. 57e. Dans l'édition vannetaise Bubé er sant.
Vannes, chez Galles, 1839, les deux passages correspondants,
p. 160 et 633, portent simplement ne dardas quet, elle ne
tarda pas, mais il y a n'cllé quet nehou bout, il ne pouvait être
(plus sévère), p. GG, ne selle quet nehi doh, elle ne regarde pas
au (privilège), p. 75, etc.
2° Vers. 14. Em-pa-chei hlcîï = sans le sou, cf. Rev. Celt.,
VIII, 527. — Vers. 17, voir plus haut, § i.
Vers. 21. Dirag Douhe « devant le ciel », littéralement « de-
vant Dieu ». Parmi les lacunes remarquables du vocabulaire
usité dans ce langage spécial, se trouvent les mots « ciel »
qu'on remplace par « paradis », paradoueis, f., et « arbre »,
qu'on emprunte au français : arbre, pi. arbréo.
Vers. 23. El un de bane:{eo = comme un jour de noces; de
*banve~ou, plur. de banves, en léon. « banquet » (Le Gonidec,
i""^ version, vers. 23, 29, 32; banve:;^ dans les deux autres). Cf.
ic)2 E. Ernault.
Etude sur le dial. de B., i6, Rev. Cclt., VII, 309. S'il sub-
sistait quelque doute sur cette étymologie, il serait levé par
les passages suivants : en overen haneue:^, à la messe de ma-
riage, Science er salvedigueah, ... coinposct dré ur person a escopti
Guénet, Vannes, chez la veuve Bizette, ar el Liceu, 1821,
p. 262; ér chervat ba7teue~, dans le festin de noces; érbanhue-
~ieu, dans les noces, ibid. On voit par là qu'en vannetais
banves « banquet » a pris le sens spécial de « banquet de noces »
puis simplement de « noces », et que bane:^eo est certai-
nement un des mots qui ont perdu un v. Inversement,
on dit en français « faire la noce » pour « foire bombance »
en général.
Vers. 27. Mid er goas, dit le serviteur, mid en tat, dit le
père, 3 1 ; cf. e met er prophète, dit le prophète, e met en dein,
dit l'homme, Science er s.,y>- xxxvii ; Et. sur le d. de B., 17, 18.
Les huit versions nouvelles données par M. Loth sont:
1° en dialecte de Léon (Landerneau) ; 2° en dialecte de Tré-
guier (pays de Goello) ; 3° en haut cornouaillais (Le Faouët);
4" en cornouaillais du nord-est (Berrien); 5" en bas-vannetais
(Guémené-sur-Scorff) ; 6° en haut-vannetais (îles de Houat et
Hédic); 7" dans le sous-dialecte de l'île de Groix; et 8° en
breton de Belle-Ile (Locmaria).
jo Verset 20. Dioc'honnlah (il eut pitié) de lui. Ce mot
contient deux fois la préposition oc'h, ou~, cf. oc'h outho, à eux,
Rev. Celt., IV, 468. Quant à Vn, il se trouve aussi dans
evintan, pour lui, à Morlaix, etc. (évîhtah, 4°, vers. 30).
2° Vers. 14. E un génies, une famine. Je pense que eu)i est
une faute d'impression pour eur.
Vers. 15. En im lakad ... i'n gôp := litt. « se mettre en
gage » et v. 17, /' n îi me ~dd « dans maison mon père »; il
faudrait donc écrire in en un mot.
3" Vers. 28. Ne vénèket taon, il ne voulait pas, cf. 5° et 7°,
litt. « il ne voulait pas à lui », avec « il » impersonnel. C'est
un mélange analogique des deux expressions ne véné ket, 8°,
cf. 6°, = « il ne voulait pas », avec « il » personnel, et ne
fêlé két daon, 4", cf. 1° et 2°, litt. « il ne fliUait pas à lui ».
Une autre combinaison possible consistait à dire, inversement,
nef elle ket « il ne fallait pas » dans le sens personnel de « il
Parabole de l'Enfant prodigue. 1 9 j
ne voulait pas », et on n'y a pas manqué. Cf. Rev. Cclt., IX,
266, ti Etudes hnt., VII, 2^^ article.
4° Vers. 21. Le mot éna doit être de trop.
5° Vers. 24, 29, 32. Cheto, voilà. La p. 465 delà Cbrcsto-
mathie explique ce mot par sclld-ho « voyez-les », « les voilà ».
Mais cheto ne veut même pas dire « le voilà » ; d'ailleurs on
attendrait chetè, cf. anehè, d'eux, etrédè, entre eux, v. 12. Je
crois que cheto vient de chetë = chetii. Uë très bref de chetë, en
petit ■ Tréguier, est bien près d'un 0. On entend de même, en
bas Léon et en basse Cornouaille, neu^o, alors, pet. Trég.
neu:(ë, new^, de neu:^e; en pet. Trég. bromon, maintenant, de
hrëmarï, hremah; en Trég. melon, jaune, blond, de iiielën, lue-
kn. Cf. on, un, de eun, un, dans le même dialecte que cheto,
de chetu, v. ir, 13 ^ La note de la p. 81 de la Chrest. me
semble poser inexactement les conditions de ce fait phonétique,
et joindre à tort le haut cornouaillaisj!)0/)^ chaque (vieux bret.
pop, Rev. Celt., IX, 419) et le trécorois komcret, prenez (moy.
bret. compret, prendre).
Il y a une lacune au vers. 29.
6° Vers. 18. Ne oan ket, je ne suis pas. Oan correspond ici
en léonais à oun et non à venn. C'est d'une forme analogue
nën usitée à Auray, que je parlais dans le passage critiqué, Rev.
Celt., VI, 510.
Les versets 19, 20 et 21 manquent à cette version et aux
deux suivantes. Celui qui est marqué 19 au n° 6 est en réa-
lité le 22'^. Au n° 8 les versets 19 à 28 devraient être comptés
22 à 32. — Voir plus loin mon article sur la Cbrestoin. bret.
V.
J'ai essayé de rendre cette parabole en breton moyen à cause
de l'intérêt que peut présenter le résultat de ce travail, comme
point de comparaison avec les dialectes modernes. Je suis l'or-
thographe la plus commune au x\ '•-xvi'' siècle, et donne en
note les variantes les plus importantes. Toutes les formes se
I. Erro, arrivé, rime en 0, Récit varhiie^... Napoléon, 183 1, chez Lédan,
p. 8, pour erru.
Revue Celtique, XI. 13
tÇ)4 K- Ernault.
lisent avec références dans mon Diciionnaire étymologique,
sauf celles entre parenthèses, dont le radical seulement se
trouve dans cet ouvrage. La restitution des terminaisons ne
donne lieu, d'ailleurs, à aucune difficulté.
AN iMAP^ PRODIC^.
11. Un den en deuoa 5 dou4 map.
12. Hac an^ (youancaff) a lauaras de tat: Ma tat, reit*^ diff
an lot gloat a die coezaff diff. Hac eff a (rannas) e madou
entreze".
13. Ha da penn nebeut dezyou^, an map youanc goude e
bout dastumet e oll danuez9a yez dun bro pell hac eno ez
(fritas ^°) e cheuancc o beuaff en lichezry ^^
14. Ha pen deuoe^- dispingnet c oll moyen, ez hoarvoe un
quernez^^ bras ^4 abarz^> en bro liont, hac cfF a dezrouas ezo-
mecat.
15. Ha monet a gueure^'' den em lacat enseruigun den an
bro se, peheny e caccas dun ty oar an maes da miret an
moch.
16. Hac etfa (carse) leunyaff^" e coft'gant an (plusq) a (de-
bre) an moch, hoguen den en bet '^^ no (roe) dezaff.
17. En diuez pan em soungas ez lauaras ennhatf e unan :
Peguement a (goestloueryen) so en ty ma tat père o deuez
bara do goalch, ha me so aman oz meruell gant an naffii!
18. Seuell a riiî^9 ha monet dauet ma tat, ha me a lauaro
dezatF: Ma tat, (pechct) cm eux a enep dan netf hac ouz enep.
19. Ne (dellezaft"-°) quet bout-^ galuct quen oz-- map; ma
(quemeret) euel unan oz seruigeuryen.
20. Hac ez sauas ; hac ez aez dauet e tat. Hoguen pan edoa
hoaz pell, e tat e guelas hac en deuoe truez outaff; hac en un
redec ez (lammas) de gouzouc hac ez (poquas) dezaff.
Variantes: i buguel. — 2 relarg. — 3 defîoa, doa — 4 daou. — 5 Hac
en; han. ^ 6 roit. — 7 (cntrezo) — 8 dezyaou; (dezuezyou) — 9 dan-
fuez, daffnez — 10 (teuzas) — 11 paillardiez. — 12 "dcffoue, doe —
13 naounder — 14 meur — 15 ebarz. — 16 guereu, gueureu. — 17 car-
gafF. — 18 hoguen gour. — 19 grifF, gruif. — 20 (meritaff), (diseruigaft).
— o.T bezaff — 22 hoz, houz, oz, ouz, ho.
Parabole de l'Enfant prodigue. 195
2 1 . Hac e map a lauaras dezaff : Ma tat, (pechet) em eux
a enep dan neff hac ouz enep, ne (dellezaff) quet bout galuet
quen oz map.
22. Hoguen an tat a lauaras de meuelou : (Digaczet) buan
e sae quentaff ha (guisquit) y^ dezaff; ha lequet^ un goalenn^
oar e bes-^ ha botou en e treit.
23. (Digaczet) iuez5 an lue (lart*^), ha (lazet) aff; (de-
bromp) ha grueomp' banves.
24. Rac^ an map man dift a ioa maru, hac ezeu daczor-
chet; collet edoa, ha caffet eu. Hac o em lequesont dober cher
mat.
25. Hoguen an map henaff a ioa en maesou ; a pan (dis-
troas) ha bezaff tost dan ty, ez cleuas an can han coroll.
26. Hac ez (galuas) unan an meuelou, ha goulenn outaff
petra voa deze9 ober se.
27. Heman a (respontas) dezaff: Oz breuzr a so deut ^° dan
kaer, hac oz tat en deuz" groaet^- lazaff an lue (lart) dre mazeu
(retornet) yach ha salu.
28. Oarse ez deuz den em colery ^5, ha ne deuruihe quet
antren. Hoguen e tat a yez en maes hac en em laças de pidiff.
29. Ha hennez en un respont a lauaras de tat: Meur a bloaz
so aba edoff endan hoz damany, ha biscoaz nemeux (torret)
hoz gourchemennou, ha nepret noz eux roet diff un menn den
em louenhat gant ma mignonet.
30. Hoguen quen tiz mazeu deut an map man deoch^4, pe-
heny en deux debret e danuez gant mcrchet flill, oz eux lazet
an lue (lart) euit haff.
31. Hac an tat a lauaras dezaff : Ma map, huy a uez bepret
gueneff, haquement ameux a so deoch huy.
32. Hoguen ret e oa ober banves hac on em reiouissaff,
rac an breuzr man deoch a ioa maru, hac ez eu daczorchet,
collet edoa, ha caffet eu.
Variantes: i aff; sae était des deux genres. — 2 lyquit — 3 besou —
4 bis — 5 euez — 6 Ce mot ne se trouve que comme substantif, v du lard »;
mais il y a son dérivé lardaff', engraisser. — 7 greomp, gruemp -^ 8 Er ;
dre mazoa an map man diff. — 9 dezo — 10 deuet, duet — 11 deueux
— 12 graet, great, gret, gruet, groat. — 13 J'emprunte cette expression
au Glossaire nioven-breton. — 14 dich, dech.
196 È. Érnautt.
Verset 13. Eno, là (où il est), sans mouvement, léon. eno,
van. iiiou: bccd inou, jusque-là, Voy. mist., 126, peèl dohinou,
loin de là, 91, a-inou, delà, d'i}wu, là (avec mouvement), l'A.;
tréc. eîie (rime à mené), Traj. Moyses, 255, cf. /;/;•/(', aujour-
d'hui, ane:^e, eux, ibid., = léon. hi':^io, ane~o; tréc. achane, de
là, léon. ac'hano (moy. br. ahane, ahano; aiie^e, ane:(o; de:(e et
de:{0, à eux, etc.). Eno veut dire proprement « dans lui, dans
cela », van. enou, cf. van. dehou, à lui, comique dotho, etc.,
voir Dict. étym., v. ane:(of, de lui, et Loth, Rev. Celt., IX, 361;
pihiie-benac e gare en danger e hum golloii éii-ou, celui qui aime
le danger y périra, Bube er s., 260 (i. e. « dans lui », et non
« là »).
V. 15. Monet a gueure, il alla, tréc. monet a eure: cf. guervel
a euré, il appela, verset 26, respond a eure, il répondit, ver-
set 29, etc., dans le Testamant neve, Guingamp, 1853.
V. 31. Euit baff, pour lui. Je crois qu'il y a en breton
moyen deux mots différents : 1° eguet, que, après un compa-
ratif, léon. egct, = comique âges, agis, et 2° euit, pour, léon.
evit, ■= comique aiuos, atues. Le second, euit, s'emploie quel-
quefois en moyen breton à la place du premier, eguet, comme
cela arrive encore au trécorois eiuit, luit et au vannetais aveit,
eit; mais l'échange inverse n'a point heu. Le moyen breton
eguit, mélange de eguet et de euit, se trouve dans les deux sens;
il est étranger au breton moderne.
VL
En dehors des traductions proprement dites, il y a en bre-
ton, à ma connaissance, deux cantiques et deux pièces drama-
tiques sur l'Enfant prodigue.
Le premier cantique se trouve dans les Heuryou de Le Bris
(approbation de 1724; permission d'imprimer de 1775), p. 135-
137. Le pécheur repentant s'applique par ahégorie les princi-
pales circonstances de la parabole évangélique, en s'arrètant
après le verset 24. Dans les Heuriou Brexpnec, Saint-Brieuc,
chez Prud'homme, 1856, le texte est reproduit aux mêmes
pages, sans changement notable.
Parabole de l'Enfant prodigue. 1 97
Dans l'intervalle avait paru le livre de l'abbé Henry, Kana-
OHcniiou sautcl , chez Prud'homme, 1842, qui contient le
même cantique, p. 108-110, avec beaucoup de changements
orthographiques et quelques autres. L'air est indiqué ainsi :
« Ton : Evit digant Doue, 41 », par le commencement du
cantique, et ne sert que pour celui-là (il est noté p. 25 deEunn
dibab touiou, chez Prud'homme, 1842); les Heures de Le Bris
portent : « Var an ton : Brei~-I~el, mam ar saut (air différent
et commun à deux autres cantiques des Kanaouennoti ; noté
p. 27, 28 du Dibab, n" 46), La nouvelle édition du recueil de
l'abbé Henry, Kantikou, Quimperlé, 1865, ne contient plus
le cantique de Le Bris, et n'indique pour aucun l'air n° 41,
tandis que l'air 46 reste employé.
Voici les deux premiers vers de la 4" strophe : 0 ve:^a fouil-
le~et Va oll vad erguisse, « ayant dissipé tout mon bien ainsi »
(Heuryou) ; les Heuriou de 1856 ont erguisse; et les Kanaouen-
nou, O ve~a founilhet Va oU vad er ghi~-se.
Le mot fouiUc:^et « dissipé » veut dire proprement « ef-
feuillé » ; ci.fouiUe:^et « plein de feuilles y), foille::tr « effeuilleur,
lat. frondator », C h, s. v. delyenn. Ne le connaissant pas,
l'abbé Henry l'a remplacé par un autre, qui lui-même lui a
semblé avoir besoin d'explication, car dans le petit glossaire
de termes peu connus qui précède son recueil, il donne :
« fouuilha. Entonner, dissiper » (p. iv). Le P. Grégoire ne
cite foiinilla, foulina, entonner, qu'avec le sens propre de
« verser avec un entonnoir i->,fou}iill, fou! in (== bas lat. *fuii-
diculiini, pour (in)fu}idibiiJuni, cf. gascon hounilh, etc.), mais
des figures de ce genre sont familières aux Bretons : tn'~er, pi.
ou « entonnoir », et aussi « celui qui entonne des bouteilles
de vin », c'est-à-dire qui boit « beaucoup et goulûment »,
tre~er, pi. cd, prodigue, Grég. Qre~er, prodigue, P. Maunoir),
= moy. bret. trac:^cr « couloire », d'un bas lat. * tracta r-
(pour trajectoriuui) d'où aussi l'allemand trichter, anciennement
trabter (cf. trci~er, entonnoir, Pel., ire:(^a, prodiguer Mau.,
Grég., moy. bret. trei:^i, faire passer, faire faire un trajet en ba-
teau, van. tréhein, tréhatt^UK., = *trajectare'). De mèmeaolier
veut dire « un entonnoir » et « un ivrogne » (en Cornouail-
lais, Twuào), \:in. avouillétte, m. entonnoir, L'A., de avouil-
198 E. Ernault.
/aw^ remplir un tonneau... qui a diminué, en français de hrt-
t3.gne avouiller, L'A., v. franc, aeullier « remplir un tonneau
jusqu'à l'œil ou bondon », Du Gange, = b. lat. *adoc'lare.
La parabole de l'Enfant prodigue a été aussi mise en vers
bretons, sous ce titre: Cantic ar hitguel prodi^ ... var ton ar
Fais Phividic, chez Lédan, rue ar Pave, 8 pages. Ce cantique
ne comprend pas la fin de la parabole depuis le verset 25 ; en
revanche, il contient des détails pittoresques qui ne sont pas
paroles d'Evangile. En voici un couplet : « C'était un jeune
homme qui ne s'inquiétait point d'où lui venait le bien, quand
il ne le gagnait pas : l'argent se dissipait en ses mains comme
la grêle ou comme la rosée du mois de mai ; il faisait bonne
chère, il jouait » (p. 2). Ses parents étaient chrétiens, et
« priaient chaque jour pour lui Jésus et sa mère Marie ».
Le rôle du père n'est plus si débonnaire que dans l'original :
son fils lui demande pour la première fois sa portion d'héritage,
à l'âge de quinze ans, et il ne l'obtient que quand il en a vingt-
cinq (p. 2, 3). Le contraste est plus frappant encore dans la
scène du retour. L'enfmt prodigue arrivé devant la maison
paternelle prie Dieu de lui donner le courage de se présenter à
son père, puis il entre et s'humilie devant lui, qui est loin
d'aller à sa rencontre pour l'embrasser, de confiance, comme
dans l'Evangile.
Le fils a, du reste, sur la conscience, quelque chose de plus
que son prototype. Après avoir reçu « trente mille écus en or
fin et en argent, bien comptés, dans une boursée », et les
avoir dissipés à l'auberge, chassé de là à coups de bâton, il
était revenu chez son père, qui l'avait logé une nuit par cha-
rité, sans le reconnaître, et il était parti la nuit en emportant
« les plus beaux vases d'or et d'argent » dont il devait manger
et boire le prix, à la même auberge !
Ce second cantique, dont le premier vers est : Enicnlit oll
Breionet, bac e clêjot cana, n'est pas inconnu du peuple, j'en ai
entendu des fragments de la bouche de personnes illettrées.
On colporte aussi en Bretagne un cantique français sur l'En-
fant prodigue, avec gravure coloriée représentant son retour
à la maison paternelle (chez Pellerin, Imagerie d'Epinal, n°4);
il est sur l'air : Un jour le berger Tyrcis, et commence ainsi :
Parabole de l'Enfant prodigue. 19c)
« Je suis enfin résolu ». Les versets 25 et suiv. du texte sacré
n'y sont pas rendus. Mais il ne présente aucune des autres
particularités signalées dans le second cantique breton.
Le ms. celtique 19 de la Bibliothèque nationale renferme
une Trajcdienar inap prodic ; on lit à la fin qu'il a été « corrigé »
par François Derrien de Guerlesquin, arrondissement de Mor-
laix, en janvier 181 5. Une note ajoutée au f° 3 porte : « Pièce
jouée en l'an 1836 et 1837 », Les vers sont en général de
douze syllabes. Voici un court résumé de cette pièce, qui a
douze personnages.
F° 4, premier prologue, pour demander Tindulgence aux
auditeurs, surtout aux hommes de loi; f° 5 v°, un berger ra-
conte en gros à une demoiselle l'histoire qu'elle va voir repré-
senter.
F° 8. Acte i"''. Trois donzelles engagent le fils prodigue à
demander son argent à son père. Il prend un domestique qui,
après avoir hasardé quelques avis timides, est prêt à le suivre.
F" II. Louis, le prodigue, réclame insolemment son bien, et
menace d'avoir recours à la justice. « Il a 22 ans, il veut s'amu-
ser; trois jeunes femmes l'attendent cette nuit même ». Le
père lui montre sa mère en pleurs, qui le supplie à son tour;
elle lui parle d'un mariage projeté avec une voisine. Louis
répond : « Que mon frère la prenne ! » et il adresse des in-
jures à ce frère. Enfin il reçoit trente mille écus marqués, et
part.
F° 14. 2*^ acte. Louis fait bombance avec les trois filles dans
une auberge où ils boivent du vin de Bordeaux, du café, etc.
Puis, voulant aller à la chasse, il prend un fusil à deux coups,
de la poudre et du plomb ; il dédaigne d'emporter ses clefs
comme le lui conseillait le domestique. Ils partent tous deux.
Accablés de fatigue, ils reçoivent l'hospitalité dans un château.
Ensuite, ayant soif, le prodigue voit une fontaine se dessé-
cher à son approche ; « effet de la malédiction paternelle ! »
s'écrie son valet.
F° 10 \°. 'y^ acte. Louis n'avait pas voulu emporter ses clefs
ni mettre son argent dans un cabinet proposé par l'hôtesse;
les filles s'entendent avec celle-ci pour le voler. Elle lui pré-
sente un compte d'apothicaire. Le domestique se récrie :
200 E. Ernault.
« Trente mille écus mangés en huit jours avec quatre fem-
mes ! » Le prodigue ne veut pas que son valet parle mal de ces
filles. « Viens, dit-il, chez mon père, nous y trouverons de
l'argent ». F° 20. « Aveugle que vous êtes, reprend le domes-
sique, vous n'aurez pas de repos qu'elles ne vous aient battu ! »
L'hôtesse, voyant Louis las et faible,, lui fait, par compassion,
préparer un souper pour lequel « elle ne lui demande rien ».
Le malheureux les remercie. « M'est avis, dit le valet, que
vous avez bien sujet de vous montrer leur obligé, pour la
charité qu'elles vous font avec votre argent! »
Ils s'en vont la nuit chez le père. Ne pouvant trouver les
clefs de l'armoire où est l'argent en espèces, archant gret, Louis
veut prendre l'argenterie. Mais son domestique a peur de la
prison; le prodigue le fiit aller au grenier « où il y a du blé
dont personne ne sait le compte ». Le valet se met à emporter
des sacs jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, et qu'il demande
grâce. Le prodigue voudrait pouvoir tout prendre, a quand
son père devrait aller chercher son pain ». Son compHce
est « près de s'évanouir en entendant de pareilles raisons »,
et lui reproche d'être un fils dénaturé. Ils retournent à l'au-
berge.
F° 22. Les trois filles jouent aux cartes avec le domestique,
à condition que celui qui verrait son adversaire tricher gagne-
rait la partie ; mais cette convention se retournant contre elles,
elles jettent les hauts cris. Le prodigue entre au bruit et
blâme son valet de faire affront à des personnes si honorables.
F° 23. Alors celui-ci en a assez; il demande ses gages, et
quitte son maître, non sans lui prédire la ruine. F° 23, v°.
Nouveaux comptes d'apothicaire de l'hôtesse : Louis a épuisé
le produit de son vol. « Coquines! s'écrie-t-il, si vous ne me
gardez pas huit jours, j'irai vous dénoncer comme voleuses ! »
On le dépouille de ses habits, et on le menace de l'échauder
s'il ne s'éloigne. Alors il reconnaît que les prédictions de son
père sont accomplies, et maudit mille fois les drôlesses.
Un fermier à qui il demande de l'ouvrage le traite de déser-
teur et de mauvais sujet, puis consent enfin à l'emplover « à
défendre les pourceaux des loups ».
F° 26. 4^ acte. Manasscs et Neptany s'entretiennent de la
Parabole de l'Enfant prodigue. 201
mésaventure du prodigue. Ils vont chasser les cerfs et les per-
drix, et se flattent de lui faire envie.
F° 29. 5" acte. Le prodigue est avec ses pourceaux. Il fait
de sérieuses réflexions et prie le Sauveur et la Vierge Marie.
Il arrive à la porte de son père et lui parle. « Vous me l'aviez
bien dit ! » Il demande pardon aussi à son frère et à toute la
famille. F° 32. Son frère lui pardonne en pleurant, et lui pro-
pose spontanément de faire un nouveau partage égal des biens
paternels. Il ne le laisse pas prosterné à ses genoux, mais le
relève et l'embrasse. F° 33. « Le dernier prologue », ar prolog
divea.
Il y a dans cette tragédie quelques expressions mytholo-
giques ; il y est question de Bacchus, de Cupidon, de Vénus
et d'Iris. Le vol nocturne dans un grenier peut être une rémi-
niscence d'un épisode semblable de la Vie de saint GwenoU,
lequel remonte au moyen âge, cf. D. Le Pelletier, s, v. cit,
grignol. Le miracle de la fontaine rappelle des prodiges en
sens contraire opérés par saint Devy et sainte Barbe, dans
deux autres mystères en moyen breton. Enfin il y a aussi une
scène de chasseurs dans la Vie de sainte Nonne, et une partie
de cartes dans Saint Gwennolé (éd. Luzel, p. 184 et suiv.).
Selon une remarque de Ch. Nisard, appuyée par M. Petit
de Julleville, les cantiques populaires peuvent être considérés
comme des débris de l'ancien théâtre religieux. L'Histoire de
la vie de sainte Barbe présente un exemple breton de ce fait (cf.
l'Introduction de mon édition du mystère, p. iv-v) ; nous en
trouvons ici un nouveau. Le second cantique analysé plus
haut contient des éléments communs au drame populaire :
somme de 30,000 écus, retour à la même auberge, et d'autres
de nature semblable, quoique présentés différemment. Le
cantique le fait dépouiller de ses vêtements et frapper au pre-
mier voyage à l'auberge, et la tragédie au second, ce qui est
plus conforme à la vraisemblance dramatique. En revanche, je
croirais volontiers que le cantique a suivi une version plus
ancienne que notre ms., en parlant de l'hospitalité donnée au
prodigue chez son père, et non dans le château d'un étranger,
et en le faisant accomplir, et non pas seulement projeter le
vol de l'argenterie. Il semble que Voltaire ait eu connais-
202 E. Ernault.
sance de ce dernier trait; car on lit dans sa comédie L'Enfant
prodif^ue, acte I, scène i :
Te souvient-il...
Qu'il te vola...
Chevaux, habits, linge, meubles, vaisselle.
Pour équiper la petite Jourdain,
Qui le quitta le lendemain matin?
La deuxième tragédie dont il reste à parler a été imprimée
à Landerneau, en 1883, sous ce titre : Istor ar mah prodic
(viii-88 p.); l'auteur n'a signé que des initiales B., recteur
de L. Il a soigneusement observé les trois unités, qui se trou-
vent même expliquées, p. v. Il y a huit personnages; les vers
sont des alexandrins. La p. vu contient un résumé de l'action.
La scène de cette pièce en trois actes se passe dans un bois;
elle commence naturellement le jour du retour, ce qui force
à mettre tout ce qui s'est passé précédemment sous forme de
récits rétrospectifs à des confidents. Il est permis de douter
que l'intérêt v ait oraorné.
Quelques traits seulement du drame populaire se sont infil-
trés dans cette œuvre savante. Deux personnages, dont l'un
s'appelle encore Manassez, vont chasser la perdrix, p. 24; le
dénouement, p. 87, est assez conforme au précédent, si ce
n'est que le rôle du fils aîné est rendu moins sympathique,
comme dans le texte sacré. La couleur générale est plus bre-
tonne que biblique, sauf les noms; il est question du « chariot
de la Mort », p. 26. L'auteur n'a pas voulu laisser à ses chas-
seurs leurs fusils, et il n'a pas osé les munir d'engins plus ar-
chaïques, de sorte qu'ils ont un peu l'air de ce personnage de
la chanson qui « chasse aux oiseaux sans poudre et même
sans gluaus ».
Les parties pathétiques ont souvent un accent plein de cha-
leur et de sincérité; la langue est bonne, sans exagération de
purisme.
E. Ernault.
MÉLANGES
NOTES SUR QUELQUES GLOSES GALLOISES.
Les gloses galloises dans le fragment « De mensuris et
ponderibus quaedam » (Gramm. celt.-, p. 1060) sont, en
grande partie, restées obscures aux auteurs de la Grammatica
aussi bien qu'à M. Loth (dans son Focabulaire vieux-breton^.
Peut-être puis-je éclaircir quelques passages inexpliqués ou
mal expliqués.
Dans la première section du texte les gloses sont un peu
en désordre. Ainsi ki glose de la i'' ligne : /;/'/// tri pimp « il
y a trois (fois) cinq (onces) » est une correction de la glose
de la première : îr tri .11., insérée dans le texte: « III .u. in
libra mellis ». Les trois gloses séparées: i. îréân cânt mél, À.
is XXX hà guorennh'u^, is trimuceinî hestaiir mel verbi gratta
devraient se suivre; elles se rapportent toutes les trois au
texte: seiuper scx .u. in sextario À. hi héstàur mél « il y a
toujours six fois cinq (onces) dans un sextarius de miel ». Le
glossateur trouve ce nombre de trente (onces) peu exact ; il
dit : « (dans un sextarius il y a) le tiers de cent (onces) de
miel; cela fait trente et des fractions (3 3 1/3); un sextarius àt
miel n'est donc qu'à peu près (verhi gratia^ trente (onces) ».
I. Le mot or iiotig a après « qui est ajouté à cette glose pourrait indiquer
que le reste suit plus bas.
204 Mélanges.
Les mots que ces gloses contiennent ont toujours été bien
compris, excepté trcan que M. Loth (p. 223) croit tiré de triens.
C'est l'irl, triait, gall. mod. traian tracaii « tiers », cp. irl.
iani « fer » v.-gall. hcani, gall. mod. haiani haemiiK Ce
changement de / devant a en e, plus tard en ai ac, n'a eu lieu
que dans la syllabe accentuée; l'f atone s'est conservé dans le
gall. mod. iriauu « diviser en trois parties ;;.
Le glossateur gallois n'est donc pas toujours d'accord avec
l'auteur latin. Cette différence d'opinion est encore plus
accentuée dans les deux sections qui suivent. Voici le texte de
la première :
Pondeus idem est et depondeus .i. duo semper et semis et
inde pondeo^ fiunt. Notandum, cum Lucas dicit « nonne .u.
passeres depondeo veniunt », unusquisque passer obello com-
paratur. Nec huic Matheus contradicit dicendo « nonne duo
passeres ab asse veniunt ». As enim unus scrip. est, qui
dualiter divisus bis obellum redit; quibus duobus obellis .IL
passeres comparantur. Dou punt pctguar hanther scribl; priait
hinnoid .lui. aves. Et .u. qui adicit Lucam5, ni choilàm hinnoid
amser, iscihun argant agit eteriii illûd. irpimphet eterin digiior-
nurbis Lucas, hegit hunnoid in pretium benedictionis hoid
hoitou houk'iii atar habeinn cihunn ri. Matheus vero, dou eterinn
cant hunnoid di assa .i. asse bichan etc.
Le glossateur n'approuve pas ce calcul avec des ohclli ; il dit:
« Deux livres (font) quatre demi scripuli; cela achète (= c'est
le prix de) quatre oiseaux. Et quant au cinquième que saint
Luc ajoute: je ne croirai jamais cela, que cet oiseau aille vers
le même argent (= soit payé par la même somme). Le cin-
quième oiseau que saint Luc a ajouté, celui-ci va in pretium
benedictionis (= est donné en sus) ». Je ne comprends pas les
mots hoid Ixritou etc. ; ils semblent expliquer cette dernière
expression. « Mais quant à saint Mathieu : selon celui-ci deux
oiseaux (l'eniunt) de asse, id est d'un petit as », etc.
M. Loth (p. 206) traduit priait hiaaoid par « a été acheté
celui-là ». Mais hiaaoid est le neutre du masculin huaaoid dans
1. V. Rhys, Lectures on wclsh phil. 2, p. 418 ss.
2. L. //; dcpotideo.
5. L. quein adicit Lucas,
Mélanges. 205
hegit hunnoîd « celui-ci (l'oiseau) va », cant hunnoid « selon
celui-ci (saint Mathieu) » ; cp. masc. bivnn neut. hynn, Gr. ■
celt.-, 394. H'uuioid est donc le sujet, IlII.aves le régime; le
verbe prinît est une 3"= pers. du sing. du présent, comme
istliiinit (Gl. de Luxemb.), gall. tniigid tricid tyvid chiuarëid.
Ni choilam, qui reparait dans la 3'' section, serait aujourd'hui
ni choeliaf « je ne croirai pas ». Le suffixe du verbe moderne
est différent, mais le sens est le même. Au lieu de ni ..amser
« ne ..jamais » la langue moderne dit /// ..u)i amser.
Dans ci-hun armant le premier mot paraît être une prépo-
sition. Elle se retrouve plus bas dans l'expression ci-hutun
ci-hitun, qui, pour le sens, ne diffère pas de be-heit he-het
« jusqu'à ».
Agit, hegit est la y pers. du sing. du verbe moderne af
(^agiwi) « j'irai », III pers. à aiff eiff. Peut-être le glossateur
se sert-il de ce verbe, parce qu'il y a dans le texte latin : nonne
duo passeres ah asse veniuiit {y^our asse vcncitni).
La Gramm. celt.- (p. 907) rend diguorniecbis par « testatus
est », M. Loth (p. 103) par « il a témoigné ». Mais puisque
le texte latin lit adicit, on devra voir dans digiiormechis le
passé du verbe gallois qui répondait exactement au v.-irl.
dofonnaig « il ajoute », dofonugat « ils ajoutent », doformagar
« est ajouté », etc. La racine de ce verbe paraît être plutôt
MAG que MAC. Le cl) de diguonnechis serait donc ici le signe
de la spirante sonore, issue de g entre deux voyelles, et géné-
ralement rendue par la lettre g. La désignation des spirantes
a longtemps mis en embarras les scribes celtiques. Notre glos-
sateur hésite aussi entre / et h; cp. anicibret, guotan amcib-
à côté deguoifrit (1. guo-[c]ifrit'), gall. mod. cyffred amgyffred.
Le glossateur n'est pas plus satisfait de l'explication que
l'auteur latin donne dans la 3^ section. Elle porte sur le fait
que le talent est égalé une fois à 80 livres, l'autre fois à
60 livres (attiques). Le Gallois ajoute: de se nichoilàm immet;
celir nimer'^ bichan giitanirmaur nimer ; vel, etc. « je n'en crois
pas grand'chose; un petit nombre se cache sous le grand
nombre (= il y a une faute dans les chiffres); ou bien », etc.
I. Cel irnimcr Gramm. celt..
2o6 Mélanges.
L'expression de se « de cela » montre que le pronom se
« cela », conservé en bas-breton, ne manquait pas au vieux-
gallois.
Immet est encore un mot qui s'est perdu en gallois; c'est
le v.-irl. imbed « grande quantité, beaucoup ».
Les autres mots cités ne demandent pas d'explication. Je
ne dirai rien sur la quatrième section du texte, où tout ne
m'est pas clair.
R. Thurneysex.
Novembre 1889.
IL
LE SUFFIXE D'ÉGALITÉ GALLOIS EX -ET.
Dans le premier fascicule du tome V des Mémoires de la Société
de linguistique, sous le titre de Un suffixe de comparaison en
vannetais, j'ai fait paraître un court article dans lequel je rap-
prochais le suffixe d'égalité gallois en -et (Kyn-vonhedicket a
thi) du superlatif d'admiration vannetais en et (hirret un nos) ^ ;
j'identifiais ce suffixe avec celui des noms de nombre en -to :
irl. coiced, gall. pummed, bret. pcmped, grec H/.x-z:. La valeur
comparative etgradative de -to est bien connue (v. Brugmann,
Gr. der vergl. gr., p. 422). Depuis, une autre origine a été
attribuée à ce suffixe par M. Rhys dont l'opinion paraît avoir
été adoptée par M. Whitley Stokes (The neo-celtic verb suhstan-
tive, p. 27, n. i). Le comparatif d'égalité gallois en -caserait
identique aux formes irlandaises en -ithcr (ilher ocus, ither Jri) ;
Vr serait tombé comme dans arad « charrue », d'aratr, braïud
« frère », pour hraivdr ; trawsfr de transtrum. Au seul point
de vue du gallois, cette explication me semble des plus hasar-
dées : à côté à'arad on trouve tout aussi souvent aradr, tandis
qu'on ne trouve jamais que -et ; pour hraïud et traïust, la chute
de Vr vient de ce que la langue a voulu éviter dans un mono-
syllabe deux groupes, consonne -\- r. Le même fait existe en
I . Ce superlatif était usité partout en moyen breton. En gallois, les for-
mes en -e/ étaient usitées, comme superlatif d'admiration, également: 0
odidoced oedd ei Jîas << que son goût était excellent! » {Giveledigaethati y bardd
Cicsg, édit. Silvan Evans, p. 73).
Mélanges. 207
breton pour treust = iraïust = irâstruni : ici, il y avait deux
fois le groupe tr, et le breton n'avait pas la ressource de
changer /;- en ■:^r à cause de Vs précédent. Pour l'armoricain,
le suffixe -et existant comme suffixe de comparaison, l'hypo-
thèse de MM. Rhys et Stokes est inadmissible : aratr est de-
venu partout fifra~r en moyen breton, et aujourd'hui arar ou
arcr (par aracr ; cf. mor^rch, inoercb) ; * brotr a donné breu~r,
breur. L'r de breur a disparu à une époque moderne en bas-
vannetais et dans quelques localités ; mais ce phénomène n'a
rien à faire avec celui dont je viens déparier : on dit en effet,
en bas-vannetais, également leii pour leur, gall. llawr. De
plus, les formes Jeu, breu n'ont pas complètement évincé les
formes breur, leur. L'hypothèse de M. Rhys écartée, il ne
reste de possible que celle que j'ai proposée.
J. LOTH.
m.
DE L'ADJECTIF SUBISSANT LA MUTATION INITIALE
APRÈS UN SUBSTANTIF MASCULIN.
D'après M. Ernault, dans son Glossaire moyen-breton (xMémoi-
res de la Société de linguistique, VI, p. 417-418), une règle
constante, en gallois, serait, qu'après un nom propre, on
change de forte en faible la première consonne muable d'un
adjectif qui le qualifie, ou d'un substantif en apposition qui le
détermine : Hyivel dda, Dafydd frenin. Il ajoute avec raison
qu"un phénomène analogue se produit en breton ; mais, dans
l'expression de la règle aussi bien pour le gallois que pour le
breton, M. Ernault a oublié le point capital : c'est que le quali-
ficatif ne subit cette mutation que quand // est constamment ap-
pliqué au substantif, lorsqu'il en est devenu l'épithète habituelle et
forme avec lui une sorte de composé. Cette règle, mutilée dans
certaines grammaires galloises, est parfaitement exposée dans
la Dosparth Edeyrn davod aur publiée par William ab Ithel :
Common substantives and adjectives, used as agnomens after
proper names of whatever gender, are put in the soft sound, ex.
Davydd Goch (p. 250, ss. 15, 34). Ainsi complétée, la règle
est facile à expliquer. Je m'apprêtais à le £iire dans des addenda
2o8 Mélanges.
à ma Chrestomathie, quand j'ai trouvé à la fois la règle et
l'explication dans les Lectures on ihe origin and growth of reli-
gion as illustraîcd by Celtic heathendom de M. Rhys. M. Rhys
constate que l'infection n'atteint après un nom propre masculin
que les épithètes permanentes. Nous disons, ajoute M. Rhys,
Maelgîvn Fychan, Maelgwn le Petit, si bychan est Tépithète
habituelle, le surnom, mais Maelgwn bychan, si bychan n'est
pas un surnom. Maelgwn Fychan aurait pour équivalent, en
vieux-celtique, un composé Maglocuno-biccanos ; Maelgwn by-
chan serait Maglocunos biccanos (p. 12). La mutation du quali-
ficatif (adjectif ou attribut-substantif), même après un nom
propre masculin, est donc un simple cas de la loi des com-
posés ^
J. LoTH.
IV.
L'INITIALE DU COMPLÉMENT DU VERBE FLÉCHI
SUBISSANT VINFECTIO DESTITUEKS.
Une des lois les plus caractéristiques de la syntaxe galloise,
c'est que le verbe fléchi provoque Vinfectio destituens de son
objet ou complément. Il y a une trace de cette loi en breton
armoricain. On dit partout : an dra:;e a ra vad fin « cela me
fait du bien » ; ra vad, jamais ra mad. Si mad était attribut ad-
verbial, Yni ne subirait pas la mutation : hen a ra mad, il fait
bien (ordinairement : mad a ra^. Il est certain que ce phéno-
mène d'infection n'a dû se produire d'abord qu'à deux condi-
tions : 1° que le suffixe verbal fût terminé par une voyelle ;
2° que l'objet suivît immédiatement. L'analogie a généralisé la
loi. Si la loi est tombée en désuétude en breton, cela peut
tenir à la fois à ce qu'elle n'a peut-être pas été appliquée aux
formes verbales terminées primitivement par une consonne; à
ce que, même là où le suflixe verbal se terminait par une
I . La ligne de démarcation entre les deux constructions n'est pas tou-
jours, aujourd'hui, semble-t-il, scrupuleusement respectée en breton. D'après
les exemples trégorrois cités par M. Ernault, il semble que la terminaison
du nom propre ait une certaine influence. En bas-vannetais, et ailleurs, en
plusieurs localités, je crois, il n'y a qu'un certain nombre à'adjectifs-épi-
thètes à subir la mutation.
Mélanges. 209
voyelle, la terminaison consonnantique moderne a pu con-
trarier la sonorisation; enfin à ce que dans beaucoup de cas
le verbe est séparé de son objet, auquel cas déjà, anciennement,
Y infect io ne devait pas avoir lieu. Il y a, il me semble, néan-
moins, une conclusion à tirer de cette infection généralisée en
gallois et se produisant même, la plupart du temps, quand
l'objet ne suit pas immédiatement le verbe; c'est que, en vieux
celtique, le complément devait le plus souvent suivre le verbe.
Cette hypothèse n'est pas contredite, mais au contraire justifiée
par les inscriptions gauloises. Le plus souvent le complément
suit le verbe (v. d'Arbois de Jubainville, La place du verbe en
vieux-celtique, Revue Celtique, III, p. 99).
J. LOTH.
V.
TENE CEN COICLED
(echtra nerai, l. )
The meaning of coiclcd « to save » in this connection is
explained by the use of the word in the modem language for
what in Anglo-Irish is called « raking » the fire, i. e. kee-
ping it alive by heaping ashes on it. The common phrase for
this is coigîlt or ciiigilt (corruptly cuiiigilt ^) na teincadh.
N! hh-fiiil
Zimmer has repeatedly denied the existence of this form
in the spoken language. But his observations of modem Irish
were evidently very limited. There cannot be the smallest
doubt that ni bh-fuil is a very common form throughout
Munster, v^^hile it is rarely or never heard in Connaught.
This « analogie-bildung » does, however, not stand alone.
Ni bh-fnair, ni bh-fuigJjead, and ;// bb-faca are pretty fréquent
both in Munster and Connaught, and Z. might hâve heard
this pronunciation even in Aran.
K. M.
I. Cf. conguint « to gnaw » for coguint.
Revue Celtiouc, XI . 14
2 1 0 Mélanges.
VI.
ADDENDA TO THE ECHTRA NERAI.
The Echtra Nerai is mentioned in the foUowing extract
from Harl. 5280, fo. 54 a.
Cair (.i. annaircim) cia boi ind Eriu i flait[h] Conairi no
cia fot boi Eri cen rig no cia dogab Eri d'es Conaire no cia is
taeisce Tain no Bruighen no cia ba ri Erind oc inarhad mac
n-Usnech no cia haeis Conculaind ar Tain no cia fot iar
Tain co fuair bas? Ni misa emh. Sccht m-hïndmi décc 7 tri
.XX. di Conaire i rigi n-Emnin 7 .v. bliadhna d' Erind cen rig
co n-crracht Lugaid Sriab n-Derg 7 re lind Coiiain robith
maie \j\sncch a n-Emain Mâcha. A cind mis ar di hlhdiia ar
n-dith Conuiri a m-Bruig/// Sluaigi'^ na Tana in aho loco di-
citur. xiii. hliadiia .xx. ria Tain 7 .x. m-blia^;/a .xx. ier Tain
soegai Conculaind in alio loco dicitur. Echtrai Nera 7 Tain
Bo Fraich 7 Tain Bo FHdhisi 7 Cath Ruis na Righ for Boinn
7 Cath Findcorad ria Concohitr re hnd Conaire in sin uili.
Finis.
1. 95, buiderath. This has nothing to do with raith feni,
but stands for buiderad (LL. 120 a, 50), a collective
of buide (LL. 120 b, 33) some plant with a yellow
flower. Cf. buidhe môr rcseda lutcoJa, O'R.
1. 113, fodia do betho. Cf. the modem 'se do bheatha bail!
1. 149, oidchi shamnai dothaet Halloweeii next. Cf the use of
dochiiaid in adaig cétdine dochûaid last Wednesday
eve, LBr, 274 a, 67, ib. 274 b, 20.
1. 154, instead of ad^7/]^ read ado;; = edon that is.
1. 163, instead of bet read betit, and cf. betit mnaa can a
muntera, LL. 48 a, 11.
VIL
MORGABLOU.
Mors^abloii dans les gloses du x'^ siècle, découvertes par
M. Whitle}' Stokes, glose aestuaria. Cette découverte justifie
Mélanges. 2 1 1
la traduction que j'ai donnée dans le tome P'' de ma traduction
des Mahiiiogion (notes critiques, p. 342) du mot gallois mo-
rau'l, qu'aucun dictionnaire ne donne : je l'ai traduit par es-
tuaire, en supposant qu'il était pour mar-gawl et en le rap-
prochant de l'irlandais mor-gohuiJ donné par M. Stokes, Revue
Celtique, IX, p. 100. Morgahlou supposerait, il est vrai, au
singulier, iiuv-gavJ, et on aurait aujourd'hui, suivant l'ortho-
graphe moderne : uwr-afl. Le scribe du Livre Rouge aura ici,
comme en d'autres endroits, transcrit u par lu, tandis qu'il
aurait dû le transcrire par v. Quant à gahJ, il me paraît iden-
tique à l'irlandais gahul (Windisch, Lische Texte) ou gobhal
(O'Reilly) fourche, fourchette, gallois gafl, fourchette, l'angle
formé par les deux jambes ; vieux gallois gahiau dans fistl ga-
blau glosant fistul a hilatrix (Gloses à Matianus Capella) ; ar-
moricain vaoàemQ gaolot, fourche; \anr\.Qia\s gavelodd, fourche
à deux branches (L'Armerye). Skeat, dans son Etymological
dictionary of the english language, attribue une origine celtique
aux mots anglais gable et gajf. Il est vrai que le celtique n'est
pas la partie forte de cet ouvrage.
Quant bigabl, c'est peut-être un dérivé de la racine qui a
donné en vieil irlandais gaibiin « je saisis », en gallois gafael,
saisir, en comique o-^tw/^ même sens.
J. LOTH.
VIII.
NOTE SUR UN TEXTE DE L'HISTORIEN GREC
EUSÉBIOS RELATIF AU SIÈGE D'UNE VILLE DES
GAULES PAR LES FRANCS ^
M. Wescher a publié en 1867 dans sa Poliorcétique des Grecs,
et l'on a réédité plusieurs fois depuis {Fragmenta historicorum
graecorum, éd. Didot, t. V, p. 23 ; Extraits des auteurs grecs
concernant la géographie et l'histoire des Gaules, par E. Cougny,
tome V, p. 113) un fragment de l'historien grec Eusébios,
contemporain de Dioclétien, relatif au siège de la ville de Thes-
I . Cette note est le résumé d'un article plus étendu sur le même sujet
qui doit paraître incessamment dans la Revue historique. — T. R.
2 1 2 Mélaiges.
salonique par les « Scythes », c'est-à-dire par les Goths, au
milieu du m'' siècle. Ce fragment se termine par le paragraphe
suivant :
« Ces derniers engins (il s'agit d'appareils à extinction par
lesquels les assiégeants protégeaient leurs batteries contre les flèches
incendiaires), je n'en ai pas ouï parler chez les Macédoniens;
c'est dans un autre siège que j'ai appris qu'on s'en était servi
contre les projectiles incendiaires. Les Celtes (Kîatwv) assié-
geaient une place appelée ville des Tyrrhéniens {rSkv. Tup-
p-r;v(ov). Elle est située dans le pays des Gaulois d'Occident,
dans la province de Lugdunaise ('/wp-^; r?;; FaXaTÎ-/;; xwv h
~f^ EîTTôp-A] /,aT;'.7.r([j.£V(i)v, à'9v£oç tcu Acjyccvcsi'ou). Ce siège eut
lieu à l'époque où la Gaule entière et les provinces voisines
n'obéissaient plus à l'empire romain, mais s'étaient séparées et
faisaient cause commune avec les rebelles. A cette époque
donc, les Celtes d'outre-Rhin (Kt'k-m -wv rA^■r^') Vr^iyj) ayant
f:iit une expédition en Gaule, un corps détaché de leur armée
vint assiéger la ville susdite. Beaucoup de leurs machines
ayant été incendiées, ils imaginèrent de creuser en arrière de
leurs batteries des réservoirs qu'ils remplirent d'eau ; puis ils
firent des conduits en plomb couverts qui recevaient l'eau et
l'amenaient (au-dessus des machines, pour les inonder au mo-
ment voulu)... » Le reste est perdu.
Le premier éditeur a déjà reconnu dans la TriX-.; T'jppy;vwv,
dont il est question dans ce morceau, la ville de Tours, civitas
Turonum, située effectivement dans la province de Lugdunaise :
cette identification devient encore plus certaine en présence
de la forme Turini, qui se trouve chez Ammien Marcellin
(XV, XI, 12). Quant aux événements mêmes dont il s'agit, les
précédents éditeurs se sont ou bien abstenus de toute expli-
cation ou rangés à l'hypothèse de M. Ch. Mûller, suivant
laquelle l'épisode raconté par Eusébios se rapporterait à la ré-
volte des Gaulois sous l'empereur Tibère, en 21 ap. J.-C. La
ville de Tours fut, d'après Tacite {Ann., III, 40), une de
celles qui donnèrent le signal de l'insurrection; elle fut écrasée
par le légat Aviola avec le concours des milices indigènes et
d'un détachement des légions de Germanie.
Il est à peine besoin d'insister sur l'invraisemblance de cette
Mélanges. 2 1 j
explication : sauf la mention de la ville de Tours, commune
aux deux épisodes, tout y difîère absolument; d'ailleurs, les
expressions mêmes de l'historien grec prouvent qu'il s'agit de
faits beaucoup plus rapprochés de son époque, sur lesquels il
a pu recueillir des témoignages oculaires. Voici l'explication
que je propose à mon tour et qui me paraît l'évidence même.
Il s'agit d'une des expéditions militaires entreprises en Gaule
par les peuples germaniques, particulièrement par les Francs,
pendant la période troublée et obscure connue sous le nom
de « période des trente tyrans » (257-272 après J.-C). A cette
époque, sous le règne nominal du faible Gallien, l'empire
romain tombait en pleine dissolution ; toutes ses frontières
étaient successivement forcées par les barbares. Les Alamans
inondèrent la vallée du Rhône et pénétrèrent en Italie ; les
Francs ravagèrent toute la Gaule du Nord (Belgique et Lyon-
naise), passèrent de là en Espagne, où ils saccagèrent Tarra-
gone, et poussèrent même une pointe jusqu'en Afrique. Ils
rencontrèrent, à la vérité, une énergique résistance de la part
des empereurs nationaux que la Gaule, abandonnée à elle-
même, finit par se donner ; mais Postumus et ses successeurs
avaient un pouvoir trop contesté, trop incessamment menacé,
pour remporter des succès définitifs : souvent ils durent négo-
cier au lieu de combattre, prendre même à leur service des
bandes de mercenaires barbares ; l'insécurité générale qui
régnait dans les provinces gauloises est attestée par le grand
nombre de trésors monétaires enfouis à cette époque. L'ordre
ne fut rétabli en Gaule qu'après que Tétricus eut fait sa sou-
mission au « restaurateur du monde », Aurélien (272).
On remarquera que les expressions de notre texte s'accor-
dent à merveille avec cette explication nouvelle.
1° L'événement était récent; Eusébios, écrivant trente ans
après ces invasions, pouvait « en avoir entendu parler ».
2° « La Gaule entière et les provinces voisines s'étaient dé-
tachées de l'empire ». En effet, nous savons par les médailles
et les bornes milliaires que Postumus, dont le règne dura
dix ans, fut reconnu non seulement en Gaule, mais encore
en Espagne et en Bretagne.
3° « Les Celtes d'outre-Rhin (Germains) avaient envahi le
214 Mélanges.
pays ». On n'a que l'embarras du choix entre les nombreuses
razzias de cette période; il s'agit sans doute de la grande expé-
dition entreprise tout au commencement du règne de Postumus
(258?) et dont les dernières vagues allèrent se perdre en Afrique.
4" « Un corps détaché vint assiéger Tours ». On vient de
voir, par l'exemple de Tarragone, que les Francs ne crai-
gnaient pas de s'attaquer aux places fortes. Plus tard, sous
Probus, ils se rendront maîtres en Gaule de 70 villes. Ce
qu'il }• a de curieux et de nouveau dans notre texte, c'est de
voir que les Francs, dès l'aurore de leur histoire, ne se bor-
naient nullement aux procédés primitifs depoliorcétique qu'on
serait tenté de leur attribuer : ils savaient construire des ma-
chines de siège et même déjouer les moyens de défense des assiégés
par un artifice ingénieux, renouvelé de Démétrius Poliorcète.
Il ne reste plus qu'à faire observer que l'expression « Celtes
d'au delà du Rhin » pour désigner les Germains n'est point
particulière à notre auteur : c'est le terme constant dont se
servent Dion Cassius et les écrivains de son école ; voyez par
exemple Dion, LXXI, 3 : tt^aasi twv j-àp tîv 'Pï;vcv Keatwv.
Ces auteurs profitèrent de l'existence des deux termes syno-
nymes, Galates et Celtes, qui, dans l'ancien vocabulaire grec,
désignaient indifféremment tous les peuples duN.-O. de l'Eu-
rope, pour distinguer les populations de race différente, sépa-
rées par le Rhin, sans recourir au mot nouveau Germains, dont
l'origine gallo-romaine choquait leur purisme : ils appelèrent
désormais Galates les Gaulois, les peuples situés à l'ouest du
Rhin, et CeJtesles Germains, les peuples situés à l'est de ce fleuve
(Dion, XXXIX, 49). Quant au terme de Gciinania, chez Dion,
il ne désigne que les deux provinces romaines de ce nom,
situées sur la rive gauche du Rhin.
Théodore Reinach.
IX.
ERUBLOBLION.
M. Whitley Stokes a publié dans le numéro du 18 jan-
vier 1890 de l'y:/ azûft'mj' vingt-cinq gloses bretonnes du x'^ siècle,
Mélanges. 2 1 5
tirées d'un manuscrit d'Orose de la bibliothèque vaticane,
coté Regina 296, et trois autres gloses d'un manuscrit de la
même bibliothèque, du xii*" siècle, coté Regina 691. Ces gloses,
toutes intéressantes, sont en général d'une explication facile,
et je laisse au leader celtique le soin de les commenter. Quatre
seulement lui semblent jusqu'ici inintelligibles, et c'est sur
elles qu'il appelle l'attention des celtisants :
enihlobion, gl. proletarios.
" saillis : in contionem (sainis) protraxit.
Torntrient : Trinovantum firmissima civitas .i. civitas qua^
britannice dicitur Torntrient.
eusouion, gl. gestatorum (glose du xii^ siècle).
Pour le moment, je laisse de côté sainis, eusouion, et Tor-
niient qui soulève diverses questions de géographie ; eru-
blobion me semble facilement explicable.
Pour eru-blobion, M. Stokes a supposé une erreur possible
du scribe et proposé eru-boblioii « le peuple, les gens du sil-
lon ». Il faut conserver la leçon du manuscrit: erublobion est
composé àe eru « sillon », gallois moderne eriu, armoricain
ero, vannerais eriu (lu := il consonne), subst. féminin ; et de
plobion avec la mutation régulière àe. p en b ; plobion est un
dérivé de ploeb ^= plèbe, gall. moderne plwyf, armoricain mod.
ploué, et en composition plou, plo, pieu (y. J. Loth, Chresto-
inathie bret., pp. 157, 225) : eru-bloblion signifie donc littéra-
lement : les plébéiens du sillon, de la glèbe. De bonne heure, le
mot ploeb, ploev, a désigné, en Bretagne, non seulement tous
les membres du ploeb, de la peuplade, mais plus spécialement
les campagnards, par opposition aux habitants du bourg, le
gîi'ic. En Léon surtout, le pays qui a conservé le plus long-
temps, en Bretagne, le servage, on remplace encore, pour
désigner le bourg et même, par abus, la commune, plou par
gzuic : ainsi on dit Guital}ne~eau pour Ploudahih\eau (dans la
vie de saint Paul-Aurélien par Wrdisten, Pkbs Telniedovia) ;
Guikerneau pour Plouguerneau, etc. (v. J. Loth, Chrestom.
bret., p. 210, note 2). Qua.m h plobion pour ploebion, cf. bostol
glosant belluina, dans le manuscrit d'Orléans, pour boestol,
dérivé de boest =^ béstia.
J. Loth.
2 1 6 Mélanges.
X.
HERCYNIA.
M. Rudolf Much a publié en 1888 dans la Zeitschrift fiir
deutsches Alterthum und deutschc Liîteratur , t. XXIII, p. 454-462,
un article qui nous a paru intéressant, bien que la conclusion
ne nous semble pas certaine. La note qui suit est un arran-
gement à l'usage des lecteurs étrangers à l'Allemagne. La con-
clusion diffère sensiblement de celle qu'a proposée M. Much.
L'expression forêt Hercynios, 'Epy.jv.c; op\}.i: chez Posei-
donios, désigne les montagnes qui environnent la Bohème. En
effet, nous savons par Strabon que suivant Poseidonios les Boii
habitaient la forêt Hercynios au temps de l'invasion des
Cimbres^ Plus d'un siècle après cela, Maroboduus, roi des
Marcomans, avait pour domaine la région à laquelle la forêt
Hercynie formait une enceinte; les Marcomans avaient eu un
domaine plus étendu à l'ouest avant les conquêtes que firent
les Romains en Germanie pendant la première partie du règne
d'Auguste 2. En l'an 6 de J.-C. le César Tibère voulut entre-
prendre une guerre contre les Marcomans; il projetait d'ar-
river chez eux par le sud, en partant de Carnuntum en Pan-
nonie, ville alors comprise dans le royaume de Norique, et
dont l'emplacement est aujourd'hui dans la Basse-Autriche, à
Deutsch-Altenburg, près de Haimburg, sur la rive droite du
Danube, à l'est de Vienne.
Sentius Saturninus, légat de Germanie, devait les attaquer
en même temps par l'ouest, en traversant le pays des Cbatti,
aujourd'hui la Hesse; il avait ordre de s'ouvrir par des abattis
d'arbres un passage dans la forêt Hercynie et ainsi de pé-
1. Strabon, 1. VII, c. 2, § 2; éd. Didot, p. 244, 1. 6-9.
2. Gentem Marcomannorum quœ, Maroboduo duce excita sedibus suis
atque in interiora refugiens, incinctos Hercynia silva campos incolebat.
Velleius Paterculus, I. II, c. 108, § i. Strabon, 1. VII, c. i, § 5, dit que
la forêt Hercynie enveloppe un grand cercle : /.ûxXov -Ep'.XaaÇâvtov (xc'yav
et qu'au milieu est une région bonne à habiter: Èv [jlecjcu ol ïoyjzx: yojca
•/.aXoj; o'./.EÎîOat ouyatxc'vT) ; éd. Didot, p. 242, 1. 46-48.
Mélanges. 217
nétrer en Bohême ^ On sait que Velleius Paterculus écrivait
en l'an 30 ou environ de notre ère. Tacite, postérieur à
Velleius, mais racontant des événements contemporains de
cet auteur, en l'an 17 deJ.-C, fait dire au célèbre Arminius
que Maroboduus, abrité par la forêt Hercynie, ne savait pas
ce que c'était que la guerre-.
On comprenait sous le nom de forêt Hercynie le Jura de
Franconie et le Jura de Souabe, Frankischer Jura et Schwa-
bischer Jura, dont les sommets délimitent au nord le bassin
du Danube supérieur ; en eftet, nous dit César, la forêt Her-
cynie atteint le territoire des Helvetii (Suisse), des Raurici
(Bâle), et des Nemetes (Spire)'.
Le mot Hercynie désignait aussi, malgré leurs noms spé-
ciaux, les montagnes qui forment l'enceinte de la Bohême au
sud-ouest et au nord-ouest; la chaîne de montagnes qui déli-
mite la Bohême au sud-ouest, le Bôhmerwald, avait un nom
distinct, Gabréta^, c'est-à-dire la forêt des Chèvres; la chaîne
de montagnes du nord-ouest portait aussi un nom spécial
Sudeta > .
La partie la plus importante de la forêt Hercynie était : 1° le
Sudeten Gebirge qui borde la Bohême au nord-est et où l'on
trouve le Schneekopp qui a 1,600 mètres de haut; 2° l'Erzge-
birge, Sudeta antique, qui borde la Bohême au nord-ouest;
sur un grand nombre de points sa hauteur dépasse i, 100 mètres,
le Keilberg atteint 1,275 mètres. Le Jura de Franconie ne
contient aucune montagne qui s'élève à 700 mètres, et le
Jura de Souabe n'arrive nulle part à plus de 1,000 et quelques
1. Sentio Saturnine mandatum, ut per Cattos, excisis continentibus
Hercynia; silvis, legiones BoiohLEmum (id regioni quam incolebat Maro-
boduus nomen est) [duceret]. Velleius Paterculus, I. II, c. 109, § 3.
2. MaroboduumprîEliorumexpertem, Hercyniœlatebrisdefensum. Tacite,
Annales, 1. II, c. 45.
3. Oritur ab Helvetiorum et Nemetum et Rauncorum fînibus rectaque
fluminis Danuvii regione pertinet ad fines Dacoruni (César, 1. VI, c. 25,
§ 2).^^
4. "Ea-; oï v.cL'. àXXr] -Ar^ iiz^iXi] Fa^p^za è::; râos tùv Sofl^wv, ir.éy.zvja
0' 6 'Ejk'jv'.o? c;pu;j.o';. Strabon, 1. VII, c. i, § 5; éd. Didot, p. 243,
1. 14-16; cf. Ptolémée, 1. II, c. 11,55; éd. Didot, I, p. 254, 1. i.
5. Ptolémée, 1. II, c. 11, § 5; p. 253, I. 9.
2 1 8 Mélanges.
mètres d'élévation. Les Sudeteii Gebirge ont 400 kilomètres de
long, l'Erzgebirge 150, le Jura de Franconie 225, le Jura de
Souabe 210 ^
L'Erzgebirge compris dans l'Hercynie, Harcynios suivant
Aristote au quatrième siècle-, O/rj/z/W suivant Eratosthène au
troisième siècle j, Hcrcynios suivant Poseidonios au commen-
cement du premier siècle avant notre ère 4, portait au neu-
vième siècle de notre ère un nom conservé par la chronique
de Moissac qui le note Fergunna. En 805, Charlemagne, alors
à Aix-la-Chapelle, envoie contre les Windes trois armées qui
passent par Fergunna et atteignent d'abord le fleuve Agara^,
ensuite l'Elbe. Agara est l'Eger affluent de gauche de l'Ella;
l'Eger longe l'Erzgebirge au sud et se jette dans l'Elbe au
nord de Prague. Fergunna est un nom de Erzgebirge qu'il faut
traverser en Venant d'Aix-la-Chapelle pour atteindre l'Eger et
l'Elbe.
Fergunna esile gothique fa irgu ni =fergunia « montagne»,
qui suppose un thème primitif perhi'tnio-; perki'inio- donne à
la fois en celtique, après la chute du p, ercunio- et en germa-
nique après la permutation des consonnes, fergunia-.
Le gothique fairguni, montagne, se retrouve en anglo-
saxon sous la forme Jirgcn; firgen en anglo-saxon est usité
dans les composés. On le retrouve en Bavière dans des mo-
numents du neuvième siècle; sous les formes virgunda, vir-
cunnia, virgundia, il désigne une suite de collines au nord du
Danube entre Ellwangen et Ansbach^.
Ainsi le nom de l'Erzgebirge a pu être d'abord germanique.
Avant la permutation des consonnes, les Germains appelaient
l'Erzgebirge percunio-. Ce fut alors que les Gaulois devinrent
voisins de l'Erzgebirge. Déjà les Gaulois ne pouvaient arti-
culer le p indo-européen; quand ils voulurent répéter le
1. Ritter, Gcograp]]isc]i-Statislisc]}cs Lcxicon, 1883, aux mots Er~gcbirge,
Jiim, Sndckii.
2. Aristote, Mctcorologiconiiii I, 13.
3. César, De hello gaÏÏico, 1. VI, c. 24, § 2.
4. Strabon, 1. VII, c. 2, § 2; éd. Didot, p. 244, 1.
5. D. Bouquet, V, 81 c.
6. Fôrstemann, Naiiienluicb, t. II, col. 555.
Mélanges. 2 1 9
mot percunio-, ce fut crcunio- qu'ils prononcèrent. Er-cunio-
dans leur langue signifiait « très haut » et on pouvait à volonté
dire ar-cunio, or-cunio ou er-cunio, car le suffixe er « très » a
une variante aur en irlandais, de là les trois orthographes con-
servées par les auteurs grecs: Aristote, Eratosthène, Posei-
donios. Si l'on admet cette doctrine, les Germains ont dû pré-
céder les Gaulois sur les pentes de VEi^gehirge. Il est vrai
qu'on peut émettre une hypothèse plus probable : penser que
le nom le plus ancien est arcunio-, crcunio- et que le mot ger-
manique a été apporté par les Marcomans ; il aura été préféré
au mot bcrg « montagne » par l'eft'et de l'étymologie populaire.
Les Marcomans ne comprenant pas le gaulois crcunio- l'auront
remplacé par le mot fcrgunia-, qui dans leur langue avait une
signification et qui était synonyme de l'allemand moderne bcrg.
H. D'A. DE J.
XI.
LE MANUSCRIT LUXEMBOURGEOIS
DES « HISPERICA FAMINA ».
Pendant un récent séjour à Luxembourg, j'ai eu la curiosité de voir le
manuscrit avec gloses bretonnes que possède la bibliothèque de cette ville,
et qui a été étudié par M. Rhys dans le tome I de notre Revue (p. 349 et
suiv.). Depuis la publication du travail de M. Rhys, ce manuscrit a été
examiné par M. H. Bradshaw, comme témoignait une notice manuscrite,
écrite de sa main, et jointe au manuscrit. J'ai pris copie de cette notice, et
comme tout ce qui émane de l'illustre paléographe est instructif pour les
celtistes, il me paraît intéressant de la publier ici, comme complément à
l'article de M. Rhys.
H. Gaidoz.
US. 89,
Hisperica famina, cum glossis britannicis. Sœc. IX-X, 4 fî.
in-4°.
Thèse two sheets (four leaves) were discovered in the
binding of Ms. 109 in this Library, a Ms. of the IX-Xth
century, which formerly belonged to the monastery founded
by St. Wiltibrord at the close of the VlIth century, and
which still bcars the following marks of ownership at the
beginning :
2 20 Mélanges.
Codex sancti JViUibrordi cptcrnacensis ccnobii and :
A. 20 continct Augustinum super primam quinquagesimam
psaltcrii.
The first three leaves contain fragments of a set oi Hisperica
famina (western utterances) by the same author as those
• printed by Cardinal Mai in his « Classicorum auctorum ex
codicibus vaticanis editorum tomus V ».
The glossa collectif in the last leaf are evidentlv taken from
a third set of Hisperica famina by the same author; but as
the scribe has only copied those words which had glosscs,
and has omitted ail the intervening words of the text, it is
quite impossible to form mère than a very vague idea of the
drift of the complète work.
From the forms of the British glosses, which are hère
copied by one clearly did not understand what he was copving,
it seems probable that the original must hâve been glossed in
Brittany or Cornewall rather than in Wales. But, though the
text is professedly of origin, thèse uncouth Hisperic words,
which abound hère, are (sofar as I knew) only found elsewhere
in the Lorica of Gildas (printed by Mone, Hymni Latiui,
I, 367, as « Hymnus quem Lathacan Scotigena fecit ») in
a poem addressed to the redbreast (rubisca) in the Cambridge
University Library, and in several manuscripts of the Xth
Century, mère or less closely unnected with Brittany.
Henry Bradshaw.
Sept. 27, 1876.
CORRESPONDANCE
Monsieur,
Dans votre numéro de juillet vous aviez bien raison de dire,
à propos de mes articles de vulgarisation sur l'Irlande dans le
Centiiry Maga~iiie de New- York, qu'il y a toujours des Irlan-
dais qui persistent à envisager l'histoire d'Irlande comme des
écrivains du moyen âge. Mais je ne pensais pas mériter d'être
classé parmi eux.
Les Irlandais d'Amérique qui s'adonnent à l'étude des anti-
quités de leur île natale m'ont môme reproché parfois le scep-
ticisme avec lequel je nie beaucoup de choses qui ne sont
point d'accord avec les probabilités, et même qui sont en con-
tradiction avec la situation possible des races en Europe dans
ces temps si éloignés. De vives critiques me sont adressées
parce que je trouve sous la domination celtique une popu-
lation qui a quelque analogie avec les Finnois, les Hongrois,
les Turcs. Je trouve leurs traces dans les traditions assez obs-
cures recueillies par Keating et les Quatre Maîtres (et en gé-
néral mal comprises par eux) — dans la langue gaélique, dans
les dieux, fées, héros et sorciers entrevus avec beaucoup de
difficulté à travers la couche chrétienne — dans les armes de
guerre, dans l'architecture et les lois. Si vous avez la bonté
de parcourir les articles publiés depuis dans le Century Maga-
~ine, en mai, juin et juillet 1889, vous trouverez, si je ne me
fois pas illusion, que je ne suis ni de ceux qui déduisent Bri-
tain de Brutus, ni de ces patriotes irlandais qui s'eiforcent de
trouver les Phéniciens établis en Irlande, parce que les chan-
sons héroïques parlent de guerriers dits Fenians.
111 Correspondance.
Mais, d'autre part, il me semble que les savants modernes
ont poussé le scepticisme trop loin en refusant toute valeur
aux légendes populaires et aux récits par lesquels commencent
l'histoire indigène de l'Irlande. J'aurais lu vos ouvrages bien
mal. Monsieur, et ceux de M. Henri Gaidoz, pour ne point
parler d'autres, si je ne comprenais pas que la saine critique
ne doit pas écarter toute lumière sur le passé ténébreux de
l'Irlande et delà Gaule, parce que cette lumière tombe à travers
des fenêtres à l'antique — disons de cuir gratté ou de pierre
transparente.
En Américain qui dérive d'une ancienne souche française,
je raconte l'histoire antique de l'Europe entière plutôt que celle
d'Irlande; ce sont mes compatriotes que je voudrais intéresser
aux études celtiques plutôt que les Irlandais, qui ont chez eux
des antiquaires d'une bien plus profonde érudition. La série
d'articles qui de temps en temps apparaîtront dans le Century
Maga::^ine est adressé au grand public. Certes, je ne peux pas
entrer dans des explications trop longues et savantes, ni tour-
menter mes aimables lecteurs par trop de noms qui leur sem-
bleront barbares. En Angleterre et en Amérique, mon sujet
même, étant irlandais, se heurte à beaucoup de haines de races
et beaucoup de préjugés politiques.
Mais j'espère que le moment arrivera où les universités de
mon pays ouvriront leurs cadres pour admettre l'enseignement
des vieilles langues de l'Europe, mettant à côté des chaires
de grec et latin une chaire de langues celtiques. Il n'est que
juste que les collégiens aient désormais la possibilité d'ap-
prendre à connaître un peu leurs ancêtres à eux, tout en ne
négligeant pas le latin, le grec et le sanscrit.
Charles de Kay.
New-York, 13 août 1889.
Paris, le 2 février 1890.
Monsieur le Professeur,
Vous connaissez depuis longtemps les tiers de sou méro-
vingiens attribués par les numismatistes à l'atelier d'Ambernac,
Correspondance. 22 J
dans la Charente, et qui portent en légende le nom de lieu
Antchrcnnaco, Aniehrinnac, Antehrinaco. Permettez-moi d'attirer
votre attention sur une forme plus ancienne du même nom.
Un tiers de sou qui est entré au Cabinet de 'France en 1852
donne la légende ANDEBRINNACO ; un autre, qui était au
nombre des 1,131 pièces de la collection d'Amécourt acquises
récemment par le même Cabinet, porte ANDEBRENACV.
Tous les noms de lieux terminés par le suffixe ac, à l'origine
desquels on a pu remonter, ont pour racine, comme vous
l'avez démontré, un nom d'homme latin, gaulois ou franc.
Ambernac ne doit pas foire exception. Il semble qu'il ait pour
origine un nom gaulois. Le préfixe Aude a une physionomie
gauloise ; on le retrouve dans des noms d'hommes tels que
Andchrogirix, Audcrex, Anddipa et dans plusieurs ethniques
tels que Andccavi, Andematiiniim, Aiidcritiini. En second
lieu, la syllabe briiin ou bniin est singulièrement analogue
au mot qui, chez certains peuples de la Gaule, désignait le
chef et que les Latins ont rendu par hrcnnus. Aussi n'est-il pas
étonnant que des noms propres se soient formés sur ce thème.
Sommes-nous donc autorisés à ajouter Aiidebrcnnos à la liste
des noms d'hommes gaulois révélés jusqu'ici par la numisma-
tique, c'est à vous, Monsieur, de décider.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Professeur, l'expression
de mes sentiments de très profond respect et de dévouement.
Maurice Prou,
Sous-bibliothêcaire à la Bibliothèque Nationale.
Ande-breniios, nom d'homme nécessaire pour expliquer le nom de lieu
dérivé Aiidcbriiinaciis ou Andcbrmacns, est en effet un nom gaulois nouveau
et ce nom est d'une formation régulière, ainsi que le justifie la comparaison
avec : 1° Aiide-cainitlos, inscription gauloise de Nevers et en même temps
nom d'une localité de Gaule, probablement Rançon, Haute-Vienne
(Orelli, no 1804); 2° Ande-roudiis, connu par une inscription de Padoue
(C. I. L., V, 291 1). Ces deux noms d'hommes nous offrent, comme A nde-
brennos, deux éléments dont le premier est le préfixe Ande- et dont le second
est : 1° Camulus, bien connu comme nom divin, mais qui a été aussi
employé comme nom de personne (C. /. Z,., III, 4892, 5479; XII, 744);
2° Roudus, lu sur une marque de potier (Schuermans, Siglcs figiilins,
224 Correspondance.
n^ 4741)- Le nom antique de la ville de Langres Anâe-maluninis paraît
avoir été originairement un nom d'homme formé de la même manière. Le
second terme Maliinniis est le masculin du surnom féminin Matuna attesté
en Espagne par une inscription de Séville (C. /. L., II, 1209), ^^ le mas-
culin Matumis se rencontre une fois avec valeur de nom divin (C. 1. L.,
VII, 995), comme Camulus plus connu. — H. d'A. de J.
Saint-Germain-en-Laye, 22 février 1890.
Cher Maître,
Permettez-moi de contester la légitimité d'une des critiques
que vous adressez à mon illustre maître Fustel de Coulanges
dans le dernier cahier de la Réunie Celtique (1889, p. 494.)
« L'auteur, dites-vous, ne connaît pas tous les documents
relatifs à son sujet: ainsi, à la page 68 du premier des volumes
que nous venons de citer, il avance qu'il n'y avait pas de
statues dans la Gaule barbare avant la conquête, oubliant
ainsi le passage où César parle des nombreuses statues, plu-
rinia shnulacra, du dieu gaulois assimilé à Mercure. »
Je vous ferai observer d'abord que simulacrum n'est pas
synonyme de statua : le premier mot peut désigner une image
symbolique, qui n'a pas besoin d'être une statue. Ainsi Pline
écrit (V, 5,5): Balhus in triumpho gentium uvlnuinque uoniina
ac SIMVLACRA duxit. Il s'agit ici évidemment d'inscriptions
rappelant les noms des villes et des peuples et d'images (simu-
lacra) qui les personnifiaient sans leur ressembler — en un mot
qui les indiquaioit à la manière de symboles.
Or, la meilleure preuve que César (ou son autorité) pour
ce passage n'a pas pu dire autre chose, c'est qu'il n'existe au-
cune statue de Mercure antérieure à la conquête romaine sur
le sol de la Gaule. Il est inadmissible qu'on n'en eût pas dé-
couvert à Bibracte, à Alesia et ailleurs, si le texte de César
devait être compris comme il l'est en général. L'archéologie
militante a suffisamment exploré depuis deux siècles le sous-
sol de la Gaule celtique pour qu'il lui soit permis de conclure
en toute sécurité qu'il n'y avait pas de statues en Gaule antérieu-
rement à la conquête. Je l'ai écrit à mon tour dans mon Cata-
logue sommaire du musée de Saint-Germain (p. 27) et j'affirme
que ni M. Bertrand ni aucun archéologue ne nïe contrediront
Correspondance. 22 c
sur ce point. Les seules sculptures que l'on ait crues antérieures
à la conquête sont les grossiers bas-reliefs d'Entremont, près
Aix (Desjardins, Gaule romaine, t. II, p. 112 -et pi. I); mais,
à supposer que cette opinion soit prouvée, — et elle ne l'est
point, — il s'agit là d'un monument découvert dans une région
de la Gaule sur laquelle les influences grecques et romaines
s'exerçaient depuis une époque fort ancienne.
Mais alors, que dire du texte de César ? Il serait téméraire,
je crois, de le récuser, mais il faut l'entendre sans forcer le
sens du mot simnlacnim. César, qui avait habité la Grèce, qui
était versé dans les lettres grecques, connaissait parfliitement
ces piliers rectangulaires et ces accumulations de pierres que
les Grecs appelaient soit 'Ep;j,aT, soit àpiJ.zTa, ipij.av.îç, èpiJ.xTs-.
Xôçoi. Il savait aussi que le bloc de pierre debout, plus ou
moins façonné à l'image d'un ox'ù.oc, passait chez les Grecs
pour le plus ancien symbole d'Hermès. On peut voir tous les
textes à ce sujet réunis par Scherer dans le Lexicon der Mytho-
logie de Roscher, s. v. Hermès, t. I, p. 2392 et suiv. Or,
sans parler des nombreux obélisques dits menhirs, encore épars
à la surface du sol de la Gaule, ni des accumulations de
pierres auxquelles on donne le nom biblique de galgal (cf.
Revue archéologique, 1850, p. 481), la toponymie seule suffit
à nous prouver, par la multitude des lieux dits Pierrefiche,
Pierrefitte, Pierrelevée, etc., combien de monuments analogues
aux grossiers 'P]p[xai ou 'EpfxxTa durent se présenter en Gaule
aux yeux de César ou de son auteur. Je ne discute pas ici la
question de savoir si les 'EpiJ.xT ou 'Ep[j,aTx des Grecs ont
autre chose qu'un rapport fortuit avec le nom du dieu Hermès;
peut-être n'y a-t-il là qu'un très vieux calembour, mais ce n'est
pas la question. César (ou son auteur) voit en Gaule un
grand nombre de monuments, entourés de pratiques supersti-
tieuses, qu'il identifie à ceux où les Grecs reconnaissaient
les symboles d'Hermès; il en conclut naturellement qu'Hermès-
Mercure est le principal dieu gaulois (ce qui est peut-être une
erreur) et il parle de nombreux simulacra de ce dieu qui sont
élevés en Gaule. Nous sommes bien loin de statues !
Vous voyez, cher Maître, que je donne parfaitement raison
à Fustel. Il était trop peu au fait de l'archéologie monumen-
Revue Celtique, XL 1 ;>
226 Correspondance.
taie pour expliquer comme je le fais la phrase de César, mais
il sentait que le mot sinnihtcni dans ce texte ne dit point ce
que les commentateurs et traducteurs lui font dire.
Peut-être l'interprétation que je propose de ce passage n'est-
elle pas tout à foit sans importance. Sous l'influence d'une
école qui j sagement réagi contre les folies de Cambry, on
est allé jusqu'à refuser aux Celtes toute part dans l'érection
des monuments mégalithiques. J'ai publié l'été dernier, dans
la République française (24 juillet 1889), une note très courte
où je me suis inscrit en faux contre cette opinion. Dans leur
ensemble, dolmens et menhirs appartiennent à une civilisation
que je crois antérieure à l'époque où la langue celtique fut
parlée en Gaule (je ne parle pas de race celtique, ne comprenant
pas ce que le mot de race signifie) ; mais les Celtes adoptèrent
les pratiques de la religion dolménique, comme les Francs
adoptèrent le christianisme des gallo-romains. César a pu en-
core voir de nombreux menhirs, objets des ofl"randes et des
pratiques superstitieuses des Gaulois. Une preuve de mon
opinion, que je crois sans réplique, est le fameux menhir de
Kernuz (Revue archéol., 1879, I, pi. III- V), où une image de
Mercure en relief a été sculptée à l'époque romaine. Le dieu
avec son cortège, à la faveur de l'anthropomorphisme gréco-
romain, est venu prendre possession de \i pierre debout, où on
l'adorait depuis longtemps sans l'avoir figuré sous des traits
humains.
Crovez, cher Maître, à mes sentiments respectueusement
dévoués.
Salomon Reinach.
Le passage de César dont il s'agit ici se trouve au livre VI, c. 17, § i :
Gain deiuii niaxiine Merciiriiiin colnnt. Hitjus sitnt plurima simiilacra.
M. S. Reinach propose pour ce texte un sens complètement nouveau.
M. S. Reinach a un grand avantage sur la plupart des archéologues qui
s'occupent en France des monuments antérieurs à la conquête romaine,
c'est qu'il connaît parfaitement l'archéologie grecque ; et il doit à cette
supériorité d'instruction des vues qui forcément ont manqué à ses prédé-
cesseurs. On a souvent observé avec étonnement que César paraissait
n'avoir pas aperçu les monuments mégalitiques de la Gaule. Qu'il n'ait pas
aperçu les dolmen et les allées couvertes, cela se comprend fort bien : ces
I
Correspondance. 227
monuments devaient encore, au temps de César, être à peu près sans
exception couverts par des éminences artificielles que depuis cette époque
des cultures reitérées à nombre incalculable, les pluies et les gelées de dix-
neuf cents hivers ont nivelées et abaissées presque à la hauteur du sol
environnant, on voit tout nus les dolmens et les allées couvertes qu'un
épais manteau de terre dérobait au regard du conquérant de la Gaule. Mais
les menhir s'offraient sans voile aux yeux, alors comme aujourd'hui ; les
menhir qui sont tombés et gisent étendus dans la campagne étaient proba-
blement encore la plupart debout, un grand nombre qui depuis ont fourni
de la pierre à bâtir, du pavé ou du macadam, étaient encore droits à la place
où l'art de l'ingénieur préhistorique les avait dressés. César n'avait rien dit
de ces monuments, croyait-on. On se trompe, répond M. Reinach, les
menhir, ce sont les sinitdacra dont parle César.
Nous remercions le savant et jeune archéologue d'avoir choisi la Revue
Celtique pour porter à la connaissance du public érudit cette doctrine nou-
velle qui atteste une fois de plus la science de l'auteur et l'originalité de
son esprit.
Ce que nous saisissons moins, c'est le rapport qui existe entre cette doc-
trine, — on pourrait dire probablement cette découverte — et la critique
que nous avons adressée à M. Fustel de Coulanges. Si le passage précité
de César avait été présent à la mémoire de l'éloquent professeur, c'est
avec le sens de « statues « que le mot sinnilacra se serait présenté à son
esprit. M. Fustel de Coulanges vivra comme écrivain, il est peu probable
qu'il compte jamais parmi les archéologues dont, en notre siècle, la France
pourra s'enorgueillir. — H. d'A. de J.
BIBLIOGRAPHIE
Les premiers habitants de l'Europe d'après les écrivains
de l'antiquité et les travaux des linguistes, par H. dAr-
BOis DE JuBAiNViLLE, seconde édition, corrigée et considérablement aug-
mentée par l'auteur, avec la collaboration de G. Dottin, secrétaire delà
rédaction de la Revue Celtique Tome premier : i° Peuples étrangers à la
race indo-européenne (habitants des cavernes, Ibères, Pélasges, Etrus-
ques, Phéniciens); 2° Indo-Européens, première partie (Scythes, Thraces,
Illyriens, Ligures). Paris, Thorin, 1889. gr. in-8, 400 pages.
Cette seconde édition se distingue de la première, sans
parler d'un certain nombre de corrections et d'additions, par
deux innovations principales. Dans l'intérêt de la clarté,
M. d'Arbois de Jubain ville a divisé les chapitres en para-
graphes précédés chacun d'un titre qui- en annonce le sujet.
Réunis au début de chacun des chapitres, les titres des para-
graphes qui le composent forment un sommaire qui fait em-
brasser en un coup d'œil l'ensemble du sujet. Une autre modi-
fication, plus importante, a consisté à imprimer en notes la
plupart des textes sur lesquels s'appuie l'auteur.
Les subdivisions m'ont paru trop nombreuses. Très utile
dans un manuel, dans les livres destinés à l'enseignement, ce
système est gênant dans un livre d'érudition, lorsqu'il est
poussé trop loin. Le lecteur a peine à saisir l'ensemble d'une
exposition ainsi hachée. Le sommaire remédie en partie à ce
défaut. L'auteur s'est condamné aussi par sa méthode, m'a-
t-il semblé, à beaucoup de redites ^
I . L'auteur a cédé, en coupant ses chapitres, à des conseils d'ami. Si j'en
avais un à lui donner, je lui conseillerais, dans la troisième édition, d'en
faire à sa tête.
Bibliographie. 229
L'autre innovation ne mérite que des éloges et le lecteur ne
peut qu'en savoir le plus grand gré à l'auteur ^
La seconde édition, d'une lecture assurément plus flicile que
la première, se distingue par les mêmes qualités : une grande
conscience dans les recherches, la sincérité la plus parfaite
dans la discussion, le zèle le plus intatigable pour profiter des
travaux et des progrès de la science contemporaine, en parti-
culier de la linguistique : qualités précieuses et rares qui ren-
dront son œuvre durable et indispensable à consulter pour
tous ceux qui étudient les antiquités européennes. Elle est ce-
pendant, si je ne me trompe, entachée de deux défauts, plus
graves, peut-être, en apparence qu'en réalité :
1° M. d'A. de J. s'est privé d'une source d'informations des
plus précieuses, nécessaire même pour contrôler les assertions
Jorcémcnt contradictoires des auteurs anciens, en laissant de
côté, en grande partie, les découvertes de l'archéologie con-
temporaine.
2° M. d'A. de J. s'est exposé à voir contestée ou amoindrie
la solidité de ses recherches en négligeant, au moins en appa-
rence, de nombreux travaux parus, surtout depuis une ving-
taine d'années, sur les sources auxquelles ont puisé les histo-
riens et géographes de l'antiquité, sur la critique des textes
grejcs et latins, au point de vue historique.
L'auteur, dans sa préfoce, page xvi, déclare bien qu'il a
laissé de côté l'archéologie préhistorique, ajoutant modeste-
ment que ce silence n'est pas l'effet du dédain, qu'il est sim-
plement l'aveu de son incompétence. Mais il ne tient pas ab-
solument sa promesse, par exemple au chapitre P' : c'était
d'ailleurs impossible. Mieux eût valu, en effet, ne rien dire
des habitants de l'Europe avant les races historiques que de
se contenter, sur ce point, du témoignage des écrivains clas-
siques. Les textes, même d'Homère, n'ont aucune valeur, en
ce qui concerne l'Europe, en dehors de la Grèce continentale.
Les récits sur les Cyclopes, les Sirènes, les îles d'Eole, les
I . Les textes grecs m'ont paru reproduits avec soin. J'ai remarqué ce-
pendant çà et là des fautes d'esprit et d'accent, par ex. p. 5, ol'y' pour oî'y';
at pour ai'; p. 11, o- pour o'. ; p. 6, Oî^'ôtaîv pour Oîto''[j.îv.
230 Bibliographie.
Lestrygons, sont de véritables contes, des épouvantails in-
ventés en partie ou répandus dans le monde grec, dans un
dessein facile à comprendre, par les navigateurs phéniciens.
M. d'A. de J. renvoie, en ce qui concerne l'archéologie pré-
historique, au livre de M. Bertrand, La Gaule avant les Gaulois.
Or, M. Bertrand, entre l'homme tertiaire ou quaternaire et
les races historiques, ne voit pas, comme M. d'A. de J., uni-
quement des troglodytes; il distingue bien d'autres populations.
De plus, il ne fait pas des habitants des cavernes le portrait
terrifiant qu'en trace M. d'Arbois. Il va jusqu'à leur attribuer
un sentiment des arts développé ! Quant aux néo-lithiques, je
ne vois pas qu'ils soient très inférieurs à bon nombre d'élec-
teurs français : ils ont, d'après M. Bertrand, maisons, chevaux
attelés, bœufs, blé, fromage; ils savent tisser le lin, naviguer;
leurs armes sont redoutables ; au point de vue moral, ils se
distinguent par une qualité qui en suppose beaucoup d'autres :
ils ont le respect et le culte des morts ; ce qui est très conso-
lant pour nous, ces braves gens constituant, toujours à ce
qu'assure M. Bertrand, les deux tiers du fonds de la nation
française. M. d'A. de J. aurait dû aussi dire un mot des dol-
mens, quand ce n'eût été que pour réserver la question. Il est
impossible, en effet, de séparer complètement l'époque des ca-
vernes de celle des dolmens, dans certaines régions : M. J. de
Baye n'a-t-il pas trouvé dans les cavernes de la Champagne les
mêmes objets, la même civilisation matérielle que sous les
dolmens de la Lozère ? Enfin le livre de M. Bertrand, quelque
utile qu'il soit par les renseignements précieux qu'on y trouve
condensés, est un des plus discutables qu'on puisse imaginer,
sans sortir même du domaine de l'archéologie préhistorique ^
C'est surtout peut-être à propos des Etrusques qu'il est
I . M. de Closmadeuc, en réponse à une lettre de M. de Caumont, a dé-
montré surabondamment la fausseté du système exposé par M. Bertrand
sur les dolmens dans la Revue archéologique, et légèrement modifié dans
son livre La Gaule avant les Gaulois (Bulletin de la Société polym. du Mor-
bihan, 1865). Les faits n'ont pas été suffisamment observés. L'auteur bâtit
des théories grosses de conséquences sur de véritables pointes d'aiguilles :
un de ses principaux arguments pour rattacher les Venètes aux Hénètes de
Paphlagonie, c'est que les paysans bretons d'Auray aujourd'hui attachent leurs
vêtements avec des espèces de fibules à boudin (épingles anglaises).
Bibliographie. 2 5 1
facile de voir combien M. d'A. de J. a été mal inspiré en né-
gligeant les indications de l'archéologie. Les témoignages des
anciens sur l'identité des Pelages et des Etrusques sont des plus
contradictoires. A celui d'Hérodote, qui fliit sortir les Tur-
sanes de Lydie, on peut opposer, entre autres arguments, le
silence de Xanthos le Lydien dans ses Lydiaca (Denys, Arch.,
I, 28). Au milieu de ce conflit d'opinions, le dernier mot est
à l'archéologie proprement dite, la Hnguistique réservant jus-
qu'à ce moment son jugement. Or, cette science confirme
l'opinion de Niebuhr; les Etrusques ne sont pas arrivés en
Italie par mer : ils y sont venus par le nord. Leur civilisation
primitive n'a rien de lydien. Ce qu'ils ont eu de commun à
une certaine époque avec la Lydie, ils le doivent aux commer-
çants de Tyr et de Sidon. C'est la thèse que développe
M. Martha dans son ouvrage récent sur l'art étrusque. Ce
sont aussi les idées de deux archéologues éminents, MM. Hel-
big et Undset (Aniiali dcW Instituto di corresponden:^a archceo-
lûgia, 1884-1885)^
L'archéologie est un moyen de contrôler l'exactitude et la
valeur des textes anciens. Il y en a un autre : c'est de se
rendre compte des sources auxquelles ils ont été puisés, ce qui
est souvent possible. La critique des sources historiques est le
fondement de toute étude scientifique sur l'antiquité. Mal-
heureusement, cette branche de la philologie et de l'histoire
est des plus négligées en France, tandis qu'elle a pris un
énorme développement en Allemagne. Les colonnes du Rbci-
nisches Miiscenni, du Pbilologus, de VHennes sont remplies
d'études de ce genre, sans parler d'un grand nombre de
thèses et de dissertations qui ont le même objet. Beaucoup de
ces travaux ne sont guère concluants ; un certain nombre ont
donné de sérieux résultats. M. d'A. de J. a puisé ses textes
dans de bonnes éditions ; il connaît les idées courantes sur la
valeur des historiens. Mais il ne semble pas toujours avoir
suivi d'assez près le mouvement de la critique des textes histo-
I . Pour les Pélasges, il y a une grande part de vérité dans la boutade
de Wilamowitz : sie sind nur da, iim vcrtricben ^u werden. Ce sont les bou-
che-trous de l'histoire de la Grèce ancienne.
2 3 2 Bibliographie.
riques en Allemagne, quoiqu'il connaisse les meilleurs ouvrages
d'histoire parus dans ce pays jusqu'à ces derniers temps. En
voici quelques preuves :
P. 39, en note : Scymnus de Chio, dit l'auteur, s'appuie
sur Timée. Or, Scvmnus n'est plus considéré comme l'auteur
du poème géographique qui porte son nom, mais il suit, il est
vrai, Timée et Ephore (Unger, Die Chronik des Apollodoros,
Philologus XLI (1882), p. 603). Il n'était pas inutile d'ajouter
que le vrai Scvmnus vivait probablement au commencement
du deuxième siècle (Rohde, Rhein. Mus., XXXIV).
P. 41. Le périple de Scylax serait contemporain d'Hécatée.
Il est certain que le vrai Scylax de Karyanda en Carie vivait
du temps de Darius et avait même, sur son ordre, visité les
côtes du golfe arabique, mais le périple, qui est une description
générale des côtes, est bien postérieur. D'après des indications
contenues dans l'ouvrage même, Unger le met vers 356 (Phi-
lol. 33, p. 29).
Pour Denys le Périégète, il eût fallu citer les travaux
récents, notamment la découverte décisive de Leue, établis-
sant que l'auteur écrivait sous Hadrien (PhiloL, 42, 175). Il
était bon d'ajouter que nous avons deux versions de l'œuvre
de Denys, une d'Avienus, une autre plus courte de Priscien
(Christ, Griech. Litt., p. 507). M. d'A. de J. cite plusieurs
fois Hécatée, mais ne laisse pas soupçonner que l'authenticité
de ses écrits a été sérieusement mise en doute. Cobet (Mné-
mosyne, 1883) rejette tout en bloc. Sittl, dans sa remarquable
histoire de la littérature grecque (Gr. Litt., I, 349) doute de
l'authenticité des rt'nx\z^;ix:. De bons critiques ne sont pas de
cet avis, par exemple. Christ dans sa Gr. Litt. (cf. Diels,
Hermès, XXII, 411).
M. d'A. de J. préfère, à propos de l'identité des Sicanes et
des Ibères, le témoignage de Thucydide et de Philistus qui la
soutiennent, à celui de Timée de Tauromenium qui la nie,
parce que les deux premiers sont plus anciens. Timée est en etfet
postérieur aux deux autres, mais il a mis à profit pour l'his-
toire de la Sicile la principale autorité de Thucydide et de Phi-
listus pour l'histoire ancienne de la Sicile, c'est-à-dire Antio-
chus de Syracuse (sur Antiochus, source de Thucydide, v.
Bibliographie. 23 j
Wôlfflin, Ant. vonSyr. und Cœlius Ant. Leipzig, 1870). Il a
eu beaucoup plus de matériaux à sa disposition. Il a étudié les
monuments anciens de son pays, les inscriptions même des
temples et des colonnes (Polybe, XII, 11). Les antiquités phé-
niciennes et carthaginoises lui étaient connues. Il est reconnu
aujourd'hui que l'œuvre de Timée était la principale autorité
pour l'histoire de la Sicile (Classen, Untersurchungen ûber
Timaios von Tauromenion, Kiel, 1883). M. d'A. de J., si je
ne me trompe, n'a pas non plus, à côté de l'opinion person-
nelle de Thucydide, cité le passage où ce même écrivain re-
connaît que les Sicanes eux-mêmes se disaient autochtones
(Thucyd., VI, 2, 2). Antiochus de Syracuse tenait aussi les
Sicanes pour autochtones (Diod., V, 24). Tout ceci d'ailleurs
ne suffit pas pour renverser la thèse fort bien soutenue de
M. d'A. de J. Pour corroborer le témoignage de Phihstus,
l'auteur pouvait encore faire remarquer que l'écrivain syra-
cusain avait connu les mercenaires ibcrcs de Denys l'ancien ^
Sur les questions d'histoire ancienne, M. d'A. de J. me
semble ajouter trop de foi au témoignage de Strabon. Suivant
la remarque de Christ (Gr. Litt., 481), Strabon ne paraît avoir
connu Pythéas, Demetrius de Skepsis, Eudoxus même, que
par les ouvrages des autres. Sur la géographie de la Grèce an-
cienne, sa principale autorité est le catalogue des vaisseaux
d'Homère commenté par Apollodore.
A propos d'Aristeas de Proconnèse, pourquoi n'avoir pas
cité le principal travail qui ait été fait sur ce poète, celui de
M. Tournier (De Aristea Proconnaesio et Arimaspeo poemate,
Paris, 1863)?
Il n'eût pas été inutile de faire remarquer que la partie de
l'Odyssée où il est question de la Sicanie et des Sikeles est la
plus récente du poème.
I . Si l'origine ibérique des Sicanes est soutenable, il y a néanmoins de
sérieuses raisons de croire à la parenté des Sicanes et des Sicules. comme
le dit Busolt en résumant la discussion (Gr. Gesch., 233, 234). On aurait
voulu voir M. d'A. de J. discuter les arguments de Holm, Gesch. Siciliens,
I, 58; de Nissen, Ital. Landeskunde, I, 547. Pour les Sicules, le peu qui
semble rester de leur langue parait indiquer une parenté avec les Latins
(Weise, Rhein. Mus., XXXVIII, 538).
2 34 Bibliographie.
M. d'A. a aussi négligé parfois, assez rarement m'a-t-il
semblé, certains textes anciens d'une réelle importance. Cest
ainsi que, contrairement à la thèse de l'auteur qui fait des Si-
cules une branche des Ligures, Hellanicus, Fr. 53, présente
les Sicules comme des Ausones. Or, c'est le nom que don-
naient les Grecs à la branche osque des Auseli ou Aurunci (v.
Busolt, Gr. Gesch., p. 238, note 2) ^
P. 174, les Cariens, de même race que les Pélasges, dit
l'auteur, auraient été soumis aux Lélèges. Or, l'écrivain ca-
rien, Philippe de Suangela, affirme que depuis les temps les
plus reculés jusqu'à lui, les Lélèges étaient esclaves des Cariens
(Fragm. I, chez Athénée, VI, 271). A Tralles, le meurtre
d'un Lélège était racheté par un boisseau de pois, au témoi-
gnage de Plutarque (Quaest. Gr., 46). Les Lélèges ont été les
premiers habitants de la Carie, les Cariens seront venus après
et les auront soumis ; ainsi s'expliquerait l'erreur d'Hérodote
et de ses autorités en ce qui concerne ces deux peuples. Quant
aux Cariens, ils se considéraient comme les parents des My-
siens et des Lydiens. Cariens, Lydiens, Mysiens et Phrygiens
sont regardés aujourd'hui avec raison par la plupaft des criti-
ques comme appartenant au groupe indo-européen d'Asie-Mi-
neure (v. l'état de la question chez Busolt, Gr. Gesch., p. 33).
L'identité des Cassitérides avec les Iles-Britanniques a été
mise en doute récemment par Unger (Rhein. Mus., XXXVIII,
p. 157). L'éminent critique a assurément tort de nier l'iden-
tité d'Albion et de la Bretagne insulaire, mais il n'en ressort
pas moins de son étude, à mon avis, qu'il y a eu confusion
chez plusieurs écrivains de l'antiquité entre Albion, Hierne et
des îles de la côte ouest de l'Espagne. Pour les îles Œstrym-
nides la question me paraît encore moins résolue.
On ne voit pas non plus comment le fleuve Sicanos serait
devenu, linguistiquement, en gaulois, Scquajia.
I . L'opinion de Philistus que les Sicules sont des Ligures n'a peut-être
pas autant de poids que semble lui en attribuer M. d'A. de J. Thucydide
ayant raconté que les Sicanes avaient été chassés par des Ligures, et les Si-
canes ayant été effectivement, en Sicile, refoulés parles Sicules, Philistus en
a conclu que les Sicules étaient Ligures (Busolt, Gr. Gesch., pp. 237-258,
note 2).
Bibliographie. 23 s
Je m'empresse d'ajouter qu'en supposant comblées toutes
les lacunes que je me permets de signaler, l'œuvre de M. d'A.
de J. ne serait pas modifiée dans ses traits principaux : des
détails importants seraient seulement remaniés ; sur quelques
graves questions, l'auteur, cependant si prudent, serait encore
moins affirmatif. Le meilleur et le plus juste éloge que l'on
puisse faire de cette nouvelle édition, c'est qu'elle est sensi-
blement supérieure à la première, qui avait été si favorablement
accueillie par le monde savant.
J. LOTH.
Trion. Antiquités découvertes en 1885, 1886 et antérieu-
rement au quartier de Lyon dit de Trion, décrites par
A.Allmer et P. DissARD, 18S7-1888, deux vol. in-8, CLXViii-641 p.;
extraits des Mémoires de l'Académie de Lyon.
Le premier volume débute par une histoire de Lyon romain
que M. Allmer a écrite avec sa science accoutumée. Vient en-
suite une étude par le même auteur sur les inscriptions lapi-
daires trouvées à Trion. Elles sont au nombre de cent quinze.
Le second volume, rédigé par M. Dissard, contient le cata-
logue de dix-huit cents articles numérotés 116-1915, tom-
beaux la plupart anépigraphes, fragments de poteries avec
marques portant des noms de potiers, quelques-uns inédits,
monnaies, etc. Il se termine par des tables dans lesquelles on
remarque l'index des noms et des surnoms contenus dans le
tome I, p. 1-253; '^^^^^ table renvoie aux pages et non aux
numéros des inscriptions. Quant aux noms et surtout aux
surnoms, très nombreux dans le second volume, p. 265-595,
les auteurs n'ont pas jugé à propos d'en donner un index
alphabétique. On les trouvera dans les sections intitulées: tom-
beaux, p. 270-288; conduits d'hypocaustes, antéfixes, terrines,
p. 317-320; amphores, p. 322-333; urnes, p. 335; vases de
formes diverses, p. 340^ marques sur poterie rouge, p. 341-468;
médaillons relatifs aux jeux de l'amphithéâtre, p. 493 ; marques
sur lampes, p. 508-513.
Dans son histoire de Lyon romain qui est intitulée Exposé
préliiiiiiiairc, M. Allmer revient sur sa doctrine relative à l'éty-
mologie de Lyon. C'est aux pages xx-xxi ; le paragraphe est
2j6 Bibliograppie.
intitulé : « Lu^^u et Lukos, le nom du corbeau est le même en
celtique et en grec. » Voici la conclusion :
« Le grec lukos répond en latin à monedula, autrement dit
« corviis monedula qui lui-même répond en allemand au mot
« dohle et en français au mot choucas. L'identité de lugu et de
« lukos est manifeste ; elle est manifeste également entre lupi
« et [l'arabe] loucha ; bien que moins apparente entre lugu et
« choucas, elle se laisse cependant encore apercevoir. On n'est
« donc plus admis à venir prétendre que n'existe en aucune
« langue, pour désigner un corbeau, un mot analogue à lugu,
« et ce sera peut-être le dénouement, cette fois, de la longue
« querelle au sujet de l'étymologie du nom antique de Lyon,
« querelle dans laquelle a été apporté, en ces temps derniers,
« bien moins un effort sincère pour arriver à la vérité que le
« malsain désir de sacrifier à cette archéologie de faux aloi, de
« clinquant et d'aperçus à sensation qui paraît être au goût
« du jour. »
Il est exact que le mot grec X'jy.cç, dont le sens ordinaire est
« loup », mais qui a plusieurs sens accessoires, est donné
comme un nom du choucas par Aristote, Histoire des animaux,
livre IX, c. 24 ^ Il y a de ce mot avec le sens de choucas
une variante Ajy.-.cc qui nous est connue par Hesychius. Mais
l'identité du thème luco- dans '/.jv.zz et du thème lugu- dans
Lugu-dunum n'est pas si évidente que paraît le croire le savant
auteur ; il lui semble qu'on a les deux équations k = g et
0 =: H. La conséquence en résulterait qu'en français bac et
bague seraient deux façons de prononcer le même mot et qu'il
n'y aurait pas de différence dans la même langue entre butte
et botte.
Il paraît établi que la colonie romaine de Lyon avait un
corbeau pour armoiries. Etait-ce des armes parlantes? Telle
est la question. Déjà les Scgusiavi avaient, paraît-il, sur leurs
monnaies, la représentation d'un corbeau {Trion, p. xvii); en
conclurons-nous que Segusiavus veuille dire « corbeau » ? La
maison de Bourbon a dans ses armes des fleurs de lis; s'en-
suit-il que Bourbon soit en français un nom de la fleur de lis?
I. Édition Didot, t. III, p. 186, 1. 5.
Bibliographie. 237
Et de ce que les Plantagenets portaient sur leur écu trois léo-
pards de gueules, il ne résulte pas qu'en français plantagenet
soit un nom du léopard. La doctrine empruntée par l'auteur
anonyme du traité de fluviis à l'inconnu Clitophon est sans
autorité et on ne peut fonder sur elle une étymologie scienti-
fique du nom de Lyon. On dira en vain qu'à l'époque où
cette étymologie a été inventée, on devait à Lyon savoir le
gaulois. Le livre de M. Allmer semble fait pour démontrer le
contraire; il le prouve par la rareté des noms gaulois dans les
deux index qu'il a dressés. D'ailleurs rien au monde n'établit
que Clitophon fût un Lyonnais. C'est un érudit grec quel-
conque qui, au fond de son cabinet, entouré de ses livres,
peut-être un Aristote sous les yeux, et frappé comme M. Allmer
de la consonance entre 'k'jy.zztlLugu-, a tiré de son cerveau Téty-
mologie considérée comme évidente par le savant épigraphiste
de Lyon. Il n'y a pas trace d'un thème lugu- a corbeau « dans
les dialectes néo-celtiques.
H. d'Arbois de Jubainville.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. Vie d'Hugues Roe O'Donnell par Lughaidh O'Clery. — II. La Société
pour la conservation de la langue irlandaise. — III. Leçons d'archéologie de la fon-
dation Rhuid par M. J. Rhys. — IV. Suite des travaux du P. Hogan sur le livre
d'Armagh. — V. M. C.-A. Serrure auteur d'une grammaire gauloise. — VI. Epi-
graphie romaine du Poitou et de la Saintonge par M. Esperandieu. — VII. Vies de
saints irlandais extraites du livre de Lismore, par M. VVhitley Stokes. — VIII. Epaves
delà tradition celtique recueillies par le Rév. Mac Innés annotées par M. Alfred Nutt,
— IX. Vies de saint Ronan et de saint Jacu dans une publication nouvelle du P. De
Smedt. — X. M. Salomon Reinach et les Gaulois dans l'art antique. — XI. Ogmios
dans le Dictionnaire de mythologie grecque et romaine de M. W. Roscher. —
XII. Fusion de VArchaeological Rcview et du Folklore Journal. ■ — XIII. Cucuimne
et Cummian. — XIV. Le Celtique, sujet d'examen à l'Université de Londres. —
XV. Une nymphe de la mer dans la mythologie et dans l'histoire;?; d'Irlande. —
XVI. Gloses irlandaises et bretonnes publiées par M. Whitley Stokes. — XVII. Ré-
pertoire général de Bio-bibliographie bretonne. — XVIII. Marques de potier pu-
bliées par M. Habert. — XIX. Mystère de saint Gwénolé édité et traduit par
M. Luzel. — XX. Chrestomathie bretonne de M. J. Loth. — XXI. Les lutins en Basse-
Bretagne. — XXII. Le monument mégalithique de Newgrange en Irlande. —
XXIII. Le prix Langlois décerné par l'Académie française à M. J. Loth.
I.
Le rcvcrcnd Denis Murphy, S. J. meinbrc de l'Académie royale d'Irlande,
prépare une édition du texte irlandais de la vie de Hugh Roe O'Donnell
par Lughaidh O'Clery. Ce document sera accompagné d'une traduction
anglaise avec introduction historique et notes. O'Curry a parlé de cette vie
dans ses Lectures on the Maniiscript Materials of ancient Irish History, p. 22.
L'original est conservé à la bibliothèque de l'Académie ro^-'ale d'Irlande.
C'est un petit in-quarto de quatre-vingt-quatre folios, très bien écrit; on y
reconnaît le beau talent de scribe qui était une sorte d'héritage de famille
chez les O'Clery. Il contient une biographie d'O'Donnell, chef de Tircon-
nell, qui à l'âge de trente ans mourut à Simancas en Espagne, probable-
ment d'un poison administré par un émissaire de Carew, ^gouverneur
anglais de la province de Munster en Irlande. O'Donnell était allé demander
aide au roi d'Espagne après la désastreuse bataille de Kinsale (1601). Le
Père Murphy s'est rendu à Simancas dans le courant de l'été dernier et y a
trouvé plusieurs lettres originales d'O'Donnel, d'O'Neill et d'autres nobles
irlandais de ce temps-là. Le récit d'une grande partie des événements qui
à cette époque forment l'histoire de l'Irlande a été inséré dans les
Annales des Quatre Maîtres ; mais il y a dans la Fie de Hugh Roe O'Don-
Chronique. 239
nell beaucoup de détails qui ne se trouvent point dans ces annales et on y
verra la vie d'un homme illustre écrite de suite, non plus par fragments
et avec des interruptions. Cette publication nouvelle n'aura pas seulement
un intérêt historique ; ce sera un ouvrage de plus à inscrire sur la liste des
livres écrits en langue irlandaise qui méritent d'attirer l'attention des lin-
guistes.
J. C. O'Meagher.
IL
Le 4 mars dernier, la Société pour la conservation de la langue irlan-
daise a tenu au siège de cette Compagnie, 6, Molesworth street, à Dublin,
une assemblée où M. J. J. Mac Sweeney, son sympathique secrétaire, a
présenté son douzième rapport. II y constate qu'en 1889 la langue irlan-
daise est enseignée dans quarante-cinq écoles primaires dites nationales ; le
nombre des enfants qui se sont présentés à l'examen pour l'irlandais a été
de 826, dont 512 ont été reçus. Le mouvement s'étend à ce qu'on appelle
« intermediate éducation », qui est une sorte d'enseignement secondaire.
Le nombre des élèves de cette catégorie qui ont passé l'examen d'irlandais
en 1889 est de 273. Ces résultats sont dus en grande partie à l'activité du
secrétaire, et l'assemblée, sur la proposition du professeur O'Looney, a ter-
miné la séance en votant à M. J. J. Mac Sweeney de chaleureux remercie-
ments pour « son dévouement à la cause de la littérature irlandaise et
u pour le zèle avec lequel il a travaillé avec tant de succès à atteindre le
« but de la Société depuis sa fondation ».
III.
La ScottisJ] Reviciu fera paraître à partir du i"'' avril une série d'articles
qui contiendront les leçons d'archéologie de la fondation Rhind faites
dernièrement par notre savant collaborateur, M. John Rhys, professeur à
l'Université d'Oxford. Ces leçons ont eu pour objet l'ethnologie primitive
des îles Britanniques, et plus spécialement de l'Irlande et de l'Ecosse, au
point de vue du langage. M. Rhys s'y préoccupe surtout des traces lais-
sées en Irlande et en Ecosse par les populations non aryennes qui ont
précédé les Celtes. Quand cette intéressante publication aura paru, nous
espérons en parler avec détails.
IV.
On sait que le Père Edm. Hogan, S. J., a inséré dans les Anakcta Bol-
landiana (tome I, 1882, p. 530-585 ; tome II, 1883, p. 35-68, 213-238) la
Vie de saint Patrice par Muirchu Maccumachtheni et les notes de Tirechan
sur le même sujet. La base de cette édition est le Livre d'Armagh, ix^ siècle,
manuscrit qui appartient au collège de la Trinité de Dublin et dont le sa-
vant jésuite a comblé les lacunes à l'aide du manuscrit no 64 de la biblio-
thèque royale de Bruxelles, xi^ siècle. De ce travail il y a eu un tirage à
part. Le Père Hogan prépare depuis sept ans un supplément à cette pre-
40 Chronique.
mière publication; on y trouvera les gloses et notes irlandaises du livre
d'Armagh ; ces notes et gloses se rapportent pour la plus grande partie au
Nouveau Testament et à la vie de saint Martin qui sont placés dans ce ma-
nuscrit à la suite des documents relatifs à saint Patrice. La nouvelle publi-
cation du Père Hogan se termine par un grand travail dont le titre, Index
et glossariiim bihenncinii, fait connaître suffisamment l'objet et rendra claire
l'utilité. Nous avons entre les mains une épreuve de la dernière feuille.
V.
M. C.-A. Serrure, ancien avocat au barreau de Gand, et aujourd'hui,
comme il veut bien nous l'apprendre lui-même, « plutôt archéologue et
numismate que philologue et grammairien », vient de publier un Essai de
graminaire gauloise d'après les monuments épigraphiqites, suivi d'une reproduction
des principaux textes, et d'un coup d'œil sur la langue des Gaules depuis César
jusqu'à Charleinagne ' . Le tout forme une brochure in-octavo de juste
cent pages, et se vend 3 fr. 50 chez Thorin, 7, rue Médicis, à Paris; je dis
3 fr. 50, mais on peut même en marchandant un peu — j'en ai fait per-
sonnellement l'expérience — obtenir cette brochure pour trois francs. J'en
conseille l'acquisition à tous les linguistes qui voudront, après quelques
heures d'un travail fatigant, se procurer quelques moments de récréation et
d'innocente gaieté : aucun ne regrettera ses 3 fr. 50 ou 3 fr. Je suis très
content de mon achat, malgré l'embarras qu'éprouve ma vieille gravité en
voyant mon nom cité, je ne sais combien de fois, dans ce documenta
l'appui des doctrines les plus réjouissantes. Les érudits que M. Ser-
rure ne cite pas seront plus à l'aise que moi, leur amusement pourra même
doubler quand ils penseront quelle tête je ferais en les voyant rire du bon
tour que me joue M. Serrure donnant presque à chaque page des extraits
de mes écrits pour appuyer ses thèses.
De ces citations je me bornerai à en reproduire une, elle est imprimée
sur le titre même de la brochure de M. Serrure : « La Grammatica celtica
« de Zeuss n'a pas de lecteurs ; presque personne ne sait s'orienter dans ce
« labyrinthe », d'Arbois de Jubainville, Revue Celtique, t. II, p. 278. — Ces
deux membres de phrase sont extraits d'une période, un peu longue peut-
être, où j'exprime le regret que Zeuss ait si peu de disciples ; je dis que la
cause de la rareté des celtistes sérieux est la difficulté que bien des gens
éprouvent à lire un livre dont l'auteur a fait comme savant œuvre de génie,
mais a montré un très faible talent d'exposition. Quelle est la conclusion
de M. Serrure ? C'est qu'étudier la Grammaire de Zeuss est peine perdue ;
et sans l'avoir lue, sans avoir aucune idée de la linguistique indo-euro-
péenne, il prétend traiter le même sujet que Zeuss, en affirmant le contre-
pied de la doctrine ethnographique du savant allemand, en prenant les
M
I. C'est un tirage à part du Muséon. On a déjà parlé des articles de
. Serrure dans cette revue beige. Voyez Revue Celtique, t. X, p. 263.
Chronique. 241
Bretons pour des Cimmériens et en déclarant que les langues néo-celtiques
écrites et parlées dans les Iles-Britanniques ne peuvent jeter aucune lumière
sur la langue des Gaulois.
Oui, me dira M. Serrure, je n'ai pas lu la Gramiiiatica Celtica; j'ai tenu
à confirmer votre enseignement ; vous avez écrit : « la Grauunatica celtica n'a
pas de lecteurs »; je me suis bien gardé de contredire, en lisant ce livre, une
assertion d'un maître ! — Qjue répondrai-je à M. Serrure ? Je n'ai qu'à me
taire et à passer tout penaud à un autre sujet.
VI.
M. le lieutenant Esperandieu a consacré à VEpigraphie romaine du Poitou et
de la Saiutoiige un volume in-octavo de 411 pages oij il a réuni une suite
d'articles publiés par lui dans la Revue poitevine et saintougeaise. Ce livre est
l'œuvre d'un épigraphiste compétent, mais qui ne sait pas se borner. On y
trouvera un certain nombre de noms gaulois ; ils seront compris dans un
prochain travail que M. Thédenat promet à la Revue Celtique.
VII.
M. Whitley Stokes continue à être l'infatigable et on peut dire mer-
veilleux érudit que nous connaissons. Les deux volumes de The tripartite
life of Patrick qui ont paru en 1887 et qui forment un total de 876 pages
in-8, viennent d'être suivis, à trois ans d'intervalle, par un volume petit in-4
de CXX-411 pages, Anecdota Oxoniensia: Lijes of saints froin the book of Lis-
more. Il y a dans ce volume cinq parties : Préface, texte des vies, traduction
anglaise, notes et index, 1° de matières, 2" de personnes, 3° de noms de
lieux, 4° des mots irlandais les plus intéressants. Nous comptons donner plus
tard un compte rendu détaillé de ce livre. Je me bornerai à en dire ici
quelques mots. La préface commence par la description du manuscrit dit
Livre de Lismore, qui date comme on sait du xv^ siècle. M. Whitley Stokes
nous donne un état du contenu feuillet par feuillet, ce qui n'avait pas été
fait jusqu'ici, et il a soin, quand il s'agit d'une pièce qui se trouve dans
d'autres manuscrits, d'en donner l'indication. Dans quelques cas excep-
tionnels, je crois être en mesure de compléter cette bibliographie.
Ainsi l'histoire de Guaire of Aidne, livre de Lismore, f° 44 b i, se trouve
aussi dans le ms. de Trinity Cohege Dublin H. 2. 16, col. 795.
Le traité intitulé : Teanga hithnua « la langue toujours nouvelle », Livre
de Lismore, {° 46, a été aussi transcrite dans le ms. T. G. D., H. 2. 16,
col. 700-707.
De la Vie romanesque de Gharlemagne, Livre de Lismore, fo 54 a, 1-66
b, 2, on a, je crois, les copies suivantes : T. C. D., H. 2. 12, fragment ;
Franciscains de Dublin, n" IX du catalogue dressé par M. Gilbert ; le même
traité paraît se trouver dans le Liber flavus Fergnsorum ; voyez l'analyse
de ce manuscrit chez O'Curry, Lectures on the Manuscript Materials of an-
cient Irish Htstory, p. 551.
Revue Celtique, XL 16
242 Chronique.
De l'histoire de l'Antéchrist, Sgdl Ainnte Christ, Livre de Lîsmore, f°68a,
il y a une autre copie dans le ms. de la R. I. A. coté 23 N. 15 ; ancien
fonds Betham, n» 22, p. 55.
L'histoire de Loegaire Liban, livre de Lismore, f" 125 a, est aussi dans le
livre de Leinster où elle commence p. 275, col. 2, 1. 21.
Dans les notes sur la Vie de Senan, p. 341, M. Whitley Stokes dit qu'il
existe deux copies de l'Amra Senain, l'une se trouve dans le Leabar Breacc,
p. 241 a ; l'autre est une copie faite par Michel O'Clery et a été conservée
dans le manuscrit de Bruxelles 4190-4200, fo 269 a. Il existe un troisième
manuscrit plus ancien que celui de Bruxelles, T. C. D.,H. 3. 17, col. 832-83 5.
Les Vies de saints publiées sont celles de Patrice, Columba, Brigit, Senan,
Finden, Finchua. Brenan (le fameux saint Brendan), Ciaran de Clonmac-
nois et Mochua de Balla. Le texte et la traduction de ces vies sont établies
avec l'exactitude et la précision auxquelles nous ont habitués les publi-
cations précédentes du savant auteur ; les index abondants qui terminent ce
volume en rendront l'usage très commode.
Vin.
La librairie David Nutt de Londres vient de mettre en vente un ouvrage
très intéressant pour l'histoire de la littérature épique irlandaise dans les
montagnes de l'Ecosse. Ce volume est intitulé : Ji\iifs and strays of Celtic
tradition (Epaves de la tradition celtique). — Argyllshire séries n° 2. —
Folk and Hero Taies (Contes populaires et héroïques recueillis dans le comté
d'Argyll). L'auteur est le Rév. D. Mac Innés. Après avoir recueilli lui-
même le texte gaélique, il le publie avec traduction anglaise en regard ;
suivent des notes abondantes dues en grande partie à notre savant collabo-
rateur M. Alfred Nutt. Nous signalerons comme tout particulièrement digne
de l'attention des érudits l'étude sur la légende de Finn, ses traces les plus
anciennes en Irlande, les développements relativement récents qu'elle y a
reçus et sur son histoire en Ecosse.
IX.
Le Père de Smedt vient de faire paraître en un volume in-8 le commen-
cement du Catalogue des vies de Saints conservées dans les manuscrits de
la Bibliothèque nationale de Paris. Dans ce tomeI<:r il publie le texte des vies
qui lui paraissent le plus intéressantes. Parmi ces vies deux concernent des
saints celtiques, saint Ronan (p. 438) et saint Jacu (p. 578). Celle de saint
Ronan, publiée d'après un manuscrit du treizième siècle, est beaucoup plus
développée et beaucoup plus intéressante que celle qui a été reproduite
autrefois par les Bollandistes.
Une des différences mérite surtout l'attention; elle porte sur un détail
curieux, parce qu'il nous renseigne sur une croyance populaire chez les Celtes
du moyen âge. Cette croyance était que certains hommes avaient la faculté
de se changer en loups. Saint Ronan fut accusé d'avoir, sous forme de loup,
Chronique. ^4^
mangé des moutons et une petite fille de cinq ans. Dans le manuscrit de
Paris, 5275, quatre paragraphes de la vie de saint Ronan, reproduits par le
Père de Smedt (p. 443-450), racontent comment le vénérable personnage
fut accusé, comment il se justifia et par quel acte de miraculeuse charité
son innocence se vengea de cette calomnie. Le texte publié autrefois par les
Bollandistes raconte bien que saint Ronan fut accusé d'avoir mangé un
enfant, mais ne dit pas que ce fut sous forme de loup qu'il aurait commis ce
crime. Ce texte est en cela inférieur à celui que dom Lobineau avait sous
les yeux: « Keban.... se plaignit... que Ronan se transformant quand il
« voulait en bête et courant le pays était le loup qui avait dévoré les bes-
« tiaux qu'on avait perdus, et qu'elle, plus malheureuse que les autres
« avait perdu sa fille unique que cet homme abominable avait dévorée. »
(Vies des Saints de Bretagne, Rennes, 1725, p. 42).
Dans l'édition du Père de Smedt, Keban s'adressant au roi lui dit : « II-
« lum quem aiunt Ronanum noveris aliquando converti in lupum et non
« solum cxdem exercere pecorum, verum etiam filiorum hominum. Nam
« filiam meam cleptim mihi surripuit, insuper et devoravit. » (p. 444,
1. 2-6). Albert le Grand, La vie, gestes, mort et nriracles des saints de la Bre-
tagne Armorique (i''^ édition, 1637, p. 131), exprime la même idée en
termes plus oratoires, mais au fond peu diff'érents : « Les yeux chassieux de
« quelques Chrestiens desbauchez ne pouvant supporter l'esclat des vertus
« dont l'âme de S. Ronan estoit ornée, l'accusèrent malicieusement et à
« tort devant le Roy Grallon (lequel estoit alors à Kemper auec toute sa
« cour), le calomniant d'estre sorcier et nécromantien, et que comme les
« anciens lycantrophes par magie et art diabolique il se transfcrmoit en
« beste brutte, couroit le garou, et faisoit mille maux par le pays, l'enfant
« d'vne femme du voisiné estant mort, ils persuadèrent à la mère du défunct
« que le S. par ses sorcelleries avait tué son fils. » (Comparez l'édition
publiée par M. de Kerdanet en 1837, p. 287, col. 2).
La vie latine découverte par le Père de Smedt et publiée par lui est pro-
bablement la source où ont puisé Albert le Grand et Lobineau.
La croyance aux loups-garous constatée dans la Bretagne continentale
par la Vie de saint Ronan, au treizième siècle se retrouve vers la même
époque en Irlande, comme le prouve un récit conservé par Giraud
de Cambrie. Un prêtre irlandais raconte-t-il, aurait donné les derniers sacre-
ments à une louve qui avait été précédemment une femme et qui, avec son
mari, avait perdu pour sept ans la forme humaine par l'effet d'une malédic-
tion prononcée par un certain abbé. Giraud raconte que, deux ans après
l'acte de charité accompH par le prêtre, Giraud, lui-même, se trouvant en
Irlande dans le comté de Meath, fut consulté par l'évêque sur la question
de savoir quel traitement cet ecclésiastique méritait. Le fait était connu par
la confession du coupable. On l'envoya demander l'absolution au pape.
(Topographia bibernica, Disùncho II, cap. 19; Dimock, Giraldi Camhrensis
opéra, t. V, p. 101-104.)
La vie de saint Jacob, ou Jacu suivant une orthographe plus moderne,
comprend celle de son frère Guethnoc. Ils étaient tous deux frères de saint-
244 Chronique.
Gwenolé. Lobineau, Les vies des saints de Bretagne, p. 47, s'exprime ainsi
à leur sujet : « Les deux frères de saint Guignolé sont aussi dans les calen-
« driers sacrez saint Jacut ou Jacques au huit de février ou au trois de mars;
« saint Guethenoc au cinq de novembre, et tous deux ensemble au cinq de
« juillet. On n'en peut presque rien dire parce qu'on ne sçait rien du
« détail de leurs vies. » Aujourd'hui on pourra en parler; leur vie occupe
les cinq pages 578 à 382 du Catalogus du Père De Smedt et leurs miracles
après leur mort, deux pages et demie 582-585. Mais le manuscrit est
du treizième siècle et, si la légende y gagne, on peut douter que Thistoire y
ait beaucoup acquis.
Dans un récit inédit d'un miracle de saint Hilaire conservé par un
manuscrit du douzième siècle, M. l'abbé Duchesne m'a fait remarquer
deux mots bretons de ce temps-là prononcés par un Breton lunatique qui
venait demander au saint sa guérison. Il criait Hiat altro Hilarius. Hiat
est une notation prétendue savante du breton ia « oui » et nJtro est le mot
breton moderne aotroii « monsieur » ; il en figure la prononciation au
douzième siècle {Catalogiis, p. 9, 1. 29).
X.
Nous sommes un peu en retard pour annoncer l'achèvement du travail
de M. Salomon Reinach sur les Gaulois dans l'art antique. La fin a été
insérée en deux articles dans le tome XIII (1889) de la Revue archéolo-
gique, p. 10-22 et p. 317-352. C'est la première fois qu'il parait une œuvre
d'ensemble sur les monuments figurés qui nous apprennent quelle idée les
artistes de l'antiquité se faisaient du type celtique et par quels caractères ils
distinguaient les Gaulois. Il est regrettable que cette publication si utile ne
soit pas accompagnée de planches plus nombreuses. Une de celles dont nous
regrettons l'absence se trouve dans un livre du même auteur. Ce livre,
appelé à rendre de grands services, est intitulé : Bibliolhèque des monuments
figurés grecs et romains. — Voyage archéologique eu Grèce et en Asie Mineure
sous la direction de M. Philippe Le Bas, membre de l'Institut (1842-1844),
planches de topographie, de sculpture et d'architecture gravées d'après les dessins de
E. Lcindron, publiées et commentées par Salomon Reinach. La figure II de
la planche 1 3 1 représente une face d'un monument funèbre ; elle est occupée
par un bas-relief à deux étages; l'étage inférieur rappelle le souvenir d'un
combat naval : le vaincu est un barbare nu dont le bouclier paraît gaulois.
XI.
M. W. H. Roscher vient de terminer le premier volume de son excellent
dictionnaire de mythologie grecque et romaine : Ausfùhrliches Lexicon der
griechischen iind rômischen Mythologie, in-8 à deux colonnes de 3024 colonnes
ou 1)12 pages qui devra se relier en deux parties. Ce volume se termine
par un grand et instructif travail sur Hercule et ce travail contient un para-
graphe sur l'Hercule celtique, col. 3020-3023, et notamment sur Ogmios, un
Chronique. 24 j
des dieux gaulois qui ont été assimilés à l'Hercule romain. L'auteur
(R. Peter) parait ignorer que le nom de ce dieu des Gaulois appartient aussi
à la mythologie irlandaise ; il ne dit rien de l'Ogma des légendes payennes
que les textes irlandais nous ont conservées.
XII.
Nous apprenons avec regret que la Revue archéologique, The archeological
Revieiv, publiée par la librairie David Nutt de Londres, a cessé de paraître.
Elle sera désormais fondue avec un autre périodique édité par la même
maison, The folJdore Journal. De là une revue nouvelle : Folklore, a quaterly
Review oj Myth, Tradition, Institution and Custoni; et le premier numéro
porte la date de mars 1890. Nous y remarquons un savant mémoire du
professeur W. Ridgeway, sur les routes par lesquelles dans l'antiquité le
commerce o;rec atteignait la Grande Bretas;ne.
XIII.
Dans VAcademy du 9 novembre dernier, p. 305, le Rev. B. Mac Carthy
répond à une question que l'anonyme <1> lui avait adressée de Cambridge
le 20 septembre précédent par une note insérée dans VAcadeuiy du 28 du
même mois, p. 206. M. «t demande s'il est bien certain que Cucuimne,
auteur du manuscrit parisien 12021 de la collection canonique irlandaise,
est différent du Cummian auteur d'un pénitenciel. C'est une question dont
nous avons parlé dans le tome X de la Revue Celtique, p. 139. La réponse
du Rev. Mac Carthy consiste en rapprochements du pénitenciel de Théodore
avec la collection canonique irlandaise et en rapprochements du pénitenciel
de Théodore avec celui de Cummian.
XIV.
VAcademy du 2 novembre 1889 nous apprend que le sénat de l'Uni-
versité de Londres a placé le celtique parmi les branches d'examen. Il y a
pour le candidat deux alternatives : il peut choisir — soit le vieux et le moyen
irlandais jusqu'à la fin du xvi^ siècle, littérature et langue, en y joignant
les relations de cette langue avec le gallois, le gaélique, le dialecte de Man
et les autres langues aryennes ; — soit le gallois jusqu'à la fin du xvi^ siècle,
littérature et langue, en y joignant les relations de cette langue avec l'irlan-
dais, le comique, le breton et les autres langues aryennes. — L'Université
pourra se contenter de l'irlandais moderne et du gallois moderne, à défaut
des formes et de la littérature ancienne et moyenne de ces deux langues.
XV.
Dans r.4o/(/(7»v du 5 octobre 1889, p. 222, M. William Axon avait
demandé l'explication du passage du Cbronicon Scotoruui où, sous la date de
246 Chronique.
565, il est raconte qu'un pêclieur prit dans son filet une nymphe de la mer,
Liban, fille d'Eochaidh mac Muiredha. Dans le n° du 11 janvier 1890,
p. 29, M. James Q.uinn répond que ce passage de la chronique est inspiré
par la légende irlandaise intitulée : Aided Echach iiiic Maireda et il témoigne
son regret de n'avoir pas pu se procurer une traduction anglaise de ce
document ; il y en a cependant une qui est à portée de toutes les bourses,
c'est celle qu'a publiée Joyce dans ses Old ccltic romances, p. 97.
XVI.
M. Whitley Stokes a publié dans VAcadcmy du 18 janvier, p. 46-47, un
recueil de gloses copiées par lui dans des manuscrits de Turin et du Vatican.
Plusieurs sont irlandaises et viennent de quatre manuscrits, deux à Turin,
deux au Vatican ; d'autres sont bretonnes et empruntées à deux manuscrits
du Vatican. Voyez ci-dessus p. 214-215.
XVII.
Nous recevons le neuvième fascicule du Répertoire général de Bio-hihliogra-
phie bretonne par René Kerviler. Si jamais on reproche à l'auteur de n'être
pas complet, on ne pourra pas dire qu'il se soit ménagé la peine pour
arriver à ce résultat. Il atteint déjà la page 320 de son tome IV et il est
encore fort loin d'avoir terminé la lettre B, puisque son dernier mot est
Bonnemaisoii.
XVIII.
Nous pensons annoncer bientôt l'achèvement d'un ouvrage de M. Th. Ha-
bert dont nous avons entre les mains les bonnes feuilles et les planches et
qui a pour objet les marques de potiers gallo-romains trouvées dans les
cinq départements de l'Aube, de la Côte-d'Or, de l'Yonne, de la Marne et
de la Haute-Marne. Ces marques paraissent reproduites très exactement
par les planches et dans le texte. Le nombre des numéros est de 1508. Les
monographies comme celle-ci ont une très grande utilité ; elles sont des-
tinées à servir de base au volume du Corpus inseripiionum latinaruin qui
aura pour objet les trois Gaules, et jusqu'à la publication de ce volume de-
puis si longtemps attendu, elles nous donnent des éléments d'étude qui nous
faisaient défaut. Notons par exemple que M. Haberta relevé dans la région
dont il s'occupe cinq exemplaires de la marque du potier Melus connu jus-
qu'ici seulement par M. Dissard, Trion, t. II, p. 414, n" 918. Ce nom
d'homme semble être le premier terme du composé Mellosedum, conservé
par la Table de Peutinger, aujourd'hui Les-Grandes-Sables, commune du
bourg d'Oisans, Isère 1. Nous ne parlons pas de Melun ; il est très difficile
de comprendre pourquoi les leçons Mellodumwi, Mellediuiiim et Melodununi
I. E. Desjardins, Géographie de. la Gaule d'après la Table de Feutinger,
p. 400; cf. Longnon, Atlas historique de la France, p. 29.
Chronique. 247
ont pénétré dans certains manuscrits de César ' . Cette leçon est inconci-
liable avec les deux passages de Grégoire de Tours où nous trouvons 17 de
ce mot précédé d'une gutturale, d'où le dérivé MecJcdonensis'^.
XIX.
On a vu dans notre tome X, p. 377, que M. Luzel, si connu par ses sa-
vantes publications sur la littérature populaire de la Bretagne, a publié dans
le Bulletin Je la Socictc arcbcoJogique du Finislcrc h texte et la traduction d'un
mystère de saint Gwénolé. Ce travail a été tiré à part à 125 exemplaires et
forme un volume in-8 de 222 pages. Toutefois, M. Luzel, qui a eu l'ama-
bilité de m'en adresser un exemplaire, a négligé de faire mettre sur la
couverture le nom d'un libraire chez lequel son livre se vendrait. Ce livre a
été imprimé par Charles Cotonnec, place Saint-Corentin, 54, à Quimper.
XX,
Nous annoncions dans le numéro précédent la publication prochaine de
la Chrestomathie bretonne de notre savant collaborateur M. Loth. Ce bel
et instructif ouvrage vient de paraître à la librairie Bouillon. C'est un vo-
lume in-8 de 528 pages dont le prix est fixé à dix francs. Nous comptions
en publier un compte rendu dans cette livraison, mais des circonstances
indépendantes de notre volonté nous l'ont fait ajourner, et il paraîtra dans
la livraison prochaine.
XXI.
La. Revue des Traditions populaires, t. V, n" 2, p. 101-104, numéro du
15 février dernier, contient une liste des noms néoceltiques portés par les
lutins en Basse-Bretagne; ces noms forment une colonne, quatre colonnes
suivantes nous indiquent pour chacun d'eux : 1° sa forme; 2° son geste ou
plus exactement sa fonction ; 3° le pays ; 4» la source. Le premier article
est ankelc'her ; — forme : feu-follet ; — geste (fonction) : égare ; — pays :
Finistère ; — source : communication de M. Sauvé. — Cet exemple
montrera l'objet et l'intérêt de ce travail dû à M. Paul Sebillot. On sait
que ankelc'her, plus anciennement enqueh\r, est identique au comique en-
chinethel, qui veut dire géant et qui suppose un thème gaulois ande-cenetlo-.
XXII.
La Revue Celtique n'est pas la seule en retard dans le groupe littéraire
auquel elle appartient. Nous recevons à l'instant le numéro d'octobre-jan-
1. De bello gallico, livre VII, c. 58, 60, 61 ; édition Holder, p. 180-182.
2. Historia Francorum,W, 31, 32; éd. Arndt, p. 270, 1. 14; 272,1. 22.
Cf. E. Desjardins, Géographie de la Gaule d'après la Table de Peidinger,
p. 164, 165; Longnon, Géographie de la Gaule au sixième siècle, p. 322.
248 Chronique.
vier du Journal of thc royal, Instorical and archroh^ical Association oj Ireland.
Nous y trouvons la mcme abondance de renseignements intéressants
sur les monuments préhistoriques d'Irlande que dans les précédents numé-
ros. Parmi les nouvelles, il y en a une qui nous a péniblement affectés.
C'est que le magnifique monument de Newgrange paraît menacer ruine.
On sait qu'il consiste en une grande chambre construite en gros blocs de
pierre et surmontée d'une vaste éminence en pierrailles qui couvre près
d'un hectare de terrain. On accède à la chambre par un chemin couvert où
on ne peut s'avancer qu'en rampant, mais le plaisir de voir s'élever au
fond une magnifique salle compense bien l'ennui de marcher quelque
temps sur les mains et les genoux. Il paraît que la voûte de cette salle
offre les signes précurseurs d'un prochain éboulement.
XXIII.
L'Académie française, dans sa séance du 28 mars dernier, a décerné à
notre savant collaborateur M. J. Loth, pour son ouvrage en deux volumes
dont le titre est les Malniiogion, le prix de traduction de la fondation Langlois.
Ce succès est le troisième qu'obtient M. Loth aux concours de l'Institut de
France.
Paris, le i"' avril 1S90.
H. d'Arbois &e Jubain ville.
Le Propriétaire-Gérant : E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie DURAND.
VARIÉTÉS
Sommaire: I. L'inscription prétendue gauloise de Nîmes. — W.Camaracus. — ■ III. Tri-
dentum. — IV. Callemarcius. — V. Nancy.
I. — L'inscription prétendue gauloise de Nîmes.
M. Hirschfeld, dans le tome XII du Corpus inscriptionum
latinarum, page 383, a donné une nouvelle édition des ins-
criptions en caractères grecs de Nîmes, La première de ces
inscriptions commence par deux mots en partie frustes. Le
premier est probablement le nom d'un Gaulois ; le second
semble être un adjectif dérivé du nom du père de ce Gaulois ; il
se termine en -os ; suivent les quatre mots :
AEAE
MATPEBO NAMATSIKABO BPATOrAE
J'ai soutenu que les trois premiers sont latins ^ Je n'ai
convaincu ni M. Hirschfeld, ni M. Whitley Stokes, ni, je crois,
M. Windisch; c'est ce qui me décide à exposer ici les raisons
pour lesquelles je crois devoir maintenir encore aujourd'hui
ma première doctrine.
Dede pour dédit est latin archaïque. Le tome I du Corpus
inscriptionum latinarum nous en offre trois exemples sous les
numéros 62 b, 169, 180. Il a certainemeut persisté à une date
postérieure ; e pour / dans la finale verbale it est fréquent dans
les inscriptions de Pompéi : dicet, leget, pinxset, pugnabet,
scribet, pour dicit, legit, pinxit, pugnabit, scribit ^ ; et quel-
quefois le t final y est supprimé : relinque pour relinquit 3 offre
comme dede e final = it. On a recueilli dans les mêmes ins-
1. Revue des Sociétés savantes, série VI, t. 4 (1876), p. 266 et suiv.
2. C. I. L., t. IV, p. 258, col. I.
3. C. /. L,1V, 1391.
Revue Celtique, XI. 17
250 H. d'Arbois de Jubainville.
criptions d'autres exemples de la chute du / final : ama pour
amat, nosci pour noscit^. On trouvera des exemples de la finale
c pour it fournis par d'autres textes, la plupart plus récents chez
Schuchardt, Der Vohalismus des Vulgàrlateins, t. II, p. 47;
t. III, p. 181.
La plupart des savants admettent que dede est un parfait
celtique 2. Ce ne peut être le parfait de la racine da « donner ».
L'irlandais ^orfl?, dédit, suppose un T^x'imiixl do-ro-d\ê\dâ avec un
â et non un e final 3. La racine indo-européenne dhê « mettre »
(d'où le verbe grec li^-qijx et le sanscrit dadhâmî) qui serait en
celtique dî ferait aussi à la troisième personne singulier du
parfait dedd. ô est le résultat de l'apophonie ou ablaut d'g;
latin sè-men, irlandais si-l « semence » ; parfait grec dorien
â(p£wxa4. Or â est la notation celtique de Vo long indo-euro-
péen 5. Dede ne peut donc être celtique.
C'est également une erreur de considérer comme celtiques
les mots Matreho Namausicabo. Il faut remarquer que Vs final
de chacun de ces deux mots est supprimé. Matrebo tient lieu
de Matrebos et Namausicabo de Namausicabos pour un plus ré-
gulier Matribus et Namausicabus (comparez deabus, on sait
que les maires Namausicae sont des divinités). De Matrebos
rapprochez le navebos de la colonne rostrale, ligne 6 et 8 ^, et
omnevos pour omnibus dans une inscription chrétienne de
Briord, Ain 7.
La suppression de Vs final s'est faite dans l'inscription de
Nîmes conformément à une loi de la latinité archaïque qui
était rejetée par les gens bien élevés à l'époque où Cicéron
écrivait son Orator, c'est-à-dire l'an 55 avant J.-C. : « Sui-
vant », dit-il « un usage aujourd'hui un peu rustique, mais qui
1. CI. L., t. IV, p. 259, col. 2.
2. Voyez par exemple Whitley Stokes, Celtic declension, p. 62 du tirage
à part; Bezzenberger, Beitrdge :{ur Kiinde der indogermanischen Sprachen,
t. XI, p. 124.
3 . Windisch, Irische Texte, t. I, p. 499 ; Thurneysen dans la Revue Cel-
tique, t. VI, p. 147; Zimmer, Zeitschrift de Kuhii, t. XXX, p. 217-221.
4. Brugmann, Grundriss, t. I, p. 257.
5. Brugmann, ihid., p. 85.
6. C. I.L., t. I, p. 38.
7. Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule, t. II, p. 18.
Variétés. 251
alors paraissait un signe de bonne éducation, quand les an-
ciens avaient à prononcer un mot dont les deux dernières
lettres étaient celles qui terminent le mot optumus, ils suppri-
maient la dernière lettre à moins qu'une voyelle ne la suivît.
Se conformer à cet usage n'était pas dans les vers une faute
comme aujourd'hui où les poètes l'évitent. On disait qui est
omnibu princeps et non omnibus princeps ; vita illa dignu locoque
et non dignus » ^ La suppression de 1'^ dans Matrebo et dans
Namausicabo est conforme à la règle donnée par Cicéron,
puisque Matrebo est suivi par Namausicabo et Namausicabo par
hratoude et que Namausicabo et bratoude commencent chacun
par une consonne. Or, si la suppression de 1'^ final est con-
forme au génie de la langue latine, comme l'italien semble le
démontrer, il est contraire à celui de la langue celtique. Si, à
l'époque de l'empire romain, 1'^ final avait déjà disparu en
celtique, les lois phonétiques qui régissent les initiales en ir-
landais et dans les dialectes bretons seraient inexplicables. On
ne comprendrait pas comment, dans les composés syntactiques,
les initiales précédées d'un mot qui finit étymologiquement
en s sont traitées autrement que les initiales précédées d'un
mot qui finit étymologiquement par une voyelle. Ces lois de
permutation n'ont produit leur effet que postérieurement à la
chute de l'empire romain ; il est donc certain que pendant tout
l'empire romain Vs final s'est prononcé en celtique. Du rçste
le nom patronymique gaulois qui est le second mot de l'ins-
cription de Nîmes se termine en -05^ conserve par conséquent son
s final bien que précédant un mot, dede, qui commence par une
consonne; il se distingue ainsi des mots latins dont il est suivi.
Resterait à expliquer le mot (Spa-rcjos. On croit généralement
y reconnaître le thème celtique bratu- « jugement » que pos-
sèdent en commun l'irlandais et le breton. Ce thème serait
suivi d'une postposition -oe; mais rien ne prouve que nous
I . Quin etiam, quod jam subrusticum videtur, olim autem politius,
eorum verborum, quorum eaedem erant postremae duae litterae, quae
sunt in optumus, postremam litteram detrahebant, nisi vocalis insequebatur.
Ita non erat ea ofifensio in versibus, quam nunc fugiunt poetae novi. Ita
enim loquebantur : Oui est omnihu' princeps, non omnibus princeps, et: Vita
illa iignu' locoque, non dignus, Cicéron, Orator, c. 48.
252 H. d'Arbois de Jubainville.
n'ayons point là une expression d'origine italienne. La langue
osque possédait l'accusatif singulier bratôni et une formule ^raf
da ta dont nous avons parlé plus haut ^ En tout cas, que ^pa-
Touoe signifie « par vœu » ou « par jugement », la présence
d'un terme technique étranger au latin n'a rien d'étonnant.
L'emploi des caractères grecs dans les inscriptions de
Nîmes et des environs n'est que très naturel ; il s'explique par
le voisinage de Marseille qui a même eu pendant quelque
temps sous sa domination le territoire des Volcae Arecomici.
Pompée le lui avait attribué au moins en partie-. D'ailleurs il
est vraisemblable qu'après la prise d'Alexandrie, des soldats
grecs d'Egypte, servant dans l'armée romaine, furent établis à
Nîmes comme colons 5. Ces deux faits expliquent ce qu'offre
d'un peu étrange l'inscription dont nous venons de parler.
II. — Camaracus.
J'ai soutenu que Camaracus, Cambrai, est le dérivé en -acus
d'un cognonien romain Cammarus « crabe ». Cette doctrine
est confirmée par deux bulles contenues dans le cartulaire de
l'abbaye de Subiaco. On sait que Subiaco est une petite ville
d'Italie, près de Rome, dans la province de ce nom. Son car-
tulaire a été publié par MM. Allodi et Levi dans le recueil in-
titulé : Bibliotcca délia reale Società romana di Storia pairia,
en 1885. Une bulle de Jean XII, en 993, et une bulle de
Grégoire V, en 997, donnent la liste des biens qui appar-
tenaient à l'abbaye de Subiaco, et chacune de ces bulles com-
prend dans cette liste un fonds de terre, fundus, appelé au cas
indirect Camarano4. Camaranus est le dérivé latin de Cam-
marus dont Camaracus est le dérivé gaulois.
III. — Tridentum.
Des textes de Justin, de Pline, Strabon et Ptolémée résumés
par M. Mommsen, Corpus inscriptionum latmarum, tome V,
page 530, il semble résulter que Tridentum, Trente en Tyrol,
1. Revue Celtique, t. IX, p. 295. Voyez cependant Whitley Stokes, chez
Bezzenberger, Beitrage, t. XI, p. 125.
2. De hello civili, livre I, c. 35; cf. Hirschfeld, C. I. L., t. XII, p. 381 .
3. C. 7. I., t. XII, p. 582.
4. // regesto Sublacense, p. 29, 36.
Variétés. 25}
après avoir appartenu aux Raeti, est devenue une possession
des Cenomani, un des principaux peuples gaulois d'Italie. Un
fait assez curieux est qu'il paraît avoir existé une localité de
même nom dans le territoire des Cenomanni de la Gaule trans-
alpine. Nous l'apprenons par les textes du moyen âge. Les
Gesta Aldrici, monument du ix^ siècle publié par Mabillon
dans ses Vetem Analecta et dont MM. Charles et Froger vien-
nent de donner une nouvelle édition, mentionnent parmi les
villae dépendant de l'église du Mans une villa que l'évêque
appelle au nominatif Tredentus^ et à l'ablatif de Tredento^.
Deux diplômes impériaux, l'un de 838, l'autre de 840, mo-
difient ce nom sous l'influence d'une fausse étymologie et
appellent cette localité à l'accusatif Tridentem^
IV. — Callemarcius.
Parmi les noms de plantes conservées par Marcellus de
Bordeaux se trouve CalUomarcus, qui veut dire « sabot de
cheval » 4. On paraît avoir tiré de ce nom de plante un gen-
tilice qui a été employé comme nom de lieu : in Calkniarcio
dans les Gesta Aldrici (p. 105) ; Calleiiiartiuin avec une ortho-
graphe moins exacte (Jhid., p. 52).
V. — Nancy.
Nancy a dû être primitivement Nantiacus. Je l'ai expliqué
ainsi ^ après avoir trouvé le nom d'homme au génitif Nanti,
dans les Inscriptions de Bordeaux de M. Jullian. Une charte
de l'année 823 conservée par le cartulaire de l'abbaye de Farfa,
près de Rome, mentionne une curtis appartenant à cette
abbaye et située in Nanciano^. Nanciano = * Nancianus ou
* Nanti anus et paraît ne différer de Nancy que par le suffixe.
H. d'Arbois de Jubain ville.
1 . Gesta domni Aldrici, Cenomannicae urbis episcopi, a discipulis suis, p. 1 74.
2. Ibid., p. 39.
3. Ibid., p. 17s, S3-
4. Voyez Becker, dans les Beitràge de Kiihn, t. III, p. 205, et Roget de
Belloguet, Glossaire gaulois, 2" éd., p. 118.
5. Revue Celtique, t. X, p. 229.
6. Biblioteca délia Società romana di Storia patria. Il regesto di Farfa
da I. Giorgi e U. Balzani, vol. II, p. 212.
ISTOIR D'EUS A CREATION AR BET-MAN
AR FORMATION AN DEN HAC HE VUE
AR HENTAN PHILOSOF A VOA ADAM, HAC HE VARO
HA BUE AR PROF ET HENOC HAC ELI
AN DILUJ
HA BUE NOE HAC HE VARO
(Suite).
Ar pemvet proloc a comans.
M'ho salut humblamant, compagnones cristen,
Dimeus a vouir galon, a bcurs an actorien,
Père na oufent quet james, en nep feson,
1890 Reconaisin a-voalc'h ho obligation.
P'ho defoa comancet ho daou, ho sièges,
Ar vam guentan Eva en eum gafas brases;
Daou vap en eur hofat hc defoa da henel,
Unan a voa Caïn hac un ail voa Abel.
1895 Eva a houlenne ous Doue ar gourach
Evit guenel he freus, ma halje, eur veach,
Donet da ventenin he freus evit he gloar,
Da tremen ar poanio a soufre en douar.
Ar Maro voa présent pa hanas he bugale.
HISTOIRE DE LA CRÉATION DE CE MONDE
LA FORMATION DE L'HOMME ET SA VIE
LE PREMIER PHILOSOPHE FUT ADAM, SA MORT
LA VIE DU PROPHÈTE HÉNOCH ET CELLE D'ELIE
LE DÉLUGE
LA VIE DE NOÉ ET SA MORT
(Suite).
Le cinquième prologue commence.
Je vous offre mes humbles salutations, chrétiens qui nous
entourez, je vous les offre du fond du cœur, de la part des
acteurs : ils ne sauraient jamais, en aucune manière, recon-
naître assez les obligations qu'ils vous doivent.
Lorsque nos premiers parents eurent commencé tous deux
à tenir ménage, Eve se trouva enceinte, et elle donna le jour
à deux fils jumeaux : l'un s'appela Caïn et l'autre Abel. Eve
demandait à Dieu la force de les mettre au jour, afin de pou-
voir les élever pour sa gloire, et surmonter les douleurs qu'elle
endurait sur la terre. La Mort était présente à la naissance des
enfants. « Beaucoup, dit-elle, viendront au monde après toi.
2^6 L'abbé Eug. Bernard.
1900 « Cals a deui er bet-man, eme-han, da houde,
« A renquo couls ha te, bean participant,
« O henel evel d'out er poanio violant. » *
Pa voant arri en oat capabl da venajin,
Ho sut ne vanquent quet bcmdes d'ho instruin,
1905 Hac e contjont d'eshe ho bue pen da ben,
Q.uement ho defoa groct, bete ur silabren,
Hac he laras d'eshe : « Pa 'n d-oc'h ma bugale,
« E renquet labourât en douar couls ha me,
« Houesan an dour, ar goat, palamour da Doue,
19 10 « Ha besan c'hoas parfet bete fin ho pue,
« Ha rentan sacrifis da Doue éternel.
« Abalamour d'ar pehet e renquomp holl mervel ;
« Ma eus ur Barados d'an nep a raio erfat,
« Mes an nep raio an drouc en defo poan divat. »
191 5 Ho daou e prometjont obeissan d'ho sat,
Quement a bropose a guefent a voa mat ;
Hac hen, ous ho guelet quen fidel a vemoar,
O tispartian d'he pep a loden douar.
Labourer e voe Caïn, evit gonit he voet,
1920 Hac he vreur Abel voa mesaour d'an denvet.
Hac he lavaras d'eshe, d'an eil ha d'eguile,
Dont da vevan er bet bepret herve Doue.
Caïn a voa nehus ha laboure bemde,
Abel gant he denvet en em divertisse,
1925 Ma tastumas mado cbars en abondans;
Mes Caïn quent ar fin en dcfoe ur guall chans,
Fachan a res ous Abel, o tont da lavaret
E voa debret he ed casi gant he loënet.
« Tec'h alesse ractal, na deu quct em goarant,
1930 « Re a res, eme-han, ober d'in constamant. »
Doue a lar da Caïn penos e voa re pront.
« Ha houi ive, Abel, a dlefe cafet spont.
a. L'oreille du scribe a mal suivi la dictée de ces deux vers, et lui a fait
les embrouiller ainsi :
A renquo couls ha te beau participant,
0 henel evel d'out beau participant er poanio violant.
La Création du monde. 257
« qui. devront partager ton sort, et comme toi enfanter dans
« la douleur. »
Caïn et Abel arrivèrent à l'âge de conduire un ménage, et
leurs parents s'attachèrent chaque jour à les instruire ; ils leur
racontaient leur vie d'un bout à l'autre, tout ce qu'ils avaient
fait jusqu'à la dernière syllabe. Adam leur dit : « Vous êtes
« mes enfants, vous devez travailler la terre tout aussi bien
« que moi, suer le sang et l'eau pour l'amour de Dieu, de
« plus, tendre à la perfection jusqu'à la lin de votre vie, et
« offrir des sacrifices à l'Eternel. A cause du péché tous nous
« sommes condamnés à mourir. Il y a un Paradis pour qui-
« conque fera le bien, mais celui qui commettra le mal subira
« un châtiment terrible. »
Tous deux promirent d'obéir à leur père, trouvant bon tout
ce qu'il leur proposait, et Adam, les voyant si fidèles et si do-
ciles, assigna à chacun une portion de terrain. Caïn fut labou-
reur pour gagner sa nourriture, et son frère Abel fut pasteur
de troupeaux. Adam leur recommanda à l'un et à l'autre de
toujours vivre en ce monde selon Dieu.
Caïn était triste et travaillait tous les jours : Abel gardait
ses troupeaux et se divertissait ; il ne tarda pas à amasser des
biens en abondance. Caïn finit par avoir la malechance, il se
fâcha contre Abel, déclarant que son blé était presque entiè-
rement mangé parles troupeaux de son frère. « Retire-toi de
« là bien vite, ne viens pas à ma rencontre, s'écria-t-il, tu
« m'en fais faire de trop : je n'ai pas de répit. »
Dieu reproche à Caïn sa vivacité. « Et vous aussi, Abel,
« vous devriez vous en effrayer. Je vous préviens, dit-il, que
2j8 L'abbé Eug. Bernard.
« Me lar d'ac'h, eme-han, mar en em disoblijet,
« Dre rigueur ma justis e veet punisset.
1935 « En em gueret ho taou, eme ar guir Doue,
« Da un tat, da ur vam houi a so bugale.
« Deut da sacrifian bepret evit gloar d'in,
« Ha me produo d'ec'h evit ho sustantin. »
Hac hint, en eum concluin, assambles da vonet
1940 Da rentin sacrifis da Doue ar steret.
Caïn a promctas sacrifian he et,
Hac Abel ar guellan dimeus a he denvet.
Ha pa voa prest Caïn evit sacrifian,
E teu an drouc-speret cren d'he disalian,
1945 E voa eur sot mar deuje da lesquin he ed mat.
Nemert an drouc lousou, ar re-se a voa mat.
Caïn a cafas mat avis an drouc-speret,
Na houlenne pelloc'h dont da lesquin he et;
Nemert an drouc lousou n'hen deus sacrifiet,
1950 Na dalfoa mann an tan, ne re nemert moguet.
Abel a re tan caer, a save bete an Env,
Hac a voa agreabl evit ar gouir Doue.
« Me rent d'ec'h sacrifis, eme-han, er mena,
« Ar guellan am denvet, gouir Roue an Elle. »
1955 Caïn dre eur valis hac un anvi ive,
A assistas he vreur da vonet d'ar mené,
Hac hen hac o cafet manjouer un asen,
Hac o rein d'ehan un toi gant-han a dreus he pen.
Goat Abel a crie memeus bete an Env,
i960 Evit goulen venjans dirac ar gouir Doue.
Dont a ra ar Maro d'hen lemel d'eus ar bet.
Ha Caïn criminel dirac Doue rentet.
Ine Abel a deu d'eus he corf da quitat
Evit en eum presantin dirac Doue an Tat.
1965 a Ma lequet, eme-han, un tu en sauvete,
« En eur plas didanjer, mar be ho polante. »
« — El guen, eme Doue, et timat, em requet,
« Da gas Abel d'al Limo, en eur plas assuret.
« Pa vo pignet ma map, eme-han, er Calvar,
1970 « Me deui d'her recev en Env, ebars er gloar. »
La Création du monde. 2 5 9
« si vous vous portez préjudice, vous serez punis selon la
« rigueur de ma justice. Aimez-vous l'un l'autre, ajouta le
« vrai Dieu; vous êtes les enfants d'un même père, d'une
« même mère. Ayez toujours soin d'offrir des sacrifices en
« mon honneur, et je vous fournirai le nécessaire pour vous
« sustenter. »
Comme conclusion ils partent ensemble offrir un sacrifice
au Dieu des étoiles. Caïn promit d'offrir du blé, et Abel la
meilleure de ses brebis. Mais lorsque Caïn était prêt à com-
mencer, le mauvais Esprit vint l'en dissuader, disant qu'il
était un sot, s'il se laissait aller à brûler son grain : de mau-
vaises herbes, voilà ce qu'il était bon de mettre au feu. Caïn
approuva l'avis du démon, car son désir n'était certes pas de
brûler son blé : il n'offrit donc que de mauvaises herbes, et le
feu qu'il alluma ne valait rien, ne donnait que de la fumée.
Abel obtenait une flamme brillante qui montait jusqu'au Ciel
et qui était agréable à l'Eternel. « Je vous offre, dit-il, en sa-
« crifice sur la montagne, la meilleure de mes brebis, à vous
« le véritable Roi des Anges. »
Caïn avait par malice et aussi par envie, accompagné Abel
sur la montagne : là il trouva une mâchoire d'âne, et la sai-
sissant, il en porta un coup sur la tête de son frère. Le sang
d'Abel criait jusqu'au ciel, demandant vengeance devant le
Tout-Puissant. La Mort vient retirer Abel du monde, et Caïn
ne fut plus qu'un criminel aux yeux de Dieu.
L'âme d'Abel abandonne alors son corps pour se présenter
devant le Très-Haut. « Mettez-moi, dit-elle, quelque part en
« sûreté, dans un endroit à l'abri du danger, si vous le voulez
« bien. »
« Mon bel Ange, dit Dieu, allez vite, je vous l'ordonne,
« conduire Abel aux Limbes, en un lieu sûr. Lorsque mon
« fils, ajouta-t-il, sera monté sur le Calvaire, cette âme, je la
recevrai au Ciel, dans ma gloire. »
26o
1975
1980
1985
1990
1995
2000
L'abbé Eug. Bernard.
Doue a goulen ous Gain pelec'h es e coachet,
Dont timat dira-s-han, e renque he cafet.
« Respont d'in-me, Gain, prontamant, pa goulennan,
« Da vreur iaouanc, Abel, pelec'h e ma breman ? »
Gain a respontas da Redemptor ar bet :
Aboe voa et er mené, n'en defoa han quet guelet,
N'hen defoa quet roet carg d'ehan anehan,
Evel-se ne voa quet oblijet d'hen rentan.
Ah ! Gain malurus, te as poa meritet
SupHso an Ifern balamour d'as pehet!
Te t'eus asasinet da vreur voar ar mené,
Dre anvi ha malis ous he brosperite.
Glevet am eus he voes o tout bete an Env,
Voa o houlen venjans ha justis diguen-en.
Abalamour da se te a'veso venjet^
Seis gués assuramant quent ma quitaï ar bet. »
— Pardon, eme Gain, guir Redemptor ar bet,
Evit ho servijin houi ho poa ma crouet.
N'am precipitct quet en creis puns an Ifern !
Hoant am eus, ma Doue, da ober pinijen, »
— Abalamour d'as crim, an oreur as pehet,
E vi, eme Doue, d'eus ar provins exilet
Da vale dre ar bet evel eur vacabont,
O hortos ma teui un de da rentan cont. »
— Ma Doue, eme Gain, p'hoc'h eus ma exilet
Evel eur vacabont da vale dre ar bet,
( Quentan den a guifin, a rancontrin quentan,
( Me requet diguen-ec'h, ma teuio d'am lasan. »
( — Me a lar d'it, Gain, eme an autro Doue,
( Ar hentan as touchou d'as lemel a vue ^
( Ha quent ma quitaï, te a renq bout siellet,
( Ma veso dirac an holl remarcabl da voelet. »
Gonsolet voe alies a beurs an Eternel,
Gant ar brincet a enor el lec'h celestiel,
3. Au-dessus de l'expression wn/V/, on lit le mot g luanet, d'une écriture
différente.
La Création du monde. 261
Dieu demande à Caïn où il était caché et l'appelle immé-
diatement en sa présence : il fallait le trouver. « Réponds-moi,
« Caïn, sans délai, puisque je t'interroge. Ton jeune frère
« Abel, où est-il à cette heure ? »
Caïn répondit au Rédempteur du monde que depuis qu'Abel
était allé sur la montagne, il ne l'avait pas vu : qu'il n'avait
pas été chargé de veiller sur lui, que par conséquent il n'était
pas obligé d'en rendre compte. « Ah ! malheureux Caïn, tu as
« mérité les suppHces de l'Enfer à cause de ton crime. Tu as
« assassiné ton frère sur la montagne, par malice et par envie
« de sa prospérité. J'ai entendu sa voix qui montait jusqu'au
« Ciel, et elle me demandait vengeance et justice. En puni-
ce tion, tu seras châtié sept fois assurément avant que tu ne
« quittes la terre. »
« Pardon, s'écria Caïn, vrai Rédempteur du monde ! Vous
« m'aviez créé pour vous servir, ne me précipitez pas dans le
« puits de l'Enfer. J'ai le désir, mon Dieu, de faire pénitence. »
« A cause de ton crime, pour l'horreur de ton péché, tu
« seras, dit Dieu, exilé de cette province, et tu promèneras à
« travers le monde, pareil à un vagabond, en attendant le
« jour où tu viendras rendre tes comptes. »
« Mon Dieu, repartit Caïn, si vous m'exilez et me con-
« damnez comme un vagabond à errer sur la terre, le premier
« homme que je trouverai, le premier que je rencontrerai, je
« vous l'assure, s'empressera de me tuer. »
« Je te le dis, reprit le Seigneur Dieu, malheur au premier
« qui portera la main sur toi pour t'ôter la vie Et avant
« de partir, il faut que tu sois marqué d'un sceau, afin d'être
« aux yeux de tous facile à reconnaître. »
Il a souvent été consolé de la part de l'Eternel par des
princes honorés au céleste séjour, après tant de peines et de
b. Il y a évidemment ici une lacune, que nous trouvons remplie plus
loin, au vers 2534.
202 L'abbé Eug. Bernard.
2005 Anfin goude quement a boan hac a tourmant,
Pa hen deus soufrer jenerus ha constant. ^
Rac-se, compagnones, an humplan ma hellomp,
Dimeus a ho silans graço d'ec'h a rentomp,
O hortos ar seson ma hellomp, Autrone,
2010 Represanti eun dra herve ho polante.
Senne I.
Eva hac Adam a antre.
Eva a coms.
Adam, ma guir briet, chanchamant a cafan
Ebars em holl mempro ; fatic oun ar voes-man,
Ha ma foan a so bras : allas ! ne harsan quet ! ^
Mar pat ous-in tri de, me oar, mervel so ret.
2015 Reit d'in ho assistans breman, Doue an Tat !
Arri eo an amser ma henin merc'h pe vap 2.
Houi, ma friet Adam, chomet bepret presant.
Ho presans a ra d'in cals a contantamant.
Pardon, ma guir Doue ! Ret vo quitat ar bet,
2020 O henel ar freus-man. Ma Doue ma sicouret 5!
Houi ho poa ma hrouet da vont exant a poan,
Mes breman e man 'n amser ma soufran ar muian.
Adam a coms.
O ma friet Eva, courachet en ho poanio.
Ha me, d'eus ma hoste, bepret ho sicouro,
1 . Ma guentro a so bras.
2 . Ma hanni merc'h pe vap.
3 . O genel ar froes-man, sur, ma n'am sicouret.
a, La mémoire de celui qui dictait nous paraît être encore ici en défaut.
La Création du monde. 265
tourments endurés avec constance et générosité.
C'est pourquoi, compagnons, nous vous rendons, le plus
humblement possible, grâces pour votre silence, en attendant
l'époque où nous pourrons, Messieurs, représenter quelque
chose selon votre volonté.
Scène 1.
Adam et Eve entrent.
Eve.
Adam, mon cher époux, j'éprouve des douleurs dans tous
mes membres : je me sens fatiguée cette fois, et ma souffrance
est extrême ; hélas ! je n'y tiens plus ! Si cela dure trois jours,
je crois que j'en mourrai. Donnez-moi maintenant votre assis-
tance. Dieu le Père ! Le moment est venu pour moi d'enfanter
une fille ou un fils.
Vous, mon époux, restez toujours là : votre présence me
procure un grand soulagement. Pardon, mon Dieu ! Il faudra
quitter la vie en mettant au monde cet enfant ! Mon Dieu,
secourez-moi ! Vous m'aviez créée pour être exempte de peine :
mais voici le moment où je souffre davantage.
Adam.
Eve, mon épouse, prenez courage dans vos souffrances, et
moi de mon côté, je vous viendrai toujours en aide. Autrefois,
1 . Mes douleurs d'enfantement sont grandes.
2. Que je mette au monde une fille ou un fils.
î . En donnant le jour à ce fruit, assurément, si vous ne me venez en
aide.
264 L'abbé Eug. Bernard.
2025 Guesall ebars er jardin, nin a voa etirus,
Breman es omp rentet en ur stat truesus.
Hogon ho pet courach breman voar an douar,
Goude fin ho pues houi a ielo d'ar gloar.
Ar Maro a antre hac a coms.
Eva, na t'eus micher da donet d'en em glem,
2030 Rac me eo ar Maro a so deut d'as quichen.
Ha quement feumeulen a deuio, a dra sur,
Er bet-man, da houde, savet d'eus da natur,
A vo participant couls ha te, er poanio ;
Ha ma carjes e voas en creis an dehso.
Eva a coms.
2035 Penos ? Te eo ar Maro a so deut d'am sourpren !.
O ma friet Adam, deut aman, d'am hichen,
Reit d'in hoc'h assistans, cresquin ra ma foanio.
Ret eo renons d'ar bet, rac arri eo ar Maro.
Ar Maro a coms.
'Mervel a renquer, sur, an eil hac eguile '■ ;
2040 Cals a deuio er bet, m'hen assur, da houde,
A renquo couls ha te, beau participant,
O henel evel d'out, en poaniou violant.
Eva a coms.
O Doue éternel ! m'ho pet, reit d'in courach
Da henel ar freus-man, ma hilUn, eur veach,
2045 Donet da veintenin da ofr evit ho gloar,
Da tremen ar poanio a soufromp en douar.
Adam a coms.
Eh bien ! ma friet, fin a vo d'ho poanio,
Pa sonjet neubeutan, dre c'hras ar guir Autro.
I . Mervel a renquer, sur, pe genel bugale.
La Création du monde. 265
au jardin, nous étions heureux, et à présent nous sommes
réduits à un état digne de pitié. Ayez donc maintenant cou-
rage sur la terre, et après la fin de votre vie, vous irez à la
gloire.
La Mort entre.
Eve, tu n'as que faire de venir te plaindre, car c'est moi la
Mort qui accours à tes côtés. Et, c'est chose assurée, toute
femme qui naîtra sur la terre après toi, issue de ta race, aura
part comme toi à ces souffrances. Et si tu avais voulu, tu
serais au milieu des délices !
Eve.
Comment, c'est toi la Mort qui viens me surprendre... O
mon époux Adam, tenez-vous ici, près de moi; prêtez-moi
votre assistance, mes douleurs augmentent. Il faut quitter la
vie, car voici la Mort arrivée.
La Mort.
Certes, il vous faudra mourir l'un et l'autre. Beaucoup
viendront en ce monde, je te l'assure, après toi, qui parta-
geront tes souffrances, et enfanteront comme toi dans les dou-
leurs les plus violentes.
Eve.
O Dieu éternel, je vous en prie, donnez-moi du courage
pour mettre au monde cet enfant! Qae je puisse une fois con-
tinuer à offrir pour votre gloire et à supporter les peines que
nous endurons sur la terre.
Adam.
Eh bien, mon épouse, vos souffrances auront, lorsque vous
y penserez le moins, une fin par la grâce de notre Seigneur.
I . Il faut, certes, mourir ou supporter les douleurs de l'enfantement.
Revue Celtique, XI. " 18
266 L'abbé Eug. Bernard.
Comeret couraj vat, ha me pedo Doue
2050 Da rei ar iehet d'ec'h gant pep sort carante.
Eva a coms.
O ma friet Adam, houi a ra d'in couraj.
Mes pa consideran, ma foanio a so bras,
Pa n'am eus nep sicour, allas ! mervel so ret,
Fin a vo d'am bue, ret eo renons d'ar bet
2055 Aï ! Aï ! arri an heur, ret e d'in finissan !
Ma Doue, ma Crouer, pardon a houlennan !
Houi ho poa ma crouet er bet-man a netra,
Breman es oun rentet en pep sort extrenvoa.
Me a ofr d'ec'h ma freus, mar gallan he henel.
2060 M'ho pet d'am exanti d'eus ar poan éternel.
Reit ar c'hras, ma Doue, ma vesint-hi exant,
Dimeus am pehejo, dre ma int inosant.
Adam a coms.
Courach, courach, Eva ! arri eo an amser !
Eva a coms.
Allas ! ma guir briet, poan vras so o henel !
Adsm a coms.
2065 Mes tevoet, ma friet, breman me ho sicouro.
Eva a coms.
Ai ! Ai ! ma guir briet, cresquin ra ma foanio !
Adam a coms.
Gant Doue éternel a vcomp sicouret.
La Création du monde. 267
Prenez bon courage, et je prierai Dieu de vous donner la santé
avec toute sorte de témoignages d'affection.
Eve.
O Adam, mon époux, vous me réconfortez. Mais quand je
les considère, mes douleurs sont grandes, et puisque je n'ai
aucun secours, hélas ! il flmdra mourir ! Ma vie touche à son
terme, il va falloir quitter la terre...
Aï! Aï! l'heure approche, il faut en finir. Mon Dieu, mon
Créateur, je demande pardon ! Vous m'aviez créée en ce
monde de rien : maintenant je suis livrée à toute espèce de
calamités.
Je vous offre le fruit de mes entrailles, si je puis le mettre
au jour. Plaise à vous de me préserver des peines éternelles !
Accordez-moi la grâce, ô mon Dieu, de garantir mon enfant
de mes péchés, par cela qu'il est innocent.
Adam.
Courage, courage, Eve, voici lé moment arrivé.
Eve.
Hélas ! mon cher époux, qu'il y a de douleur à enfanter !
Adam.
Mais calmez-vous, mon épouse, à présent je vous porterai
secours.
Eve.
Aï ! Aï ! mon cher époux, mes souffrances augmentent.
Adam.
Le Dieu éternel vous viendra en aide.
268 L'abbé Eug. Bernard.
Eva a coms.
Ma hallen-me soufrin gant pep pasiantet ! . . . ^
Quemeret-han diguen-in, dalet-han, me ho pet 2.
Adam a coms.
2070 Tremenet eo ho poan, voar a voelan, Eva.
Eva a coms.
Ah ! ma friet Adam, hoas e santan un dra5...
Adam a coms.
Rentomp gras da Doue, chetu aman daou vap.
Me roï d'he ho hano dre gras Doue an Tat,
Ha Caïn hac Abel vo ho hano er bet,
2075 Pa'n d-int an daou quentan a so gant mam ganet.
Eva a coms.
ObHjet omp, certen, da Doue éternel,
D'am bout lamet a poan, rac me sonje mervel.
Houi, ma friet Adam, evel ma s-oc'h den fur.
Me ho pet da soignin d'eus an daou crouadur.
Adam a coms.
2080 Pa'n d-oc'h dcHvret a poan, et breman da repos
En hano ar guir Doue... Me gret eo hanter-nos.
Ha me pedo Doue bepret a vouir galon.
Evit n'ho leso quet ebars en abandon.
1 . Ma calon a soufro gant pep pasiamet.
2. Le vers suivant est passé sous silence :
Chetu ase eur map am eus breman ganet.
3. Allas! ma friet quer, c'hoas e santan un dra.
La Création du monde. 269
Eve.
Si je pouvais souffrir avec patience!... Prenez-le de mes
mains, tenez-le, je vous en prie.
Adam.
Votre mal est passé, à ce que je vois, Eve.
Eve.
Ah ! Adam, mon époux, je sens encore quelque chose.
Adam.
Remercions Dieu, voici bien deux fils. Je vais leur donner
des noms par la grâce de Dieu le Père. Ils s'appelleront en ce
monde Caïn et Abel, puisqu'ils sont les deux premiers nés de
leur mère.
Eve.
Nous devons, certes, de la reconnaissance au Dieu éternel
de m' avoir tirée de peine, car je croyais mourir. Vous, Adam,
comme vous êtes un homme sage, je vous prie de prendre
soin des deux enfants.
Adam.
Puisque vous êtes délivrée du mal, allez maintenant vous
reposer au nom du vrai Dieu... Il est minuit, je crois. Et moi,
je prierai toujours Dieu de bon cœur afin qu'il ne vous laisse
pas dans l'abandon.
1 . Mon cœur souffrira en toute patience.
2. Voilà là un fils que je viens de mettre au monde.
3 . Hélas ! mpn cher époux, je sens encore quelque chose.
2/0 L'abbé Eug. Bernard.
Eva a coms.
Allas ! n'am beso quen nep mat a liberté
2085 Gant va daou vap bihan, ret vo poanian gant-he
Quen a voint capabl, pa blijo gant Doue,
Da donet d'hon sicour en bon nécessite.
Senne II.
Adam, Caïn hac Abel a antre.
Adam a declar he vue d'eshe, neuse a coms.
Clevet, ma bugale : eur vue truesus
Hon deus bet er bet-man ; mes ret eo bout joaûs.
2090 Nin voa crouet er bet en pep sort deliso,
Ha breman, sivoas d'imp ! es omp en miserio.
Er Barados terestr e voamp quenta crouet ^
En pep contantamant hac exant a pehet.
Ho man a voe eno tentet gant ar serpant,
2095 Quement-se a so caus d'hon poan ha d'hon tourmant.
Crouet voamp immortel ha lequet gant Doue,
Panevert ma pec'homp dre hon frajilite,
O tibrin un aval. Quement-se so quiriec,
Sivoas ! antieramant da vout collet ar bet.
2100 Allas ! ho mam Eva quenta a voe tromplet,
Ma teuas da dibrin d'eus ar freus difennet.
Me voe quen miserabl da donet da senti,
Ma coeïs er pehet, allas ! quercouls hac hi.
Ma voemp tolet er-meas, dimeus ar plas santel :
2105 Balamour d'hon pehet hoU e renquomp mervel.
I Ret vo pourvesin anhe.
2 E voamp gant Doue crouet.
La Création du monde. 271
Eve.
Hélas ! je n'aurai plus désormais un bon moment de liberté
avec mes deux petits enfants ! Il faudra se donner du mal pour
eux, avant qu'ils ne soient capables, quand il plaira à Dieu, de
nous venir en aide dans nos nécessités.
Scène IL
Adam, Caïn et Abel entrent.
Adam leur raconte sa vie.
Ecoutez, mes enfants, le récit de la vie lamentable que
nous avons menée en ce monde : cependant il ne faut pas se
laisser aller à la tristesse. Nous avions été créés sur la terre, au
milieu de toute sorte de délices, et à présent, pauvres de nous !
nous sommes dans la misère. Nous avions été d'abord placés
dans le Paradis terrestre, comblés de toutes les joies, et
exempts de péché. Votre mère se vit en ce lieu tentée par le
serpent, et ce fut là la cause de notre peine et de nos tour-
ments. Nous avions été créés immortels, confirmés en cet état
par Dieu, si nous n'avions point péché par notre faiblesse en
mangeant une pomme. Ce fut là, hélas ! ce qui entraîna la
perte du monde entier. Hélas ! votre mère Eve a été la première
trompée, et elle se laissa aller à manger du fruit défendu. Je
fus assez misérable pour lui céder également, et je tombai,
hélas ! dans le péché tout comme elle.
Nous'fûmes chassés de ce séjour bienheureux, et à cause de
notre faute, tous nous devons mourir. Nous sommes en ce
1 . Il faudra pourvoir à leurs besoins.
2. Nous avions été créés par Dieu.
272 L'abbé Eug. Bernard.
Sujet omp d'ar poanio er bet-man, nos ha de,
Ha bepret e veomp bete fin hor bue.
Panevert gras Doue so bras en bon andret,
Da boanio an Ifern e voamp holl condannet.
21 10 Dre-se e laran d'ec'h, evel ma bugale,
E renquet labourât an douar couls ha me,
Houesan an dour, ar goat, balamour da Doue,
Ha bean passiant bete fin ho pue,
Ha rentin sacrifis da Crouer ar steret,
21 15 Ha heuil he hourhemen entre ma veet er bet.
Promettet en deus d'imp, an Doue éternel,
E veso fin d'ar bet, hac e renquomp mervel ;
Hac an nep a vevo herve he volante.
En defo recompans goudc fin he vue :
2120 Ma eus ur Barados d'an nep a raï erfat ;
Mes an nep a raio drouc en eus poanio divat
Rac-se ho suplian, bevoet herve Doue.
Ha deut d'en em garet an eil hac eguile.
Caïn a coms.
Adam, houi eo an tat, hac a die comandin,
2125 Ha ni, 'vel guir bugale, a deuio da sentin.
Discoeset d'imp ar plas ma renquomp labourât,
Ha me raï gant reson dimeus a galon vat.
Abel a coms.
Ma sat, a bon droit me a guemero poan ^,
Pa'n d-omp sujet d'eshi couls ha houi hoc'h-unan.
2130 Leret pe sort labour a renquan da ober,
Ha me ia da comans evel eur guir vugel.
Adam a coms.
Deut 'ta, ma bugale, ha me ia guen-ec'h ractal ^
Da dispartian d'ec'h pep a loden douar.
1 . Ma sat, a het ma amser, me a comero poan.
2. Deut di, ma bugale.
La Création du monde. 275
monde condamnés nuit et jour à la peine, et nous y resterons
jusqu'à la fin de notre vie. Si ce n'était la grâce de Dieu, qui
est grande à notre égard, nous aurions tous été livrés aux sup-
plices de l'Enfer. C'est pourquoi je vous le dis, comme mes
enfants il vous faut travailler la terre aussi bien que moi, suer
l'eau et le sang pour l'amour de Dieu, vous montrer patients
jusqu'au terme de votre carrière, offrir des sacrifices au Créa-
teur des étoiles, et observer ses commandements tant que vous
serez au monde.
L'Eternel nous a promis que l'univers aurait une fin et
qu'il nous faudra mourir. Quiconque vivra selon la divine
volonté, sera récompensé à la fin de sa vie, car il y a un Pa-
radis pour celui qui fera le bien : mais celui qui commettra le
mal sera livré à des peines terribles. Je vous en supplie donc,
vivez selon Dieu et aimez-vous l'un l'autre.
Caïn.
Adam, vous êtes notre père, vous devez commander :
comme des enfants dociles nous vous obéirons. Montrez-nous
la place que nous devons labourer, et avec raison, je m'y
mettrai de bon cœur.
Abel.
Mon père, à bon droit je prendrai de la peine, puisque j'y
suis condamné aussi bien que vous. Dites-moi à quelle espèce
de travail je dois me livrer, et je vais commencer comme un
enfant soumis.
Adam.
Venez donc, mes enfants. Je vais à l'instant avec vous, vous
assigner à chacun une part de terre. Il nous faut nous donner
1 . Mon père, tout le temps de ma vie, je prendrai de la peine.
2. Venez là, mes enfants.
274 L'abbé Eug. Bernard.
Ret eo d'imp soufrin poan evit gonit hor boet,
2n5 Doue a comand se balamour a hon pehet.
Ma vusur breman douar hac a coms.
Caïn, chetu aman ho lot, ma mignon quer,
Neuse, er hoste ail, a vo d'ho preur Abel ^
Ret eo d'imp soufrin poan evit gonit hon boet,
Rac-se e laran d'ec'h dont da poania bepret,
2140 Ret eo bevoan bepret herve Doue,
Hac en em oblijan an eil hac eguile.
Caïn, houi labouro evit gonit an ed,
Ha houi, ma map Abel, mesaer d'an denved.
Abel a coms.
Ma Doue, ma Crouer, pa'n d-oun laquet er bet,
2145 Bet an hano a den, en hoc'h imaj crouet,
He houitat a renquomp pa sonjomp neubeutan.
Me ofr evit ho gloar bepret quement a ran.
Caïn a coms 3.
Autro Doue, ma Crouer, he-man eo ar viser !
Terubl omp fal guisquet, ha rust eo an amser.
2150 Ha hoas hon nouritur a so rust ha calet,
Nemert dre cals a boan dibrin ne hallan quet^.
1 , Les quatre vers suivants sont remplacés dans notre vieux manuscrit
par ces deux-ci :
Rac-se hen laran d'ac'h, an eil hac eguile,
Ret eo bevan er bet bopret herve Doue.
2. Nemert dre cals a boan ne hallo den dibri boet.
». La mémoire de celui qui dictait le mystère a ici subi une nouvelle
défaillance : il avait attribué au personnage d'Abel les vers qui précèdent et
ceux qui suivent. Afin de réparer cette erreur, le scribe a intercalé entre
deux lignes les mots : « Ca'in a coms, » qui restituent à Caïn la part qu'il
doit avoir dans le dialogue, témoin notre manuscrit.
Les inadvertances de ce genre sont nombreuses dans le manuscrit de la
La Création du monde. 275
du mal pour gagner notre nourriture. Dieu le veut ainsi à
cause de notre péché.
Adam mesure la terre et il reprend.
Caïn, voici votre part, mon cher ami, et de ce côté sera
celle de votre frère Abel. Il nous faut mettre notre peine pour
gagner notre nourriture. C'est pourquoi je vous dis de tou-
jours travailler.
Vous devez vivre désormais selon Dieu, et vous rendre
service l'un à l'autre. Caïn, vous serez laboureur pour cultiver
le blé, et vous, mon fils Abel, vous garderez les troupeaux.
Abel.
Mon Dieu, mon Créateur, je suis mis au monde, et j'ai reçu
un nom d'homme après avoir été créé à votre image : il faudra
quitter cette terre quand nous y songerons le moins, je vous
offre pour votre gloire toujours toutes mes actions.
Gain.
Seigneur Dieu, mon Créateur, quelle misère est la nôtre !
Je suis bien mal habillé et le temps est rude : notre nourriture
est dure et grossière, ce n'est qu'à force de peine que je
pourrai manger.
I . C'est pourquoi je vous le dis à l'un et à l'autre, il faut vivre en ce
monde toujours selon Dieu.
2. Sans beaucoup de peine personne ne pourra manger son pain.
Bibliothèque Nationale : ainsi, au premier acte. v. 373, après la chute des
anges rebelles maudissant leur sort, on avait oublié de couper le dialogue,
d'indiquer l'endroit où finissent leurs lamentations, et où Dieu le Père
prend la parole pour s'adresser aux bons anges. C'est une main autre qui
a écrit à la marge ces mots : « Doue an Tat a coms ous an Elle mat, » réta-
blissant les choses dans l'ordre indiqué par le texte lui-même.
276 L'abbé Eug. Bernard.
Senne III,
Pep-hini a ia d'he labour, Caïn da labourât douar.
Abel gant he denvet a can voar un ton berjer.
Me ia breman gant ma denvet,
En hano Doue hac an Drindet.
Gras d'eshe da vultiplian,
2155 Ma sacritiin ar guellan
Evit enorin ma Doue^
Da vo meulet he carante !
Hirie ha queit a ma vevoin,
Me a désir hoc'h adorin.
Eva a ia da voelet Gain.
Eva a coms.
2160 Courach, ma bugale, labourât a so ret,
Ret eo comeret poan evit gonit ho poet.
Ma ne rafac'h netra, ne hallac'h quet bevoan,
Doue, an Eternel, a comand quement-man.
Me 'm eus true ous-hoc'h gant pep compasion,
2165 Divisq eo ho corfo dious ar ieneon-.
Caïn a coms.
Autro Doue ! ma mam, squis bras en eum cafan !
Pell so d'eus an amser aboe ma s-oun er plas-man.
Aflijet oun terubl, drouc bras am eus em pen.
Me a ia da hourve aman, voar an dachen.
2170 Reit d'in eur banac'h dour, ma mam, en han 'Doue,
Neuse em bo guell courach da labourât arre.
1 . Aux trois autres vers notre manuscrit substitue celui-ci :
Da veso meulet hep fine !
2. Divisq en ho cafan dirac ar ieneon.
La Création an monde. 277
Scène III.
Chacun va à son travail, Gain laboure la terre.
Abel mène paître son troupeau et chante sur une air champêtre.
Je vais maintenant faire paître mon troupeau au nom de
Dieu et de la sainte Trinité. Grâce à mes brebis de multiplier !
Je sacrifierai la plus belle pour honorer Dieu. Que sa charité
soit louée ! Aujourd'hui et tant que je vivrai, mon désir est de
l'adorer.
Eve va voir Caïn.
Courage, mes enfants, il faut travailler, il faut prendre de
la peine pour gagner votre nourriture. Si vous ne faisiez rien,
vous ne pourriez pas vivre. C'est Dieu, c'est l'Eternel qui le
commande. J'ai pitié de vous, je suis touchée de compassion,
votre corps est sans vêtement contre la froidure.
Caïn .
Seigneur Dieu, ma mère, je me trouve bien fatigué. Il y a
longtemps que je suis en cet endroit. Je me sens on ne peut
plus las, j'ai grand mal à la tête. Je vais m'étendre ici, à cette
place. Donnez-moi un peu d'eau, ma mère, au nom de Dieu;
alors j'aurai plus de cœur à me mettre à l'ouvrage.
1 . Qu'il soit loué sans fin !
2. Je vous vois sans vêtements contre le froid.
278 L'abbé Eug. Bernard.
Eva a coms.
Hac ho peso, ma map. Me ia gant dilijans,
Da vit d'ec'h eur banac'h da tremen ho soufrans.
Ma a da vit dour.
Pa vo arri e continu.
Dalet ! chetu ase dour an excelantan
2175 A quement ha oufet da cafet er vro-man.
Adieu eia, ma map, quen ar hentan guelet.
Doue d'ho conservo en peuc'h hac en iehet^
Eva a ia da caet Abel.
Eva a coms.
Ha d'ec'h, ma map Abel ! Me so deut d'ho caet,
Pell so em boa désir da donet d'ho guelet,
2180 Plijadur vras am eus p'ho guelan em presans.
Doue an Tat da rei d'ec'h moien d'en eum avans -.
Abel a coms.
Me promet d'ec'h certen, me am eus cals a joa
P'ho guelan dira-s-oun breman, ma mam Eva.
Doue d'ho conservo gant hoU prospérité :
2185 Ha gras da veintenin bepret evit gloar Doue.
Eva a quit.
Senne IV.
Gain hac Abel a antre asambles.
Caïn a coms.
En eum dennet, Abel, breman divoar ma sro,
Na houlennan en nep gis e teuc'h em goarancho 5,
1 . Doue d'ho conservo ebars en ho iehet !
2. Doue an Tat da rai d'ac'h moyen en abondans !
3. Ne goullan en nep gis e teufac'h er meto.
La Création du monde. 279
Eve.
Vous en aurez, mon fils. Je vais en toute hâte vous chercher
de l'eau pour passer votre souffrance.
Eve va chercher de l'eau, et à son retour elle continue.
Tenez, voilà là de l'eau, la meilleure que l'on puisse trouver
en ce pays.
Adieu donc, mon fils, jusqu'à la première fois. Que Dieu
vous conserve en paix et en santé !
Eve va trouver Abel.
Salut à vous, mon fils Abel. Je suis venue vers vous, car
depuis longtemps j'avais le désir de vous visiter. J'ai grand
plaisir à vous voir en ma présence. Que Dieu vous donne
moyen de faire votre chemin !
Abel.
Certes, je vous assure que j'ai beaucoup de joie à vous voir
à cette heure devant moi, ma mère Eve. Que Dieu vous con-
serve en toute prospérité et vous fasse la grcâce de toujours tra-
vailler pour sa gloire !
Eve sort.
Scène IV.
Gain et Abel entrent ensemble.
Gain.
Retirez-vous, Abel, ne restez pas auprès de moi, je ne de-
mande en aucune manière que vous veniez à ma rencontre...
1 . Que Dieu vous conserve en bonne santé !
2 . Qiie Dieu le Père vous accorde des biens en abondance !
3 . Je ne demande en aucune façon à ce que vous veniez sur mes terres.
28o L'abbé Eug. Bernard.
Me raï d'it voar da pen mar deus d'am contestin,
la, hac ur voesall divoallet dious-in.
Abel a coms.
2190 Penos, ma breur Gain ? M'ho pet, clevet ous-in,
Na deuan en nep gis er bet, d'ho contestin.
Rac-se, a beurs Doue, ebars en pep amser
E tleomp en em garet evel ma s-omp breuder^
Rac-se me a lar d'ec'h, ma breur, mar d-oc'h fachet
2195 Ous-in en nep feson, es eo, sur, hep sujet.
Gain a coms.
Me lar d'it franchamant, e hallan bout fachet;
Chede debret ma greun aman, gant da denvet,
Te hel ho evoesat : na eus mann da ober ^,
Nemert bean bemde o iacres an amser.
2200 Tec'h divoar ma salar, na deu quet d'am goarant^,
Re a res ober d'in, ma mignon, constamant.
Doue an Tat a coms.
Clevet aman, Gain, houi so re prim ha pront :
Ha houi ive, Abel, a dlefe cafet spont.
Me eo, sur, an Autro a die bout enoret
2205 Gant quement nation a so o ren er bet.
N'en d-oc'h nemert daou den, bugale da Adam
Ha d'he priet Eva, couls hac hi hoc'h eus blam.
Me lar d'ec'h franchamant, ma en eum disoblijet,
Dre rigueur ma justis e viet punisset.
2210 Me eo, sur, ho Toue, auteur ar firmamanf^,
Hac a so ho Grouer, ha na vcc'h quet contant.
Ma torret en nep gis er bet ma gourhemen,
Me raï ho punissan da james en Ifern.
1 . E hellomp en em ober, en em caret fidel.
2. Te hel ho evesat, ne eus quen da ober.
3 Ne deu quet em presans.
Re a res ober d'in, ma mignon, contenans.
4 Roue ar firmamant.
La Création du monde. 281
Je vous donnerai sur la figure si vous me cherchiez affaire :
oui, et une autre fois, prenez garde à moi.
Abel.
Comment, Caïn, mon frère ? Je vous en prie, écoutez-moi.
Je ne viens en aucune façon au monde, vous chercher affaire.
Ainsi donc, de la part de Dieu, en tout temps nous devons
nous aimer comme deux frères que nous sommes. C'est pour-
quoi je vous le dis, mon frère, si vous êtes en quelque sorte
fâché contre moi, c'est assurément sans sujet.
Caïn .
Je te le dis franchement, je puis être fâché. Voici mon blé
mangé par ton troupeau. Tu peux le surveiller : tu n'as rien
à faire, si ce n'est chaque jour, qu'à tuer le temps. Va-t-en
loin de mes talons, ne viens pas à ma rencontre. Tu m'en
fais faire de trop, mon ami; je n'ai pas de répit.
Dieu le Père.
Ecoutez ici, Caïn. Vous êtes trop vif et trop prompt. Et
vous aussi, Abel, vous devriez avoir peur. Certes, je suis le
Seigneur, et j'ai droit aux honneurs de tous les peuples qui se
meuvent dans le monde. Vous n'êtes que deux hommes, en-
fants d'Adam et d'Eve, son épouse, et aussi bien qu'eux, vous
méritez d'être réprimandés. Je vous le dis franchement, si vous
vous cherchez affaire, selon la rigueur de ma justice vous
serez punis. Assurément je suis votre Dieu, l'auteur du fir-
mament : je suis votre Créateur, quand même vous n'en
seriez pas contents. Si vous transgressez en quelque façon mon
commandement, je vous ferai châtier à jamais en Enfer.
1. Nous pouvons nous entendre, nous aimer fidèlement.
2. Tu peux les garder, tu n'as pas autre chose à faire.
3 . Ne viens pas en ma présence, tu me fais faire, mon ami, trop d'actes
de patience.
4. Roi du firmament.
Revue Celiique, XI. - 19
282 L'abbé Eug. Bernard.
Rac-se en eum gueret evel guir vugale
2215 Da un tat, da eur vam, hac a eur memeus ligne.
Deut da sacrifian bepret evit gloar d'in,
Ha me broduo d'ec'h evit ho sustantin.
Caïn a coms.
Demp da sacrifian breman, ma breur Abel,
Pa 'n d-e comandet d'imp a beurs an Eternel;
2220 Me a losquo greun hac a deui da voentat,
Da ober sacrifis en gloar Doue an Tat.
Abel a coms.
Me ia da sacrifian ar guellan am denvet ^
Evit gloar d'am Doue, pa 'n deus d'in comandet.
Rac-se, ma breur Caïn, goût a ret couls ha me,
2225 Eo ret en em garet breman, herve Doue.
Me ho imolo holl, mar be he volante,
Da ober sacrifis bepret en gloar Doue.
Caïn a coms.
Quement tam ed am eus, ia, quent ma vanquen.
En enor da Doue voar un dro a losquen.
2230 Birviquen na cleman, daouest d'am holl poanio.
Goude fin ma bue recompans am bcso.
Ma pelleont an eil d'eus eguile.
Satan a antre hac a coms.
Me a lar d'it, Caïn, ec'h out un aveurtet,
Hac e out diavis mont da devin da et.
Poan a-voalc'h a t'eus bet o tont da labourât.
2235 Mir da ed da dibrin, assur, e ri erfat.
Ma den, hir eo ar bla da vesan o hortos 2,
Ha te a so en poan, hac en de hac en nos.
1 . Me a sacrifie ar guellan am denvet.
2. Ma den, hir eo ar bla, pa vesa 0 hortos.
La Création du monde. 283
Aimez-vous donc comme les vrais enfants d'un même père,
d'une même mère et d'un même sang. Songez toujours à
offrir des sacrifices en mon honneur, et je vous fournirai ce
qu'il faut pour vous sustenter.
Gain.
Allons maintenant, mon frère Abel, offrir un sacrifice,
puisque l'ordre nous en vient de la part de l'Eternel. Je brû-
lerai du grain après l'avoir vanné, et ce sera l'offrande que je
ferai à la gloire de Dieu le Père.
Abel.
Je vais immoler la meilleure de mes brebis en l'honneur de
mon Dieu, puisqu'il me l'a commandé. Ainsi, mon frère
Caïn, vous le savez aussi bien que moi, nous devons nous
aimer à présent selon Dieu. Si telle est sa volonté, j'offrirai
tout mon troupeau en sacrifice continu à sa gloire.
Gain.
Tout le blé que je possède, oui, plutôt que de manquer,
en l'honneur de Dieu je le brûlerai à la fois. Jamais je ne me
plaindrai en dépit de toutes mes peines. A la fin de ma vie je
serai récompensé.
Ils s'éloignent l'un de l'autre,
Satan entre.
Je te le dis, Caïn, tu es un imbécile, et de plus un insensé
d'aller brûler ton grain. Tu as eu du mal assez à cultiver la
terre. Garde ton blé pour le manger, assurément tu feras
mieux.
Mon ami, l'année est longue quand il faut attendre, et toi,
tu es dans la peine et le jour et la nuit.
1 . Je sacrifierai le meilleur de mes agneaux.
2. Mon ami, l'année est longue lorsque l'on attend.
284 L'abbé Eug. Bernard.
Gain a cotns.
Me a sento breman, certen, ous da squient,
Hervé ma parlantes, em laques voar ma hent.
2240 Rac ma losquen ma ed a so evit dibrin ^
Pa 'n em consideran, he viret so guel d'in.
Eva hac Adam a antre.
Eva a coms.
Ma bugale, m'ho pet, n'en em trubuillet quet
Sacrifis da Doue bepret a so gleet.
Rac-se me ho supli da ober guirione,
2245 Ma broduo davantach gant ar gras a Doue.
Gain a coms.
Me a lar d'ac'h, ma mam, ne sacrifiin quet,
Quen a veso ma lot d'in cren dispartiet.
Me voel ma breur Abel o comer ar muian.
Groet d'ehan, mar queret, bemde sacrifian3.
Adam a coms.
2250 Caïn, m'ho pet, ha houi ive Abel,
Franc eo ar vro, quemeret guel,
Ha pa 'n d-omp couet en iseldet,
Douar a-voalc'h so er vro, labouret.
Pa dispartiomp, me a oar erfat ^,
2255 N'hon boa quet cant devoes arat.
Ma bugale, me parrajo,
Ha houi choaso al lodenno.
I . Rac ma losquen ma ed e venn quit d'he dibrin.
2 Na debattet quet.
3. Gret d'eshan, mar guellet, bemde sacrifian.
a. Déjà le scribe avait commencé à écrire : Ma bubale, et celui qui dictait
allait passer sous silence le vers suivant, lorsque la mémoire lui est revenue;
les mots Ma hugde ont été effacés pour reprendre place au vers 2256.
La Création du monde. 285
Caïn.
Je veux maintenant sans hésiter suivre le conseil de ta sa-
gesse. En parlant ainsi, tu me mets sur mon chemin. Car si
je brûlais mon blé qui doit être mangé... J'y réfléchis, le
garder vaut mieux.
Eve et Adam entrent.
Eve.
Mes enfants, je vous en prie, ne vous tourmentez pas. Les
sacrifices sont toujours dus à Dieu. Rendez-vous donc, je
vous en supplie, à la vérité, afin que la terre produise davan-
tage avec la grâce de Dieu.
Gain.
Je vous le dis, ma mère, je n'oflrirai point de sacrifice,
tant que ma part de terre ne m'aura pas été nettement assignée.
Je vois mon frère Abel en prendre de plus en plus : faites-lui,
si vous le voulez, sacrifier tous les jours.
Adam.
Caïn, je vous en prie, et vous aussi, Abel, le pays est
vaste, prenez au mieux. Et puisque nous sommes tombés en
déchéance, la terre ne vous manquera pas, travaillez. Lorsque
nous avons partagé, je le sais bien, nous n'avions pas cent
journaux de terre labourable. Mes enfants, je ferai les parts et
vous choisirez.
I Car si je brûlais mon blé, je ne serais quitte de le manger.
2 . Ne vous disputez pas.
3, Faites-lui, si vous le pouvez, offrir tous les jours des sacrifices.
286 L'abbé Eug. Bernard.
Abel, houi, sur, am eus guelet,
Den abil voar dro ar millet ;
2260 Ha houi, Gain, pa 'n d-oc'h ingrat,
Ho po douar da labourât,
Ha goude-se nin a voelo
Pehinin muian a prospère.
Caïn a coms.
Autro Adam, d'in e leret
2265 Perac na ve quet permettet
Da Abel, ma breur, dont da vale
Dre ar bet-man, quercouls ha me ?
Adam hac Eva a sorti.
Senne V. »
Caïn hac Abel a antre.
Abel a coms.
Caïn, ma breur, tec'h veus ma fas,
Balamour da Doue, rac me a so en noas...
2270 Demp breman da ober sacrifis,
Doue a voelo hon ofis^
Quemeromp eur goulmic evit ofr da Doue,
Neuse nin a voelo piou en deus guirione.
I . Les deux vers suivants manquent au manuscrit de la Bibliothèque
Nationale:
Presantomp hon peden en enor d'hon Autro,
Ha goude quement-se, Doue hon pardono.
•^. La scène commence autrement dans notre vieux manuscrit. C'est
Caïn qui dit à son frère : « Abel, ma breur, tec'h veus ma fas, « et Abel lui
répond : « Demp breman da ober sacrifis. »...
La Création du monde. 287
Abel, vous êtes assurément, je l'ai constaté, un homme
habile à soigner les troupeaux. Vous, Gain, comme vous êtes
rude, vous travaillerez la terre. Ensuite nous verrons qui pros-
pérera davantage.
Caïn.
Seigneur Adam, dites-moi pourquoi il ne serait pas donné
à Abel, mon frère, de promener à travers le monde, tout aussi
bien que moi ?
Adam et Eve sortent.
Scène V.
Caïn et Abel entrent.
Abel.
Gain, mon frère, va-t-en de ma présence, car je suis tout
nu
Allons à présent offrir un sacrifice, Dieu verra notre bonne
volonté. Prenons une colombe pour l'offrir à Dieu, et alors
nous constaterons lequel de nous est dans la vérité.
I . Présentons notre prière en l'honneur de notre Seigneur, et après cela
Dieu nous pardonnera.
2 88 L'abbé Eug. Berna- d.
Caïn, ma breur, houi a ra gaou em andret,
2275 Ma talc'homp ar partaj a so entre-omp groet.
Caïn a coms.
Ma breur Abel, daou vil basât
A roen d'it, a galon vat.
Houi glasq digare da bresec,
Hac a deu da laëres ma éd.
Abel a coms.
2280 Ma breur Caïn, teulet evoes
Na gouesac'h en buanegues.
Evit eul laër em quemeres ?
Me so estonet na t'eus mes.
Doue a voel petra a reomp,
2285 Hac a oar penos e vevomp.
Caïn a coms.
A-voalc'h a leres d'in, mes me a goll bepret.
Me n'an d-oun quet en poan evit lesquin ma et.
Abel voar he saoulin a coms.
Me m'eus mado a-voalc'h, a drugare Doue,
Pa pli] gant-han rein d'in, Hervé hc volante,
2290 Me ho trugarequa, Doue, Roue ar bet !
Carguet es eo ma si d'eus a bep sort loenet,
Me m'eus en abondans, a drugare ma Autre,
Pep tra ; en liberté me a rcnt d'ec'h graço^
Abel a pella un neubeut.
Caïn a coms.
Petra eo da Doue rein d'in ar baourente ?
2295 Aboe ma s-oun er bet o poanian nos ha de,
Evit quement a ran, ne m'eus nemert miser,
O sonjal er mado en deus ma breur Abel.
I . A pep tro, em liberté, me a rem d'ac'h graço.
La Création du monde. 289
Gain, mon frère, vous me faites tort si nous nous en tenons
au partage passé entre nous.
Caïn.
Mon frère Abel, deux mille coups de bâton, voilà ce que je
vous donnerais de bon cœur. Vous cherchez prétexte à discuter,
et vous venez me voler mon blé.
Abel.
Mon frère Gain, gardez-vous de vous mettre en colère. Me
prenez-vous pour un voleur ? Je m'étonne que vous n'ayez
pas honte. Dieu voit ce que nous faisons, et il sait comment
nous vivons.
Caïn.
Vous m'en contez assez, mais c'est moi qui perds toujours.
Je ne me soucie nullement de brûler mon grain.
Abel se met à genoux.
J'ai assez de biens, grâce à Dieu, puisqu'il lui plaît de me
les accorder selon sa volonté.
Je vous remercie mon Dieu, roi de l'univers ! Ma maison
est pleine de bêtes de toute espèce; je possède en abondance,
grâce à mon Seigneur, toutes les choses de la vie : c'est bien
librement que je vous en exprime ma reconnaissance.
Abel s'éloigne un peu.
Caïn,
Pourquoi Dieu m'envoie-t-il la pauvreté ? Depuis que je
suis sur la terre, je travaille nuit et jour : pour tout le mal que
je me donne, je n'ai que misère, en songeant aux biens de
mon frère Abel.
I . De toute manière, en ma pleine liberté, je vous rends grâces.
290 L'abbé Eug. Bernard.
Abel a coms.
Me a gret er bet-man n'eus nemert un Doue,
Hac a sicour an holl herve he volante.
2300 Piou-bennac hen pedo dimeus a vouir galon,
E teuio d'hen sicour en pep occasion ^
Caïn a coms.
Aman ec'h omp bon daou, Abel, voar a voelan,
Arri ebars en poent evit sacrifian.
Dimeus ar presancho hon deus digant Doue,
2305 Es e ret rein d'eshan he lot d'eus aneshe.
Abel a coms.
En enor da Doue hen deus bet ma c'hrouet,
Me a deui da hsquin ar guellan am denvet,
Da ober sacrifis dimeus ma oanic guen,
Evit rentin enor d'am Roue souveren,
2310 Evit ar vadeles hen deus en hon andret;
Dre ar sacrifiso ma veso enoret !
Rac-se depech, Caïn, dont d'alumin an tan,
Evit na tardomp quet mui da sacrifian ^.
Caïn a coms.
Me a ia da vit tan, ha te querc'h queuneut timat,
2315 Ma reomp breman sou'n, aman pep a tantat
Voar lein ar mene-man, balamour d'an Drindet.
Me rai ar haëran tan evit ma vo guelet.
Abel a coms.
Et eta da vit tan, ha me da vit queunet.
Ha demp gant dilijans, ma vo sacrifiet.
Ma eont da vit tan ha queuneut.
i . Notre manuscrit ajoute les deux vers suivants :
Hen-nes eo, sur, hon tat, evel hon guir crouer,
A dcuio d'hon preservi bepret en he amser.
2 . Evit ne tardomp mui quen hep sacrifian.
La Création du monde. 291
Abel.
Je crois qu'il n'y a en ce monde qu'un Dieu, qui vient en
aide à chacun, selon sa volonté. Quiconque le priera du fond
du cœur, sera par lui secouru en toute occasion.
Caïn,
Nous sommes ici, Abel, tous deux, à ce que je vois, arrivés
à point pour offrir un sacrifice. Des présents que nous avons
reçus de Dieu, il est nécessaire de lui en réserver sa part.
Abel.
En l'honneur de Dieu qui m'a créé, je veux offrir en holo-
causte la meilleure de mes brebis, et sacrifier un petit agneau
blanc afin de rendre gloire à mon Maître souverain, pour ses
bontés à mon égard. Qu'il soit honoré par les sacrifices!
Aussi, dépêchez-vous, Caïn, de venir allumer le feu, afin
que nous ne tardions pas davantage à remplir ce devoir.
Caïn.
Je vais prendre du feu, et vous, cherchez vite du bois, que
nous fassions à l'instant même, chacun un feu ici, sur le som-
met de la montagne, en l'honneur de la Sainte Trinité. J'ob-
tiendrai la plus belle flamme afin qu'elle soit bien visible.
Abel.
Allez donc quérir du feu, et moi, je vais ramasser du bois.
Mettons-y de la diligence pour pouvoir offrir notre sacrifice.
Ils vont chercher du feu et du bois.
1. Celui-là est, assurément, notre père, et aussi notre véritable Créateur,
qui nous préservera toujours en son temps.
2 . Afin de ne point tarder davantage à offrir notre sacrifice.
292 L'abbé Eug. Bernard.
Pa vint arri, Caïn a coms.
2320 Me rai an tan quentan, n'ho peset nep anvi,
Me alumo certen, da quentan, ma hini,
Ha mar d-a ma moguet entrese an envo,
Credet en assurans, agreabl bras veso.
Ma ra tan, ma continu da coms.
M'am bije eur souflet, em bije groet un dra.
2325 Quen sempl eo ma moguet, 'm eus aon, ne dal netra.
Da alumin tan cre evit Doue an Tat,
Quer fal eo ma moguet, na goure quet nep mat.
Abel a ra tan ive.
Gain a continu.
Abel a ra tan gant hueldet :
Evid-oun na lesquin quet ma et.
2330 Ma raen, Abel, evel d'out,
Certenamant e venn eur sot.
Abel a coms.
Me a ra a greis ma halon,
Sacrifis d'am Doue guirion;
Gant Garante me ofr d'eshan
2335 Ma holl vat da sacrifian.
Ma laqua ar maout en tan. Ma continu da coms.
Chetu ar flamm caer alumet
Voar ma oanic ques biniguet.
Ma a voar he saoulin. Ma continu arre.
Ma Doue, ma Hrouer, a galon ho pedan
Da cafet agreabl ar sacrifis a ran,
2340 Pehinin a reomp hirie, voar ar mené.
Mar greomp dilijans, ho pet ous-imp true ^ !
I . Mar greomp neglijans, ho pet ous-imp true.
La Création du monde. 29 j
Quand ils sont de retour, Gain prend la parole.
Je ferai mon feu le premier, n'en soyez point jaloux; assu-
rément, je l'allumerai le premier, et si la flamme monte vers
le ciel, croyez-le bien, elle sera agréable à Dieu.
Il fait du feu et continue.
Si j'avais un soufflet, je ferais une chose. Ma fumée est si
légère ! j'en ai peur, mon feu ne vaut rien. Pour allumer un
bon feu en l'honneur de Dieu le Père, ma flamme est si faible
qu'elle ne monte pas du tout.
Abelfait aussi du feu.
Gain reprend.
Abel fait du feu qui s'élève dans les airs. Pour moi, je ne
brûlerai pas mon blé. Si je suivais ton exemple, Abel, je serais
certes un sot.
Abel.
J'offre du fond de mon cœur mon holocauste au Dieu véri-
table. Avec amour je lui fais le sacrifice de tous mes biens.
Il place le mouton sur le feu et continue.
Voilà une belle flamme allumée sur mon petit agneau béni.
Il se met à genoux et ajoute.
Mon Dieu, mon Créateur, de cœur je vous prie d'avoir pour
agréable le sacrifice que nous vous préparons et que nous
vous ofi'rons aujourd'hui sur la montagne. Si nous le faisons
avec soin, ayez pitié de nous ! Mon Dieu, je vous prie de venir
I . Si nous y mettons de la négligence, ayez pitié de nous.
294 L'abbé Eug. Bernard.
Ma Doue, me ho pet da dont d'hon instruin;
A voellan ma hillin, me deui d'ho servijin.
Eur voes ar bla, hep manquan, me a sacrifio
2345 Ar guellan am denvet da veulin ho hano.
Autro Doue, Roue ar bet,
Ma sacrifis da vo biniguet !
Ma aï brao, hep si, ma moguet
D'an env huel, ma hen guelet ^
Doue an Tat a coms.
2350 Me a voel a hueldet,
Da sacrifis so biniguet.
Sacrifiso gant lealdet,
Certen, hac a plij d'am speret.
Da sacrifis so meulodius
2355 Gant eur galon carantesus :
Er gis-se eo, sur, biniguet
Guen-im-me ha gant ma Elet.
Gain a coms.
Ma ed, certen, pa 'n em sonjan,
N'oufen quet da sacrifian.
2360 N'am be quet tredern anehan,
Ma renquen he sacrifian.
Abel a coms.
Me ho trugarequa. Doue, Crouer ar bet,
D'eus ar madeleso hoc'h eus groet em andret.
Quement poan a soufi-in entre vin en douar,
2365 En durant d'am bue, m'hen ofr evit ho cloar.
I . Ces quatre vers sont ainsi présentés dans notre manuscrit
Ma sacrifis benefiset,
Ma aï hep si ma moguet,
Autro Doue, guir roue ar bet,
D'an ent, ha huel, ma hen guelet !
La Création du monde. 295
nous instruire : du mieux que je pourrai je veux vous servir.
Une fois l'an, sans faute, j'immolerai la meilleure de mes
brebis pour louer votre nom.
Seigneur Dieu, roi de l'univers, que mon sacrifice soit béni !
Que ma fumée monte droit, sans se tordre, jusqu'au plus
haut des cieux, afin que vous la puissiez voir.
Dieu le Père.
Des sommets que j'habite, je regarde ton sacrifice et je le
bénis. Les sacrifices offerts avec loyauté plaisent assurément à
mon esprit. Ton sacrifice est à ma louange, il vient d'un cœur
aimant, c'est pour cela qu'il est, certes, béni par moi et par
mes anses.
Gain.
Mon blé, sans aucun doute, lorsque j'y songe, je ne saurais
le brûler. Il ne m'en resterait pas un tiers, s'il me fallait
l'ofirir en sacrifice.
Abel.
Je vous remercie Dieu, Créateur du monde, des bienfaits
dont vous m'avez comblé. Toute la peine que j'aurai à sup-
porter, tant que je serai sur la terre, pendant ma vie, je l'offre
pour votre gloire.
I . Veuillez bénir mon sacrifice, afin que la fumée monte, Seigneur Dieu,
véritable roi de l'univers, droit vers le ciel et haut, que vous puissiez la voir.
296 L'abbé Eug. Bernard.
Senne VI.
Caïn a antre dre eur coste, Satan dre eur coste ail.
Satan a coms.
Caïn, te a so dicriet
Gant da vreur Abel bep momet%
En defot na t'eus bet losquet
En un tantat tan da holl et.
2370 Mes na t'eus-te quet a galon
Evit heuil da intantion ?
Te a hell hen precipitan,
Ha besan héritier d'eshan.
Abel a ia da caet Gain.
Goude voar he saoulin Abel a coms.
Me a rent d'ac'h graço, Auteur ar bet*»,
2375 Dre ma hoc'h eus ahanon en hoc'h imaj crouet,
Evit hoc'h adorin er bet-man, nos ha de,
Ha meuhn ho hano en durant ma bue.
Gain a coms.
Penos ? lar d'in, Abel, na squis quet da heno
O houlen pep momet digant Doue, mado ?
2380 N'en d-out quet hoas contant a quement a t'eus bet?
Ha carguet da creier d'eus a bep sort loenet.
». Le scribe a réuni ces deux vers en un seul ainsi construit :
Caïn, te a so dicriet gant da vreur Abel, bep momet.
Il continuait de la même manière à écrire :
En defot na t'eus bet losquet en un,
quand il s'est aperçu de son erreur, ou quand on la lui a fait remarquer,
les deux mots : « en un » sont effacés et transcrits à la ligne pour former
le vers suivant :
En un tantat tan da holl éd.
La Création du monde. 297
Scène VI.
Caïn entre par un côté, Satan par un autre.
Satan.
Caïn, tu es à tout instant décrié par ton frère Abel pour ce
que tu n'as pas brûlé en une flambée tout ton grain. Tu n'as
donc pas de cœur pour accomplir ton dessein ? Tu peux le
faire disparaître et devenir son héritier.
Abel va trouver Caïn, puis se met à genoux.
Je vous rends grâces, Dieu, auteur de l'univers, de ce que
vous m'avez créé à votre image, pour vous adorer en ce
monde, nuit et jour, et pour louer votre nom pendant toute
ma vie.
Gain.
Comment ? Dis-moi, Abel, tes lèvres ne se lassent pas à
demander sans cesse à Dieu des biens ? Tu n'es pas encore
content de ce que tu as reçu ? et tes étables sont pleines de
bêtes de toute espèce.
Cest, à notre avis, là, une preuve irrécusable établissant bien que notre
mystère breton a été dicté de mémoire.
b. Le scribe avait d'abord écrit auteur ar gloar; il a effacé gloar pour y
substituer bet, rimant avec crouet.
Revue Celtique, XI. 20
298 L'abbé Eug. Bernard.
Abel a coms.
Allas ! ma breur Caïn, houi dlefe couls ha me,
Suplian a vouir galon bemde ar guir Doue,
Da digas he graço voar quement mat a ret,
2385 Voar ho holl labourou, ma prospero hoc'h et.
Clevet dousamant, ma breur quer,
Ar pes a rin d'ac'h da compren,
Ho coler hac ho facheri.
Gant ar voien d'he surmonti.
2390 Ar valis so contrel d'an dousder,
A so, evel m'ho quelenner,
Un désir da tennan venjans
Voar ar re a ra d'ac'h ofans.
An discord dimeus ar goler
2395 A so, da guentan, oc'h ober
Cas voar an nep na verit quet,
Ma n'hen defe hoc'h ofanset ;
D'an eil, pa fel d'ac'h hoc'h-unan.
En em venjin, ha punissan
2400 Dre hoc'h autorite privet,
Nep n'hen deus quet hoc'h ofanset ^
A viscoas es eo bet, guir se ^,
Difennet ous-imp gant Doue.
Caïn a coms.
Deus guen-en d'ar mené, demp d'en em pourmeni.
2405 Parlant a res erfat, un den savant a ri.
Domach eo ne voa hoas cals a dut voar ar bet.
O clevet da comso e vijent ravisset.
Ma avansont d'ar mené.
1 . Notre manuscrit intercale ici les deux vers suivants :
Hac n'hen deus den autorite
D'en em venjin d'he volante.
2. A viscoas he man ar gis-se
La Création du monde. 299
Abel.
Hélas ! mon frère Caïn, vous devriez aussi bien que moi
supplier du fond du cœur, chaque jour, le vrai Dieu, de ré-
pandre ses grâces sur tout ce que vous faites, et sur chacun
de vos travaux, afin de vous assurer une moisson prospère.
Ecoutez avec calme, mon cher frère, ce que je vous ferai
comprendre touchant votre colère et votre ressentiment, avec
les moyens de les surmonter.
La malice, contraire à la douceur, est, ainsi qu'on vous l'ex-
plique, le désir de tirer vengeance de quiconque vous a offensé.
Le désordre de la colère consiste d'abord, à prendre en haine
qui ne le mérite pas, au cas où il ne vous aurait causé aucun
préjudice : ensuite, à vouloir vous venger vous-même, et
punir, de votre autorité privée, quelqu'un qui ne vous a nul-
lement blessé. De tout temps, ces choses, rien n'est plus cer-
tain, nous ont été défendues par Dieu.
Caïn.
Viens avec moi sur la montagne, allons nous promener. Tu
parles très bien, tu feras un savant. C'est dommage qu'il n'y
ait pas encore beaucoup de monde sur la terre, à entendre tes
discours ils seraient ravis.
Ils avancent sur la montagne.
1 . Car personne n'a le droit de se venger au gré de ses désirs.
2. De tout temps pareille manière d'agir
joo L'abbé Eug. Bernard.
Caïn a coms.
Caet am eus aman manchouer un asen ^ ;
Me a raï d'it gant-han breman, voar da clopen.
2410 Sacrifi da ine breman da Doue an Tat,
Rac evit er bet-man ne ri pelloc'h nep mat.
Caïn a ra un toi voar pen he vreur: ma sorti.
Abel, pa voa couet, a coms o hervel Doue.
Ma Doue, ma Crouer, pardon a houlennan
Dimeus ar pehejo am eus groet er bet-man !
Chetu me discaret d'an douar, aman, a blat,
2415 Gant an tirant Gain ; hou-man so eur galonat !
Ma goat a cri venjans memeus bete an Env,
Enep ma breur Gain, da justis bon Doue.
Me a houlen pardon ous-hoc'h, ma guir Doue,
Ho pet misericord breman ous ma ine.
Ar Maro a antre, hac a coms.
2420 Me eo ar Maro cri, a so determinet
Da lahan quement den a deuio voar ar bet.
Abel vo an hinin a touchin da guentan,
Pa'n d-e discaret d'in gant he vreur, er plas-man...
Ghede ase un toi evit da diboanian,
2425 D'as lemel a vue, ha trubuil ar bet-man.
Da vreur Gain so caus ma s-oun deut quer buan,
Ma quites da vue, o quitat ar bet-man.
He-man eo ar hentan am eus breman touchet.
Es e'r bederved den a guement so er bet ;
2430 Ne'n deus nemert tri den pelloch o ren er bet,
Adam-hont hac Eva, ha Gaïn aheurtet.
Breman em eus amser un neubeut da hortos,
Un de a arrio n'am beso tam repos.
Es inn en un instant dre bevar horn ar.bet,
2435 Pa vo d'in comandet, es inn en eur momet.
Ar Maro a sorti.
I . Josquen a un asen.
La Création du monde. joi
Caïn.
Je trouve ici la mâchoire d'un âne, je vais t'en donner un
coup sur la tête. Offre maintenant ton âme en sacrifice à
Dieu le Père, car en ce monde tu ne feras plus rien.
Gain frappe son frère à la tête. Il sort.
Abel tombe à terre et parle en invoquant Dieu.
Mon Dieu, mon Créateur, je demande pardon des péchés
que j'ai commis en ce monde. Me voici abattu à terre, ici
couché à plat parle méchant Caïn. Quelle douleur je ressens!
Mon sang crie vers le Ciel vengeance contre mon frère Caïn,
et en appelle à la justice de Dieu. Je vous demande pardon,
mon Dieu ! Ayez maintenant pitié de mon âme.
La Mort entre.
Je suis la Mort cruelle, décidée à tuer tout homme qui
viendra sur la terre. Abel sera le premier que je frapperai,
puisqu'il s'offre à moi terrassé en ce lieu par son frère.
Tiens, voilà un coup pour te tirer de peine, pour te sortir
de la vie et des tribulations de cette terre. Ton frère Caïn est
cause si je suis venue si vite te faire quitter la vie en aban-
donnant ce monde.
Celui-ci est le premier que j'ai frappé, et il est le quatrième
habitant de la terre ; il n'en reste plus que trois, chargés de
gouverner l'univers, Adam, Eve et Caïn le criminel.
A présent )'ai le loisir d'attendre un peu. Le temps viendra
où je n'aurai aucun repos, où j'irai en un instant aux quatre
coins du monde; lorsque j'en recevrai l'ordre, j'accourrai en
un moment.
La Mort se retire.
6. La mâchoire d'un âne.
302 L'abbé Eug. Bernard.
Ine Abel en tal he corf a coms.
Adieu eta, ma horf, me a ia d'ho quitat,
Evit en em presanti dirac Doue an Tat.
Me ho trugarequa d'eus ar boan hoc'h eus bet^
O clasq ma preservin aboe ma oun er bet.
2440 Crenan ran gant ar spont e vont dirac Doue,
Evit renti ma hont dirac he Vajeste.
AHas ! ne oun'n doare pelec'h ec'h inn breman,
O hortos ma veso redimet ar bet-man !
Adieu hoas eur veach, me ia d'hoc'h abandonin ^ :
2445 Houi a chom en douar, me ne oun'n pelec'h inn... •
El lec'h ma ordreno Rouear firmamant.
Ret eo obeissan d'he holl comandamant.
Ma a da caet Doue an Tat.
Pa voa arri dira-s-han, e coms voar he daoulin neuse.
Me en em presant d'ec'h, dirac ho Majesté,
Doue, Auteur ar gloar, ho pet ous-in true 1
2450 Me eo ar paour Abel, map Adam hac Eva,
Père ho poa crouet er bet-man, d'eus netra. *
Caïn, ma breur henan, en deus bet ma lahet,
Ma corf so er mené voar an douar manet.
Ma lequet, ma Doue, eun tu en sauvete,
2455 En eur plas didanjer, mar be ho polante.
M'ho pet, n'am quesit quet da soufrin ar poanio
So breman en Ifern, en mesq an diaoullo.
Doue an Tat a coms.
Abel, ma mignon quer, pa 'n d-out dispartiet 5
Breman dious da corf, ha d'in n'eum presantet,
2460 M'es laquai' en eur plas, ebars en esperans
Da jouissan ar gloar evit da recompans.
I Me ia d'hoc'h ambrassin.
2. C'hui a iel d'an douar.
3 Pa'n d-e dispartiet
Da ine dious da corf.
La Création du monde. 303
L'âme d'Abel auprès de son corps.
Adieu donc, mon corps, je vais me séparer de vous pour
me présenter devant Dieu le Père. Je vous remercie de la
peine que vous avez prise en cherchant à me sauvegarder, depuis
que je suis sur la terre.
Je tremble d'effroi en allant devant Dieu rendre mes
comptes à sa Majesté. Hélas ! je ne sais où j'irai à cette heure
attendre le moment où sera racheté le monde !
Adieu encore une fois, je vais vous laisser là. Vous, vous
restez dans-la terre, moi, je ne sais où je me rendrai... Au
lieu que désignera le Roi des Cieux. Il faut obéir à tous ses
commandements.
Elle va trouver Dieu le Père.
Arrivée devant lui, elle se met à genoux.
Je me présente à vous, devant votre Majesté, Dieu, auteur
de la gloire, ayez pitié de moi ! Je suis le pauvre Abel, fils
d'Adam et d'Eve, que vous avez au monde créés de rien.
Caïn, mon frère aîné, m'a tué; mon corps est demeuré à
terre, sur la montagne.
Mettez-moi, mon Dieu, en un lieu de sûreté, en un endroit
à l'abri du danger, si telle est votre volonté. Je vous en prie,
ne m'envoyez pas souffrir les peines que l'on endure mainte-
nant en Enfer, au milieu des démons.
Dieu le Père.
Abel, mon cher ami, puisque tu es à cette heure séparé de
ton corps et que tu t'es présenté devant moi, je te placerai en
bon lieu avec l'espoir de jouir de ma gloire pour ta récom-
1 . Je vais vous embrasser.
2. Vous, vous allez en terre.
3 . Puisque ton âme est séparée de ton corps.
304 L'abbé Eug. Bernard.
Goude ma teui ma map da rediman ar bet,
Er joaio éternel te a vo elevet.
Tri flas as po bepret er joaïo éternel ^,
2465 Balamour ma s-out bet fidcl en pep amser;
Unan d'eus aneshe ous da vean virjin,
Un ail dre ma s-out bet fidel d'am servijin,
Hac un ail as peso en renq ar vartiret,
Père a deuio hoas da goude, voar ar bet.
2470 Deus aman, Rafaël, que timat, em requet,
Da gas Abel d'al Lim, en eur plas assuret ;
Eno e renquo chom quen a vo redimet
Ar bet antieramant. Da purjin ar pehet^
Pa vo pignet ma map voar lein mené Calvar,
2475 Me deuio d'hen recev en Env, ebars er gloar.
Rafaël a coms.
Doue, Auteur ar gloar, reson eo d'in sentin : .
Me hen rento ractal el lec'h ma leret d'in ;
Hac hen, ha quement den a varvo he boude,
Dimeus ho mignonet, a ielo d'ar plas-se.
Ma avansont ha daou: Satan a red dira-he.
An El Rafaël a coms.
2480 Deut eta, guir ine, breman me ho rento
En neubeut a amser, da antren el Limo.
Me eo ho cardien evit ho conservin
Dious an aërouant, mar deu d'hoc'h ataquin.
Pa vint arri el Lim, Rafaël a coms.
Chetu ase ar plas, antreet en-han pront,
2485 N'ho peet nep morhet, na guemeret quet spont.
Ase houi a chomo quen a deuin arre
D'ho cas d'ar Barados da veulin ho Toue.
I . Te as peso tri plas er joaio éternel.
2 Da prenan ar pec'het.
La Création du monde. 305
pense. Lorsque mon fils viendra racheter le monde, tu seras
appelé aux joies éternelles.
Dans cette félicité tu auras toujours droit à trois places,
parce que tu as été fidèle en tout temps : l'une te sera réservée
parce que tu es vierge ; l'autre, en récompense de ta fidélité à
mon service : tu tiendras la troisième dans les rangs des mar-
tyrs qui se succéderont après toi sur la terre.
Viens ici, Raphaël, va vite sur mon commandement conduire
Abel aux Limbes, dans un endroit assuré. Il devra demeurer
là jusqu'à ce que le monde ne soit entièrement racheté.
Lorsque pour expier le péché, mon Fils sera monté sur le
sommet de la montagne du Calvaire, je viendrai recevoir Abel
au Ciel, dans ma gloire.
Raphaël.
Dieu, créateur de la gloire, il est raisonnable de vous obéir.
Je vais le conduire immédiatement au lieu que vous m'in-
diquez: lui et tous ceux qui mourront dans la suite, du nombre
de vos amis, iront à cet endroit.
Ils avancent tous deux. Satan court devant.
Raphaël.
Venez donc, âme fidèle, maintenant je vous conduirai en
peu de temps pour vous faire entrer dans les Limbes. Je suis
votre gardien, et je vous protégerai contre le démon, s'il vient
vous attaquer.
Quand ils sont arrivés aux Limbes, Raphaël reprend.
Voici la place, entrez-y promptement ; n'ayez aucune in-
quiétude, ne prenez pas peur. Vous resterez là tant que je ne
revienne vous conduire au Paradis pour louer votre Dieu.
1 . Tu auras trois places au séjour des joies éternelles.
2. Pour racheter les péchés.
506 L'abbé Eug. Bernard.
Ine Abel voar he daoulin a coms.
Ha houi, ma El gardien, me ho trugarequa,
En ho compagnunes me am eus cals a joa.
2490 N'am ancoeet quet, en hano ma Doue !
Me a renq chom aman, er plas-man, nos ha de^
Senne VII.
Doue an Tat a disquen voar an douar : ma galvo Gain.
Doue an Tat a coras.
Pelec'h oud-de. Gain ? Me gret es out coachet^ :
Deus timat dira-s-oun, me requet da cafet3.
Gain a coms.
Chetu me deut aman, Créateur an Envo,
2495 Crouer ha Rédempteur da guement mat a so,
Clevet am eus ho moes, reson eo d'in donet
Ebars en ho presans, p'hoc'h eus ma goulennet.
Doue an Tat a coms,
Respont d'in-me, Caïn, aman, pa houlennan :
Ho preur iaouanc Abel, pelec'h e ma breman ?
2500 Respontet ac'hanon gant pep humilité,
Ha na nahet netra en presans ho Toue.
Gain a coms.
Aboe ma voamp er mené ne m'eus-han quet guelet
Dre-se ne oun'n doare pelec'h ec'h e-han et 4.
1 . Me renq chom ma-unan er plas-man.
2. Ma oud-de et, Gain?
3 Me a renq da cafet.
4. Dre se ne oun'n doare pelec'h he hel bout et.
La Création du monde. joy
L'âme d'Abel à genoux.
Et vous, je vous remercie, mon ange gardien : en votre
compagnie, je me sens plein de joie. Ne m'oubliez pas, au
nom de mon Dieu ! Je dois demeurer ici, à cette place, désor-
mais nuit et jour.
Scène VII.
Dieu le Père descend sur la terre : il appelle Caïn.
Où es-tu, Caïn ? Je crois que tu te caches. Viens vite
devant moi, je demande à te trouver.
Caïn.
Me voici, j'arrive, Créateur des Cieux, auteur et rédempteur
de toutes choses créées. J'ai entendu votre voix, il est juste
que j'accoure en votre présence, dès que vous me demandez.
Dieu le Père.
Réponds-moi, Caïn, ici, puisque je t'interroge. Ton frère
Abel, où est-il à cette heure ? Réponds-moi en toute humi-
lité, et ne déguise rien devant la face de ton Dieu.
Caïn.
Depuis que nous étions sur la montagne, je ne l'ai point
vu. Je ne saurais donc vous dire où il est allé. Vous ne m'aviez
1 . Il me faut demeurer tout seul, en ce lieu.
2. Où es-tu allé, Caïn?
3 . Il faut que je te trouve.
4. C'est pourquoi je n'ai pas connaissance du lieu où il peut être allé.
3o8 L'abbé Eug. Bernard.
N'ho poa quet roet d'in ar garg eus anehan,
2505 Evel-se n'en d-oun quet oblijet d'hen rentan.
Doue an Tat a coms.
Ah ! Gain malurus ! Te a t'eus meritet
Supliso an Ifern, balamour d'as pehet.
Te t'eus asasinet da vreur voar ar mené ^,
Dre anvi ha maHs ous he prospérité.
2510 Clevet am eus he voes memeus ebars en Env,
He voat o houlen venjans ha justis diguen-en.
Abalamour d'ehan te a veso venjet ^
Seis gués assuramant quent ma quitaï ar bet.
Caïn a coms voar he saoulin.
Ma Doue, ma Crouer, pardon a houlennan !
2515 Dre ho misericord humblamant ho pedan,
Na uset quet dre rigueur ho justis em andret,
Ha deut d'am pardonin, a galon me ho pet.
Evit hoc'h adorin houi hoc'h eus ma crouet,
Mes er hontrel da-se, sivoas d'in ! am eus groet.
2520 N'am precipitet quet en creis puns an Ifern,
Contant oun, ma Doue, da ober pinijen.
Doue ail Tat a coms.
Abalamour d'as crim, an oreur as pehet,
Dimeus ar provins-man te a vo exilet
Da vale dre ar bet, evel eur vacabont,
2525 Quen a deui dira-s-oun, eur voes, da rentan cont
Dimeus a guement mat ha drouc as peso groet,
A renq bout dira-s-oun eur voes represantet.
Caïn a coms.
Ma Doue éternel ! p'hoc'h eus ma exilet
Evel eur vacabont da vale dre ar bet.
1 . Te a t'eus assommât da vreur voar ar mené.
2. Abalamour da se te a veso blamet.
' La Création du monde. 309
pas chargé du soin de le garder, aussi ne suis-je pas obligé
d'en rendre compte.
Dieu le Père,
Ah ! malheureux Gain, tu as mérité les supplices de l'Enfer,
en punition de ton péché. Tu as assassiné ton frère sur la
montagne, par malice et par envie de sa prospérité. J'ai en-
tendu sa voix qui montait jusqu'au Ciel : son sang me de-
mandait vengeance et justice. A cause de lui tu seras châtié
sept fois, bien sûr, avant que tu ne quittes la terre.
Caïn à genoux.
Mon Dieu, mon Créateur, je demande pardon. Au nom
de votre miséricorde, humblement je vous prie de ne pas user
des rigueurs de votre justice à mon égard. Pardonnez-moi,
de cœur je vous en prie. Vous m'avez créé pour vous adorer,
mais hélas ! j'ai fait tout le contraire. Ne me précipitez pas
au milieu du puits de l'Enfer : je suis content, mon Dieu, de
faire pénitence.
Dieu le Père.
A cause de ton crime, pour l'horreur de ton péché, tu seras
exilé de cette province, pour errer à travers le monde comme
un vagabond, jusqu'au moment où tu viendras en ma présence
rendre compte du bien et du mal que tu auras fait. Tout
cela une fois devra être représenté devant moi.
Caïn.
Mon Dieu éternel, puisque vous m'exilez et me condamnez
à errer comme un vagabond sur la terre, le premier que je
I . Tu as assommé ton frère sur la montagne.
I . A cause de cela tu seras réprimandé.
j 1 0 L'abbé Eug. Bernard.
2530 Quentan den a guifin, a rancontrin quentan,
Me requet diguen-ec'h, ma teuio d'am lasan.
Doue an Tat a coms.
Me a lar d'it, Crïn, ne hoarveo quet se :
Ar hentan as toucho d'as lemel a vue,
A veso sur, venjet seitec gués da houde ^.
2535 Abalamour d'as crim ha d'as méchanceté,
Evit memor a-se me a ia d'as merquan,
Ha quent ma quitaï, me renq d'as siellan,
Ma vesi remercabl da pep den da voelet,
En quement ha ma i da vale dre ar bet.
2540 An douar pehinin memeus a labouri.
Ne broduo netra evit d'as sustanti.
Doue an Tat siel Caïn hac a ia d'he tron.
Gain a coms.
O maleur detestabl ! petra eo quement-man ?
Ne oun'n pelec'h monet, na petra a son] an.
Chetu me ar voes-man, gant Doue exilet
2545 Evel eur vacabant da bourmen dre ar bet
Me ia da partian, daouest pelec'h es inn :
Entrese an Oriant, mar gallan, n'em tennin.
Tri hent a so aman : gant-he es oun doaniet.
Ma Doue, ma C'hrouer, reit d'in pasiantet !
Gain a sorti.
Adam hac Eva a antre.
Adam a coms.
2550 Leret d'in, ma friet, ha houi hoc'h-eus guelet
Peliso, hon bugale ? Ne oun'n pelec'h int et.
Hoant am eus d'ho guelet evit ho instruin
Da caret hon Doue, fidel d'hen servijin.
a. L'ordre des mots dans ce vers a été interverti par le scribe de la ma-
nière suivante :
A veso sur venjet da houde seitec gués.
La Création du monde. ^ 1 1
trouverai, le premier que je rencontrerai, je vous en avertis,
me mettra à mort.
Dieu le Père.
Je te le dis, Caïn, cela n'arrivera pas. Le premier qui por-
tera la main sur toi pour t'ôter la vie, sera assurément puni
dix-sept fois après toi. A cause de ton crime et de ta perversité,
en mémoire de cela, je vais te marquer, et avant que tu ne
partes, il faut que tu portes un signe qui te fera reconnaître
aux yeux de tout homme, tant que tu t'en iras errant à tra-
vers le monde. Même la terre que tu cultiveras ne produira
rien pour te sustenter.
Dieu le Père marque Gain et retourne à son trône.
Gain.
O malheur déplorable ! Qu'est-ce que ceci signifie ? Je ne
sais où aller, je ne sais que penser. Me voilà cette fois exilé
par Dieu, et comme un vagabond, condamné à errer sur la
terre...
Je va'is partir sans savoir où j'irai. Si je puis, je me diri-
gerai vers l'Orient. Je vois ici trois chemins : ils me jettent
dans l'embarras. Mon Dieu, mon Créateur, donnez-moi la
patience.
Gain sort.
Adam et Eve entrent.
Adam.
Dites-moi, mon épouse, y a-t-il longtemps que vous n'avez
vu nos enfants ? Je ne sais où ils sont allés. Je voudrais les
rencontrer pour leur apprendre à aimer Dieu, à être fidèles à
le servir.
Cette forme est défectueuse, car elle empêche le vers de rimer avec celui
qui suit.
512 L'abbé Eug. Bernard.
Eva a coms.
Demp etrese ar mené, martese ho guelomp ;
2555 En' da'n em bourmenin a-voecho ec'heont^
Abel a die bean eno gant he denvet,
Pa arrifomp eno e hallemp ho cafet.
FIN d'eus an DEVOES Q.UENTAN.
Ar quentam Impiloc d'eus a lavaret bue, a antre hac a coms.
Compagnones santel, me a eneo erfat,
Ha dirac pep-hinin an dra-se so anvat,
2560 Penos es oc'h carguet, certen eo an dra-se,
Dimeus a vodesti hac a humiHte,
P'hoc'h eus ar vadeles, gant quement a silans,
Da chom d'hon enorin dimeus a ho presans,
Ar pes so detestabl, hac a deu d'hon surpren,
2565 Eo dre n'hon deus gallet donet en nep moien, •
Dimeus a hon coste ive da contantin,
Evel ma sonjemp hoU, sperejo pep-hinin.
Néanmoins, coulscoude, quement-se n'ampech quet
Na raï an actoret guel evit ho deus groet.
2570 Néanmoins hoas hon deus eur consolation.
Ne oun'n quet hac hi so d'imp re a présomption,
O tont da esperin e veomp iscuset
Gant an dut vertuus a so fur ha parfet.
An treo infinit crouet bars er bet-man,
2575 Roet da pep-hinin natur evit bevoan.
An objet cant ha cant, anfin, gant un tremen
Aboe ar création, e ma int, sur, o tremen ;
I . Cette version est d'une main différente de celle du scribe, qui avait
écrit :
Het deu ntum pourmenin.
La Création du monde. 3 1 j
*Eve.
Allons du côté de la montagne, peut-être les verrons-nous.
Ils y vont quelquefois se promener. Abel doit être là avec ses
troupeaux. Quand nous y arriverons, nous pourrons les
trouver.
FIN DE I,A PREMIÈRE JOURNÉE.
L'acteur chargé du premier épilogue de ladite vie entre et parle.
Saintes gens réunis ici, je sais parfaitement, et aux yeux de
chacun c'est chose évidente, que vous êtes, cela est certain,
remplis de modestie et d'humilité, puisque vous avez la bonté
de garder si bien le silence, en restant nous honorer de votre
présence. Ce qui est déplorable, et qui vient nous surprendre,
c'est que nous n'avons pu arriver par aucun moyen à contenter
également de notre côté, comme nous en avions tous la
pensée, vos esprits à chacun. Néanmoins, cela n'empêchera
pas les acteurs de faire mieux qu'ils n'ont fait; néanmoins,
nous avons encore une consolation : je ne sais si c'est à nous
trop de présomption d'espérer que nous trouverons notre
excuse auprès des gens vertueux qui sont sages et parfaits.
Les choses sans nombre créées dans ce monde et données à
chacun comme moyens de subsistance, les objets par centaines,
ayant chacun son terme depuis la création, ne font que passer.
I . Il est allé se promener.
Revue Celtique^ XI. 21
JI4 Vàbbé Eug. Bernard.
An den so lequet prins voar crouans an natur;
An holl elemancho evit reh nouritur,
2580 Ar pesquet bars er mor, hac en ear an evnet,
Ha da pep jenitur an douar da qucrset,
Influanço an oahl cr planedenno ;
Pep-hinin en deus bet tennet consequenso
Digant mestr ar gloar ha divin ha saluter,
2585 Da cusan ar vertu pep-hinin en he quefer.
Ar mor so conduet en he sans naturel,
Gant ar flu, ar reflu diant an Eternel,
Hep quemeret o tont, pe ive o vonet,
Cresquin pe dimunuin. Evel-se e conduet
2590 Pep-hini ar re-man, a heller lavaret,
So conduet gant reson bep heur ha bep momet,
Pep-hini ar re-man a so en fonction,
Hervé prospérité hac ho intantion ;
Ma teuont a-voecho da dremen ho courijo,
2595 Da eclipsan memeus, d'andurin defoto,
Allas! compagnones meulabl, dirac Doue
Pep tra holl so crouet herve prospérité,
Hac evit ma teuomp da enorin bepret,
Goude fin hor bue en pales an Drindet.
2600 Hac anfin davantaj es oun hoas quen hardi,
A beurs an actoret, da dont hoas d'ho pedi.
Ma teuet holl disul adarre d'hon guelet,
Humblamant, a galon, da se hoc'h supliet,
Neuse ho supHan hoas holl hep ancoec'h'',
2605 Pep a pes houec'h real a digasset guen-ec'h,
Pecho daousec guennec, roUado dineret,
Pecho daou voenneien na vint quet refuset,
Evit dont d'hon sicour da donet da goanian ;
Ha houi, compagnones, mar queret assistan,
2610 Da efan pep a vanec'h quent evit hon quitat,
Nin a rai se, certen, dimeus a galon vat.
Le scribe a interverti l'ordre des mots dans ce vers, en écrivant
Neuse hep ancoec'h, holl 0 suplian hoas.
La Création du monde. î 1 5
L'homme est établi roi sur les productions de la nature, tous
les éléments ont pour fin de fournir sa nourriture, les pois-
sons dans la mer, les oiseaux dans l'air, et à tout être créé la
terre sert de plancher, les influences des cieux s'exercent sur
les planètes ; chacun de ces éléments, comme conséquence, a
reçu du Maître de la gloire, Dieu et Sauveur, le pouvoir de
renfermer en soi sa vertu particulière.
La mer est conduite dans son sens naturel par le flux et par
le reflux que le Moteur éternel a disposés, sans acquérir, en
allant et en venant, ni augmentation, ni diminution. Ainsi
est dirigé chacun des éléments ; on peut le dire, chacun est
régi avec sagesse à toute heure et à tout moment, chacun
remplit sa fonction avec succès et selon sa fin. S'il leur arrive
quelquefois de dépasser le but, de s'échpser même, de subir
des défectuosités, hélas ! Assistants dignes d'éloges, devant Dieu
tout ici-bas est créé pour le bonheur, et pour nous amener à
honorer toujours Dieu, au terme de notre existence, dans le
palais de la Sainte Trinité.
Enfin, je suis même assez hardi pour vous prier encore, de
la part des acteurs, de revenir tous dimanche, nous voir jouer.
Vous y êtes invités humblement et de cœur. Puis, je vous
supplie tous de ne point l'oublier, d'apporter chacun une pièce
de trente sous : les pièces de douze sous, les rolets de deniers,
les pièces de deux sous ne seront pas refusés, afin de nous aider
à payer notre souper : et vous. Assistants, si vous voulez nous
tenir compagnie, pour boire chacun un coup, avant de nous
quitter, nous vous l'offrons, certes, de bon cœur.
Dans cette forme, le vers ne rime pas avec le suivant. C'est la seconde dis-
traction de ce genre que nous relevons dans notre manuscrit; toutes deux
doivem être considérées comme des conséquences de la dictée. V. v. 2534.
ji6 L'abbé Eug. Bernard.
Rac-se nep a vanquo, so pedet da digas
Un tri pe pevoar ail, da ramplissan he blas,
Car hoas nemert comans n'hon deus groet hon istoir,
2615 An devoes ail so caëroc'h ebars en pep manier.
Rac-se, compagnones, a voellan ma hellomp,
Dimeus a ho silans, graço d'ac'h a rentomp,
O hortos an de-se, mar guellomp, assuret
E represantomp guel hoas evit hon deus groet.
2620 Anfin, adieu a lavaran, sans adieu, coulscoude,
Quen a veso disul, mar groet d'in ar gras-se:
Rac an nos so arri, hac an amser a près,
Poent eo da pep-hinin comeret he conjes.
Voar-se, compagnones, me a ia da sortian,
2625 Dimeus a guir calon iscus a houlennan.
FIN D EUS AN DEVOES Q.UENTAN .
La Création du monde. 317
Ainsi donc, quiconque manquera à l'appel, est prié d'en-
voyer trois ou quatre autres pour occuper sa place, car nous
n'avons encore fait que commencer notre histoire. L'autre
journée sera bien plus belle, de toute façon. C'est pourquoi.
Assistants, du mieux qu'il nous est possible, nous vous remer-
cions de votre silence, en attendant ce jour, avec l'assurance
que si nous pouvons, nous donnerons une représentation
meilleure que nous ne l'avons fait. Enfin, je vous dis adieu,
sans adieu cependant; au revoir dimanche, si vous nous
accordez cette faveur. La nuit arrive, le temps presse, il est
l'heure à chacun de prendre congé. Sur ce. Assistants, je vais
me retirer, et du fond du cœur je vous demande de m' excuser.
FIN DE LA PREMIÈRE JOURNÉE.
THE FER DIAD EPISODE
OF THE TAIN BO CUAILNGE.
(II. 82 3 21—88 b 52.)
(suite)
[62]. H. 2, 12. ISannsi;? atLvrt C. c. baead ar gaire gomor
dui«dne oific ele adr^ind. uair dotairniiair airmbuiwe çaiso;id
dui«d gomad le n(e)c/; againd dot{uï)tïcdh an(e)c/; élc. leig as
aie ar ¥cr D. oir isfearr Iiu?;zsa docardib Oilill 7 M. nat/vja 7
Sgath(ach) Et sgiath(a) corcrad doriwde anafaistine s'in. eg-
coir duitsi sïii dor(a)d ar C. c. oir is ca^mdalta tusa. do Sgath-
(ach) tu air isai edh dobidmis narndis nartrom coll(adh) afo-
chair aceile. Eî roteigmis arfi;zdoru//d fis 7 forceduil farîen re-
Sgath(aigh) aCugai/z airFi'rD. na agu;;; cained oir ni bah«.yuide
duit no gotaisbenarsa docen// do M. 7 dOilill am(ail) dogeall-
us. henàacht ort ad«f/;laich nab/'/s cairdes na caradrag na
comand oru/;zsa uair soch;rid darsnaide ani;/gen ut islemsa do
torcradar uile Et natarsa cugamsa taraneis uair fuair 1. Isech bas
lemsa darsnaidmed ani/zgen ut.
[63]. LL. 85 a 47-85 b 3. — H. 2, 12. rugsad as anaidci
s'in 7 roeirigh ¥cr D. gomoch i;/lasi;z uair baleis eirgi andail
i;zco/;/raig 7 nireirig. C. c. i;/lasi// nogor duisid agilla Et roeir-
(igh) C. c. andail i»co;;zraig Et adub(air)t F(er) D. is meir-
t(e)c/; imnimhach an(a);w an;/ at ath- an/z adrasta aCugaizz air
¥cr D. nihi;zgnadh [f. 2 b.] damsa sin air C. c. searg anuilc.
Et nafingala doden ar moco77?alta ase ata airmots/rig. Et dar
liuwsa nitici duitsi ïs'vi comrae; so aniuçh nihwrz/sa dazzzsa »an-
The Fer Diad Episode. 3 1 9
techt ann muna tmgind soladh baidh Ulud 7 iad feiw isin ces
naidhin,
Eg. 106 and 20<) =LL, (46) Tadhbhaisdo C. c. midheilbh
môr... seoch gach là oile).
[64]. LL. 85 b 3-22. — Eg. 106. trwagh sin a Fhfr D. ar
C. c-, as dwrsan dhuit techt anagh(aidh) do chomhdhalta. Et dfir
comhtha et caradr(aidh) ar chomhairle mnd san dom(ai)«.
tr«agh sin a C. c. ar Ver D. da ndechuinn si gan deab(aidh)
uaitsidobheinnfumhiochlù gobmth ag Meidhbh. 7 agmaithibh
ceithre noll choig(idh) nEir(enn). trwagh siw a Fh/>D. ar C.
c. air chomhairle flier et bhan an domhainni threigfinnsi tusa.
Et ni dhenfuinn urchoid dhuit. 7 asbeg n(ach) d^fn(adh) caob
chrô doma chroidhe tre bheith agcomhr(a)c friot.
Eg. 209 = LL. (6 lon;z chru — 10 do fhromhadh — 12 ni
bfliuaras — 13 toighecht — 14 daom chluidhthe — 15 cia
tu mochomhdlialta a Chu — 17 Nocha ttaird briathar no bladh
— 19 tolaibh cleas — ro mairneas — 20 air niombladh —
21 IS gaoi cro — beag nar sgarais re manmain// — 22 lin;î gai.
a Fhir Dia gâcha tanadh.
[65]. LL. 85 b 23. — Eg. io6 = (AhaithIeanchomhr(ai)dh
(209 na laoigiie) sin adub(air)t Fer D. An mheid ataoisi ag
cesacht ormsa an/w am mhidheilbh. 7 amidhenamh biaidh se
dobharr ar m6gaisg(idh) 7 adhcrt).
[66]. LL. 85 b. 24-26. H. 2, 12. Cagaisg/W/; arar(i)cam air
Fer D.
Eg. 106 and 209 = LL.
[67]. H. 2. 12. ar arnoirightibh g. 7 g. ar C. c. Cid tracht
tiagaid onaetc. r= 60; — uatha 7 acu. anfuil arsgur etc. —
alamhaib angilla.
[68]. LL. 85 b, 26 — 36. H. 2, 12 : Et docuadar ara-
claidiwîib troma tortbuillecha (3 i) 7 cengailtcr naheich 7 cui-
rit^r nacarb(ait) Et afert bacana iaraind arnacairbth(e)c/;aibh
n(a)c/; sga'ûedb. ISanwsi» dogabad^r adasgiath (30) corcm cli-
thir mora orro inhs'in Et acl(aidhm)i g^ra caindlecha com-
soillsi co7;?arth(a)c/; analamhaibh leo ïnhsin 7 dorindedar
comrag fr/tir fc;-g(a)c/; forran(a)c/; amnas adhm^^r allata ind-
saight(e)c/; 7 robagmaid nahairsigha 7 dogab g(a)c/7 ïer dib
atuargaint aceile.
320
Nettlau.
Eg. 106 and 209 =zLL. (26-37); (28 on chomhthuarguin
(209 combuaLidh) — coimhdiubhrag(adh) (209 tiomrubadh)
— 32 ag sloidhe et ag slear/;/adh, ag oirl(ech) Et ag ath-
chuma acheilé — 34 g(ach) cnoc. 7 g(ach) caobchrô (209
gach tocht et gach ti;zeadha) — 35 slin/zeûnuibh (209 shlin?/-
eanaibh)).
[69]. H. 2, 12. Odoconncadar \ucht nafia;zaisi si« tainig
emeltMJ mor menwean 7 m^rtigi mor aiwcta doibh sïn refaicsin.
truagh angni;;/ doniter aniugh arsiad .i. xnco'vidle glanad Gx-
del 7 lucht a^nfogluma 7 nafir aille andile 7 amean77;a 7 atai-
ris(ma) daceile go [ ] 7 amhctb nambidbad bunaid da
ceile oniiigh amach gobrath trc br/atrrtib buidbré'g ti;77gealtacha
mna cai;//e ceiz/dfinde coi/zzithi 7 tre co;;/adhaib n(em)tso-
wain(e)c/; donn(e)cb dargcall(adh) iad.
[70]. LL. 85 b 37-45. H. 2, 12. 7 dobaisi;z cowrug sin
reïedb [ii[ ]laithi sin gotainig dercdh Ix doib. ISan?zsi7Z adu-
b(air)t Fer D. is sgiath[ech] arneich 7 ismt^rtnech arngillaidi
7 is(edh) mairis aga diar[ ] na bo roime arneich 7 cidh
dui»d antan ba torrs(e)c/; s'vid gansgur. Et do c«zredar anairm
uatha alamhaib angill(a) Et dosgaradar ga« poig ga» hennacht
gan caradrad oceile Et taimc sceghal aco7;7aiMd resgaradh na-
nech 7 nagill(aidh)i 7 nac/^radhoceile 7 nit(u)cadh losa ici na
slainti o C. c. dFi^r D. anaidhchi si;/ 7 nit(u)cad biadh na
deoch o ¥er D. dosu?z.
Eg. 106 and Eg. 209 = LL.
[71]. LL. 84 b, 45-49. H. 2, 12. Et dobu 'widalucht bia-
tha F/r D. .i. 4 holl coicidh Er(enn) 7 niraibhi agbiatha C. c.
a.cht tuathad Br^^ag amai;^ 7 niticidis sin cuigi acht atos(a)c/; no
1^ no tseac/;/mui;7e.
[72]. H. 2, 12. ISanu tainig ¥er D. anucbt atsluaigh asoi-
ch(reidh)i taranath bud des 7 tai/zig M. conamnaïhh. mar
aroibh ¥er D. 7 t(u)csi aithchi ciuil cuigi d[toirmesg] amen-
man 7 aai;zcta 7 t(u)cad fidcilla anafia/misi domesgadh 7 do-
miciali(adh) e do[ ]tibh scrha. suasboga 7 dorinde do dimbn'g
7 darcaisne do gaisg/W/; C. c. atia//aisi F/r D. Et n/r toirw^^g
FtT D. sin ctir cem(a)d coir do adt'na[m]. Et nir codail ab(e)c
anaidhchi sin 7 dam[ad]ail leis nïrlcighcdb do air comairead
aigi airci/id vicomruig vi miciall mor 7 biûch fergi t(u)c leis
The Fer Diad Episode. pi
asin cowrug gom(a)d he dob(er)ad aigi airciwd [in comjraig
ïnhx arnamairech.
[73I. H. 2, 12. C. c. .u°. taiwic roiwe taranath budh tuaighi
7 t(u)c auill(enn) refot coi;;Mi(er)t 7 doleig osnadh egcomXzmà.
osaird. Cadsi» a C. c. ar Lœg. fuil amor adb^^r ar C. c. mo-
g^the cro 7 mo gona agtecht riuw 7 ismor intaàhar damh in
L-ech bmthmi^r mor borrfad(a)c/; ut àotecbt nuni amarach.
uair niseit/rach s/rcalma me inaaîgi Et imigsi ro;;mt le robad
7 le ho'ircisecht dUll(taibh) conach rabaid airmuighibh na armor
reiti tech na armor coitci;/dib nacr/chi conach airgtcr toruwsa
iad oirni tualaiy/d me aingabail feasda. ISann si;z docrom L^egh
acenn 7 rocaidh frasa dich;ï7 der 7 torrsi tr^agh n(em)elaigh
7 mnoirmesg C. c. sin dodena/n uair do ïder fatha innmor im-
nini fod^ra. ISan/i si?/ do measg Lasgh amera seada sith geala
acnedaibh 7 acrclin;;tib C. c. 7 docuir losa ici 7 le(gis) inwta
asahaithle 7 docoirid acxm leab(aidh) cain ndeirighthi C. c.
7 fa leir dosuw cach aisti 7 tr/thi 7 tairrsi 7 nlileir don(e)c/;
dfd'raibh Er(enn) esi// innti 7 dobisu» godubhach acai«th(e)c/;
intisiw gotai/zig an c(et) tr/an daithi 7 dobadar anwsiw beoil
nacned 7 nacrecht aglaigi araceile 7 naluibhe ici 7 le(gis) agab-
(ail) nicrecht nua nurda nanabaid. Et docodail C. c. inaidhchi
sin iarsifz.
[74]. H. 2, 12. Imtz/ja F/r D. u° do eirigh se seal b(e)c
re la Et tue atr^alam g. 7 g. leis gohoirearinatha Et dobid aga-
fiarf(aighe) anfuil an(e)c/; ane aranath so aniugh. Et ni fuair
n(e)c^ naen dafr^agmd an« on(a)cZ; fuair (end 0/ the H 2, 12
fragment, /. 2 b).
[75]. LL. 85 b 46-86 a 25. Eg. ro6 and 209 = LL. {Eg.
126 : 48 7 bâ dana dibhfeirgech deigh neirt an fer thainig anw
sin .i. Fer Dia m(a)c Damhain ; 6 Rô ghabh^fidair afhuaith-
roig niomdhaingin niarnaighe Et ro ghabha^dair anmbûadh
chl(oich) moir iar sin go mèid chloiche muilinw tarrsa sin
amuigh aner/;far ar eg\i an ghaoi bulga an la sin; Eg. 209:
5 ro ghabhastar seacht bpilte licheat do dhamh sheaithe nart-
mhaire tairissin amuigh. ro gh° s° bp"" f° do luirtheach eagnaidhe
diaranu aithleidhte tairis sin a muigh. rogh° an bhuaidh liog
mhor bhudh comhor fria ccloich muiling .i. an liag aidhne
daideimint tug on Aifric tairis sin amaigh an iotar, nach
32 2 Nettlau.
tteasgfadh reanwa no faobhair. diongbhala an ghœi bulga fair.
rogh° (lo); 13 do chriostal et do liogaibh soilseacha oirthear
an bheatha; 16 do tteasgfadh fionna a nagaidh srotha air redhe
et air imgheire (16); mhor mhileata for stuaigh ieirg; 19 tai-
sealbha.
[76]. LL. 86 a 15-36. Lee. Asb^'rt Cucul(ainn) iar(u)m fm
araid aragr^ad antan barnsn fair. Et aramolad intan barœn
riamh ogcomracc fr/a Fer [Diad].
Eg. 106 and 209 = LL. (£>. 209, /. 33-36 before 1. 31-33).
[77]. Lee. IS iar(u)w aspfrt aaraid (ris. Tet anfer tarât
am(ail) teti bott tarcatt. Nodnig anfer amail neghar coiffill-
andai. Not cwra anfer amail cuiress ben boidh am(a)c. Cf. LL.
86 b 20, and 18-20).
[78]. LL. 86 a 37-86 b 8. Lee. ISiarom lot(ar) docluithi
anatha.
Connigsetindromuin Scath(ach) doib diblinaibli. Cloisid F.
D. 7 Cuc[u]l[ainn] clesa ingantai.
Eg. 106 and 209 = LL. {Eg. 106, 51 marasiiil iarthair
Eorpa fer choisgthe deabhtha. 7 dibheirge do Chonnacbtâihh.
fer coimhcYa cnndh. 7 cethra dUlltaibh do chuir do chomhraic
récheile...).
[79]. LL. 86 b 8-87 a 18. — Lee. Luid C. c. iar(u)/7; co-
roleblaing inasciath F. D. Focerde F. D. luath isindath cofo-
thri. Conangresed intara arithisi (/. 18-27) l'i-^tiad 7 infisi
amail anail illess. Forbrid a medh combamoam oltas F. D.
(1. 34-38).
Eg. 106 = LL. (13 amh(àil) mac bheag tar ûr andtha; 17
amhail en beg...; 20 V (also in Eg. 209); 21 am(ail) mheill-
îir hra'nh rôcr«aidh amuilion//; 23 rô chuibhrighesdair thû
amh(ail) chuibhrighes fcithle fiodh (209) feithleann fiodh).
Roch(uaidh) thriod amh(ail) theid séabhac famhionéunaibh
go n(ach) bfhuil do dhlùth na dodhùal régoil (25) — 34 cûar
cera (r/. cûach cera L[7. 79 b 36) (209 ciathastradh) — ; 39-
42 V; 87 a 4-10 V; 15-16 V (aiso in Eg. 209).
Eg. 209 = LL. (20 V; 28 an dreaghain a neullaibh ead-
naibhseach an o^ioir (29); 33 V; 42 gor sgoilteadar et gor
bhriseadar a sgiatha ; 5 1 gor chuireadar an abhann as a hait
et as hionadh et as a corpadaibh coibhsidhe coimh chinte gor
The Fer Diad Episode. 323
bhudh hionadh ionluice do rinneadh dhi for lar an Ath. co-
7zach raibhe bainne (i); 4 budh he a nimeasargain fos. gor
chreathnaidhtheadar et gor uamhnaidhtheadar diosgar shluagh
fhear nEireanw re fuaim a ndeacracht et a ndasacht gor bhris-
eadar fos a ngreadhaibh et a nidheaibh et a leithreannaibh.
do mhaoigheadar et do dhiansgaoileadar fos. mna (8) ;
16 for a bhrath bheidhmean«aibh et for a bhuaidh bheidh-
meannaibh mora mear chalma for Chuchulainu).
[80]. Eg. 106 and 209. Eg. 106 : rô smuain C. c. ar achar-
uid siothbrogha (209 a shiothchairdibh cumhachtacha et a
dheisciobail) do ih^cht dia fhoirighthin ualr ba gnath lais at-
iQcht an72gach eigen ambiodh (209 an tan budh hairc dho isan
ccanrhlann) (uair ni mô eigen ar[raibhe] ariamh ina an teigen
sin). Asann sin dorrac/;^ Dolbh et londolbh àinr,mcht 7 dfoiri-
ghinn C. c. (Et doch(uaidh) ïer diobh arg(ach) taoibh dlié,
Et do bhad^r ag comhthûarguin Fhir D. na ttriuir. Et ni
fhac(aidii) Yer D. na iiodli( )the). Et gidh(edh) do mhoth-
(aigh) toruin/;chles (209 tinneasain) an triair anaointhef/;^
aga tuarguin;?(uma sgéith). Et do radh dia uidh. 7 dia aire
é (Et adub(air)t) (209 et is as a ro eadair) an t(a)M do bhddar
ag Sgath(aigli) (209 et ag Uatha. et ag Aoife), (aga bfiiogh-
luim ar aôn do thig(edhi) Dolbii 7 londolbh dfurtac/;/ C. c. as
g(ach) eigin ambiodh). Adub(air)t Ver D. ni cudrom ar
ccovnhûtns no ar ccompantî/^ an6s[a] C. c. ar se. crét sin ar
Ce. (niwse) ar Fer D. docharad shiothbhrogha (209 : shio-
tharsa ga do thathaidhe) (7 tù f(e)n domthuarguinsi anaoin
îhecht) 7 nir thaisbhéunais dhomhsa ariamh iad ar ¥er D. ni
hur«j-a darahsa sin do dhenaw/; ar C. c. uair da ttaisbentar an
fé fia daoinn(e)ch (209 da ttaispeanainn iad) dom(a)cuibh
Mil(edh) dorach(aidh) andiamhair. 7 andraoigher/?/ do T. D.
D. (209 : ni bhiagh gabhailre d°nored° ag neoch do Tuatha
De Dain) 7 a Fhir D. ar Ce. nir thaisbenaisi coingin chnes
(209 : an conan cneas) dhamhsa Et ata se diomwrc(adh) goile
Et gaisgidh agadsa thorumsa. 7 nior thaisbenais aiadh(adh)
naafhoslag(udh) damh. gorab ann do thaisbens(a)d anuile ghlioc-
as (7 draoighec/?^) dacheile. go n(ach) r(aibh)e diomarc(adh)
(209 diamhair) agaroile acht an gd bulga ag C. c. ciodh ira
acht ôfuaradar na siodh(chair)the. C. c. arna àirtchtn(yigK)-
324 Neîtlaa.
adh. thugadar tri tromghona gâcha fir ar an (airs .i.) ar ¥er
D. Asansin do rddh ¥er D. mcur dà dheis gur mhairbh Dolbh
don deghurchar siw. Rôbhadflfr an da ghuin. 7 an da fhor-
ghoin anaoinfhec/;/ dd thoir(e)ch na dhiaigh sin (209 ag a
chlàoidhe). Asan/i sin do radh ¥er D. urchwr archle C. c. gor
thrasguir. 7 gorthrenmliarbh andara siod(chair) ar lar anatiia
donurcw;'sin. gorah dhesi;î adubbhr(adh) ann ran« (209 do ro
chan an seanchuidhe an ran») :
Créud fd ndubhradh (209 nabarthar) Ath Fhir Dhia : ris
andth mar (209 fair) thuit an triar. ni (209 madli) lugha ro
sliuidhe (209 suidiithe) abliuidhbh (209 i fu[i]dhbh). ath
Duilbh. 7 dth londhuilbh.
Ciàhedh od chonnaradar (209 do thuitedar) na haf//;r(ech)a
caomha cong( )a (209 comhora). Et na beithré cn/adha
chathbhuadhacha bhad^r ag C. c. do thuitim. do nert(aigli)
sin go môr mhenma Fhir D. 7 do hheredh dhd bheim fris g(ach)
beim do C. c,
[81]. Eg. 136 and 109. idcuas an ni sin do Laogh m(a)c
Rian gabhra (209 : O do chonairc Laoi mhac Righ an ghabh-
ra) .i. athigherna dathraoth(adli) (209 ag a throithiugha) do
bheimion//uibh toin/zseamhla toirbhiort(a)cha Fhir D. Asann
sin rô imdliéTg L. um Ce. an tan sin (209 rattus na thim-
cheall. et rogaibh aige gréosugha et aige glamadh Chuchul-
ain«) : (Roeir(igh) hragh. 7 brigh. 7 borrfadh a Ccoin. c.)
gor lion at 7 onfuisi é (o mhuill(ech) go Idr) am(hail) lionus
gaôthonchûôbhelfhosluighthe go nd^rn(adh) sdùaigh duaibh-
sioch adhuathmar dhô. 7 (209 amh(ai)l stuaigh neimhe ria
fms fearthan;/a). 7 rô ionns(aigh) C. c. Ver D. mar dramne
dregan. no mar nert narchon (209 neart ndamh ndighleann
nomar fhioch narchoin).
[82]. LL. 87 a 18-22. = Eg. 106 and 209 : As an;/ sin rô
iarr C. c. angd bulga ar Laoigh mh(a)c Rian gabhra (209 et
ro thochlaidhe an gaei buadha bulga air Laoi. (19) — 20 Et
as Idghair achoisi rotheilg(edh) se é. (209 ro theilgfidhe e).
bhaoi triocha nnn (209 : cuig — LL. .-30 — Lee. 24, see
belouî) — 22 ni bhentaoi — ).
[83]. Eg. 106 and 209. Asanw sin rainic Laôigh roimhe go
heochair iml(ech) anatha (209 na habhanna). 7 go hion(adh)
The Fer Diad Episode. ]2(;
naforghalà (200 na forghabhla foran uisge). 7 rolion anlinn.
7 rô thosd an srwth. 7 rô thoisg œïgeddX anatha (209 et ro
thocht an sruth. et ro chosg eargla an ath) 7 roinwill an ga
bulga. rô fhech ara ¥ir D. (.i. aghioUa) ansaoth^r sin. uair
adub(air)t F^t D. much vath namaidne iris, maith aghioUa
arse. diong(aibh) si L. dhomsa aniu. 7 dingheubhadsa C. c.
(209 diotsa et dfearaibh go brath). trwagh siw aran gioUa.
ni ier diongmhala dô misi. uair as fer comhlain» c(et) eision
(amesg blifer nEir(enn)) 7 ni hedh misi gidhedh on nocha ria
abh(e)c da congnamli, da thigerna (209 gus a thighearna)
thorumsa.
(As amhl(aidii) robhddar na gioll(aidli)e. ba dias derhhra-
thar iadsein .i. Aodh m(a)c Rian gahbra. 7 Laoch m(a)c Rian
.g.), dald Aodii m(a)c Riangabhm. ôd chonzuc L. agdenamii
na fwrghabhla (209 : blii seisean an trath sin ag feitheam/; a
bhratara. nogorolion an linn et go ndeachaidhe sios dinweall
an ghiEi bulga). docii(uaidh) f(e);z (209 : tainic Idhe) sios san
sruxh. 7 ro fhosgail forsaw fhurgliab(ail). 7 ro leig ainwioll
onga bulga. doruithnig(edh) (209 Do ruamnaidhe) 7 do àer-
g(adh) um C. c. ôd coridÀïc ainnioU ag dol ongha bulga. 7 ro-
lingestair do mhaol talmhain go r(aibh)e ar bile sgeith Fir D.
da thuarguin go hetïàm. enamh(ail) (209 athlaimh). 7 do
radh Ver D. croth(adh) anbhail for san sgeith gor theilg Ce.
ar (adh .9. cceimion?^ tar dth siar (209 sair) sec/?/air. sgairtes
(209 gaireas) Et sgréacha^ (209 greuchas). Ce. ar. L. fa
abheith aggabhail alaimh uman gha bulga dinwioll do. reatha^
Laôgh gusann linw. 7 rôghabh uirre (go praip). 7 rethai' Aodh
(209 Idhe chuige). 7 fosgk^ forsansrwth. Sgeimhnios (209
linges) L. go abhrathair. 7 do chomhruicsiod f(or) san lathair
sin. heires L. ar Aodh. 7 esonoir(igh)es (209 easonoras) go
môr é. 7 nior bhûail airm fair (209 nior bhaill leis airm dim-
irt fair). hnas Fer D. C. c. tarath siar (209 soir) linges C.
c. tarbhile nasgeithe. croth^j- Fer D. an sgiath gor chuir Ce.
ïadh .9. eeeimenn tar anâth siar (209 siar). scredùs (209 gair-
eas) 7 sgreachfli C. e. ar L. 7 rô fhogair do an srwth do-
chosg). 7 anga dionnioU. 7 nior leig giolla ¥ir D. sïn do.
iompuigheas L. aris. 7 léages e ar lâr anatha (209 fo thalmhuin).
7 toirbherei' (209 toirbhreas) maôl dhurna môra mionca dhô.
3 26 Nettlau.
tara ghnui's. 7 tar a agh(aidh) gor bhris abhéal. 7 ashrôn. 7
gor faobh (209 shaobh) arosg. Et a radhairc. 7 gor shaodh
uadha (209 tiaghaid — uadha) asa haithle. (7 rô thag(aibh)
na luidhe linin. 7 lan haogh(idh) é) 7 roch(uaidh) f(e);ï gus
an lin;z. 7 rôlion. 7 ro fhosd an srwth. 7 rô choisg gloir
chn'oth (209 glor ghrith) na habhann. 7 ro innioU an ga
bulga. eirghes gioUa F/r D. asa shamh (209 thaimh neall)
iarsin. 7 tug a Idmh taraghnuis. 7 tara agh(aidh). rô thech
uadha tar âth an chomhruic. Et zdchonâirc Laôgh agin?noll an-
gha bulga. 7 reaihas gus an;z lin;z 7 rô leigestair ancl(£edh)i
(209 cladh) go trie. 7 go tin;zesnach. 7 rômheab(aidh) an
abhan« ina buin«t'^(ibh) borbghloracha bhedghartha bann-
dluithe brùaich bhristé aramw^ abhaoithreime (209 bothraidh-
ibh). do ruithen(igh)edh (209 ruamnaidhe). 7 do roidh<3/'g-
adh um Chonn. ce. odr/;o;zairc ainnioll ag dol ongha bulga.
Ro lingestair do chomhthrom talmhan go mbaoi ar bhile
sgeithe Fhir D. aga thuarguin (209 tair an sgeith anuas). do
rddh Ver D. buille da ghluin chleith (cf. Z-L. 86 b 16) for san
sgeith go mbaoi f(or) ocht linntibh andtha (209 go ttarla C°
fo chleithibh talmhain). dorâdh Ver D. teora tromghona for
Ce. glioïàhes (209 gaireas et greaehas). C. c. (go hanbhail)
ar .L. um alamhd do orhabhail uman2;ha bulga dimzioll do.
fhobair .L. anabhann f( ) dions(aighe) (209 fuabras Laoi
gus an lin?î). 7 giàhedh nior leig giolla Fhir D. sin do. ferg-
(aigh)tht' Laôgh (dariribh ria bhrathair) an;z sin. 7 hères
sidhe (209 et tug sithiugha) dia ionns(aigh)e. 7 iiàas alamha
laid/re lanchalma (209 leubhra lan ghasda) tairis. 7 trasgraj
go hathlamh. 7 rô ehrapuill fac(et) oir 7 (rôthaoth uadha asa-
haithlé) (209 et tug sithiugha go solaimh sarchalma). Rô
lion an lin;z. 7 rô innioU an ga bulga. 7 rô fhogair do Choin
.ce. anga bulga do friotheolamh. 7 adbert(209 Laoi so sios):
[84]. Lee. Fowna angai mbulga olintara doUeein do lasan-
sr(uth).
Eg. 106 Fomna fomna an ga bulga a .Ce. chathbhuadh(aigh)
chleas5amhn(aigh) .
Eg. 209. Fomna fomna angaei bulga a Cuchulainn chath-
bhuadhaighe chloidhimh dheairg bhudhdhein 7 c-.
[85]. Eg, 209 Gabhas an Fear Dia ag cosnamh an Ath for
The Fer Diad Episode. 327
Choncculainw gor eirghe an Cucain a nath leim na fainle. et
a ccaoidh an tsiain chleas a bhfraoithibh na fiormam(in)t gor
ghaibh leathad a dha bhonu durlaran ath. daimhdeoin an chu-
raidhe. Fritheolas Cuchulain;^ an ban ghaei bulga tre laghair
a choise dioghraise deise. fritheoW an Fear Dia an ban gœi
do reir a théiste, do rad an sgiath lios gottainic tair a bile isan
sruth Vmn fliuaire. et sileus air Cuchulainn. Et adchonairc a
clileasaibli nimhe uile air inweall aige. et ni raibhe a fiiios aige
cia dhiobii do flireigeoradh air ttus. a ne an cliabh giisei bulga.
no an glaic gheith. no an leathan ghœi lomzsgeith. no an
ceart gh^ei do lar a bhaise. no an ban ghaei bulga treasan
sruth.
[86]. LL. 87 a 23-24. = Eg. loé Od chona'irc ¥cr. D.
aghiolla ar na thraoth(adh) 7 an ga iarna in;ùoll. dorad beim
donsgeith sios danacail ior/;/air achuirp.
[87]. LL. 87 a 19-46). — Lcc. Gaibti Cu fo»aladair 7 imam-
b(eir) do Fir Diadd àùmnrecht achuirp (35). Tochomlai amail
oenga comb cetheora randa .xx. (21). Tairindi F. D. sis in-
sciath sis arsodin (23-24). Atniiara Ce. cuscLungâi osiwsciath
corrobris acleith nasnai conla tnanaai'de F/r D. (25-28).
Tren uindes asdodes (38). Maididasnae foidb mochride iscru
(45). Madroferaw baig dorochair a Chua (46).
[88]. LL. 87 a 25-46; Eg. io6(-42) = LL. (27 gor bhô
leir an leth thall dé iar tt;'eagd(adh) achuirp — 30 air néis.
Rô chaith C. c. an ga bulga alagaira achoisi dionws(aigh)e F/r
D. (32) — 36 dd thoirnimh — 38 V-42 alamh ganlock um
len: — ); (43-46): Nicoir taobh retroigh : teid go moch ar
dth — rémo dhaltân saor seng: do chlaôn Meadhbh molamh
— Tiocfaigh brain is baidhbh : dthegh(adh) mairm ub ( )-
da — iosf(adh) infuil is in feoil : mana sgeoil dhuit ahu.
ahu.
Eg. 209 =: LL. (25 fuabras Cuchulainn an ceart gh^ei do
lar a dhearnoinwe. tair bhile na sgeithe et tair bhrollach na
luiridheet anchonan chneas gear bhudh reail don leith allurdha
(27) — 30 iar ndeais. et iar ttogbhail a sgeithe suas dFear
Dia. do ro dhiridhe Cuchulain» an gœi bulga air niotar dion-
saidhe Fhir Dia go ndeachaidh (32) — 38 is trean uinse as
do dheis — 41a lamh gan locht — 43 Nicloiseat — ).
328 Nettlau.
[89]. LL. 87 a 47-87 b 9. £V. 106 and 209 = Z,Z, (Eg.
106, 50 ^OM?u agh(aidh) réhdth andes ag feraibh Eir(enn).
leiges (i) — 3-4 (Et — ddshaigid) V in Eg. 106 and 209).
[90]. LL. 87 b, 9-25. Eg. 209 = LL. (il cora dhuit a
mhor mheanma — 14 dom rimirt — daithle — 16 a mhor
mhaoidheamhtha — 17 rosfhagaibh — ruir(e)c/; — 18 go
wbeainfeadh molamh — 21 ni bheith).
[91]. LL. 87 b, 26-36. Eg. 106 and 209 = LL. (35 uair
asiad rôfhidir moghniomhr(adha) goile. 7 gaisgidhsi; Eg. 209
IS anw sin adubhairt Cuchulainn. Maith (27)).
[92]. LL. 87 b, 36-49. Eg. 209 = LL. l^j daig — 40
Connacht V — 41 et^r — 42 fhidchell V — 42 et a dubhairt
na teas bhriartha sa aige moladh a nFir Dia go truagh tuir-
seach. Ni badh (42) — 42 laoch leattrastar — 43 ndeilinn
datha — 44 buibhreabh baidhbh beuil dearga — 45 ni budh
cruaidh gheabhas gach — ).
[93]. LL. 87 b 49 -88 a 2. = Eg. 106 and 209 (50 doradh-
sad Connachtmgh — ).
[94]. Eg. 106 and 20^. Gidhedh ni ihiiairw^ aria/;?/; comhrac
as mo do chuir oram na dochomhr(a)c sa. 7 chomhrac aoin-
fhir ek .1. maôn m(i)c fein (209 aon mhic Aoife).
[95]. LL. 88 a 2-18; Eg. 209 =. (3 ardot chla^datli — 5
budlî dursan air sior sgaradh — 6 ag Sgathaidhe saig Ma-
nan7mn. iondair — 7 g us an »îbas «ibrass — eascairdeas —
9 nglanda — 10 taladlia wrlabhra — 11-13 V — 14 o do
char gai angliadh — 15 aria/;//;).
[96]. LL. 88 a 19-25. Eg. 106 and 209 ^^ LL.
[97]. LL. 88 a 26-33. — Lee. Dursan aeo oir a F. D. aain.
a bailcbemnig chain. babuadach dolam (26, 27). arcomaitw^
coem. aairer nasul. dosciath combil oir (30). docloidem ba
coem. Tornasc arcait bain. i/»mo dolaim soir. Dfliithchell
bafiu moir (31). DogrMadli corcm choin. Do barr buidechas
babras (28). ba cai/îsetdo cris duill(ech) mœth. nobith imod-
thoeb (29). dothoitim fn'aCu. (32)badirsan aLoeg. niranacht
dosciath. no bid lat f/'/afeidm, arcomracc incor- armaircc asar-
ndeilm. bacai/x inscal mor. nobristi arcach sluag. nocw/rthea
fotrmg. dwfsan aeo oir. a Fir D. (33).
Eg. 106 and 209 = LL. (27 a bhailc beimn(igh) b(adh)
The Fer Diad Episode. 526
caoimh ; 209 a bhailc bheidhmean«ach chaoimh (= Lee.') —
28 Dobharr buidhecas : ba bras bâ caoin séad — 30 Ar ccom-
altus ba caoimh (so m Lee.}; badh cain, Eg. 209; cain L.
Z,.), — 32 nir bô cumhac/;fa caoin ; 209 nior bhudh comhaidh-
is caoimh.).
[98]. LL. 88 a 34-37. Eg. 106 = LL. — 7 rô bheanw an
ga bulga as. gon(adh) i sin Oigidh Fhir Dia go nuige sin.
finit, (endof Eg. 106).
Eg. 209 ^= LL.
[99]. LL. 83 a 37-88 b 29. Eg. 209 == LL. (i Rainweall
— et Ruadha mhacForniuil — 7 daimhneanw is daimhuileanw
— 9 leathan lantirc — 12 beithdis easarga. idir fein«eadha
finwealga — 18 ata dhe, do dhaltanaibh Çalso 22) — 19 gan
aon ni diomluath — 20, 21 V — 23 on ghleo fhrithir thurach-
ras; — 25 a Chuagain).
[100]. LL. 88 b 29-52. — Lee. 7 idem : Cluithe cach caine
cach. co Fer Diad isindath (31). d«rsan uaitne oir f(or) fuir-
medh f(or) ath (38). Cl(uich)i cach. caiwe cach. co Fer D.
isindath (42). indar iimsa Ft'r dil Dia(d). isamdiaid nobiad co-
brath (43).
Eg. 209 ^= LL. (29 go ndubhairt an laoi — 32 ro dhrui-
nms rath — 35 ionan?î astar uathadh — after 35 : 37 — san
Ath. Sgathach tug da sgiath. dhamhsa is dFear Dia trath. +
40 etc. — 41 baoth iomar bhrat/;; before l. 44 : Cluidhthe gach
gaine caich. go roiche Fear Dia san Ath — 52 fear no thu.
Con e sin comhrac Fir Dia agas Choncculain.
A lyth cent, paper Manuscript, marked Nr. 16 in the Fran-
ciscan Convent, Dublin contains besides Breislech Mhuige Muir-
themhne (pp. 5-18), a story about king loruaith, his sons Cod,
Cead, Michead, about lollann etc. (pp. 23-83), a collection of
poems (pp. 103-216), and the story of the death of Cerbali and
Farbhluidh (pp. 217-230; end of the Mss.) the death of Fir
Diad (pp. 83-102). This text begins thus (p. 83) :
Comrag Fir Diath et C^07KCul(ainn) andso.
Revue Celtique, XI. 22
J30 Nettlau.
ASandsin dohiomraideadh ag&roibh Eirionw cia budh coir
dochathughadh et dochr(uadh)chomhrag re Coin ccathbhuagh-
(ach) Ccul(ainn) amocha na maidne arnamarach. Adubradar
cach uile gurabe an feidhm n(a)c/; (ulomgiher Et anborbfrea-
gartach biodhb(adh) 7 an tren mhil(idli) trasgartha trow-
chomMoin» Et an caghain chneasach ahiorrwj Domhn(an) .i.
dile 7 dearbhchomhalta C6inchul(ainn) b(udh)dhein Et acheile
comhghaiscidh. 7 comflioghlama .i. Ver D. m(a)c Domh(ain)
mie Daire Domnnandoigh .i. an mil(idhi) ar morchalmac/?/ os
feroibh Domnù.nn uile, ôr ni raibhe clcas goile no gaiscidh ag
Coin .ce. nachraibhe ag Fior Dh. acht cleas anghaoi bhulga
nama. gidheadh darleosan. dobi iongabliail anchleasa sin fein
ag. Fior. Dh. doigh aschneas coghna. 7 cnamha baoi uime
g(on) nach gondaois airm naidiolfhaebhoir anam catha no
comhl(ainn) é.
Arsin faoigheas Meadhbh feasa Et teachda archeand Fir Dh.
ro ér Et ro aiter Feir D. natec/;/a sin or daithin antadhbhur
fa raibhe .M. dia tochuir 7 etc.
and ends (p. 102) : Asa haithle sin adap(air)t. Ce. ni denad
fir h£'r(enn) fir fear a ccomhl(aun) na feineachus flatha dui»e
tareis Fhir Diagh do thuiti//i lin?? amhl(aidh sud) (cf. LL.
87 b 6-7). oir dofheadadar nach bfhuil aca aoinfhfr dar thea-
cht^i docomhrac riomsa tar eis Fhir Dhiagh. oir ni dingne
Connacht(a)ch. re cath Mumhan g(an) iomr(adh) re Fear D.
oir ni dinglamh laoich ledeoraj curna crt'ac 7 ni huaidredb
baidhbhe beild^rge fa sgoruiph sgathuighe comhr(a)c Fir D.
gurthuit donlathairsin (cj. LL. 87 b 42-45).
Asa haithle sin cosguir^j- Laogh e 7 heanas angaoi bulga as
(cf. LL. 88 a, 36, 37) 7 teid andeaghaidh. Ce. 7.
iompôighiscrwthdo Coin .ce. aga cloïsieacbt nadeagh(aidh).
Cidh imandenas in elogh erotha sin aCûagain bar Laogh. dar
liom ol .Ce. ase Fer D. ata agumthsaighe gaeh leth diattei-
ghim 7
as cluithe dhamh g(a)c^ comhrae da ndeirnus riamh gusan
ccomracsa Fir Dhiag. (cf. LL. 88 b, 27-29).
cconade comhrae Fhir Dhiagh agas Chonecoll(uinn) go
nuigesin. 7r. finis.
i
The Fer Diad Episode. ^ji
Notes to i-ioo.
a. Eg. io6 : on lûan samhuin ; cf. Zimmer pp. 545-6(^1,.
version).
b. Conall Cernach is « accriochaibh anaithnidh allmhurdhd
agtabhach ciosa 7 cdna Ul(adh) » ; this is not mentioned in the
other versions of the T. B. C, but corresponds to Cath Ross
na Rïg (LL. iji b; Zhnmcr, pp. 491-2). He is mentioned
in LL. 87 b 33 together with Loeg and Fergus, no allusion
being made as to his absence, but that passage is to gênerai
to allow to décide, whether Conall was really absent accor-
ding to LL., or whether this be the last trace of his présence
in LL. too, the others having been eliminated by the immé-
diate compiler, to make his text square with the later Cath
Rossna Rîg story. He occurs in Lee. in the list of the Ulstermen
(LL. 94 b), coL 837 after the enumeration of the hosts of the
Ulstermen by Mac Roth : « Ni thanic di Conûl Cernach cond.
mor buidi?z, or M(a)c Roth, nithangadar iri meic Concobar
ccnatri coectaib cet. Ni thanic ira C(u)c(hulainn) and iarna-
crechtnug(a)d mn ecowlund » ; col. 640 (after the list, LL.
102 a) « Imth//ja Concul(ain) im(orro) is(edh) iwdister sund
coleic. feg dui?zd amopoppa a Loig, cmàus fechta Ulaid in-
cath i«dosa. is ferda olintara cia conualaindse mocharp(at) 7
oen ara Conaill Cernaich dï inacharp(at) cotiasmais onoiti (1-
e, written over o) diaraile di;z diumregad crua na fonnad tr/t » ;
col. 642 after Cormac Conloinges had saved the life of Con-
chobar in the way told in LL. 102 b Conall Cernach gives
the same advise again to Fergus (« Clig natulcha tairrsiu 7 na-
dusu iwpu, ol Conall C. ; Cormac had said : « Ben a iri tel-
cha iarsiu di dolaiw slig i;?imud do cach leith » etc.'); Fergus
acts accordingly and Cuchulinn heard this (LU. version), « no »
he struck thèse bloms « forsciath Concob(air) fodeisin » (LL. ver-
sion). So we see for the second time (the first case was the tel-
ling of the Macgnimrada) Cormac taking the place of Conall
in the LL. version and in that LL. version which is used in
LU. and Lee. too (this version I shall henceforward design
332 Neîtlau.
by : 11 version). That originally the LU and LL versions
only differed with regard to this point in Conall being with
the Ulstermen (LL.) or with Medb (LU.) and that his
absence as told in Catb Ross na Rïg is a much later story, in-
vented, may be, to give a basis to that later taie, is, I think,
shown bythe following from Lee. (col. 625): « 7 am(ac) Co-
nall Chernach anais lais ocathimthirecht diclochaib 7 gaib »,
se. Amairgin, his father, who had come to fight the Con-
naughtmen (LL. 92 b 39-93 a 30). This I hold to be taken
from the XX version and to be a rest of what was told about
Conall until his name was used for Catb Ross na Rïg.
c. Fraoich mac Fiodhaigh : ef. Zimmer p. 495 ; he is not
mentioned in the LL. version; so Eg. 106 coïncides in a) ria
samhuin andb) Conall Cernach with the LL-, but in c) Fraoich
w^ith the LU version.
2. Eg. 106. tuairgain darach do dornaibh, cf. H. 2, 12, //
« tesargain darach do dornaibh » where other such proverbial
expressions occur.
Lee. a) in feidm nach fuilingther : also in the Franciscan
Couvent Ms., but not in Eg. 106 and 209.
b") in bairi?zd leccbratha; cf. Eg. 106, i) « as brogh leomh-
ain. Et as maidhm dibfheirgé. Et as barrann brdtha. Et is
tonw bhaidhthe biodhb(adh) é » and Zimmer pp. 516-7; (in
Lee. this word occurs not in the passage corresponding to LL.
93 'a, 8, 9 « comma frecraidis naclocha ïsm naer »).
12. Lee. Diatoichle etc. cf. Z. pp. 481-2. To LU. 67 a
23 etc. corresponds in Lee. : 23 rod bia cadan coleith; 24 dia
tonda dî iasc annesaib no anindbi^raib rodbia eo .i. bratan etc.
(LU. version, Z) ; to LU. 68 b 17 etc. corresponds : dia tonda
iasc isnahaibnib no isnahi;/dbt'raib robia bé coUeith araile. diati
iall imasf rotbia ca::uth colleith araile. dorun biroir no fémur,
dorun fochluchta deog[a] degani/n. Teacht innath ardochend
tis mathecr[a] tim[f]aire coco?;/thola rotbia (LL. version, Z.).
Ms. Eg. 1782 has (LU. 67 a): caud — diatonda dan- iasc
aninbera rowbia iech colleth alailiu. Rowbia natngaiss .i. (27);
27 fochlochta; (LU. 68 b): 18 Dia tonna iasc isnahinbfruib
rotbia eu coleth arale. Diati iall — 19 cad colleith — 20 dornn
fothluchto. Ifwe compare the words of Lee. 12 (col. 612)
The Fer Diad Episode. 3JÎ
Diatoichle etc. with LL. 71 b 17 etc. and with the two texts
in LU. we find them agreeing with the LL. text and, since
they are not found in LL. we seem bound to ascribe them to
the AÀ version. Certainly their existence inthree différent places
is better explained if we look at them as an indiffèrent often
repeated formula, than by using them as a means to establish
the identity of différent épisodes in différent texts as Zimmer
does (pp. 481-482). If this passage did occur in LU. where it
is lost, Z, must needs be to assume that it was first taken
by Fland Mainistrech from the x version (Lt7. .67 a), then
from the LL. version {LU. 68 b) and for the third time from
the aX version (^Lec. col. 612); besides this, as LU. 68 b (LL.
version) does not agrée with LL. 71b nor with Lee. 612
(aX version) it must hâve been taken from a LL. version which
was neither LL. nor XX, the LL. version known elsewhere to
the compiler ofLt/. (Lee., Eg. 1781). So if the end of theLf/.
version had not been kept in Lee., Zimmer, pp. 481-2 might
hâve met with no opposition. A few lines afterwards (LL.
82 a 13-15) we find : on luan iar sawfaiw (14), in Lee. If we
may conclude from the différence of the passage quoted (Dia-
toichle ete.') in LU. 67 a and 68 b and LL. 71 b and the iden-
tity oî Lee. 612 and LL. 'ji b, that LU. 67 a and 68 b are
taken fiom the x version and LL 71b and Lee. 612 from the
XX version (of which LL. seems to be a Ms. a little more uni-
fied and simplified than the original) we must ascribe iar of
the LU. version (LL. n') to the compiler of the LU. and Lee.
texts, who seems to hâve introduced it hère into a XX- passage.
This fact would enable us to warn to ascribe passages with iar
samain in ail cases to the x version; the compiler simply had
the idea that iar samain was right and introduced it in what-
soever passage it would be necessary.
50. With this poem the fuU text in the B. of Lecan ends
(col. 618); the following short account of Fer Diad's final
struggle with Cuchulinn is written in a hand, similar to that
of the scribe of the other parts but with more récent ink.
It comprises eols. 618 and a part of 619, then follows an al-
most illegible note by one Cathal, mentioning the year 1770;
the rest of col. 619, col. 620 and the two following cols, (on
334
Nettldu.
the back of this fol.) are blank. The full text recommences
on col. 619 (= LL. 89 a i) and is complète until the end.
51. H. 2, 12 owluan REsamai?^. Cf. the notes to 1 and 12.
80. Dolbh and Indolbh ; on Dolbh see Zimmer, p. 605-
606.
83. On Aodh or Idhe see Windisch, Irische Texte, II,
p. 199, n. 4.
84. Fomna — this word occurs in Cuchulinn's fight with
Cùr in LU., written foghna in the corresponding passage of
Ms. Eg. 93 (which differs in this part bothfromLt/. and LL.}.
The results of the preceding comparison of our Mss. are
comprehended in the following synopsis.
LL.
81 a 21-45
81 a 45-81 b 3
81 b i-./i
81 b 45-46
81 b 46-50
Ms. Eg.
209
Eg. 106
l
Y. B.
OF Lecan
H. 2, 12
-2, 3
-2, 3
«^'2,3
- 4
[after
— 4
9: (5)
>4
— 5
6
(=28)
7
— 7
(8)
(10)]
— 7
- 9
S
6
7
- 9
— 5
(=28)
7
8
10
- 9
(5)
(7)
— II a
- iib
- iib
(introduction)
(Fer Diad and Medb, on the
gifts)
(poem : Feaidhm ismo, etc.
(Fer DiadgoadedbyMedb's
lies about Cuchulinn).
(Fer Diad made drunk by
Medb)
(Fer Diad pledged to fight
with CuchuHnn)
(poem)
(see above)
( -
( -
( -
( -
i. Parts, marked c-^ agrée more or less with LL. ; parts marked ^ dif-
fer alltogether from it.
The Fer Diad Episode.
ÎÎ5
LL.
îi b '50-82 a 9
82 a 11-17
82 a 17-18
82 a 1^-43
82 a 44
82a 45-51
82 a 52-82 b 6
82 b 7-1 1
82 b 11-12
82 b 13
82 b 1^-2$
82 b 26-28
Ms. Eg.
Y. B.
209
Eg. 106
OF Lecan
H. 2, 12
— 12
— 12
>I2
13
- 13
- 13
— 15
14
— 14
16
16
16
- 17
— 17
19
- 17
18
— 20
— 20
— 20
(34)
— 21
— 22
— 22
<rvû 22
- 23
- 23
c^ 23
— 24
- 24
>24
- 25
- 25
26
— 26
- 26
- 27
- 27
28
29
- 30
— 50
C^2 30
31
(dialogue between Fergus
and Cuchulinn ; on cnes
congna)
(dialogue continued)
(poem)
(end of the dialogue).
(Fergus went home that he
might not be suspected
to be a traitor if he sta-
yed longer with Cuchu-
linn)
(Cuchulinn on Loeg's ad-
vise went this night to
Emer, his wife).
(ni lia molas duinn, etc.)
(refers to 10, 8, and the
poem Feidhm as mô
etc. (6)).
(poem)
(Fer Diad's celebrad do fhe-
raibh Erenn (thrice);
dialogue between Aihll
and Medb ; Fergus went
to the Ath before Cuchu-
linn whom he believes to
hâve left from fear of him;
his charioteer reminds
himofCuchulinn's deeds
of valour in the fights
with German Garbglas
(c/.LL. 88346, etc.) and
?36
Nettlau.
82 b 28-34
82b 35-3
82 b 38-40 — 35
82 b 40-44 — 36
82 b 44-50 — 37
82 b 51-83 a 7 — 38
83 a 8-10 I— 39
8^ a 11-21
Ms. Eg. y. b
209 Eg. loé OF Lecan H. 2, 12
— 32 — 32
33(-)
34
83 a 22-39
83a 40-83b 3)
53 a 22-^c)
83 a 40-83 b 3
83 b 3-4
83b 4-23
8^ h 2^-84 a 4
41
34(-)
- 35
- 36
- 37
- 38
- 39
- 41
(— ) 42 — 42
(—42
- 47
42)
47
<32
(cf. 32)
(=21)
<r«o>37
>38
^>39
40
(46)
>42 —
43 -
45
46
-47-
49
50
c^i 42
[43?]
44
c^ 45
c-o 47
- 49
51
the rechtaireof Scathach.
Fer Diad blâmes him).
(Fer Diads charioter ag for-
aire etc. as he was told
to do (in 32, Lee).
(see above ; Cuchulinn
went to Emer).
(Lee, cf. 32 and 33.)
(poem)
(Fer Diad rises and takes
his arms).
(description of Cuchulinn
and his charioteer).
(Fer Diads charioteer ex-
tols Cuchulinn's strengt h
and valour).
(He is seriously reproved
for this by Fer Diad).
(poem)
(Fer Diad calls Cuchulinn :
Cua ; glossarial expia-
nation ofcwa).
(poem) (End of the fuller
text in Lcc).
(dialogue between Cuchul-
inn and Fer Diad ; on
luan re samain; comrac
re seisir laech etc.).
The Fer Diad Episode.
n?
LL.
84 a 5-8
84a 9-31: 53
84 a 31-34
84a 43-84 b 50
Ms. Eg.
209
-52
— 54 - 54
Eg. 106
- 52
55
84 b 5 1-85 a 3
85 a 3-47
85 a 47-85 b 3
85 b23
85 b 24-26
85 b 26-36
85 b 37-45
[84 b 45-49]
— 55
- 59
61
63
64
65
66
Y. B.
OF Lecan
59
— 61
-63
64
(prose)
-6s
— 66
70
- 70
H. 2, 12
<^ 5S
56
57
58
c-o 59
60
c>o 61
62
c-o 63
c-o 66
67
69
(Fer Diad sends the advise
to Ailill, to send the
host with the steer and
the other spoil away ;
Fergus warns them against
doing so as nothing
would keep back Cu-
chulinn in case he heard
that the steer etc. were
driven away).
(CuchuHnn rises and speaks
with Loeg whilst wait-
ing for Fer Diad).
(dialogue between Cuchul-
inn and Fer Diad).
(Fer Diad and Cuchul-
inn first display their
cless's as on the day be-
fore).
(dialogue between Cuchul-
inn and Fer Diad).
c^o 70
)-7i
(^z 60, as on both days
before).
(the spectators apprehend
that the fight now takes
a serious turn).
(the Brega are not men-
3î8
Netîlau.
LL.
85 b 46-86 a 25
86 a 25-36
(8)-i8
Ms. Eg.
209
Eg. 106
Y. B.
OF Lecan
H. 2, 12
72
73
74
(The
shorte-
ned text
(End of
the frag-
ment in
in the-
Ms. H 2.
Y. B.of
12).
Lecan
begins) .
- 75
— 75
- 76
- 76
oo<76
77
78,79
— 78,79
c^<
80
- 80
78,79
81
- 81
tioned in Mss. Eg. 106
and 209).
(Fer Diad comforted by
Medb; he cannot sleep
this night).
(Cuchulinn wants to send
Loeg to rise the Ulster-
man; Loeg cures his
wounds and he sleeps).
(Fer Diad went to the Jth
before Cuchulinn ; [hère
the Ms. breaks offj).
(Loeg abuses CuchuHnn,
as he was told to do un-
der certain conditions,
evidently before the fight
commenced).
(Dolbh and Inâolhh, two si-
dhe, went to the right
and left of Cuchulinn, to
support him as they al-
ways did when he was
in danger. Fer Diad
when objecting to Cu-
chulinn, that this was
not fair play, is reminded
of his cnes congna. Fi-
nally Fer Diad kills the
two sidhe).
i (When Loeg sees Cuchu-
The Fer Diad Episode.
3Î9
LL.
Ms. Eg.
209
Eg. loé
87 a 18-22
- 82
- 82
83
- 83
84
-84
85
87 a 23-24
87a 25-46(42)
86
- 88
KJ\J
—88
87 a 47 b 9
87 b Ç-2S
87 b 26-36
87 b 36-49
87 b 49-88 a 2
- 89
90
- 91
- 92
- 93
89
- 91
— 95
94
— 94
88 a 2-18
- 95
88 a 19-25
- 96
- 96
88 a 26- S3
88 a 34-37
- 97
(poem)
- 98
- 97
(poem)
- 98
(End of
Ms. Eg.
106).
Y. B
OF Lecan
57
(85+86+88)
97'
H. 2, 12
linn fiercely attacked by
Fer Diad, he abuses
him ; Cuchulinn gets
angry and is described
in terms somewhat si-
milar to thèse of LL.
86 b [his distortion].
(Loeg sets the gae bulga
upon tlie stream; he is
several times hindered
from doing so by his
brother Aedh, thechario-
teer of Fer Diad, whom
he kills at last).
(Fomnafomnaangai mbul-
ga, e/c).
(Fer Diad and Cuchulinn
with the gae bulga).
(poem)
(Cuchulinn remarks, that
only his fight with his
and Aoife's son was as
difficult for him than
that with Fer Diad).
340
Nettlau.
LL.
a î7-b 29
8 b 29-52
Ms. Eg.
209
Eg. 106
Y. B.
OF Lecan
H. :
, 12
- 99
— 100
100<r>o
The uncontested fact that the LU text contains the mate-
rials of LL. and a number of différent versions of épisodes and
some new épisodes can be tested again by the conclusions which
it is easy to draw from the preceding synopsis and the extracts
from the Mss. The manner in which Fer Diad is finally in-
duced by Medb to pledge himself to fight CuchuHnn, parts of
the dialogue between Fergus and CuchuHnn, Cuchulinn's
nightly visittoEmeron Loeg's advise, Fer Diad's taking leave
from the Connaughtmen and Medb's comments on it to AiHll,
Fer Diad's conversation with his charioteer on Cuchulinn
and the réminiscences of their former comradeship told by the
charioteer (31), Fer Diad's waiting for CuchuHnn on the first
morning, the description of Cuchulinn and his charioteer,
thèse and a number of smaller détails of the Y. B. of Lecan
text (which is a Ms. of the LU. version, independent from
Lt/.) represent other versions of or additicms to the parts
of LL. — Mss. Eg. 209 and 106 cannot be separated from
each other; in a great number of points they agrée only
amongst themselves and differ from LL. and Lee. In what they
differ amongst themselves must be partly attributed to the late
corruption of Ms. Eg. 209 which I hâve found to exist by
comparing parts of it with Mss. of the same rédaction, like
Stûwe Ms. 984 and Add. Ms. 18748; whether the same is the
case with Ms. Eg. 106 a comparison with the numerous other
Mss, of the Fer Diad épisode will show; f .i. the Franciscan
copy, the only other one which I hâve as yet seen, differs
considerably at the end and contains even things not told in
LL. and Eg. 209 and 106. Eg. 106 and 209 contain on the
whole the modernised LL. text (as in the rest of Eg. 209,
Add. Ms. 18748, Stowe Ms. 984) with interpolations from the
LU. (Lee.) text. Thèse interpolations are for the greater part
common to both, but it can be plainly seen from e. g. the va-
riants of the poem (ly) or the account of Cuchulinn's visit to
The Fer Diad Episode. 341
Emer etc. that Eg. 106 agrées often with Lee. where Eg. 209
agrées with LL. To form a right judgment on Eg. 209 it is im-
portant to know that the whole remaining text of the Tain con-
tains but a small number oi LU. {Lee.) influences, but some
undoubtedly exist. If only the Fer Diad épisode oîEg. 209 had
been kept, what wrong conclusions might hâve been drawn
from it, as to the interpolations from the L U. version in the
late LL. texts ! So we know that only just this part has been
interpolated from Lee. and no other in any larger degree. —
Things become not clearer by the existence of Ms. H. 2, 12.
A few words of it (in 42 and the gloss on cua 49) agrée
with Lee. but otherwise it contains a great number of new
materials not met with in the other Mss, So the words of Fer
Diad to his charioteer in 45, the advise of Fer Diad to Ailill
to send the steer and the other spoil away etc. (56), Fer
Diad's and Cuchulinn's conversations (55 where a number
of persons with whom they had fought before are named, and
58, 62), the cless's displayed every day before the other
manners of fighting are resorted to (éo, 67), the spectators
(69, cf. 56), Fer Diad and Medb, the last night (72), Cuchu-
hnn and Loeg, the last night (73), Fer Diad on the mbr-
ning of the last day (74), where the fragment ends. It is re-
grettable that the Lee. text is déficient on most of thèse places,
but the few corresponding passages kept (42-50) and the
fact that ?ione of the H 2, 12 additions are interpolated in Eg.
209 and 106 as many of the Lee. text are, tend to show that
H 2, 12 contains an independent text. The gloss on eua in
59 (==: Lee.) on one side, and re samain and the eventual
fight of Fer Diad with six Connaughtmen in 5 1 (t= LL.)
show influences oiboth texts on if . 2, 12. I am not surprised
at the existence of such a text as I know the fragment of the
Tain in Ms. Eg. 93 which contains numerous independent
parts together with some agreeing close with in one case LU.,
in the other case LL., but on the whole showing a marked LL.
influence. I know that Ms. H 2, 17 contains two large frag-
ments of the Eg. 93 version, of which I hâve no copies;
perhaps they contain the Fer Diad épisode. At any rate I can
assert — and from my article on Eg. 93 it shall be seen — that
342 Nettlau.
H. 2, 12 is not of the Eg. 93 character in so far, asinthis Ms.
épisodes of LU. or LL. occur more or less Verbatim. One
explanation would be that H. 2, 12 (being an £"0-. 93 version)
followed tlie missing parts of Lee, but this cannot be proved
and the non existence of interpolations from tlie missing Lee.
parts in Eg. 209 and 106 is an argument against it. Or are we to
assume that the deficiency in the Lee. text is old and the non-
existence of Lee. interpolations in Eg. 209 and 106 is a con-
séquence of it ? In that case we might hold H 2, 12 for the
Lee. or the Eg. 93 version text which would be practically
the same as the Eg. 93 text too would be the Lee. text, per-
haps with independent additions. Another crucial point is the
short account of Fer Diad's death in Lee. Extracts from larger
texts hâve been sometimes made on account of the glossed
words occurring in them, so trom the Tripart. Life of Patrick
(see Stokes, I, pp. xlvii-lvii) or from the Cath Catharda in
Ms. // 3, 18, but the small text in Lee. is not of that cha-
racter. We cannot hold it for an extiact from the LL. text,
nor consider it to be independent trom the Lee. text which
Eg. 209 and loé seem to hâve known in this place again,
cf. 84, nor hold it to be the real Lee. text. So I think it is
an extract from a fuller Ms. probably of the Lee. or even the
aX type ; the language shows that it is rather old.
The preceding remarks permit thèse conclusions with regard
to the text of the Fer Diad épisode :
1. Lee. (up to 50) = LL. -\- other versions of épisodes
and additions, hke LU.
2. Eg. 209 and ro6 are based on the LL. text with Lee.
interpolations (up to 50).
3. Eg. 209 and 106 are on the whole inséparable from
each other.
4. Eg. loé contains Lee. influences, where Eg. 209 agrées
w LL. ; the contrary does not occur.
5. i^ 2, 12 agrées partly with Lee. (42-50), contains
many new materials, and is not used in Eg. 106 and 209.
6. The interpolations in Eg. 106 and 209 cease where the
full text in Lee. ceases, except those at the end (Dolb and In-
dolb, Loeg and Idhe (Aodh) ete., which are not taken ÎTOmLee.
The Fer Diad Episode. ^43
7. The shortened text in Lee. ïs taken from an old (^Lec. ?,
not LL.) Ms., but being entirely individual work ofiers no
means to décide whether the two accounts of the gae bulga
struggle and what preceded it, amalgamated in Eg. 209 and
106, did exist in Lee. (which is probable, but if point 6 is taken
into account, an argument against the conclusions one might
draw from 6) or not.
The most probable genesis oï Eg. 209 and 106 then seems
to be : from Mss. like Stowe 984 or Eg. 209 of the moder-
nized LL. text (with small older altérations oftheZ,i7. type)
the Fer Diad épisode was taken and interpolated as in Eg.
106 and probably the other Mss. of this épisode. Later on
this text was intruduced in the Mss. of the whole LL. Tain,
which was easy enough, as the LL. text remained as the
basis of the new text; some parts which openly disagreed with
LL., were omitted (f. i. the visit to Emer) ; hence the LL. in-
fluences in Eg. 209 and theLee. influences in £"^. 106. Anexa-
mination of the other Mss. of the LL. Tain and ofthis épisode
will probably clearup many small divergences etc. between the
Mss. Eg. 209 and loé which are as it seems only inferior re-
présentants of the class which they represent. A comparison ot
parts of Stowe Ms. 984 with Eg. 93 and 209 shows concor-
dances oî Stowe Ms. 984 with so independent a Ms. as Eg. 93
which are derfectly obscured by modem corruptions in Eg. 209.
As to Ms. H 2, 12 it is useless to make further remarks be-
fore the existence or not existence of this part of the Tain Bo
Cuailnge in Ms. H 2, 17, our last refuge for this and many
other questions, is known.
Max Nettlau.
March 18, 1889.
MÉLANGES
EPITAPHE BRITANNIQUE CHRÉTIENNE.
Une inscription celto-britannique a été découverte l'au-
tomne dernier par des excursionistes de la British Archaolo-
gical Association h. Chesterholm, l'ancienne Vindolana, l'une
des stations du fameux mur d'Hadrien. Elle est gravée en ca-
ractères grossiers sur un fragment de pierre dont nous emprun-
tons le croquis aux Proceedings de la Société des Antiquaires
de New-Castle-upon-Tyne, vol. IV, 1889, p. 172.
Le signe W est, à n'en pas douter, un M tourné sens dessus
dessous, en sorte qu'il faut lire Brigomaglos iacit ... eus. Bri-
gomaglos est un nom d'homme appartenant au groupe des Bro-
homagli, Senemagli, Senomagli, Vinnemagli, Vendutitagli ; toutes
ces formes, au génitif, ont été recueillies sur d'antiques tom-
Mélanges. 345
beaux chrétiens de la Grande-Bretagne ^ Quant au texte de
l'inscription de Chesterholm, on y reconnaît aisément la ré-
daction chrétienne usitée aux iv*^, W^ et vi'-' siècles. Les monu-
ments de ce genre sont très rares et doublement intéressants
tant au point de vue de la celticité que de la christianité.
Robert Mowat.
n. •
RAPPROCHEMENT ENTRE L'ÉPOPÉE IRLANDAISE
ET LES TRADITIONS GALLOISES.
A la liste déjà importante des rapprochements qui ont été
faits entre les traditions irlandaises et galloises, je crois pouvoir
ajouter les deux suivants, encore inédits, si je ne me trompe.
Le premier m'est fourni par le Mcsca Ulad or The intoxi-
cation of thc Ultonians, with translation and introductory notes
by W.-H. Hennessy, Esq. (Todd Lecture séries, vol. I,
part. I), Dublin, 1889. Les guerriers d'Ulster, ayant à leur
tête Cuchulainn, reçoivent l'hospitalité chez Ailill et Medb. On
les introduit dans une maison de fer où ils trouvent bon ser-
vice, bon feu, nourriture et boisson en abondance. La nuit
venue, les nombreux serviteurs qui sont mis à la disposition
des Ultoniens s'esquivent un à un. Le dernier ferme la porte;
sept chaînes de fer sont fixées sur la maison et attachées aux
sept piliers de pierre de la pelouse à l'extérieur. Trois fois
cinquante forgerons, avec leurs soufflets, commencent à attiser
le feu. Trois cercles sont établis autour de la maison. Le feu
s'allume dessus, dessous, dans la maison, etc. Bricriu rompt
le premier le silence des Ultoniens. Triscatal essaie d'enfoncer
la porte de fer d'un coup de pied, mais sa tentative ne produit
aucun effet. Cuchulain, lui, plonge son épée à travers la
maison de fer et les deux maisons de bois qui l'entouraient. Le
récit présente ici une lacune fort regrettable, mais il ressort
I. Hùbner, Inscr. britann. Christ., n°^ 158, 157, 92, 157, 64.
Revue Celtique, XI. 25
346 Mélanges.
de la suite tirée du Lchor na h-Uidre que les Ultoniens s'échap-
pent grâce à Cuchulainn (Mcsca Ulad, pp. 43-47).
Je mets en regard de ce curieux épisode le fragment sui-
vant du Mahinogi de Branwen d'après ma traduction (Mahi-
nogion, I, p. 76). Bran vient de fliire cadeau à Matholwch du
chaudron de résurrection : « Seigneur, dit Matholwch à Ben-
digeit, d'où t'est venu le chaudron que tu m'as donné ?» —
« Il m'est venu, répondit-il, d'un homme qui a été dans ton
pays (en Irlande), mais je ne sais si c'est là qu'il l'a trouvé. »
— Qui était-ce ? — Llasar Llaesgyvnewit. Il est venu ici
d'Iwerddon, axecKyviideu Kymcinvoll ?, sa femme. Ils s'étaient
échappés de la maison de fer, en Iwerddon, lorsqu'on l'avait
chauffée à blanc sur eux. Je serais bien étonné si tu ne savais
rien à ce sujet. — En effet, seigneur, et je vais te dire tout ce
que je sais. Un jour que j'étais à la chasse en Iwerddon, sur
le haut d'un tertre qui dominait un lac appelé Llyiin y Peir
(le lac du chaudron), j'en vis sortir un grand homme aux
cheveux roux, portant un chaudron sur le dos. Il était d'une
taille démesurée et avait l'air d'un malfaiteur. Sa femme était
encore deux fois plus grande que lui. Ils se dirigèrent vers moi
et me saluèrent. « Quel voyage est le vôtre ? » leur dis-je. —
Voici, seigneur, répondit-il. Cette femme sera enceinte dans
un mois et quinze jours. Celui qui naîtra d'elle au bout d'un
mois et demi sera un guerrier armé de toutes pièces. » Je me
chargeai de pourvoir à leur entretien, et ils restèrent une année
avec moi sans qu'on m'en fit des reproches. Mais, à partir de
là, on me fit des difficultés à leur sujet. Avant la fin du qua-
trième mois, ils se firent eux-mêmes haïr en commettant sans
retenue des excès dans le pays ; en gênant et en causant des
ennuis aux hommes et aux femmes nobles. A la suite de cela,
mes vassaux se rassemblèrent et vinrent me sommer de me
séparer d'eux en me donnant à choisir entre ces gens et eux-
mêmes. Je laissai au pays le soin de décider de leur sort. Ils
ne s'en seraient pas allés certainement de bon gré, et ce n'était
pas non plus en combattant qu'ils auraient été forcés de partir.
Dans cet embarras, mes vassaux décidèrent de construire une
maison tout en fer. Quand elle fut prête, ils firent venir tout
ce qu'il y avait en Irlande de forgerons possédant tenailles et
Mélanges. 347
marteaux et firent accumuler tout autour du charbon jusqu'au
sommet de la maison. Ils passèrent en abondance nourriture
et boisson à la femme, à l'homme et à ses enfants. Quand ils
les surent ivres, ils commencèrent à mettre le feu au charbon
autour de la maison et à faire jouer les soufflets jusqu'à ce que
tout fut chauffé à blanc. Les étrangers tinrent conseil au milieu
de la maison. L'homme, lui, y resta jusqu'à ce que la paroi
de fer fût blanche. La chaleur devenant intolérable, il donna
un coup d'épaule à la paroi, et sortit en la jetant dehors, suivi
de sa femme. Personne autre qu'eux n'échappa. »
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que la tra-
dition galloise, tout arrangée qu'elle est, est plus près de la
source que la tradition irlandaise. Il semble en résulter en
tout cas que l'histoire de la maison de fer est fort ancienne et
que c'est un des nombreux exemples de Vannexion ou de l'ap-
propriation d'une antique tradition à un cycle plus ou moins
historique, ou tout au moins à prétentions historiques comme
celui de Cuchulainn.
Le second rapprochement s'appuie également sur un pas-
sage du mabinogi de Branwen, mahinogi formé de pièces de
rapport, d'origine et d'époque diverses. Les porchers de Ma-
tholwch viennent rendre compte à leur maître de ce qu'ils ont
vu : « Nous avons aperçu un bois sur les eaux, à un endroit
où auparavant nous n'en avons jamais vu trace. » — Voilà
une chose surprenante ; c'est tout ce que vous avez vu ? —
Nous avons vu encore, Seigneur, une grande montagne à côté
du bois, et cette montagne marchait; sur la montagne, un pic,
et de chaque côté du pic, un lac. — Il n'y a personne ici à
rien connaître à cela, si ce n'est Branwen ; interrogez-la. »
Les messagers se rendirent auprès de Branwen. « Princesse,
dirent-ils, qu'est-ce que tout cela, à ton avis ? — Ce sont,
répondit-elle, les hommes de l'île des Forts (île de Bretagne)
qui traversent l'eau pour venir ici après avoir appris mes souf-
frances et mon déshonneur. » — Qu'est-ce que ce bois qu'on
a vu sur les flots ? — Ce sont des vergues et des mâts de na-
vire. — Oh, dirent-ils, et la montagne que l'on voyait à côté
des navires ? — C'est Bendigeit Vran, mon frère, marchant à
gué. Il n'y avait pas de navire dans lequel il pût tenir. — Et le
54^ Mélanges.
pic élevé, et les lacs des deux côtés du pic ? — C'est lui jetant
sur cette île des regards irrités ; les deux lacs des deux côtés
du pic sont ses yeux de chaque côté de son nez. ») Mab., I,
p. 84-85).
Le récit épique Togail hruidne Dà Derga présente quelque
chose de semblable. Ingcel décrit le champion de Conaire Môr,
Mac Cecht le géant, et remarque : deux lacs autour d'une
montagne, deux peaux autour d'un chêne, etc. Ferroga donne
de cette apparition l'explication suivante : Les deux lacs que tu
as vus autour de la montagne sont ses deux yeux autour de son
ne:^; les deux peaux autour du chêne sont ses deux oreilles
autour de sa tête (Lebor na h-Uidre, 89 a, 10 ff. Cf. Zimmer,
Keltische Studien ap. Kuhn's Zeitschrift, 1888, pp. 81-82).
J. LOTH.
m.
SAINT AMPHIBALUS.
On lit dans le De Excidio Brit. de Gildas, c. viii, qu'Alban
de Verulam, avant donné l'hospitalité dans sa maison à un
confesseur du Christ poursuivi par des soldats, tut, pour sa
récompense, touché de la grâce de Dieu, et poussa son dévoue-
ment à la foi du Christ jusqu'à se présenter aux persécuteurs
avec le vêtement sacerdotal du confesseur et subir le martyre
à sa place. Le récit de Bède (Hist. EccL, I, c. vu), n'est
guère qu'une amplification du récit de Gildas ^ Le vêtement du
confesseur est appelé chez lui caracalla. Jusqu'à Gaufrey de
Monmouth, personne n'a su le nom du confesseur, mis lui
aussi au nombre des martyrs (il aurait subi le martyre plus
tard que saint Alban, après une carrière d'apostolat). Guil-
laume de Saint-Alban, dans sa vie de saint Alban et de saint
Amphibalus, écrite entre 11 66 et 1188, prétend bien s'être
I. On peut le recommander comme modèle de développement. Il me
paraît de nature à jeter un certain jour sur la façon dont ce saint personnage
a composé une partie de son histoire.
Mélanges. 349
servi d'une version saxonne de la vie des deux saints, mais il
reconnaît avoir trouvé le nom du confesseur, Amphibalus,
chez Gaufrei (sur toute la bibliographie concernant Amphi-
balus,\. Thomas Duffus Hardy, Descriptive catalogue oj manus-
cripts relating to the early history of Great-Britain and Ireland, I,
p. 3 etsuiv.). C'est donc Gaufrei qui, le premier, a appelé le
saint confesseur sauvé par Alban, Amphibalus. Depuis lui le
nom a été accepté. Ce nom a paru suspect à bien des écri-
vains (v. Galfrid. Monum. éd. San-Marte, note 22, au liv. V,
c. 5). C'est en effet le nom sous lequel on désignait une sorte
de chasuble, un vêtement sacerdotal (v. Ducange, Gloss.^. On
ne peut cependant supposer, malgré l'aplomb dont Gaufrei a
donné tant de preuves, qu'il se soit livré à cette plaisanterie
d'un goût plus que douteux de désigner le confesseur par le
nom du vêtement qu'il portait. Il devait ignorer le sens du
mot amphibalus : a priori c'est à une méprise de lecture qu'il a
dû sa trouvaille. Il me paraît aujourd'hui certain que le pas-
sage qui l'a si plaisamment induit en erreur se trouve dans
VEpistola Gildae. On lit, au début à peu près de ÏEpistola,
dans ï iiiiprecatio contrele roi deDomnoniaConstanx.'m, qu'entre
autres forfaits, Constantin aurait commis le suivant : in dua-
rum venerandis matrum sinibus, ecclesiœ carnalisque, sub
sancti abbatis Amphibalo, latera regiorum tenerrima puerorum
vel praecordia crudeliter duoruiu... inter ipsa sacrosancta alta-
ria nefando ense hastaque, pro dentibus, laceravit. Gaufrei
aura lu : sub sancto abbafe Amphibalo ; la terminaison, dans le
manuscrit qu'il avait sous les yeux, pouvait être en abrégé. La
conjecture se change en certitude, si on se reporte au cha-
pitre IV, liv. XI de son Hist. : Et (Constantinus) praedictos
filios Modredi cepit : et alterum juvenem Guintonia; in eccle-
siam sancti Aniphibali fugientem ante altare trucidavit ; alterum
vero Londoniis in quarumdam fratrum cœnobio absconditum,
atque tandem ///.v/a altare inventum, crudeli morte affecit.
J. LOTH.
IV.
AGUETOU, CYNNEU.
Dans le fascicule d'octobre 1889 (X 4, p. 482) de la Revue
5 50 Mélanges.
Celtique, j'ai montré que h forme du moyen-armoricain ague-
iou, eguelou était pour a-gentou; j'en ai rapproché le comique
agynsow qui a le même sens. Ageniou est pour a-kentou. On
trouve la forme correspondante à * heuiou en gallois : c'est le
mot cynneii, traduit par Lhwyd inexactement par long since
(^Archaeol. hrit., p. 215). Ce mot ne se trouve dans les dic-
tionnaires actuels que sous la forme gynncu et on lui donne le
sens qu'il a couramment dans le langage parlé de a liltle ivhile
since, just noiu, a little lubile ago. Cynneu est venu de cynteu
en passant par cyubeu : ec... Minawc ap Lieu a weleis i yma
gynheii. (Taliessin, ap. Skene, Four anc. books of Wales, II,
p. 158, vers 5, 6).
J. LOTH.
BIBLIOGRAPHIE
Chrestomathie bretonne (armoricain, gallois, comique).
Première partie : breton armoricain, parj. Loth, professeur
à la Faculté des lettres de Rennes. Paris, chez Bouillon, 1890, gr. in-8,
VI- 5 28 p.
Cet ouvrage a paru par fragments, d'avril 1886 à no-
vembre 1889, dans les Annales de Bretagne, comme l'auteur
nous en avertit tout d'abord. La Revue Celtique ne pouvait
manquer de les signaler successivement à ses lecteurs ; voir
t. VII, p. 449; IX, 139, 140; 289, 290; 412, 413; X, 13e.
Maintenant que le tout se présente sous une forme plus com-
mode, avec pagination unique, il nous reste à jeter un coup
d'œil sur ce vaste ensemble,
M. Loth s'est proposé d'initier les Bretons à la méthode et
aux principaux résultats de la grammaire comparée, en ce qui
concerne l'idiome néo-celtique qu'ils parlent encore. Historien
exact et consciencieux, il a raconté à ses compatriotes les va-
riations de leur langue, depuis les origines gauloises, en leur
mettant sous les yeux un abondant assortiment de pièces jus-
tificatives, dont beaucoup jusque-là inconnues ou peu acces-
sibles. Avec autant de zèle que de talent, il a ainsi enrichi lui-
même de façon notable le trésor des faits désormais acquis.
Deux glossaires qui terminent le volume facilitent les recher-
ches dans cette multitude d'extraits de nature et d'époque
diverses.
Il était bien difficile que, malgré ses mérites, un travail si
étendu ne prêtât pas à la contradiction sur différents points
d'importance plus ou moins secondaire. J'ai déjà présenté plu-
sieurs observations critiques dans un article delà Revue Celtique
J52 Bibliographie.
(XI, i8o, etc.) sur V Enfant prodigue, et dans mon Glossaire
moyen-breton (^Mémoires de la Société de Linguistique, VII,
122, etc.). En voici quelques autres.
P. 20. Un mot armoricain moderne hrigen est cité, sans
indication de dialecte, comme répondant au gallois brig
« branches les plus élevées d'un arbre, pointes des cheveux ».
Malgré la confirmation implicite contenue p. 523, je me de-
mande s'il n'y a pas eu erreur, ou réminiscence de quelque
variante du mot tout différent brinchin, brincin, blinchen, blen-
chen « cime et pointe d'une montagne, d'un arbre, d'une
branche, etc. » D. Le Pelletier, cf. Rcv. Celt., VII, 147.
P. 33. Amboglanna, nom de lieu en Grande-Bretagne, est
expliqué par ambo (grec a;j.ç;(o) et glanna = bret. moyen glann,
rive d'un fleuve. Nous aurions donc là un exemple de termi-
naison -0 pour le duel en vieux celtique. Il semble plus na-
turel de rapprocher le premier terme de ce composé de a7?ibe,
gl. rivo du glossaire d'Endlicher; pour le changement de
thème, cf. Condato-magus « la plaine du confluent », de Con-
date.
P. 3^j c)^, 143. Est-il bien sûr que dans la vie de saint
Samson la phrase « Juniavus, qui et ipse britannica lingua cum
iUis lux vocitabatur » veuille dire que le nom de Juniau signi-
fiait en breton « lumière » ? J'entendrais plutôt que Juniau
avait un autre nom ayant ce sens ; cf. la citation de la p. 97 :
« Budocum cognomine Arduum », où arduum est la traduction
latine d'un mot breton qui n'est pas donné. La signification
de iun a été, je crois « désir ». En effet, il est difficile de ne
pas traduire Ediunet, latinisé en Ediunetc (vocatif), x^ siècle,
Rev. Celt., IX, 91, XI, 136, 141, par « désiré », d'après la
glose edeiimctic, desideratrix. Il est vrai que cette lecture de
Bradshaw et de M. Stokes est contestée par M. Loth, qui
préfère cdemnetic, p. 91, 474, à quoi il compare le bret, moy.
et moderne c:^om, besoin, p. 479. Mais cette comparaison ne
peut pas appuyer beaucoup la forme edemn(dic), dont le corres-
pondant en moyen breton aurait -jjn et non -/;/. D'ailleurs, rien
ne s'oppose à l'explication de Ediunet par le gall. eidduned, vœu,
= ed-iunet, cf. bret. moy . goyune:^, vœu, ^=-* guo-iuned. Ediu-
net s'accorde également avec Adiune... que porte une inscrip-
Bibliographie. 3 5 ^
tion chrétienne de Grande-Bretagne (M. Rhys compare à cette
dernière forme le gall. mod. Eiddyn, nom masc, que M. Loth
écrit Eiddin, p. 42). Aux dérivés et composés de iu7i étudiés
p, 119, 143, 215, 407, on peut ajouter : sanctc Iunanaue,Rev.
Celt.y IX, 91, XI, 145; lunobrus, scribe du ms. 193 d'Or-
léans; vieux comique lunitor, Stokes, Rcv. Celt., I, 342.
M. Loth fait remarquer qu'il y a eu confusion entre les noms
des deux saints Iniaw (= luniavus), et Ignace; j'ai eu tort
d'admettre, dans mon Dictionnaire étymologique, cette identi-
fication qu'on lit dans le Catholicon : « Ingneau cest propre
nom, 1. Ignacius » ^
P. 48. La seconde partie de Vedo-mavi est comparée au gall.
maw, serviteur. Mais ce mot vient de *magus, v. irl. mtig, et
la chute de g dans ces conditions est difficile à admettre à
l'époque des inscriptions chrétiennes. Aussi M. Rhys a-t-il
rapproché Vedomaui, et Mauoh... que porte une autre ins-
cription, des noms gallois Mei, Meic, Gwalchmai. Le substantif
breton niau, dont M. Loth parle, p. loi, 220, se montre en-
core dans (Ran-) Mauvcdat, en 1245, Rev. Celt., VII, 64, =
« serviteur de son père », cf. Presel Guennedat, xi^ siècle,
= « qui tient de son père, » littéralement « race de son
père » (expliqué autrement, Chrestomatbie, 176; voir Rev.
Celt., VIII, 504); Mapcdaî, xv^ s., Mahetat, xviii^ s. « fils de
son père », Rev. Celt., II, 76.
P. 194, n. 4. Contre le rapprochement de kallouc'h et calch,
on peut voiri?^'. Celt., VIII, 36.
P. 241. « (En moyen armoricain) ce final ou c:{ a le son de
s, ainsi que c devant e ou / ». Les rimes prouvent, au contraire,
qu'on distinguait les deux sons s tl c doux ; .voir Dict. étyui.,
s. V. ace. Aussi hcgas, odieux (gall. hygas) ne peut-il se con-
fondre facilement avec hcgacç, agacer, P. Maunoir, comme le
suppose M. Loth, p. 488. Les Vannetais écrivent, avec un ç,
haç'hani, le tien, p. 445, hou ç' anhue, votre nom, 342 (Jjou
shanhue, 330) par suite d'une tradition qui remonte à un fait
de prononciation (comme Ve final « muet » auquel M. Loth
I. Il serait naturel de comparer de même au nom propre Eleuc, Chrestom.,
128, le V. bret. eleuc, gl. uitule.
3 54 Bibliographie.
refuse toute valeur, p. 343 ; cf. Rev. Celt., IX, 378, 379). Le
son ç est ordinairement d'origine française; cependant il peut
venir en breton, i ° de ;^ -|- .r ; moy . br. dac:;pn, écho, cf. da:(sonaff
« resoner »; dac~orch, ressusciter, :=i da^- et lat. surgo; 2° de
:^ dur final : moy. br. diouç, de, de diou:^; br. mod. baraç:^,
baquet, goaç'i, pire, Grég., =; moy. bara:{,goa^; van. houç, votre
= moy. br. ho:{. Le van. haç^ ton, a peut-être subi l'analogie de
houç: cf. da dhordeèw, tes ordres, à Locmaria, Chrcstoin., 380,
àQord (mot omis au vocabulaire). Le rapport inverse se montre
dans moy. br. tnoe:{, van. hoch, voix, àe*voeth pour *voeç.
Ce son fait beaucoup plus souvent que 1'^ nasaliser la
voyelle précédente ; exemples :
Moy. hr.pencel, pièce; charronce, vesse Ciiis. (charroucc, Ca),
charrounçc dans le Komenclaior de 1633 ^, p. j6, jaronçç, Pel.,
du v. fr. jarroce; tronc:^ajf, trousser; brunccji an caulenn
« broisson de choul » ; puncc, puits ; mod. danson « bruit, tel
que fait une porte fermée durement », Pel., inanç^omier, maçon,
difcençxon (van.) défiguré, bénçx_, vesce, bJehç:;^ (cap Sizun),
plaie, blessure, penç:;^, fesse, dinçx^ (tréc), dihs (van.), dé,
linç:{^, lice, carrière, pihcin, bénitier, bihs, vis, escalier tour-
nant, buncellat, beugler, Grég., pet. Trég. skiinsen, éclis, =
moy. br. dac:;pn, mac:^on, dîffaec~on, becc, bkcc, faec:(en7i, dicc,
licenn, picin, vice, scli:;cenn, bucellat ; mod. droulans, drouk-lans,
drouk-rahs, m. discorde, dissension et disgrâce, Gon., drou-
laiiç::^, adversité, d rouera nç~, aliénation, des affections, Grég.,
de droulaç:^, drouc'hraç::^, id., de drouc-c'braç:^ disgrâce, ibid. ;
blonça, meurtrir, van. lonce, cuiller à pot, L'A., = haut bret.
blosscr, lousse (Pel.); nionçç, manchot, estropié, émoussé, trom-
peur, monçça et moussa, émousser un couteau, Pel., pet.
Trég. klan mous, très malade = fr. mousse ; carrone::^, Grég.
■= fr. carrosse^ ; buùç', muid, Gr., de * mue, cf. ital. moggio ;
1. Cet important ouvrage, que M. Loth n'a pas cité, a été signalé en 1882
par M. Audran dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère, cf.
Revue de Bretagneet de Vendée, LU, 240, et Mém. de la Soc. deLing.. VI, 416.
Le P. Grégoire le mentionne dans la liste des auteurs dont il s'est servi
pour son dictionnaire.
2. Gronc:^, gronç, absolu, absolument, Grég., se rattache à un dérivé de
grossus; le moy. hrei. fonce, fonts baptismaux, peut venir d'une confusion
avec fcnç:^, le londemtnt, Gr.. cl. pet. Trt'g. vers, fond, et ir. Jovccr. L"h du
Bibliographie. 3 5 5
gue::^ en (Vis. gue^etî) pnmçc, sapin, Nomencl. 104, prunç, prunss,
id., Pel., prunsenn, pi. -ou, -ed, et pruhs, « prussier, arbre
semblable et inférieur au pin », Gr., du nom de la Prusse,
comme l'angl. spriice, sapin. Cf. Littré, v. pruce, prussier'^ ;
Skeat, EiymoJogical dict., v. spruce, sprucc-beer. D. Le Pelletier
cite une prononciation vulgaire plusche en français; cf. pruchc
en 1612, Godefroy.
L'affinité de ç et cJ] s'observe encore dans le fr. cucre (xii*^
siècle, Littré), sucre = moy. br. c:(ucr, et chucre (xiv^ s., Lit.)
= van. chucre, l'A., sup., v. bouchet; ital. ^ucchero, etc. C'est
probablement à cause de cette origine qu'en petit Tréguier on
prononce suk et non *yuk. De même le moy. br. a scouc (i. e.
çouk) et chouc, cou, nuque ; cf. ital. ■^iiccolo le haut de la tête.
Le son ç n'est jamais suivi d'une consonne dans le même
mot. Il vient de st dans moy. br. bacc, un bât, ce qui permet
de rapprocher an druill dracc, la course rapide, B 477, de a
drast hastaff, se hâter vivement; on trouve d'ailleurs drouill-
drast, à la hâte, en 1807 (Gloss. moy. br.; cf. Mélusine, IV,
495). Cf. encore Dict. étyni., s. v. bacc 2 et lapoucc. Exemple
de c = cl) = st : moy. bret., c:^uteU, sifflet, pet. Trég.
chute! (donner) le sein ; bout de linge qu'on donne à sucer
aux enfints ; chuielat, téter, sucer, cf. Rcv. celt., IV, 150;
stuntel, le dernier sou qui reste à jouer; stunteJet, décavé, qui a
tout perdu au jeu. Ces mots semblent venir d'une sorte d'ono-
matopée, comme en français r/;/// .' ital. :{iîto ; ci. chôtai, siffler,
dim. chôterlai, à Montbéliard (Contejean, Gloss. du patois de M.').
Le même son alterne avec ;^r dans van. caliç^, calice,
Grèg., ailleurs caJi:^r, Maunoir; cloç^en, écosse de fèves, etc.,
Grég., moy. br. cIo::^renii ; j'ai eu tort d'admettre pour IV une
semblable alternance, en comparant le fr. mules (d'où van. et
haut cornouaillais muled, mules, engelure aux talons, Grég.)
au bret. moy. niiUkxr, maladie des pieds, lat. porrum. Ce
moy. bret. roncet, chevaux (rosses), roncin, roussin, existait dans le v. fr.
roncin (gz\[. rhivnsi).
I. « Nom vulgaire, dans le.. Finistère, du pin maritime ». Ce mot a été
usité ailleurs : le dict. vannetais de l'A. donne en français « prussier, espèce
de pin ». — Boiirlanç:^, cartilage, Gr. ^boiirlas, bonras, m., Gon., hourass,
Pel., cf. fr. bourras, grosse toile, b. 1. bouratiiiin (et, pour 17, v. fr. boiirlc,
dim. de bourre).
356 Bibliographie.
nom répond au gall. maleithr, makrth, m, tumeur, mules, cf.
malaith, m. engelure. Maleithr paraît composé de mal, tendre,
cf. [j.o))vuç et eithr (en outre) = v. irl. {imni)-echta7- extrémité;
c'est ainsi que le gall. malldorch mules, vient de torch repli^ et
mail mollesse.
Le ç, avant de périr, avait fait quelques progrès sur Vs en
bret. mod. : muç'^ât flairer, Gr., van. mtmsat, L. el Lab., 154,
172 == moy. br, mussat, id., musiat (r. -al) mendier ; Grég.
écrit par ç les verbes comme finiç:{a finir, qui ont ordinaire-
ment s en moy. br. (finissaff) ; on lit pourtant, dès cette
époque, polissaff et polic^ajf polir.
P. 250, 251. Le baptême de saint Devy contient ici plu-
sieurs méprises (cf. Rcv. Celt., VIII, 410-414) : un vers est
passé après hannech, p. 250; à la note i, lisez Kernch pour
Kernech; au lieu de dt\ mat, golou « bonjour, lumière », lisez
de:(_ mat golou « bien le bonjour », « qu'un bon jour luise sur
vous », cf. N 1725, B 53, on dit encore aujourd'hui hcnide:^
choulou « tous les jours que Dieu fait (luire) » ; au lieu de
eur yen « heure froide », p. 251, lisez ciiryen, bord, cf. Rev.
Celt., VIII, 508; le reste n'a trait qu'à l'orthographe, sauf une
erreur rectifiée p. 500 et 525 (anam, le ms. porte anani).
P. 263. Le mot breig est suivi d'un signe de doute, et il
manque au vocabulaire. Il est pourtant assuré par la rime dans
les trois passages en moy. bret. qui nous l'ont conservé; les
contextes sont d'accord pour indiquer le sens de « faute, man-
quement entraînant une punition » (cf. Dict. ctyjii., s. v., et
p. 402).
P. 272. La correction proposée de :{a donc, en ta, n'est
pas convaincante : il y a en moy. bret. trois autres exemples
de ^a pour e:(a (Dict. étym., v. e::a), et pas un seul de ta pour
enta. J'ai vu dans enta et e:{a une paire de doublets pouvant
expliquer le rapport de ent et ^;(, particules qui font d'un ad-
jectif un adverbe; Rev. Celt., IX, 382. M. Loth maintient,
p. 479, son identification de e:{ avec le gall. ys, il est. Mais la
phonétique armoricaine exigerait * es ; el je ne comprends pas
ce qui peut faire attribuer ci q « une sorte de valeur affirma-
tive » : je n'y vois qu'un indice de la fonction adverbiale,
ayant un emploi absoknnent identique à celui de ent.
Bibliographie. 357
P. 263 et 249. Deus, il vint, lisez deux_ (J 4).
P. 276. Oarez^, signe, est corrigé en aroe^. Rien de plus
admissible, pourtant, que l'existence d'une telle variante,
choisie ici parce que sa première syllabe rime mieux avec
hoar. A la métathèse de aroe:^^ en oarex^, compare;^ : moy. br.
nadoe:^, tréc. noade, aiguille ; tréc. kadoer, dialecte de Batz
gouader, chaise ; cornïquQ baloin, léon. c'hoalenn, sel, etc., Rev.
Celt., VIII, 34, 35, 508, 509; gall. adwy, f., brèche, passage,
cornouaillais oade, f. brèche dans une haie, Troude (irl. ath,
gué, Rev. Celt., II, 321). De oade est venu ode, pi. ou, brèche,
Maun. ; ode « passage, entrée, particuhèrement d'un champ
clos, brèche »; ode garr « brèche à une clôture de champ
pour y faire entrer les charrettes », Pel. ; ode, ^\.odëou « brèche,
ouverture dans un fossé pour le passage d'une seule bête à la
fois », Grég. De même le moy. bret. holen vient de hoalen,
qu'on ne trouve que plus tard dans les textes. Le passage du
V. bret. inacoer, mur (van. mangoer^ au bret. moy. moguer,
léon. inoger, semble avoir eu lieu de même par l'intermédiaire
de *moaguer. M. Loth cite, p. 219, une forme mogaer, du
xiii^ siècle, qui indiquerait une autre fihère, si l'on regardait Va
comme ayant sauté de la première syllabe à la seconde ; mais
l'auteur fait observer avec raison, p. 183, que « souvent ae
n'exprime qu'un son simple, généralement è français » ; cf.
le pi. magoaerou, xv^s., ibid. A la p. 148, il faut lire maguae-
rou et non moguaerou (xm^ s., Cartulaire de Landévennec, 18 ;
prononcé probablement magweroia). Pour ces contractions,
de oa, oe en 0, cf. Rev. Celt., VII, 315 ; Et. sur ledial... de
Bat:î^, 8, 9 ; van. gol, terrible, de goal; tréc. oled, foyer, de
oalet; goro, traire, de goero, moy. br. go:(ro, v. br. guotro-;
haut cornouaillais et bas vannetais pore, m., pi. aou, maladie
subite et forte, maladie contagieuse, Grég., de*poere, *poxre^
= comique podreth, plaie, gall. pydredd, pourriture, m., du
lat. putreo, putridus. Il est probable, enfin, que loaghen, lac,
marais, forme citée par Pel. et qu'on retrouve jusqu'à nos
jours Qoaguen, lac. An Aviel, 1819, II, 3, 5, 11; Conferançou,
éd. anc. 23, éd. nouvelle 19) vient de * lagoen ; la pronon-
ciation la plus fréquente, lagen, répondrait à celle du haut cor-
nouaillais halenn, sel.
358 Bibliographie.
P. 287 et 497, au lieu de marbr, marbre, lisez mabr (B 28) ;
pour la chute de Vr, cf. Rcv. Celt., IV, 466; Et. sur ledial...
de B., 16 ; achited = architecte, Gr. ; mechosi, cité plus bas, etc.
P. 292, vn emparlet, lisez vn guerhes emparlet ÇCatheW 11).
P. ^05. Merchaussy, écurie, est corrigé en marchaussy.
Pourtant les quatre éditions de Quiquer dont il est question
ont merchaussy; il en est de même de celle de 1690, p. 98;
trois passages des Nouelou ont également cet e (Dict. étym., v.
marchaucy) ; le P. Grégoire donne merchauç:^y avant mar-
chauçiy ; on lit merchossi, Vocab. nonv., 6^ éd., Quimper,
1778, p. 45 ; et j'ai entendu en dialecte de Léon mechosi et
mechochi, cf. Mélusine, III, 572, 571.
P. 318. Diou:(^ Leonis Brei:(is Isell « des Léonais, bas Bre-
tons », est corrigé en Diou^ Leonis Brei:( Isell « des Léonais de
basse Bretagne » sans raison suffisante, à mon avis. Diou:;^
était à volonté d'une ou de deux syllabes ; la leçon du texte
donnant une rime intérieure de plus, devait paraître au poète
avoir des droits fort sérieux à sa préférence.
P. 333. M. Loth suppose que l'abbé Cillart est l'auteur du
dict. bret.-fr. publié à Vannes en 1723 sous le nom de « Mon-
sieur de Châlons », cf. Rev. cclt., VII, 318. Ses raisons sont
les suivantes : Pierre de Châlons n'était pas breton ; il a parlé,
dans une approbation de cantiques vannetais, de son peu de
connaissance de cette langue ; Cillart évitait le bruit autour
de son nom, et a pris une part active à la pubhcation du dict,
en question. Ces arguments ne sont pas sans réplique.
1° Le P. Maunoir, à qui l'on doit la première grammaire
armoricaine, le premier dict. franc. -bret., et un dict. br.-fr.,
n'avait pas lui-même toujours bretonne, cf. Grég., Gram.,
p. vu; non plus que D. Le Pelletier, qui a composé un autre
dict. bret.; à ces illustres devanciers,
Those other two cqual'd luith me in fate,
on peut ajouter l'auteur dont M. Loth a dit trop de bien, i?a'.
celt., VI, 512, et qui n'a pas, comme Châlons, résidé 39 ans
dans un diocèse breton.
2° « Le peu de connaissance » est une expression modeste,
mais qu'on doit prendre ici au sens positif, « la petite connais-
Bibliographie. 359
sance » et non « le manque de connaissance » (double accep-
tion prévue dans la règle des participes) ; sans quoi l'appro-
bation donnée n'aurait eu aucune valeur, et sans doute on ne
l'eût pas sollicitée. Faut-il contester son dict. au P. Grégoire,
qui était breton, parce que dans la préface il reconnaît ignorer
« une infinité de mots bretons » ?
3° Cillart a signé son dict. franc. -bret. du nom d'un pré-
tendu « Monsieur L'A*** ». Mais autre chose est de s'abriter
derrière l'initiale d'un pseudonyme % autre chose d'attribuer
ses propres œuvres à une personne ayant réellement existé.
D'ailleurs il n'est pas seul en cause. Une attestation signée de
six recteurs et d'un curé « de l'évêché de Vannes dans les
Paroisses Bretonnes », parmi lesquels son nom ne figure qu'en
cinquième lieu, certifie qu'ils ont « lu et examiné le Diction-
naire Breton-François, composé par Feu Monsieur de Chalons
Recteur de Sarzeau » (approbation imprimée du dict. « de
Châlons »). L'avertissement qui précède cet ouvrage dit que
« comme Monsieur de Châlons l'a composé étant recteur... de
Sarzeau, il ne faut pas s'étonner que son langage s'en res-
sente; le Recteur qui l'a examiné avant de le confier à l'im-
pression n'a pu ni n'a dû le changer, il a donc fait peu de
corrections et y a ajouté peu de choses ». Pourquoi révoquer
en doute ces assertions précises ? Cillart connaissait le ms. du
dict. « de Châlons », et il le cite dans le sien au mot mariage,
à propos d'une erreur du P. Grégoire ; mais ce ms. n'est point
de lui, d'après ce que nous pouvons savoir d'ailleurs, tant sur
lui-même que sur Châlons.
I. Ce voile devait être assez transparent pour des contemporains. Cillart
avait communiqué ses travaux manuscrits au P. Grégoire, qui les cite, en
louant l'auteur sous son vrai nom, Grauim., p. vu. Celui-ci n'a même pu
s'empêcher de se trahir secrètement dans son ouvrage anonyme, comme
Phidias sculptant ses propres traits sur le bouclier de la Pallas qu'il ne doit
pas signer. On lit, en effet, dans le Dict. de l'A., s. v. obliquement :
« Pierre posée obliquement ou debout sur son tranchant et non sur son
assiette, Cillartt... ardctt. m. Commun à Tréguer, peu connu à Vannes ».
Si l'auteur a admis ainsi un mot surtout trécorois, sans même penser à en
donner un équivalent plus usuel dans son dialecte, c'est sans doute que ce
mot lui tenait à cœur : il y trouvait une explication de son nom. La racine
seule de cillartt se montre en vannetais dans guet sciW er glean « (un coup)
de tranchant d'épée », Châl. ms., v. espcc ; c'est, je crois, la même que dans
l'ital. ciglioiie bord, et le fr. sillon, sillage.
360 Bibliographie.
C'est qu'en effet P. deChâlonsest donné aussi pour l'auteur
d'un dict. fr.-bret. ms., qui se trouve Bibl. Nat., f. celt., n°' 67-
70. Le titre en est semblable à celui de sa contre-partie im-
primée: « Dictionnaire françois-breton du Diocezede Vannes...
composé par feu Monsieur de Châlons Recteur... de Sarzeau...
Revu et corrigé depuis la mort de l'auteur. Avec approba-
tions ». Et ces approbations ne sont autre chose que l'attesta-
tion collective imprimée à la suite du dict. br.-fr., dont la
feuille a été jointe au ms. ; ce texte présente, toutefois, une
addition significative : après « le dictionnaire breton-françois »
on lit « et le dictionnaire françois-breton » . Quelles raisons
graves y a-t-il de tenir pour suspecte une attribution ainsi ga-
rantie par sept autorités respectables et compétentes ?
Dira-t-on que Cillart est aussi l'auteur du ms. ? Il nous
apprend, p. vi, qu'il travaille « au Dictionnaire Breton-Fran-
çois » et à une grammaire ; ce dict. commencé ne peut être
celui « de Châlons », qui avait paru depuis plus de vingt ans.
Quelle apparence que, n'ayant pu terminer ces ouvrages
annoncés dans la préface de son dict. fr.-bret., il se soit avisé
de recommencer ce dernier livre et ait eu le temps d'achever
ce second dict., d'ailleurs tout différent du premier ?
Le ms. « de Châlons » cite comme autorités M. le Moing,
M. d'Inguiniel et M. de Queruignac, noms souvent écrits en
abrégé. Les abréviations Ing. et Oueru. peuvent aussi désigner
les localités du même nom, car on trouve encore à Ing., à
Queru. Je crois qu'au fond cela revient au même, ces désigna-
tions : M. d'Ing., M. de Queru., s'appliquant aux recteurs de
ces paroisses, qui ont dû renseigner Châlons spécialement sur
le langage de leurs ouailles ; témoin ce passage : « Epargner,
arboïdlein, amerhein pour le ménagement a Ing. Il m'a épargné
beaucoup de peine, ean en des espergnet lo uat a boen din. Je
voulais dire ar bouilet, mais M''. d'Ing. dit que ce mot, aussi
bien qu'amerrein, n'est bon que pour le ménagement. » M. d'In-
guiniel se trouve ainsi être Pierre Barisy, recteur de cette
paroisse de 1689 à 1719^ et auteur des Cantiqucu spirituel
manuscrits approuvés par P. de Châlons. De même que les
I. AbbéLuco, Bull, de la Soc. Polymathiquc du Morbihan, 1877.
Bibliographie. ^6i
deux autres, il semole cité comme un personnage vivant;
P. Barisy étant mort en 171 9, un an après Châlons, il n'est
guère croyable que ce qui le concerne ait pu être interpolé
longtemps plus tard ^ Le ms. cite encore le P. Maunoir.
L'auteur du ms. écrivait à Sarzeau, comme celui du dict.
imprimé « de Châlons » : car il parle souvent, en son propre
nom, du langage de cette localité, et il dit, par exemple :
« gounidec... ici à Sarzeau... signifie communément journa-
lier ».
Il est vrai qu'il exprime par une apostrophe Ve mi-muet que
le dict. imprimé note e ; changement d'orthographe qu'on peut
d'ailleurs attribuer à l'éditeur. Il reste assez de contrastes entre
cet auteur et Cillart pour empêcher de les confondre. Ainsi il
n'indique les genres dans aucun des deux dict., tandis que
Cillart l'a fait avec soin et a même reproché durement au
P. Grégoire « cette cruelle omission », p. x.
Nous avons vu que Châlons cite des autorités ; il n'a pas,
sur l'orthodoxie grammaticale, des idées arrêtées, et, au mot
faillir, après avoir constaté que « M''. d'Inguiniel et M*". Le
Moing prétendent... qu'on ne peut point dire mar a lebeu »
(plusieurs endroits, avec le nom au pluriel), tandis que
« M', de Q_ueruignac prétend que si », il ajoute simplement :
Magno se judice quisque tuetur. Il lui arrive aussi de chercher
en vain à se rappeler où et quand il a entendu un mot breton
qu'il emploie à diverses reprises (Voir Gloss. moy. hrct., v.
dameuli). Tout ceci est bien loin de la tournure d'esprit de
Cillart. Puriste intolérant, ce dernier n'en croit jamais qu'à lui-
même : il ne parle que de l'œuvre du P. Grégoire (p. v) et
c'est pour la juger avec une sévérité qui frise l'injustice. Il
n'avait pas la largeur de vues du zélé capucin, qui tenait à
« n'être barbare nulle part ». Non content d'écarter et de con-
damner trois dialectes bretons sur quatre (Dict., p. v), il
s'attache à proscrire, dans son exposé, les « usages locaux »,
I. M. de Quervignac est probablement Jacques Davy, recteur de cette
paroisse de 1695 à 1739 (Soc. Polyin., 1877, p. 138). D'après les recherches
de M. l'abbé Luco, ibid., 1876, 1877, 1885, il y avait en pays vannetais,
du temps de Châlons, quatre recteurs du nom de Le Moing (Pierre, deux
François et Marc).
Revue Celtique, XL 24
j62 Bibliographie.
et même les « mauvais usages, quoiqu'universellement reçus »
(p. vi) ; la même délicatesse outrée lui fait omettre en prin-
cipe « les noms dès Poissons, des Pierres, des Arbres, des
Plantes, etc. » (p. xix). Son dogmatisme imperturbable aime
à s'exercer sur les questions d'orthographe française et de
disciphne ecclésiastique. Toutes ces marques bien reconnais-
sablés de sa griffe, empreintes dans son ouvrage, on en cher-
cherait vainement des traces dans le dict. ms. « de Châlons».
J'en conclus que ce ms. n'est pas de Cillart, mais de Châ-
lons, sauf les remaniements mentionnés par le titre même. Et
comme qui peut le plus peut le moins, je ne m'étonne point
que l'auteur de ce ms. étendu et d'une haute valeur scienti-
fique ait écrit, sans doute pour son coup d'essai, le petit dic-
tionnaire vannetais-français publié sous le même nom et dont
le principal mérite est d'être le premier en date pour ce dialecte.
P. 347. Pa na guery (variante garé) Doue, puisque Dieu ne
voulait pas. Le vocabulaire ne mentionnant pas cette forme
guery, p. 455, on doit en conclure que l'auteur la considère
comme une faute dans ce texte (de 1741). C'est au contraire
un exemple précieux d'une terminaison verbale rare en moyen
breton, mais assurée par une rime nécessaire dans ne guyly,
il ne voyait pas, P 109, gall. ni lueli et dans diguery, il ouvrait,
J 209 b ; par une rime intérieure facultative, dans a gulchy,
qui lavait, H 45 et mar guilly, s'il pouvait, B 336; d. goassa
ma il lin (je vous ai fait) le plus de mal que je pouvais (rime
diii à moi), GuilL, 181 5, p. 98. Na guery répond au gallois
ni ceri, il n'aimait pas; cf. Rev. Celt., VIII, 510.
P. 380 (v. 28). 'n em droèl d'er joè, se livrer à la joie. Cet
infinitif, qui manque au vocabulaire, est une variante de turel
jeter, B. er. s., 184, cf. en un drul en jetant, L. et Lab., 124.
La forme ordinaire en vannetais est turul, ib., 142, Grég.,
l'A., etc. = moy. br. teureul, de teurell ; sur u pour eu, cf.
Gloss. vioy. br., v. dibunaff.
P. 445. Aïeule, adore, lisez « adore-le » ; p. 483, glorifie,
glorifie, lisez « glorifie-le ».
P. 465. Chinouri « réjouissance, bombance» (île de Croix).
Ce mot exprime proprement le tumulte de la fête ; il vient de
chilouri « coacement des grenouilles », chilori « gazouille-
Bibliographie. 36?
ment », Châl. ms., du fr. charivari, comme gilivary, jolory
« charivari », Grég., pet. Trég. chalvari, jalvari.
P. 469. Diablasder « diablerie ». Cette traduction suggère
une étymoiogie que je crois fausse : il n'y a pas en breton de
suffixe -asder. Diablasder, peine, infamie, = dyufflaster, NI
217; de difflas, dyulas, dihlas, odieux, cruel, écrit diablas,
J. 78 b, mais la première syllabe rime en iv : astir (var.
astirv) ha diablas, lisez astriv ha divlas. Cf. Rcv. Celt., IX, 383.
P. 472. Dius de^aff « libre à lui », de dius, choix (B 381).
Je tiens encore à la traduction « malgré lui », qui se prête
mieux au contexte et qui s'appuie sur une locution encore
très usitée ; voir Glossaire moy. br., v. daoust, cf. dioust pep pi-
rillou, malgré tous les périls, Maun., Te)npL cons., 31. D. Le
Pelletier donne bien divis d'oc'h, deïis d'oc'h « vous avez le
choix » ; mais dans tous les exemples à moi connus de cette
expression, elle est suivie de l'énumération des partis entre
lesquels on peut choisir.
P. 478. Zo, de, dans le vannetais de Croix et dans celui de
Belle-Ile, est comparé à eus, qui a le même sens en Léon, etc.
Je crois que ce sont des mots complètement distincts, et que
70 vient de \oh, a^ph, a-:(ioux_, ci diurth. La chute de Va initial
ne souffre aucune difficulté : cf. van. nehou, de lui = anehou,
barh, dans, de abarh, etc. Quant à la chute de Vh, elle se
montre dès le xvii^ siècle, selon la remarque de M. Loth,
p. 504, dans le signe du participe présent 0 (van. e), =^ o:(,
ou^, (g)urth, par conséquent dans le dernier des trois mots
que je tire de l'analyse de :(o. Il n'est pas plus étonnant de voir
-rth final réduit ainsi à rien, dans :(o =a diurth, que dans ba,
dans, = ebarx_, Chrestomathie, p. 374 (bas vannetais), p. 370
(haut cornouaillais), etc. Cf. dans le dialecte de Batz les locu-
tions a/^urh mitin de^urh enn nos, du matin au soir; uech her
du e' nos, six heures du soir (du = diuh, comme ;(o == \oh).
Etude sur le dialecte... de Bat:^, 32. En Tréguier on dit très
souvent du^^ = diou^, dans tous les sens du français « de ».
P. 480. « Finesaff, action de ruser, ancien infinitif, 229 »
(lisez 292). Finesaff, Cathell, 10, ne me paraît pas plus un
infinitif que Indaff, l'Inde, Assiriaff, l'Assyrie, assemblaff, as-
samblaf, ensemble, etc., voir Rev. Celt., VIII, 526; IX, 379.
364 Bibliographie.
P. 486. Gîielet n'est pas à l'infinitif dans les deux passages
où il se trouve, p. 292 et dont le premier devrait avoir guellet :
j'ai eu tort de traduire « en voyant que » (Cathell, 9, 10),
il faut « vu que », locution calquée sur le français.
P. 489. Hoent, joie, bonheur? (cf. gall. hoen). J'ai vu ici,
après M. de la Villemarqué (P 6), une variante du mot hoant,
choisie pour multiplier les rimes, et je crois encore que c'est
le parti le plus sûr. (Jésus s'est incarné) o-^n/ hoent, avec désir,
c'est-à-dire volontairement, inverse de heb e hoant, contre sa
volonté; cf. (Jésus est venu nous racheter) c youll mat, de son
plein gré, B 127. Les diphtongues oa cioe alternent de même,
en moyen breton, dans coant et coent, joli ; char et clouer,
clercs (= clêrus, le clergé, collectif servant de pluriel à cloa-
rec = cléricus) ; loar et locr, lune ; poan et pocn, peine, etc.
P. 498. « Mese, respect? pudeur? » Dre cals mese, N 695
= ga7it meste, 15 19, gant maieste, 461, avec respect, d'une
façon digne; cf. Dict. étym., v. majcsîat.
P. 505 et 506. Dons ban, depuis que, et peban, d'où, sont
rapprochés, bien qu'ils contiennent deux éléments très dis-
tincts : pan, quand, cf. lat. quando, et pan, lieu, endroit, pays,
Pel., usité seulement dans cette locution, a be ban, pc a ban,
d'où, de quel lieu, Grég. Le van. paner, village, comparé à ce
dernier par M. Loth, Vocabulaire vieux breton, 55, vient de
panner, L. cl lab., 74, r= penhem hameau », Châl. ms.,penhêr
« hameau, bout du village », Châl., Dict. br.-fr.,pennharr, m.
« issue », l'A,, penhér « issue, sortie d'un village, espace atte-
nant au village », Grég., « le haut de l'aire d'une ville », id.,
V. aire; de pcnn, bout, et ker, village, cf. Penher-Losquet, dans
le Morbihan, en 1429 Penkaer-Lesquoet, Chrest., 224.
P. 506. Pan petes, si tu le priais, et non « lorsque tu le
pries », p. 505, n'est pas à l'indicatif présent (pour pede^^)
mais au conditionnel (de *pethes).
P. 507. Note sur eun di henac arlerh, quelques jours après:
« le sens de henac est ici assez singulier : ailleurs qu'à Houat
cela signifierait un certain jour, un jour, sans préciser », Ceci
n'est pas exact. On dit dans le même sens qu'à Houat : à Sar-
zeau, ûndi bmakarlarh, Rev. Celt., III, 48; en petit Tréguier,
cun dé benak goude; cf. un dé benec goudé, Histoer... J.-C,
Bibliographie. 365
Lorient, 1818, p. 230. On lit de même eun derve:{ bennar goude
dans une trad. léonaise de VEiif. prodigue qu'une obligeante
communication de M. Alfred Bourgeois me permet d'ajouter
aux autres citées, Rev. Celt., XI, 189, et qui se trouve p. 207
de la 2^ éd. de VHistor an icstanmnt co:{ hag an t. neve:{, de
M. Morvan, Brest, 1871 (la i'" éd. est de 1869).
P. 512. Gant gouir res est expliqué avec doute par reu:{,
malheur; je crois qu'il fltut lire gant guir res (elle dit) avec une
parole nette, i. e. (elle déclara) nettement, expressément.
P. 513. Il n'y a guère lieu d'hésiter entre les deux mots
roue-:^^ « don » et « rare » : l'un est un nom, qui a deux syl-
labes, l'autre un adjectif, qui n'en a qu'une.
P. 518. Strocat « traîné ». Je traduirais, avec M. Stokes,
« il fut traîné ». (gl. tractus est). Ce mot pourrait venir du
lat. extorqncre : cf. stronça ébranler, Pel., tréc. strohsah caho-
ter, moy. br. stroncer on grincera (des dents) = * extrociare,
comme trohsah trousser = *trociare. Il rappelle l'espagnol
estrujar presser = * extrociare. Cf. aussi distroncqiiet défait,
livide, distroncqa devenir livide, Grég., distrounha décolorer,
exténuer. Le Gon., pet. Trég. distrohhah essanger, laver à
moitié, dégraisser le linge avant de le mettre à bouillir, de
dis tor guère ?
P. 524. « Il y a une exception apparente à la règle qui veut
que après un nom masculin, l'initiale de l'adjectif suivant soit
intacte. On dit parfaitement, par exemple, lann vras, le grand
Jean, pour lann bras. Mais il faut remarquer que ce fait ne se
produit qu'autant que bras devient l'épithète habituelle Aq Jean,
et forme ainsi avec le nom un véritable composé, dans le genre
des composés anciens Britto-maros, Teuto-matos, etc. Le même
phénomène se produit en gallois ». J'ai étudié ce fait. Glos-
saire moy. bret., v. ab, mais sans en chercher l'origine. Celle
qu'indique M. Loth (cf. Rev. Celt., XI, 207, 208) n'est pas sans
difficulté. Elle revient à dire que dans lann bras il y a une
épithète de circonstance, et dans lann vras une épithète de
nature. Mais alors pourquoi ne distingue-t-on pas ainsi entre
breur kaer « beau frère », et * breur gaer, beau-frère ? Je pen-
serais plutôt à une influence analogique de la forme du vo-
catif dans les thèmes en 0 : lann Vras viendrait d'une imi-
^66 Bibliographie.
tation de Pcr Vras, le grand Pierre, qui lui-même serait pro-
prement « grand Pierre! » = *Petre brase. Dans la déroute
des déclinaisons, il était assez naturel que l'onomastique con-
servât une trace phonétique du vocatif. Cf. même en latin le
nommanï Juppitcr provenant du vocatif = ZsO r^x-zp, à cause
de la fréquence de cette forme dans les invocations.
Ces dissidences ne n'empêchent pas de reconnaître l'intérêt
scientifique de premier ordre que présente la pubHcation de
M. Loth. Elle est appelée à faciliter grandement l'étude appro-
fondie de l'armoricain aux Bretons bretonnants et aux autres.
C'est surtout pour la période si peu connue du ix^ au xv^ siècle
que ses recherches laborieuses ont été fécondes en résultats
nouveaux : par sa revision du manuscrit du Cartulaire de
Redon et son étude sur les textes des chartes et des vies de
saints (p. 95-236), il a rendu à la science historique du breton
un service éminent, dont tous les celtistes doivent lui savoir
gré.
E. Ernault.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. Mort de William Kirby Sullivan. — II. Traduction de la Bible en
breton par M. Le Coat. — III. Le slavon balwan et le breton p'ulvaii. — IV. L'ir-
landais Muirchu, vue siècle, avait-il lu Flavius Josèphe ? — ■ V. Critique par M. Stan-
dish O'Grady des Lives of saints from the Book of Lismore par M. Whitley Stokes.
— VI. Un manuscrit inconnu jusqu'ici de la grammaire irlandaise dite Uraicept na
n-eigeas. — VII. Autres découvertes de M. Kuno Meyer dans les mss. Phillips. —
VIll. La particule didu. — IX. Liste des vies de saints comprises dans le ms. dit
de Salamanque. — X. Nouvelle édition du Manuel de numismatique ancienne de
M. A. de Barthélémy. — XI. Edition par M. R. Atkinson des Tri bior-ghaoithe an
bhâis de Geoffroy Keating. — XII. L'ethnologie des Iles-Britanniques par M. J.
Rhys dans la Scottish Review. — XIII. Larançoa au poids suivant M. Gaidoz dans
le Cymmrodor. — XIV. Le latin de Grégoire de Tours d'après M. Max Bonnet. —
XV. L'art irlandais dans la Grande-Bretagne anglo-saxonne, les habitations lacus-
tres en Ecosse. — XVI. Une excursion d'archéologues gallois dans la Bretagne
continentale. — XVII. Etudes grammaticales de MM. Zimmer et Thurneysen dans
la Zeitschrijt de Kuhn. — XVIII. Achèvement de l'ouvrage de M. JuUian sur les
inscriptions romaines de Bordeaux. — XIX. Résumé d'un cours de droit irlandais.
— XX. Recherches sur la propriété foncière et les noms de lieu en France. — XXI.
Le celtique dans les langues germaniques suivant M. Kluge. — XXII. Le catalogue
des monnaies gauloises de la Bibliothèque nationale. — XXIII. Mémoire de M. A.
Nutt sur la mythologie et les légendes celtiques. — XXIV. Le celtique dans le tome V
des Recherches morphologiques de MM. Brugmann et Osthoff. — XXV. Achèvement
des Documents sur saint Patrice recueillis par le Père Hogan. — XXVI. Irish fairy
taies, par Edmund Leamy. — XX VII. Trésor du vieux-celtique de M. Holder. —
XXVllI. Inscription grecque d'Agde. — XXIX. Mémoire de MM. Lièvre et Ernault
sur l'inscription gauloise du Vieux-Poitiers. — XXX. Critique, par M. Whitley
Stokes, de M. Atkinson, The passions and homilles. — XXXI. Les anciens catalo-
gues épiscopaux de la province de Tours, par l'abbé Duchesne. — XXXII. Le duel
conventionnel. — XXXIII. Vente de la bibliothèque de W M. Hennessy.
I.
Le mardi 12 mai dernier est mort à l'âge de 68 ans William Kirby Sul-
livan, président du Collège de la Reine à Cork, mais plus connu dans le
monde des études celtiques par la publication du livre intitulé On the Man-
iters and Ciistoms of the ancicnt Irish, trois volumes in-8, 1873. Les deux der-
niers volumes contiennent une série de leçons faites à lUniversité catho-
lique d Irlande par Eugène O'Curry de mai 1857 ^ juillet 1862 et qui
pendant onze ans avaient attendu un éditeur. Le tome premier renferme
une introduction composée par Sullivan et dont la valeur est beaucoup su-
périeure à ce que pouvait faire espérer la spécialité de l'auteur. En effet,
Sullivan était professeur de chimie à l'Université catholique d'Irlande
et au Royal Collège of Science, de Dublin. C'était surtout comme chimiste qu'il
avait de la réputation. Après avoir, dit-on, commencé ses études à l'école
568 Chronicjuc.
des « Christian Brothers » de Cork, il les avait continuées en Allemagne sous
la direction de Liebig. Ce n'était pas tout à fait la préparation nécessaire à
un continuateur d'O'Curry, mais on doit convenir que pour un chimiste de
profession, l'introduction au livre d'O'Curry est une œuvre fort remar-
quable, et on devra toujours beaucoup de reconnaissance à Sullivan pour
la peine qu'il a prise de publier les savantes leçons d'O'Curry.
II.
II nous arrive entre les mains un volume in-8 de 1068 pages, imprimé
sur papier assez fin pour ne pas dépasser l'épaisseur d'un in-8 de 500 pages
ordinaire. En voici le titre : An Bibl satitel, en pehini ema ar gonvenans ko^
hag an hini neve':^, troet en Breiounek (ie^ Treger) herve^ ar mammoii-skrid
hebre ha grek ha kemmet, gant ar brasa eve^, eii^ an droedigeiiou groet eu^ al
levr :(e er ie^ou ail, gant 1° talvoudegei ar giriou dishenvel er pevar hrank eux_
ar ie:^ Bre^ounek ; 2° diskoue^ou an unvanieia ^o entre ar gonvenans ko:^ hag an
hini neve:;^; 3° diskleriadure^ an hanoiou hag al lec'hiou hanvet er Bibl. « La
sainte Bible où sont l'ancien testament et le nouveau, traduite en breton (dia-
lecte de Tréguier) d'après l'original hébreu et grec et comparée, avec la
plus grande attention, aux traductions de ce livre en d'autres langues. On y
trouvera: 1° les mots synonymes dans les quatre dialectes du breton;
2" la concordance entre l'ancien testament et le nouveau; 3" l'explication
des noms et des lieux mentionnés dans la Bible ». Le texte est imprimé à
deux colonnes, entre lesquelles a été réservée une colonne moindre affectée
aux notes. Le haut de cette colonne médiale est consacré aux notes de la
colonne de gauche, le bas aux notes de la colonne de droite. C'est là que
se trouvent les synonymes bretons et les renvois d'un livre à l'autre
Le nouveau testament est la reproduction de la traduction de M. Le Coat
imprimée à Londres en 1883 par la Trinitarian Bible Society, et dont
M. Emile Ernauh a rendu compte dans la Revue Celtiqne, t. VI, p. 582-583.
Aucune des fautes de traduction signalées par notre savant collaborateur
n'a été corrigée. Ainsi chez saint Mathieu, IX, 13, on lit : !MâOc-£ -:' sa-riv
"EXco; OeÀo) /.a't où Ouaiav. « Apprenez ce que veut dire : je veux la miséri-
corde et non le sacrifice. » Le Gonidec avait traduit : Deskit petra eo da la-
varout : giiell eo ganen trugare::^ eget a:ieulidioe~ ■ . M. Le Coat a remplacé les
mois pctraeo da lavard, littéralement « qu'est à dire, » par ceux-ci: ar pe:{ a
c'hoanta laret ar c'l)o»iiou-ina, littéralement « ce que ces paroles désirent
dire ». Ar pe~ a c'hoanta laret s'emploie avec une personne et non une chose
pour sujet, La traduction de Le Gonidec est donc dans ce passage supé-
rieure à celle de M. Le Coat.
Celle de M. Le Coat l'emporte sur certains points. Elle est maniable.
Celle de Le Gonidec imprimée sur papier vergé forme deux volumes, dont
un surtout, trop épais, ne l'est pas. Enfin M. Le Coat, que nous supposons
I . Littéralement : » apprenez ce qu'est à dire : mieux est pour moi mi-
séricorde qu'adoration. »
Chronique. 369
être l'auteur de la traduction de l'ancien Testament comme du nouveau,
s'est attaché à reproduire plutôt comme il le dit dans son titre les originaux
hébreu et grec que la Vulgate latine. On le voit dès le premier verset de la
Genèse. Dans la Vulgate : in principio creavit Deus caelum et terrant. C'est à
peu près exactement la version des Septante : èv àp/fî zT.olr^rsz^i ô Oso; tÔv
oûpavôv v.ol: tv; y^v. Le Gonidec avait traduit littéralement sans remonter à
l'hébreu : er penn kenta Doue a groiiai ann env hag ann douar. C'est aussi la
traduction irlandaise: s' ann tosach do chrûtaidh Dia neamh agus talamh ; « Au-
commencement Dieu créa le ciel et la terre. » Malheureusement dans ces
quatre traductions, grecque, latine, bretonne et irlandaise, il y a une grosse
faute ; en effet le mot hébreu rendu par les mots oj;avov, caelum, env,
neamh, tous au singulier, est au pluriel. Le rédacteur de la traduction gal-
loise s'en était aperçu ; aussi a-t-il écrit y nefoedd « les cieux ». M. Le Coat
Fa également bien vu et de là sa traduction; elle reproduit exactement celle
de Le Gonidec, mais avec la correction envou pour env: « Dieu créa/t'5 cieux
et la terre. » Les philologues regretteront dans cette version une inconsé-
quence. Il est en effet plus exact de rendre par le pluriel envou « les cieux »
que par env « le ciel » le mot hébreu hashamàim, mais pour être logique il
faudrait aussi rendre par un pluriel le mot Elohiin, littéralement « les
dieux ». Quand on est en train de corriger les Septanie et la Vulgate,
pourquoi s'arrêter ainsi à mi-chemin ? Mais malgré sa prétention de se con-
former à l'original hébreu, je doute que M. Le Coat fasse droit à cette cri-
tique plus qu'à celles que lui adressait il y a cinq ans M. Emile Ernault.
in.
t
Dans ï Academy du 15 mars, p. 189, M. H. Krebs se préoccupe de la
question de savoir s'il n'existe pas dans les langues slaves quelques mots
d'origine celtique et il signale à l'attention des celtistes qui lisent VAcadsmy
le sLavon bahvan ou bohvan dont la transcription anglaise serait balvdn. Ce
mot se rencontre en russe et dans la plupart des dialectes slavoniques, aussi
bien qu'en lituanien. Sa signification est « bloc de bois ou de pierre, pilier,
statue, idole » et ce mot viendrait d'un original celtique pcidwan.
On peut répondre que petdvan n'est pas un mot celtique primitif; c'est
un composé breton de date récente ; de ses deux éléments, peuî, le premier,
est identique au hùn palus « poteau » dont l'a long est réguHèrement repré-
senté par eu en breton. Le second terme est le breton maen, main n pierre ».
Peiilvan, comme écrit le dictionnaire de Le Gonidec, veut dire « poteau
de pierre ». Le mot peul « poteau », au p\urïe\ peuliou, existe à l'état isolé
en breton. Le gMois paivl, poli on est le môme mot. La conclusion, c'est
que tout rapprochement entre le breton peulvan et le mot slave dont il
s'agit est caduc.
IV.
Dans le fragment de la vie de saint Patrice par M'uirchu découvert à
Bruxelles par le Père Hogan, on lit que Moneisen, fille d'un roi saxon, était
Î70 Chronicjue.
arrivée à la connaissance du vrai Dieu par les seules lumières de la raison :
« quaerebat namque per naturam totius creaturae factorem, in hoc patriarchae
Abraham secuta exemplum » '. M. Whitley Stokes 2 croit trouver Forigine
de cette comparaison avec Abraham dans un passage des Antiquités judaï-
ques de Flavius Josèphe. On y voit qu'Abraham osa le premier déclarer qu'un
dieu unique était le créateur de toutes choses ; il concluait l'existence de
Dieu des faits qui montrent son action sur la terre, sur la mer, sur le soleil
et sur la lune, et de tous les pliénomcnes qui se produisent dans le ciel 3.
M. Whitley Stokes conclut que Muirchu avait lu Flavius Josèphe, soit dans
une traduction, soit dans le texte grec original comme aurait pu le faire
deux siècles plus tard son compatriote Scot Erigène, le célèbre auteur du
ïii'A o-ja;w; [jL£>'.a;i.oj 4. L'hypothèse de M. Whitley Stokes peut être con-
forme à la réalité. Toutefois il serait bon de vérifier si quelque Père de
l'Eglise, connu par Muirchu, n'aurait pas reproduit la doctrine de Flavius
Josèphe et si par conséquent l'écrivain irlandais n'aurait pas connu par l'en-
tremise d'un tiers le texte précité de l'auteur juif.
V.
M. Standish O'Grady, dont tout le monde s'accorde à reconnaître la com-
pétence lorsqu'il s'agit d'irlandais moderne et d'irlandais moyen, a publié
dans VAcademy du 26 avril, p. 286, sous le titre de Irish Items, un recueil de
notes critiques sur les Vies de saints irlandais du Livre de Lismore annoncées
dans notre précédente livraison, p. 241. Certaines de ces critiques paraissent
quelque peu minutieuses.
Ainsi, dans la vie de saint Senan, 1. 2226-2228, il est question d'un monstre
tellement chaud qu'il mettait la mer en ébuUition quand il y entrait : in tan
no cingedh innte, littéralement: «dans [le] temps [où] il allait en elle ».
M. Whitley Stokes a traduit comme nous : « Quand il y entrait », « when it
entered it ». Cette traduction ne vaut rien, dit M. Standish O'Grady: il faut
dire : « quand il s'avançait dans elle, therein, c'est-à-dire se précipitait à
travers elle ».
« Il ne lui avait échappé depuis lors personne qui eût raconté de lui des
nouvelles » : nech atfessed asccla, « who could tell tidings ofit », « qui pût dire
des nouvelles de lui », traduit M. Whitley Stokes. Mauvais ! s'écrie M. Stan-
dish O'Grady : le mot irlandais atfessed ne signifie pas ivho could tell « qui
1. Analecta Bollandiana, t. L p. 576, 1. 8-9. Whitley Stokes, Tlie tripar-
tite life of Patrick, p. 497, 1. 2-5.
2. Academy du 22 mars 1890, p. 207, col. 3.
3. npoiTo; oùv ToXuà ©côv à~03rîvaaOa'. orjaiOUpyôvTwv ô'Xtovâ'va.. . E'tV.ai^E os
xaijTa tôt; "t^; yrj; za''. OaAocTTrj; TîxOr'aaa'., loî; x: r.ioi tôv fjXtov xa'i xfjV iî)>r]'vr]v,
•/.a; ::aat xoî; zax'oùpavov '^'j^^a.ivo-ji'.. Josbphs, Antiquités judaïques, I, 7 ; éd.
Didot, p. 18, 1. 13-14, 16-19.
4. Ce traité a été composé en latin malgré son titre. Mais Scot Erigène
a fait des vers grecs qu'on peut voir chez Migne, Patrologia latina, t. CXXII,
col. 1225, 1251, 1238-1240.
Chronicjue. jyi
pût dire », son sens est en anglais to tell « pour dire », littéralement en
latin qui narraret.
Je ne comprends pas bien l'intérêt de cette critique, et M. Whitley Stokes
{Acadeniy du 3 mai, p. 305), fait observer que dans la traduction proposée
par M. Standish O Grady pour le premier membre, l'emploi de l'anglais
therein « dans elle », littéralement « là-dedans » ne rend pas exactement
l'irlandais innte. Therein correspond au latin in ea, in eo, avec le pronom à
l'ablatif, tandis que innte veut dire in eam, avec le pronom à l'accusatif (e,
dans z«n/-e représente un primitif * «an, accusatif singulier féminin).
Parmi les critiques de M. Standish O'Grady, il y en a certainement de
plus intéressantes : telles sont par exemple celles qui concernent le membre
de phrase ni-sn-etfaitis ethra. Il s'agit toujours de ce monstre. M. Whitley
Stokes rend ainsi : no bouts could catch it : « aucuns bateaux ne pouvaient le
prendre ». Puis dans ses corrections il ajoute qu'il doit cette traduction à
M. Standish O'Grady et qu'il la rejette parce que le pluriel d'e//;flr est (;//;aîV,
non ethra, et qu'il doit s'agir ici d'un mot irlandais d'ailleurs inconnu,
identique au collectif gallois adar « oiseau », au singulier aderyn.
M. St. O'Grady conteste l'exactitude de la traduction etfaitis par « could
catch it », « pourraient le prendre » ; au lieu de catch it « le prendre » il
faudrait get at it « l'atteindre ». C'est en effet plus exact. Mais M. St.
O'Grady ne se contente pas de cette rectification et maintient sa traduction
de ethra par « boats » « bateaux ». La grammaire, dit-il, ne peut pas l'em-
porter sur le bon sens. Comment voyageaient, se demande-t-il, les pauvres
gens qui donnèrent la chasse au monstre et qui jamais ne sont venus en
donner des nouvelles ; était-ce en bateau, pensez-vous, ou à bord d'un
oiseau ? Mais à cette question spirituelle il y a une réponse. Les deux mem-
bres de phrase: « aucun oiseau n'aurait pu l'atteindre et « jusqu'à ce jour
il ne lui a échappé personne qui pût donner de lui des nouvelles », expri-
ment deux idées indépendantes. Au moyen âge, ethra, dans ce texte, était
compris avec le sens de « oiseau ». En effet, le manuscrit delà bibliothèque
Bodléienne qui est coté Laud 610, qui paraît être du xve siècle ', contient
une copie de la vie de saint Senan à laquelle appartient ce membre de
phrase, et le mot ethra du manuscrit de Lismore est remplacé dans le ma-
nuscrit Laud par êna qui signifie incontestablement « oiseaux » -.
Je me borne à cet échantillon de la discussion érudite entre M. Standish
O'Grady dans VAcademy du 26 avril et M. Whitley Stokes dans VAcademy
du 3 mai. Rien n'est plus instructif que cette lutte courtoise entre deux sa-
vants si compétents, mais dont le point de vue et les procédés scientifiques
ne sont pas toujours exactement les mêmes. M. Whitley Stokes reconnaît
du reste le fondement d'une partie des critiques de M. Standish O'Grady et
il profite de l'occasion pour donner une liste de corrections à son édition
1 . Gilbert, Facsimiles of national mss. of Ireland, partie III, pi. XLVii ;
éd. in-8, p. 122.
2. Dans le ms. de Paris, f» 36 ro, col. 2, 1. 41, le verbe, écrit ni-sn-eit-
gidis, n'a pas de sujet.
372 chronique.
des Vies de saints du livre de Lismore. Un supplément à cette liste de cor-
rections a été publié par M. Whitley Stokesdans ÏAcademy du lo mai, p. 321.
VI.
M. Kuno Meyer a découvert dans le ms. de Thomas Phillipps no 10279
un exemplaire inconnu jusqu'ici de la Grammaire irlandaise composée au
moyen âge. Il a publié à ce sujet dans VAcademv du 10 mai, p. 321, une
notice dent je vais combiner le résultai avec des notes bien insuffisantes que
j'ai recueillies autrefois, mais qu'un érudit plus jeune que moi pourra utiliser
en les complétant.
La grammaire irlandaise composée au moyen âge se divise en quatre
livres, précédés d'une sorte d'introduction.
Dans le Livre de Ballymote l'introduction commence, p. 514, col. i,aux
mots : « Incipit do-na-huraceptaib » et le premier livre se termine p. 321,
col. I, 1. 46, aux mots: « Finit primus liber «. Dans le Livre de Lecan
(Royal Irish Academy, 23 .P. 2) l'introduction et le premier livre com-
mencent au fo 151 t", où on lit : « Incipit auraicept nan-eigeas ». — « Lea-
bar Cinndfaelad mac Ailella ». Dans le ms. H. 2. 16 du Collège de la
Trinité de Dublin, l'introduction commence col. 304 aux mots : « Incipit
eraicept nan-eiges « : le premier livre â la colonne 510; l'auteur et la date
auxquels ce livre est attribué sont donnés col. 510 : « Cait log acus aimser
« acus persa acus tucait isgribind ind-uraicept ?. . . Aimser di aimsir Dom-
« naill meic Aodha, meic Ainm^rec, persa do Cendfaola^i mac A'ûelh. . . »
L'auteur serait donc Cendfaelad, fils d'Ailill qui vivait sous Domnall, fils
d'Aedh, fils d'Ainmire, 624-639, suivant la chronologie des Quatre Maîtres.
Au British Muséum, ms. Egerton, 88, l'introduction commence au f» 62,
aujourd'hui 65 : « Incipit eraicept nan-eces », et le premier' livre au £■ 64,
aujourd'hui 63, on y Ht : « Caithe \oc ocus aimser ocus ptrsa. ociis tucait scri-
« binn in libair sin ? Loc do cedus Doire Luruain, ocus aimsir di aimsir
« Domttaill, meic Aoda, meic .-Vinmereac; ocw5 pearsa do Cendfaoladh, mac
« Aik/la ; a tucait scribind, a inqint dermait do bein a cund Cennfaoladh a
« cath Moige Rath. » Les termes sont à peu près les mêmes que dans le
Livre d'Aicill (Anctent lazvs of Ireland, t. III, p. 86), où la collaboration de
Cennfaelad au livre d'Aicill est expliquée par une blessure reçue à la tête
pendant la bataille de Mag Rath (Moira) 1636, et par une lésion au cer-
veau, effet de cette blessure. Le livre de Cennfaelad a été évidemment in-
séré dans le ms. de Thomas Phillips n" 10279; ^^ passage emprunté par
M. Kuno Meyer au f" 19 a de ce ms., et qui traite des trois genres, est
exactement transcrit dans leiivre de Ballymote, p. 319 ^, 1 1-5 • L'intro-
duction doit se trouver aussi dans le ms. Phillips 10279; elle commence
certainement là où finit le traité de l'Ogam dont le début est signalé par
M. Kuno Meyer dans le ms. Phillips 10279, au f" i, et se peuthre dans le
livre de Ballymote, p. 308 b, 1. 44.
Le livre II attribué à Fercertne est annoncé dans le Livre de Ballymote,
p. 321 a,\. 46-49; suivant ce texte le livre de Fercertne aurait été composé
Chronique. J7j
à Emain Mâcha au temps du roi épique Conchobar Mac Nessa, par consé-
quent vers le temps de la naissance de J.-C. Il commence dans le même
ms-, p. 321 ^, 1. I ; dans le Livre de Lecan, au f° 155 v"; dans le ms.
Egerton 88, au fo 68 h, aujourd'hui 69 h; dans le ms. de T. C. D. coté H.
2. 16, à la col. 524 ; dans le ms. Phillips 10279, ^^ ^° ^7 ^•
Le livre III ou livre d'Amergin commence dans le Livre de Lecan au
fo 157 r". Il est attribué à Amergin Glungeal, personnage imaginaire;
Amergin aurait été du nombre des premiers Irlandais qui débarquèrent,
dit-on, dans l'île d'Irlande, environ 1700 ans avant J.-C. suivant la chrono-
logie des Quatre Maîtres.
Le livre IV, ou livre de Fenius Farsaid, commenceau fo 70, aujourd'hui
71, col. 2, 1. 4 du ms. Egerton 88. Ce livre aurait été composé en Asie
dans la plaine de Senar, au temps où les fils d'Israël sortirent d'Egypte, et
où les ancêtres des Irlandais habitaient encore l'Asie.
L'e.xcellent O'Curry, Onthe Manners, t. II, p. 53-54, prend ces dates au
sérieux, et croit en conséquence qu'il faut ranger les quatre livres dans
l'ordre inverse de celui qui est traditionnel. Le premier est le seul qu'on
puisse croire l'œuvre de l'auteur auquel il est attribué, et encore !
L'érudit qui prendrait note des premiers mots de chacun de ces livres et
qui enverrait ce renseignement à la rédaction de la Revue Celtique ferait
œuvre utile. Je regrette de n'avoir pas pris ces indications dans mon voyage
aux Iles-Britanniques il y a neuf ans. En connaissant les premiers mots de
chaque livre, on établirait avec plus de précision la concordance entre les
mss. où ce traité de grammaire est conservé.
VII.
Le ms. 9194 de Thomas Phillips contient, nous apprend M. Kuno Meyer,
une vie de saint Fechin traduite du latin en irlandais et une homélie irlan-
daise sur le même personnage. On sait que la fête de saint Fechin se cé-
lèbre le 20 janvier, et que sa vie latine a été publiée par Colgan, Acta sanc-
toruin, t. I, p. 130, et par les Bollandistes, janvier, t. II, p. 330.
Dans le ms. 9195, M. Kuno Meyer a trouvé un fragment d'Annales
d'Irlande et un exemplaire du Livre des droits, Leabhar na g-ceart dont on
sait qu'une édition a été donnée par John O'Donovan pour la Celtic Society
en 1847.
Le ms. n° 10297, xv« siècle, contient des traités de médecine.
Le n° 8125 renferme une copie du poème qui commence par le vers Etre
aird, inis na riogh ! « Noble Irlande ! Ile des rois ! » qui se trouve aussi dans
le Livre de Leinster, p. 127, dans le Livre de Lecan, fo 303, et dans le
Livre de Ballymote, p. 45 b. L'auteur en est Gilla Coemain mort en 1072.
Vin.
Dans le même numéro de VAcademy, M. Kuno Meyer annonce une inté-
ressante découverte qu'il a faite à Oxford dans le ms. Rawlinson B. 512 de
374 Chroniijue.
la Bibliothèque Bodléicnne, xive-xv siècles. M. Whitley Stokes a donné
dans The tripartite Life of Patrick, p. xiv-xlv, une table détaillée de ce
ms., et il y mentionne (p. xxi) un traité sur le psautier, fos4')-47. M. Kuno
Meyer y a remarqué, f" 47 a i et /' i , deux exemples de la particule didu
« donc » écrite en toutes lettres. On sait qu'elle est ordinairement notée di
plus un signe abréviatif, lu par les uns n, par d'autres m, et enfin no. Cette
particule est identique à celle qui, au ix' siècle, était écrite cinq fois didiii
et une fois didu dans le ms. de Wurzbourg (Grammatica celtica, 2" édition,
p. 713-714) comme l'a fait observer M. Thurneysen. Il est intéressant de
trouver la leçon didu cinq ou six siècles plus tard.
IX.
J'ai raconté dans le t. IX de la Revue Celtique, p. 290-291, la publication
du ms. de Bruxelles dit de Salamanque, qui contient un recueil de vies de
saints d'Irlande. Dans ce passage de la Revue Celtique, on a vu le titre du
volume, annoncé au prix de 90 francs. Grâce à l'obligeance du père De
Smedt, l'un des éditeurs, j'ai pu m'en procurer un exemplaire pour un prix
très modéré, et je suis en mesure de donner la liste des saints dont la vie s'y
trouve contenue. Je marque d'une astérisque les vies inédites jusque-là.
Abbanus, voye:{ Albanus col. 505
Aidanus, alias Moedoc, episcopus Fernensis (3 1 janvier), 465
Aldus, episcopus Killarensis (10 nov.), 333
*Ailbeus, episcopus Imlacensis (12 sept.), 235
Albanus seu Abbanus, abbas Maghurnuidensis (16 mars), 505
Baithenus, abbas Hiensis C9 juin), 871
* Brandanus, abbas Clonfertensis (16 mai), deux vies et un fragment,
113, 7S9. 945
Brigida, abbatissa Kildarensis (l février), manque le commencement, i
*Cainecus, abbas Aghaboensis (i i oct.) 361
Carthacus, alias Mochuda, episcopus Lismorensis (14 mai), 779
Catharina Ale.xandritia, 681
*Cieranus, abbas Cluanensis (9 sept.), 155
Cieranus, episcopus Saigirensis (5 mars), 805
*Coemgenus, abbas Glendalochensis (3 juin), 83$
*Colmanus Eala, vulgo Colrnanellus, abbas Lann-Ealensis (26 sept.), 415
Colmanus, alias Mocholmog, episcopus Drumorensis (7 juin), 827
Columba Cille, abbas Hiensis (9 juin), fragment, 221
*Columba de Tirdaglas (13 décembre), 445
*Comgallus, abbas Benchorensis (10 mai), 773
Cronanus, abbas Roscreensis (28 avril), 541
Cuannatheus, abbas Lismorensis (4 février), 931
Dagaeus, abbas Iniskinensis (18 août), 891
Dairchellus, voye:;^ Moling, 819
Darerca seu Moninna, abbatissa (6 juillet), 165
Chronicjue. 375
Eugenius, episcopus Ardstratensis (23 août), 915
* Finanus, abbas Kinnitiensis (7 avril), 305
Finnianus, abbas et episcopus Clonardensis (12 déc), ' 189
Fintîtius, abbas Clonenaghensis (17 février), 289
Fintanus, abbas Dunlucensis (3 janvier), 225
Fintanus, alias Munna, abbas Achadliacensis (21 oct.), 393
*Flannanus, episcopus Killaloensis ("18 décembre), 643
Furseus, abbas (16 janvier), 77
*Laisrianus, alias Molassius, abbas et episcopus Lethglinnensis (18 av.), 791
*Laurentius, episcopus Dublinensis (14 novembre), 641
*Lugidus, alias Molua, abbas Clonfertmoluensis (4 août), deux vies, la
seconde inédite, 261, 879
Maccarthinus, episcopus Clochorensis (15 août), sans commencement, 799
Macnissus, episcopus Connerensis (3 sept.), 925
Malachias, episcopus Ardmachanus (3 nov.), 551
Mocholmog, voyez Colmanus, 827
Mochuda, voyei Carthacus, 779
*Mochulleus, episcopus (12 juin) fragment, 939
Moedoc, voye^ Aidanus, 463
Molassius, voye^ Lasrianus, 791
Moling, alias Dairchellus, episcopus ("17 juin), 819
Molua, voyei Lugidus, 261, 879
Moninna, voyez Darerca, 165
Munna, voye^ Fintanus, 393
Rodanus, abbas Lothrensis (1$ avril), 319
Senanus, abbas Iniscathensis (8 mars) 735
Tigernacus, episcopus Clonesensis (4 avril), 211
Enfin le ms. de Salamanque contient la curieuse pièce que MM. Arthur
West Haddan et William Stubbs ont publié dans leurs Coiincils and ecdesias-
tical docunienls relating io Great Brilain and Ireland, vol. II, part. 11, p. 292-
294, sous le titre de [Catalogue of irish Saints] et qu'ils datent du milieu du
viir siècle. On la trouve ici, aux col. 161 -164, sous ce titre : De tribus
ordinibus sandorum Hiberniae.
X.
M. A. de Barthélémy, dont la collaboration à la Revue Celtique est si
justement appréciée de nos lecteurs, vient de publier à la librairie Roretune
nouvelle édition de son Manuel de numismatique ancienne. Cette édition,
mise au courant, a comme la première le mérite de réunir, dans l'espace le
plus resserré possible, les notions fondamentales d'une science dont la bi-
bliographie complète est aujourd'hui si considérable. C'estun volume in- 16
qui n'a pas 500 pages. L'atlas qui y est joint ne comprend que douze plan-
ches et ne dépasse guère les dimensions ordinaires d'un in-8. On trouve,
p. 103-129 du Manuel, une étude sur les monnaies celtiques de Gaule, de
^76 Chronique.
Bretagne et de Germanie. La liste des noms inscrits sur ces monnaies
occupe les pages 11 6- 129. Ce livre est appelé à rendre de grands services,
soit aux débutants, soit aux savants et aux amateurs qui ne font pas de la
numismatique leur occupation spéciale.
XI.
M. Robert Atkinson, dont nous annoncions il y a deux ans (t. IX, p. 127)
une volumineuse et instructive publication des homélies en irlandais moyen
d'après un manuscrit du xiv^ siècle, vient de publier un texte irlandais du
xviie siècle : « Les trois aiguillons de la mort », Tri bior-gaoithe an bhiis,
de Geoffroy Keating, plus connu comme auteur d'une histoire d'Ir-
lande. M. A. donne: le texte irlandais, p. 1-298, un — très utile — voca-
bulaire, p. 299-455; une table des auteurs cités, p. 454-455 ; un index des
passages de la Bible, p. 456-462; le volume se termine par un appendice
qui traite du verbe dans la langue de Keating, p. i-xxxii. Cette publication
est précédée d'une préface dont voici la traduction : « En présentant cet ou-
« vrage au public, je cherche à mettre à exécution le projet annoncé dans
« mon mémoire sur la lexicographie irlandaise, p. 34, qui a été une de
« mes leçons de la fondation Todd. On doit commencer l'étude de l'irlan-
« dais par les portions les plus faciles, et ce sont indubitablement les por-
« tions ecclésiastiques. C'est une grande erreur, suivant moi, que font
« souvent ceux qui étudient l'irlandais, quand ils négligent cette base indis-
« pensable, ce moyen d'acquérir avec les idiotismes celtiques la familiarité
« nécessaire, et quand ils se hâtent de chercher la solution difficile et peut-
« être impossible des problèmes que nous offrent les débris de la littérature
« celtique. Les textes que j'ai publiés d'après le Leabhar Breac et le texte édité
« dans le présent volume contiennent certainement une très grande partie
« de ceux des mots irlandais dont on connaît le sens avec certitude. Mais,
« outre le vocabulaire, ces textes montrent avec une grande variété la réelle
« structure du langage. Une connaissance complète de ces pages pré-
« servera l'étudiant de beaucoup de bévues dans l'analyse de textes plus
« difficiles.
« Il y a dans ce livre à peine une ligne dont un Irlandais parlant sa
« langue nationale ne saisira pas du premier coup la signification. Il est
« écrit en véritable irlandais, sans contamination de phrases anglaises.
« L'auteur est un maître dans la langue irlandaise quand cette langue était
« encore une puissance. Je recommande vivement l'étude de Keating au
« jeune étudiant qui cherche à pénétrer les secrets de la parole irlandaise.
« La langue irlandaise n'a pas de formes dont l'étudiant ne trouvera pas un
« modèle dans cet ouvrage » .
Les observations du savant auteur sont fort justes. La route qu'il conseille
de suivre est certainement la plus sûre. Seulement elle a le grand défaut
d'off'rir peu d'attraits ; les textes épiques irlandais ont une originalité qui
manque aux textes ecclésiastiques, ceux-ci expriment des idées empruntées
à la littérature latine, ou qui y ont depuis longtemps pénétré.
Chronique. ;^j
XII.
Nous avons annoncé dans notre précédente chronique, p. 239, la publi-
cation dans la Scottish Reviezv de leçons de M. John Rhys sur l'ethnologie
primitive des Iles-Britanniques. La première de ces leçons a paru dans le
numéro d'avril, p. 235-232. Le savant auteur montre dans ces quelques
pages le remarquable talent d'exposition qui distingue tous ses écrits. Il se-
rait difficile de faire mieux comprendre à un lecteur l'histoire du p gallois
et breton. Il y a toutefois un point sur lequel il m'est impossible de partager
sa doctrine. D'après lui les Celtae, qui suivant César habitaient entre la
Seine et la Garonne, et les Celtes d'Espagne appartenaient au même groupe
que les Irlandais et n'avaient pas transformé le ^ en ^ comme les Belges et
les Bretons. Cette thèse s'appuie sur deux faits : 1° l'existence en Espagne
sous l'empire romain d'une ville appelée Equahona, 2° le nom de la
Seine, Sequana; mais Equabona est un composé dont le premier terme est
latin comme Julio-bona, Augiisto-bona ; Sequana est un terme préceltique
comme la plupart des noms de rivière de la Gaule. Les Celtes de Gaule
comme ceux d'Espagne connaissaient le p^zq. Des noms de peuples comme
Pelendones, Parisii, Petriicorii, Picli, et des noms d'hommes dont il serait
facile de dresser la liste, l'établissent péremptoirement.
XIII.
La revue Y Cymmrodor, the magazine of the honourable society oi Cym-
mrodorion for 1889, contient des articles intéressants. Le premier est de
M. Gaidoz. Il a pour objet l'usage antique de rançons consistant en métal
précieux dont le poids est égal à celui de la personne rachetée. Cet usage a
existé en Allemagne suivant Grimm '. Dans l'Inde, suivant une communi-
cation de M. Barth à M. Gaidoz, ofTrir aux dieux son poids était un acte de
piété dont la pratique est constatée par plusieurs textes. Le roi Cairpre Cend-
caitt offrit de racheter son fils qu'il avait fait jeter à la mer et qui avait été
sauvé ; il aurait donné le poids de l'enfant en argent, plus le tiers du même
poids en or 2.
On trouve en Bretagne des traces d'une idée analogue. Ainsi, le duc Sa-
lomon, ayant fait vœu d'aller en pèlerinage à Rome, envoya à sa place une
statue d'or aussi haute et aussi grosse que lui. Mais il n'est pas dit qu'elle
eût son poids 3. On peut rapprocher de l'idée qui a inspiré ce procédé
1 . Rechts AUerthûmer , 2^ éd., p. 675. Grimm prétend retrouver cet usage
dans l'Iliade, XXII, 351; mais il n'est pas démontré que ce vers ait le sens
spécial que le savant allemand lui attribue-, il se rétè:e à une rançon quel-
conque.
2. Ro-beraind a-chomthrom de argut dar-a-chend, ocusro-pad trian de
or. Livre de Leinsier, p. 126, 1. 40-41.
3. Dom Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, t. I, col. 302-305.
Revue Celtique, XI. 2 5
37^ Chronique.
celle à laquelle recourent deux couples bretons pour avoir des enfants. Dans
la vie de saint Samson un mari donne à Dieu un bâton d'argent aussi haut
que sa femme '. Dans la Vie de saint Brieuc, une mère fait faire trois ba-
guettes, deux d'argent pour elle et pour son mari, la troisième d'or pour
son fils; elle donne tout de suite les deux premières ; elle donnera la troi-
sième après la naissance de Fenfant 2. A côté de ces faits, M. Gaidoz, avec
raison, place un passage du Mahinogi de Branwen, fille de Lyr (traduction
Guest, t. III, p. 109 ; traduction de Loth, t. I, p. 75-74. Le texte
gallois a été imprimé dans l'édition de Lady Guest, t. III, p. 86, 1. 14-16,
et dans l'édition de John Rhys et Gwenogfryn Evans, p. 30, 1. 11-14). Les
chevaux de Matholwch avaient été mutilés. On lui proposa de lui rendre
l'équivalent, plus, comme réparation de l'insulte qu'il avait subie, des verbes
d'argent aussi épaisses et aussi longues que lui et un plat d'or aussi large
que son visage. Mais de poids il n'est pas question.
On remarquera aussi dans ce numéro du Cymmrodor une étude de
M. Sayce sur la légende du roiBIadud, fondateur de Bath (p. 207-221). Ce
personnage a été connu de Geoffroy de Monmouth.
XIV.
M. Max Bonnet, chargé de cours à la Faculté des Lettres de Montpellier,
vient de faire paraître à la librairie Hachette une thèse de doctorat intitulée :
Le latin de Grégoire de Tours. C'est un volume gr. in-8 de 787 pages. L'au-
teur paraît avoir traité son sujet avec soin et d'une façon aussi approfondie
que détaillée. Quelques-unes des questions dont il s'occupe peuvent avoir
un intérêt au point de vue celtique. C'est ainsi qu'il donne (p. 226) une no-
menclature des mots celtiques contenus dans Grégoire. Ailleurs M. Bonnet
revient sur une question traitée dans le tome I de la Revue Celtique, p. 320
et suiv., sous ce titre: « Influence de la déclinaison gauloise sur la décli-
naison latine dans les documents latins de l'époque mérovingienne « ?.
Certaines différences entre la déclinaison latine classique et la déclinaison
celtique tiennent à une loi phonétique qui voulait que dans le celtique pri-
mitif, l'ô indoeuropéen, à la syllabe finale, fût prononcé ;/. C'est en vertu
de cette loi que nous trouvons en irlandais: biur « je porte », pour *beru,
indoeuropéen bherô; cà « chien », pour un indo-européen *cvô ; toimtiu
« pensée », rr: *do-rnntiô dont le second terme est identique au latin mentiû;
fiur =: *t7rî/ identique au datif latm virU ■\. Voilà pourquoi les inscrip-
1. Analecta Bollandiana, t. VI, p. 84.
2. Ibid., t. II, p. 164.
5 . La doctrine soutenue dans cet article a été exposée d'une façon plus
détaillée dans une brochure intitulée : La déclinaison latine en Gaule à l'épo-
que mérovingienne dont on trouvera une critique par M. Schuchardt dans la
Zeitschrift de Kuhn, t. XXII, p. 153-167.
4. Bered « qu'il porte » = W;cre/ô[i] =: t^rêffl qui n'avait pas changé son
d en M parce que cet ô n'était pas primitivement final; comparez Vd de dedâ
Chronique. 379
tions gauloises nous fournissent le nominatif Frontu =: FrontU et le datif
Alisanu =1 Alisanô. Cette loi des finales celtiques concorde avec une loi pho-
nétique du latin vulgaire que M. Horning dans sa Grammaire de V ancien jran-
çais, § 70, formule ainsi : « 0 fermé du latin vulgaire répond au latin clas-
sique ô et u ». Seulement cette loi de la latinité vulgaire est générale et ne
s'applique pas seulement aux syllabes finales. De là chez M. Max Bonnet,
p. 126, l'observation que chez Grégoire de Tours ô est rendu par u très
souvent dans les syllabes ouvertes de toute position et dans les finales fer-
mées.
XV.
Le journal de la Société royale des antiquaires d'Irlande, 5« série, vol. I,
p. 31-35, contient sous le titre de CeJ tic remains in England un intéressant
article de M. John L. Robinson sur l'influence exercée par l'art irlandais sur
la sculpture en Grande-Bretagne pendant la période anglo saxonne ; on y
trouve jointes des planches représentant des croix sculptées, les unes d'Ir-
lande, les autres de Grande-Bretagne. Aux pages 83-85, on lit une note
sur une habitation lacustre récemment découverte en Ecosse à Locha-
vullin près Oban, comté d'Argyll ; M. Cochran-Patrick se pose à ce sujet
la question de savoir quelle est la population qui a occupé les habitations
lacustres de l'Ecosse, et il cite à ce propos un passage du livre de Monro,
Scottish laJce-dwelUngs (p. 287), où il est constaté que dans les habitations
lacustres du sud-ouest de l'Ecosse on a trouvé des objets romains; de là il
résulte que ces habitations ont été occupées postérieurement à la conquête
romaine.
XVI.
Les numéros 25 et 26 de V Archaeologia cainhrensis, 5^ série, rendent
compte d'une excursion archéologique faite dans la Bretagne continentale au
mois d'août dernier. Cette excursion a duré dix jours et s'est terminée le
vendredi 23 août. Le 22, les membres du congrès ont fait visite à M. Renan,
à Ros-Mapamon, près de Perros-Guirec (Côtes-du-Nord). M. Rhys a pré-
senté ses confrères à M. Renan. Celui-ci leur a adressé un discours qui
occupe un peu plus de deux pages de ce journal et, après un thé, quelques
mots d'adieu ont été adressés à M. Renan par M. l'archidiacre Thomas.
XVII.
Dans le tome XXXI de la Zeitschrift fur vcrglcichcndcn Spracbforschnng,
premier cahier, p. 62-102, notre savant collaborateur M. R. Thurnevsen
revient sur l'étude des formes verbales sigmatiques en irlandais. Il s'en était
occupé déjà dans la même revue, t. XXVII, p. 174, où il dit que le grec
(ci-dessus p. 50) =r dedôe. L't final du datif était tombé quand Vo précédent,
devenu final, s'est changé en m.
380 Chroiquc.
axcî?£(v) vient de l'injonctif *steigh-s-t identique à té dans l'irlandais for-
don-te; et, tome XXVIII, p. 151-153, oîi il cherche à expliquer les prétérits
irlandais ro-Jctar, « je sais » ; ni-arlasair, « il n'adressa pas la parole >> ;
siassair, « il s'assit ». Ce sujet a été de nouveau traité par M. Zimmerdans
la même revue, t. XXX, p. 112 et suiv., où le savant auteur tire un parti
considérable de l'injonctif sanscrit (Whitney, Indische Grammatik, trad.
Zimmer, p. 508,5 892) ; on trouve dans ce travail de M. Zimmer, à côté de
vues qui font honneur à sa perspicacité, un certain nombre de doctrines
aventurées. M. Thurneysen, critiqué par lui, le critique à son tour dans l'ar-
ticle que nous signalons; il conteste, par exemple, avec raison, pourra-t-il
sembler, la doctrine suivant laquelle les verbes henim et gonim seraient des
représentants d'une seule et unique racine GHVEN. Je me bornerai à cet
exemple : résumer les doctrines exposées par M. Zimmer dans l'article précité
et celles que lui oppose M. Thurneysen demanderait un espace dont je ne
puis disposer ici.
XVIII.
Le premier volume des Inscriptions romaines de Bordeaux, de M. Jullian,
aparueni887; on en a rendu compte dans le tome VIII, p. 180-185, de la
Revue celtiqice. Le second volume qui termine ce bel ouvrage vient de
paraître, in-quarto comme le précédent et plus gros. Le premier avait
627 pages, le second en a 714. Il comprend : i" les inscriptions chré-
tiennes ; 2° une étude sur la géographie ancienne du département de la
Gironde, et les inscriptions qui y ont été trouvées hors de Bordeaux ; 3° la
critique des inscriptions fausses et un recueil des inscriptions qui existent
dans le département de la Gironde, mais n'en proviennent point; ce sont
les quatrième, cinquième et sixième parties de l'ouvrage ; la septième partie,
intitulée : Histoire et examen des inscriptions romaines de Bordeaux, nous
fait connaître comment ont été découvertes et conservées ces inscriptions, leur
paléographie, leur langue, leur rédaction, ce qu'elles nous apprennent sur
l'histoire de Bordeaux. Suivent un supplément et des index.
Ce volume est destiné, comme le précédent, à rendre de grands services.
Toutefois on ne s'étonnera pas si un nombre de pages aussi considérable
contient quelques assertions qui prêtent à la critique. Suivant l'auteur,
le nom de Burdigala est ibérique (p. 524); soit, mais que dire de Bitu-
riges ? Bituriges est celtique ; son premier terme, Intu-, se trouve dans le nom
du chef gaulois 5//i»7«5 et, ajoute M. Jullian (p. 528), « Zeuss compare ce
« radical à l'irlandais /'///;, à l'ancien gallois /'//, qu'il traduit par mundus
« propre ». Tous les celtistes savent que mundus est ici un substantif dont
la traduction est « monde » en français. M. Jullian donne, aux pages 489-
495, un recueil de noms gaulois qu'il aurait dû classer par ordre alphabé-
tique au lieu de vouloir les ranger systématiquement d'après des théories
nouvelles et imprévues. Ainsi, Biturix serait dérivé d'une racine bit au
moyen du suffixe iirix (p. 492-494). Deux noms fort intéressants, Atioxtus,
Atioxta, composés du préfixe (/// ou at''. et du thème octo- qui se retrouve
Chronique. j8l
dans Octo-durus ' , Martigny-en-Valais, sont classés dans les dérivés en
itus et ita et dans les dérivés en -oxitus. M. Jullian n'a pas su reconnaître le
préfixe ate- dans Ate-vritus ni dans Ate-vrita, dont il donrie une mauvaise
lecture : Atturita (t. I, p. 286, t. II, p. 493, 672); cf. l'inscription céra-
mique de Bavai: Vritu Escingos (Bulletin épigraphique, t. I, p. 85). Je persiste
à croire avec Fôrsteniann, Personennamen, col. 196-199, que le nom du
monétaire Betto est d'origine germanique, et à considérer comme sans
valeur les arguments que m'oppose M. Jullian (p. 79). Pour le nom du
monétaire Seggelenus, la même origine est aussi la plus vraisemblable
(Fôrstemann, ihid., col. 1085-1102). En général, M. Jullian est plutôt
épigraphiste et historien que linguiste ; ses idées en fait de phonétique et de
dérivation manquent de précision et, en cette matière, la rigueur fait défaut
à ses raisonnements.
XIX.
La Revue générale du droit, de la législation et de la jurisprudence en France
t à l'étranger, qui paraît chez Ernest Thorin, 7, rue Médicis, à Paris, a
publié dans sa quatorzième année, deuxième livraison, mars-avril 1890, un
article intitulé : Résumé du cours de droit irlandais, professé au collège de
France pendant le second semestre de l'année 1887- 1888 et pendant le
premier semestre de l'année 1888- 1889.
XX.
Le même libraire vient d'éditer un volume in-8, intitulé : Recherches
sur l'origine de la propriété foncière et des noms de lieux habités en France,
XXXii-703 pages. Les lecteurs de la Revue celtique reconnaîtront dans ce
volume un certain nombre de doctrines qu'ils connaissent déjà et même
certains lapsus calami qu'ils ont pu remarquer. Ainsi, à la page 135, comme
dans la Revue celtique, t. VIII, p. m, Virgile est dit originaire de Padoue,
malgré la correction Mantoue au même tome de la Revue celtique, p. 404.
Pendant le cours de l'impression de ce long travail, les idées de l'auteur
se sont modifiées sur plusieurs points. Le nombre des noms de lieux qui
doivent être exphqués par des noms d'homme est, dans son opinion actuelle,
beaucoup plus considérable qu'il ne le croyait d'abord. Ainsi, ce serait à
tort que dans la Revue celtique, t. VIII, p. 124, on aurait traduit Ahallo
« Avallon » par « La Pommeraie », Derventio par « La Chesnaie » , Gohanniuni
par « La Forge », et qu'on aurait admis avec Pline qu' Eporedia, Ivrée, serait
« la ville des bons dompteurs de chevaux ». Aballo est beaucoup plutôt la
villa d'Aballus; comparez le nom de potier Abalus (Trion, p. 341). Derventio
est la villa de Derventius, Derventio a été formé comme Paternio, nom
d'un fundus de l'abbaye de Farfa, près de Rome, dans un diplôme de l'em-
pereur Lothaire en 840 (Giorgi e Balzani, // regesto di Farfa, t. II, p. 234);
Paternio dérive du gentilice Paternius et Derventio du gentilice * Derventius.
I. De bello gallico, livre III, c. i.
Revue Celtique, XI. 2$.
382 Chronique.
Gohanniuvi est un nom d'homme employé comme nom de lieu ; c'est une
manière abrégée de dire Gohannio-magus ou Gobannio-diinum. Eporedia
signifie « château ou propriété d'Eporedios » et tient lieu d'un plus long
Eporedio-briga, ou Eporedio-hoiia.
Cependant les doctrines énoncées aux passages précités de la Revue celtique
se retrouvent dans les Recherches, p. 193 ; c'est seulement à la page 681
qu'elles ont été rectifiées. Dans un ouvrage qui contient autant de détails,
il y en aura certainement beaucoup à corriger. C'est ainsi que mon savant
ami, M. Gaston Paris, m'a déjà fait observer que le nom de lieu écrit Ceped
ou Cepido, dans les documents du moyen âge (p. 620) et qui, dans les
notations modernes, conserve son p, a eu un /> double à l'origine et vient
donc non de cepa, « oignon », mais de cippus, « pieu ».
XXI.
Le premier volume non encore terminé du Grundriss der gervmnhchen
Philologie, publié par M. Hermann Paul, professeur de langue et de littéra-
ture allemande à l'université de Fribourg en Brisgau, contient, pages 300
et suivantes, un très intéressant mémoire sur l'histoire la plus ancienne des
dialectes germaniques. Il a été écrit par M. Friedrich Kluge, auteur d'un
excellent dictionnaire étymologique de la langue allemande qui est arrivé,
l'année dernière, à sa quatrième édition. On y trouve, p. 302-305, un
résumé substantiel, mais peut-être un peu concis, des doctrines reçues
quant à la parenté du vocabulaire germanique et du vocabulaire celtique.
M. Kluge s'est beaucoup servi, et avec raison, du savant mémoire que
M. Thurneysen a intitulé : Keltoromanisches .
J'ai trop étudié ces matières pour ne pas me trouver, sur quelques points,
en désaccord avec le savant auteur.
Comme exemple d'emprunt préhistorique fait par le germanique au cel-
tique, M. Kluge cite le nom cimbre Mallorix (p. 303). Il faut, je crois, lire
Boiorix ' . Mallorix ou Malorix est un roi des Frisons nommé deux fois par
Tacite 2, en parlant des événements de l'année 59 après notre ère, et il est
difficile d'appeler cette date préhistorique; tandis que, lorsqu'il s'agit des
Germains, la bataille des Caiiipi Raudii, où périt le brave roi Boiorix ),
ICI av. J.-C, peut être considérée comme remontant à la préhistoire.
Il serait peut-être possible d'ajouter quelques mots à la liste que donne-
M. Kluge. Ainsi le gothique vairths « valeur, prix », est identique au
vieux-breton w^r/ « valeur, prix », dans le composé enep-wert « prix de
l'honneur », aujourd'hui en gallois gwerth « valeur » et « vente », en breton
gwer'^ « vente »,
Le verbe irlandais air-liciin « je prête » zz: * are-lenqucuii, donne à la
1. Florus, III, 3, 18 (I, 37); Plutarque, Marins, 25.
2. Annales, XIII, 54, éd. Teubner-Halm, t. I, p. 280, 1. 5, 10 et
variantes en note.
3. Mommsen, Rômische Geschichte, 6^ éd., t. II, p. 185.
■ Chronique. 585
racine LiNau, leiclu, une valeur juridiq.ue qu'on retrouve dans l'allemand
leihen et dans l'anglais loan (Cf. Kluge, Etymologisches Worterlntch, 40 éd.,
p. 207, 208).
Le vieil irlandais fiach « dette » zz: vêco-s paraît identique à l'allemand
weih -zz * v%as « sacré » (Kluge, ibid., p. 379). Les deux remontent à un
primitif * veihos. La confusion des deux idées est la conséquence des céré-
monies religieuses qui accompagnaient originairement les contrats.
L'allemand Erhe est identique au vieil-irlandais orpe « hereditas » zzi
*arbio-n, comparez no-m-erpbinii « confido « et coni-arpi « coheredes ».
Erle, orpe expriment l'idée d'acquisition de propriété. Leur sens est le
contraire de celui du latin orbus et du grec opaavo; qui expriment l'idée de
privation. Du rapprochement d'orpe « héritage » avec no-m-erpimm « je
me confie » on est fondé à conclure que le droit celtique le plus ancien con-
naissait, comme le droit romain, l'hérédité testamentaire ; cette doctrine
s'accorde avec ce qu'on sait de la puissance paternelle dans le droit irlandais
du moyen âge comme chez les Celtes continentaux dans l'antiquité.
Je me borne à ces quelques exemples, comptant traiter ailleurs la ques-
tion plus à fond.
XXIL
Le Catalogue des monnaies gauloises de la Bibliothèque nationale, rédigé par
Ernest Muret et publié parles soins de M. A. Chabouillet, conservateur du
département des médailles et antiques, vient de paraître à la librairie Pion.
Il est daté de 1889 ; mais cette année était finie quand il m'est arrivé entre
les mains. C'est un volume in-4 de xxvii-327 pages: d'abord la préface
aussi savante que sceptique et aussi sceptique que savante de M. Cha-
bouillet; ensuite le catalogue qui contient 10,413 numéros. Le volume se
termine par deux tables, l'une des matières, l'autre des légendes ; elles ont
été rédigées après la mort de M. Muret par M. Henri Delatour, sous-
bibliothécaire au département des médailles. On regrettera que M. Muret
soit mort sans avoir rédigé la préface qui nous aurait donné son plan et la
justification du système de classement qu'il a adopté.
XXIIL
Nous recevons le numéro II du Folklore, publié par la librairie David
Nutt. L'article le plus important pour nous est celui que M. Alfred Nutt a
publié sous ce titre : Celtic Myth and Saga. M. Nutt résume en 26 pages
(234-260), avec sa compétence accoutumée, le résultat des études faites
depuis dix-huit mois sur ce sujet en Allemagne, en Angleterre et en
Francce. Signalons aussi, p. 197, un mémoire de M. G. L. Gomme sur un
conte populaire irlandais recueilli par feu J.-F. Campbell.
XXIV.
La cinquième et dernière partie du recueil intitulé : Morphologische Unter-
j84 Chronique.
stichungen auf dem Gebiete der indogermanischen Sprachen « Recherches mor-
phologiques dans le domaine des langues indo-européennes )),parMM. H. Os-
thoff et Karl Brugmann, vient de paraître à la librairie Hirzel, à Leipzig. On
y trouve des index des mots, l'index celtique occupe trois pages (233-236).
Il facilitera les recherches des gens pressés. Le premier et le dernier article
sont de M. Brugmann ; ils ont pour sujet les noms de nombre qui expri-
ment les dizaines et les centaines dans les langues indo-européennes, les
noms de nombre néo-celtiques y sont souvent cités et on y rencontre plu-
sieurs fois, accompagné d'éloges mérités, le nom de notre savant collabo-
rateur M. Thurneysen '. Le second et le troisième article sont dus à M. Os-
thoff; ils concernent les groupes 5/- et mr ; des questions celtiques y sont
fréquemment traitées. Le gaulois /f/rw- « quatre », en composition devant
une consonne, paraît être une notation de * qetur avec u consonne et r
voyelle longue (p. 77), comparez le latin quadru- (p. 29-30) 2.
La préface est de M. Osthoff. Elle jette un jour nouveau sur un certain
nombre de mots, en établissant qu'à côté des notations déjà connues d'?«,
n, r, 1, voyelles, en latin et en celtique, il y a des notations ina, na, ra, la,
d'où cette conséquence pour le latin que magnus « grand » =z mg-nô-s
avec l'accent sur no, de la même racine que [i-s'y-a-; avec accent sur la racine;
qu'en irlandais : fraig « mur » = vrg-é[t]s, vient d'une racine verg, qu'on
retrouve dans àepyvufxi « j'enferme « ; frass, pluie = vrs-ta d'une racine
VERS, attestée par le grec iip'^ri; fiaith « puissance » ::=.vl-ti-s de la racine
VEL « vouloir ». On pourrait ajouter traig « pied » rz trg-e\t]-s, d'une
racine tergh « courir » avec métathèse tregh dans xpe/w.
XXV.
Le travail du Père E. Hogan, annoncé dans la précédente livraison, vient
enfin de paraître 5. Il contient le Liber angueli, dont une première édition
a déjà été publiée par le même auteur, en 1886, dans la Revue intitulée :
The Eccksiastical Record, 3e série, volume Vil, p. 846-853. Viennent ensuite
des extraits de la « confession » de saint Patrice et de la lettre à Coroticus ; ce
1. Il s'agit de deux mémoires de M. Thurneysen dans la Zeltschrift de
Kuhn, l'un sur tn, du, en en latin (t. XXVI, p. 301-314), M. Thurneysen
y étudie les noms de nombre 20-90 ; l'autre est sur le i vocalique en indo-
germanique (t. XXX, p. 351-353), M. Thurneysen y étudie le grec yilioi.
2. Petru-eorii, nom antique de Périgueux attesté par deux inscriptions,
paraît signifier « les quatre troupes » ; coril est le pluriel d'un substantif gau-
lois qui est en irlandais cuire, mot connu d'O'Davoren, d'0'Cléry,d'0'Brien
et d'O'Reilly, et dont M. Whitley Stokes a signalé deux exemples dans le
Saltair na rann. Le nom des Tri-corii, dans la vallée du Drac, au sud de
Grenoble (Isère), semble vouloir dire « les trois troupes ». On sait que
les Helvetii, au temps de César, étaient divisés en quatre pagi {De hellogal-
lico, I, 12, 4).
3. Il est intitulé : Documenta de S. Patricia Hibernorum apostolo ex libro
Armachano, pars secunda. Dublin, chez Hodges, Figgis and Co.
Chronique. 585
sont les passages qui présentent un intérêt historique. Suit un index chrono-
logicus conforme aux données légendaires: cent vingt ans de vie, voyage à
Rome. Ce qu'il y a de plus important dans cette brochure au point de vue
des études linguistiques vient après ; ce sont les Glossae et notae hihernicae
codicis Arniachani et ['index et glossarium hihernicuni. Ce glossaire comprend
tous les mots contenus non seulement dans la seconde partie de l'ouvrage,
mais dans la première, c'est-à-dire dans la Vk que nous devons à Muirchu
et dans les notes de Tirechan. On y trouve des mots et des formes qui
n'ont pas été signalés jusqu'ici. Tels sont dalire « curialis », dérivé de dâl
« assemblée », delhich « -formis », dérivé de deW « forme », taidb-derce
« spectacle » (comparez taid-henim « je montre » et derc « œil) » ; Uosc
« écaille », etc.
On y peutsignaler d'heureux rapprochements étymologiques; tel est celui
à'c'inach « assemblée, foire », avec la troisième personne du singulier indi-
catif présent passif cinachthir « il est uni ». Oinachtir vient d'un verbe
dénominatif, ôinagim, dérivé d'ôinach, et ôinach est, à proprement parler,
un adjectif dérivé du nom de nombre 6in ; comparez i ôinach le français
« réunion ».
Dans quelques circonstances, le lecteur pourrait désirer que la biblio-
graphie fût plus complète. C'est ainsi qu'au mot oUann, génitif d'oble, il
n'y a pas de renvoi à l'article consacré à ce mot par M. Ascoli dans son
glossaire, page cxxxii. Mais il est possible que les deux articles, l'article
ohlanii du Père Hogan et l'article obla de M. AscoU, aient été imprimés en
même temps et sans que l'un des deux érudits eût pu lire l'article de l'au-
tre. La glose du Livre d'Armagh, qui a motivé l'article du Père Hogan,
était connue de M. AscoH grâce au choix de gloses du Livre d'Armagh, que
M. Whitley Stokes a publié, en 1860, dans le volume intitulé : IrishGlosses,
p. 166.
Au mot dibcrca, il n'y a pas de renvoi au dictionnaire irlandais de M. Win-
disch, p. 478, diberg, que ce savant traduit en allemand par Zorn, Anfruhr
« colère, révolte », et dont il cite la traduction anglaise revenge due à O'Do-
novan. Voir aussi, dans les Acta sanclorum Hiberniae, publiés par les Pères
De Smedtet De Backer en 1888, col. 251, Vie de saint Albeiis, § 36, les mots
« qui votum pessimum vovit, scilicet dibherc ». Ce vœu avait pour objet
plusieurs homicides.
Quoi qu'il en soit, le glossaire du Père Hogan est une des plus impor-
tantes contributions à la lexicographie du vieil irlandais qui se soit pro-
duite depuis plusieurs années.
XX VL
La librairie H. Gill and son de Dublin vient d'éditer : Irish fairy Talcs,
« Contes de fées irlandais », par Edmund Leamy. Pour quelques détails,
l'auteur paraît s'être inspiré des textes publiés et traduits par O'Curry et par
M. Joyce. Du reste, il échappe à la compétence delà Revue celtique. Cepen-
dant la Revue Celtique peut faire observer que, pour Dinn-seauclms , Dinnoean
Chus, p. 164, est une singulière transcription.
386 Chroniciue.
XXVII.
Une épreuve de la première feuille de V Alt-celtischer Sprach-schal:^ (Tré-
sor du vieux celtique), de M. Holder, vient de me passer sous les yeux. Je
puis donc annoncer que l'impression de ce grand travail est commencée.
Puisse l'auteur n'être arrêté par aucun obstacle et nous mettre son œuvre
savante entre les mains aussi tôt que son prospectus nous l'a fait
espérer.
XXVIII.
Le 19 mars dernier, M. Mowat a donné à la Société des Antiquaires de
France communication d'une découverte qu'il vient de faire à la Bibliothèque
nationale dans le ms. Dupuy, 667, f" 24. Il s'agit d'une inscription gravée
en caractères grecs et provenant d'Agde (Hérault).
AAPHMH
TPACIKAI
AIOCKOPOI
c'est-à-dire "AÔsr] Mr^'pxa: za; A'.ocîy.opo'.[;], « Dédié par Arda aux déesses
Mères et aux Dioscures ». Le nom d'homme Arda est connu grâce à
une inscription trouvée à Marclopt (Loire) et publiée par Boissieu {Inscrip-
tions de Lyon, p. 118). C'est du nom d'homme Arda que vient le nom de
potier Ardacus, au génitif Ardaci dans des marques recueillies aux musées
de Bâle, de Zurich (Mommsen, Inscriptioncs hclvcticae, 552, 17) et de Tar-
ragone (C /. L., II, 4970, 43). Il y a d'Ardaci des variantes abrégées
Ardac, Ard.
XXIX.
Dans le Bulletin de la Fuailte des Lettres de Poitiers pour mars 1890,
M. A. -F. Lièvre, bibliothécaire de la ville de Poitiers, propose une inter-
prétation nouvelle pour l'inscription gauloise du menhir du Vieux-Poitiers :
Ratin hrivatiom frontu tarhelsonios ieiiru. i?û//« suivant lui serait, à l'ac-
cusatif singulier, le nom gaulois de la pierre levée ou menhir, et hrivatiom
serait le génitif pluriel d'un nom de peuple, les Brivates. On devrait donc
traduire : « Fronto, fîls de Tarbelsonos, a fait cette pierre sacrée ou a con-
sacré cette pierre des Brivates ».
Le mémoire de M. Lièvre est suivi d'une note philologique par M. Er-
nault. M. Ernault commence par établir que Frontu est un nominatif et
représente la prononciation gauloise du latin Fronto. Il fait observer oue
le nominatif singulier de Pictones devait être Pictû (on peut ajouter que ce
nominatif explique la variante Pictavi de Pictones; Pictû a dû avoir une
variante Pictiis, nominatif pluriel Pictoves, que les Romains ont transformé
en Pictavi, mettant au à la place de ou conformément à l'observation qu'on
trouve dans la Graminatica celtica, 2<^ éd., p. 32, 54).
Suivant M. Ernault, Tarbelsonos (et non Taj-beisonos), nom du père de
Chroniûjue. 587
Frontu, est un dérivé en -on d'un thème Tarbelso- où l'on trouve deux élé-
ments : la préposition tar et hdso-, thème d'un substantif. Tar est une pré-
position qu'on trouve en irlandais, où elle a le sens du latin trans (Gram-
malica cellica, 2^ éd., p. 653). On la retrouve en gallois, où elle se prononce
tra {ibid., p. 680). Dans les composés irlandais, la forme tairm est préférée
(ibid., p. 879). Dans certains composés gallois, tra nz tar a valeur inten-
sive (ibid., p. 905). M. Ernault croit reconnaître la préposition tar dans le
nom d'homme Tar-coiidarius, dont le second terme serait formé de la prépo-
sition com et d'un thème i/ar/o- identique au g&Wo'is daredd « tumulte ». Ce
second terme se trouve dans le nom d'homme Ver-condari-diibniis . Belso-
est le thème du nom de potier Bclsits, Bclsa qui, employé avec un sens
géographique, est le nom primitif de la région de la France qu'on appelle
Beauce aujourd'hui. Ces explications du mot Tarbelsonios sont intéressantes
mais ne changent rien au sens universellement admis : « fils de Tarbel-
sonos )). La seule nouveauté est un changement de lecture : Tarbelsonios
pour Tarbcisonios avec un / au lieu d'un /.
Le mot ratin présentait plus de difficulté. On le traduisait généralement
par « forteresse ». M. Ernault propose l'équation : ratls-zz k'oaai; «amour»
et, dans VAcademy du 7 juin dernier (p. 392), M. Whitley Stokes complète
cette hypothèse en citant le sanscrit rdti- « pudenda » et en renvoyant à une
note de M. Salomon Reinach, dans le dernier numéro de la Revue celtique,
p. 22^5. Seulement ce rapprochement se heurte à une difficulté phonétique
qui paraît insurmontable. Le sanscrit rdti se rattache à une racine sanscrite
RAM « être ou rendre content ». (Whitney, Die Wurieln, Verbalformen und
primàren Stà))ime der sanskrit Sprache, trad. Zimmer, p. 137), en indo-euro-
péen REM, en sorte que rdti- = rniti- (Brugmann, dans la Zcitschrift de
Kuhn, t. XXIII, p. 589). L'équivalent gaulois serait évidemment ranti-,
comparez * caiito-ii « cent » établi par le dérivé candetum et qui vient de
kmtô-n.
Brivatioin serait le génitif pluriel d'un thème Brivati- employé comme
nom de peuple et dérivé de briva « pont » .
Les mémoires de MM. Lièvre et Ernault sont ingénieux, instructifs, le
second surtout; mais la signification du mot ratin restant douteuse, le sens
de l'inscription n'est point encore définitivement établi,
XXX.
On a vu dans le volume précédent de la Revue Celtique, p. 381-582, que
M. Whitley Stokes a fait paraître dans le recueil des Transactions of the Phi-
lological Society for iSSç une critique érudite de l'utile publication que
M. Atkinson a intitulée : The passions and homilies front Leabhar Breac. Une
nouvelle édition de cette critique corrigée et augmentée a paru dans le
tome XVI des Bezzenberger's Beitràge, p. 29-64.
XXXI.
La librairie Thorin met en vente un volume intitulé : Les anciens cata-
^88
Chroni{jue.
logues cpiscopaux de la province de Tours, in-8 de 102 pages. Les quatre-vingt-
deux premières pages de ce volume sont consacrées aux évêchés pour les-
lesquels des manuscrits du moyen âge nous ont conservé des catalogues
épiscopaux : Vannes et Quimper sont de ce nombre. Un chapitre, p. 81-99,
a pour sujet les « évêchés de la Bretagne du Nord », ce sont les évêchés
de la Bretagne continentale qui manquent de catalogues épiscopaux :
Rennes, Léon (civitas Ossismoruiii), Saint-Malo (Aletitm), Dol, Saint-Brieuc,
Tréguier. Ces trois derniers sont d'anciens monastères érigés en évêchés
par Nomenoé. M. Duchesne suppose que l'évêché à'Aletum fut fondé par
Charlemagne. On sait que celui de Rennes est plus ancien.
XXXIL
La Nouz'eUe Revue historique de droit français et étranger, t. XIII, p. 729-
732, contient un article intitulé Le duel conventionnel en droit irlandais et che^
les Celtibériens.
XXXIII.
La précieuse bibliothèque du très regretté William M. Hennessv « the
eminent Irish scholar and archaeologist », dit avec raison le catalogue,
sera vendue à Dublin les 26 et 27 juin. Signalons 71 numéros de manus-
crits irlandais en grande partie de la main du sympathique érudit.
H. d'Arbois de Jubainville.
Paris, le 12 juin 1890.
ERRATA, tome XI, p. 219-220.
Par une circonstance indépendante de ma volonté, l'imprimeur n'a pas
reçu l'épreuve que j'avais corrigée de la note de M. Bradshaw. On me
pardonnera de donner ici ces corrections par voie d'errata :
219,
220,
avant la fin, lire : Willibrord
I , and devrait être à la ligne
12 et 24, au lieu de : mère — lire : more
15, lire : by one who clearly
17, lire : cornwall
18, lire : professedly of Irish origin,
19, lire : I know
H. G.
Le Propriétaire-Gérant: E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie DURAND.
CATALOGUE
MSS. CELTIQUES
ET BASQUES
DE LA
BIBLIOTHEQUE NATIONALE
Le fonds des manuscrits celtiques et basques de la Biblio-
thèque nationale comprend 105 volumes. Dans ce nombre on
compte 29 manuscrits irlandais ^ ou relatifs à cette langue,
73 manuscrits en langue bretonne, dont la plupart renferment
des textes de mystères'ou de chants populaires de la Bretagne.
La langue basque est représentée seulement par trois volumes.
Le plus ancien des manuscrits irlandais de la Bibliothèque
nationale est depuis longtemps connu, c'est un recueil d'opus-
I. On trouvera des détails sur quatre manuscrits latins (n^s 10400,
11411, 12021 et 7960) de la Bibliothèque nationale, qui contiennent d'an-
ciennes gloses irlandaises, dans l'ouvrage de M. H. d'Arbois de Jubain-
ville. Essai d'un catalogue de la littérature épique de l'Irlande (Paris, 1883,
in-8°), p. cxvi-cxviii. Depuis la publication du livre de M. d Arbois de
Jubainville, la Bibliothèque s'est enrichie, grâce aux heureuses négociations
de M. L. Delisle, d'un cinquième volume contenant d'anciennes gloses ir-
landaises (ms. nouv. acq. lat. 1616), qui provient de Libri (L. Delisle, Ca-
talogue des mss. des fonds Libri et Barrais, 1888, in-80, p. 76, no 45). Rappe-
lons enfin que le ms. 297 du Supplément grec contient, aux feuillets 229-
241, une courte grammaire irlandaise en irlandais, dont l'écriture paraît
dater du xyiii^ siècle. (Cf. d'Arbois, loc. cit.)
Revue Celtique, XL 26
J90 H. Omont.
cules religieux copiés aux xiv, xv^ et xvi^ siècles (n° i)^; les
manuscrits 6, 71 et loi sont également relatifs à la théologie.
On peut placer à côté une copie autographiée des textes des
anciennes lois irlandaises, ou Brehon Laws (n°' 72-88), œuvre
de John O'Donovan et d'Eugène O'Curry (1853-185 5), en-
treprise sous les auspices de la Commission des anciennes lois
d'Irlande. C'est à la libéralité de cette Commission que la
Bibliothèque nationale doit de posséder ce recueil, dont il n'a
été tiré que quelques exemplaires ^. L'ancienne poésie épique
ainsi que l'histoire irlandaises ne sont représentées chacune
que par deux volumes (n°^ 3 et 4; — n°^ 2 et (>(>) 3. En dernier
lieu il faut signaler une copie du catalogue, non encore publié,
des manuscrits du Collège de la Trinité de Dublin, dont l'au-
teur est John O'Donovan (n°^ 102-105).
La série des manuscrits bretons est presque entièrement
formée de deux collections généreusement offertes par
M. F. -M. Luzel et par le D"" Halléguen. La collection de
mystères bretons réuni-e par M. Luzel ne comprend pas moins
de 53 volumes (n°^ 12-41 et 43-65) ; elle est entrée à la Biblio-
thèque nationale en 1864 et 1865. Un inventaire en a déjà
été publié dans la Revue Celtique'^. Il en est de même de la
collection de chants populaires (n°' 89-100) formée par M. de
Penguern à l'aide de ses propres recherches et de celles de
1. Voyez une notice de ce ms. par le D"" Todd dans les Proceedings of
the Royal Irish Academy, 1846, no 53, vol. III, p. 223-229.
2. C'est en 1852 que furent décidées, sur la proposition de Todd et de
l'évêque de Limerick, la copie et la publication des anciennes lois d'Irlande.
Les copies de O'Donovan, formant neuf volumes de 2491 pages, et de
O'Curry, formant huit volumes de 2906 pages, furent reproduites par le
procédé, dit aiiastatiqiie. (Voy. l'avertissement en tête des trois premiers
volumes des Ancient Laws of Ireland, publiés dans la Collection du Maître
des Rôles.)
3. Le ms. 66, qui a jadis appartenu au célèbre orientaliste Melchisédech
Thévenot, est une des plus anciennes copies de l'histoire d'Irlande de Kea-
ting ; il est daté de 1644.
4. Tome V (1882), p. 317-320, dans Iol Bibliographie des traditions et de
la littérature populaire de la Bretagne de MM. H. Gaidoz et Paul Sébillot.
Cf. aussi tome III (1876), p. 387-389.
Ces manuscrits sont le fruit d'une mission coiifiée à M. Luzel par le Mi-
nistre de l'Instruction publique {Archives des Missions, deuxième série, I,
513). Nous devons à l'obligeante érudition de M. l'abbé E. Bernard
la revision des notices des mss. des mystères bretons.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n° \ . ^91
M. Kerambrun et de M""^ de Saint-Prix ^ Cette collection a été
donnée en 1878 àlaBibliothèquenationalepar leD'Halléguen.
Les trois volumes en langue basque proviennent de l'an-
cienne bibliothèque de Colbert ; ce sont les papiers d'un prêtre
du diocèse de Bourges, Silvain Pouvreau, auteur d'un dic-
tionnaire basque-français, avec des additions dues à Arnauld
Oihénart (n°^ 7 et 8) et une traduction en basque de l'Imi-
tation de Jésus-Christ (n° 9) ^.
H. Omont.
1 . Recueil d'opuscules religieux formé de fragments de plu-
sieurs manuscrits?.
PREMIÈRE SECTION, fol. 1-8. On en trouvera la suite dans
la quatrième section.
1° Fol. I : Staîr chindi Isra.d ou niâc n-Israhel « Histoire
des enfants d'Israël. » Commence : Is-e seo cmàtàh. ocus comh-
airem ocus tos3.ch aisneisi na-haisi tanaisti m domain. « Voici
la détermination, le récit et le commencement de l'histoire du
second âge du monde. » Une note à la fin (fol. 7 r°) apprend
que cette pièce a été écrite en 1473 par William mac an
Legha (fils du médecin) en deux jours d'été : Tri bliadnn décc
ocus tri XX ocus ceitri C. ocus mi H ^/fadan dis mzic Dé ocus
is-mi-si Uilliam ma.c an-Legha dosgribh in-sdair-so re dha là
shamn'iid. Le même morceau se trouve dans le Livre de Bal-
lymote, p. 236-245 ; cf. T. C. D., H. 2. 16 (Lebar Buide Lc-
cain), col. 249-280; Leabhar Breac, p. 1 13-132.
2° Fol. 7 v°, col. I : Tegusg righ Solaimh « Enseignement
du roi Salomon. » Est interrompu au fol. 8 v°. La fin se
trouve au foHo 22 r°, col. i. Un texte semblable a été publié
par M. R. Atkinson sous le titre de Sermo ad reges, dans l'ou-
1. Revue Celtique, tome V (1882), p. 309-311.
2. M. J. Vinson a bien voulu revoir et compléter les notices des ma-
nuscrits basques.
3 . La notice de cet article a été rédigée par M. d'Arbois de Jubainville,
et M. Whitley St'okes a bien voulu en revoir une épreuve.
^c)2 H. Omont.
vrage intitulé The Passions and homilies from Leabhar Breac,
p. 151-162, avec traduction anglaise, p. 408. Voyez aussi
T. C. D., H. 2. 16, col. 863-869. Ici le texte commence par
les mots : [B]ôi righ amra aire\_g]dha for mzcaih Israhél « Il y
eut un roi merveilleux, excellent, sur les enfants d'Israël. »
Les deux articles qui précèdent paraissent écrits de la même
main. Les suivants sont de mains différentes jusqu'au fol.
21 r° inclus.
DEUXIÈME SECTION, fol. 9-I5.
3° Fol. 9 r°, col. i : Speclair an pecaid, en latin: Specnlum
pQCcatoris. Commence : Bith a-fis agad « Soit sa science chez
toi ». Ce traité semble être une imitation du Spéculum pec-
catoris, écrit anonyme attribué à tort à saint Augustin, Migne,
Patrologia latina, t. XL, col. 983-992.
4° Fol. 10 v°, col. I : Bruidd (ou brot) gradha Dé. « Ai-
guillon de l'amour de Dieu. » Commence : Liber isde [leg. iste]
stimlius [kg. stimulus] amoris in delectissimum et pium Jesum...
Is-ann so tinnsgainter m lebar « C'est ainsi que commence le
livre ». Se termine inachevé, fol. 11 v°, col. 2.
5° Fol. 12 r°, col. I : Coii- denmadevciet re/iqua. « Juste de
pratiquer amour, etc. » Fin d'une homélie. Commence : Is
ar-deirc didiu do-loigter doib-sim a-peccaid o-Crist « C'est donc
par amour que le Christ leur pardonne leurs péchés. » Finit :
Ailim twcaire n-Dé, ro-airiltnigim uili in-aentaidh-sin, roisam,
ro-aitrebam m secuk sec[u]lorum. Amen. « Je prie la miséricorde
de Dieu que nous méritions tous cette unité, que nous y parve-
nions, que nous y habitions dans les siècles des siècles. Amen ».
6° Fol. 14 r°, col. 2 : Agaldaim m cuirp ocus in anma.
« Dialogue du corps et de l'âme. » Texte partie irlandais,
partie latin. La portion irlandaise a été publiée par M. Atkin-
son, d'après le Leabhar Breac : The Passions, p. 266-273 > ^"^^^
traduction, p. 507; la partie latine, par M. Dottin, Revue
Celtique, t. X, p. 466-470. On trouve aussi ce traité dans le
ms. loi de la Bibhothèque nationale et dans le ms. H. 2, 16,
col. 852-857, du Collège de la Trinité de Dublin. A la fin
de ce traité, fol. 14 v°, col. i, est ici une note du scribe qui
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n" i. 39}
nous apprend qu'il s'appelait Flathri et qu'il l'a écrit pour son
chef et son puissant compagnon Donough, fils de Brian,
petit-fils de Conor et arrière-petit-fils de Brian. Me F/athn
do-sgrib-so da-hiath ocus da-îren-companach A. Z)onnc^ad mac-
Briain mie Con^o^air wic Briain.
7° Fol. 14 v°, col. 2. Légende de la vierge Marie qui com-
mence ainsi : [A]raili aimsir, diamboi wathair Crist ac-radh a-
harnaigbthi « Une autre fois quand la mère du Christ était à
faire sa prière »; s'arrête inachevée à la fin de la colonne.
TROISIÈME SECTION, fol. I5-2I.
8° Fol. 15 r°, col. I : Incipit do shéis procepta « Traité de la
science de l'enseignement » ; commence : Slanicid in-chi[n]âil
dôenna hu mac dé athzr, « Le Sauveur du genre humain,
Jésus, fils de Dieu le Père. » M. Atkinson l'a pubhé d'après
le Leabbar Brcac dans l'ouvrage déjà cité, p. 274.
9° Fol. 15 v°, col. 2 : Court traité sur « l'établissement de la
fête de la Toussaint », FagaW na samna, commence: FrcLtres
caris\i\mi, crescente relcgione Xpistiaiia, dccreduuim est. — Cf.
Whitley Stokes, Lives of saints from tbe Book of Lismore,
p. XIX qui renvoie à une pièce analogue dans le Livre de Lis-
more, fol. 67 a I.
10° Fol. lé r°, col. 2 : MirbuH gheni in t-slainiceds. « Mi-
racles qui accompagnèrent la naissance du Sauveur » ; com-
mence : Dies ergo solkmpnis.
11° Fol. 16 v°, col. 2 : Sermon sur le texte: Intrade per
angustam portum (sic, lisez portani) « Inoitcid tria-san-dorus
cnmang » (Evangile de S. Mathieu, chap. VII, v. 13).
12° Fol. 19 r°, col. 2: Forwj' ocus dliged anm-cbairdesa Fer
n-Erenn. Traité de la direction spirituelle en Irlande ; com-
mence : Is-é seo forus ocus dliged anmchcirdesa : « Voici la
science et le droit de direction spirituelle ».
13° £o\. 21 r°, col. I : Sermon sur trois versets de l'évan-
gile de saint Jean, 25-27 du chap. XX. Le premier débute par
les mots Et post dies octo que le scribe a oublié de transcrire
en sorte que le sermon commence par une phrase irlandaise
dont voici la traduction : « Les huit jours dont il est ques'ion
394 W- Omont.
signifient les huit vertus principales par lesquelles tout juste
arrive au ciel, ce sont : La foi, la chasteté, l'humilité, la cha-
rité, la prudence, la tempérance, la force, la justice. » [Nja
ocht laithi atbemr sunn, iseà dofornet sin na hocht suàilche aereg-
da txiasa roich cech. firén docum nime, etc.
14° Fol. 21 v° laissé blanc sur lequel on a transcrit di-
verses notes : la première est un contrat fait par Domnall
mac Seaain.
QUATRIÈME SECTION, fol. 22-29- Suitc de la première section.
Ici reprend la première main.
15° Fol. 22 r° : Fin de 1' « enseignement de Salomon »
(n° 2).
ié° Fol. 22 r°, col. I : « Défense de détruire et polluer
l'église sainte » Urghaire malurta ocus eillnithe na hechisi
noimhe. Homélie sur le texte : Zelus dommus tuae comedit me « ^0-
m-gabh et immo-do-theghdais , a-Dhé » (Psaume 68, v, 10).
17° Fol. 24 r°, col. I : « La Langue toujours nouvelle » In
Tenga hithnua; commence: Airdng m domain « Grand roi
du monde ». Traité signalé par M. Whitley Stokes dans The
Lives of saints from the Book of Lismore, p. xvii (Livre de Lismore,
f°^ 46-52; Egerton, 171, p. 44-65, etc.). Voir ci-dessus,
Revue Celtique, t. XI, p. 241. M. Whitley Stokes nous ap-
prend qu'il a trouvé aussi ce traité dans le ms. PhiUips 9754,
fol. 7 r°-9 r° et dans le manuscrit irlandais de Rennes, fol.
69^-74^. La langue toujours nouvelle était celle de l'apôtre
Philippe; elle avait été coupée neuf fois, disait-on.
18° Fol. 27 v°, col. 2: « Deux chagrins du royaume des
cieux » Da brôn flatha nimhe; commence: Cid aran-abuïter
brôn m nim « Pourquoi parle-t-on de chagrin au ciel ? » Il
s'agit du chagrin d'Enoch et Elie. On trouve un fragment de
ce texte dans le Lebar na h-Uidre, p. 17-18 ; il est complet
dans le Livre de Leinster, p. 280-281, et dans le manuscrit du
Collège de la Trinité de Dublin coté H. 2, 16, col. 770-772;
enfin Todd l'a signalé dans le Livre de Fermoy, fol. 72 v°
{Proceedings of the Royal Irish Academy, vol. I, part, i, p. 31).
A la fin de ce morceau, fol. 28 r°, col. 2, on trouve la note
Pibliothèi^ue nationale, Mss. celtiques et basques', rf \. ^95
suivante : Is mi-si Uildiam mac an Lega dosgribh so, tit hona
nioirte perihit, ailim thu a Dhia, « C'est moi William mac an
Lega qui ai écrit ceci afin de mourir d'une bonne mort, je t'en
prie, ô Dieu ! »
19° Fol. 28 v", col. I : Fosc\ér\ ar bannsgail « Historiette
concernant une femme. » Il s'agit d'une femme qui se con-
fessa à un saint moine ; commence : Araile hannscâl dodeachaidh
do-thabairt a-choibhsen di-araile nianach nôebdhiadha : « Une cer-
taine femme alla donner sa confession à un autre moine sain-
tement pieux. »
20° Fol. 28 v°, col. 2 : Scel inna lenamh « Histoire des en-
fants. » Légende de l'enfant juif; commence : Fcditus n-aen
dia-rahhadzx da-lenab a-comchluiche « Une fois deux enfants
jouaient ensemble. » Publié par H. Gaidoz, Mélusim, t. IV,
col. 39-41, avec traduction et bibliographie; cf. Whitley
Stokes, Lives of Saints from the Book of Lismore, p. xx-xxii.
21° Fol. 29 r°, col. 1 : Histoire d'un enfant qui, tombé dans
un trou d'eau profond de trois brasses, ne se noya pas grâce à
la vierge Marie. Début: Fechxus aili dono i-sna-iiribh thâir
robôi ben ocus a-niic m a-farrad « Une autre fois donc dans les
pays d'orient était une femme et son fils avec elle. » Le titre
commence par les mots Fosc[él] annso.
22° Fol. 29 v°, col. I : Récit légendaire sur saint Brendan,
intitulé : Fosc[él] ar Brenainn, « Historiette sur Brendan » ;
commence : Luid Brenainn do-thabûrt antna â^-mathar a-hifern
« Brendan alla tirer d'enfer l'âme de sa mère. »
23° Fol. 29 v°, col. 2 : Conirad ar-in aine « Discours sur le
jeûne ». Commence : Is-si seo in chus im-an-dénait na daine in-
âiiie « Voici la cause pour laquelle les hommes pratiquent le
jeûne [du vendredi]. » Publié avec traduction et bibliographie
par H. Gaidoz, Mélusine, t. IV, col. 133-135.
Au bas on lit la note suivante : Uilliam imc an-Legha, qui
sgribbsit, ut bona morte peribit.
^96 ' H. Omont.
CINQUIÈME SECTION, Rccucil de vies de saints. On en trouve
un complément dans la septième section.
Elle comprend les fol. 30-57; elle paraît tout entière de la
même main, sauf le fol. 30 r°-v°.
24° Fol. 30 r°, col. I : Betha Maignenn « Vie de saint Ma-
gniu » fondateur d'une abbaye qui porta son nom, Cill-Mai-
gneann, aujourd'hui Kilmainham, prison, près Dublin. Le Mar-
tyrologe d'Oengus, publié par M..Whitley Stokes, met sa fête
au 18 décembre. Commence: Maighneand , et Toa, et Cob-
thach, et Librean cciîri nieic Tuathail, etc. Magniu serait mort
à la fin du vi^ siècle suivant O'Donovan, Annals ofthe Four
Mastcrs, note sous l'année 782. On trouve une vie du même
saint en irlandais au British Muséum, Egerton, 91, fol. 49.
25° Fol. 32 r° : Btûia Mochua « Vie de Mochua », com-
mence : [M]uchûa, mac Bécain, maie Bairr, maie Nathi, maïc
Luigdech.,ma\cDalanndi-Ulltaib. C'est Mochua, abbé de Balla,
mort en 637 suivant les Annales des Quatre Maîtres et celles
de Tigernach, en 638 suivant le Chronicon Scotorum. Le Mar-
tyrologe d'Oengus met sa fête au 30 mars. Cf. Colgan, Acta
Sanctorum, p. 789. Une homéhe irlandaise sur la vie de ce saint
a été publiée par M. Whitley Stokes, Lives of saints from the
Book of Lismore, p. 137-146, avec une traduction, p. 281-289.
•Pour la bibliographie, woir ibid., p. 360.
26° Fol. 33 r°, col. 2 : Betha Senàin maie Geirgind « Vie
de Senan, fils de Gerrgend » ; commence : [M]irabilis Deus in
sannis (Psaume LXVII, v. 36), « In spirat nocm doroisce cech.
spirat » a L'esprit saint qui l'emporte sur tout esprit. » Publié
par M. Whitley Stokes, Lives of saints from the Book of Lis-
more, p. 54-74, avec traduction, p. 201-221, et biblio-
graphie, ibid., p. 337. La fête se célébrait le 8 mars. Voyez les
Bollandistes, t. I de mars, p. 761.
27° Fol. 38 r°, col. 2 : ^eth^ sancii Seoirsi « Vie de saint
Georges » ; commence : [Z)]é'Mi' querit eum qui persécutionem pâ-
tit ur ; en irlandais : larradid [sic, lisez iarraid] Dia in neach
fodaim ingreim ocus treàblait ar-Dhia. M. Atkinson a publié
d'après le Leahhar Brcacc une homélie sur la passion de saint
Bibliothèque nationale, Mss. celti(jues et basques, n° i. ^97
Georges; il en a donné le texte irlandais dans The Passions,
p. 71-81, et la traduction, p. 314-324. Un texte semblable au
nôtre se trouve au British Muséum, dans le manuscrit Eger-
ton 91, fol. II. Todd en a également signalé un dans le ma-
nuscrit irlandais connu sous le nom de Book of Fermoy. Voyez
Atkinson, The Passions, p. 313-314. La fête de saint Georges
se célébrait le 24 avril comme nous l'apprennent le Martyrologe
d'Oengus et la passion qu'a publiée M. Atkinson.
28° Fol. 41, col. I : Betha Grighora « Vie de saint Gré-
goire le Grand » ; commence : [ T]unc dicet rex his qui a dextris
^jus sunt, en irlandais; Atbera Hisu Crïst, ri na n-uili dul, inn-
aithcsc-su risina-fircnachaib il-lô bràtha « Jésus-Christ, roi de
toutes les créatures, adressera cet ordre aux justes le jour du
jugement. » (Evangile de S. Mathieu, chap. XXV, v. 34.) La
fête du pape Grégoire le Grand est inscrite au Martyrologe
d'Oengus à la date du 12 mars. Cf. H. 2. 16, col. 860-863.
29° Fol. 42 v°, col. 2 : Btûia Longinus « Vie de saint
Longin », commence : \p\ia ni-bûi Crist i-croich la-hludaidib
« Quand Jésus-Christ était en croix chez les Juifs ». Publié
d'après le Leabhar Breac, par Atkinson, The Passions, p. 60-64,
avec traduction, p. 300-304.
30° Fol. 43 v°, col. I : 5etha Iuliana « Vie de sainte Ju-
Henne de Nicomédie », commence : \K\o-bôi aroiU urraigi dar
ba coînainm Eîeseus a cathair Nicomedia « Il y eut un certain
personnage surnommé Elisée, de la ville de Nicomédie. » La
fête de sainte Julienne est dans le Martyrologe d'Oengus sous
la date du 16 février.
31° Fol. 44 v°, col. I : .Betha na IIII Domnall « Vie des
quatre Donnell », commence: [T]riar ma.c fogluma tangatur 0
Choindire « Trois étudiants vinrent de Cuinnire » ; petit traité
publié d'après le Liber flavus Fergusorum par O'Curry, Lectures
on the Manuscript Materials, p. 529-531.
32° Fol. 45 : Stair Nicomed no Joseph de Armatia « Histoire
de Nicomède ou Joseph d'Arimathie », commence : In
domad bliadham do-flaithus Tibir Ceszir : « La neuvième année
du règne de Tibère Caesar ». M. Gaidoz, Mélusine, t. IV,
col. 24, a fait observer que c'est une traduction complète
de l'évangile de Nicodème dont il n'y a que la seconde
398 H. Omont.
partie chez Atkinson, The Passions, p. 143-150, avec la tra-
duction, p. 392-400.
Dans un blanc à la suite de ce morceau, fol. 52 v°, on a
inséré deux pièces de vers, la première commence : Ni glic
nach gabuim fam glor, col. i : la seconde: Dia dho choinidhe,
« Dieu ton Seigneur », col. 2; celle-ci attribuée à Murcher-
tach ua hlfernain, nous apprend M. Whitley Stokes.
33° Fol. 53 r°, col. I : Beatha Coluim chilli « Vie de saint
Columba », commence: Exi de terra tua...; en irlandais:
Façaib do-thîr... {Genèse, XII, i). M. Whitley Stokes a publié
deux éditions de ce document ; l'une d'après le Leabhar Breac
avec traduction anglaise en regard dans Tbree Middle Irish
Homilies, Calcutta, 1877, p. 90-125; l'autre d'après le ma-
nuscrit dit Livre de Lismore dans Lives of Saints from the Book
of Lismore, p. 20-33, avec traduction, p. 168-181.
A cette vie on a ajouté fol. 56 v°, col. 2, une courte lé-
gende concernant saint Columba; commence: Laa n-ann
tainic Coluim Cille a-tiniceald Aime « Un jour Columba venait
de faire une tournée en Aran. »
34° Fol. 56 v°, col. 2 : 5ethfl fn môirsheisir « Vie des sept
dormants », commence : Rogabri croda aindsercach for-sin do-
mann feacht n-aill ./'. Déic esidein « Un roi cruel et désagréable
prit autrefois l'empire du monde, c'était Decius. » Publié
d'après le Leabhar. Breac, par Atkinson, The Passions, le texte
pp. 68-71; la traduction, p. 309-313. Manque ici la lin.
SIXIÈME SECTION. Elle Comprend les fol. 58-73 ; elle paraît
tout entière de la même main.
35° Fol. 58 r°, col. I : Opuscule commençant : Fox^g[a]/ in
pnncipio viigo water meo .i. Go fortachtaighi Muiri, bhainn-
tigema dam, a-tosâch. mh'oibrigthi, mar adeïr Agustin naeiii ;
« Que Marie, ma dame, m'aide au commencement de mon
œuvre, comme dit saint Augustin ». M. Whitley Stokes nous
apprend qu'il a trouvé une autre copie de ce document dans
le ms. irlandais de Rennes, fol. 23-24.
36° Fol. 60 r°, col. i: Traité sans titre qui commence:
Deo pa.tri carissimo Petro Dei gratia Portasenci .1. an-anoir Dia
Bibliothèijue nationale, Mss. celtiques et basques, n° \. ^99
athar carthanaig ocus Phetair dartinnsgnudh in-leahzr-so in-an-
anôir ocus Innocens dobhi iw-a-dheocham ocus in-a-charthanâil
« En l'honneur de Dieu le père qui nous aime et de Pierre ce
livre a été commencé en leur honneur et Innocent qui fut un
diacre et un cardinal. » Finit fol. 72 v°. Suit une note ainsi
conçue : Uilliam Mhagûibhne docuir in-leab^x-so an-gaeidheilg
ocus Domnall O'Conaill do-gheabh. Oràit Dia ocus duine /or-
an-anmannaih. Dobiad blhdna in-tigerna a-sgribhadh an-leab^r-
so faderedh annso Anno Dom'mi M° CCCC" XL° 3°. C'est-
à-dire « William Magawney a traduit ce livre en irlandais
pour Domnall O'Connell. Priez Dieu et homme pour leurs
âmes; ce livre a été écrit en fin l'an du Seigneur 1443 ». C'est
le traité De contemptu mundi, sive de miseriis humanae condi-
tionis composé par Innocent III antérieurement à son élévation
au souverain pontificat qui eut Heu le 8 janvier 1 198. Ce traité
a été publié par Migne, Patroîogia latina, t. 217, col. 701-746.
Il existe du texte irlandais une copie complète dans le ma-
nuscrit Egerton 1781, p. 113, fol. 57 r°; elle finit p. 150 et
fol. 75 v°; à la fin comme ici on trouve le nom du traducteur;
mais dans le manuscrit Egerton 1781 il paraît écrit plus exac-
tement Uilliam Magduibne et non Magidbne. M. Whitley
Stokes a signalé un fragment de la même traduction dans le
manuscrit Egerton 93, fol. 147 a, et dans le manuscrit Eger-
ton 91, fol. I (The Tripartite Life of Patrick, t. I, p. 45).
37° Fol. 72 v°, col. I : Agalhmh. an cuir/) ocus an anma
« Dialogue du corps et de l'âme ». Se termine inachevé
fol. 73 v°, col. 2. Voir ci-dessus 6°, p. 392.
SEPTIÈME SECTION, de plusieurs mains, fol. 74-117; suite de la
cinquième section; commence par trois vies de saints.
38° Fol. 74 r°, col. I : Betha Patraicc « Homélie sur saint
Patrice. » Le commencement manque. Une analyse de ce do-
cument a été publiée par M. Whitley Stokes, The Tripartite Life
of Patrick, t. I, p. lvii-lxi. Le fragment débute ainsi : di~
araile i-sin dail, co-torchzk did'm L fer dib « de l'autre dans
l'assemblée, en sorte qu'il en mourut cinquante hommes » ;
cf. The Tripartite Life, t. II, p. 456, 1. 18.
400 H. Omont.
39° Fol. 76 v°, col. 2 : Betha Brigdi « Homélie sur la vie de
sainte Brigite », commence : [H]i sunt qui secuntur agnum quo-
cumque ieret. « It-iat-so lucht lenait an t-uan neimeilnide cipe co-
nair deach » (Apocalypse, XIV, 4). Deux éditions de ce docu-
ment ont été données par M. Whitley Stokes, l'une d'après
le Leabhar Breac (Three Middle-Irish homilies, p. 50-87);
l'autre d'après le Livre de Lismore {Lives of Saints from the
Book of Lismore, p. 34-53). Ces deux éditions sont accom-
pagnées d'une traduction anglaise, la première en regard du
texte, la seconde, p. 182-200. La source paraît être la Vie latine
publiée par les Pères De Smedt et De Backer, Acta Sanctorum
Hiberniae ex codice Salmanticensi, col. 1-76, et déjà donnée par
les Bollandistes sous la date du i" février, p. 172, etparColgân
dans sa Trias Thaumaturga, p. 597. Cette Vie latine paraît
avoir pour auteur Laurentius Dunelmensis mort en 11 54.
40° Fol. 81 v°, col. I : Bttha Brénaind « Vie de saint Bren-
dan »; commence : Beatus qui ti?net Dominxim, in ma[n]datis
ej us volet nimis. « Is fechtnach ocus is firén finnbeihadach ocus
is forbthi in Jirén foT~sam-bi ecîai ocusimuaman m Choimded cu-
ma.chtaig » « Est heureux, jouit d'un vrai bonheur, est parfait le
juste qui craint et redoute le Seigneur puissant. » (Psaume CXI,
V. i). Une édition d'un texte légèrement différent a été donnée
par M. Whitley Stokes, Lives of Saints from the Book of Lis-
more, p. 99-116, avec une traduction anglaise, p. 247-261.
41° Fol. 87 v°, col. I : Cumdach na Paitri « Commentaire
sur le Pater » (littéralement « édifice du Pater ») ; commence :
Sic ergo vos oràbitis, « Bid amhid-so didïu dognéthi ernaigtbe »
(Evangile de saint Mathieu, chap. VI, v. 9). M. Atkinson a
publié ce texte d'après le Leabhar Breac, dans son livre intitulé
The Passions, p. 259-266, et il en a donné la traduction en an-
glais, ihid., p. 495-503.
42° Fol. 90 r°, col. I : Dighail fola Cnst « Vengeance du
sang du Christ » ; commence : [Z)]a bliadain .xl. bâtir na-
hludâidi ar-foxbzxt chruidh ocus chlainne « Quarante-deux ans
furent les Juifs en croissance de fortune et de postérité. » Un
autre texte de ce traité se trouve dans le Leabhar Breac, fol.
150-154, il a été signalé dans le Livre de Fermoy, fol. 44 a,
par Todd, Proceedings of the Royal Irish Academy, Irish Mss.
Bibliothè(]ue nationale, Mss. celtii^ues et basiques, n° i . 40 1
séries, vol. I, part I, p. 22, et dans d'autres mss. aussi par
M. Whitley Stokes, Lives of Saints front the Book of Lismore,
p. VI, VII. Il a pour objet la destruction de Jérusalem par
Titus. A la fin, fol. 95 r°, col. i, on lit la souscription sui-
vante : Mesiu Mailechîaiîin mac Ilîainn mec an-Lega do seul an-
lebar-so doDonnchad mac Briain Duibi-Briain A. cend enich ocus
engnuma Ghàll ocus Ghaidhel n-Erend an-bliadain do-marbzà.
Mac larla Unnuman a-foill k-Buitilerachaib « C'est moi Mela-
« ghlin, fils de William Mac an Legha, qui ai écrit ce livre-ci
« pour Donough, fils de Brian Duv O'Brien, le plus hono-
« rable et le plus brave des Anglais et des Irlandais d'Irlande,
« l'année où le fils du comte d'Ormond fut tué frauduleu-
« sèment par les Butler » Nous savons par les Annales des
Quatre Maîtres, t. V, p. 1836, qu'en 1585 vivait le petit-fils
de Donough, fils de Brian Duv O'Brien; il s'appelait Brian
Duv, fils de Mahon, fils de Donough, fils de Brian Duv
O'Brien. Le scribe William Mac an Legha, père de Melaghlin,
est mentionné ci-dessus n°' i, 18 et 23, il écrivait en 1473.
Melaghlin tenait probablement la plume pour Donough vers le
commencement du xvi^ siècle. Suivant Todd, le meurtre dont
il s'agit eut lieu en 15 18.
43" Fol. 95 r°, col. I : Aislingthi Adamnain « Songe
d'Adamnan », commence : [R]ofaillsiged tm do-shochaidib runi
ocus derridusa flaiha nime ocus to[d\erna ifîrnn « Les secrets et
« les mystères du royaume du ciel et les supplices de l'enfer
« ont été révélés à beaucoup de monde. » Cette pièce a été
publiée 1° d'après le Lebor na h-Uidre, avec une traduction
anglaise, par M. Whitley Stokes à Simla en 1870, 2° d'après
le même manuscrit et d'après le Leabhar Breac par M. Win-
disch, Irische Texte, t. I, p. 169 et suivantes; ici manque le
commencement, il faut se reporter à la page 171 de l'édition
de M. Windisch pour trouver le passage correspondant au
début qui vient d'être reproduit.
44° Fol. 98 v°, col. 2 : Exaltation de la Croix; commence :
[Is^oé sgél innister sunn anosa amû rue ri na-Med ocus na-Pers
a-slait les an t-irrandus ro-flmcaib Elina don croich an larusalem
ocus doratsat na Crïstade hi forculu doridhise « Voici une his-
« toire où est raconté maintenant comment un roi des Mèdes
402 H. Omont.
« et des Perses emporta par vol le morceau de la croix qu'Hé-
« lène avait laissé à Jérusalem et les chrétiens le rapportèrem. »
Comparez le texte publié par M. Schirmer, Die Kreu^kgenden
ini Leabhar breac, p. 22-26, avec traduction, p. 47-51.
45° Fol. loi r°, col, i: [In]cipït liber centenillarum senten-
siarum, livre écrit en irlandais et divisé en vingt-deux chapitres
dont les titres sont latins : 1° De-câritate; — 2° De-pasiencia ;
— 3° De-dilecûone Dei ; — 4° De-humilitate ; — 5° Dé indul-
gencia; — 6° De-compuncùone; — j° De oraàone; — 8° De-
confec'ione; — 9° De-penetencia; — 10° De apstenencia; —
11° De: Relingquisti secnlnm; — 12° De-timore; — 1^° De-
virginitate; — 14° De-justicia; — 15° De-invidia; — 16° Dé
insipiencia; — 17° De-superbia; — iS° De-sapiencia; — i^° De-
iracundia; — 20° De-vana gloria ; — 21° De-fornicacione ; —
22° De persevera[n]cia. C'est un recueil d'extraits d'un ouvrage
un peu plus développé, le Scintillarum liber attribué à De-
fensor, moine de Ligugé, au viii^ siècle. Le Scintillarum liber
a été pubUé parMigne, Patrologia latina, t. 88, col. 597-718.
46° Fol. 104 v°, col. I : Don aitnde « De la pénitence »,
commence: Cia cetna ro-forcongair aithrighe do denam ar-tus?
« Qui a le premier prescrit de faire pénitence? ». Publié
d'après le Leabhar Breac par Atkinson, The Passions, p. 220,
avec traduction p. 457.
47° Fol. 105 v°, col. 2° : Gleo Michil re-sin beist « Combat
de Michel contre le monstre » ; commence : [D]auith, mac
lèse, ardrig clzinni hisrahel ocus in pùmfaidh amra. rofjjoills'ig
in-a-shaltair noim conidh-aingil as-timthiridh don Chomdidh
« David, fils de Jessé, grand roi des enfants d'Israël, le prin-
ce cipal et le merveilleux prophète, a montré dans son psautier
« saint que ce sont les anges qui servent le Seigneur. » Dans
le Leabhar Breac, p. 201, on trouve le même document pré-
cédé du texte latin : Angelis suis mandavit de te Deus, ut cus-
todiant te in omnibus viis tuis (Psaume XC, v. 11); publié par
Atkinson, The Passions, p. 240, avec une traduction, p. 477.
Une autre rédaction est dans le Leabhar Breac, p. 72; elle
commence : Milia milium ministrabant ei et decies milles et cen-
tena milia astabant ei (Daniel, VII, 10) ; elle a été publiée par
Atkinson, The Passions, p. 213, avec une traduction p. 451.
Bibliothèijue nationale, Mss. celdcjues et basques, n° i . 405
48° Fol. 107 v°, col. I : Imarhus Aidhaimh « Péché
d'Adam » ; commence : [D]orône Dîa, resiu docruthaiged an
duine, ocus rothimain ix n-uird ainglide ocus ollamnacht do
Lucifer « Avant de créer l'homme, Dieu fit et régla les neuf
ordres angéliques et la principauté de Lucifer. » Se termine
par un court chapitre, fol, 108 v°, col. 2, qui commence :
[Djorone Dia talum do Adimi ocus do Eua « Dieu fit la terre
pour Adam et Eve »; cf. Leahhnr Breac, p. m, col. 2,
ligne 52. Notre morceau paraît correspondre à celui qui com-
mence page 109, col. I, du Lcahhar Breac.
49° Fol. 109 r°, col. I : Bn2d\\ra ar-an sacrabhuic « Paroles
sur le sacrifice [de la messe] » . Commence : Prima autem die
a:(emorm'n accesserunt disipuli ad Ibesnm dicentes : ube visparemus
tihi comedere Pasca (Saint Mathieu, XXVI, 17). Publié d'après
le Lcabbar Breac, par Atkinson, The Passions, p. 181, avec
traduction, p. 430. A la fin, fol. 112 v°, col. i, souscription
de Sean mac indiarrla, « Jean, fils du comte » à Carraaig o
Coinnell (Carrigogunnell, comté de Limerick en Irlande).
50° Fol. 1 12 v°, col. I : Stair manâch nd-Eibhit « Histoire des
moines d'Egypte », commence: [Di]arale la dorala for men-
main Pasinutius, ab, dol do-chuartugud ditreb na-hEgipti « Un
autre jour il vint à l'esprit de Pasinutius, abbé, d'aller faire une
tournée dans les déserts d'Egypte. » M. Atkinson a publié
d'après le Leabhar Breac deux fragments de ce morceau, The
Passions, p. 55, et 56-59; les passages correspondants se trou-
vent ici : 1°, fol. 115 r°, col. 2, 1. 8 et suiv. jusqu'à 115 v°,
col. I, 1. 22; 2°, fol. 116 r°, col. I, 1. II jusqu'à fol. iiév°,
col. 2, 1. 12, où notre pièce finit.
51° Fol. 116 v°, col. 2 : Pièce de vers commençant par les
mots Easbpuc do-bhi ^acht ele « Il y eut autrefois un évêque. »
52° Fol. 117 r°: Une main plus récente a écrit une pièce
qui commence par les mots Gnathach maith a-menma fairsing
« ordinairement bon son esprit vaste. »
53° Fol. 117 v° Trois morceaux écrits par trois mains. La
première main paraît être celle qui a écrit la pièce précé-
dente ; le morceau (col. i) commence : ^reas er gSLch ceol « Ba-
taille noble chaque musique » . Le second morceau (col . 2) com-
mence : C«[i]^ roid ac rochtain ninie « 11 y a cinq routes
404 H' Omont.
qui arrivent au ciel. » Le troisième morceau occupe le bas des
deux colonnes et commence : Is-iad-so an-da-aeine decc « Voici
les douze jeûnes. »
Trois fragments de ce manuscrit, réunis sur une même
planche, ont été reproduits en fac-similé par Silvestre, dans sa
Paléographie universelle (IV, 130); ce sont les feuillets 58,
72 v° et 104 v°. Cf. l'édition anglaise donnée par sir Francis
Madden, Universal paleography, n° 233.
Une description détaillée de ce ms. a été publiée par le
D"" Todd dans les Proceedings ofthe Royal Irish Academy, 1846,
n° 53, vol. III, p. 223-229. Voir aussi sur ce ms. une notice
intéressante de M. Gaidoz dans Mélusine, t. IV, p. 23-24.
On a ajouté en tète du volume la note suivante relative à
sa provenance : « Manuscrit irlandois que les commissaires de
la section Beaurepaire^ ont trouvé dans une de leurs visites.
C'est un ouvrage de piété contenant des homélies sur plusieurs
passages de l'Ecriture sainte, la vie de saint Patrick, de sainte
Brigite. Les manuscrits irlandais deviennent d'autant plus pré-
cieux que cette langue tend à se perdre totalement par la pré-
dominance de la langue anglaise ; aussi les savans de l'Irlande
et de l'Angleterre recueillent tout ce qu'ils trouvent de mss.
irlandais, il n'y en a guère que de piété et sur l'histoire. Cette
langue qui a la plus directe analogie avec celle des Kalmoucs
et Mongols a un caractère original qui la distingue de toutes
celles de l'Europe. Ses formes sont simples, très régulières et
l'idiome en est très énergique; elle s'écrivoit jadis de droite à
gauche comme l'arabe, l'hébreu, etc., et paroît aussi présenter
nombre de mots radicaux de ces langues, mais les formes
d'abbréviations inventées par les copistes la rendent très diffi-
cile à lire, même aux savans qui l'entendent. Voyez les
grammaires de Curtin et de Wallencey, écrites en anglais.
ViLLEBRUNE 2. »
En tête du premier feuillet se trouve le cachet de cire de la
1. Du nom du générai français Nic.-Jos. Beaurepaire, mort au siège de
Verdun, en 1792.
2. Lefebvre de Villebrune, bibliothécaire national (1793-1795), éditeur
et traducteur d'Athénée et de Silius Italiens.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, nos i_^ ^^q^
section Beaurepaire ; le volume est coté « n° 44 » et porte
à la fin les signatures de quatre membres de la même section
révolutionnaire.
xv^ siècle. Parchemin, ity feuillets à deux colonnes. 288
sur 200 millim. Rel. veau rac, au chiffre de Charles X. (An-
cien fonds n° 8175'.)
2. Annales d'Irlande.
Fol. I. Récit de la bataille de Mocruimé entre Art Mac
Cuinn et Lugaid Mac Conn (195 ou 218 après J.-C). Voyez
H. d'Arbois de Jubainville, Essai d'un catalogue de la littéra-
ture épique de l'Irlande, p. cxx et 75-77.
Fol. lé. Courtes annales d'Irlande (1025-143 5), incom-
plètes du commencement et de la fin.
xix^ siècle. Papier. 44 feuillets. 198 sur 152 miUim. Demi-
rel. (Ancien Supplément français 966.)
3. Triallam tiompchul na Fodla. « Faisons le tour de l'Ir-
lande. » Poème attribué à John O'Dubhaghain (-J- 1372).
Publié par O'Donovan, The topographical poenis of John
O'Duhhagain... (DuWin, 1862, in-8°.)
On a ajouté à la fin une lettre d'envoi de ce manuscrit à
l'abbé SaUier, bibliothécaire du Roi, datée de Dijon, 26 dé-
cembre 1739.
xviii^ siècle. Papier. 59 pages et 2 feuillets. 192 sur 150 mil-
lim. Demi-rel. (Ancien Supplément français 967.)
4. Recueil de pièces ossianiques.
Page I. An bhruighinn chaorthuinn. « Palais enchanté du
sorbier. » — A la fin, la date, 1824.
Page 31. Tuarusgabhail catha Gabhra. « Récit de la bataille
de Gabra. »
Page 39. Caithreim an Deirg mhoir. « Triomphe de Derg le
Grand. »
Page 43. Trâchta air eaglamh na seanôireadha « Traité sur
la frayeur des vieillards. » — A la fin, la date, 1824.
Revui Cdtiqut, XI. 27
406 H Omont.
Page 56. Notes diverses en irlandais et anglais. — A la
page 63, la date, 181 7.
Page 65. Seilg sleibbe Guilinn. « Chasse de la montagne de
Guilenn. »
Page 118. Seilg sleibhe Fuaid. « Chasse de la montagne de
Fuad. » (Le début seulement.)
Voy. H. d'Arbois de Jubainville, Essai d'un catalogue de la
littérature épique de l'Irlande, p. cxx-cxxi; cf. p. 203-204 du
même ouvrage l'indication d'autres manuscrits.
xix^ siècle. Papier. 120 pages. 185 sur 145 mill. Demi-rel.
(Ancien Supplément français 19 19.)
5. Vie de sainte Nonne et de son fils saint Devy (David), ar-
chevêque de Menevie, en 519.
Publié d'après ce manuscrit par l'abbé Sionnet et M. Lego-
nidec. (Paris, 1837, in-8°.) Une nouvelle édition de cette vie
a été donnée par M. E. Ernault dans h Revue Celtique, 1887,
t. VIII, p. 230-301 et 405-491.
A la fin, on lit l'ex-libris plusieurs fois répété : « Buhez
santés Nonn. Ce presant livre appartient à moy M" Ollivier
Cloaret demeurant au lieu de la Villeneufve Treflaouvenan(?),
en la paroisse de Dirinon, le 15* aoust 1697. »
xvi^ siècle. Papier. 66 feuillets. 190 sur 130 millim. Rel.
veau rac. (Ancien Supplément français 3127.)
6. Tri brioghaithe an bhais. « Les trois aiguillons de la
mort » ; traité religieux de Geofroi Keating.
Copié en 1730 par John Mac Cosgair pour le Père Richard
Walhs (Breathnach).
Une édition du texte de ce traité a été publiée pour l'Aca-
démie d'Irlande par M. Robert Atkinson, Dublin, 1890, in-8°.
La traduction est annoncée comme devant paraître prochai-
nement.
xviii^ siècle. Papier. 286 pages. 235 sur 180 milHm,. Rel.
veau brun. (Ancien Supplément français 4260.)
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n°^ 5-9. 407
7. Dictionnaire basque-français, par Silvain Pouvreau, prêtre
du diocèse de Bourges.
xvii^ siècle. Papier. 213 feuillets. 265 sur 190 millim.
Demi-rel. (Ane. Colbert 3104. — Regius 7700, 3.)
8. Le même dictionnaire-
Incomplet du commencement et de dix feuillets environ
aux lettres I-K; le dictionnaire débute au mot Cafarda (fol. 33).
— Il est daté, à la fin, du 16 octobre 1663.
Une copie des vocabulaires basques de S. Pouvreau est con-
servée à la bibliothèque de Rouen, sous le n° 336 du fonds
Montbret.
En tête du volume se trouvent un fragment de grammaire
(fol. 1-3), une liste de noms de lieux basques, et plusieurs
listes de mots, avec leur traduction française, accompagnées
d'observations, envoyées à S. Pouvreau par Arnauld Oihé-
nart et datées « du 30 may 1665 » (fol. 4-32).
Fol. 201. Fragment de glossaire basque-français, Arrayoa-
Axtorea.
Fol. 207. « Les Privilèges de la v[enerable] Mère de D[ieu]. »
(En français et en basque.) M. J. Vinson a reconnu que c'était
le commencement du livre de Daniel de Priezac (Paris, 1648,
in-8°).
Fol. 237. « I. Gauça familier eta communa da elkar maite
dutenac elkarrequin vron direnean... » (Sermon en 30 para-
graphes.)
A la fin du volume, la date du « 27 9'"'^ 1659. »
xvii= siècle. Papier. 244 feuillets. 285 sur 180 millim. Rel,
maroquin rouge, aux armes. (Ane. Colbert. 3105. — Regius
7700, 4.)
9. Imitation de Jésus-Christ, en quatre livres, traduite en
langue basque par Silvain Pouvreau, prêtre du diocèse de
Bourges.
Les feuillets de garde (A-H), en tête du volume, sont for-
més par des thèses de logique de Guillaume Benard de Rezay,
soutenues au collège de Clermont, à Paris, le 10 janvier 1663.
4o8 H. Omont.
xvii^ siècle. Papier. 178 feuillets. 190 sur 125 millim. Rel.
maroquin rouge, aux armes. (Ane. Colbert, 6295. — Regius
8087, 3.)
10. Dictionnaire français-breton (1745).
A la fin (fol. 146 v°), la date 1745, et l'ex-libris : « A
^1"^= Jaouha Gabriel Joseph Diverrés, prêtre de la Congréga-
tion de la Mission. » — Au verso du premier feuillet de
garde, cette autre note : « A Marseille, 1722, après la peste.
— A M"" Diverrés, un travail de 6 mois dans ses quart d'heu-
res indifférentz. »
On a ajouté à la suite : « Lettre d'un théologien au R. P.
de Grazac, où on examine si les hérétiques sont excommuniez
de droit divin. » (5 lettres imprimées; s. 1. n. d., 1737-1738,
in-4°.)
xviii^ siècle. Papier. 146 feuillets; 30, 32, 32, 31 et
23 pages. 190 sur 150 millim. Couvert, parchemin. (Ane.
Supplément français, 2643.)
1 1 . Histoire de Napoléon P*", par M. Poher, ancien instituteur
de la commune de Ploudaniel (Finistère). 1858.
xix^ siècle. Papier. 126 feuillets. 230 sur 185 millim. Car-
tonné. (Ancien Supplément français, 5848. — Don de
M. Poher, 1862.)
12. Mystère de la Création^.
Copié en 1825 par Jean Le MouUec de Loguivy-lès-Lannion.
Publié par M. l'abbé Eug. Bernard dans la Revue Celtique
(1888), t. IX, p. 149 et suiv.
xix^ siècle. Papier. 176 pages. 320 sur 210 miUim. Demi-
rei.
I. Les mss. 12-42 et 44-65 ont été donnés en 1864 et 1865 à la Biblio-
thèque nationale. A ces volumes il faut joindre les deux suivants insérés
dans le fonds français :
Nouv. acq. franc. 351. « Louis Ennius, ou le Purgatoire de saint Pa-
trice. Mystère breton en deux journées. (Traduction) », par M. F. -M. Luzel.
XIX^ siècle. Papier, 105 feuillets. 305 sur 195 millim. Demi-rel.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiijues et basques, n"" io-t6. 409
13. Mystères de la Passion et de la Résurrection.
Fol. I. « Tragédien Passion, or Salver Biniguet, en bre-
sonec, coriget François Derrien... 18 12. »
Fol. III. « Tragédien ar Resurection Deus an ottro Jésus
Christ, en bresonnec..., 1812. » — A la fin : « Finis par moi
François Derrien, le huit novambre mil huit cent douze, de la
ville et paroisse de Guerlesquin, canton du Pontou, arrondis-
sement de Morlaix, départemant de Finistaire. »
xix^ siècle. Papier. 170 feuillets. 280 sur 190 miUim. Demi-
rel.
14. Mystère de saint Jean-Baptiste.
Fol. I. « Commancamant an aviel santel, erves sant Jan
Badezour. — Copiet erbla 1847. »
xix^ siècle. Papier. 58 feuillets. 218 sur 150 millim. Demi-
rel.
15. Mystère de saint Jean-Baptiste.
Incomplet du commencement et de la fin.
xviii^ siècle. Papier. 80 feuillets. 290 sur 150 millim. Demi-
rel.
16. « La vie de Jacob et l'histoire de Joseph, suivy de la vie
de Moyse. »
A la fin du mystère de Jacob, fol. 80 v°, on lit : « Ce pre-
sant papier apartient à moy Claude Le Bihan, de la parroisse
de Pluzunet... le 22 janvier l'année 1765. » En 1835, il appar-
tenait à « Jean Le Ménager, fournier de Pluzunet. »
Fol. 81 v°. « L'histoire de Moïse. » Mystère.
Le texte breton de ce mystère a été publié à Morlaix, chez
Lédan, en 1850 (in-12, 312 pages), sous ce titre : Trajedi Jacob,
les hanvet Israël, patriarch Hebrean, rei^et gant A. L. M. Lédan.
Nouv. acq. franc. 352. « Analyse de saint Guennolé, mystère breton en
six actes. » Par M. Luzel (25 juin 1865).
Xixe siècle. Papier. 32 feuillets. 350 sur 215 millim. Demi-rel.
410 H. Omont.
Le mystère de Jacob finit à la page 139 et celui de Moïse
commence à la page 141.
xviii^ siècle. Papier. 158 feuillets. 310 sur 200 millim.
Demi-rel.
17. « La vie de sainte Anne et de sainte Emeransianne, sa
mère. »
Copié en 1862 par Dupré, Jean-Marie, de Loguivy-lez-
Lannion.
xix^ siècle. Papier. 237 pages. 310 sur 190 millim. Demi-
rel.
18. Mystère de la naissance de l'enfant Jésus.
A la fin, la mention : « Cette cayes apartien a moi François
Derrien, de la ville et commune de Guerlesquin, canton du
Pontou, arrondissement de Morlaix, département du Finis-
taire. Finis ce jour le sept novembre mil huit cent vingt trois. »
Fol. 63. « Janvier 1812. — Nouel neve, da henevelez on
Salver Jesus-Christ ; voar an cer gallec. Or dites nous,
Marie, etc.
Nouel ar henevelez
Nostris Salvatoris, ...»
xix"^ siècle. Papier. 63 feuillets. 235 sur 170 milhm. Demi-
rel.
19. Mystère de l'Enfant prodigue. 181 5.
A la fin, la note ordinaire de François Derrien, 181 5, et une
autre note de possession de Jean-Francois-Marie Troussel,
1836.
xix^ siècle. Papier. 34 feuillets. 205 sur 165 milhm. Demi-
rel.
20. Mystère de saint Crépin et saint Crépinien.
xviii^ siècle. Papier. 37 feuillets. 305 sur 195 milhm.
Demi-rel.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basi]ues, n"^ 17-24. 411
21. Mystère de saint Laurent.
Incomplet du commencement. — A la fin, mention de la
copie de ce ms. par Yves David, en 1772; puis, fol. 86:
« Cestte cahier de la vie de saint Lorant apartien à moy Yves
David de Langoat, ce jour le 13 S*""^ I773- »
xviii^ siècle. Papier. 86 feuillets. 290 sur 175 millim.
Demi-rel.
22. Mystère de sainte Tryphine.
Le prologue dans le ms. est différent de celui de l'édition.
^e mystère a été publié à Qiiimperlé, chez Clairet, en 1863
(in-8, XLiv-454 pages). Le texte de cette édition a été établi
par l'abbé Henry; la traduction mise en regard du texte et
l'introduction qui précèdent sont dues à M. Luzel.
xix^ siècle. Papier. 180 pages. 288 sur 180 miUim. Demi-
rel.
23. Mystère de sainte Tryphine.
Même prologue que le précédent.
Sur le premier feuillet, on lit : « Ce cahier d'histoire appar-
tient à Guillaume Lehoanen, demeurant dans la commune de
Pluzunet. — Ecrit par Çoëlou, Jean, dans l'année... 185 1. »
On a joint à la fin une brochure imprimée de huit pages,
in-8° (Morlaix, J. Haslé, s. d.^ : Kloarek koat ar Rannou ha penn-
herez^Ker:{anton, et Ann hini a garan luar euii ton nevc, par L-
P.-R. Ar Skour, Barz L-V. Remengol.
xix^ siècle. Papier. 236 pages. 275 sur 205 millim. Demi-
rel.
24. Mystère de sainte Geneviève de Brabant.
Le titre porte : « La inosans reconu a santés Jenovefa, tra-
duised a hallec en bresonec rimed vid hoary voar dead, cori-
ged a neve gand J. Conan, er blaves mil eis cand pemb voar
nugend, en parous Tredres, canton Plistin, arondisemand La-
nion, er huesec a vis querdu, sined Jean Conan. » — Copie
de 1825.
41 2 H. Omonî.
Le texte breton de ce mystère a été publié, sans traduction,
chez Le Goffic, àLannion, en 1864 (in-12, de 298 pages), sous
ce titre : Bue::;^ sante:^ Genovefa, Tragcdienn en try Act gant eur
Proloc en pep act.
xix^ siècle. Papier, 287 pages. 280 sur 170 millim. Demi-
rel.
25. Mystère de sainte Geneviève de Brabant.
Rédaction abrégée, qui débute : « Canomp gant meulo-
diou à joa... »
xix^ siècle. Papier. 35 feuillets. 280 sur 190 millim. Demi-
rel.
26. Mystère de sainte Geneviève de Brabant.
Rédaction en prose, intitulée « Vie de Geneviève, praincesse
de Brabant », et qui débute : « Orsus ta ma friet... »
A la fin, on lit: « Fait par Jacques LeMoal. 181 9. »
xix^ siècle. Papier. 200 feuillets. 350 sur 220 millim.
Demi-rel.
27. Mystères de saint Martin de Tours et de saint Louis.
Fol. I. « Bue a tragédie deus a Sant Martin cavallier en co-
mancamant e amser ac er fine eo bet archescop en Tour,
composset gane me Job Coat, er blaves mil eis cant pemp var
nugent (1825), ... en Montroulles... »
Fol. 43. « Cahier tragédie S' Louis. »
Fol. 67. Dialogue entre la joie et le chagrin. « Bonjour, ma
hamarad... »
xix^ siècle. Papier. 68 feuillets. 295 sur 190 millim. Demi-
rel.
28. Mystère d'Eulogius, patron des maçons.
xix"^ siècle. Papier. 84 feuillets. 222 sur 200 milHm. Demi-
rel.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n"" 25-32. 41 j
29. Louis Ennius, ou le Purgatoire de saint Patrice.
Texte abrégé et différent de l'édition de ce mystère, qui a
été publiée, sans traduction, à LannionJ chez Le Goffic, en
1871 (in-i2, léé pages), sous ce titre: Bue^ Louis Eunius
dijentil ha pécher bras, Trajedien en daou Act, gant eur Proloc
vit peh Act.
xix^ siècle. Papier. 41 feuillets. 300 sur 195 millim. Demi-
rel.
30. Buez santés Hélèna. Vie ou mystère de sainte Hélène.
A la fin, la date du 9 décembre 1840, et la mention : « Ap-
partient à Joseph Prigent, perruquier à Lannion. »
Le texte breton de ce mystère, un peu différent de celui du
présent ms., a été publié à Lannion, chez Le Gofïic, en 1862
(in-i2, 107 pages), sous ce titre: Buhe^sante'^Helena.
xix^ siècle. Papier. 47 feuillets. 275 sur 175 millim. Demi-
rel.
31. Mystère de saint Antoine.
Au fol. 55, on lit: « Ce présent livre apartient à Jan Le
Flem, ... demeurant en la parroisse de Pleudaniel, le jour
22^ de février, l'an 1709. » — Au fol. 52 v°,55 v° et 59 v°,
autres ex-libris de Maurice Le Flem, datés de 1689, 1699 et
1700,
xvii^ siècle. Papier. 59 feuillets. 180 sur 140 millim. Demi-
rel.
32. Mystère de Charlemagne et des douze Pairs.
Texte abrégé.
Fol. 70. « Belek Guegan. » Le prêtre Guégan, chanson.
« Mar plich guenach a chilaoufet. . . »
A la fin, on lit : « Dicté par Fanch ar Roue, à Keram-
borgne. » — Copie de M. Luzel.
xviir siècle. Papier. 71 feuillets. 175 sur 140 miUim. Demi-
rel.
414 W- Omont.
33. Mystère de Charlemagne et des douze Pairs.
A la fin (fol. 58), on lit : « Ce livre apartien à ... François
Le Hoeroii, ... le 16 avril 1774. »
Fol. éo. Vie de Malarjé.
Fol. 93. « Fabien ar butun, digasset deus a Portugal en
Frans er bloa 1562 dre mest, Jan Nicol, ambassadour da
Rouannes a Frans mam da Louis pevoarsec. — Disput entre
Paoul ar butuner a Simon na vutun quet. » Fable du tabac,
apporté de Portugal en France en l'année 1562, par M'^ Jean
Nicot, ambassadeur de la reine de France, mère de Louis XIV.
— Dispute entre Paul qui use de tabac et Simon qui n'en use
pas.
xviii^ siècle. Papier. 97 feuillets. 315 sur 190 millim. Demi-
rel.
34. Orson et Valentin, tragédie.
Fol. 214 v", on lit : « Fait par moi Lesquélen, Jean-Marie,
matelots à Pleudaniel, le 21 juin 1856, après beaucoup d'am-
barras. Ce livre m'appartient, mais en mon absence Yves
André pourra s'en servir et le pretter à celui qu'il voudra... »
Fol. 217. « Ourson a Valentin, tragédien. » — A la fin, la
date: « Guerlesquin, le 27 septembre 1850. »
xix^ siècle. Papier. 239 pages. 375 sur 230 millim. Demi-
rel.
35. Mystère des quatre fils Ay mon.
Incomplet du commencement et de la fin. — Texte diffé-
rent de l'imprimé.
Le texte breton de ce mystère a eu plusieurs éditions ; la
dernière a paru à Morlaix, chez Lédan, en 1866 (in-12,
420 pages), sous ce titre : Bue:^ ar pevar niab Emon, duc
d'Ordon, laqet eform eun dragcdi, ha rei^et en ur^gant A. L. M.
Llédaii]. — Cette édition donne l'acte VII en vers, tandis
que cet acte est en prose dans les éditions publiées par le
même libraire en 18 18 et en 1833.
xix^ siècle. Papier. Pages 5-3 11. 330 sur 205 millim.
Demi-rel.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n"' 33-40. 415
36. Mystère de Pierre de Provence et de la belle Mague-
lonne.
Incomplet du commencement.
xix^ siècle. Papier. 33 feuillets. 320 sur 200 millim. Demi-
rel.
37. Mystère de Jérusalem délivrée, ou Godefroi de Bouillon.
Incomplet de la fin.
xix^ siècle. Papier. 274 pages. 325 sur 205 millim. Demi-
rel.
38. « Bue ar brinces Athanaïse, merch ar roue Lombardi,
suivet a vue ar princ Yan, cont a Boëttou a roue a Vre-
tagne..., composset ganeme Job Coat. En Montroulles,
1836. » — Vie de la princesse Athenaïsse, fille du roi de
Lombardie, suivie de la vie du prince Jean, comte de Poitou .
et roi de Bretagne.
Incomplet de la fin.
Fol. 38. Fragment d'un dialogue d'Arlequin. — Cf. le
n° 52.
xix^ siècle. Papier. 40 feuillets. 300 sur 225 millim. Demi-
rel.
39. Mystère de Cognomerus, ou Comorre et sainte Try-
phine.
Le prologue, ajouté, est daté de 1839.
Au fol. 75 et ailleurs, on lit le nom de « Jacques Le Picard
de Plouha. »
Fol. 79 v° « Pour fer l'abrégé des sept péché mortels. »
xix^ siècle. Papier. 91 feuillets oblongs. 180 sur 220 millim.
Demi-rel.
40. Mystère de Chedoni et Helena Rosalba.
Copié à Lannion, en 1839, par Joseph Prigent.
xix^ siècle. Papier. 92 pages. 280 sur 180 millim. Demi-
rel.
41 6 H. Omont.
41. Mystère du prince Fadlala.
Fol. 1-2. « Joseph et ses frères, » (En français.)
Fol. 90 v°. Règles de comput. — « Proposition pour
trouver l'heures delà plainne mer... »
xix^ siècle. Papier. 95 feuillets. 305 sur 200 millim. Demi-
rel.
42. Abrégé du « Dictionnaire de la l[angu]e Bretonne, par D.
[Le] Pelletier, R[eligieux] B[enedictin].
Cet abrégé ne contient que les mots : « A-Bale. » — Le
dictionnaire de Le Pelletier a été publié à Paris, chez Dela-
guette, en 1752, in-folio, vu- 14 pages, 928 colonnes.
Fol. 9. « Index onomasticus vocum barbararum et exoti-
carum qu^ in legendis Benedictinis actibus occurrunt. » —
« Abbadia-Claxendix. »
Fol. 17. « Gloss. ex ms. cod. St. Germ. a Pratibus. —
Abessem, adsensissem... — Antracitis... »
Fol. 24. Glossaire ancien français. « Ahaniers, ... — ... Voi-
sent, voient... »
xvii*-xviii^ siècle. Papier. 55 feuillets. 350 sur 220 millim.
Demi-rel. (Résidu St. Germain.)
43. Huon de Bordeaux. « Tragédie a bue Huon a Vourdel,
composset gane me Job Coat, ... 1824, ... en Montroulés. »
xix^ siècle. Papier. 37 feuillets. 300 sur 220 miUim. Demi-
rel.
44. Mystère des Quatre fils Aymon.
Incomplet du commencement et de la fin. — Cf. le n° 35.
XIX' siècle. Papier. 191 feuillets. 300 sur 190 millim.
Demi-rel.
45. Louis Ennius, ou le Purgatoire de saint Patrice.
Copie de Jean Connan, à Ploumilliau (Côtes-du-Nord). —
Le commencement a été suppléé aux fol. 71-78. — Cf. le
n° 29.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n°' 41-50. 417
xix^ siècle. Papier. 78 feuillets. 330 sur 200 millim. Demi-
rel.
46. « La vie du patriarche Jacob et de ses douze fils. »
Le prologue (fol. 1-2) et la fin (fol. 29-45) ont été copiés
par M. F, -M. Luzel, à Keramborgne, 1844. — Cf. le n° 16.
xix^ siècle. Papier, 45 feuillets. 320 sur 190 millim. Demi-
rel.
47. Mystère de Jacob et de ses fils; suivi de Moïse (fol. 62);
voy. le ms. éo.
Incomplet. — Copie de 1758. « Fait par moy Ollivier Le
Buzulier. » — Cf. le n° 16.
xviii* siècle. Papier. 131 feuillets. 310 sur 180 millim.
Demi-rel.
48. Mystère de sainte Anne.
Incomplet du commencement. — A la fin, ont été ajoutés
divers cantiques et prières en breton.
xix^ siècle. Papier. 188 pages. 310 sur 185 millim. Demi-
rel.
49. Mystère de saint Jean-Baptiste.
Au fol. 93 v°, on lit l'ex-libris de « Claude Le Bihan, de-
meurant en la parroisse de Pluzunet, ... 1763. »
xviii^ siècle. Papier. 99 feuillets. 310 sur 195 millim.
Demi-rel.
50. Mystère de la conquête de Charlemagne.
Copie de Jobik Le Coat, de Morlaix. 1825.
Fol. 30. Boileau, satire sur les Femmes. Traduction en
breton.
xix^ siècle. Papier. 37 feuillets. 295 sur 220 millim.
Demi-rel.
41 8 H. Omont.
51. Mystère de Robert le Diable.
A la fin, on lit : « Fait à Lannion, cejour 25^ octobre 1741.
A moy Henry Le Guilcher... »
xviii^ siècle. Papier. 145 feuillets. 280 sur 165 millim.
Demi-rel.
52. La Fille aux cinq amoureux (Clémentine et Arlequin.)
Copie de Jobik Le Coat, de Morlaix.
xix^ siècle. Papier. 17 feuillets. 295 sur 220 millim.
Demi-rel.
53. Vie de saint Guillaume, comte de Poitou.
Abrégé et arrangé pour la représentation par Jobik Le Coat,
de Morlaix. 1840.
Le texte breton de ce mystère a été publié, en 1815, à
Morlaix, chez Guilmer (in-8, 128 pages), sous ce titre :
Tragédien sant Guillarm, condt deus a Poetou. Une nouvelle
édition (même format et même nombre de pages) a paru à
Morlaix, chez Haslé, en 1872.
Fol. 28. Résurrection d'Arlequin, ou le squelette ambulant,
pantomime.
Fol. 31. Arlequin magicien, pantomime.
Fol. A et 34. Fragments d'un dialogue d'Arlequin; cf. le
n° 38.
Fol. 39. Fragment de la « Jérusalem delivret; » copie de
« Job Coat, ... en Montroulles. »
xix^ siècle. Papier. 42 feuillets. 290 sur 180 miUim.
Demi-rel.
54. Mystère de saint Pierre et saint Paul.
Copie de M. Luzel. — Voy. le n° 65 dont ce ms. forme
le complément.
xix^ siècle. Papier. 32 feuillets. 203 sur 175 milHm.
Demi-rel.
Bibliothè(]ue nationale, Mss. celticjiies et bascjues, n°^ 51-60. 419
55. Mystère de sainte Hélène. « Bue santés Helena ; tragé-
dien brezonnek. »
Copie de M. Luzel; Dinan, 1849. Cf. le n° 30.
xix^ siècle. Papier. 93 pages. 205 sur 160 millim.
Demi-rel.
56. Mystère de Charlemagne.
Incomplet du commencement.
A la fin, le nom de « Joseph Coat ».
xix^ siècle. Papier. 40 feuillets. 280 sur 170 millim.
Demi-rel.
57. Mystère du Jugement dernier.
Copie de M. Luzel.
xix^ siècle. Papier. 61 feuillets. 205 sur 155 millim.
Demi-rel.
58. Mystère de saint Guillaume. « Tragédien sant Guillerme,
en bresonec... Année 181 1. — A François Derrien, de
Guerlesquin. »
Texte abrégé. — Cf. le n° 53.
xix^ siècle. Papier. 65 feuillets. 220 sur 175 millim.
Demi-rel.
59.* Mystère de Jacob. « Tragédien Jacob en bresonec...
181 I. »
Texte abrégé. — Cf. le n° 16.
Avec l'ex-libris de « François Derrien, de Guerlesquin ».
xix^ siècle. Papier. 63 feuillets. 220 sur 175 millim.
Demi-rel.
60. « Moïse, tragédie bretonne. »
« Dans ce cahier se trouve la fin de la tragédie de Moïsa»,
du ms. 47. — Copie de M. Luzel. Keramborgne, 1844. —
Cf. le n° lé.
420 H. Omont.
xix^ siècle. Papier. 9 feuillets. 220 sur 175 millim.
Demi-rel.
61. Mystère de la Destruction de Jérusalem par Titus.
Incomplet du commencement et de la fin.
xix^ siècle. Papier. 91 fol. 200 sur 155 millim. Demi-rel.
62. Mystère de saint Guennolè.
Texte abrégé. — A la fin, la date du 27 janvier 1839.
Le mystère de saint Guennolè a été publié avec une tra-
duction en regard par M. Luzel, Quimper, Charles Cotonnec,
1889 (in-8, 222 pages), sous ce titre : Buhe^sant Gwennole abad.
La vie de saint Gwennole, abbé; mystère breton en une journée et six
actes.
XIX* siècle. Papier. 50 feuillets. 200 sur 148 millim,
Demi-rel.
63. Mystère de saint Guiner. « Buez sant Guigner. »
Copié par Auguste Lecorre, deLannion. 1839.
Fol. 65. « La pauvre Bohémienne, romance. » En français,
xix^ siècle. Papier. 65 feuillets. 200 sur 145 miUim.
Demi-rel.
64. Mystère de sainte Tryphine.
Incomplet du commencement. — Texte différent de l'im-
primé. — Cf. le n° 22.
XIX* siècle. Papier. 100 feuillets. 270 sur 175 millim.
Demi-rel.
65. « Saint Pierre et saint Paul ; mystère breton. »
Copie de M. Luzel. Keramborgne, 1844. — Il faut joindre
à ce ms. le n° 54, qui le complète.
XIX* siècle. Papier. 68 feuillets. 225 sur 175 millim.
Demi-rel.
Bibliothè<^ue nationale, Mss. celtiques et basques, n"' 61-72. 421
66. Forus Feasa air Eirinn. Histoire d'Irlande, par GeofFroi
Keating (1644).
Ce ms. a jadis appartenu à Melchisedech Thévenot, garde
de la Bibliothèque du roi (cf. Bibliotheca Thevenotiana, 1694,
in-i2, p. 240). — Voir, sur les autres mss. et les éditions de
V Histoire d'Irlande de Keating, YEssai d'un catalogue de la lit-
térature épique de l'Irlande de M. d'Arbois de Jubainville,
p. 144-146.
xvii^ siècle. Papier. Feuillets prélim. A-F, xix et 194 feuil-
lets. 270 sur 180 millim. Rel. veau brun (« Codex Melch.
Thévenot. » — Regius 10505 b.')
67-70. « Dictionnaire françois-breton du dioceze de Vannes,
...composé par feu M. de Chalons, recteur de la paroisse
de Sarzeau, grand vicaire de... Vannes. Revu et corrigé
depuis la mort de l'auteur. » (1723.)
Tome I, A-E ; tome II, F-M ; tome III, N-R ; tome IV, S-Z.
Au bas du titre : « Ex libris Touzée de Grand'Isle, socii
Sorbonici. 1774. » Ce ms. a depuis appartenu à Eloi Johan-
neau, n° 320 du catalogue de vente (1852).
xviii^ siècle. Papier. 552, 422, 426 et 345 pages. 230 sur
170 millim. Demi-rel. (Vente Burgaud des Marets, mai 1873,
n« 1968.)
71. Défense de la Messe, par GeofFroi Keating,
Le manuscrit est intitulé : « Clef à bouclier de la Messe
{Eochair sciath an Aifrinn). » Voy. O'Reilly, dans Transac-
tions of the Hiberno-Celtic Society, t. I, p. cxciv, et Harris,
The Writers of Ireland, p. 106, qui le mentionne sous le titre
de A Defence of the Mass.
xviii^ siècle. Papier. 14 feuillets et 194 pages. 235 sur
180 milHm. Rel. veau brun.
72-88. Copies autographiées des Lois Brehon, etc., par John
O'Donovan et Eugène O'Curry (185 3-185 5).
I. 72. « Commentary on Senchus Mor, Septiads. — H. 3.
17, Trinity Collège, Dublin. [O'Donovan], 1-399.
Revue Cclitque, XI. 28
42 2 H. Omont.
73. «Fragments of Brehon Laws. — H. 3. 17, Trinity
Collège, Dublin. O'Donovan, 400-688. »
74. « Fragments of Brehon Laws. — H. 3. 17, Trinity
Collège, Dublin. O'Donovan, 689-992. »
75. « Fragments of Senchus Mor, Septiads, etc. — Ms.
H. 2. 15, Trinity Collège, Dublin. O'Donovan, 993-1224. 0
76. « Breatha comhaithehesa, Triads, etc. — E. 3. 5, ms.
Trinity Collège, Dublin. O'Donovan, 1226-1348. »
77. « Book of Aicill. — E. 3. 5, ms. Trinity Collège,
Dublin. [O'Donovan, 1349-15 51,] »
78. « Fragments of Brehon Laws. — H. 5. 15, H. 2. 12,
H. 2. 16. Trinity Collège, Dublin. O'Donovan, 1552-175 1. »
79. « Miscellaneous Brehon Laws Tracts. — Clarend. 15 ;
Egerton, Plut. 90; Rawlinson, 487; [Cotton,] Nero, A. 7.
O'Donovan, 1752-2236. »
80. « Miscellaneous Brehon Laws Tracts. — Rawlinson,
506, 502, 505, Bodleian Library. O'Donovan, 2237-2491. »
IL 81. « Miscellaneous Brehon Law Tracts. — H. 3. 18,
Trinity Collège, Dublin. Curry, 1-239. ^^
82. « Miscellaneous Brehon Law Tracts. — H. 3. r8,
Trinity Collège, Dublin. Curry, 240-755. »
83. « Miscellaneous Brehon Law Tracts. — H. 3. 18,
Trinity Collège, Dublin. Curry, 756-1149. »
84. « Miscellaneous Brehon Law Tracts. — H. 3. 18,
Trinity Collège, Dubhn ; and Book of Ballymote, Royal Irish
Academy. Curry, 11 50-1 5 84. »
85. « Fragments of Brehon Laws. — Mss. Royal Irish
Academy, 35-5, 43-6; and Liber Lec[ani], fol. 176 a. Curry,
1585-1944. »
86. « Miscellaneous Brehon Law Tracts. — H. 4. 22,
Trinity Collège, DubHn. Curry, 1945-2 13 6. »
87. « Miscellaneous Brehon Laws Tracts. — British Mu-
séum, Egerton, 88. Curry, 2137-2603. »
88. « Miscellaneous Brehon Law Tracts. — British Mu-
séum, Egerton, 88. Curry, 2604-2906. »
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques, n"^ 7^94- 42^
Voyez les Ancient Laws of Ireland, publiées dans la Collec-
tion du Maître des Rôles (1865-1879, 4 volumes in-8),
notamment l'avertissement en tête des trois premiers volumes.
xix^ siècle. (Copies autographiées de John O'Donovan et de
Eugène O'Curry, 1853-1855.) Papier. 290 sur 220 millim.
Demi-reliure.
89-90. Chants populaires de Léon (Bretagne), recueillis par
M. de Penguern.
226 pièces. — Une table détaillée renvoyant aux pages est
en tête de chaque volume.
xix^ siècle. Papier. 261 et 292 pages. 325 sur 250 millim.
Demi-rel.
91. Chants populaires bretons du Trecorrois, du Goello et de
la Cornouaille (Bretagne), recueillis par M. de Penguern.
xix^ siècle. Papier. 211 feuillets. 375 sur 250 millim.
Demi-rel.
92. Chants populaires Bretons, recueillis par M""^ de Saint-
Prix, de Morlaix, partie dans les Côtes-du-Nord, à Callac
et aux environs, partie à Morlaix.
xix^ siècle. Papier. 122 feuillets. 325 sur 255 millim.
Demi-rel.
93. Chansons bretonnes. Fragments divers, papiers et notes
de MM. de Penguern et Kerambrun.
xix^ siècle. Papier. 119 feuillets. 330 sur 220 millim.
Demi-rel.
94. Chansons bretonnes, recueillies par MM. de Penguern et
Kerambrun.
Plusieurs de ces chansons sont accompagnées d'une tra-
duction française.
xix^ siècle. Papier. 245 feuillets. 320 sur 220 millim.
Demi-rel.
424 H. Omont.
95. Chansons et dictons bretons, recueillis par MM. de Pen-
guern et Kerambrun.
xix^ siècle. Papier. 426 feuillets. 260 sur 200 millim,
Demi-rel.
96. Mystère de sainte Geneviève de Brabant.
Copie faisant partie de la collection de M. de Penguern. —
Texte différent de l'imprimé. — Cf. le n° 24.
xix^ siècle. Papier. 314 pages. 290 sur 185 millim.
Demi-rel.
97. Mystère de saint Guennolé.
Copie faisant partie de la collection de M. de Penguern.
— Texte différent de l'imprimé. — Cf. le n° 62.
Au fol. 79 v°, mention de la copie du ms. en 1767; au
fol. 80, on lit : « Ce livre apartien à moy Yves Balcouf de
Camlez... 1770. »
Fol. 81. Fragment du Mystère de saint Symphorien.
xviii^ siècle. Papier. 84 feuillets. 205 sur 170 millim. Demi-
rel.
98. Mystère de Charlemagne et des douze Pairs.
Copie faisant partie de la collection de M. de Penguern.
xix^ siècle. Papier. 95 feuillets. 202 sur 170 millim.
Demi-rel.
99. « Allonzor ha Tilmogina. » Comédie en un acte.
Fol. 21. « An Inconstanç doubl. Comedy en eun act. »
(Arlequin et Flavia.) — Cf. les mss. 38 et 53.
Copie faisant partie de la collection de M. de Penguern.
xix^ siècle. Papier. 38 feuillets. 190 sur 150 milHm.
Demi-rel.
100. Mystère de saint Garand, saint Denis et saint Clément.
Copie faisant partie de la collection de M. de Penguern.
xix^ siècle. Papier. 176 feuillets. 470 sur 330 miUim.
Demi-rel.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et bascjues, n"' 95-105 425
101. Recueil de prières, en irlandais.
Page 76. Agallamh an chuirp agus an anma. Dialogue du
corps et de l'âme. — Cf. le n° i, art. 6 et 37.
Page 113. Traité de prononciation irlandaise, suivi d'une
liste des principales abréviations usitées dans l'écriture irlan-
daise (p. 130-132).
xviii^ siècle. Papier. 132 pages. 150 sur 95 millim. Rel.
parchemin. (Transmission du Département des Imprimés,
B. 756 A.).
102-105. « A descriptive Catalogue oftheirish Manuscripts
in the Library of Trinity Collège, compiled by the late
John O'Donovan LLD. (Unpublished.) — Dublin, 185 1. »
— (Copie de 1880.)
En tête du premier volume est un portrait au crayon de
« James Henthorn Todd, DD. » (f 28 juin 1869.)
A la fin du quatrième volume se trouve un appendice, qui
contient une bibliographie des publications de O'Donovan et
des extraits des Reports to R. Irish Academy (1878- 1879).
xix^ siècle. Papier. 980 et clxxj pages. 200 sur 160 millim.
Cartonné.
426 H. Omonl.
APPENDICE.
Manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal.
Parmi les quelques manuscrits anglais que possède la biblio-
thèque de l'Arsenal, on trouve sous le n° 8103 un in-folio de
129 feuillets tous écrits sur les deux faces, à l'exception de six
folios et deux pages restés blancs. Il contient une analyse du
Livre de Lecan, depuis le folio 9 inclus « the eight first folios
being lost », jusques et y compris le folio 311 où le manus-
crit original se termine par le poème de Gilla Moduda : Eire ôg
inis na nàem « Irlande vierge, île des saints », composé en 11 43,
dont on trouve un texte dans le Livre de Ballymote, p. 49-5 1
et qui a été publié d'après le manuscrit 16 de la collection
Stowe et avec une traduction latine par O'Conor, Rerum hiber-
nicarum scriptores veteres, Prolegomena, première partie,
pages cxLVii-CLXxxiii, Le manuscrit de l'Arsenal contient une
partie de ce poème. On peut se demander si l'analyse du
Livre de Lecan contenue dans le manuscrit de l'Arsenal n'aura
pas été écrite au collège des Irlandais, à l'époque où le Livre
de Lecan se trouvait dans cet établissement. On sait que l'ad-
ministration du collège des Irlandais à Paris a donné le Livre
de Lecan à l'Académie d'Irlande en 1787. L'écriture du ma-
nuscrit de l'Arsenal paraît dater du xviii^ siècle. Mais c'est une
copie faite par plusieurs mains d'un original dont l'auteur
nous reste inconnu. Cet auteur a eu en quelques circons-
tances la prétention de rectifier l'ordre un peu confus suivi par
l'auteur du Livre de Lecan, en sorte que l'ordre des feuillets
est quelquefois interverti ^
1 Cette notice a été rédigée par M, d'Arbois de Jubainville,
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques.
427
IL
Manuscrit de la bibliothèque Ma:{arine.
La bibliothèque Mazarine possède un manuscrit irlandais
(n° 3075), composé en grande partie d'une copie, parDomh-
nal O'Crobhminn, datée de 1760, de l'Histoire d'Irlande de
Keating (fol. 32-118). L'ouvrage de Keating est suivi
(fol. 118 v°) de: Agallaiiih na Seanoraide « Dialogue des
vieillards ». (Voy. d'Arbois de Jubainville, Essai d'un cata-
logue de la littérature épique de l'Irlande, p. 3-4.) En tête et à
la fin du volume ont été copiées différentes poésies pieuses en
irlandais moderne (fol. 20-29 et 124-139). — xviii^ siècle.
Papier. 170 feuillets. 320 sur 195 millim. Rel. veau, Ex-libris
gravé de « T. Cooke, S. F. B. L. I. »
LISTE DES COPISTES ET POSSESSEURS
DE MANUSCRITS DE MYSTÈRES BRETONS
André (Yves), 34.
Ar Roué (Fanch), 32.
Balcouf (Yves), 97.
Cloaret (Olivier), 5.
Coat (Job), 27, 38, 43, 50, 52, 53.
Coat (Joseph), 56.
Conan (Jean), 24, 45.
David (Yves), 21.
Derrien (François), 13, 18, 19, 58, 39.
Dupré (Jean-Marie), 17.
Goelou (Jean), 23.
Le Bihan (Claude), 16, 49.
Le Buzulier (Olivier), 47.
Le Coat. Foy. Coat.
Lecorre (Auguste), 63.
Le Flem (Jean et Maurice), 3 1
Le Guilcher (Henry), 5 1 .
Lehoanen (Guillaume), 23.
Le Hoerou (François), 33.
Le Ménager (Jean), 16.
Le Moal (Jacques), 26.
Le Moullec (Jean), 12.
Le Picard (Jacques), 39.
Lesquélen (Jean-Marie), 34.
Prigent (Joseph), 30, 40.
Trousscl (Jean-Fr. -Marie), 19.
428
H. Omont.
INDEX ALPHABÉTIQUE.
Abréviations irlandaises (Liste des
principales), loi.
Adam (Péché d'), i (48).
Adamnain (Songe d'), i (43).
Aicill (Book of), 77-
Aiguillon de l'amour de Dieu, i (4).
AUonzor ha Tilmogina, comédie,
99.
Ame. Dialogue du corps et de
l'âme, I (6 et 37), loi.
Anne (La vie de sainte), 17, 48, 49.
Antoine (Mystère de S.), 31.
Arlequin (Clémentine et), 52.
Arlequin et Flavia, 99.
Arlequin (Fragments d'un dialogue
d'), 38, 53-
Arlequin (Résurrection d') et Arle-
quin magicien, pantomine, 55.
Ar Skour, Poésies, 25.
Athénaïse, fille du roi de Lombardie
(Vie d'), 58.
Aymon (Mystère des quatre fils),
35, 44-
Ballymote (Book of), 84.
Basques (Manuscrits), 7, 8, 9.
Bède. Scintillarum liber, i (45).
Bohémienne (La pauvre) ; romance,
en français, 63.
Boileau. Satire sur les femmes, en
breton, 50.
Breatha Cpmhajthehesa, 76.
Brehon (Copies autographiées des
mss. des Lois), 72-88.
Brendan (Légende de S.), i (22),
(40).
Brigitte (Homélie sur sainte) i (39).
Cantiques, en breton, 48.
Carnaval (Le); farce, 33.
Chagrin (Dialogue entre la joie et
le), 27.
Chagrins du royaume des cieux
(Les deux), i (18).
Chalons (De). Dictionnaire français-
breton du diocèse de Vannes,
67-70.
Chansons bretonnes, recueillies par
MM. de Penguernet Kerambrun,
93-95-
Chants populaires de Léon (Breta-
gne), recueillis par M. de Pen-
guern, 89-90.
Chants populaires bretons du Tre-
corrois, du Goello et de la Cor-
nouaille (Bretagne), recueillis par
M. de Penguern, 91.
Chants populaires bretons, recueillis
par Madame de Saint-Prix, de
Morlaix, 92.
Charlemagne et des douze Pairs
(Mystère de), 32, 3}, 56, 98.
Charlemagne (Mystère de la con-
quête de), 50.
Bibliothèt^ue nationale, Mss. celtiques et bascjues.
429
Chedoni (Mystère de), 40.
Chrétien. Voy, Juif.
Christ (Vengeance du sang du), i
(42).
Ciel (Routes du), i (53).
Clément (Mystère de S.), 100.
Clémentine et Arlequin, 52.
Cognomerus (Mystère de), 39.
Columba (Vie de S.) i (33).
Comorre (Mystère de), 39.
Comput (Règles de), 41.
Confession. Voy. Moine.
Cooke (T.), possesseur du ms. ap-
pendice II.
Corps. Dialogue du corps et de
l'âme, I (6), (37), loi.
Création (Mystère de la), 12.
Crépin et Crépinien (Mystère des
SS.), 20.
Croix (Exaltation de la), i (44).
David (Vie de S.), 5.
Defensor de Ligugé(?). Liber scin-
tillarum, i (45).
Denys (Mystère de S.), 100.
Derg le grand (Triomphe de), 4.
Devy (Vie de S.), 5.
Direction spirituelle en Irlande, i
(12).
Diverrés (Gabriel-Joseph). Diction-
naire français-breton, 10.
Domnall mac Seaain . Contrat, 1(14).
Donnell (Vie des quatre), i (31).
Donough, copiste du ms. i.
Dormants (Vie des sept), i (34).
Dublin. Catalogue des mss. irlan-
dais de Trinity Collège, par John
O'Donovan, 102-105.
Eglises (Défense de polluer les),
I (16).
Egypte (Moines d'), i (50),
Elie (Récit de l'état d') au ciel, 1(18).
Emerentienne (Vie de sainte), 17.
Enfant (Histoire d'un) sauvé par la
vierge Marie, i (21). — Voyez
aussi : Juif.
Enfant prodigue (Mystère de 1'), 19.
Enfer (Description del'), i.
Ennius (Mystère de Louis), 29, 45.
Enoch (Récit de l'état d') au ciel, i
(18).
Enseignement (Science de 1'), i (8).
Eulogius (Mystère d'), 28.
Fadlala (Mystère du prince), 41.
Femme. Voy. Moine.
Fille aux cinq amoureux (La), 52.
Flathri, copiste du ms. i.
Flavia (Arlequin et), 99.
Fuad (Chasse delà montagne de), 4.
Cabra (Récit de la bataille de), 4.
Garand (Mystère de S.), 100.
Geneviève de Brabant (Mystère de
sainte), 24, 25, 26, 96.
Georges (Vie de S.), i (27).
Godefroid de Bouillon (Mystère de),
37-
Grazac (Lettres d'un théologien au
R. P. de), impr., 10.
Grégoire le grand (Vie de S.), i (28).
Guégan (Le prêtre), chanson, 33.
Guennolé (Mystère de S.), 62, 97.
Guilenn (Chasse de la montagne
de), 4-
Guillaume, comte de Poitou (Vie de
S.), 53, 58.
Guiner (Mystère de S.), 63.
HelenaRosalba (Mystère de Chedoni
et), 40.
Hélène (Mystère de sainte), 30, sS-
Huon de Bordeaux (Mystère de), 43 .
4?o
H. Omont.
Imitation de J.-C, en basque, 9.
Inconstanç doubl (An), comédie, 99.
Innocent III. Traité de la misère de
la condition humaine, i (36).
Irlande (Annales d'), 2.
Langue toujours nouvelle, i (17).
Laurent (Mystère de S.), 21.
Lecain (Book of), 85 etappendice 1*.
Lefebvre de Villebrune. Note sur le
ms. I.
Irlande (Direction spirituelle en), 1(12). Legha (William mac an), copiste du
Israël (Histoire des enfants d'), 1(1).
Jacob (La vie de), 16, 46, 47, 59.
Jean, fils du comte, copiste du ms. i .
Jean-Baptiste (Mystère de S.), 14, 15.
Jean, comte de Poitou et roi de
Bretagne (Vie de), 38.
Jérusalem (Histoire de la destruc-
tion de), I (42). — (Mystère de
la destruction de Jérusalem), 61.
Jérusalem délivrée (Mystère de), 37, 53.
Jésus (Mystère de la naissance de
l'enfant), 18.
Jésus-Christ (Imitation de), en bas-
que, 9.
Jésus-Christ (Vengeance du sang
de), I (42). — Voyez : Sauveur.
Jeûne (Discours sur le), i (23). —
Jeûnes (Les douze), i (53).
Joie (Dialogue entre la) et le cha-
grin, 27.
Joseph (L'histoire de), 16.
Joseph et ses frères (en français), 41.
Joseph d'Arimathie (Histoire de), i
(32).
Jugement dernier (Mystère du), 57.
Juif. Légende de deux enfants, un
juif et un chrétien, i (20).
Julienne de Nicomédie (Vie de
sainte), i (30).
Keating (Geoffroi). Les aiguillons
de la mort, 6. — Histoire d'Ir-
lande, 66 et appendice II.
Kerambrun (R.-G.). Chansons bre-
tonnes, 93-95.
ms. I.
Le Pelletier (Dom). Dictionnaire de
la langue bretonne, 42.
Loch Ce (Annales de), 2.
Lois Brehon (Copies autographiées
de mss. des), 72-88.
Longin (Vie de S.), i (29).
Louis (Mystère de S.), 27.
Louis Ennius (Mystère de), 29, 45.
Luzel (F. -M.). Collection de mys-
tères bretons, 12-41 et 43-65.
Mac Cosgair (John), copiste du ms.
6.
Magawney, ou Magduibne, (Wil-
liam), traducteur, i (36).
Magniu (Vie de S.), i 24.
Maguelonne (Mystère de Pierre de
Provence et de la belle), 36.
Malarjé (Vie de), 33.
Marie (Légende de la vierge), i (7).
— Voy. aussi : Enfant. — Privi-
lèges de la mère de Dieu (français-
basque), 8.
Martin de Tours (Mystère de S.),
27.
Messe (Paroles sur la), i (49).
Michel (Combat de S.) et du dra-
gon, I (47).
Miroir du pécheur, i (5).
Mochua (Vie de S.), i (25).
Moine (Histoire d'une femme qui
se confesse à un moine), i (19).
Moines d'Égv'pte (Histoire des), i
(50).
Moïse (L'histoire de), 16, 47, 60.
Bibliothèque nationale, Mss. celtiques et basques
43"
Murchertach ua hlfernain. Vers, i
(32).
Napoléon I (Histoire de), en bre-
ton, II.
Nicodème (Evangile de) ou Nico-
mède (Histoire de), l (32).
Noëls bretons, 18.
Nonne (Vie de sainte), 5.
O'Connell (Domnall). Ms. copié
pour lui, I (36).
O'Crobliminn (Domnal), copiste du
ms. appendice II.
O'Curry (Eugène). Copies autogra-
phiéesdesLoisBrehon, etc., 81-88.
O'Donovan (John). Copies autogra-
phiées des Lois Brehon, etc., 72-
80. — Catalogue des mss. irlan-
dais de Trinity Collège, Dublin,
102-105. — Liste des publications
de O'Donovan. 105.
O ' Dubhagain (John). Triallam
tiompchul na Fodla, 3.
Oihénart (Arnaud). Observations
sur le Dictionnaire basque-fran-
çais de S. Pouvreau, 8.
Orson et Valentin (Mystère d'), 34.
Ossianiques (Recueil de pièces), 4.
Passion et de la Résurrection (Mys-
tère de la), 13.
Pater (Commentaire sur le), i (41).
Patrice (Mystère du purgatoire de S .) ,
29, 45. — Homélie sur S. Patrice,
i (38).
Paul (Mystère de S. Pierre et S.),
54, 65.
Péchés mortels (Abrégé des sept),
39-
Penguern (J.-M. de). Chants popu-
laires bretons, 89-91, 93-95.
Pénitence (De la"), i (46).
Perses (Sur les rois des), i.
Philippe (S.). La langue toujours
nouvelle, i (17).
Pierre de Provence (Mystère de), 36.
Pierre et S. Paul (Mystère de S.),
54,65.
Poésies pieuses, en irlandais, ap-
pendice IL
Poher. Histoire de Napoléon 1er, n.
Pouvreau (Silvain). Dictionnaire
basque-français, 7, 8. — Traduc-
tion de l'Imitation de J.-C. en
basque, 9.
Prières, en breton, 48.
Priezac (Daniel de). Privilèges de la
mère de Dieu, 8.
Prononciation irlandaise (Traité de
la), ICI.
Rezay (Thèses de logique de Guil-
laume Bernard de), 9.
Robert le Diable (Mystère de), 51.
Rosalba (Mystère de Chedoni et
Helena), 40.
Saint-Prix (Madame de). Chants
populaires bretons de Morlaix, 92.
Salomon (Enseignement du roi) i
(2) et (15).
Sauveur (Miracles qui accompagnè-
rent la naissance du), i (10).
Scintillarum liber, i (45).
Senan (Vie de S.), i (26).
Senchus Mor (Commentaires sur
le), 72. — Fragments, 75.
Sermons bretons, i (5), (11), (13),
(35), (49)-
Sermon, en basque, 8.
Sorbier (Palais enchanté du), 4.
Spéculum peccatoris, i (3).
Stimulus amoris Dei, i (4).
42?
H. Omont, Mss. cellicjues et basques.
Symphorien (Fragments du Mystère
de S.), 97-
Tabac (Fable du), 33.
Todd (J.-H.). Son portrait, 102.
Toussaint (Sur l'institution de la
fête de la), i (9).
Tryphine (Mystère de sainte), 22,
23, 39, 64.
Valentin (Mystère d'Orson et), 34.
Vers (Pièce de), i (51). — Voy.
Poésies.
Vieillards (Traité sur la frayeur
des), 4. — Dialogue des vieil-
lards, appendice II.
Villebrune (Lefebvre de). Note sur
le ms. I.
William mac an Legha, et William
Magawney, ou Magduibne, co-
pistes du ms, I.
NOTA
Il y a des gloses bretonnes dans les mss. de la Bibliothèque
nationale Lat. 3182, 12021, et Nouvelles acquisitions 426.
Celles des deux premiers ont été publiées par M. Whitley
Stokes, Old Breton glosses, Calcutta, 1879, p. 2; celles du
dernier par M. Léopold Delisle, Histoire littéraire de la France,
t. XXXI, et Mémoires de la Société arcJjéoIogique et historique de
l'Orléanais, t. XXIII; voir aussi Revue Celtique, t. X, p. 147-
148.
THE OLDEST VERSION
TÔCHMARC EMIRE
INTRODUCTION.
Tochmarc Ernire, the Wooing of Emer, is the name of one
of those Old Irish sagas, which hâve gathered around the Ul-
ster king Conchobur and the chief heroes of his court. It was
considered and classified ^, as one of the remscéla or introduc-
tory taies of the greatest epic of this cycle, the Tàin Bô
Cûailnge, because its purport is the love of the principal hero
of the Tdin, Cùchulind. To judge from the considérable num-
ber of manuscripts — eight in ail — in which the text has
corne down to us, as well as from références to it in Irish lite-
rature ^, Tochmarc Emire was a favourite saga with the Irish,
1 . It is mentioned as such in LL. 245 b, 33 : ^e thochmurc [Emirel, though
not in the list of remscéla in D. 4, 2, Rev. Celt., VI, p. 191.
2. It is mentioned in the list of taies published by Jubainville, Catalogue
p. 262, under the title Tochmarc Emire la Coinctdainn, and in the Intro-
duction to the Senchus Môr, Ancient Laws I, p. 46, u. In that part of
the Tain B6 Cûalgne which is called hina Forinolta and in which Fergus
speaks of Cuchulind's âge, LU. 58 b, 24 (and Eg. 1782, fo. 92 a, 2, which
seems to be a copy of LU.), thèse words occur : issint sesicd bliadain luid
do Joglahn gaiscid 7 chless la Scdthaig « in the sixth year he went to learn
valour and feats with Scathach ». Hère both MSS hâve the foUowing note
in the margin : Ohicihir Tochmarc Emire deso (doso Eg.), which I take to
meîn « T. E. contradicts this ». T. E. was used by Cormac in the com-
pilation of his glossary, as appears from the articles belltaine and ôi ; and it
was one of the seinscreaptra meamruin, from which O'Clery took his glos-
4 34 f^^^o Meyer.
until, like the rest of the heroic taies, it was superseded by
those of the Ossianic cycle.
T. E. has not hitherto been edited. Extracts from it wcre
printed and translated by O'Curry Manners and Customs pass.,
who also gave some account of the contents, ib. III, p, 315.
A tentative and often erroneous ^ translation of the whole taie
was published by me two years ago in the first volume ot the
ArchcwÏGgical Review, n° 1-4.
Résides, T. E, has recently been treated by Professer Rhys
in hisHibbert Lectures pp. 448 seqq. He sees in Cûchulind's
quest of a wife and his expédition to Alba and Scdthach a ver-
sion of the sunhero's visit to the other world. I know Httle
of the methods of mythological investigation ; but I would
point out the fallacy of two arguments, which Professor Rhj^s
uses for his interprétation. It is true, that Cûchulind travels,
but it should be pointed out that he does so in the opposite di-
rection to the sun, from west to east. Secondly, there is nothing
about Emer or her father to suggest the realms of darkness.
Professor Rhys in bestowing the epithet « coal-faced king »
ses, as may be seen by such entries as easomain j. faille, gart .t. eineach,
gcnide grainne, misimirl J. droichirnirt, etc., which occur in the text of T.
E. Lastly, I would quote an amusing passage from the H. 5. 17 version of
Aislinge Mcic Conglinne, in which the appearance of thefuthhaig, who cures
Mac CongUnne from hisvoracity, is thus described (p. 7^9): cona triiihhus
do hiiid saibail fo cossaibh, cona assaibh iershsai hiraihe Tain Bù Cùailgne
ocus Pruigen Dd Derg isin usa robôi fo cois deis, Tochiiiarc Etaine ocus Toch-
marc Emere isin asa robùifoa cois cli. « With his trousers of pancake around
his legs, with his shoes made of a hind-quarter, the Tàin Bô Cùailgne and
Bruiden Dâ Derg in the shoe, which was on his right foot, Tochmarc
Etaine and Tochmarc Emere in the shoe, which was on his left foot. »
I . e. g.-^. 69, 3 : class is translated by « fatness » instead of « chase « ;
cf. adclaidim « I chase », StokesTrip. Life Ind. — p. 70, 18 : rengarodaim
« reins of agréât ox » is wrongly rendered by « moustache « — • p. 72, 10:
diibithiy leth dubfolach should hâve been rendered by « as black as the side
of a black ruin »./o/ac^ is the gen. of/o/ which occurs Rev. Celt. IX, p. 90.
— p. 74, 29 : « I earn thanks from no one ». Cf. ni taille buidhe jri nach
rig inti Domnall Breacc, Fled Dùin na n-Géd, p. 54. — p. i)3, 5 : niuir
druidecl'la rusha fuir co muirseilchc and co n-aicniud suigech leis cosuiged in fer
cona armgaisciiid Jor LU- a istadbuilc « a magie sea was on it, with a sea-
turtle in it of a sucking nature, so that it would suck a man with his ar-
mour on to the ground of its. . . » — P- 154, 7 : is ed dolodnmr-ni « this is
the way we went ». — p. 155, 35 : amhor « wail, lament», not « music».
Cf. Rev. Celt. X, p. 367.
Tochmarc Ernire. 4^ 5
on Forgall, lias fallen into a serious error. The Irish words
are iiigcn rîg, richis garta and are applied by Emei to herself :
« (I am) the daughter of a king, aruddy flame of hospitality. »
richis never means « black coal », but « live, burning coal or
embers » ^ ; and garta is the genitive oi gart, often glossed by
enech or féile « HberaHty, bounty, hospitaUty ».
But by far the most important treatment T. E. has received
at the hands of Professor Zimmer in his paper on Teutonic
influences uponthe Irish heroic sagas, Zeitschrift fiïr Deutsches
Altcrihum XXXII . Uunfortunately, in this as in other papers of
the same author, the gold is so mixed up with the dross that it
is difticultto purge the one from the other. But in spite of the
wrong statements, hasty conclusions, and idle conjectures
with which this paper abounds, and some of which I hâve
pointed out elsewhere, I hold that Zimmer has proved one of
his main points which concerns us hère, viz. that in several
of the Irish heroic sagas we can distinguish between a pre-
Norse and a post-Norse rédaction. As will be shown later on,
T. E. is one ot thèse.
The following isa list of theMSS. in which T. E. has corne
down to us. Only the two first MSS. contain a complète text.
(i) H, contained in the Harleian MS. 5280, fromfo. 27 a-
35 b. The MS. was written by Gilla Riabhach O'Clery, as
appears from the following entry on fo 76 a : « Oraid ar an-
main an truaghain scribas an cmlmen so dô fen .i. Gilla Ria-
hach mac Tuaihail maie Taide Caim i Clerich 7 tahrad cech
oen dia foigena in oraid don scribn/W. » Tuathal O'Clery died
in 15 12 according to the Four Masters.
(2) S, contained in the Stowe MS. 992, nowintheR.I. A,
and classed D. 4. 2, fo. 80 a 1-85 b i. This MS. was written
at Frankford, King's Co,, in 1300. See my édition of the
Merugud Uilix, p. V-.
1. See Windisch s. v. richiss.
2. I take this opportunity of supplementing the list of contents which I
gave of this MS. in the Revue Celtique Yl, p. 190.
fo 25 b, 2 : Crichairecht naMidhe incipit .i. mar teit abann Lifiosin siar
co hAth Giath 7 o hAth Cliath cusan Righidh [the Rye water] 7 on Righidh
siar co Cluain Conaire 0 Faolain [Cloncurry] 7 o Chluain Conairi o Faolain
siar co hAth in MuiUnn in Frangcflî>.
4j6 Kuno Meyer.
(3) U, contained in the Lebar na hUidre, from p. 121 a-
127 b. Part of it is now illegible, and between pp. 124/25
and 126/27 leaves are lost.
(4) E, a fragment contained in the Egerton MS. 92, fo.
24 a, 1-25 b. This MS. was written in 1453, as appears from
the foUowing entry on fo. 12 b: finitt anno domini m° cccc°
1° 3°.
(5) F, a fragment contained in the Book of Fermoy,
pp. 207 a — 212 b. The beginning is illegible, there is a gap
between pp. 210/11, and the end is wanting.
fo. 50 b, 2 : Don scuaib a Fânuid 7 don roth rimach 7 dont saighnen
teintighi inso. The same text LBr. p. 242 b. Cf. Stokes, Trip. Life,
p. xxxvii.
fo. 51 a, I : Senadh Saighri. fo. 51 b, i : Inni di'atâ Cusli- Brighde 7 Ai-
dhed mie Dhi'choime. Ends fo. 53 b, 2.
fo. 51 b, 2: Feachtus diatarrla Flann mac Lonain. A taie, of which
O'Curry. Lectures II, p. 100 gives an abstract.
fo. 52 b, 2 : (B)ai ri amra for hib Failgi fecht naill .i. Eoch« a ainm. Bui
ainim mor forsin righ .i. da n-ôô eich (no pill) fair.
fo. 55 a, 2 : Espucc Etchean cecinit dona tri Colmanaibh an tanccatar o
Roim.
fo. 53 b, 2 : Doraidetar do«o na hubduir corub do secht rannaib doronad
Adam. An cetrand dib do thalmhuin. Ends fo. 54 a, i.
10. S5 b, I : A poem beginning : Dlegaidh righ a nzrugud Doreir na le-
genn lebrach, Dlighit filidh fiadhugui, Ferr estecht inda hengach. « A king
must be obeyed, According to bookish lore, Poets must behonoured, Better
to listen than to prate. »
fo. 55 b, 2 : The Dinnsenchus of Lusmag. The same Leb. Lee. p. 258 b, i.
fo. 56 a, I : The Dinnsenchus of Mag Lenai. The same Leb. Lee.
p. 259 a, 1.
fo. 56 a, 2 : The Dinnsenchus of Loch n-Deirgdeirc.The same Leb. Lee.
p. 242 a, 2.
fo. 56 b, 2: The Dinnsenchus of Slîab Mairge. The same Leb. Lee,
p. a34 a, 2.
ib. The Dinnsenchus of Creehmœl. The same Leb. Lee. p. 249 a, i.
fo. 61 b, 2 : (R)oboi ri amra for Geist«i/;aib .i. Cainnill a ainm 7 doriacht
teidm n-adhuathmar a n-aimsir in righ sin gusna Geistei^aib. Ends fo.
62 b, 2.
fo. 64 b, I : A quatrain : Mairce chuindgus ni for carait, Minab lainn lis
a tabairt. Is e déde nostâ de, Miscais oeus oirbire. « Woe to him that seeks
anything from a friend, unless he is ready to give it. Thèse are the two
things will fjllow therefrom, hatred and reproach ».
fo. 64 b, 2 : Boui rechtaire diumsach oe rig Alban 7 dorala gnim n-ing-
nad n-indiigthech do .i. mad [leg. mag] boui oeci 7 ar da sesrach .x. esi-
den, conid ed rob ail don rechtaire, ar in muidhe [leg. muighe] sin i n-œnlo
7 a buain a n-oenlo. Roharad in mad [leg. magj 7 rolaad sil eruithneehta
ann iarsin, etc.
Toclimarc Emire. 457
(é) B, a fragment contained in the vellum quarto classed
Betham 145 (R. I. A.), pp. 21-26. There is a gap between
pp. 24/25.
(7) b. This is a paper MS. bound up with the preceding
vellum MS. p. 68 : Incipiunt u^rba Scathaige etc. foUowed by
the épisode beginning Cid diatd Emain Machœ, — p. 70.
pp. 1 13-128 a fragment of T. E. There is a gap between
pp. 124/25.
(8) R. TheBodleian MS. Rawlinson B. 512 contains from
fo. 117 a, I — 118 a, 2 a version of the second halfof the taie,
followed by Scdthach's parting words to Cùchulind. That por-
tion of the MS. to which thèse texts belong was copied in the
I5th century from the lost Book of Dubdaleithe. This is évi-
dent from the foUowing heading to the first taie of the layer :
INcipit di Baili in Scail inso ar slicht hsenlihair Duibdaleithi
• i. comarpa Patm/c. As O'Curry, MS. Materials p. 19, has
shown, this Dubdaleithe is almost certainly identical with the
bishop of Armagh of that name, who filled the see from
1049- 1064. It is to be assumed that he was the compiler of
the book named after him. Thus we hâve strong évidence
that R represents a version existing about the middle of the
iith century. But there are valid reasons for dating the ori-
ginal rédaction of this version at least three centuries further
back.
An examination of the eight versions enumerated above at
once reveals the fact that, with one exception, ail contain an
identical text, and throughout agrée so closely that they must
hâve sprung from one archetypus. The one MS that stands
apart and varies from ail the others in such a manner that it
cannot hâve sprung from the same source, is R. The most
important points in which it differs are the following.
1. The text is not glossed.
2. The style is much simpler. Only the main features of
the narrative are given, and thèse shortly, and without any
adornment or répétition.
3. A large number of incidents and épisodes are not found,
of which the following are the more important :
(a) The incident of the drochet ind alla or Cliff Bridge,
Revut Celtique, XI. 29
4^8 Kuno Meyer.
which leads to Scdthach's abode. Scathach docs not dwell on
an island (Archacological Review, p. 299.)
(/^) Scdthach's pupils are not enumerated (ib.)
(c) The name ot CùchuhnJ's and Aifte's son (Connhi in
ihe other versions) is not given ; nor does the incident with
the finger-ring occur, nor does Cûchulind put any gessa on
his son (Arch. Rcv., p. 302.)
(d) Cùchulind's feats are not enumerated (Jb.^
(e) There is no visit to Rûad, the king of the Isles ; the
épisode of Derbforgaill and the three Fomori does not occur
{Arch. Rcv., p. 304.)
(/) Lastly, the end is eut very short. The varions combats
at the fords, Bricriu's taunt, and the other proceedings at
Emain are not told (Arch. Rcv., p. 306.)
To those vv^ho hâve read Zimmer's arguments for the as-
sumption of a twofold rédaction of Old Irish sagas, a pre-
Norse and a post-Norse one, the absence in R of the incidents
mentioned under {e), and possibly under Ça), will be a strong
argument for regarding B. as the only extant représentative of
a pre-Norse, and the other versions as representing a post-
Norse rédaction of Tochmarc Emire. This is rendered certain
by a considération of the following fact.
The incident of Forgali Manach's visit at Emain is thus told
in R. Is de iarom doUuid Forgali Manach dochoin n-Emnai Mâ-
cha isnahib Gallccuscaib, aniail bitis tcchta rig Gall do accallaim
Conchabair , co n-immchomarc dô di ôrdulsib y fin Gall. « There-
fore F. M. went to E. M. in a Gaulish garb, as if it were
an embassy from the king of the Gauls, to confer with Con-
chabur, with an oftering to him of golden treasures and wine
of Gaul. » Hère we hâve clearly a voice from that oldest peri-
od of Irish history, when Gall was used in its original sensé
oï Gallus « a Gaul ». Now, ail the other versions give the
end ofthis passage thus: co n-inimchoinarc dô diôrdi'iisib Finn-
gall 7 cccha maithiusa archena « with an offering to him of
golden treasures of the Norwegians, and ail sorts of good
things besides. » In the interval between the lïrst and second
rédaction of T. E. the term Gall had changed its meaning to
that of « Norseman ». The new redactor, having before him
Tochmarc Emire. 459
a copy of the old version — as will be shown elsewhere —
found there an absurdity, viz. « Norse wine » or « wine of
Norway ». By one stroke of the pen he changed Jîn gall to
finngall, and altered the sentence accordingly.
There can be no doubt, then, that in the case of T. E. we
may distinguish between
I. a pre-Norse version of, say, the 8th century, represented
by R, and
II. a post-Norse version of, say, the iith century, repre-
sented more or less faithfuUy by ail the other MSS.
It will now be necessary to show that the language of R
bears out the resuit arrived at. It must, of course, be borne in
mind that R was copied in the I5th century, i. e. at the
threshold of modem Irish, from an iith century MS. But even
thus there are but few Middle-Irish forms^, and the Old-Irish
character of the language stands out so clearly that we can
safely claim the text of R as a pièce of Irish the 8th century.
A comparison with the language of the Old-Irish glosses will
show this.
First, as to sounds and their représentation, notice the fol-
lowing archaic forms and spellings :
eu for later eô (Z. 35) in ciilas 51.
oi for later oc (Z. 3 i) mLoigaire 36, 38, doine 52, oinar 103 .
/ for infected fl (Z. 4) in trogin 2, the gen. of trogan.
i for later ai (Z. 6) in sodin 38.
i for infected e (Z. 10) in slig 27, slige6i, the dat. and gen,
of sleg, later sleig, sleige.
du (Z. 638) 90, 140, 146, 71U 74 (Z. 415), ru 65 (Z 441),
fu 3 (SP. V. 3) for do, no, etc.
//; for ^ in auslaut (Z. 71) in henaith 137, noherath 130, co-
rath 136, daunaith 126, milith io^,fedeth 106.
1 . Such as the spelling limh for Umm 67, an for in, ana or 'na for inna,
donaioï donaib, for ind ior forsind 64; the masc. dd for the fem. di 87, 89;
transportée! « after mao- and tech 46, 51 : the datives carpat, tochmarc, Forgall
for carpiit, tochmarc, Forgull ; in cho-nlaid 60 (nom. pro accus.) the ace. pi.
Mumain for Mumna, beimmentmi for béimmenn 85, 148; the construction
latair erdrach a ciimachtai na hingine; do for di in brônach do dith a coiceli ;
lastly, perhaps, the dative sing talam for talmain.
44^ Kuno Meyer.
d for //; in inlaut (Z, 73) in madair 64, iaidslaniai 141.
ch ioT g in auslaut (Z. 71) in o/?;îV/; 92, Lugdaich 91, J^i^-
«ûf/V/; 138, d'adaich 66.
g for c/; in auslaut (Z, 74) in huadag 36.
auiox û in t/aww 60, daunaith 126, maiati 49, and // for / in
allaili 43, alJaill 52 are curious. Also notice J/g « day »
(Z. 270) for dia, 45.
The forms of the article are, as a ruie, well preserved :
ind riS^, 93 , ind ncich 8î, innahingine 150.
dur sa inag 51, 56, etc.
In the nouns notice the ace. sing. of a féminine i-stem in
beasti 43, of a c-stem in Lugdaich 91; the gen. sing. of a
neuter stem in -men in hc'unme 148, of an i-stem in nioro 134
(mora Sg. 94 a, 3. 112); the dat. sing. ofo-stems in hiud 68,
eu 61, feur 53, nciich 100, of io-stems in uisciu 68, suidiw^i;
the ace. dual masc. in la a mac-si « with her two sons »
108, without dà, a very rare thing; fem. in dà ingin 89; the
gen. masc. in in dà hrugaid 89, the dat. in cûiia n-dib n-erib
152, cona dib n-ijigcnaib 153.
Prépositions.
di and do are carefully kept apart, except in one case (41) :
den dig « from the draught » 100, dint set « from the path »
135, di ôrdâisib « of golden treasures » 14, dia daim « of his
own will » 38 etc. dua crichaib « to their lands » 140.
dochom \s always found with transported n : docboni n-Emnai
12, dochum n-hErend 130, 144. Cf. Wb. 10 a, 22; 11 b, 27,
and see Windisch s. v.
frie « towards her », 73. Z. 65 1. The later form is fria.
trea « through her », 61. tree, tréeZ. 652. The later form
is trethi, LU. 41 b, 6.
hûaise « above her » 136. The later form is ûaste, LL. 188 c.
Tochmarc Emire. 441
Pronouns.
Notice the gen. sing. neut. ind neich, 81. For isnahib 13
instead oiisnaibhi cf. Windisch, s. v. fib.
The following examples of infixation occur :
sg. 2. rii-t-tolnastair 65, ro-t-biat 124.
sg. 3. masc. and neut.:
a : faruim 88.
d : du-d-fich 44.
id : cech-id-epirt 7, ar-id-m-bui 81, con-id-tibset 45, co?z-
id-furmud 78.
n ; ni-n-derba 39, da-n-écachae 62, ni-n-acaldastar 63, to-
n-iiiithirend 68, to-l-leic 135, ato-n-intoi 132.
sg. 3. fem.
^iï: a/oci/) 31 for ad-da-op.
s : fo-s-dichet 119, ni-s-lamair <)i .
sn : do-sm-bert 120.
pi. 3. an- : ar-a-selid 71, conam-an-airceba 10.
û?a .• dodanaicc 6 for do-da-anaicc, cotaocbad 53 for con-da-
ocbad.
us : ar-tis-ainic 103.
Infixation of the relative is seen in the following forms : ho
a-r-raill 19, nad di-n-giie 44, nad-m-bai 33, do-ni-beft 6^, ar-
id-m-bui 81, nu-n-geabad 74, //i/a/z ni-bretJm 90.
Suffixation of pronouns: ///f/j-f 64, gabtb-as 119, perhaps
luidea 119, craitsiusa 69.
Dépendent and indépendant forms are distinguished. Exam-
ples of the former are : contiilid 120, iarmifoacht no, tiiarnic
144, rt^ww/- 128, of the latter : dufochtrastar 98 {dîuchtraim
Wind.), d'iadbas 37 (tadbadim Wind.), doasselbthea i {taisscl-
baim Wind.), addaniair 93.
Reduplicated Preterites : daiiccacbae 62, conbobig (for row-
^g/'o/V, from bongini) 6<),faraith 70, o^fw// 135, iorfer 138, etc.
442 Kuno Meyer.
S-aorists : (Zimmer, KZ. 30, pp. 129 seqq.) : bi 60 (V beti),
àochumbai 1 1 5 (conibon^aim Wind.).
T-preterites : inchoisccht 51, birt 53, etc.
Secondary S-futures : araressed 53, dochoissed 134.
Deponential Perfects : addamair 93, nislamair 93.
T-preterites Passive : sing. : conrecht 96, anacht 148, daad-
bas 37, etc.
^\uï. forcéta 25, molta i6,ferthai 15, flf^//;û[ 118.
In the substantive verb we may notice the absolute form
bâtir 30, 48, b^tair 39, the secondary présent nombiîh 107,
the injunctiveform arnabeith 134, and theinfinitive boith 118.
Lastly, the following Old Irish particle occur :
cammce « however » 21 ■=cammai^h. 3 d, 8. LU. 23 b, 6.
121 a, 9.
TOCHMARC EMIRE
Do] [fo. 117 a, i] asselb/;thea dine ctchz cethn-e ior se[i]lb
Be[i]l. Bel-dine iarom .i. belltine. Co Bron Trogin .i. taitifog-
muir .i. is and dobroni trogan fua tort[h]ib. Tr^gan diu ainw
do thalam.
5 Adfiadatar iarom an(a) ingena dona brugadaib int odxch
dodanaicc issin carpat sainemail. Adfiadatar side do Forgall
Monac/; cechidepirt i;zd ingen friss.
« Fir », or Forgall. « INd riastardai o Emai;/ Machiï;. Do
tanaicc do accalk/;» Eimere 7 'rochar ind ingen. Is aire cot-
^^ nacalt. Ni ba cobair dô. Doroirbiur-sa fo?7amanairceba », ol
se.
IS de iarom dolluid Forgall Manac/; dochom n-Emnai Mâchas
isnahib Gallecwj'caib amail bitis tec/;ta rig Gall do accalk/w
Concdhuh co n-i;/zcho;«arc do di orduisib 7 fin Gall.
I) Ferthai failti fi-is. Triar al-lin. Ho rolaa a muintir as dia
Tochmarc Etnire. 443
cammaib « however » 63. Z. 701.
'diui'i then » 3, 98, 104, ro6, ioï didiu, Z. 712.
c?ona « then » 16, dono 55. Z. 699.
noc/; « yet » 58, in the formula noch ba, so fréquent in
the glosses. Z. 700.
sech ba « namely » 18, Z. 717.
Tlie relations ofthe second version of T. E. to the first I
hope to deal with in an introduction to an édition of the
complète text, on which I hâve been engaged for some time.
Kuno Meyer.
Liverpool, July 1890.
THE WOOING OF EMER
The young of every kind of cattle used to be assigned to
the possession of Bel. Bel-dine, then, i. e. Beltine. To Bron
Trogin, i. e. the beginning of autumn, viz. it is then the
earth sorrows under its fruit. Trogan, then, is a name for
« earth » .
The maidens afterwards told the lords èntertainers the vv^ar-
rior had come to them in the splendid chariot. Thèse told
Forgall theWily everything that the maiden had said to him.
« True, » said Forgall. « The madman from Emain Mâcha.
He has come to converse with Emer, and the girl has fallen in
love. That is why she conversed with him. It 5hall not avail
him. I shall prevent their meeting, » he said.
Therefore Forgall the Wily went to Emain Mâcha in a
Gaulish garb, as if it were an embassy from the king of
the Gauls, to cpnverse with Conchobur, with an offering to
him of golden treasures and wine of Gaul.
Welcome was made to him. Their number was three.
444 ^"''o Me-jer.
1res la, molta CvLCu\aind 7 eirrfi hUki fiadai. Asb^/V-som dona
ba fir 7 ba hawzrai, acht nzmma dana da ris[scd] Cuculaind
Domnall Mildemail ar Alpi, ro^ad amrade. Sech badofachairt-
sam son, ar nifowtissed aridisse. Cotsela Forgall, ho arraill
20 ior Co'mculaind ani ba haccobor leiss.
Luid camm^ Cuculaind iarom 7 Loegfl/re Buadach 7 Con-
chabur. IS hed luide Cuculahid dar Bregai ar adall na hingine.
Adgladasdar Emir ^ oc techt inna noi. Tingell cac/; di alaili a
genass co comristais.
25 Ho roancatar Downall, ft;rcéta leiss aill (or lice dercain,
foseted cet/;arboIcc. Noclistis fuiriiarom, napdar dvba na glassa
a fond [fo. 117 a, 2]. Aill for slig frisndringtiss, co;iclistiss for
a rind, na ferad ïor a fon;nb.
Caraiss Co[\]jichulaind iarom ingen Do;;maill. Dornoll
30 OUdornai a hainm. Bâtir morai a gluine. A sala reme, a
traigt[h]i ina diaid. Ba hetig a delb. Atoop Cuculaind. Tind-
gellaid si a degdigail fair.
Asmbert Domnall iarom nadmbai foisitiv forcoitil Concu-
laind conrissed Scath^/V boi fri hAlpai anair. NaloMr da«a a
35 triur .i. Cuculaind 7 Conchabur rii Emna 7 Loigairi Bvadag
tar Alpi.
IS and daadbas dôib Emain Mâchas ar a suil. Ni rucait
Conchahur 7 Loigflm sech sodin. Luid Cuculaijid dia daim
huadaib. Ninderba, ni gat ni de, air batair erdrach a cv/;/-
40 achtai na hingine. Fofer erchoad^do-samj^oscar amuinterfriss.
O dochoid tar Alpi, ba bronach do dith a coiceli. Anais
da?za desuidiu o roairigestar.
1. emer MS.
2, çrchoat MS,
Tochmarc Emire. 445
When he had sent away his men on the third day, Cuchu-
lind and the chariot-chiefs of the men of Ulster were praised
before him. Then he said that it was true, and it was won-
derful, butthenif Cuchuhnd were to go to Domnall the War-
like in Alba, it would be the more wonderful. Now, it was
for this that he proposed that, in order that he might not
come back again. Forgall wen- away, when he had imposed
on Cuchuhnd what he wished.
However, Cuchuhnd went then, and Loegaire the Victorious,
and Conchobur. This is where Cuchuhnd went, across Brega
to visit the maiden. He spoke with Emer when he went in
his ship. Each of them promised chastity to the other until
they should meet again.
When they had come to Domnall, they were taught by him
one thing on a flagstone with a small hole, to blow bellows.
Then they would perform on it till their soles were ail but
black or livid. Another thing on a spear, on which they would
climb. They would perform on its point ; or dropping down
on their soles.
Then the daughter of Domnall fell in love with Cuchulind.
Bigfist was her name. Large were her knees. Her heels (tur-
ned) before her, her feet behind her. Her shape was loath-
some. Cuchulind refused her. She vows to hâve a good re-
venge on him.
Then Domnall said that Cuchulind would not hâve pro-
fession of instruction until he came to Scathach, who was
in the east ot Alba. So the three of them went across Alba,
viz. Cuchulind, and Conchobur, the king of Emain, and
Loegaire the Victorious.
There Emain Mâcha appeared to them before their eyes.
Conchobur and Loegaire do not go beyond that. Cuchulind
went of his (own) will fromthem. He did not stop, he..., for
the powers of the maiden were supernatural. She wrought
harm against him, so that his friends were severed from him.
When he had gone across Alba, he was sorrowful through the
loss of his comrades. Therefore he waited when he had not-
iced it.
446 Kuno Meyer.
Fochairt iarom nllaili m-beasti n-vathmair^ amail leoman,
dudfic/; 7 nad dingne erchoad do. 7 missimbert na maccrada
45 comdiihset. Die cctharmad lai scarais an beist fris.
Focairt iarom ïor tech n-and i n-glind. IS and fovanicc ingin.
Adatngladastar. Ferais failti friss. Ashert-soni can bai dia
aithgne. Asb^rt si bâtir comaltai dib linaib la hUlbecan Saxa,
« dia m-bamar matav lais oc foglai;;î bindiz^sa », ol si.
50 Imarnic dono fri oclaich n-aile. Ferais ind falti fris cetna.
Is eside inchoisecht eulas do darsa mag n-dobvil ^ bai ar a
chind. Leth in moige noseccdis doine de. Al-leth allaill co-
taocbad ïur ind feur. Birt roth leiss ond oclaich, araressed
amail an roth sin tar leth in maigi, arna rosecce(a)th. Dobert
55 dono uball do, araliad di lar amail noliad ind uball sin. Cotela
samln/W tarsa mag fortanaic ar a chind iarsuidiu.
Asbert fris bui glend mar ar a chind. Oent[s]et coel tairiss,
noch ba si a chonair do thig Scat/jchai. Tar ard lecde n-uath-
mar son dana.
60 Luid dono in set sinnisin. Luidea don daun. Bi in chomlaid
co n-ev a slige a^luid trea.
Luid hVathach ingen Scathchai ar a chend. Danecachae.
Ninacaldastar ar me[i]t dombert to[i]l di an delb. Tafaisig
cam/;/aibh 7 moisi fria madair.
65 (( Ruttolnastair in fer », ol a mathair. «Tafeid im' tolc-sai 7
foid leiss d'adaich ».
« Ni scith limb-sai indni sin ».
Toni//?thirend ind ingen co n-uiscm 7 biud. Ferais esomni
fris fo deilb cobari. Craitsiwj-a co?îbobig am-mer. Eigis ind
70 ingen. Faraith son ïn dunchare huli coteracht an trenter do
2. hvathmar MS.
3. ndobail MS., with v for a correction over a.
Tochmarc Etnire. 447
Then he encountered some dreadful beastlikea lion, which
fought with him, but did him no harm. And the foui play
of the youths, who laughed at him. On the fourth day the
beast parted from him.
Then he came upon a house there in a glen. In it he found
a maiden. She addressed him. She bade him welcome. He
asked whence she knew him. She said they had been foster-
children both with Wulfkin the Saxon, « when I waswith him
and thou learning sweet speech, » said she.
Then açain he met a warrior. He made the same welcome
to him. It is he who taught him the way across the plain of
Ili-luck which was before him. On the hither half of the plain
men would freeze fast. On the other half they M-ould be
raised on the o;rass. He took a wheel with him from the war-
rior, that he might reach Hke that wheel across one half of
the plain, so that he would not freeze fast. He also gave him
an apple that he might follow the ground as that apple would
follow it. Thus he escaped across the plain, which he found
before him afterwards.
He told him there was a large glen before him. One narrow
path across it, yet that was his way to the house of Scathach.
Across a terrible stony height besides.
He then went that way. He went to the dun. He struck
the door with the shaftof his spear, so that itwent through it.
Uathach, the daughter of Scathach, wentto meet him. She
looked at him. She did not speak td him, so much did his
shape move her désire. However, she went, and praised him
to her mother.
« The man has pleased thee », said her mother. « He shall
corne into my bed, and I will sleep with him to-night. »
« That (were) not wearisome to me. »
The maiden served him with water and food. She made
him welcome in the guise of a servant. He hurt her, and broke
her finger. The maiden shrieked. This ran through ail the
44^ Kano Meyer.
À. ^ Cochor Crufe. Araselid-side 7 Cuchulaind 7 fichi in
trenfer.
Ba brônach in ben Saxthach desuidiv co n-ep^rt-seom frie
nangeahad mamv ind fir dvscer-. Dobcrt iarom ind ingcn
75 comarli do Co[î]nchu\aind dia tress lau, ma bu dcnaw Ix-ch-
thachtai dolluid, arateiss^J dochom Scathchai magen a m-bui
oc forcerai a da mac À. Cuar 7 Cet ar in corad ich n-errcd
isind ibardoss mor i m-boi si, 7 si foen and, conidfurmud
eter a da cicli cona cMaideb contardaud a tri indrosc do .i. a
80 forcetal cin dichell 7 a hernaidw-si co n-icc a ûndscrae 7 epcn
ind neich aritmbui, ar ba faith si dana.
Dognith samlafrf huile.
Is hi ind inhaid si tra boi-som la Scathaig 7 a municrus
hUathch^e a hingine, is and dolluid alaili ôclaich awrai bai la
85 Muwain, Lugaid Noes mac Alamaicc, ind ri, doluid aniar 7
da airrig deacc leiss di airrigaib Muman do thochmarc da
ingm deacc Corpn Niodfer. Amassa side remib huile. Init-
chuala-som Forgall Monach, farui/;z do Themair. Arnaiss a
ingin^ dond rig 7 da ingin deacc in da hrugaid deac olchenas.
90 Dutheitt ind ri do)i banfeiss a dochumb. Intan m-bretha
Emer co Lugdaich dochum in chetaich i m-boi do suidiu for
a laim, gahaid si a da n-gruaid 7 dosmbeir for fir a einich+ 7
addamair do bad Cuculaiiid charais. Nisla;;/air ind ri iarom 7
scart/;a de.
95 Boi cath for Scathaig isind aimsir sin doao fri tuathv elle
form-ba banflaith Aiffc. 7 fo;/recht la Scathaig Cuculaind 7
dobreth deog suain do riam, arna teisscJ isin cath, ar nach
rïssed ni and. Ar choimainchi do^rnit/;. Dufochtrastar d'idiu
1. doi. MS, 3. ingen MS.
2. duscar MS. 4. oinich MS.
Tochmarc Emire. 449
host of the dun, so that a champion rose up against him, viz.
Cochor Crufe. He and Cuchulind fought, and the champion
fell.
Sorrowful was the woman Scathach at this, so that he said
to her, he would take (upon himself) the services of the
man that had fallen. Then on the third day the maiden advi-
sed CuchuHnd, that if it was to achieve valour that he had
gone forth, he should go through the chariot-chief 's salmon-
leap at Scathach in the place where she was teaching her two
sons, Cuar and Cet, in the great yew tree, when she was
recHning there ; that he should set his sword between her two
breasts, until she gave him his three wishes, viz. to teach
him without neglect, and that she should wed him with pay-
ment of her dowry, and say everything that would befal
him ; for she was also a prophetess.
It was ail done thus.
Now this was the time when he was with Scathach and
was the mate of Uathach her daughter, when a certain fa-
mous warnor who hved in Munster, Lugaid Noes, the son of
Alamacc, the king, went from the west, and twelve under-
kings of the underkings of Munster with him, to woo the
twelve daughters of Corpre Niafer, Ail thèse were betrothed
(to men) before (they came). When Forgall the Wily heard
this, he came to Tara. He betrothed his daughter to the king,
and the twelve daughters of the twelve lords entertainers be-
sides.
The king went to the wedding feast to him. When Emer
was brought to Lugaid to the seat where he was, to sit by his
side, she takes his two cheeks and lays it on the truth of his
honour, and confessed tohim that it was Cuchuhnd she loved.
Then the king dared her not, and they parted hence.
At that time also Scathach had a feud against other tribes,
over whom was the princess Aife. And Cuchulind was put in
bonds by Scathach, and a sleeping potion had been given
him before, that he might not go to the battle, lest anything
450 Kuno Meyer.
ellam inte C\cu\aind. A m-ba mitMssi cet/;eora n-var [fo. ii8
100 a, rj fiche/ do neuch aili den dig suain hi coûud, ba hoenvair
do-som.
Luid iarom la da mac Scat[h]chai ar cend tri mac Ilsuanach
.i. Cuar, Cet, Cruffe, tri milith Aiffe. Arw^ainic-side a oinar
a triur.
105 Luid àidiu arabarach a thriur chetna ar ohend hri mac
Eissii; Enchende .i. Ciri 7 Biri 7 Bailcne, tri milit/; aili Aiffe.
Focherded à\dhi Scathach osnaid CQch Idi 7 ni fedeth cid nom-
bith, co w-bo hiaram notheged-som forsan t[s]ét. Aili on, ba
boith cin tris fer la a mac-si frisna tn'ru ; aili, ba howan Aiffe
iio odev banfendith ba handsow bai isin bit/;.
Luid CnciAaind iarom ar chtnn Aiffe 7 iarmifoacht cid ba
moam sercc lea riam.
Asbé?rt Sczûiach: « Is ed is moo serc la HAiffe .i. a hara 7
a da hech carpaf/.
115 Fersat iarom cuiwleng forsan t[s]ét, Cuculaind 7 Aiffe.
Dochvmbai iarom a arm ar Chomcnlaind conna ba sia
dorn a chlaideb.
IS an/2 asbert Cnculaind : « Aili am^Ts ! » ol se. « Dorochair
ara; Aiffe 7 a da ec/; c^irpait fon n-glend, conïd apt/xi huile ».
120 Decid Aiffi lasodain. Fosdic/;et Cuculaind. Lasodain gabthas
foa cich, dosmbert tarsna amail aires, contulid co a sluagv
fadeisin. Aconrodasta(i)r a beim fria talmain.
« Anmain a n-anmain ! » ol si.
« Mo t[h]ri indrosc dam-sa ! » ol se.
125 « Rotbiat. »
« It he mo thri indroscc. Giallaai do ScathaiV cin nachfr/th-
orcai??, muintf?rM^ dana frim-sa d'adaich ar belaib do dau-
naith tein, foruice mac dam. »
Atmur simlaid, 7 dognith huile.
130 [fo. 118 a, 2] Asbert si iarom ba torrach. Asbert dana is
mac noberath 7 arataised dochvm n-hErend in mac dia secht
m.-hlicid an. 7 fuacaib ainm do.
Atonintoi iarom. Teit aitherrach. Tofornic sentainde caich
Tochmarc Emlre. 451
should happen (to him) there. As a précaution thiswas donc.
However, Cuchulind awoke promptly. While anybody else
would hâve slept twenty-four hours from the sleeping potion,
it was but one hour for iiim.
Tlien he went witti ttie two sons of Scathach against the
three sons of Ilsuanu, viz. Cuar, Cet, Crufîe, three warriors
of Aiffe's. Alone he met them (ail) three.
On the morrow the same three went against the three
sons of Eiss Enchend, viz. Ciri and Biri and Bailcne, three
other warriors of Aiffe's. Now, Scathach would utter a sigh
every day and knew not what would corne (of it). Then he
would go on the path. One thing was that there was no
third man with her two sons against three ; and then she was
afraid of Aiffe, because she was the hardest woman-warrior
in the world.
Then Cuchulind went to meet Aiffe, and asked what it was
she had ever loved most. Scathach said : « This is what Aiffe
loves most, her charioteer and her two chariot-horses. » Then
they fought upon the path, Cuchulind and Aiffe. Then she
broke Cuchulind's weapon so that his sword was no longer
than its hilt. Then Cuchulind said : « Woe is me ! » said
he, « Aiffe's charioteer and her two chariot-horses hâve fallen
dovN'n the glen, and ail hâve perished. » At that Aiffe looked
up. At that Cuchulind approached her, seized her under her
breast, threw her across (his shoulder) like a burden, and
went to his own host. He... to throw her on the ground.
« Life for life ! » she said.
« My three wishes to me ! » said he.
« Thou shalt hâve them. »
« Thèse are my three wishes : thou to give hostages to Sca-
thach without ever again opposing her, to be with me this
night before thy own dun, and to bear me a son. »
It is granted thus and was ail donc. Then she said she was
pregnant. She also said that it was a son she would bear, and
that the boy would come to Erin that day seven year. And he
left a name for him.
He then returned. He went back again. On the path before
4<2 Kuno Meyer.
tuathchaic/; ar a chind forsint [s]et. Kshen fris ar ferchaire
135 arna beith ar a chind. Nacha boi dochoissed isind ail moro.
Tolleicc sis dint [s]et 7 giuil a ladair aire nawma. A n-doluid
si hvaise, fornessa a orddai?z arancorath foan alld. Foc/7erd
iarom ich n-erreth de suas afmhissi 7 benaith a cend dissi.
Ba si indsin mat/;air ind emd dedenaich docher leis-seom ,i.
140 Eiss Encliend.
Lotar iarom int sluaicr la Sca.xh.aîg dua cnchaib 7 anaiss
denass taidslantai hi foss. 7 asmbert si friss indni aridmbui
iar tichtain hErend co n-epert si indni Sciûiach :
Aritossa ollgaba^ 7 ri. atd isind libar.
145 Tanic-som hroni dochomb n-hErend 7 tuarnic tain bo Cu-
ailngi.
Luid iarom amail dorairngert dv Luglochtaib Loga do dun
Vorgaill Manaig^ Focherd bedg dar na tri lisv 7 bi tri
beimm<?nnai isinn lis, cotovchair ochtar cach hebnme 7 anacht
150 fer h(i)medon nonhair, Scibor 7 Ibor 7 Catt, tri derbrathri
iwna hingine. 7 dob^rt ind ingin^ .i. Emer cona. comaltai comx
n-dib n-erib di ôr. 7 ïuscerd bedg tarsan treduai ait/;errach
€0113. dib n-ingenaib. 7 rochomallw^tar na gnima sin hule do-
rairngert dii, 7 dolluidh co m-boi ind-Emain Machœ.
1. manach MS.
2. ingen MS.
Tochmarc Einire. 4J}
him he met an old blind woman, blind of her left eye. She
said to him to beware and not be in her way. There was no
footing on the cliff of the sea. He let himself down from the
path, and only his toesclung to it. When she passed over them
she hit his great toe to throw him down the chff. Then he
leapt the chariot-chief s salmon-Ieap up again, and strikes her
head off. She was the mother of the last chariot-chief that had
fallen by him, vi:^. Eiss Enchend.
Thereafter the hosts went with Scathach to her land, and
he stayed there for the day of his recovery.
And she told him what befel him after he came to Brin, and
Scathach said this : « Great péril awaits thee » (and the rest,
which is in the book).
Then he came, to Erin, and chanced upon the cattle-spoil
of Cualnge.
He went then, as he had promised, to Luglochta Loga
to the dun of Forgall the Wily. He leapt across the three
ramparts and dealt three blows in the close, so that eight fell
from each blow, and one man in the midst of ninewas saved,
Scibor, and Ibor, and Catt, the three brothers of the maiden.
And he took the maiden Emer with her fostersister, with
their two loads of gold, and leapt once more across the three
ramparts with the two maidens. And he fulfiUed ail those
deeds which he had promised to her, and went until he was
in Emain Mâcha.
Revue Celtique, XI. 30
454 ^uf^o Meyer.
NOTES
1 doasselhthea. We may supply the beginning of the sentence from
Harl. fo. 32a : No co Beldine. Bel diu ainm de idail. Is ann doa-
selbti dine gâcha ceatra for seilb Beil. « Or to Beldine. Bel, then,
the name of an idol god. It was on it [viz. on that day] that the
young of ever)- kind of cattle used to be assigned to the possession
of Bel ». — For âoaissdbaim « I assign » cf. donaisilbub gl. cum
adsignavero, \Vb. 7 a, and Atkinson HoMn7ù'5, Ind. s. v. taisselbaim.
— for. seilb = W. ar helw.
2 co Bran Trogin. Cf. laithe mis Troghain risi raitir in Lughnasad, Rawl.
487. ni fada uaim aimser Throghain, LL. 168 marg. inf. Says Finn,
LL. 205a:
Dualderg ingen Mairge Moir
ben sein Smucailli meic Smoil,
cacha bliadna doni fleid
dam-sa lathi Brôn Trogain.
Ib. fogmnr « autumn ». Cf. dia domnaig isin mis medonaig ind fogomair,
LU. 39b, 18.
3 dobrénim « I sorrow ». Cf. fer dobbronach, LL. 289b, 5. Hence
dobronaigim « I sorrow » ; toirsig 7 cnedaig 7 dobrônaig don anfi-
rinde do denam ina fiadnaise « she (viz. charity) grievcs and sighs
and sorrows when iniquity is wrought in her présence », a paraphrase
of « inter iniquitates gemescens », Atkinson Honi. pp. 206 and 445.
6 In Scél Mucci Mie Dâtho, Rawl. 512, fo. 105 b, 2 the hruiden of For-
gall Monach is said to hâve been near Lusk (a taehh Luscai).
7 Monach « tricky, wily ». monach .i. clesamnuch, ut est Forgall
Monuch, Eg. 1782, fo. 15 b, 2.
Cach clessach na chanad cheilg
manach sein [i]sin Gœdilg, LL. 144 b, 26.
From mon .i. clés, LL. 168 b, 39. Corm. p. 28.
Ib. cecb idcpirt, misread by the compiler of the later version into conid
epert.
9 rochar ind ingen. Harl. has : ruscarustar and ingen esseom 7 iss air sin
donacolt cach alali dib.
10 doroirlnur-sa, glossed tainniuscfed-sa in the later versions. Cf. nadat-
torbad (.i. nachattairmescad) dit ' gaisciud, LL. 262 a, 21. dostor-
baitis (scil. lénti) a cossa, LL, 55 b, 8. Wind. s. v. torba 2.
14 orduisib. Cf. dûis f. wealth, riches, jewel, O'R. is tre firinne flatha
tocbait dûsi ili orda airgdide « through the justice of a prince many
gold and silver treasures are lifted », LL. 346 b, 3. tucait dana
cucu... a n-ôrdùse 7 a n-étguda. LL. 54 a, 35.
Tochmarc Einire.
455
i8 vtildemail ^zz militaris, misread fiiildeinon by the later compiler.
Ib. ropad ainra de. The later version bas : robad amraide a cliss.
Ib. Instead of sech the later version lias acht chma.
19 cotsela. Cf. dochum feda conselai .i. rô-elai no rosir, Broccan's Hymn,
62. selaim r:: W. chwylo « to turn ».
Ib. ho arraill. Harl, has ho araill. Lit. « when he had come upon C. ».
Cf. Wind. s. V. taraill.
26 foscted ziz sufflare.
Ib. cetharholcc, gen. plur. Biiilc is used of a smith's bellows LL. 117 b,
48. rabulgsetar a n-61i 7 a srôna mar bulgu goband i certchai
« their cheeks and noses puffed out like a smith's bellows in a
forge », LL. 104 a, 2.
38 dia daim is glossed dia dcoin in the later version. Cf. damim « I
grant ».
39 ninderha. Cf. ninderbai di forimim inna n-én « he did not cease from
chasing the birds », LU. 69 b, 44. The word was not understood
by the compiler of the later version, wlio altered thus : luid ûaidib
iarom dia daim i conair n-indeurb (Harl.).
Ib. ni gat ni de « he took nothing away from it » ? Harl. omits the
phrase.
Ib. erdrach, wrongly glossed maith in the copies of the later version. As
a noun it means « a supernatural being, spirit, spectre », and with
its cognâtes O. N. draiigr, A. S. gidrog, Germ. trug etc. is to be
referred to an Indo-Eur. root dhrugh. See Kluge, Wôrterbuch, s. v.
Trug. Cf. nidom scâl-sa ém 7 nidom urtrach « I am not an appari-
tion nor am I a spirit », Biile in Scail, Harl. 5280, fo. 71 a. Plur.
Nom. an tan isit urtraig not malartaigend « when it is spirits that
harass thee », FB. 67 (Eg.). Ace. na hurtracha, ib. Gen. aurJdrag,
LU. 60 a, 6.
44 dudfich. The later version has hère : conacai biastœ ûathmair mâir ina
dochum amail leoman bôi oc a feithem « which was attending
him ». Perhaps we ought to read dudfcch « which regarded him ».
48 Ulhecan Saxa. This passage throws unexpected light on the early
relations of Saxon and Celt in thèse islands. There can beno doubt
that Ulhecân is an Irish rendering of an Anglo-Saxon hypocoristic
form of Wulf. For Ir. Ulb, Olb z= A. S. Wulf, O. N. Ulfr cf.
Ulbh (Three Fragm. p. 222) =1 O. N. Ulfr; Fredolb, Ir. Nennius,
p. 76 = A. S. Fridhulf ; Rodolbh, Three Fragm. p. 128 — O. N.
Hrôdhûlfr ; Odolbh, ib. p. 176 1= O. N. Audhôlfr, etc. For the suffix
cf. datincan « daddie, dear father », LL. 279 a, 13. For Saxa the
original MS. seenis to hâve had Seaxs. or Saxa zz A. S. Seaxa ; for
the reading of Harl. is Saxn, and of Eg. Sexai, Stowe Sexae.
Does Cuchuhnd learning « bindius » from a Saxon master point to an
influence of Teutonic on Celtic poetic expression ? Bindius, which
glosses « sonoritas, euphonia » in the Sg. codex, seems hère to
refer to singing and recitation of poetry.
4j6 Kuno Meyer.
52 seccaim « I parch, dry, freeze » O'R. Cf. sicc « frost ». Sicc m6r,
Chron. Scot. A. D. 696. is fada lium atâ Emunn amuich sa sic 7
me fein ac fuirech ris gan mo diner do caithim, a scribe's entry in
Laudôio, fo. 58 b. Harl. has : noseichtis doine ndei .i. nolendacis
a cossai.
53 araressed. ressed :z= roiessed, 3, 59. fut. sec. of sagim « I reach ». See
Wind. s. V. rosagim. Cf. riasiu sessed dochum talman, LL. 67 a.
rasessad, Tog. Tr. 64. rosaissed, LL. 250 a, 46. 2. pL fut. rosesaid-
si uli do for tir, LU. 25 b, 10. rosessid-si, LL. 301 b, rosessidh,
Rev. Celt. IX. p. 24.
57 oe)!t[s]ét. Rhys, Hibbert Lectures pp. 450, 451 translates tét in this pas-
sage as well in 11. 107, 114 by « cord ». But tét is féminine (Ace.
in téit, LU. 8 b, 42); and would hardly suit the context in 1. 133.
60 in setsinnisin. The later version has in set sin.
63 tafaisig (tôscaigim Wind.) is glossed by docrig in the later version.
66 tolc À. lebaid, H. 3, 18, p. 651. W. twlc « cot ». samaigis i tûlg i
taeb n-ursainde, LBr. 216 b, 40. Plur. nom. tuile, Alex. 887. tolg
creduma im a leapaidh 7 seisium innti dogres, Fled Dùin na n-Géd,
p. 42. — The passage was misread by the later compiler, who
wrote : tofeit am' toil-se dono.
Ib. foiiL The later version has : foi less d'adaig, massed condaigthi.
67 Harl. has : ni scith leum-sa emh, ol si Scathach, massed dotaed a toil
fen. Stowe : maised dotoet a toil duit fen.
68 esomni. Harl. has : feraiss eussoman (.i. failti) friss fo delph cofarig (.i.
la gabail grema de). I take this to mean : she made him welcome
in the guise of a servant, viz. to move his désire. Cp. asimilar pas-
sage in Stokes, Lives, 1. 53. Uathach seems to hâve hit upon the
same stratagem of love as Miss Hardcastle in « She stoops to con-
quer. » The gen. cohari, cofarig may contain a derivative from cobair
« help », and mean « assistant, attendant ».
70 faraith glossed by rosiacht in the later version.
78 foen « prostrate ». com-bôi fâen fotarsnu isind âth inaligu, LU. 76 b,
16. beit fir ina fajnligi, LL. 48 a, 26. « outstretched » : dâ slechtain
déc 7 al-lâma foena fri Dia, Rawl. 512, fo. 43 a, i. dothsegat ind
aingil ar a cind 7 al-lâma foena, LU. 17 a, 37. « open » : bûirg f^n-
béla « open-mouthed castles », i. e. with open gâtes, FB. 53, 14.
81 Instead oi aridiiihii the later version has: bai dô-som ar cinn.
84 vmntcrus « state of being a busband. » Cf. 1. 126, where it clearly
means « cohabitation ». Cf. betit mnaa can a muntera « wives shall
be without their husbands », LL. 48 a, 11.
91 cetaicb. Cf. ceadaidh .i. suidhe, O'Cl. probably trom this passage. The
later version has: dochum ind inaid.
98 coimainche for com-imm-ainche. Cf. iomaineach « coercive », O'R.
99 ellam « ready, prompt », see Tog. Tr. Ind. s. v.
109 odev for fodéug ? Harl. has : 7 dono ba homon le Aiffe in bainfendig
fodeug isside ba hannsom, etc.
Tochmurc Emue. 457
109 fosdichet is glossed by rosoich in the later version. Cf. the following
kenning of Cûchulind in Tochm. Emire :
« Am nia fir dichet i n-aile hi Ross Bodbae » « I am the nephew
of him who passes into another in Ross Bodba », thus explained fur-
ther on: Teit diu Conchobur [the river] i n-DofoIt. Fandichet .i.
cotmesca; fris conid oensruth fat. « The C. passes into the Dofolt.
It mixes with it, so that they are one river. »
120 aires, a mistake for aire, ère « load «? The later version has amail
asclaing.
128 atnmr. This was misunderstood as the first person deponential by the
later compiler, who wrote : atmur-sa amlaid, ol si.
135 jerchaire = ergaire. Cf. ni ram-irgaire, ar Cûchulaind, LL. 110 z, 47.
134 isiiid ail vioro. Harl. has: fon ald mor roboifoi.
Ib. dochoissed. Cf. connach rabi dôib conar dochoistis acht for sligi Mid-
lûachra, LU. 83 a, 32.
136 Jornessa for fo-ro-snessa. Cf. fornessa sleig culind isin glind hi coiss
Conculaind, LU. 73 b, 15. fosnessa sleig culind ina bond traiged,
LL. 74 b, 40.
143 atd isind lihar. The « Verba Scâthaige fri Coinculaind » foUow imma-
diately upon Tochmarc Emire on fo. 118 b, i, beginning :
Imbe eir hcengaile,
arutossa ollgabad,
huathad fri héit n-imlibir.
Cotvt chaurith ceillfetar,
fortat bragait bibsatar.
Bied do chalcc culbeimwen
cruo[ch] fri sruth Setantce.
a Thou vv^ilt be a chariot-chief of single combat.
Great péril awaits thee,
Alone against a vast herd.
Thy sword of back-strokes shall be
Gory at the river Setanta. »
The end is :
Atchiu firfeith Finnbennach hOéi
fria Dond Cuailnge ardbaurach.
« I see Findbennach of Ai will fight
Against the loud-bellowlng Donn of Cùalnçe.
ETUDES BRETONNES
VII.
SUR l'analogie dans la conjugaison.
^. Composés du verbe être.
52. Le verbe être forme en breton des composés dont le
premier terme peut être un nom, une ou plusieurs prépo-
sitions, ou un radical verbal.
C'est un nom dans le substantif moy. br. gueleuout, couche,
gésine, van. guJevouît, verbe « faire ses couches », et subst.
« couches », l'A. ; gulvoud, léon. giïilyoud, guëkoud, subst.,
Grég., gall. gwelyfod, subst., de giuely et bod ; littéralement
« être en couche ». Comme verbe, ce mot se conjuge en van-
netais d'après le dérivé ^ulevoudein, l'A. ; = gall. gwelyfodi,
léon. guÏÏyoïidi (accoucher, v. neutre et actif, Gr.).
53. C'est une préposition, dans les mots suivants :
moy. br. hanbout, hainbout, auihoiit, état, manière d'être,
pouvoir, gall. hanfod, exister, existence, cf. br. moy. a-han-ouf,
de moi, Stokes, The nco-celtic vcrb siibstantivc, 5 i ;
moy. br. divout, sujet, dans a:{ divout, à ton sujet, van. a
:(ivout, au sujet de, cf. v. irl. foblth, à cause de, dont la der-
nière syllabe a dû signifier être, selon M. Stokes, ibid., 35 '^ ;
moy br. mar d-eu, s'il est, etc., cf. v. irl. dian-d-id, à qui
il est, ibid., 49, 48 ;
moy. br. en de-ve^^, il a habituellement, infinitif en devout,
I . L'auteur avait comparé fohîth au comique govys^ dont le sens n'est pas
certain (The Calendar of Oengus, 1880).
Etudes bretonnes. 459
en devexput, èndeffout, Grég., van. en dont, avoir, =z « UU
(masc.) ad-esse », gall. dyfod, venir (pour le sens, cf. osOpo ...
TzxpiixTiq, hue advenisti, littéralement adstitisti, Iliade, III, 405).
Cf. Loth, Rev. Celt., VII, 320.
Il semble que le bret. moy. donet, venir, soit pour *devonet,
comique devones, composé de bones, être, qui selon M. Stokes
appartient à une autre racine que br. be^a (ibid., 32).
Un autre inf. deu s'est formé du radical courant ::= do-ag
— ou do-b — Rev. Celt., IX, 247, 73 ; VI, 30. L'impér.
moy. et mod. deu:;^ (corniq.^Mj^ gall. iio.;) devient aussi deu par
analogie: pet. Trég. ne deu ket ! cf. Peng., VI, 196; Far ar
pcoc'h, chez Lédan, 2. Deu:^ contient peut-être la racine es, cf.
lat. adesio. On ne peut l'expliquer par la terminaison -es, Rev.
Celt., IX, 260, qui est purement armoricaine, bien que très
répandue dans nos dialectes : gi'oe::^, fais, Rev. de Bret. et de F),
LVIII, 207, na re~, l'abbé Henry, Gènes, Quimperlé, 1849,
p. 95 ; na ré:{, Le Gonidec, Bibl, I, 23 ; n'en hum jocntes, ne
t'associe. Chai, ms., v. anneau,ne glasqués quet, ne cherche pas,
Voy. 20; né iesquet, ne va pas, Ahn. 1877, p. 37; saves-te,
lève-toi, G. B. L, I, 356, lares-te, dis, 138, 188, 190, cf. 28e,
336; pignas-te, monte, Peng., VII, 261; à Sarzeau ne duie-
chet, ne jure pas, pet. Trég. groes, fais, kes, va^, bes, sois =
van. bes, Ch. nis, v. suis ; na vaiss, Rev. Celt., VII, 344. Ce
dernier mot, qui est proprement le conditionnel bes, tu serais,
(que) tu sois, peut être le point de départ de ces impératifs.
Sauf dans ce mot « venir », la préposition de, d- n'ajoute en
breton aucun sens au verbe être, et elle ne se met qu'après
certains mots : mar deu, mais pan eu, quand il est ; en deue^,
mais 0^ be-:;^, vous avez habituellement. Il y a quelquefois,
par suite d'influences analogiques, emploi facultatif des deux
formes : Ijon bemp et hon defem-ni, que nous ayons, ho be::énd
et 0 deue^ent, qu'ils aient, Rev. Celt., IX, 262-264; ^^'^-^ ^"-^ ^^
ho teveus, ho teus, vous avez, hor boa et hon devoa, nous avions,
Grég., Grani., 90; tréc. ec'h eus et e teus, tu as, etc. J'ai eu
tort d'écrire '/ ou, tu auras, Rev. Celt., IX, 253, pour 'tou.
I. M. Luzel blâme M. Quellien, Mélus., IV, 467, d'avoir écrit kes d'he
saludi (lis. -difi), va la saluer; j'ai entendu comme M. Quellien.
460 E. Ernault.
M. Stokes explique, ibid., 45, le bret. moy. eux, il y a (d'où
mar d-eux, s'il y a), gall. oes, par une préposition a et iss =
* esti ; et dans en d-ev-eux, il a, d-ev- par v. gall. -û?fl!m, à lui,
dans racdam, devant lui. Je suppose plutôt que eux, oes, il y a,
dérive de eu, il est, d'où aussi bret. eur, oar, on est ; cf. br.
moy. goux, gous, on sait, van. goui, il sait, br. goar, il sait;
gall. lias, il fut tué, etc. {Dict. ciym., v. ameur, eux) ; le gall.
oes, on est, serait à ocâdid, on était, comme gwys, on sait, à
giuyddid, on savait. Quant à en deveus, j'y verrais un mélange
de en d-eus et de en de-ve:(_, ce -veus étant formé, comme le
comique ani bus, j'ai, de la racine de be^a et de celle de eus.
Cf. br. moy. et mod. boa, voa pour oa, il était, à cause de
boe, voe, il fut, et oc à cause de oa. On a refait les autres per-
sonnes du prétérit voiién, -es, -cnip, -éc'b, -ént, Gr. Gram. 81,
d'après le rapport de voa à voan, etc., ce qui a fait ressembler
ce temps aux imparfaits réguliers. D'un autre côté, l'analogie
des autres prétérits a amené les formes du plur. voejomp, Jac.
Il 6, oéjocl], oéjont, Hingant, 63 ; cette à.Qxmhre,oejont, est très
usitée en Tréguier. Cf. eurejont, ils firent, Ahn. 83, du sing.
eure. De même viis, vis, je fus, Maun. Gram. 20. Visont, vi-
Xpnt, ils .étaient habituellement, Chans. ... ar chi^pu neve^^,
1863, p. I, doit être le cond. virent, influencé par la termi-
naison ordinaire du prétérit, cf. kque^ont, ils mettaient, refont,
faisaient, choulen^^ont , demandaient, ibid. ; e voejent (ils
croyaient) qu'ils seraient, Récit ... eur c'hrim .... 1840, par Y.
ar Guen, chez Haslé, p. 3, nous montre, au contraire, le suf-
fixe du conditionnel greffé sur le prétérit voc.
La y pers. du v. avoir, en (f. hi, pi. 6) deve^, fut. deve::^o,
cond. divije, a été imitée ainsi par les autres, à Saint-Pol de
Léon : i" am (pi. hor) bcvc^, beve::p, bivije ; 2" a^ (pi. ho) pe-
ve:^, etc., A. Bourgeois, Bull, de la Soc. Acad. de Brest, 1888-
1889; cf. am beveu:^, Rev. Celt., VI, 79. Inversement, les
formes non composées (am) be~p, cond. be, bi~e, ont au moins
beaucoup aidé aux contractions apparentes telles que e te:^o,
ete'^, e /f:(f, DumouUn;, Gram. 1800, p. 85, 84.
I. Es te, tu aurais, B. 573, semble une faute d'impression pour «/"f, que
porte la 2^ éd. ; cf. ostanso, ofTensera, Trag. sacr, 8, etc.
Etudes bretonnes. 461
On peut ajouter à ces composés : le moy. br. esue^fiff, être
absent, cf. exyeiand, pi. ed, absent, exvezançi, absence, Grég. ;
le trécorois pervcan, être tout à fait ; hadvéan, hadhéah, être de
nouveau, redevenir, gall. adfod'^, et le v. br. compot, terri-
toire, commune, gall. cwmvnut, cf. cyminod, être d'accord ;
accord; bret. mod. hmhût, homhot, étage? Rev. Celt., VII,
146. Le V. br. indicomit, dicombit, latinisé en in dicombito, sans
partage, peut avoir un vocalisme semblable à celui du gall.
cymmydu, associer, ou bien -bit est ici le participe passé, bret.
moy. et mod. bet.
54. Le premier élément est formé de plusieurs prépositions,
dans les composés qui suivent :
darvout, darvé~out, Le Gon., darvexput, Grég., advenir,
darvout, darvoiid, accident, d'où darvoudus, accidentel, Grég.;
gall. darfod, cesser; br, darbout, faillir, être sur le point de,
Le Gon., gall. darbod, préparer. Dans darfod, darvout, l'ini-
tiale du dernier mot composant a été adoucie, cf. gall. dar-
blygu, de lat. plicare, darlith, de 1. lectio ; dans darbod, darbout,
elle reste intacte, cf. gall. darparu, de lat. parare, darllen, de
lat. Icgendum ; de même dannerthu, préparer, pourvoir,
comme anmrthu =■ van. artnerhein ménager, Rev. Celt.,
IX, 375. Il est possible que le bret. moy. arue:(, il considère;
air, aspect (mod. arve^, inf. et nom fém. par :{ doux) soit
formé des deux derniers éléments de d-ar-vout, cf. gall. arfod,
temps opportun ;
V. br. ercentbidife, tu reconnaîtras, gall. arganfod, percevoir,
perception. M. Loth, Vocabulaire vieux breton, 122, a proposé
de rattacher ces mots, comme le gall. canfod, comprendre, irl.
cétbuith, cétbuid, sentir, à la racine du grec t^zj%o\).v., parce que
l'emploi du verbe être serait ici « bien étrange » ; mais il ne
l'est pas plus que celui de la racine de j'étais dans l'allemand
verstehen, comprendre. Lorsqu'un chercheur français aperçoit
une solution, une exphcation de faits obscurs, son £'jpY)xa
n'est-il pas : « J'y suis ! » Sur de nouvelles phases de ce
« grand débat », voir Rev. Celt., VIII, 199;
I . Cf. « Oui, vous parlez comme ça ... en attendant que vous resoye^
amoureux! » Labiche, Frisette, se. 4 {Théâtre, III, 224).
4^2 E. Ernault.
moy. br. dtseuout, penser; disiiiout, opiner, dissîuout, cuy-
dance, lat. secta, Cb, v. opinion; anciennement diç::^ivoud, hé-
résie, secte, diç~ivouder, novateur, selon le P. Grég. ; v. irl.
tcsbuith, manquer, tcscha, qu'il manque. La suite des idées a
été en breton : « manquer, désirer, demander, penser », cf.
moy. br. mcnnat, souhaiter, demander, penser. Le comique
desef, désirer, et le gall. deisyf, demander, demande, n'ont pas
franchi toutes ces étapes.
Le gall. dcisyj, demande, correspond au bret. moy. deseu,
pensée ; il vient de * deisyfod = deseuout, et a donné lieu à un
nouvel infinitif deisyfu. De même le gall. eisiwo, devenir in-
digent, vient de eisiiu, eisieu, eissev, besoin (cf. Rev. Celt., IX,
73), d'un yerhe * cisyjod = irl. eshaith, défaut, et. eseba, qu'il
manque'^. Un autre dérivé du gall. cisiiu est eisiwed, m., indi-
gence, dont le correspondant vannetais est e^euêtt, m., disette,
é^euatt, regret de n'avoir plus une chose, é^ehucett, manque,
besoin, disette, l'A.
55. Au bret. dcseu, léon. Jq), résolution, gall. deisyf, de-
mande, de deseuout, et au gall. eissev, besoin, de *eissevot, irl.
eshaith, on peut ajouter le gall. gwelyf, couche, de gzvely-fod,
accoucher, et le bret. moy. dareu, prêt, qui a fini. Celui-ci a
rapport à la fois aux sens de dnrvout (ce qui est arrivé) et de
dwbout (ce qui est près d'arriver) : dare voa de:^an. be~a la:^et, il
failHt d'être tué, Grég., cf. darbet eo d'in koué:(a, j'ai été sur le
point de tomber, Gon. De là darevi, préparer, cf. gall. deisyfu,
eisiwo. Comparez aussi br. dianaff, inconnu, Grég., de ana-
vout, connaître.
56. A darbout se rattachent encore les dérivés cornouaillais
darbodi, faire des mariages, darboder, entrenielteur de vnzrhgQS,
Grég., darbôder, Gon., cf. gall. darbodiad, préparation, darbo-
dwr, homme prévoyant; pour l'o, cf. v. br. conipot.
57. Le premier élément est un radical verbal, dans les mots
suivants du moyen breton, et leurs composés :
a:^nauout, connaître, auj. anavout, anave^out, anaout, tréc.
anaveQut, anveout ; anaveah, Troude ; van. hanaouein, hanau,
l'A. ; d'où moy. bret. a:^nauoudec, connaisseur, a:{nauoudegue~^,
I . Sur l'origine du second e de eseba, voir Stokes, ibid., 21.
Etudes bretonnes. 463
connaissance (pet. Trég. hânneges). De *at-gna-, d'où le par-
ticipe ha:inat, connu, gaul. Ategnatos ;
gou:{uout, gou::put, goë:^a, goûe^fi, savoir, auj. gou^put, tréc.
gouvéout , gouvé (^gou':iVi\, Grég., v. entendre), goût; van. goutt,
et sans composition ^cz^jymz_, l'A. ; racine vid ;
hoaruout, advenir, auj. choarvout, choarvexput, comique
wharjos, cf. sans composition comique whyrys, il arriva (à
côté de whyrfys) ;
taluoiit, valoir, auj. talvout, talve~out, talout (jallout, talve:(a,
van. talvein, talcifi, Gr.) d'où moy. br. taluoudcc, utile, taluou-
degae:(, valeur (pet. Trég. tàhgcs) ; sans composition : tal, il
vaut ;
deuruout, deruout, vouloir ; teurve:^out, eutcurvc:^out, daigner,
Grég. ; sans composition : nem dcur, je ne veux pas ; gall.
nymdawr, nymtaïur, où -taiv- =^ taiu, que, proprement « il
est », cf. Stokes, Nco-cclt. v. suhst., 56, etRcv. Celt., IX, 26e.
Dans les composés où le premier terme est d'origine ver-
bale, le mot « être » n'a pas de sens, son rôle se borne à
celui d'un suffixe auxiliaire de conjugaison. Il s'est ajouté à
des formes déjà fléchies, mais isolées dans la conjugaison,
comme deu-r, § 62.
58. La conjugaison des composés du verbe être en moy,
bret. présente, comme celle des thèmes verbaux en ^ (§ 19),
des formes normales, des formes communes et des formes
spéciales.
Exemples de formes normales, en considérant -ont comme
une terminaison d'infinitif, dans la conjugaison de axjtauout,
deseuout, goii^nout, hoaruout, en moyen breton :
Indicatif présent : a~nauaff, deseuajf ; 2" pers. c:(]ieue::^,
3^ e^^ncu, deseu, pi. dcscvoiit.
Imparfait : 3^ p. dcscve.
Impératif: 2" p. dcscu, pi. i''' p. cî^ncvomp, 2" t\neuct.
Conditionnel : i'''=p. gouffenn (■=*gou~uhe?in); 2^ p. gouffes;
y a~imffe; deurjfe, deurfe; gouffe; hoarfhe, hoarjfc, hoarfe ; ^\.
V^ p. goufhemp, gouffemp, 2^ gou^feclj.
On peut ajouter les temps suivants de goûe:;a (tréc, gou-
véout) :
Participe: gouc^^et, 3 syll. ; présent: goue~aff; impératif:
464 E. Ernault.
2^ p. gou^ue^, pi. 2= p. gouiueict, gouezçt, gouxui:{it ; Futur:
V^ip.gotu\iff, 2'' gou-ucx,y, y gouxue^p ; gou::uezher, on saura;
Dérivés : gouy^yec, savant, 3 syll. dont la seconde rime en
ii; digou-ue:^, ignorant; guy~uy:jgue[~] et gui:^uidiguei, con-
naissance, probablement par abréviation pour * gui:{ui~-idi
gue^, cf. pet. Trég. toi 'vedégc:^, fais attention, de *eveiedigei,
van. brasedigiteh, Ch. ms., hraxédiguiah, l'A., grossesse, de
* brascscdigei, et Ghss. moy. br. au mot binidigue:^^ (état béni,
béatitude) pour * biniguidigue^.
Cette conjugaison normale ne tient pas compte de la com-
position avec le verbe être : ainsi de gouiue:J}er, il ne faudrait
pas conclure qu'on ait dit *hc~hcr, on sera; cf. c'hoarvesfe, il
arriverait, /flc. 27; anavejomp, nous reconnûmes, 116, etc.
59. Exemples de formes spéciales, en moyen breton :
Part. : a:(naueiet, hoarue:iet.
Ind. prés. : y pers. hoarvc^.
Imparfait : i""^ pers. gou^yenn, y gou^ye, deurie, y pi. gou-^-
yent ; — (m)doa, deuoa, deffoa, (il) avait.
Conditionnel: 3^ pers. deuruihe; dmrye, Cathell 3; pi. 2^
goux_yech; — gousyet, gouyhet, qu'on sût (j'ai eu tort de mettre
ces formes avec le futur dans mon Dict. étyin.') ; — (en) divihe,
(il) aurait, diuise, aurait eu.
Prétérit: 3^ p. a^navoe ; hoarvoe; deuruoe, dcurfoe ; — (en)
deuoe, deffoe, (il) eut.
Impératif: sing. 3^ p. hoaruc^et.
Futur: 3'' p. a:{nauezp, hoarue^p, talue^o, pi. 2^ a:^navihet ;
gou:(^iubet, gouviet, gouibef (3 syl.).
Dérivés : ditaJne~, sans valeur, ditaluc-hat, non valoir, C^.
Les deux premiers temps cités du verbe avoir ont des formes
uniques, mais dont nous verrons des analogues en bret. mod.
Le participe, l'impératif et le futur (sauf la 2*^ pers. pi.) s'ex-
pliquent tout seuls : leur irrégularité consiste simplement à
supposer des infinitifs en -ve::^a, comme goûe:{a, ou en -ve::^out,
qu'on ne trouve qu'en breton moderne.
Le prétérit et la 2^ pers. pi. du futur ont des terminaisons
propres au verbe être : voe, il fut, viljet, vous serez ; cf. anave:iîn,
je connaîtrai, 2'^ pi. anavibot, oue^in, je saurai, ouiot, Maun,,
Gram., 40, 41.
Eludes bretonnes. 465
Nous devons nous attendre à une semblable origine pour
l'imparfait-conditionnel ; et en eïïeigousyct — gouyhct s'explique
par *gOM::^-viet, *gou:^-vibet, cf. biheiit, vient, ils seraient. Pour la
chute du V dans gousyct, cf. l'infinitif goii:{Out = gou:^uout, et
choare, il arrive, Grég., Rcfl. 400, etc., = c'boarvc~ (pet.
Trég. c'hoar, sans composition).
60. Nous sommes en mesure maintenant d'ajouter à la liste
des composés moy. bret. du verbe être les trois suivants :
eme, dit-(il), à cause de emei voe an Eal, dit l'ange;
dkoiit, devoir, malgré ses formes communes : part, dket,
ind. pr. dkaff, dlee:(, etc. ; imp. dlec, cond. dkhcnn, -hes, etc.,
cond. passé 2^ p. dièses ; à cause du cond. dlcjfen, Cathell 9
(différent de dlees, tu devrais, 5, = dlcbes);
Jell, il faut, il manque, à cause de niar falve:^ d'à tat, si le
père veut.
Ceci est confirmé par le témoignage du breton moderne :
eme voa-ê « dit-il, aoriste », eme voa-hy, dit-elle, eme voant-y,
dirent-ils, dirent-elles, Gr. Dict., v. dire;
eme ve:(o-èn, dira-t-il, Introd. d'ar v. d. 140-141 ; eme ve^p
c'hui, direz- vous, 408; eme viot-hu, id., Refl. 393 ; eme vi:^:^int-
ii, diront-ils, Introd. 360; voir § 73, fin;
dieyen, je devrais, Traj. Jac. 29, me a dleye, je devrais^ j'au-
rais dû, Moys. 280, dleien, me ^ dleïe, je devais, Maun.,
Gratn., 48, e tleyé, il devait, Grég.; dlienn, je devais, etc.,
Gon., dlient, ils devaient habituellement, Introd., 144, dliet,
on devait habituellement, 143 ( dliac'h, vous deviez, Bue:{ Jo-
seph, chez Lédan, anc. éd., p. 19, est devenu dleac'h dans une
édition plus récente);
dJejfe, il devrait. Le Bris, Refl. prof. 204;
dleoa, il devait, Aviel, 18 19, I, 43, 69, 72, etc.; dlefoa, il
aurait dû, Bue:is. Genovcfa, Lannion, 1864, p. 5 ; il devait,
Histoariou, 25, 202, 214, 215, Instr. voar ar hlasphem, Saint-
Brieuc, 1828, p. 72, Me~elloiir, 183 1, p. 162, etc., pet. Trég.
glefoa ; e tlefoat, on devrait, Histoar., 202;
a clefoemp, que nous devions, Tcstamant neve, Guingamp,
p. 335, col. 2, V. 15, sans doute de dkfoamp, avec accommo-
dation aux imparfaits en emp ; car le bret. mod. n'a gardé voe
que dans les verbes être et avoir;
466 E. Ernault.
dkvisen, me a dlevise « je dusse, j'eusse dû », Maun.,
Gram., 48; dlevisach, vous auriez dû, Quiquer, 1690, p. 123
(cf. la forme non composée dlejac'h, vous devriez, G. B. L, I,
3 14) ; petra dlivisc crruoul, ce qui devait arriver, Refl.prof., 3 5 9 ;
falve:^out, vouloir, part. falvc~ct, Grég., Gram. 113; Doue
nefeUie qet deàn, Dieu ne voulait pas, Cantic Judas, 5 ; Disput
être ur vam hac he merc'h pchinl a falie de:^i deme:^i da eur :(ou-
dard pe da eur martolod, Dispute entre une mère et sa fille qui
voulait se marier à un soldat ou à un matelot (chez Lédan) ;
pa f allie de:^i, puisqu'elle le voulait, Sarm. 12, =- pa fellie d.
Serm. 14; a falie din, je voulais, Pev. m. Em. anc. 281, a
faille deoch, 328, a falie de:{àn Hist. ar h. Mi~er, 8, a faille
de^o, 4; petit tréc. felfoa : cf. afellfoa dean (il dit) qu'il voulait,
Histoariou, 2^6 ; a fellfoa d'ar plac'h, (ce) que la fille voulait,
221; petra à falfé dec'h-hu, que vous faudrait-il, Quiq., 50;
e falfe de:^o, ils voudraient, Introd., 143 ; dans ces ouvrages le
conditionnel n'est terminé tnfe que dans les verbes dont le ra-
dical finit par v ou/; cf. ma falfe da... ha ma teue, s('il) vou-
lait et s'il venait, 11 ; ne falve:ias de~a, il ne voulut pas, 299 ;
e falve~p ... da, (il) voudra, 143 ; pafelvo ... d'ar Roue, quand
le roi voudra, Moys., 150, pa falfo deoc'h, quand vous voudrez,
Quiquer, 1690, p. 128; a falvise din, j'eusse voulu, Maun.,
Gram., 43 ; ne falvi:^e quel de^p, ils n'auraient pas voulu, Bue~^
ar sant (de Marigo), 1841, p. 147.
Outre eme voa, dlefoa et fellfoa, il y a au moins trois im-
parfaits-conditionnels du même genre :
a dal foa, il valait, il eût valu. Tragédien sacr (165 1), p. 6;
sans doute un trécorisme comme les plur. en 0, pechedo, 3,5,
desiro, 3, gourchemcnno, 4, dleo, 6, et le futur en oint cité Rev.
Celt., IX, 264;
n'en anefoahn ket, ils (ses parents) ne le connaissaient pas;
c'est ainsi qu'Anne Gaillard, fileuse, iigée de 80 ans et illet-
trée, m'a chanté à Trévérec un passage du cantique de l'En-
flint prodigue = (c dad) n'en anavee qet, texte chez Ledan,
P-4'
e c'halfoas, tu pourrais, tu pouvais. Chanson eus an amitié, 7;
sur ce verbe, voir § Gè, 75, 76.
La terminaison -visen se montre encore dans anavisen, -es,
Etudes bretonnes. 467
-e « j'eusse connu ou je connusse », Maun., Gram., 40; a
dalvisen, me dalvise, j'eusse valu, 47 ; a oaruisen, me hoarvise
« j'arrivasse ou je fusse arrivé », 48.
61. Voici l'histoire du verhe falvc:(out .
Il y a en moyen breton un mot fellell, faillir, manquer, par-
ticipe/^//e^, dont la conjugaison est normale, et nous est par-
venue d'une façon presque complète. A la 3^ pers. sing., fcll
répond au fr. il faut, et donne lieu à des expressions comme
petra fell deoch, que vous f.iut-il, que voulez-vous, mar feîl
deoch, si vous voulez. C'est dans ce sens seulement que le
verbe a pris d'abord comme sufBxe auxiliaire le mot être : fel-
veout a m de, ils veulent, Jac. 74, fcllout de~d, vouloir, Introd.
33 e, fellout dean, Histoariou 215, e:(^e fûlve:^et dc~d, il a voulu,
Introd, 337, etc. ; n'en devige quet fallet d'ar penn (autant vau-
drait) que la tête n'eût pas voulu, Tad Gérard, 19; ne felle
quet gant 0, ils ne voulaient pas, 65^; ce suffixe a, comme on
l'a vu, pénétré dès le moyen breton, même au présent, où
il est inutile. Les formes plus simples qui ne l'ont pas sont
aussi restées usitées : a f aile dean, il voulait, Bre^l ar Russi,
chez Ledan, i ; ne fallas de~à)i, il ne voulut pas, Reflexionou
profitahl, par Le Bris, p. 109, etc. Il n'y a que l'infinitif qui,
dans ces expressions, garde toujours au moins la terminaison
-out. Il l'a même prise dans le sens de manquer : falve^out,
Conf. anc. 35, fallout, Bar^. Br., 117. On trouve jell sans
complément exprimé, pour « on veut » : pafell en em diuisquaff,
quand on veut se déshabiller, Nomenclator, Quimper, 1633,
p. 135 (sous-entendu d'unden^; cf. n'eus quet fallet, on n'a pas
voulu, T. Ger., 41 ; mar vigefellet, si on avait voulu (ou s'il
eût fallu), 65 ; e falfe, on voudrait (ou il faudrait), Rimou,
anc. 55.
62. A l'infinitif comme aux autres temps, il s'est produit
un fait fréquent en breton, et dont il est question, Rev. Celt.,
IX, 259 et suiv., 266 : le passage de l'impersonnel au per-
sonnel. Ceci était d'autant plus facile que les expressions où
1 . Dans afalveiet din, efah'e:(et din, je voulais, Prep. d'ar maro, 68, /ai
ve:^et est au passif ou à l'indéfini, pour l'impersonnel /a/w;(c; on peut com-
parer nemdeur en regard du v. irl. tiTmthà.
468 E. Ernault.
ce verbe a le sens de vouloir différaient le plus souvent de celles
qui gardaient le sens primitif de manquer, faillir. Exemples:
0 fallout de:;â, voulant, Intvod., 336, mais fallout, abso-
lument, vouloir, 387, 442; RcjJ. 327; Juif-Errant, 3, Bax.
Br., $o},fdloi{l, Mo., 200, 231; T. Ger., jo; falvc^^out, Gr.
V. cogner, falvcout, Pev. m. Em., anc. 267; fellout a res-té,
veux-tu, Alm. 1877, p. 26; n'en deus qet falve^^et, il n'a pas
voulu, Mis Mari, Brest, 1836, p. 99; c'boui fell dcc'h se, vous
le voulez, Jac. 85, mais Doue a fell ■^, Dieu le veut, 84, Doue
a fell se, Moy. 156, an nep a fell carout, celui qui veut aimer,
263, Moyscs fell bea Mestr, Moïse veut être maître, 238; à fel
coms (un homme) qui veut parler, Quiq., 1690, p. 39; efel,
il veut, Guill. 1815, p. 8; pa fel, quand il veut, Instr. christ.,
297; Moy ses ne fel le, M. ne voulait pas, Mo. 163; mar falfe
tànva ar Roue, si le roi voulait goûter, T. Ger., 63, ne falfac'h
quet, vous ne voudriez pas, 46, fallct, on voulait, 56. Les deux
constructions sont réunies dans la phrase pa felvas din en em
oppos da :^e, e felvcnt va laxa, quand je voulus m'y opposer, ils
voulaient me tuer, Mo. 262. Cf. Rev. Celt., XI, 192, 193.
Nous trouvons, dans d'autres verbes, des faits analogues.
d^. Pour les terminaisons d'infinitif -vout, -vc:^out, -out,
données à un verbe impersonnel au sens français du mot {fell,
il faut, fellout, falloir, vouloir), on peut comparer :
moy. br. deren, amener; d'où dere, il (cela) convient (cf.
lat. conducit), dereout, convenir, Grég. ; cf. van. jaugein,
haut-corn, jaugeout, Gr., id., du ir. jauger;
moy. br. pligaff, plaire, plig da, il (cela) plaît à, pligeout,
plaire ; pligeout a ra, il semble bon et à propos que, Grég. ; cf.
heta, van. hetout, Gr. ;
moy. br. cridiff, croire, cret, il croit; a gred din, il me
semble, je crois, Jac. 113, credi ara din-me, id., Moys., 213;
moy. br. credout, croire (crcdout, oser, Pev. m. Em., anc.
334); cf. moy. br. saniaffetsantout, sentir; istimout «cuider»,
Quiq., 138;
moy. br. am haval, ce me semble, haualout, ressembler
(Glossaire moy. br.; evclhout, Quiq., 163), cf. van. havalein-
guetou, imaginer, havale-guenein, je m'imagine, haval g., il
m'est avis, haval vehai, ce semble, l'A. ;
Etudes bretonnes. 469
moy. br. nem deur, je ne veux pas, deuruout, vouloir;
faut, = il faut, il manque, van. fautout, falloir, Grég., cf. e
fauté dehou, il voulait, B. er S., 1839, p. 28, 411 ; cf. dcfotout,
manquer, Pev. m. Em., anc. 287 ; mancqa, tnancqout, Gr. ;
pet. Trég. :^e sî, =^ cela sied, sioud e ra, id. ; cf. le dérivé
siab, convenable, séant, Quellien, Chansons, 88 (dereah, id.,
coll. Peng., I, 50); bernout, la^^out, importer, Gr. ;
ne huyt quet, il est assez bien, huytout a ra, il n'est pas bien,
huytout, part huytet, n'être pas bien, ne se point porter bien,
n'être point à son aise, van. dihuytein, dihuytout « décheoir »,
Grég,; cf. Rev. Celt., IV, 150, et gall. chwitho « to feel awk-
ward », verbe impersonnel : chwithodd arnaf, Davies, Gram.,
III, de chwith, gauche ;
moy. br. aseblantdijf, il me semble, auj. seblantout 'ra d'eign.
moy. br. me biou, cela m'appartient, piaoiïout, avoir, pos-
séder, Grég. Le verbe gallois correspondant, pieu, se compose
avec l'auxiliaire être : mi a bieufydd, je posséderai. Cf. § 74.
64. La terminaison d'infinitif -owf n'apparaît guère en moy.
bret. que dans les verbes qui étaient ainsi disposés par leur
caractère impersonnel, ou par leur sens, à suivre les composés
du verbe être, comme arriuout, arriver, qui a pu subir l'in-
fluence de choarvout, darvout ; cf. digoiie^out, Gr., de digoe^aff.
Le premier pas de l'analogie, dans cette voie, a été le mélange
de bou-t et de be^-ajf, être, en be:iout (hïQt. moy.). Cette syllabe
-ou-t est devenue un sufExe d'infinitif assez commun en bret.
moderne.
Je ne sais s'il faut se fier au v de nôaxyout, nuire, variante
de nôa^out donnée par Le Pelletier : l'auteur a pu l'ajouter de
son chef d'après gou^vout, gou^put.
65. Rencout, devoir, peut s'être modelé sur dleout; il est
possible aussi qu'il vienne de formes impersonnelles. Ce verbe
est à ajouter à ceux qui peuvent prendre la 6^ conjugaison,
Rev. Celt., IX, 247-248, comme le montre ce passage de
D. Le Pelletier : « Q.uand on demande le payement d'une
« dette, on dit au débiteur Rencout a rân, je fais droit, j'use
« de mon droit; et si le débiteur ne consent pas de payer,
« l'autre hausse le ton, et dit : Rencout a rencan, je dois, ou il
« m'appartient d'user de mon droit ».
Rtviu Celtique, XL 31
470 E. Ernault.
L'auteur entend ici rencout a rcncan par « je suis obligé de
(vous) obliger (à payer) », « je dois exiger » ; mais rencout
n'a jamais ce sens actif. Il signifie « devoir, être obligé de »,
anglais / miist, et quelquefois par extension « devoir, être re-
devable de », / owe, et « avoir besoin de », Iwant ;en le tra-
duisant par « être en droit, user de son droit », D. Le Pelle-
tier était influencé par son étymologie d'après une formation
imaginaire renc-caout « avoir rang, être en droit ». En réalité,
rencout a rencufi, littéralement « devoir je dois » est un syno-
nyme plus énergique de rencout a ran, litt. « devoir je fais »,
il me (le) faut, j'(en) ai besoin, expression qui elle-même
renchérit sur le simple rencan.
Dleout, lui aussi, présente quelquefois la même construction :
tleout mad a dleàn o c'harout, je dois bien les aimer, Hist. ar
bon. Mi:ier, 6.
Cf. gallout e hell, il peut, T. Gérard (1791), p. 76, gallout a
helleur, on peut, 39, etc. Le français familier « voyons voir »,
cf. « a dit qu'a verra voir », Petit Journal pour rire, 27 oc-
tobre 1889, p. I, qu'on serait tenté de comparer, est histori-
quement tout différent : voir, qui s'ajoute aussi bien à d'autres
verbes (« montrez voir un peu ! » Moinaux, Les Tribunaux
comiques, 4" série, 1889, p. 46) = voire, du lat. vere (cf.
Bréal, Mcm. de la Soc. de Ling., VI, 408).
GG. Caffout, trouver, avoir, et gallout, pouvoir, viennent
des variantes en -oet, restées en vannetais et confirmées par le
comique (galloys, gallos). Le verbe être présente aussi, du
reste, des formes semblables : comique boys(Pascon, 122, i);
van. bouet. Chai, ms., v. prévenir {de vet, à être, v. prés ; bet,
être, Science er salvedigueah. Vannes, 1821, p. 259, etc.).
M. Loth regarde bout comme venant de bouet, Rev. Celt.,
VII, 320; mais il peut y avoir là influence analogique de caf-
foet, galloct.
6j. Il y a en cornouaillais beaucoup d'autres verbes en-out
comme guelout voir, tec'hout fuir, kcrnerout prendre, lavarout
dire, mirout garder, sellout regarder. Les autres dialectes ont
ici la terminaison -et, que Le Gonidec regardait comme abu-
sive, sans doute parce que l'infinitif a alors la même forme
que le participe ; mais la majorité des dialectes est d'accord
Etudes bretonnes. 47 1
aussi avec le moy. bret. : guelet, cf. le gall.^w/^/fi et le comique
gweles; d'ailleurs, le cornouaillais lui-même ait gueled-ige:(^, vi-
sion, ce qui montre que la terminaison -out n'est pas aussi
solide que dans talvoud, valoir, d'où talvoud-ege::^.
Le changement analogique de -et en -out a pu, à la rigueur,
être facilité par la présence d'un ancien * chvout, entendre =
gall. clybod, à côté de chvet = gall. clywcd. Carout, aimer,
peut être ancien aussi, d'après l'exemple du comique et un
autre indice tiré de son impf., § 75. Il est remarquable que,
parmi les verbes en question, Grég. ne donne de variantes en
-out que pour ceux-ci : cUvet, clcvout, cUout ; caret, carout.
68. Le passage de falvexput, etc., du sens impersonnel au
sens personnel (§ 62) se montre dans un autre composé du
verbe être, c'boarve:iout, si nous comparons ces deux rédactions
de la même phrase : C'hoarve a ra gante evel al lou^ctou-ont,
Seulvuia 0 c'hocnner, sculvui e tivoanont, littéralement « il leur
arrive comme [à] ces herbes qui plus on les sarcle, plus elles
poussent », Moy s. 159, et Evcl al lou:^ou fall en oll e c'hoar-
veont, Sculvui efi 0 c'hocnner, sculvui e tivoanont, il leur arrive
(litt. « ils arrivent ») tout à fait comme aux (litt. « les »)
mauvaises herbes, etc., ibid., 145. C'hoarve a ra gante = an-
glais it happcns to tlmn ; e c'hoarvcont = angl. then happcn \to be\.
69. De même e plijot exoci (je crois) que vous daignerez
exaucer (mes prières), Moys. 245, pour e plijo d'ac'h, il vous
plaira, est semblable à l'anglais luill you phase, ci. evcl a hetot,
comme il vous plaira, Gr., et Rev. Celt., IX, 266.
Un verbe personnel peut au contraire simpersonaliser sous
l'influence d'un synonyme, cf. Rev. Celt., XI, 192.
Diins plichit gueneoc'h, Maun., Templ cons., 140, pi ijit ga-
neoch, Aviel, 18 19, I, 149, qu'il vous plaise, plijit gant-och,
G. B. I., 124, il y a un mélange des deux locutions (= angl.
* luill you phase you pour luill it phase you') ; cf. be^it gwell
ganec'h, aimez mieux, 300, == * sitis satins vobis.
En français « il m'en souvient » et « je me le rappelle »
ont donné lieu de même à « je m'en souviens » et « je m'en
rappelle ». Génin remarque, Des variations du langage français,
1845, p. 429, que je me souviens est de la même force que/e
m'importe, dans cette phrase qu'une caricature attribuait à un
472 E. Ernault.
garde municipal voulant faire descendre un gamin grimpé sur
le poteau d'un réverbère : Je m'importe peu que tu tombes ! Cette
manière de dire peut s'autoriser d'un grand nom ; Las Ca'Ses,
Mémorial de Sainte-Hélène, 1823, IV, 238, donne comme de
Napoléon cette phrase : « Je voulus agir comme la Providence,
qui remédie aux maux des mortels par des moyens à son gré,
parfois violens, et sans s'importer d'aucun jugement ».
70. Sur les locutions personnalisées, dans le verbe avoir,
on peut voir le chapitre précédent de ces Etudes; j'ajouterai
quelques exemples nouveaux.
Lec'h m'ho poahi laket, où vous l'aviez mise, G. B. I, I, 116,
impersonnel, = *vobis esset ha?ic positum ; lec'h poa ho laket,
où vous les aviez mises, 100, poa pour ho poa est relativement
personnel; lec'h m'hen po laket, où vous l'aurez mise, 98, ici
po pour ho po est traité comme personnel, et précédé de hen,
complément direct; = *hanc (vobis) erit positum. De même
endann hi ^reid ho deu^^ mac'het, elle les a foulés aux pieds, 28,
pour e deu^^ ho mac'het ; eur peskik gzuenn hi deu^ lonket, un petit
poisson blanc l'a avalée, Quellien, ici ; ar revolucion 0 dew^^-y
oll ancounac'heet, la révolution les a toutes oubliées, T. Ger.,
69. Les deux pronoms sont exprimés à la fois dans nho'm eu:{
ht pedet, je ne vous ai pas priée, G. B. /., I, 184, = * non
vos mihi est invitatum (la tournure régulière est : n'am bije ket
ho pedet, je ne vous aurais pas priée, ibid.'). Cf. c'houi ho pije'n
din merqet, vous me l'auriez marqué, fait connaître, Son ar
garante, chez Lédan, p. 2; van. de 1693 eit a vout-y, pour les
avoir (toi), Chrestom., 331; en dout-hi, l'avoir (elle, à lui),
B. er s., p. v. ; Rev. Celt., IX, 260.
N'em boan me bet, n'avais-je pas eu, Riniou anc. 53; (he
moam-me, que j'avais. Coll. Peng., IV, 117, peut n'être qu'une
graphie fantaisiste de em oa me).
N'as bijes ket, tu n'aurais pas^ G. B. L, I, 298, et deux fois,
p. 302, pour n'as bije ket, 298; 7nar pije^ bed, si tu avais eu,
Peng., II, 261.
En evai, il eut, Quellien, Chans., 140, pour enevoe, par accom-
modation de l'imparfait en eva au prétérit des verbes réguliers
comme kara:(_, il aima ? Cette forme en eva:{ ne se trouve pas
dans l'édition sur feuille volante de la chanson (Ar filouter fin).
Etudes bretonnes. 473
M'hor bijemp, si nous avions, Moys. 257, mar bijemp, Ar
feix_hag ar vro, 337, cf. les formes impersonnelles m'hon dije,
id., et n'hor bije, nous n'aurions pas, ibid. ; hor boamp, nous
avions, Avanturiou, 32 et 36, Rimou, 53; bcxpmp, ayons,
Aviel, 1819, I, 103, 27e; nih a nioamp, nous avions, Peng.
VII, 201 (cf. ni a ielomp, nous irons, I, 36, voir § 12). Cf.
Rev. Celt., IX, 262, 263.
Ho pezit, ayez, p. 3 d'une Imitation J.-C. que je possède et
dont la première page manque, mais sur laquelle deux pro-
priétaires successifs ont inscrit les dates 1733 et 1747 ; ho peit,
Moys. 226 (3 syl.), beit (2 s.), 182, Jac. 85 ; mar peuc'h
c'hoant, si vous avez envie, Kimiad eur soudard , par J.-M. Le
Borgne (du Fou), p. 7 ; choui he peuc'h enn laeret, vous l'avez
volé, he poc'h, vous aurez (deux fois), neu^e pe ch enn cavet,
vous l'auriez donc trouvé, Ar vam Michel, trad. par Visant
Coat, Morlaix, chez Lanoé (après 3 autres chansons), p. 8,
cf. Rev. Celt., IX, 263. La forme he peuc'h, peuc'h est venue,
comme le tréc. meump, nous avons, et le cornouaillais en'eunt,
neun, ils ont, non par addition de la désinence ordinaire à la
forme impersonnelle (cf. meux^om, nous avons, pe-c'h, vous
auriez, he po-c'h, vous aurez, aneu:^-ont, ils ont, etc.), mais
d'une transformation analogique du thème eus-, réduit ainsi à
eu-. Il est possible que ceux qui disent he peuc'h, vous avez, et
he peu::^, tu as (deux fois dans Telenn Guenldan, par Visant
Coat, chez Lanoé après deux autres chansons, p. 9) croient
sentir dans le :( de cette dernière forme le signe de la seconde
personne du singulier.
No neun, ils n'ont, Peng. IV, 1 1 (cornouaill.) ; nen devoant,
ils n'avaient, Peng. II, 178, 271, ho devoan, ils avaient (rime
à an nox_ man), I, 78 ; pa defaint, quand ils eurent. Quel. 1 10,
pa défont, quand ils auront, 100; vit m'o defjont, pour qu'ils
aient ou qu'ils eussent, Chanson... an hostis liper (par René ar
Barz, de Tréguier), chez J. Haslé, p. 3 ; cf. Rev. Celt.,
IX, 265.
Nous avons vu, Rev. Celt., IX, 263, que même à la 5 ^con-
jugaison le verbe avoir se conjugue à l'infinitif: hur bout e
ramb, nous avons, = *nobis esse facimus. On trouve aussi en
pareil cas l'auxiliaire faire à l'impersonnel : hou poud ra, vous
474 ^- Ernault.
avez, Chai. ms. v. distraction, = *vobis esse facit. — On lit
dans le Doclrinal, Nantes, 1626, p. 19, an daon:^ec Apostol,
père en deux by composct, les douze apôtres qui l'ont composée;
d.Rev. Celt., VIII, 43.
70 bis. Il se passe des faits du même genre, dans les formes
verbales de sens indéfini, qui parfois s'emploient comme per-
sonnelles passives :
moy. br. mirer et mircur (J. 194 b) on garde ; gueîer etgui-
lir (B 544) on voit, ranquer et ranquir (B 610) on doit, gallei
et guillir (R 53) on peut (comique geller et gylîyr) ; mod.
a garer, a guereur, on veut, Grég., v. accroire, a gareur, G.
B. L, I, 362, dlcor, on doit, hellor, on ^e\it,pechor, on pèche,
Instr. chr., 18, etc.; mais avec complément c'a;?/ ... anquenem
bencr, N 894, cf. l'actif estlam am ben, la douleur me point,
J 127 b. Les Bretons se servent assez souvent en français de
phrases comme « on m'a dit avec un tel » pour « un tel
m'a dit », mais dans leur langue actuelle cela répond à des
passifs composés : lared ^^ou d'eign gand hen ha hen.
Autre exemple de synonymie des deux passifs : bet laret er
peh a gareher, er peh a uou caret, qu'on dise ce qu'on voudra.
Chai, ms., III, 230.
On trouve aussi c:( conduer, il est conduit, J 124 b, e^ la-
quacr, elle est mise, B 49 1-492 (« on la met » sevâït elaquaer'),
et même au pluriel f:^ laquaaer, elles sont mises, H 10, v. 5
(lisez (?~, pour 0.?).
Ces deux emplois personnels des formes en -r étaient favo-
risés par des locutions semblables dans les formes verbales en
t, qui sont proprement des participes passifs : t'~ barnat dre dcn-,
J 106 = judicatus [est] ab homine ; a pan ganat, N 1945 =
ex quo natus [est].
Mais l'assimilation des deux séries en r et en t étant devenue
à peu près complète, on a dit inversement c:(_ carset, tu aurais
été aimé, en cannât, il fut battu, en aslennat, il fut étendu, o~
ganat, vous êtes né, 0 Ia:{ct, ils étaient tués, d'après q laquaher,
on te mettra, ho:^ treter, on vous traite, J 126, etc.; de même
en irlandais dombreth, je fus donné, d'après doniberr, on me
donne, cf. Zimmer, Zeitschrift de Kuhn, 1888, p. 251. On
lit q stlegatj avec variante en stlegat, il fut étendu, J 76.
Etudes bretonnes. 475
Sans cette extension analogique si naturelle, les formes en t
n'auraient pu servir qu'à la 3'' pers. sing., sauf àla conjugaison
impersonnelle comme me a furmat, j'ai été formée, B 691
(:r= c'est moi qui a été formée).
On pourrait croire que dans ma mab hihan ma en ganer,
pour que mon petit enfant naisse, N 893, le pronom en est
une conséquence des locutions pronominales comme en can-
nât, etc. Mais la présence d'un pronom représentant un nom
régime déjà exprimé a lieu aussi bien dans les verbes actifs :
me goar an re se ho quelenn, N 1403, litt. « je sais ceux-là les
instruire » ; eguidot Jesu inen suppli, pour toi Jésus je le prie,
183 I, ha de:( ma martyr en mira, et le jour de mon martyre il
/'honorera, B 657, cf. N 121, 602-603.
Sur le passage me en heny ameur cruciffiat, c'est moi qui ai
été crucifié, J 178 (la variante am cruciffiat rendrait le vers trop
court), passage qui contraste avec i?og ...a crucffiat, ô roi qui
as été crucifié, 173 b, on peut voir Dict. étym., v. ameur.
71. La composition de deuruout a eu évidemment pour but
de donner une conjugaison complète à une forme imperson-
nelle isolée, nem deur, je ne veux pas, litt. non nieum est, gall.
nymdaïur, nymtawr, cf. v. irl. nimthâ ; le gall. a gardé dans
taiu, que (conjonction) un ancien correspondant de l'irl. ta, il
est.
Nem deur a fait bande à part, parce qu'il était resté presque
unique parla forme et par le sens; cette dernière raison seule
a suffi a créer à ne fcll dm, je ne veux pas, une nouvelle
famille.
De là deurve:(it, daignez, Moys. 187, etc. Il est arrivé à ce
verbe une singulière aventure : c'houi euteur, Pev. m. Em.,
anc. 211, c'houi eteur, 91, clmi euter, voulez-vous, Sermon
Michel Morin, chez Lanoé, p. 30, 1. 9, qui vient de c'hui eu
teur, c'hui 0 leur, a donné lieu à te euteur, veux-tu, Pev. ni.
Em., anc. 206, me euteur, je veux. Gènes 191, me euter Serm.
M. M., chez Lédan, p. 43, etc., Httéralement mihi vohis-est ;
Rev. Cclt., IX, 266.
On lit c'houi veuteur, voulez-vous. Coll. Peng., I, 47, c'hwi
veutur, VI, 17, VII, 333, et même vutur, je veux.
72. En gallois on a ajouté directement à towr certaines ter-
47^ E. Ernault.
minaisons personnelles : impf. ni ddorwn. Cela arrive quel-
quefois aussi au breton leur : Sant Cado na euteure quet, saint
Cado ne voulait pas, Guer^ en hénor da :(ant Cado, chez Lédan,
str. 10, Cf. rimpartait /e//^^ il voulait, etc.
Il y a de même quelques formes de eine, dit(-il), conjugué
sans l'auxiliaire être, à l'impératif: En em humiliit ... allas,
emit-hu, humiliez-vous; dites: hélas!... Introd. 416, pet.
Tréc. mëtu.
73 . Le verbe défectif eme a cela de particulier que le pro-
nom sujet français est traité en breton comme régime : moy.
br. eme:(aff, dit-il, léon. eme^an, tréc. 'mean, cf. moy. br. rac-
Xaff, devant lui, auj. ra^ah, rahah, raktan. Cf. emedoc'h, dites-
vous, Avant., y, eiRev. Celt., XI, 192. On peut comparer
l'expression panevetan, sans lui, si ce n'était lui, dont le t reste
souvent aussi attaché au verbe : pà nevet an drasé, si ce n'était
cela, panevet an d., Quiq., 1690, p. 42, 85; cornouaillais
pand, n'était, Bav^. Br., 304, 305, tréc. penamet, panameî,
sous l'influence de nemet, sinon, voir § 82. Cf. moy. br. pa
ne ve huy, si ce n'était vous. On intercale souvent r avant le t:
penevert respeti, n'était (le désir de) respecter, Pev. m. Em.,
anc. 14, panavert ma com:(as, n'était qu'il parla, 27, penever-
doch, si ce n'était vous, 378 (cf. tréc. nemert, sinon) ; on peut
ajouter aussi e, il est : peneverte (4 syl.) sur ho liberacion
« n'était (que c'est), certes, pour vous délivrer », ^jS ; pinevit
e respeti, Peng., II, 242; pinevit he daoni « n'était (que c'est)
la peur de damner », I, 115. On dit en petit Tréguier pe ne
verd e :(e et ^tT^e^ sans cela.
A la i'^ pers. on a :
1° émé-:{-oun, dis-je. Le Gon., emioun-me, emoun-me, Grég.,
em'ounn-mé, ém'oîi-mé, éin'e:^-ounn-tné, ém'onn-mé, disais-je, dis-
je, au passé seulement, selon Hingant, Gram., 103 ; tréc.
'meoh, 'moh-me ;
2° eme-me, eme-vé, eme-ven, dis-je, Gr., émé-vé, Gon., van.
émé-mé, l'A. ;
3° c mé « dis-je » (en dehors des phrases impératives) et
« ai- je dit », selon la Gram. vannetaise de l'abbé Guillome,
p. 83, avec exemple, p. 84.
A eme-me, comparez le van. heliet me, suivez-moi (comique
Etudes bretonnes. 477
holyough ve, gall. dilynwch fi) ; à Batz adrenv me, derrière moi,
et ter me, par moi, qui est à ter-in, ibid., van. dre onn, l'A.,
léon. dre-x_-oun, comme eme-me à eme-^-oun. Cf. gall. imi, à moi.
La 3 ^ forme e mé est peut-être venue par abréviation de eme-
me. Eme veut dire en trécorois disent-ils, dit-on, Ricou, p. 25,
V. 3, par contraction régulière de eme^e, emexp, cf. ane, ane:(e,
ane:(o, eux.
Le gall. meddaf, dis-je, est régulier, cf. comique medhaf ;
mais le gall. ebe fi se conjugue exactement comme en bret.
eme ve. Le verbe armoricain emc(^) paraît donc le résultat
d'une fusion entre deux mots restés dictincts en gallois, medd
et ebe, heb.
Remarquons l'expression eme^ Mary, Marie dit. Poèmes
bretons, 24, littéralement * Maria dixit eam, qu'on peut com-
parer à Mari e deux^, Marie a, litt. * Maria illi est.
Le plur. emint-y, dirent-ils, Gr. Dict., van. é-m'en-dïnd, di-
sent-ils, Foy. mist. 77, é-m'en dind, 85, semble contenir le
verbe être, cf. n'en dint, ils ne sont, 18.
74. La construction pronominale se montre dans membieu
er veûoh (s'il ne faut que jurer), la vache est à nous. Chai, ms,
litt. * ego-ad-me-pertinet vaccam; an hcol loar ha steret assmet
men bio (rime 0) le soleil, la lune... sont à moi. Le jugement
dernier, ms. à M. Bureau; cf. d'er Pap' é bieu clasq', le pape
doit moyenner. Chai, ms., litt. au pape appartient de cher-
cher; kement a biaou oux^-hoc'h, tout ce qui vous appartient,
Gènes, 87. Construction différente : ean bieu ober, c'est à lui
à faire (les honneurs de la maison), Chai, ms ; le verbe
qui signifiait « cela appartient » veut dire ici, inversement « il
possède » ; c'est le seul sens qu'on trouve en moy. bret. La
conjug. personnelle apparaît rarement : van. e bieuan, je pos-
sède, Celt. Hexapla, I, 6. On peut comparer les trois expres-
sions du moy. br. am deseu, il me semble, me deseuQtdeseuaff,
je pense.
Le moy. bret. membry « je l'atteste », malgré la varian-le
moins fréquente men bry, pourrait bien aussi être pronominal
comme memeus, j'ai.
75. La terminaison d'imparfait-conditionnel -icn, etc., se
montre dans les verbes suivants :
478 E. Ernault.
vient, qu'ils fussent, J 219 (2 syl.), Cathell 4; quement
auyc, tout ce qui serait, 25 ; 7neit ma ûicr, pourvu qu'on soit
(jneit ma ver, id. ; meit ma veher, pourueu qu'on seroit). Chai.
ms. Il est difficile de séparer le prétérit secondaire comique byen,
hycs, bye, pi. 2* p. byeuch ; je regarderais ces formes comme
des imparfaits de la même racine dont le conditionnel 3'' pers.
sing. est en bret. moy. vihe, et le conditionnel passé vise;
hc dcfie, qu'elle aurait, Cathell 20 ; /jo;^ de vie (il ordonna
qu')ils eussent, 11, cf. corniq. nyngyfye, il n'eût pas eu;
moy. br. goi{~yeiin, je savais, etc., me a vouyê, Grég., givicnii,
Gon. ; comique godhycn, je savais, cf. ef a zuodhjye, il aurait
su; Rcv. Cclt., VI, 47; IX^ 69;
anavien, 2" p. anauiés, 3'' anavic, etc., Maun. Gram., 40,
anayén, je connaissais, etc., Grég., anaienn, Gon.; raanayén,
que je connusse, etc., Grég., Gram., 1^6; anaveyen,]e con-
naissais, Guer:(^var... distro im dcn yaoïiamj (après Chans. pot.
PlouiUaii), chez Lédan, p. 5, 3^ p. anavcye, Avant. 36; den ne
anaveyc, personne ne la connaissait, Chanson Mari-Louis, chez
Lédan, p. 2; anaveien est un mélange de anaveen etana(v)ien;
fellie, falie da (il) voulait, § 60 ;
no^deurye quct, ils ne voudraient pas, Cathell, 3, etc. ;
dlien, je devais, Prcp. d'arni., 69, etc.; cet / passe même
au présent, dans dleyer, on doit, Instr. chr. 17, c tlier, Bue:(...
J. Maner par le P. Bleuzen, 2*^ éd., p. xiii, e tlian, je dois, 15 ;
talie, il valait, Sarm., 48, 39 (= Serm., 46, 38); a dallien,
me dalie, je valais, Maun., Gram., 47, dalie, GuilL, 18 15,
p. 127, etc., délie, Peng. VII, 10;
agarienn, j'aimais, G. B. L, I, 160, 258, 262, am charie, il
m'aimait, 544, mar harrie bout rot, si elle avait voulu donner,
70, me hen harrie, je le voudrais, 148, me garie, je voudrais,
410, 492, me garrie, 68, 204, 236, 240, 256, 386, 392, 540,
me a garrie, id., 250; Jcarie, il aimait, coll. Peng., I, 4J ; pe-
guement en carrict (en voyant) combien vous l'aimiez, Jac. 50;
ne garrie, il n'aimait, Mciil. queg., 13, 0 charye, il les aimait,
carycnt, ils aimaient, 11; da -ao// :^cn yaoïianc n'cnr garie, pour
deux jeunes gens qui s'aimaient. Chanson M.-L., i, etc., etc.
Ce verbe breton n'a de commun, par ailleurs, avec les com-
posés de bout que l'infinitif karout, en cornouaillais {car ont et
Etudes bretonnes. 479
caret, Grég., Gram., 112); en comique il se compose avec
l'auxiliaire être. Voir § 67;
ec'b allie, il pourrait, Histor ar bonom M.i::cr, chez Lédan,
p. 5 ; wa alliet, on ne pouvait, 6, na aillet, Pev. w. Em.,
anc. 103. Ce verbe était exposé, par son mRmtii gallout, à
être confondu avec ceux comme tallout, valoir, de talve:{out ;
me ho quelle, je vous voyais, Chaiis. ... an aiii., 7;
lavariet, on disait (sens fréquentatif), 5rtr//i.^ i^{Senn., 20);
e compsyemp (je vous ai dit) que nous parlerions, T. Ger., 47;
chiloku, j'écoutais, Peng. IV, 33 {chiloyet, écoutez, IV, 59);
bas-van. keuied e dosteie, tout ce qui approchait, Bar::^. Br.
382 (mais a ■::jdoste, il approchait, 383), pc xple, quand il ve-
nait, 382. On attendrait dostehe, ::^ebe (conditionnel).
La terminaison -ien se trouve encore dans les conditionnels
e^asien (-lés, -le, -Icnip, -lec'h, -lent) « je fusse allé », Maun.,
Gram., 38; « j'irais », « je serais allé (si ce n'était cela) »,
Quiquer, 1690, p. 42, )]ia:^a::iyeut, pour qu'ils allassent, B 183
(cf. t':( a:{cs, que tu allasses, J 213 b) ; d'or mird na da:{iemp da
goll, pour nous empêcher de nous perdre, P. Maunoir, Tenipl
consacret, 140, etc.; ra deu:;^yén, que je vinsse, etc., Grain, de
Grég., 141, deuxye, qu'il vînt, Cathell 1 1 (cf. deu:[e, B 180, etc.),
deusyc, Refl., 83, 343, e teusien (-lés, etc.) « je vinsse »,
Maun., Gram., 39; ra:(yé, il aurait fait, Grég., Gram., 151
(ci. ra raxén, me a ra~é, que je lisse, 102, 103); vi^je, vl^i e,
(2 syl.) il serait, Trag. sacr, 13 (mélange de vl-^e et de vie^.
On voit que cette terminaison -ien n'est pas restée entiè-
rement propre aux composés du verbe être.
76. Nous allons maintenant passer en revue les termi-
naisons verbales commençant par un f.
La plus importante est celle du conditionnel ; voici dans
quels verbes elle se trouve en moyen breton :
en deffc, il aurait, ho dcffc, 0 deffhe, ils auraient; dlcffen, je
devrais (§ 60) ; ncm dcurffc, je ne voudrais pas, pi. 1'''= p. hou
deu:;rjfe, 2'^ o:{dcurfe;
gouffcnn, je saurais, gouffcs, gouffe et goffe, gouffcmp et gaii-
fhemp, gou~ffcch ; hoarffhe, hoarjfc, hoarfe, il arriverait.
Le seul de ces verbes qui ait une variante du conditionnel
m -hen, etc., est dleout, devoir.
480 E. Ernault.
Le P. Maunoir a de même dleffe, il devrait, et aussi anaffe,
il connaîtrait, talfe, il vaudrait, me falfe din, je voudrais,
comme on pouvait s'y attendre.
Il a de plus me a :^euffe, je viendrais ; et le P. Grégoire donne
ei teuhén et êieujfén, etc.. Grain. 141. Est-ce une conséquence
de la composition de donet, qui est semblable à celle de (en)
deffe ^= ad-esset), cf. comique may teffé, qu'il viendrait, pi.
may teffens ?
Le P. Grégoire enseigne. Grain, no, que « le passé im-
parfait du subjonctif » est en -hé : me a ganhé, je chanterais,
cf. ra garhén, que j'aimasse, 119, etc. Il donne me a yaé et
yaffé, j'irais, rahén, raën et raffén, etc., je ferais, 105, 135,
136; ces mots peuvent avoir suivi deuhén, deuffén. Il emploie
lavarféch et lavaréch, vous diriez, Dict., v. à. On lit e c'hal-
fac'h, vous pourriez, Sarm., 15, tandis que les autres con-
ditionnels de cette pièce n'ont pas d'y ; rancach, vous devriez,
20, respettach, admirrach, 7, negarren, 40 {mus e falfe deoch,
30); comparez l'impf. ech allie, § 75.
Cette terminaison -fen a gagné de proche en proche tous les
verbes, en breton moderne, sauf dans le dialecte de Vannes ;
il ne faudrait pas croire, toutefois, qu'elle règne sans partage :
ma karrfe, s'il voulait, G. B. L, I, 262, mais me garre, je
voudrais, 322, megare, Colloque fr. et bref., Samt-Bneuc, 1878,
p. 82, etc., =^ me caré, Q.uiq., 1690, p. 45 ; ha chuic'hoantaë,
désireriez-vous, G. B. L, I, 30, me raë, je ferais, 384, raën^
coll. Peng., I, 129, e kreten, je croirais, II, 97, etc. Me larve,
je dirais, Rimou 50. On dit en Goello ne choulchen ket, je ne
voudrais pas.
Quelques verbes dont le radical finit en v et dont par con-
séquent le conditionnel est régulièrement en -fen pour -vhen
ont dû aider à la propagation de cette terminaison. Ce sont
ceux où le v est précédé dune voyelle et peut quelquefois
disparaître; comme aprou, éprouver, meaproufe, j'éprouverais;
cf. moy. br. cond. prouffe, il prouverait, N 1509; nemedot a
prouphc, à moins que tu ne prouves, Cathell 16 ^ Le vers 1567
I . Littéralement « si ce n'est toi qui prouvât » ; le pronom sujet en fran-
çais se trouve complément d'une préposition ; cf. nemedout a garfe, à moins
Etudes bretonnes. 481
de Sainte Nonne : Ne gallaf proff (mar) en touhe « je ne puis
prouver; s'il le jurait » n'a sa rime intérieure que si l'on pro-
nonce prou, prouver, ou bien tow/(?, il jurerait. C'est le premier
parti qui est le plus probable. L'expression rimée, commune
en trécorois, me doufe hag a broufe, j'en jurerais et je le prou-
verais, nous montre comment des associations de condi-
tionnels en -fen et en -hen ont pu aider à la généralisation de
-fen.
Cf. Loth, Rcv. Celt., VII, 233 et suiv.; et Mélusine,ÏV , 496,
où il faut lire « débiteurs » au lieu de « créanciers ».
77. La combinaison de :(_ -\- v donne /aussi bien que celle
de t' + ^- On a donc régulièrement noujfen, je ne saurais,
Chai. ms. (v. oiC), =*gou:(-venn, cf. nouffehen, id. v. mourir
= *gou^-vehen.
La combinaison de ces deux formes donne m'oufefe, s'il
savait, G. B. L, I, 520, n'oufefac'h, vous ne sauriez, His-
toariou, 19, etc.
Une variante remarquable de la seconde, par aphérèse, est en
vannetais nefehen, je ne saurais, Chai, ms, v. oti, mourir, prise,
Livr bug. M. 39, etc.; y p. efehé, 24, efehai, Voy. mist. 35,
43, nefehai, 126, y>^. fehemb, 112, Bue er s. 74, 104, 2^ fehoh,
4, 16, 20, 89, féhoh, Xn.,febeob, Voy. mist., 9, iio, y fehênt
B. er s., 35, 103 ; e fehér, on pourrait, ^o, febêr, id., Livr bug.
M.^G. Le sens propre de cette dernière forme est « on pourra »,
mais cf. nouffer quet, on ne saurait. Chai, ms., v. indicible
(nouffet quet, v. inflexible), larein a reher, on dirait, v. voir
(larcin e reher, on dira, v. on), c ueher, on serait, v. on, c vchcr,
id., Voy. mist. 106; ecll pé vehairr, comme si on était, l'A.,
Sup., V. description; hors de Vannes, choarsin reffer ... ma
klefer, on rirait si on entendait, Pcng., II, 192, et à l'impf.
oair bet, on fut, Voy. 26, litt. « on avait été », Cf. comique
galser, on aurait pu, au lieu de galsys.
que tu ne veuilles, P. m. E., anc. 181, nemedoc'h a g., 308, cf. 314, 337 ;
német-hê vé, à moins qu'ils ne soient (dangereux), Dlsdéracion ... ar roue,
(1816), Brest, chez P. Anner, p. 20; mar doc'h-hua-unan, evidon :(0 contant,
si vous êtes tous d'accord, j'y consens, Jac. 115, proprement « pour moi est
content ». Dans evidon me a ya, pour moi je vais, 138, cf. 236, on pourrait
aussi bien écrire evidon-me.
482 E. Ernault.
On a refait aussi sur les radicaux courants gou-, goui-, d'au-
tres conditionnels: ne ouhèn, je ne saurais, Voy. mist. 27, 43,
53, 3^ p. ouhai, 34, 60, pi. ouhemb, 4, 107, 2^ p. ouheoh, 129;
pêne ouïeheoh quel, si vous ne saviez pas, 139, niouife, s'il
savait, G. B. L, I, 310, etc.
78. La 2*^ pers. pi. du futur est la plus exposée à l'influence
du conditionnel parce que, comme ce temps, elle est carac-
térisée par un /;. Forme non composée : gouyehct, vous saurez,
B.er s. 36; composée, go ufef et, G. B. L, I, 522, le second/
est emprunté au conditionnel. Cette terminaison -fefet a passé
à d'autres verbes, dans certaines variétés trécoroises : kar-
féfet, vous voudrez. Cf. Rev. Celt., V, 488.
Une forme plus fréquente est -féet en 2 syll. : e talc'hfeet,
vous tiendrez, a danfafeet, vous goûterez, Histoariou, 21,
her^feet, vous marcherez, heuJfeet, vous suivrez, i^; na gafeet,
vous ne trouverez pas, 25 ; c'est la plus usitée en petit Tréguier.
Je crois qu'elle a la même origine que -féfet, et représente une
extension des composés de véet, vous serez, avec changement
de ■yen /amené surtout par l'influence du conditionnel. Elle
s'ajoute même à des verbes contenant déjà une fois le verbe
être : ouvefeet, vous saurez.
Une troisième forme, très fréquente, de cette personne est
-fet pour -hef^ : pa guerfet, quand vous voudrez, Jac. 124, a
garfet, Pev. m. Em., anc. 238. Elle se trouve dans le verbe
être: evit ma vefet, pour que vous soyez, Histoariou, 238.
Cf. moy. br. queffet, vous trouverez.
79. On dit aussi -fech: givelfcc'h, vous verrez, Baix- Br.,
345, iefech, vous irez, 246; cf. § 50.
Cette forme, qui est identique à celle du conditionnel, n'est
pas isolée : les Bretons échangent parfois les deux terminaisons
-t et -ch, dont l'une appartient proprement aux temps prin-
cipaux, et l'autre aux temps secondaires. Exemples : Dre ma
velen pegernent en carriet, comme je voyais combien vous l'ai-
miez, Jac. 50 (rime et^, pour carriech; inversement hc c'hon-
fortech, on la consolait, Bar:^^. Brei~, 167, na gasec'h, on n'en-
I. Arhiestet et guelhet, J 144 b ne veulent pas dire proprement « on
verra », mais « vous verrez ».
Etudes bretonnes. 483
voyait, 398; el pe xpuguchd, comme si vous portiez, Chai.
VIS, V. mer; lavarjot, vous dîtes, Jac. 127, lavarjoch, Moys.
172, larjoc'h, ij^ ; ma vodc'hjot, où vous lavâtes, Pev. m.
Em., anc. 52, et la::^joch, vous tuâtes, 160; pa lavarjoch ... c
tigasjot, quand vous dîtes vous envoyâtes, Mo. 162, ne brisjot,
vous ne daignâtes pas, rejot, vous fîtes, et promeljoc'h, vous
promîtes, 224, rejoc'h, Jac, 96. etc. La terminaison en oc'h
est la plus ancienne et se trouve seule en moy. bret. : fell-
soch, vous vous êtes trompé, B 249 ; alors -sot était du sing, :
credsot, tu as cru, P 126, guclsot, tu as vu, 201. En breton
moderne Vo de la 2^ pers. du sing. est devenu ou : leiisout,
tu lus, Maunoir, car:^oud, tu aimas, resoud, tu fis, Grég.,
Gram. 116; au pluriel lensoch, Maun., car::^oc'h, resoc'h, Grég. ;
Le Gonidec donne au sing. kar:ioud, harjoud^, pi. kar^ot,
karjot, et M. l'abbé Hingant mir~od, mirjoch, mirjod, vous
gardâtes.
La terminaison -jot a assez souvent le sens indéfini : a goljot,
qu'on perdit, Jac. 115, rojot, on donna, Cantic Judas, 6 ; e
tenjot, on tira, Conf. anc. 40, cf. 35; rejot, on fit, Hist. ar
b. Mi':^er, 6; ne vanqjot, on rie manqua, Guî:(iegue^ ar h. Ri-
chard, 14, ejot, on alla, Fanch-Cos, 23, cf. 25, teujot, on
vint, 26, etc., cf. deusyot, Rejî. loi. Ces formes remplacent
la désinence -at du moyen breton, qui s'est perdue. Hingant
dit que le prétérit n'a pas d'indéfini, sauf dans le verbe être :
é oéd, on fut ^ (Gram., 183, 180); le P. Grég. tourne par
le passif composé : be':ia ê voilé caret, caret a voi'ié great, on aima,
Gram. 153 ; Le Gon. emploie dans ce sens l'imparfait : kared,
on aimait, on aima. Rojot, on donna, a été fiiit d'après rojoc'h,
vous donnâtes, selon l'analogie de roet, on donnait, roec'h,
1 . L'abbé Perrot, Manuel, 68, donne rejos et rejout, tu fis, pi. rejot. Us
de rejos est imité de celui des temps secondaires (impf. et conditionnels),
qui paraît avoir supplanté aussi l'ancien ^ du présent, en vannetais ; cf. sur-
tout van. ous, tu es, ailleurs out.
2. En vannetais e oûet veut dire on était, Chai, ms, v. on. La Gram. de
Guillome, p. 105-107, n'admet que des formes indéfinies en r, conseille
même de dire lai-et von, plutôt que larèt e hreér, on dira, laret vehé que
larèt e hrehér, on dirait, et veut qu'on remplace « on était » par « ils
étaient », etc. ; mais on trouve dont a ret, on venait, Chai, ms., gidlein e
rait, on voyait, Voy. mist. 55, etc.
484 E. Ernaiilt.
vous donniez; rofet, on donnerait, rofec'h, vous donneriez;
rojet, on aurait donné, on donnerait % 2^ pers. pi. rojech.
La term. -joc'h a parfois le même sens : e c'hlefjoc'h, on l'en-
tendit, Ar chev. Rolland, Morlaix, chez Chevalier, p. 2. On
trouve encore -:^eur, -jeur, d'après le présent : a rêveur ^, on fit,
5«q ar s., 311 ; ma teujeur, si bien qu'on vint, Bue^Jos., anc.
13 (nouv. éd. teujot).
80. Autres variantes de la 2^ pers. pi. du futur avec /au
lieu de h :
-fût, pa garfot, quand vous voudrez, Jac. 31, a guerfot,
Jardin anam., 13, e yeffot, vous irez, Jac. 56, sonchfot, vous pen-
serez, 20, colfot, vous perdrez, Moys. 254, cf. receffot, vous re-
cevrez, Prep. d'ar m. 68, Introd. 337 (= recev-hot), ne varfot
quet, vous ne mourrez pas, Refl. 354, ^ :^oucot, vous porterez,
164, pa guerrot, quand vous voudrez, iiTwf. ar b. Mi^., 10,
quemerrot, vous prendrez, Rosera 381, /^jj-o^,, vous laisserez,
/nfr. 143, wa vellot, que vous voyiez, 270.
-foch: quittafoc'h, vous quitterez, Co//. Peng., I, 45, J;ow-
/<?c7?, vous vous arrêterez, Moys. 183, ne golf oc h qet, vous ne
quitterez pas, 180, na kemerfoch (prenez garde) de ne pas
prendre, Peng., II, m; pa garfoch Pev. m. Em., anc. 275,
gerfoc'h,<^6 ; laqfoch, vous mettrez, 297, kqfoc'h, leqefoc'h,
125, etc.; cf. vihoc'h, que vous soyez, Gr. Gram., 128, et
1 . Le Gonidec n'a cette forme que dans vijed, vied, on serait, ajed, on
irait, et le P. Grég. dans caret a raiyéd, on eût aimé (caret a vihé grat, be^a ê
vihé bet caret, id.; be:{a e^ carhèd, caret a rahèd, on aimerait) ; M. Hingant
donne karjed, kar\ed, on aimerait (karfed, id.). On lit via vijet, qu'on fût,
Histoariou, 214 ; hon trétjet (vous ne pensiez pas) qu'on nous traiterait,
Moys. 1)6, ma teujet da vouga (j'ai ordonné) qu'on étouffât, 166 (cf. § 51);
a dlejet da garet, qu'on aurait dû aimer, Jac. 5, ar brava a oufjet dagavet. le
plus beau qu'on pût trouver, 82 ; ma adorjet (pour) qu'on adorât, P. m. E.
anc. 6, a voiiijet da velct, (le plus brave) qu'on eût pu voir, 157; et même
neb a velchet, on eût vu (mélange de neb a veiche et de a velchet), Kimiad (Le
Borgne), p. 6, moy. br. carset, on eût aimé, etc.
2. L'inf. karédeur « être aimé », cité dans une addition à la Gram. de
Le Gon., 2^ éd., 37, et dans la Gram. dtBreurie^ Brei^, 1847, p. 31, provient
sans doute d'une méprise. Kared eur veut dire « on est aimé », Gon., Gram.,
166, 2^ éd., 54; M. de la Villemarqué aura pris trop à la lettre Texpression
« le verbe kared eur », comme nous disons « le verbe sum » pour « le verbe
être », en latin. C'est ainsi que Quiquer, éd. 1690, p. 168, traduit « y
avoir » par bea eus, qui signifie « il y a ».
Etudes bretonnes. 485
pour la terminaison caroch, queroch, vous aimerez, Grég.,
Grain., 118, reoc'h, vous ferez, Troude, \. futur; e c'halloc'b,
vous pourrez, Peng., I, 210, keiiicroc'h, vous prendrez, II, m ;
vezpc'h, vous serez, Jac. 31, Moys. 154, voch, 307, Jac. 57,
58, ràncoch, vous devrez, Moj'j-. 219; lakcoch, Can... anhent-
ouarn, str. 7, etc. ^
Le vannetais a la forme -hoh, -ehoh, intermédiaire entre -oc h
et -foch; mais elle a le sens du conditionnel : pe vehoh, si vous
étiez, B. er s., 47, é cas ma vehoh, en cas que .vous soyez, 5,
pe vcnnehoh, si vous vouliez, etc. Cf. mar harforc'h, si vous
vouliez, Peng., III, 163 ; mar deufoc'h, si vous veniez, II, 259;
mar veoc'h (i syll.) kontant, si vous êtes content, si vous
voulez bien, G. B. L, I, 252. Faut-il identifier ces formes au
comique ina na veugh, pour que vous ne soyez pas, et au gall.
pei mynnezuch, si vous voulez ?
81. La première pers. pi. du futur, analogue à -feet, est
-feonip : awelfcomp, nous verrons, Histoar. 194, leinfeomp, nous
dînerons, 11, cf. veonip, nous serons, 233, G. B. I., I, 178;
en petit Trég. karfeoni, nous aimerons, etc., et aussi oiivefeom,
nous saurons.
En regard de -fot, on a -fomp : rcjomp, nous ferons, en
1779, Rev. Celt., XI, 181 ; laqcfomp, nous mettrons, Pev. m.
Em., anc. 243, ma voefomp, que nous sachions, 370; en em
divertisfomp , nous nous divertirons, MeuL qiieg. 15 ; pagarfomp,
quand nous voudrons, Moys. 163, paguerfomp, 183, ma kousk-
fomp, que nous dormions, G. B. L, I, 254, ma\ iefomp, que
nous allions, 458, naiefomp ket, nous n'irons pas, 366, etc., cf.
ken vomp, jusqu'à ce que nous soyons, 108 (moy. br. quef-
fomp, nous trouverons, de qiiev-homp, cf. labourhomp, nous
travaillerons).
De même à la 3^ pers. pi. -font : refont, ils feront, Pev. m.
Em., anc. 32, e vefont, ils seront, Luc, XII, 20, trad. de Le-
I . Dans ra c'houioc'h, sachez, T. Ger., 67, cette terminaison de présent-
prétérit est employée comme futur-subjonctif. L'indicatif fait fonction d'ira-
pératif-subjonctif dans plich gant Doue e vise deut « pleust a Dieu qu'il fust
venu », Maun., Did. fr.-hr., c'est encore une explication possible de chom
et de n'em convertis, Rev. Celt., XI, 97, 100.
Revue Celtique, XI 32
486 E. Ernault.
coat; na oelfont ket (dites-leur) de ne pas pleurer, G. B. I.,
I, 8, etc., cf. vont, lisseront, 36.
Il y a aussi -fitnp : lavarfimp, nous dirons, Insiructionou
christen, Quimper, 1824, p. 306; errufinip, nous arriverons,
Kanaoucnuoii, Saint-Brieuc, 1842, p. 94, ma ho prallefiinp-ni,
pour que nous les mettions en branle, Bar:^. Br., 284^. Cf.
rcceffiinp, nous recevrons, Introd. 238 = recev-h-'unp ; pa var-
fiiiip, quand nous mourrons, Iiislr. var ... ar Rosera, par Le
Bris, p. 337 (Javarrimp, nous dirons, 206, ve:^:{iinp, nous se-
rons, 444, ma toiiquimp, que nous portions. An horolach a
hassion, Le Bris, 1725, p. 19, etc. ; Rev. Celt., XI, no) et à
la 3"' pcrs. -fini, -Joint , -foink : dispignfint , ils dépenseront, Ins-
tructionou, 137; sellfoïnk, ils regarderont, Quellien, 170; nal-
foint, ils ne pourront, Y. Hernot, Kelenmuiuir~, chez H. Man-
ger, p. 5 ; ma tcu Joint, qu'ils viendront, Guill. 181 5, p. 7,
cf. voint, Sj (ye:(oïnt, ^^,ve^int, ')0);petoïnt, qu'ils prient, 97;
pa garrint, Refl. 269, mavellint, 399; ve:(:^int, 130, etc. Le
rapport de -font à -foint a été imité au prétérit : klcojoink, ils
entendirent, Peng.,TV, 15.
L'/ a pénétré aussi la forme indéfinie : ma vclfor, où on
verra, P. m. Em., anc. 201, m'o banavefer, pour qu'on les re-
connaisse, 231, c teiifcr, 296, e c'houlenfer, on demandera,
Luc, XII, 48, Lecoat, cf. moy. br. achifJjcr, achcjheur, on
achèvera; c c'hanavcssor, on connaîtra. Mis mae, 1836, p. 406,
vihor, vior, on sera, § 11, etc. -.
Le singulier, au contraire, ne présente 1/ que dans les com-
1 . Pour Ve ajouté, cf, § 49, 50, et rankcfet, vous devrez, Kiviiad (de
Proux), v^ Goftic, I, = reiiJ>:fct-l}u, Bomhard Kerne, 16; ejotcfe din, je vou-
drais, 0)ans. . . . var . . . ar hreiel, par L. ar Pouenot, de Gourin, chez J.
Haslé, p. 3. La même addition a lieu parfois dans les formes sans/; e var-
wehei, tu mourras, Livr et lab., 32, e gaveo, il trouvera, etc., Ikv. Celt.,
XI, 186, 187; caveot, vous trouverez, Devocion d'ar g. s., Saint-Brieuc,
18) 1, p. 143, revuseot, vous refuserez, 149, na hermeteot, 146, etc.; lîovie-
reouint, ils prendront, Mêlusine, III, 477.
2. La terminaison -or devient donc, par diverses analogies, -hor, -for et
-yor (§ 10, fin) Cette dernière forme est rare, tandis que l'actif -yo est des
plus fréquents et tend même à élargir ses limites rigoureuses (aiiooio, ilces-
sera, Ar fei:^hag ar vro, 240, au lieu de ar^avo, cf. hanoiou et Jmiivou, noms).
Régulièrement, -or s'ajoute au même radical que le suffixe -cr du présent:
reor, on fera, cor, on ira, Gr. v. on; coveçiaor, on se confessera, v. devant,
ne :{iioloor, on ne découvrira, v. cacher, etc.
Etudes bretonnes. 487
posés du verbe être: e oufei, je saurai, Histoar. 190; m difou,
il aura, 24, 233, goujco, il saura, Quellien, 86, etc. On lit
pourtant raparfo, il réparera (ou réparerait), Peiig., IV, 97.
82. Il y a des cas où l'on peut remplacer le conditionnel
par l'imparfliit : ma oann chomuict, si j'étais resté, G. B. I., I,
190, = ma vijenn bet chommet, ibid.; ma oufcnn ... oann et, si
je savais, j'irais (litt. si je saurais, j'étais allé), . G. B. I., I,
164; penamet out ... 'moa, n'était que tu es ... j'aurais, 6G;
m'am bije ... na oac'h ht hct, si j'avais ... nous n'auriez pas
été, II, 22 ; ma vijtiit ganin brcinan me m boa ho briated, si je
les avais maintenant, je les embrasserais, I, 360; panamet res-
pecti ... am boa, si je ne respectais ... j'aurais (déjà), 200; ma
karjach bout laret ... Jjo poa, si vous aviez voulu dire ... vous
auriez (sauvé votre vie), 466; ma vijenn ... n' poa ht, si
j'étais ... vous n'auriez pas, 414. Il en est de même en fran-
çais : « Si la noblesse eût accepté, le Tiers restait seul contre
deux », Michelet ^
On comprend donc que en dcfe, il aurait, ait fait donner à
en devoa, il avait, il aurait, une variante en defoa ; de même
dlefoa, il devait, il devrait, etc. (§ 60).
D'un autre côté, l'imparfait touche au prétérit, dans le
verbe être ; en defoa a amené en defoe, il eut, à côté de en devoe.
Le changement de v en / a lieu, du reste, assez souvent,
dans le simple voa, il était, voe, il fut, etc., et aussi ve, Userait,
sous l'influence de la particule e pour e^.
E. Ernault.
I . Cf. Grammaire de la langue française d'après de nouveaux principes
concernant les temps des verbes et leur emploi, par le D^ I -M. Rabbi-
nowicz, Paris, 1886, p. 120. Je doute qu'on dise comme l'indique l'auteur
« si j'eusse eu le livre, je l'avais lu », phrase plus bretonne que française.
D'après ses propres exemples (note 3), il faudrait « je le lisais ». Cf. « S'il
(Napoléon l") eût enlevé Saint-Jean d'Acre, ... il opérait une révolution
dans l'Orient » Mémorial de S^'^-Hêlciie, II, 438.
MÉLANGES
I.
LES NOMS DE LIEU GAULOIS EN FRANCE
DANS LE ROUSSILLON
M. B, Alart, archiviste du département des Pyrénées-
Orientales, a fait paraître en 1880, sous le titre de Cartulaire
Rous sillonnai s, un recueil de quatre-vingt-dix chartes, la plus
ancienne de 865 et la plus récente de 1106. Les noms
d'hommes masculins gothiques faibles en -a, -ane comme
Atila, Dadila, Oliha, Sindila, Fiva~a, Fiti:(a, donnent à ces
documents une sorte de goût de terroir qui les distingue des
textes plus septentrionaux où domine la désinence mascuHne
franque -0, -one.
Un autre caractère des régions méridionales de la Gaule se
retrouve ici : la rareté des noms de lieu en -acus ; nous n'en
avons remarqué que trois : i}i Carriago, in Erbisago dans
une charte de l'armée 1024^; Fulpiliago en 1067 2. Carriago
suppose un gentilice Carrius variante de Carius bien connu.
Cette variante nous est ofierte avec emploi de cognomen dans
l'Italie du nord, par l'épitaphe Valeriae T[iti] f[ihae] Carriaeî.
Erbisiago dérive d'un gentilice Erbessius dérivé d'Erbessus^
nom d'une ville de Sicile. Ce gentilice est attesté par le nom
1. p. 44-45.
2. p. 71.
3. C. /. L., V, 2459- , . ,
4. 'Epôsaad;, 'Epossao;, 'EpÔTiuao';, "EpêTjao;, De-Vit, Onomasticon,
t. III, p. 343.
Mélanges. s 489
d'Herbisse (Aube) au xii^ siècle Erbicia^. Vulpiliago dérive
d'un gentilice *Vulpilius dérivé de vuJpcs « renard ».
Les noms de lieu en -anus apparaissent en beaucoup plus
grand nombre que ceux en -acus. Tels sont Aguliana (p, 7),
Albinianus (p. 8), Aurelianus (p. 81) avec la variante gra-
phique Orelianus (p. 75), Corndianus (p. 46, 47, 77, 114,
121, 124), Faulianus (p. 32) avec la variante Folianus
(p. 55, 72, 79), Lupianus (p. 24, 48), Pccilianus (p. 118,
121, 128), Pedilianus (p. 30) pour Petilianus, Porcinianus
(p. 43), Santianus (p. 71), Taurinianus (p. 56). Ces noms en
-anus ne peuvent se reconnaître dans la langue moderne
qu'avec une attention particulière, car aujourd'hui Vu est
tombé et la finale primitive ne se distingue que par l'accen-
tuation de l'a : Cornellià de Cornelianus, Fulhà de
Folianus, etc.
Les noms en -anus que nous venons de donner sont au
nombre de onze contre trois en -ciga, -agus ipouv-aca, -acus.
Il nous reste à en citer un douzième qui nous semble le plus
intéressant.
Il nous est conservé par une charte de l'année 1066. C'est
Sego-dannianus : de villa Segodanniano (p. 69), aujourd'hui
Serdynià (Pyrénées-Orientales). Il dérive d'un gentilice Sego-
dannius dérivé lui-même du nom gaulois Sego-danno-s.
Sego-danno-s est composé de deux éléments bien connus.
Le premier terme, sego-, qui désigne « l'acte d'atteindre et
de vaincre », existe dans les composés Sego-vesus, mentionné
par Tite Live et par une inscription d'Espagne, et dans le
nom de peuple Sego-vellauni, dans les noms de villes Sego-
bodiuni, Sego-hriga, Sego-dunum, Sego-rigium, etc.
Le second terme danno- se reconnaît dans le cognomen
Dannus conservé par une inscription de la Prusse rhénane^.
On trouve aussi damio- comme premier terme dans plusieurs
composés. Nous citerons Danno-marus à Nîmes 3 et
Danno-talo-s dans l'inscription gauloise d'Alise Sainte-Reine,
1. Boutiot et Socard, Dictionnaire topographique de l'Aube, p. 76.
2. Brambach, 754.
^.C.I.L., XII, 3884.
490 Mélanges.
Côte-d'Or' ; le féminin Dano-tala pour Danno-tala a été
relevé dans une inscription de Saint-Privat, Gard. Tout le
monde sait que ce même nom écrit en caractères étrusques,
Tanotalos, se trouve en Italie dans l'inscription gauloise de
Briona près Novare-. Le thème danno- a donné un dérivé
Dannius. On a relevé à Saint-Jean-en-Royans (Drôme) une
dédicace à Mercure par Dannia Martinaî. Ici Dannia est
un gentilice. Le masculin Danius, variante de Dannius, est
encore un gentilice dans une inscription de Borgo S. Dalmazo,
Piémont, province de Cuneo 4,
Le gentilice Dannius confirme l'existence du gentilice
Sego-dannius que nous concluons du dérivé Segodannianus,
aujourd'hui Serdinyà, Pyrénées-Orientales.
On peut admettre que dànnio-s a été en gaulois une va-
riante de dânio-s ; dânio-s serait identique au moyen irlandais
dâna = dâne = dânio-s « audacieux, hardi )■>>. Sego-
dannio-s aurait signifié en gaulois « hardi dans l'attaque victo-
rieuse », « dans la victoire ».
H. d'Arbois de Jubainville.
II.
SAINT BRANWALATR
Saint Branwalatr, honoré à Jersey sous le nom de Saint
Brelade, dans l'évèché de Dol sous celui de Saint Broladre,
a aussi donné son nom à Loc-Brevalaire (J. Loth, Les ancicjines
litanies des saints de Bretagne, Revue Celt., XI, 139). Il n'est
pas autrement connu. Je relève son nom dans une pubhcation
récente: Die Heiligen Englands, von Liebermann, Hannover,
1. Lejay, Inscriptions antiques de la Côte-d'Or, p. 18.
2. C. I. L., t. V, p. 719. Whitley Stokes dans Beitràge 7ur Ktinde der
indogermanischen Sprachen, t. XI, p. 116.
3. C. I. L., XII, 2215.
4. C. I. L., V, 7850.
5. Le génitif de dâna est dàni, ddnai, Whitley Stokes, On the Calendar
of Oengus, p . CCXL.
Mélanges. 49 1
1889. C'est la réédition d'un opuscule sur les saints anglo-
saxons, composé, au moins pour la partie qui m'intéresse ici,
au xi^ siècle. L'auteur met en regard de la version latine deux
versions anglo-saxonnes, désignées l'une par la lettre C, l'autre
par S.
C est un manuscrit du Corpus Christi Collège de Cambridge,
n°20i4 p. 147-15 1, écrit entre 1050 et 1075. S de la collec-
tion Stowe du British Musaeum, n°96o ^°, f. 58, a été écrit au
commencement du xi^ siècle. Les seuls saints bretons men-
tionnés sont saint Melorius enterré à Ambresbyrig (Amesbury,
Wilts) ; saint Congarus enterré à Cungresbyrig (Congresbury) ;
saint Petrocus, enterré près du bras de mer de Hcegehniitha
(Eglemouth ; Petroc a été enterré à Padstow, Cornwal); saint
Judoc enterré avec Grimbald à Niweminster (Newminster à
Winchester); enfin saint Braiviualatr à Middeltun (Milton).
Pour les sources des vies de saint Meloir, saint ludoc, saint
Petroc, V. J. Loth, L'émigration bretonne, app. ; cf. Hardy,
Descriptive catalogue, vol. I, p. art. L Petroc a laissé son nom à
plusieurs lieux en Armorique, notamment à Saint- Perreux ;
Meloir également, mais ce saint a dû être confondu avec un
autre saint breton insulaire, ou plutôt sa légende insulaire est
entièrement fabuleuse. Saint Congar a donné son nom à
Saint-Congar, Morbihan. Grimbald est un moine de Saint-
Bertin appelé par Alfred le Grand; il devint abbé de Newmins-
ter à Winchester et mourut vers 903 (Hardy, Descript. Catal.,
\, p. II). C'est lui qui a dû apporter à Winchester une partie
des reliques de Saint ludoc, lesquelles, suivant des documents
respectables, seraient partie à Saint-Martin de Parnes, en
Vexin, près de Magni ; partie à Saint-Josse, à l'embouchure
de laCanche (Dom Lobineau, Vies des Saints). ludoc alaissé son
nom à Lohuxec en Plougras, évêché de Tréguier, écrit aussi
Loc-Judet, lisez Loc-Judoc. Pour saint Branivalatr, la version
latine porte simplement : Sanctus que Braniualator episcopus
in loco qui dicitur Mideltune. — C est plus explicite : Thonne
is on Middeltune sancte Brangwalatoris héafod, biscopes, and
smcti Sanisones earm, biscopes and bis cricc : « Est à Milton le
chef de saint Brangwalator, évèque, et le bras de saint Samson
évêque, ainsi que sa crosse. « S dit simplement que sanctus
492 Mélanges.
Branwalatrus repose au monastère de Mil ton, et ne men-
tionne pas saint Samson. Il est assez probable que les reliques
de Branwalatr ont été apportées en Angleterre par les moines
armoricains fuyant les Normands au x^ siècle. Athelstan était
très friand de pareils cadeaux. La lettre du préposé à l'évèché
de Dol, Rohbodus, à Athelstan en l'absence de l'archevêque,
est très instructive à ce point de vue. Il invoque sa protection
et lui expédie les reliques de : Sancti Scnaîoris, sancii Paterni
et du maître de ce dernier Sancti Scubilionis (Migne, Patrologie
ij<^, p. 1106). Branwalatr a été probablement évêque de Dol.
J. LoTH.
m.
LA CONVERSION DE MAELSUTHAIN
La pièce qui occupe le fol. 44 v° du mss. fonds Celtique
n° I, et qui a été publiée d'après un autre mss. par O'Curry,
Mss. Materials, p. 529-531, avec une traduction, p. 77-79;,
contient un récit légendaire concernant Mael-suthain, Httéra-
lement « Esclave de l'Eternel »^, confesseur, ou directeur de
conscience du célèbre roi d'Irlande Brian Boroimhe au com-
mencement du onzième siècle. Cet ecclésiastique était peu
recommandable : professeur, il interpolait les canons ; prêtre il
avait de mauvaises mœurs, et il ne récitait jamais l'hymne
Altus. Trois ans et demi avant sa mort une apparition mer-
veilleuse amena sa conversion. Suivant le texte publié par
O'Curry voici en quoi cette conversion consista : Maelsuthain
cessa d'interpoler les canons, il s'imposa la règle de faire cent
génuflexions par jour, de chanter l'hymne Altus sept fois
chaque nuit, de jeûner trois fois par semaine: on ne voit pas
qu'il ait changé de moeurs. Mais le ms. de Paris nous apprend
qu'il y a une lacune dans le texte d'O'Curry: Maelsuthain
résolut de ne former de liaison avec aucune femme mariée tant
I. En traduisant son nom par Calvus Pcrennis, Maelsuthain a commis
n contresens. Voyez Mss. Materials, p. 653-654.
Mélanges. 49 5
qu'il vivrait^ et de chanter tous les jours le psautier en entier*.
« Ni coimrec fri mnâi ihir, cen-ber béo; gebat dono saltair
cech lâi ». (Fonds celtique n° i, fol. 44 v°, col. 2, ligue 29-30).
H. d'Arbois de Jubainville.
IV.
LOANWORDS IN EARLY IRISH
The loanwords collected in the following lists hâve not,
as far asi know, been noticed before. They will serve a three-
fold purpose, as witnesses to the extent and character of fo-
reign influence on Irish, as illustrations of phonetic laws,
and as contributions to Irish lexicography.
I. From old norse.
ârmann m. officer. Ace. armand an dûin, FM. riyo, p. 1176.
Plur. Nom. armainn .i. oificcigh, O'Cl. From ârmami, the
oblique form oiàrmadhr « steward ».
canarad boats : is annsin ro gabustar an laechrad sin a lesugud
a long 7 a luathglanad a laigeang 7 a niamadh a naitheadh
7 a dubadh a m-barc^ 7 a picead a primlong 7 a cearta-
chad a canarad, Stowe D, 4. 2, fo. 66^, i. Evidently a col-
lective formed from *cana, Dan. kane. For the formation
cf. cumarad sorroius, from cuma : intan dobatar fon cu-
maraidh sin, Stowe D. 4. 2, fo. 51'*, 2.
cnar m. a ship. Collective : re cnarradhaibh, Moy Leana
p. 48 1. 6. From hiôrr m. « a mercantile vessel ».
callaire m. a crier, herald. Gen. guth in challari, LBr. 134 a, 51.
tre guth collaire no m.x^ir, H. 2. 17, p. 400^'. Plur.
callaireda, LBr. 133'', 55. ¥rom kallari.
est a horse. adastar .i. comsuidiugh[ud] o ilrannaib fil ann
.i. adh 7 est 7 or .i. adh doni iss adus, est .i. ech 7 or .i.
mogg .i. comad si in mong- in e[i]ch seachus im a cend
« adastar » « halter », i. e. a compound of many parts is
I. MS. andbarc. 2. MS. moing
494 Mélanges.
therein, viz. adh and est and or, viz. adh from adus « fit w'',
est « horse », and or « mane », viz. it is the mane of the
horse that passes round his head, H. 3. 18, p. 64 a.
From hestr.
mangaire m, a ynongcr, trader. O'R. Hence mangairecht,
LL. 38a, 27. From mani^ari.
marggf. march, boundary. Dat. for mairgLagen, LL. 222 a, 53.
Gen. dolluid co Temraig margi « he went to Tara of the
march », LL. 202''. From mork f.
margg f, a mark of money . lx. marg d'airgead bruinnti « sixty
marks of smelted silver », Tigern. A. D. 1156. From
77iôrk f.
marggad m. marhet. See Tog. Tr. Lid. môrmargad gl.
nundinae, Ir. GL 327. From marhadhr.
mattal m. a mantJe. Nom. mattal cethirbennach corccra,
LBr. 148 a, 37. a mattal fillte, ib. 41. Plur. deich matail,
Hy Many, p. 92. From mottull m.
Northmann a Nori^egian. LL. 171'', 49. From Nordhinadhr.
Viskavkiwl ftsber-carl . co dunud na Piscarcarla, LL 172% 5.
For fiska-harl. p for/ as in the proper name Plat = O. N.
Flatrport = Fr. fort, ph'ir = Engl. flour, mod. conipôrtach
= comjor table, etc.
sadall m. a saddle. Nom. sadall mx^thla for a muin,
LBr. 217 c, 52. Dat. cona saduU blongi « with his saddle
of lard », ib. 218^, 6. Plur. Gen. coica sadall corcra,
LL 253 a. Vi'om sôd bu II m.
sceir f. a sbarp roc'k in tbc sca. O'R. From sker n. Gen. skerja.
Sciggire //a' Faroe islanders. LL. 172a, 5. From the Plur.
skcggjar. See Clcasby- Vigf. s. v. skeggi.
scut m. //;(' stcni. Plur. Gen. freagartha na dtonn ag agallmhadh
nasgûd agas na sgiamhthosach « the responses of the waves
conversing with the sterns and the beautiful prows »,
Moy Leana p. 44, 1. 34. From skidr m.
scùta f. a cutter. Plur. Nom. a sgùdadha sleamhna, Moy
Leana p. 44, 1. 24. From sknta f. « a small craft or cutter ».
I. Cf. aJas gl. non sine rationc, Sg.i6 a. bid adas dait, LU. 67a, 56.
adhas .i. maith, O'Cl W addas.
Mélanges. 49 ji
sniding m. a villain. Cog. G. G. p. 174, 1. 22. From nîdhingr
with prosthetic s. This identification is due to Stokes.
stag the stay of a ship. Cath Finntr. 50. From stag n.
simiT {.ahelm, rudder. Moy Leana, p. 86, 1. 7, Hence stiûraim
/ steer, direct, Atkinson Ho m. Ind. From styri n.
stôl m. a stool. Nom. oenstôl becc, LBr. 134b, 25. enstol
bec cruind for Idr in tigi, ib. 134 a, 42. From stôll m.
topp m. tuft, crest. métigthir tri rigtecli for lasad cech
topp tened ticced esti (of a cornet), LBr. 152 a, 25. From
toppr m.
Kuno Meyer.
V.
SUR UN PASSAGE DU MABINOGI DE KULHWCH
ET OLWEN
Le père de Kulhwch conseille à son fils, pour faciliter son
mariage avec Olwen, d'aller trouver son cousin Arthur, et de lui
demander de lui couper les cheveux (Mabinog., éd. Rhys-Evans,
p. 102, 1. II). A ce propos, lady gharlotte Guest fait remar-
quer, d'après la Cychpaedia de Rees, que la coutume au
VIII* siècle encore, dans les familles de marque, était de faire
couper pour lapremière fois les cheveux de leurs enfants par des
personnes qu'elles avaient en estime particulière: ces personnes
devenaient comme les pères spirituels ou parrains desenfanis.
g'est ainsi que gonstantin envoya au pape les cheveux de son
fils Héraclius, comme un gage qu'il désirait faire de lui, pour
FleracHus, un père adoptif. Dans ma traduction des Mahin., I,
p. 190, note 4, j'ai prouvé par un curieux exemple que cette
opération n'était pas destinée dans l'origine à faire d'un enfant
un fils spirituel, mais qu'elle était réservée au père ou aux
parents ou plus exactement au père réel ou au père adoptif.
get exemple est tiré de Nennius. Guortigern ayant eu un
fils de sa propre fille, la pousse à aller porter l'enfant à Ger-
main, en disant qu'il était l'enfant du saint évêque. Germain
dit à l'enfant : Paler tibiero, necte permittain iiisi novacula cumfor-
cipe et pectine detur, et ad patron tuiini carnaleni tibi dare liceat.
L'enflmt va droit à Guortigern et lui dit : « Pater meus es tu,
496 Mélanges.
caput meum tonde, et comam capitis mei pecte ÇHistor., XXXIX).
Le même usage a existé chez les Germains. Lamprecht {Etudes
économiques sur l'élat de la France pendant la première partie du
moyen âge, trad. Marignan, p. 49), s'appuyant sur divers
textes, établit que « che'^ les Francs la chevelure était l'ex-
pression symbolique de la miriorité: aussi était-il besoin pour les
couper du consentement des parents. » C'était le signe de
l'adoption (Wackernagel, Kleine Schriften, I, 14). Couper
les cheveux d'une jeune fille, ajoute Lamprecht, constituait
un délit sévèrement puni. Elle ne les coupait qu'au moment
de son mariage.
J. LOTH.
VL
VICUS ARTIACUS
EN ITALIE PRÈS DE VERONE
A la nomenclature des noms de lieu dont la forme primitive
est Artiacus ou Artiaca et qui sont cités dans la Revue Celti-
que, t. X, p. 161-162, on peut ajouter le vicus Artiacus
mentionné en 737, dans une charte de l'église Saint-Zénon
de Vérone. Cette charte a été publiée par Maffei, Verona
illustrata, 1732, édition in-4°, t. I, preuves, p. 46.
H. D'A. DE J.
CORRESPONDANCE
Saint-Germain, 29 Juillet 1890.
Cher maître,
Voici une petite nouvelle pour votre chronique. La Revue
celtique (t. II, p. 285) a annoncé la découverte en Asie
Mineure d'une inscription relative à Brogitaros tétrarque des
Galates Trocmes (cf. van Geldern, p. 254). J'ai fait venir un
très bon estampage de ce texte, actuellement encastré dans le
mur d'une mosquée à Guzel-Hissar en Eolide, entre Cymé et
Myrina, et notre atelier en a tiré un moulage qui est exposé
depuis peu (salle des Galates).
Autre chose. En réponse à ma lettre du 22 février, vous
avez écrit (Revue celtique, t. XI, p. 227) : « Si le passage de
César (VI, 17) avait été présent à la mémoire de M. Fustel de
Coulanges, c'est avec le sens de statue que le mot de simulacra
se serait présenté à son esprit. »
J'avais soutenu le contraire, mais d'instinct seulement ; en
vérité, comme l'a dit quelque part Letronne, je n'en savais
rien, mais j'en étais sûr. Or, en lisant la collection de la
Revue celtique, je suis tombé (t. IV, p. 49) sur un passage d'un
article de Fustel où ce savant cite le texte de César (VI, 17)
et ajoute : « Il est vrai que le mot simulacrum ne désigne pas
toujours formellement une statue. » Cette observation est le
point de départ de toute la théorie que je vous ai soumise et
à laquelle vous avez paru donner votre approbation. Ainsi,
non seulement Fustel n'ignorait pas le passage de César, mais
il avait des doutes légitimes, qui sont allés en s'accentuant,
sur l'interprétation traditionnelle donnée au mot principal de
ce texte.
Respectueusement à vous,
Salomon Rbinach.
CHRONIQUE
SOMMAIRE: I. La bibliothèque de William M. Hennessy. — II. La grammaire des
langues romanes de M. VVillielm Meyer-Lûbke. — III. L'ethnographie la plus an-
cienne des Iles-Britanniques, par M. Rhys dans la Scottish Review. — IV. Le se-
cond volume de l'édition 'du Livre Rouge de Hergest par MM. Rhys et Gweaogfryn
Evans. — V. L'epitaphe de Bricoma^^los et celle de Vetta f. Victi dans l'ArchiCO-
logia Cambrensis. — VI. Les index du dictionnaire étymologique allemand de
M. Kluge par M. Vincent Franz Janssen. — VII. La légende monétaire Antuberi.x
elles Antohroges d'après M. Maurice Prou. — Vlll. Le voyage de saint Brendan
et le conte de Sindbad, par M. de Goeje. — IX. Lausum dans Plaute a-t-il une cty-
mologie celtique. — X. Le néo-celtique glas « bleu » en latin et dans les dialectes
de l'Italie septentrionale. — XI. L'Eglise Saint- Patrice de Rouen. — Xil. Le pré-
sent consuetudinal et la troisième personne du singulier relative en-^jdans l'irlandais
moderne. — XIII. L'allée couverte des .Mureaux, Seine-et-Oise. — XIV. Les rois
et les brehons irlandais, par M. deKaydans \e Century ilhjstrated nionthly Magazine.
— XV. Critique par M. Zimmer du livre de M. Nutt sur la légende du saint Graal.
— XVI. Le ms. irlandais de Rennes et le ms. de Paris, Fonds celtique n° i. —
XVII. Les études celtiques dans la Revue des Deux-Mondes. — XVIII. Le journal
américain The Pilot de Boston, et le projet d'un dictionnaire irlandais. — XIX. Les
travaux celtiques de M. A. Coelho dans la Revista Archeologica de Portugal. —
XX. Une inscription ogamique de l'île de Man. — XXI. Bellesheim, Histoire de
r église catholique d'Irlande.
I.
La vente de la bibliothèque de William M. Hennessy a eu lieu les 26 et
27 juin dernier, comme nous l'avons annoncé. Elle a produit 305 livres,
soit 7,925 francs. Pour les imprimés, le prix a été en général fort conve-
nable. Hennessy ne possédait que des livres de valeur secondaire au point
de vue vénal. Les ouvrages qui atteignent dans les ventes des prix élevés,
ou manquaient complètement à sa bibliothèque, comme les National ma-
nuscripts of Ireland de M. Gilbert, ou s'y trouvaient incomplets comme les
Rerum hibernicarum scriptores d'O'Conor, et Colgan, Acta sanctorinn veteris
et majoris Scotiae seu Hiberniac. Ce qui montre qu'à Dublin le goût des
études qui ont pour objet la vieille langue irlandaise est cultivé, c'est le prix
qu'ont atteint les ouvrages modernes relatifs à cette langue. Ainsi un exem-
plaire de la seconde édition de Zeuss, Grammatica celtica, y compris le glos-
saire de MM. Gùierbock et Thurneysen, s'est vendu, grâce à des notes
marginales d'Hennessy, 3 livres 5 shilHngs, un peu plus de 80 francs. Une
collection incomplète des œuvres de M. Whitley Stokes qui, dans cette
Chronique. 499
vente, se présente comme le roi des celtistes modernes, a atteint 9 livres
12 shillings 6 pence, c'est-à-dire 240 fr. 60, tandis que par exemple le
recueil des œuvres de sir James Ware, édition de 1705, et édition Harris,
trois volumes in-folio, 1 706-1 745, s'est vendu seulement 6 livres 6 shillings,
ou 157 fr. 50. Les œuvres de la plupart des celtistes modernes se sont
maintenus à peu près dans les prix d'émission, ou, comme on dit, de
librairie. Ainsi, malgré des notes marginales de Hennessy, les KelHsche
Siudien et les Glossae hibernicae de M. Zimmer se sont vendus au total i livre
5 shillings 3 pence, c'est-à-dire 31 fr. 55 ; il paraît que le directeur de la
Revue Celtique, Jubainville, comme on dit à Dublin, a dans ce pays quelques
amis, car, sans notes d'Hennessy, ses œuvres celtiques ont été payées seu-
lement un franc cinquante-cinq de moins que les œuvres de M. Zimmer;
elles ont monté à i livre 4 shillings, c'est-à-dire 30 francs. Les publications
celtiques de M. Windisch ont, quoique incomplètes, été vendues 3 shillings
déplus que celles de M. Zimmer, i livre 8 schillings, soit 35 francs. Les
livres de MM. Ascoli, Kuno Meyer, R. Atkinson se sont aussi très bien
soutenus.
La dispersion de la bibliothèque d'un savant après sa mort est un événe-
ment pénible, mais c'est une loi générale et à peu près inévitable Les
amis du défunt sont donc bien obligés de prendre leur parti de ce partage
de ses dépouilles et c'est une idée avec laquelle leur esprit se familiarise
bientôt. Mais ce qui est particulièrement triste, c'est de voir sortir des
mains de la famille les manuscrits mêmes de l'auteur, ces manuscrits qui
lui ont coûté tant de fatigue, de jours, de mois, d'années et dont il n'a pas
tiré parti. Il est mort sans avoir pu faire imprimer, et d'autres plus heureux
accompliront la tâche qu'il avait rêvé d'accomplir et à laquelle n'ont suffi
ni ses forces, ni sa vie.
Les notes d'Hennessy sur certains volumes en ont beaucoup augmenté
le prix. Ainsi deux exemplaires du dictionnaire irlandais-anglais d'O'Reilly,
première édition, l'un incomplet, c'est-à-dire auquel manque la grammaire,
mais auquel on a ajouté le supplément d'O'Donovan, l'autre complet, mais
sans le supplément, ouvrages valant chacun environ une livre, 25 francs,
ont été vendus l'un 6 livres 15 shillings, c'est-à-dire 168 fr. 75, l'autre
6 livres 6 shillings, soit 157 fr. 50, grâce à ce qu'ils sont interfoliés et con-
tiennent un nombre considérable de notes manuscrites d'Hennessy.
Mais les copies de textes irlandais faites par Hennessy n'ont atteint que
des prix très médiocres.
Tainbô Cûalnge, 232 pages in-folio, 2 1. 10 s.
Vie tripartite de saint Patrice, copiée sur le manuscrit Rawlinson B. 512
de la bibliothèque Bodléienne d'Oxford et coUationnée sur le ms. Egerton
93 du Musée britannique, 162 pages in-folio, 11 s.
Martyrologe d'Oengtis copié sur le ms. bodléien Laud 6io, 117 pages in-
folio, 2 1. 2 s.
Généalogie de Mog Ruith, texte et traduction, 100 pages in-4, i8 s.
Généalogie du clan Neill, 40 pages in-4, lO s.
Index au Martyrologe d'Oengus, 5 s.
500 Chronique.
Uraictpt na n-eiges, traité de grammaire, 2 1.
Dinnsenchus de Mac Tuired, etc., in-4, 50 pages, 16 s. 6 d.
Mort de Ciîrot mac Daire d'après le ms. T. C. D., H. 2. 16 ; 8 s.
Senchas naomh Erend et autres extraits du Livre de Lecan, 2 s. 6 d.
Brishach Mhuighe Muirtheiinhne, 6 s.
Agallamh na senorach, i 1. i s.
Traité du Borama et bataille de Dunbolg copié sur le Livre de Leinster et
traduit, il. 12 s. 6 d.
Aventures de Cormac dans la terre de la promesse copié sur le Livre de Bal-
lymote avec traduction anglaise, 2 1. 7 s. 6 d.
Le voyage de Mael Duin, traduction anglaise d'après ItLebharna h-Uidhre^
I 1. I s.
Texte irlandais de la vte de saint Brendan d'après le livre de Lismore, i 1.
Copie de VAmhra Coluim-cille, de V Ambra Conroi et du Tegasg Cormaic,
1 1. I s., etc., etc.
Des manuscrits d'ODonovan, le seul qui ait atteint un prix un peu élevé
est sa copie des Annales d'Ulster dont le commencement seul est imprimé.
Cette copie a atteint 5 1. 10 s., soit 137 fr, 50. En général, les manuscrits
irlandais modernes ne sont pas chers. On sait que l'histoire d'Irlande de
Keating est inédite pour la plus grande partie. Or on a vendu 3 1. 3 s.,
78 fr. 75, un exemplaire de cette histoire d'une belle écriture, daté de 1666,
in-folio, relié en veau. Ce ms. a deux défauts; les quatre premières pages
manquant ont été remplacées par une copie récente et il y a une lacune dans
les généalogies placées à la fin.
Parmi les acquéreurs des livres de Hennessy on a remarqué la Royal Irish
Academy représentée par son savant bibliothécaire, M. J.-T. Gilbert. On
signale aussi l'évêque Reeves, si connu par tant de remarquables travaux,
M. Casimir O'Meagher, le P. E. Hogan S. J., etc.
IL
Nous avons annoncé déjà la traduction française par M. Rabiet de la
grammaire des langues romanes commencée à léna par M. Wilhelm Meyer-
Lùbke, aujourd'hui professeur à l'université de Vienne. Le second et der-
nier fascicule du tome I vient de paraître à la librairie H. Welter, rue Bo-
naparte, à Paris. Cette traduction sera bien accueilUe malgré quelques
singularités de style telles que l'aspiration de 1'/; du mot hiatus. Le titre
courant : suppression du hiatus, p. 321, semble avoir été imaginé pour donner
une idée claire du phénomène désagréable qu'il s'agit de faire disparaître.
Mais cette façon d'écrire contredit la règle posée un peu plus bas, p. 338:
« LV; avait complètement disparu, déjà vers la fin de la république, dans le
« langage du peuple ; un peu plus tard, dans celui des lettrés. Il n'en est
« point question dans les langues romanes ».
On trouve dans cet ouvrage une remarquable abondance de renseigne-
ments précis sur les principaux dialectes romans. Le passage où il est traité
du maintien de l'accent gaulois dans les langues romanes (p. 532) semble
Chronique. 501
être ce qui a été écrit de plus complet sur ce sujet. Il y a cependant ma-
tière à quelques critiques de détail. Ainsi, bien que la colonie romaine de
Pisaurtim, Pesaro, ait été conduite l'an 183 avant notre ère in Gallicum
agrum ', c'est-à-dire dans le territoire conquis sur les Senones un siècle plus
tôt, il n'est peut-être pas démontré que Pisaurum soit un mot gaulois. La
notation antique du nom de Bayeux n'est pas Bayé-casses, c'est Bodiô-
casses^, plus tard Baié-casses^. Vieux vient de Vida -casses A et non Vidio-
casses. L'accentuation d'Arles sur l'initiale s'explique sans difficulté si, tenant
compte de r.y final, on reconnaît dans ce nom français un nominatif singulier
masculin et si on le rattache au nominatif bas-latin Arelas :
Gallula Roma Arelas. . . 5.
« Abejus vocabulo praeter proprium nomen, quo Arelas vocitatur, Cons-
tantina nomen acceperit<i ».
Arras représente non pas Atrabetes comme le suppose M. Meyer, mais
Atrabatas 7.
m.
M. Rhys a continué dans la Scottish Review la publication de ses savantes
recherches sur l'histoire la plus ancienne des Iles-Britanniques. Dans le no
de juillet 1890, il a étudié un certain nombre de noms de personnes relevés
dans les textes néo-celtiques les plus anciens. On sait qu'un grand nombre
de noms de personnes celtiques, comme beaucoup de noms de personnes
grecs et germaniques, sont des composés de deux termes. Quelques noms
germaniques ont une forme hypocoristique dans laquelle apparaît seule-
ment, suivi d'un suffixe, le premier des deux termes. Le savant professeur
émet l'hvpothèse que le même phénomène se serait produit dans le monde
celtique ; ainsi Catuacus, plus tard Catawc, enfin Cadog, serait la forme
hypocoristique de Catu-maglos, plus tard Cat-mail, enfin Cadvaelen gallois
et qui signifie « prince de la bataille ». En effet, la vie de saint Cadog nous
apprend que le nom reçu au baptême par ce saint personnage était CatmailS.
Ce fait une fois établi, M. Rhys émet l'hypothèse que le génitif Cunegni
1 . Tite-Live, livre XXXIX, c. 44.
2. Pline, Hvre IV, § 107.
5 . Notitia civitatum et provinciarum Galliae, chez Longnon, Atlas histo-
rique de la France, p. 14.
4. Phne, livre IV, § 107.
5. Ausone, Clarae urbes, VIII, 2.
6 . Lettre des cvèques de Gaule au pape Léon le Grand chez Migne, Patro-
logia latina, t. LIV, col. 882.
7. Frédégaire, livre II, c. 45 ;éd. Krusch, p. 68, 1. 7. Cf. Civitas Atra-
batum d^ins la. Notitia civitatum et proi-inciaruni Galliae, chez Longnon, Atlas
historique de la France, p. 14.
8. Lavacro regenerationis filium tuum purificet, nomenque ejus Catmail
vocabitur. Rees, Lives of the Cambro-British saints, p. 25.
Revue Celtique, XI. 33
5 02 Chronique.
dans une épitaphe des environs de Carmarthen > doit être corrigé en Cu-
nigni dont le nominatif serait identique à l'irlandais Coinin, au gallois
Cynin et que ces formes sont des expressions familières tenant lieu de for-
mes plus solennelles telles que Cunocennos, Cunovalos, dont les génitifs
Cunocenni, Cunovali, se rencontrent dans les inscriptions chrétiennes les
plus anciennes du pays de Galles. Une autre désinence hvpocoristique est
-dn pour un plus ancien -agnos, au génitif -agni, exemple Mailagni dans
une inscription chrétienne 2 ; la forme moderne est Maelan et l'expression
solennelle est Maglo-cunos ; ou avec une orthographe plus moderne, Mail-
cun 4 Maelgwn, nom d'un roi de Gwynedd qui serait mort en 547.
Des noms plus récents ne sont ni des composés asyntactiques comme les
noms solennels dont nous venons de parler, ni des dérivés comme leurs
formes familières. Ce sont des composés syntactiques dont le second terme
est complément déterminatif du premier. Quelques-uns de ces noms sont
très intéressants en ce qu'ils contiennent un souvenir du paganisme. Tels
sont les noms irlandais Mog-neit et Mog-nuadat î signifiant l'un « esclave
de Neit », qui était un dieu de la guerre, l'autre, esclave deNuadu, d'une
autre divinité celtique transformée en roi par l'évhémérisme irlandais, mais
dont un temple a été trouvé en Grande-Bretagne.
Mog a un équivalent, c'est miel « chauve » et par extension « esclave » ;
de là les noms chrétiens de Mael-patraic, Mael-muire qui veulent dire « es-
clave de Patrice », « esclave de Marie ». Mdel a dû être employé à cet
usage dès l'époque païenne. Le nom picte Mael-beth ^ suivant M. Rhys si-
gnifie « esclave du chien ». En effet, croit-il, les sagas Scandinaves rendent
Mac-beth par Hunda-son, c'est-à-dire par « fils du chien ». Il s'agit là du
chien divinisé, et cette notion du chien divinisé suivant M. Rhys doit re-
monter aux races qui ont précédé les Celtes dans les Iles-Britanniques, car
heth (c chien » n'est pas un mot celtique. Cû, ki « chien » dans les noms
d'hommes néo-celtiques comme Cù-chulainn en Irlande, Tan-ki, Tannegui
dans la Bretagne française, exprimerait une idée religieuse pré-celtique.
Du nom du chien cû on ne peut séparer celui de la loutre, dohar-chû, c'est-
1. Hùbner, Inscriptiones Britanniae christianae, n° 232. Rhys, Lectures on
Welshphilohg-j, deuxième édition, p. 590.
2. Rhys, Lectures on JVclsh Philology, deuxième édition, p. 353.
3. Gildas, De excidio Britanniae, c. 33. Chez Giles, Historical documents
concerning ancient Britons, p. 248.
4. Annales Camhriae, éd. donnée par William ab Ithel, p. 4.
5 . Ces deux personnages dont le second est fils du premier figurent
dans le récit de la bataille de Mag Lemna qui aurait été Hvrée en l'an 187
de notre ère. Voyez Cath Miiige Leana, éd. d'O'Curry, p. 2 ; cf. p xvii.
6. Maelbaethe, dans la Chronique anglo-saxonne, en 103 1, chez Pétrie,
Monumenia historica britannica, p. 429; cf. Hcnrici Huntendiinensis historiae
Anglorum, 1. vi. ibid., p. 757 d. — Suivant M. Whitley Stokes, On the lin-
guistic value of the Irish Annals, p. 53, note, Mael-beth et Mac-beth sont de
mauvaises notations pour Mael-bethad, Mac-bdhad « Esclave de la vie »,
« Fils de la vie ».
Chronit^ue. 50 j
à-dire « chien d'eau »,et celui d\i\oup,fael-chu, c'est-à-dire « chien sauvage ».
M. Rhys signale un Gael d'Ecosse appelé Mac Dobarcon, c'est-à-dire fils de
la loutre », et une tribu d'Irlande en Leinster, celle des descendants de
Faelchu, c'est-à-dire du loup. Il croit que de cette appellation vient la
croyance à la lycanthropie, c'est-à-dire à la faculté pour certains hommes
de se changer en loup.
Au groupe considérable de noms d'homme celtiques dont le nom du
chien est un élément, M. Rhys rattache l'emploi du nom du renard comme
nom d'une tribu d'origine irlandaise, Cenél Loarn d'où aujourd'hui le nom du
marquisat de Lorn ; et le mot loarn, Lorn « renard » apparaît sous une forme
plus ancienne dans une inscription chrétienne du pays de Galles qui est
l'épitaphe d'Atemorus qualifié au génitif dçifili Lovernii 1. Le nom d'homme
Lovernius dérive de *}overtios « renard » et paraît signifier « fils du renard ».
Les idées qui ont donné naissance à tous ces noms remonteraient suivant
M. Rhys aux populations préaryennes de la Grande-Bretagne.
Il ne nous appartient pas de dire si cette thèse originale résistera à
l'épreuve de la critique. Est-il bien certain que les populations pré-aryennes
ont eu seules assez d'imagination pour découvrir des rapprochements entre
l'homme et des animaux et pour exprimer ces rapprochements par des noms
d'animaux donnés à des hommes ? Les noms d'hommes tirés de noms
d'animaux ne se trouvent pas seulement en Grande-Bretagne ni même dans
le monde celtique. Chez les Germains, hund « chien » se rencontre dans
quelques noms d'homme et le nom du chien sauvage, le loup, luoîf, primi-
tivement tvulfas, y est très fréquent soit à l'état isolé comme nom
d'homme, soit comme élément d'un nom d'homme composé dont il est pre-
mier ou second terme. Chez les Grecs, le mot Xj/.o; « loup » a donné nais-
sance à des dérivés employés comme noms d'homme, il est tantôt premier
terme, tantôt second terme de noms d'homme composés. Le gentilice romain
Caninius dérive de l'adjectif caninus dérivé lui-même de canis. On pourrait
citer nombre d'autres noms d'homme romains dont un nom d'animal est
l'élément fondamental. Tels sont Asinius, Porcins, Verres. Les noms d'ani-
maux Eber a sanglier », Bar « ours » tiennent une place considérable parmi
les éléments formatifs des noms d'homme germains. Nous citerons chez les
Grecs [îou; « bœuf ou vache », ir.Tzo- « cheval », Xewv « lion », o'-ç « brebis »,
xaûpo- « taureau » qui ont été employés au même usage. On n'a pas en-
core prouvé que l'idée mère des fables d'Esope soit étrangère à la race indo-
européenne.
J'espère qu'on verradans ces observations une preuve de l'importance que
j'attribue au savant mémoire de M. Rhys et du plaisir avec lequel je l'ai lu 2.
1, Hùbner, InscripiionesBritanniae ChrisHanae, n° 147.
2. On pourrait dresser une liste plus complète qu'il ne l'a fait de noms
d'hommes gaulois qui sont originairement des noms d'animaux. Amsi
Cattos, nom d'homme sur une monnaie gauloise de Lisieux, veut dire
« chat » ; et Lucoti-cnos sur une monnaie des Longostalètes veut dire « fils
de la souris ».
504 Chronicjue.
IV.
MM. Rhys et Gwenogfryn Evans viennent de faire paraître le second
volume de leur reproduction du Livre Rouge de Hergest. Je n'ai pas encore
reçu ce volume et je ne le connais que par le compte rendu qui en a
paru dans V Archaeologia Camhrensis du mois de juillet dernier. On y
voit que le tome II de cette édition du Red Book of Hergest contient six
morceaux : 1° le Brut y Brenhinoedd, « chronique des rois » publié sous le
nom de Brut Tysilio et de Brut G. ah Arthur dans la Mvfyrian Archacology
of Wales, édition de 1870, p. 434-476 ; 2° le Brut y Tyivysogion « chronique
des princes» publié en 1860 dans la collection du Maître des rôles par
John William Ab Ithel qui pour étabhr son texte a fait usage de quatre
manuscrits ; 3° le Brut y Saesson « histoire des Anglais », inédit; 4° un
court traité historique allant de Gwrtheyrn Gwrthenen au roi Jean ;
50 une traduction de l'histoire de Troie de Dares Phrygius ; 6° une liste
des cantref et des civmmwd du pays de Galles.
Le même numéro de V Archaeologia Camhrensis contient p. 234 une note
du docteur Bruce sur l'épitaphe de Brigo-maglos publiée dans le précédent
numéro de la Revue celtique. L'auteur termine son court mémoire en
parlant de l'épitaphe de Vetta f[ilius] Victi qui porte le numéro 211 dans
les Inscriptiones Britanniae christ ianae de M. Hûbner. M. Rhys (^Lectures on
IVelsh Philohgy, 2^ éd., p. 407) lit Vetta f[ilia] Victi. Suivant le docteur
Bruce, la lecture de M. Hùbner est la bonne et Vetta fils de Victus est
identique au Vitta Vecting qui d'après la chronique anglo-saxonne ' est le
grand-père de Hengest et de Horsa, chefs des premiers conquérants anglo-
saxons de la Grande Bretagne au milieu du v^ siècle. Pour ceux qui ad-
mettent que Hengest et Horsa ont été réellement deux rois de chair et
d'os, la seule difficulté que présente ce système est que l'épitaphe de Vetta
a été trouvée en Ecosse et non sur le continent, dans le pays habité avant
Hengest et Horsa par les Anglo-Saxons. Mais que diront ceux qui croient,
les uns, que Hengest et Horsa sont des personnages mythologiques comme
Woden leur premier aïeul, les autres, que Hengest et Horsa sont des
chevaux sacrés 2 ?
VL
Le dictionnaire étymologique de la langue allemande, Etymologisches
Wôrterhuch der deutschen Sprache de Friedrich Kluge vient d'être complété
1. Pétrie, Monutnenta historica hritannica, p. 299.
2. Simrock, Handucb der deutschen Mythologie, 5e éd., p. 171, 501.
Chroni(]Lie. 505
par un recueil d'index qui forme un volume in-80 de 285 pages : Ge-
samt-index ^u Khigc's Etymologischen Worterhuch der deutschen Sprache.
L'auteur est M. Vincent Franz Janssen. On y trouve, p. 82-85, un index
celtique qui pourra rendre de grands services. Je me bornerai à un exemple.
J'ai dit dans la précédente livraison que le second terme du nom gaulois
Petru-corii s'explique par l'irlandais cuire, « troupe ». L'irlandais cuire
« troupe » se trouve dans le livre de M. Janssen, p. 83, col. 2,
avec renvoi à l'allemand Heer, et YEtymohgisches JVorterlmch, 4e éd.,
p. 135, nous append que l'allemand Ht;c/-, en gothique harjis, suppose un
thème germanique primitif harja-. Or harja- zr corio- qui est le second
terme de Petru-corii. Petru-corii serait en allemand moderne die vier Heere
« les quatre armées ». Cf. le vieil irlandaie * han-chuire « troupe de fem-
mes » écrit b'aiichuri dans le Lebor na b-Uidre, Windisch, Irische Texte,
t. L p. 28s, 1. 18.
VIL
Dans le Bulletin de V Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de mars-
avril 1890 a paru un mémoire de M. Maurice Prou qui signale sur un tiers
de sou mérovingien la légende Antuberix. C'est un nom de lieu que
le jeune auteur rapproche d'un nom de peuple de la Gaule mentionné par
Pline, les Antohroges K Antuberix serait pour Antu-brix. On connaît la
variante grecque AXXo-|ïo'.y^î d'AUo-broges, forme adoptée par César et
par les autres écrivains latins.
VIIL
Les Actes du huitième congrès international des 'orientalistes tenu en
1889 à Stockolm et à. Christiania contiennent un mémoire de M. J. de Goeje
intitulé « La légende de saint Brendan » -. L'auteur y étudie les ressem-
blances entre le voyage de saint Brendan et une composition orientale, le
conte de Sindbad. Il montre une connaissance approfondie de la pièce
irlandaise et de ses rédactions, ainsi que des dissertations dont elle a été
l'objet. On aurait tort de demander un jugement définitif sur la question de
savoir quelle est l'origine du récit irlandais, ou dans quelle mesure le
conte oriental a pu exercer une influence sur quelques détails du conte
néo-celtique. Cette question est du nombre de celles sur lesquelles il
sera probablement longtemps encore difficile d'arriver à une solution qui
s'impose à tous les érudits.
IX.
Dans VArchiv Jilr Lateinischc Lexicographie, tome VII, p. 113,
M. Schuchardt pose la question de savoir si le mot lausuni, Plaute, Trucu-
1. Pline, livre IV, § 109, éd. Teubner-Janus, t. I, p. 179, 1. 35. Voyez
les variantes à la page lii.
2. Ce mémoire a été tiré à part. Leide, E. J. Brill, 1890, in-80, 56 p.
5o6 Chronique.
lentus, ne serait pas d'origine celtique. Il n'y a pas, dit-il, d'importance
particulière à attacher au nom de lieu Lonsanna, Lausanne. Il a, je crois,
raison ; Louscmna semble dériver d'un nom d'homme Louso-s qui a fourni
le premier terme du nom de lieu composé écrit au moyen âge Laiis-dunum,
aujourd'hui Loudun, et on a tiré du nom d'homme Louso-s le gentilice
romain Lausius i d'où le nom de lieu Laiisiacus.
UArchiv fiïr slavische Philologie de V. Jagic, tome XIII, p. 159, contient
une note de M. Schuchardt qui signale en ladin et dans les dialectes du
nord de l'Italie plusieurs dérivés du mot celtique devenu en irlandais, gal-
lois et breton glas « bleu, gris »; ce sont en \nia\n glcsene, dans le dialecte
du Trentin gidsene, et dans le dialecte de Brescia glasâ.
XI.
Les Proceedings de l'Académie royale d'Irlande, troisième série, vol. I,
p. 326-332, renferment un mémoire deM. J. Casimir O'Meagher ; l'auteur
a visité l'église Saint-Patrice de Rouen et y a remarqué plusieurs vitraux du
xvie siècle qui représentent des miracles du saint apôtre de l'Irlande tels
qu'ils sont écrits dans la Vie Tripartite et dans l'homélie sur saint Patrice
publiée d'après le Lcabhar Brcac par M. Whitley Stokes. La reproduction
photographique de ces vitraux serait une intéressante illustration des textes
précités.
XII.
Dans le même volume, p. 416-439, M. R. Atkinson a inséré un mémoire
sur le présent consuétudinal en -aiin et sur la troisième personne du
singulier relatif en -as de l'irlandais. C'est une contribution très inté-
ressante à l'histoire de l'Irlandais moderne. L'auteur voudrait assujettir
cette langue aux lois grammaticales qu'elle suivait au xviie siècle. Cette
ambition est moins élevée que celle des orateurs grecs qui prétendent
aujourd'hui parler la langue de Démosthènes. L'avenir dira si elle est réali-
sable.
XIII.
U Anthropologie, tome I, p. 158-186, contient un mémoire du docteur
Verneau sur l'allée couverte des Mureaux, Seine-et-Oise. Ce monument
mégalithique n'est point encore complètement déblayé ; la partie fouillée
a 9 mètres de long sur une largeur qui varie de 2 mètres 10 à i mètre 60 ;
la hauteur va de i mètre 60, à i mètre 65. C'était un tombeau où
I. De-Vit, Onomasticon, t. IV, p. 66.
CliTonicjue. 507
soixante cadavres avaient été inhumés. On y a recueilli de la poterie, un
grand nombre d'objets en silex et en os, mais on n'y a trouvé aucun objet
métallique.
XIV.
M. de Kay continue à New-York dans la revue The Century ilhistrated
monthly magasine, vol. XL, p. 294-304, juin 1890, ses études sur l'Irlande.
Son nouvel article est intitulé Irish Kings and Brchons II est orné de fort
jolis dessins représentant des boucliers, un casque, divers objets de toilette
et de parure, même un plan de Tara, et la réduction d'une page d'un
traité de droit. Cette page appartient au manuscrit H. 2. 15 du Collège de
la Trinité de Dublin ; l'auteur l'a empruntée au splendide ouvrage de
Gilbert, Facsimiles of national inannscripts of Irdaiid, 3^ partie, planche VIII.
C'est un fragment du traité de droit intitulé Cain Aigillne; le texte corres-
pondant se trouve dansAncicnt îaws ofircland, t. II, p. 328-338. M. de Kay
dans cet article traite de l'organisation politique irlandaise dont il paraît
bien connaître le caractère propre et les défauts. Son travail est une œuvre
utile, toutefois les linguistes admettront, je crois, difficilement les étymo-
logies esthoniennes et finnoises qu'il propose pour les noms des grandes
provinces d'Irlande.
XV.
Dans les Gottingische gelehrte An:(t'igen de juin dernier, M. Heinrich
Zimmer a consacré les quarante pages 488-528, à la critique du livre de
M. Alfred Nutt, Stndies on the legend of thii Hoh Grail wlth especial référence to
the liypothesis of Us CcUic origin. Par le développement de son compte rendu,
il donne une preuve de l'estime qu'il fait de cette publication en dépit des
formes dédaigneuses dont il se sert ici comme toujours quand il s'agit d'ap-
précier les travaux d'autrui.
XVI
L'Acadcmy du 26 juillet contient, p. 72-73, un article de M. Whitley
Stokes intitulé : Notes front. Rennes. Le savant auteur s'y occupe principa-
lement du manuscrit irlandais de Rennes. On sait que ce manuscrit a été
décrit par Todd, Procecdings of the Royal Irish Acadeniy, Irish Manuscrits
Séries, vol. I, p. 66-81. M. W. St. signale dans cette description plusieurs
fautes de lecture et des lacunes. Ainsi Todd n'a rien dit de l'histoire
biblique qui occupe les fos 27 /' 2 — 43 rt i, ni de la légende de saint
Brendan, p. 74 a 2. Le traité religieux sans intérêt historique, of no hislo-
rical interest, qui suivant Todd, p. 7 , se trouve au fo 69 a, col. i, est
le document intitulé : « Langue toujours nouvelle », Tenga Inthnua, dont
il a été parlé ici même plus haut, p. 394, no 17.
En me reportant de l'article de M. W. St. à celui de Todd (p. 70), j'ai
joS Chronique.
fait une observation : c'est que le traité signalé plus haut, pages 398-399,
sous le no 36, dans le ms. de Paris, Fonds celtique, no i, paraît se trouver
aussi dans le manuscrit de Rennes où il occupe les fos 1-22 h i.
XVII.
La Revue des Dctix-Mondes du 15 août, p. 510 et suivantes, contient
une élégante description du Mont Saint-Michel due à la plume facile de
M. Edouard Schuré. Les amateurs du mystérieux celtique pourront y com-
pléter leurs études et y apprendre toute sorte de découvertes intéressantes
dues à une science moderne qui n'a pas encore pénétré dans la Revue
celtique. Les Amhivareti que, sur la foi de César ', on croyait clients et
voisms des Aedui et qu'on mettait en Bourgogne ou près de la Bourgogne,
habitaient la Normandie; ils ont donné leur nom à la ville d'Avranches,
dont quelques savants arriérés croient le nom identique à celui des Abrin-
catui, de Pline 2, plus tard Ahrincates, Ahrincas. Sena, qui suivant Mêla serait
une île, Osismicis adversa littoribus, c'est-à-dire en face des côtes du dépar-
tement du Finistère, est le nom de prêtresses qui habitaient une caverne de
l'île appelée aujourd'hui Mont Saint-Michel. Cette île était consacrée à un
dieu solaire et s'appelait en gaulois Tom Bélen. Tom Bélen a été traduit
en latin par Mons, Tumba ou Tumulus Bêlent au temps de la domination
romaine. Les usages de la Revue des Deux Mondes interdisant l'emploi des
notes, M. Edouard Schuré n'a pu donner l'indication des mss. inédits de la
Bibliothèque nationale où se cache le texte du géographe grec ou latin qui
lui a fourni ces intéressantes indications, mais on compte qu'il publiera
prochainement ce document précieux dans la Revue de Philologie. La seule
note que cet écrivain érudit ait été autorisé à joindre à son travail a pour
objet d'établir l'antiquité du Mystère des Bardes, traduit par Adolphe Pictet et
auquel M. Schuré emprunte les principaux traits de son exposé des croyances
celtiques.
XVIII.
Un journal irlandais des Etats-Unis, The Pilot, qui paraît à Boston, a
publié dans son numéro du 9 août une lettre dont l'auteur propose l'ouver-
ture d'une souscription à l'effet d'assurer l'achèvement du dictionnaire de
l'irlandais ancien et moderne entrepris par M. R. Atkinson, le savant
professeur du collège de la Trinité de Dublin. Il s'agit de trouver
50,000 francs, soit 10,000 dollars ou 2,000 livres sterling, somme fixée
par M. R. Atkinson. Le Père James Kegan, qui a signé cette lettre, es-
père qu'on pourra facilement réunir cette somme en faisant appel au patrio-
tisme des nombreux Irlandais établis en Amérique; il leur donne l'exemple
en s'inscrivant pour 50 dollars, soit 225 francs.
1. De bello gallico 1. VII, c. 75, § 2.
2. Pline, liv. IV, § 107.
Chronique 509
Un des motifs pour lesquels le P. Kegan compte sur le succès de
cette souscription est qu'une fois en possession du dictionnaire de
M. Atkinson, les souscripteurs pourront lire sans difficulté les monuments
de la littérature irlandaise. Or ces monuments sont très intéressants ; on n'y
trouve pas seulement, comme on le pourrait croire, des textes ennuyeux
relatifs au droit, à la médecine, aux vies des saints : les vies des pécheurs
célèbres (remarquable sinners) y tiennent une place considérable, et à côté
de la grammaire, des règles monastiques et des rubriques, on y rencontre
beaucoup d'athlétique et d'hypnotisme. Enfin la raison principale sur laquelle
le P. Kegan compte pour décider ses compatriotes irlandais est que
M. R. Atkinson est Anglais. On sait que ce pauvre O'Curry a souvent très
mal traduit les textes irlandais, préoccupé qu'il était par le désir de donner
à ses lecteurs une haute idée de la vieille civilisation irlandaise. Or, conti-
nue le P. Kegan, on peut être certain que, vu sa qualité d'Anglais,
M. Atkinson ne commettra pas d'erreurs de ce genre.
The Pilot qui a pubHé la lettre du P. Kegan est un journal très sérieux:
quelques lignes plus haut, il donne la nouvelle suivante : Alexandre
Jacques, un Français, vient de terminer un jeûne merveilleux; ce jeûne a
duré quarante-deux jours. Alexandre Jacques dit qu'il peut jeûner pendant
une période de n'importe quelle lorg leur, grâce à une poudre dont il a
seul le secret. Le gouvernement russe a offert de lui acheter ce secret
cent vingt-cinq mille francs, mais Alexandre Jacques a refusé, il prétend ne
vendre son secret qu'au gouvernement anglais ou au gouvernement fran-
çais. La reine Victoria paierait volontiers la recette un prix raisonnable et elle
ferait usage de ce procédé économique pour l'entretien de sa maison, si,
après essai sur le prince de Battenberg, on constatait un résultat satisfaisant.
Les plaisanteries qu'on pourra faire au sujet des publications de M. At-
kinson ne porteront pas préjudice à leur utilité et n'empêcheront pas les
celtistes de tirer un excellent parti des vocabulaires qu'elles contiennent.
XIX.
Je suis fort en retard avec M. Adolphe Coelho, un des linguistes les
plus compétents de notre époque, qui m'a envoyé, au commencement de
cette année, trois articles publiés par lui dans la Revista Arclieologica de
Portugal, nos de janvier, septembre et novembre 1889. J'avais égaré, au
milieu des nombreuses livraisons de revues que je reçois, ces trois articles
dont l'épaisseur modeste est loin d'égaler l'importance.
Le premier, Revista Archeologica, 1889, p. 1-13, est divisé en trois para-
graphes. Le premier est intitulé Callaecla. M. Coelho dit que le nom des
Callaeci ou mieux Callaici est celtique. Il paraît avoir existé un thème cel-
tique calla, d'où le nom d'homme Callaeus : Catalus, Callaei filius, Sequa-
nus ' ; ce nom d'homme se retrouve en Espagne 2. M. Coelho l'explique
1. CI. L., V, 907.
2. C. /. L., II, 4999 a.
510 Chronique.
par le mot irlandais cailî, bois, forêt, thème calli- pour un plus ancien
*caldi-, cf. grec xXâoo;, allemand hol^; le latin callis paraît être le même mot,
mais rien ne prouve rigoureusement que * caldi- et calla- aient eu le même
sens ni qu'à la date où apparaît le mot CaUaecia le groupe Id fût devenu //
en gaulois, en sorte que cette étymologie est simplement possible.
Le second paragraphe a pour objet le mot Andergus que M. Coelho
corrige en* Andercos; * Andercos, nom d'homme, peut être un dérivé
à'ando-, ou un composé d'an etdederco-s; dans ce dernier cas il signifierait
« aveugle ». Mais une question se pose, elle est de savoir s'il faut en effet
corriger Andergus en Andercos. C'est seulement en ce dernier cas que
l'origine celtique de ce mot et les explications proposées seraient probables.
Quoi qu'il en soit, elles sont très savamment exposées.
Vipascum ou Vipasca, objet du dernier paragraphe, est un nom de lieu,
connu par la table de bronze d'Aljustrel ; il dérive d'un thème celtique l'z^o-
variante probablement de vepo-, également celtique, au moyen du suffixe
-asco qui paraît avoir une autre origine et dont on trouve quelques exemples
dans les noms propres géographiques et dans les noms communs du
Portugal.
Les deux autres articles de M. Coelho portent le même titre : Lusitans,
Ligures et Celtes '. L'auteur y discute les théories de M. F. Martins Sar-
mento, archéologue distingué, d'abord celtomane 2, qui dans l'espace d'un
an, de 1879 à 1880, changeant de doctrine, est venu à soutenir deux thèses
également inadmissibles.
La première est que les langues dites néo-celtiques dérivent du ligure, et
que par conséquent les noms propres de la péninsule ibérique qui s'expli-
quent par les langues néo-celtiques sont ligures d'origine. M. Coelho n'a
pas de peine à établir que cette thèse n'est pas fondée ; il s'appuie entre
autres choses sur la doctrine généralement reçue qui fait des Ligures une
population étrangère à la race indo-européenne, doctrine qui ne sera pas
démontrée tant qu'on n'aura pas fait le triage des noms celtiques et des noms
liglires de l'Italie et de la Gaule. Suivant M. Coelho, l'argumentation
de M. Sarmento en faveur du ligtirismc de l'onomastique lusitane est, de tout
ce que contiennent les mémoires ethnographiques et linguistiques du savant
archéologue, la partie qui présente la plus grande apparence de solidité?.
Cependant M. Coelho démontre que Lnsitani ne peut dériver de Lignses
et que la chute de Vi et du g de Ligures a une date préhistorique est
invraisemblable.
1. Revista archeologica, 1889, p. 129-144-, '65-1 75-
2. Voir un article de M. Gaidoz, Revue Celtique, t. IV, p. 280.
3. Voici les titres des travaux dont il s'agit: Os Lusitanas. Ouestces
d'ethnologia Porto, 1880. — R. Festus Avienus. Ora maritima, estudo d'esté
poenia na parte respect iva a Galliia e Portugal. Porto, 1880. — Os Celtas na
Lusitania dans la Revista Scientifica. Porto, 1882, p. 75-85, 128-159, 184-
198, 294-305, 559-572. — Os Argonautas, Subsidios para 'a antiga Historia
do Occidente, un vol, in-8. Porto, 1887.
chronique. 5 1 1
La seconde thèse de M. Sarmento est la vieille doctrine d'Holzmann que
les Celtes sont des Germains. M. Coelho la rejette avec raison ; il motive
ce jugement par une étude savante sur les noms communs gaesum, trimar-
kisia, et sur les noms propres Drynemeton, Leotiorius, Lutarius, Allotriges^,
Cassignatus, Tcutohodiaci, Tolistobogii, Camiaules, Articnos, Chiomara,
Segovetes.
XX.
M. J. Rhys a publié dans VAcademy, du 16 août, p. 134, sa lecture
d'une inscription ogamique de l'île de Man : Dovaidona niaqi droata, c'est-
à-dire : « [tombe] de Dovaido, fils de druide ». Dans le no du 25, p. i (;4,
M. Whitley Stokes fait observer que, si le dernier mot de cette inscrip-
tion est identique à l'irlandais druad, « du druide », l'avant-dernière lettre
devrait être un d et non un t et qu'on devrait lire droada.
XXI.
UAcademy du 23 août contient une critique par le Rév. Mac Carthy de
l'histoire de l'église catholique d'Irlande : Geschichte der Katholischen Kirche
in Irdand, t. I, par le chanoine Bellesheim. Une méprise singulière du
savant allemand est d'avoir traduit par Wachssiegel « sceau de cire » Mace-
ria, nom savant de la ville de Cassel, Castellum: iiiaceria est un nom
commun latin qui veut dire « muraille » et qui dans le passage dont il
s'agit a été employé comme nom propre géographique. Après avoir réuni
un certain nombre d'exemples d'erreurs, le savant irlandais conclut en
exprimant l'espérance que les tomes II et 111 vaudront mieux que le
premier.
P -S. — Au moment de donner le bon à tirer je reçois : 1° La Revue
de Kuhn, t. XXI, livraison 2, qui contient un article de M. Whitley Stokes
intitulé Hihernka ; 2° un tirage à part de la PhUohgical Society qui ren-
ferme un mémoire du même M. Whitley Stokes sur la valeur linguistique
des Annales irlandaises ; 3" un tirage à part des mémoires de l'Académie
royale de Saxe qui donne le texte d'une lecture faite devant cette com-
pagnie savante par M. E. Windisch le 19 juillet dernier sur le poème vieil
irlandais du Codex Boernerianus et sur les formules magiques en vieil irlan-
dais. On parlera de ces importants travaux avec détail, comme ils le méri-
tent, dans la prochaine livraison de la Revue Celtique.
Jub.ainville (Vosges), le 30 août 1S90.
H. d'Arbois de Jubainville.
Cf. Revue Celtique, VI, 482-48,.
TABLE
PRINCIPAUX MOTS ETUDIES DANS LE TOME XI
DE LA REVUE CELTIQUE t.
I. Gaulois ou vieux-celtiq.ue.
Aballo, 381.
Abalus, 381 .
Abrincatui, 508.
-acos, -acus, 162-172, 223, 488
489.
Adiune. . ., 352.
-agnos suffixe de diminutif, 502.
Alisanu, 379.
Allobroges, 'AXXo6piyc;, 505.
Allotriges, ^11.
ambe, gi. rivo, 352.
Ambitrebius, 170.
Ambivareti, ^08.
Amboglanna, 3 52.
Ananes, i 69.
ande-, 223.
Andebrenacu, Andebrinnaco, 223.
Andebrogirix, 223.
Andecamulos, 223.
Andecavi, 223.
Andelipa, 223.
Andematunum, 225, 224.
Anderex, 223.
Andergus, 5 10.
Anderitum, 223.
Anderoudus, 223.
Antebrennaco, 223.
Antobroges, 505.
Antuberix, 50^.
ar- très, 2 19.
Arda, 386.
Ardacus, 386.
Arelas, 501.
Ariminum, 171.
Artiacus, 496.
ate-, ati-, 380, 381.
Ategnatos, très connu, 463.
Atevritus, 381.
Atioxtus, 380, 381.
Atrabatas, 501.
Auguslobona, 377.
Aureliacus, 171.
Beisus, 587.
Bituitus, 380.
I. Cette table a été faite par M. Emile Ernault.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XL
5M
Bituriges, 380.
Bodincomagus, 162.
Bodiocasses, ^01.
Boii, 169-171.
Boiorix, 382.
Boiionia, 169.
bracae, braies, pantalons, 33-40.
bratu- jugement, 251.
Brennus, 162, 223.
Brigomaglos, 344, 504.
Brittomaros, 365.
briva, pont, 387.
Brivatiom, 386, 387.
Brohomagli, 344.
Cabardiacus, 170.
Caburrus, 162.
Callaeci, 509.
Callaecia, 509, 5 10.
Callaeus, 509.
Callemarcius, 253.
calliomarcus « sabot de cheval »,
plante, 253.
Camaracus, 252.
Camillomagus, 169.
Camulus, 223.
candetum espace de cent pac, 387.
Garni, 167-169.
Carriago, 488.
Caltos « chat », 503.
Caturniacus, 170.
Caudiacae, 170.
Cenomani, 166.
corn-, 387.
Condate, confluent, 352.
Condatomagus, la plaine du con-
fluent, 352.
Crossiliacus, 170.
Cunegni, 501 , 502.
Cunocenni, 502.
Cunovali, 502.
Danius, 490.
Dannia, 490.
-dannios audacieux, hardi, 490.
Dannomarus, 489.
Dannotalos, 489.
Dannus, 489.
Danotala, 490.
Dervenlio, 381.
Dovaidona, 511.
droata, 511.
Durnacos, 179.
Eneuiri, 141.
Eporedia, 161, 381, 382.
Equabona, 377.
er- très, 2 19.
Erbisago, 488.
er-cunio-, très haut, 219.
[E]scingomagus, 162.
Frontu, 379, 386.
Gabrêta, forêt des chèvres, 2 i 7.
Gobannium, 381, 382.
Harcynios, 218.
Hercynia, 2 16-2 19.
Histridunus, 170.
Insubres, 164.
Isarninos, 144.
Juiiobona, 377.
Laumelium, 164.
Lausdunum, 506.
Lausiacus, 506.
Lepontii, 163, 164.
Libici, 164.
Licco-Ieucus « blanc de pierres », 170.
Lingones, 171.
Loverniôs, fils du renard.? 503.
Luciacus, 162.
Lucoticnos, fils de la souris, 503.
Lugudunum, 236, 237.
Maglocunos, 502.
Mailagni, 502.
Malliaco, 170.
maqi, du fils, 511.
Matunus, 224.
Mauoh. . ., 353.
5'4
Table des principaux mots étudiés dans le tome XL
Mecledonensis, 247.
Melledunum, Mcllodunum, 246.
Mellosedum, 246.
Melus, 246.
Nanti, 253.
Nevidunus, 170.
Noniacus, 170.
Noviodunus, 170.
Octodurus, j8i.
or- très, 2 19.
Orcynios, 218.
Parisii, 377.
Pelendones, 377.
petru- quatre, 384.
Petrucorii, les quatre troupes, 577,
384, SOS-
Pictavi, 386.
Picti, 377.
Pictones, 586.
Pisuniacus, 170.
Quintiacus, 170.
ratin, 386, 387.
Regium, 169.
Rigomagus, 164.
-rix, 582.
Roudus, 223.
Salassi, 161.
sego- action d'atteindre et de vaincre,
489.
Segobodium, 489.
Segobriga, 489.
Segodannianus, 489.
Segodannios, « hardi dans l'attaque
victorieuse, dans la victoire », 490.
Segodunum, 489.
Segorigium, 489.
Segovellauni, 489.
Segovesus, 489.
Segusiavi, 162, 236.
Segusio, 162.
Sena, 171.
Senemagli, Senomagli, 344.
Senones, 171.
Similiacum, 170.
Tanotalos, 490.
tar-, 387.
Tarbeisonios, 386, 387.
Tarcondarius, 387.
Teutomatos, 365.
Tigernomaglus, 1 50.
Tricorii « les trois troupes », 384.
Tridentum, 252, 253.
Vedomavi, 353.
Venadoro, 168.
Vendumagli, 344.
Vercellae, 164.
Vercondaridubnus 387.
Verduno, 163.
Veriniaca, 171
Vetta, ^04.
Victi, 504.
Viducasses, 501 .
Vinnemagli, 344.
Vipascum, Vipasca, 5 1 2.
Visiliacus, 170.
Vocontii, I 54.
Vritu, 381 .
Vulpiliago, 488, 489.
II. Irlandais.
(Voir pp. 374, 37J, 439-442)-
adas convenable. 494.
adclaidim je chasse, 434.
aire fardeau, 4^7.
airlicim je prête, 382, 383 .
aistrech instable, inconstant, 128.
amhor lamentation, 434.
anfuth tempête, 93 .
-ann, présent d'habitude, 506.
arbiur biuth, je me sers, 93.
archinn, archiunn, vis-à-vis, à la ren-
contre, 92 .
ârmann officier, 493.
Table des principaux mots
arraill il était venu, avait imposé,
arta il reste, 92.
-as relatif, 3<= personne du singulier,
506.
astar voyage, 1 28.
atfessed « qui narraret », 570, 371 .
a tius, de la chaleur, 92.
aul mur, 92.
aur- très, 219.
bacc crosse, 72.
banchuri troupe de femmes, 505.
benim je frappe, 380.
bered qu'il porte, 378.
bindius harmonie, langage harmo-
nieux, 45 ^ .
bith monde, 380.
biur je porte, 378.
blosc écaille, 385 .
bn'dn petite colline, 128.
buiderad plantes à fleur jaune, 210.
buidhe môr « reseda luteola », 210.
builc soufflet de forge, 455.
caill bois, forêt, 510.
caimper champion, 128.
callaire crieur, héraut, 493.
cammae, cammaib, cependant, 442,
443-
canarad bateaux, 493.
capercaïlzie, 128.
cara il aime, 116.
Carnechus, 140.
cetaich siège, 456.
cétbuith sentir, 461 .
clais raie, bande, 129.
class chasse, 434.
clithar retraite, 1 28.
cnar navire, 493 .
cobair aide, 456.
coiced cinquième, 206 ; province, 93.
coicled sauver, 209.
coigilt, cuingilt, garder (du feu), 209.
étudiés dans le tome XI.
5'5
coimainche précaution, 456.
Coini'n, 502.
Columbane, 141 .
Coluincille, 141 .
comarpi cohéritiers, 383.
comportach confortable^ 494.
conguint ronger, 209.
cû chien, 378, 502.
Cù-chulainn, ^02.
cuibiur, cubhar, aigle, faucon, 128.
cuire troupe, 384, 505 .
cumarad chagrins, 493.
curpha, 128.
dalire « curialis », 385 .
damim j'accorde, 455.
dâna audacieux, hardi, 490.
datân père nourricier, 128.
datiucân petit père, 45 5 .
delbich « -formis «, 385 .
demh protection, abri, 128.
derg, 78.
df, 128.
diberg colère, révolte, 385.
-d-id il est, 458 .
didiu, didu, donc, 374.
'diu donc, 445 .
diuais, 128.
do particule verbale, 99.
doaisselbaim j'assigne, 454.
dobar-chû loutre, 502.
dobrônim, dobrônaigim je m'afflige,
454-
dochûaid (jour) passé, 210.
doformaig il ajoute, 205.
domberr on me donne, 474.
dombreth je fus donné, 474.
doinenn tempête, 128.
dona donc, 443 .
dorât il donna, 250.
doroirbiur-sa, j'empêcherai, 454.
dothaet (jour) qui vient, prochain,
210.
516
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
druad du druide, 511.
dûis richesse, joyau, 454.
edôn c'est-à-dire, 2 10.
ellatn prompt, 456.
éna oiseaux. 371 .
erdrach surnaturel ; être surnaturel,
ergaire prendre garde, 457.
esbaith défaut, 462.
eseba qu'il manque, 462.
esomni (il fit) accueil, 456.
est cheval, 495, 494
etfaitis ils pourraient atteindre, 371 .
ethair bateaux, 371 .
ethra oiseaux, 371.
fael-chu loup, 503.
fath vêtements, i 28.
fiach dette, 383.
fiariseid: ar— ,en travers, 128, 129.
fiur à l'homme, 378.
flaith puissance, 384.
tobTth à cause de, 4^8.
fodeud, fodiud, à la fin, 92.
foen incliné, étendu, ouvert, 4^6.
fogmur automne, 454.
fol ruine, 434.
for-don-te il nous aidera, 380.
fornessa il frappa, 457.
forti manteau, 1 29.
fosdichet il s'approcha d'elle, 457.
foséted souffler, 455.
frac main, i 29.
fraig mur, 384.
frass pluie, 384.
fristâ il résiste, 93.
fuit froid 129.
funid, fuined, coucher des astres, 92.
gabui fourche, fourchette, 211.
gaibim je saisis, 211.
Gall un Gaulçis ; un Normand, 438,
gart hospitalité, 435.
gat il enleva? 4^5.
goll borgne, 91 .
gonim je blesse, 380.
hûaise, ûaste, au-dessus d'elle, 440.
iarn fer, 204.
imbed grande quantité, 206.
immechtar extrémité, 356.
innte en elle, 370, 37 i.
ioinaineach coercitif, 456.
-ither, suflf. de comparatif, 206.
laich laïque, 91 .
langaim trahir, 1 29.
lar sol, 91 .
Ilnmar nombreux, 93.
loarn, Lorn, renard, ^3.
lobur faible, malade, 92.
mac, deux fils, 440.
Mac-bethad, fils de la vie, 502.
mâel chauve ; esclave, 502.
Mael-bethad esclave de la vie, 502.
Mael-muire « esclave de Marie »,
502 .
Mael-patraic « esclave de Patrice »,
502.
Mael-suthain « esclave de l'Eternel »,
492.
mangaire marchand, 494.
margg marc (d'argent), 494.
margg marche, frontière, 494.
marg^ad marché, 494.
mattal manteau, 494.
medhùn milieu, 73.
mildemail guerrier, 45$.
Mog-neit « esclave de Neit », 502.
Mog-nuadat « esclave de Nuadu »,
502.
mon ruse; monach rusé, 454.
mor-gobuil, estuaire, 211.
mull sommet de la tête, 41 .
mullach sommet d'une colline, 41.
mullôc couvercle de patène, 41.
munterus qualité de mari; cohabita-
tion, 4$6.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
517
niarlasair il n'adressa pas la parole,
380.
ni bh-fuil il n'y a pas, 209.
nlmthâ il n'est pas à moi, 475.
ninderba il ne s'arrêta pas, 455.
noch encore, 443.
nomerpimm je me confie, 383 .
Northmann Norvégien, 494.
Nuadu 91.
odev parce que, 456.
oin un, 385 .
ôinach assemblée, foire, 385.
oinachtir il est uni, 385 .
or crinière, 494.
orpe héritage, 383.
Piskarkarl, 494. 1
Plat, 494.
plûr farine, 494.
port fort, 494.
renga reins, 434.
richis charbon ardent, 435.
ris histoire, 129.
roFetar je sais, 380.
sadall selle, 494.
sagim j'atteins, 456.
Saxa saxon, 45 5 .
sceir rocher aigu dans la mer, 494.
Sciggire habitants des îles Féroé, 494.
scut poupe, 494.
scûta barque, 494.
'se do bheatha, salut ! 210.
seccaim geler, 456.
selaim je retourne, 45 5 .
selb possession, 454.
senchas ancienne histoire, 95.
siassair il s'assit, 580.
sicc gelée, 456.
sil semence, 250.
sincreth vieille femme, 129.
sion digitale, 89,
snfding un vilain, 495.
soinenn beau temps, 128.
Revu: Celtique, XI.
sruith race antique, 93 .
stag étai (en terme maritime), 495.
stiûir gouvernail, 495 .
stôl tabouret, 495.
ta il est, 475 .
taidb-derce, spectacle, 385 ,
tar, tairm par, au delà, 387.
Teach Munae, 148.
tesbuith manquer, 462.
teseba qu'il manque, 462.
toimtiu pensée, 378.
tolc lit, 40.
topp touffe, crête, 495 .
tôscaigim j'avance, 20.
traig pied, 384.
trea, tree, par elle, 440.
trian tiers, 204.
tuirigin langue, 1 29.
uath retraite, 125.
Uibecan petit Wulf, 455.
ùr feu, 91, 92.
III. GAÉLiauE d'Ecosse.
Mac Dobarcon, fils de la loutre.
IV. PiCTE.
Mac-beth, fils du chien.? 502.
Mael-beth, esclave du chien? 502.
V. Gallois.
(Voir pp. 68 et suiv.).
a il va, il ira, 102.
a, ac et, 74.
adfod être de nouveau, 461 .
adlif marée basse, 89.
agit il va, 204, 205 .
34
518
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
aho il sera allé, 102 .
ai il allait, 102 .
ai, ei tu iras, 102.
aiff, eiff il ira, 102.
allt, gallt flanc d'une colline ; hau-
teur; bois ; écueil, 77.
am cirhin vers (la nuit), 91.
amser (ne)... jamais, 204, 205.
-an diminutif, 50.
anbithaul (mer) agitée, 93.
arad charrue, 206,
arber bit il se sert, 93.
arddwrn, garddwrn poignet, 77.
ar.od temps opportun, 461.
arganfod percevoir, perception, 461.
argant argent, 204.
armerthu préparer, pourvoir, 461 .
-asant prétérit, 3« pers. plur., 121 .
-asent plus-que-parf., 3' pers. plur.,
122.
-asom prétérit, i'-<'pers. plur., 121.
-awr, plur. des noms, 74.
bachu, biachu, se courber, se cacher,
72-
basgjad panier, 72.
beheit, behet jusqu'à, 205.
bemhed tribu, 93 .
bichan petit, 204, 205 .
bit monde, 380.
bod être, 458.
bol, bola, boly, ventre. 78.
brawd frère, 206.
breenhin, breyenhin, brenhin prince,
75> 76-
breuant trachée-artère, 75.
brig branches les plus élevées d'un
arbre, pointes des cheveux, 3p.
bwyta nourrir, 112.
bwytiii ef, il mangera, 102, !o8.
bwyttao, il aura mangé, 103.
ca, caiff, il aura, 102.
Caer-Nevenhyr, 141.
cal, cala, caly membre viril, 78.
campiwr champion, 128.
canfod comprendre, 461 .
cant avec, selon, 204, 205.
cant cent, 203 .
cara il aime, il aimera, 116.
carvv, car cerf, 78.
Catawc, Cadoc, 140, 501.
Catmail, Cadvaei « prince de la ba^
taille », 501 .
Ceidio, Keydiaw, 141 .
celir il est caché, 205, 206.
ceriff ii aimera, 108.
cesyg juments, 183.
chwecii, chwe six, 74.
chwitho n'être pas bien, 469.
chwylo tourner, 45 5 .
ci- vers, 204, 205 .
ci-hutun, ci-hitun jusqu'à, 205.
cled gauche, 90.
clybod entendre, 471 .
coffâd le souvenir, 114.
coilâm, coeliaf, je croirai, 204, 20^.
cosgordd suite, cortège, 74.
crabinio saisir, accrocher, 74.
craf ail, 74.
credant ils croient, 117.
credwn nous croyons, 117.
cwmmwt territoire, 461 .
cyffred comprendre, 205.
cyllell, cylleth couteau, 69.
cymmod être d'accord, 461 .
cymmydu associer, 461 .
Cynin, 502.
cynneu, gynneu naguère, 350.
dadlant ils discutent, 117.
daear terre, 75 .
dala, dale, daly tenir, 78.
darblygu replier, 461 .
darbod préparer, 461 .
darbodiad préparation, 462.
daredd tumulte, 387.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
519
darfod cesser, 461 .
darlith leçon, 461 . ^
darllen lire, 461 .
darmerthu préparer, pourvoir, 461 .
darparu préparer, 461.
de de, 205, 206.
deall, deuall, dyallt comprendre, 76.
dehint dents ? 91 .
deisyf demander, demande, 462.
dera, dery vertige, démon, entêté, 78.
di de, 204.
diguormechis il a ajouté, 204, 205.
dilëu abolir, perdre, 90.
dos viens, 459.
dou deux, 204.
duw, duwch dieu, 75.
dybarthu séparer, 117.
dyfod venir, 4159.
dyhynt voyage, 91 .
dywedaf je dis, 69 .
ebe fi, dis-je, 477,
Edyrn, Eutegirn, 75, 76.
eidduned vœu, 352.
Eiddyn, Eiddin, 3^3 .
eir, eira, eiry neige, 78.
eisiw besoin, 462.
eisiwed indigence, 462.
eithr en outre, 3 56.
elach, gellach, un gueux, 77, 78.
Eliud, 145.
eloch vous serez allés, 105.
enaid, genaid, âme, 77.
enwair, genwair, ligne à pêcher, 77.
erbyn vis-à-vis, à la rencontre, 92 .
erw sillon, 215.
-et comparatif d'égalité ; superlatif
d'exclamation, 206.
eterin, eterinn oiseau, 204, 371.
ffrawdd tumulte, 92.
fionou roses, 89.
gablau gl. (fistula) bilatrix, 211.
gaddo promettre, 77.
gaeaf, geuaf hiver, 75 .
gafael saisir, 211,
gafl fourchette ; angle formé par les
deux jambes, 211.
gallu pouvoir, 76.
geisteddfod congrès, 77.
gelmen bec, pointe ? 91 .
gelor, elor bière, cercueil, 78.
giem pierre précieuse, 72,
gilbin, gylfin bec, pointe, 91 .
glanasoc, homme sanguinaire, 91.
gnawd, cnawd habituel, 74
gonesl honnête, 77,
gordd maillet, 77.
gosgordd suite, cortège, 74.
grabinio saisir, accrocher, 74.
graf ail, 74.
Gresford « carrefour », 74.
guorennîeu fractions, 203.
guotig après, 203 .
gutan sous, 205 .
gwaeanwyn,gwanwyn printemps, 75 .
Gwalchmai, 353.
gwddwg, gwddvir, gwddfcou, gosier,
76, 77-
gwedaf je dis, 69.
gwelyf couche, 462.
gwelytod couches, 458.
gwerth valeur, vente, 382.
gwlw, gwlf cannelure, 76.
gwnaiff il fera, 102, 108.
gwrthdo il résiste, 93 .
gwyddf, gwyddyt cou, 76, 77.
gwyddid on savait, 460.
gwys on sait, 460.
hâ et, 203 .
haearn, haiarn, hearn, harn fer, 75,
204.
haf été, 75 .
hanther demi, 204.
hegit il va, 204, 205 .
hel, hela, hele, hely chasser, 78.
520
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
helghati chasse! 79.
hella, lielcha chasser, 79.
helw possession, 454.
hencassou antiquités, 93.
hestaur setier, 205 .
hi le, article, 91 .
hi dans, 203 .
hinnoid cela, 204.
hi'nt ils sont, 203 .
hun cet (argent), 204, 205.
hunnoid celui-ci, 204, 205.
hwech six, 74.
hwnn celui-ci, 205 .
hynn ceci, 205 .
iâr, giâr poule, 77.
-id indicatif présent, 3* pers. sing.,
205 .
-ifF présent-futur, 3^ pers. sing.,
102, 103.
Iltut, 145,
immet beaucoup, 205, 206.
init commencement, 92.
ir le, article, 204, 20^ .
is, iss il est, 203, 204, 460.
le lieu, 90.
lichou des marais, 90.
litimaur, linmaur ? populeux, 93.
lladrata voler, 112.
liai limon, sédiment, 90.
Llan-badarn, 148.
Llandeilo, 145.
LIaniidut, 145 .
Ilara, llary doux, 79.
lias il fut tué, 460.
llwrw trace, 79.
Ilws limon, chose visqueuse, 116.
ilysnafedd mucosité, 116.
Ilysnafu rendre une matière muqueuse,
116.
luch marais, 90.
Maelan, 502.
Mailcun, Maelgwn, 502.
mal tendre, 3 56.
maleithr tumeur, mules, 356.
malldorch mules, engelure au talon,
3^6.
marwol, marfol, mortel, 76.
niaur grand, 205 .
maw serviteur, 553.
meddaf dis-je, 477.
megys, meis, comme, 76.
Mei, Meic, 353 .
mel miel, 203 .
merch fille, 78.
methawd il périra, 90.
mewn, mywn, mwn, meawn au mi-
lieu, 73 .
morawl estuaire, 211.
nimer nombre, 205 .
Nudd, 91 .
nymtawr, nymdawr je ne veux pas,
463.
-0 subjonctif-optatif, 3'= pers. sing.,
95, 102.
0 blegid, 0 bleid à cause, 76.
oddieithr, oddigerth excepté, 78.
oeddid on était, 460.
oer, goer froid, 77.
oes il y a, 460.
or pard du côté, 90.
oti il est, 69.
pard côté, 90.
pawl poteau, 369.
penryn promontoire, 91.
petguar quatre, 204.
pieufydd il possédera, 469.
pimp cinq, 203 .
pimphet, pummed, cinquième, 204,
206.
plwyf paroisse, 215.
prinit il achète, 204.
punt une livre, 204.
pydredd pourriture, 357.
Quonocus, 1 ^0.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
521
racdam devant lui, 460.
rhaccor, rhagor, plus ; différence, 69.
rhedegj rytag courir, 69.
rhof je donne, 1 10.
rinn promontoire ? 91 .
scribi scrupule, mesure, 204.
se cela, 205, 206.
serch amour, 78.
strutiu race antique, 93 .
taw que, 463, 475 .
Teiio, Teliau, 145 .
teyrnas, teuyrnas, ternes, règne, 75,
76.
To-quonocus, 1 50.
tra, trach, au delà, très, 74, 587.
traian, traean, tréân, tiers, 203, 204.
trawst barre, chevron, 206.
trf trois, 203.
Irianu diviser en trois, 204.
trimuceint trente, 203 .
tuhen éminence ? 91 •
twlc cabane, 456.
twyn éminence, 9 1 .
Tydyeu, 1 50.
Tysylio, 149.
vi^ettaf je dis, 69.
y, yd, particule verbale, 71 ,
ydyw il est, 69.
yll dau, yll tau tous les deux, 71 .
ys il est, 3 56.
VI. C0RNIQ.UE.
âges, agis, que du comparatif, 196.
agynsow naguère, 5 50.
am bus j'ai, 460.
awos, awes pour, 196.
byen je serais, 478.
bones être, 459.
boys être, 470
Briock, 139.
Budock, 140.
cresons ils croient, 117.
cresyn nous croyons, 117.
deffé il viendrait, 480.
desef désirer, 462.
devones venir, 459.
dotho à lui, 196.
dus viens, 459.
dybarthy séparer, 117.
enchinethel géant, 247.
galloys, gallos pouvoir, 470.
galser on aurait pu, 481 .
gavai saisir, 211.
geller, gyllyr on peut, 474.
godhyen je savais, 478.
Gothian, Guithian, 142.
govys (à) cause de? 458.
gweles voir, 471 .
hallo qu'il puisse, 102.
haloin sel, 3 57.
hellyrchys poursuivi, 79.
irch neige, 78.
lunitor, 3^3.
Lan-Wennock, Lewannick, 143.
machteth vierge, 138.
medhaf dis-je, 477,
Mewan, 147.
ow signe du participe présent, 71
Pinnock, 148.
podreth plaie, 357.
reth tu fais, 110.
rof je donne, 1 10.
roy qu'il donne, 102.
veugh que vous soyez, 485.
wharfos advenir, 463 .
Winnow, 143 .'
VII. Breton.
a par, 90
-a indicatif prés.
3«pers. smg.
116.
522 Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
-a, -aff, infinitif, 110-113.
-aat, -ahat, -(h)at, infinitif, 108,110-
112, 114.
abavafich abat-vent, 183.
Aber-Ildut, 145.
achited architecte, 3 58.
acoueh, azcouez rechute, 183.
adiauou marées montantes, 87, 89.
-aer suffixe d'agent, 112.
-aet infinitif, 1 1 1 .
-afe conditionnel, 3*: pers. sing., 123.
aguetou, eguetou naguère, 350.
ahane, ahano de là, 196.
ahanouf de moi, 458.
-ai, -ei, futur, 3'; pers. sing., 107.
-ai infinitif, i 1 i .
ai, aio il ira, 103, 104.
a-inou de là, 196.
-ait impératif, 2^^ pers. plur., 1 18.
alesnauha gl. nauseantem, 1 16.
altro, aotrou monsieur, 244.
-amb, -amp, indicatif prés., 1''^ pers.
plur,, 117, 1 ;8.
-amb nous, i 18.
am bevez, am beveuz j'ai, 460,
ameur cruciffiat on m'a crucifié, 475.
amiaplat faire amitié, 1 1 1 .
amonennaour marchand de beurre,
112.
-an infinitif, 111.
anaout, aznauout, anavean connaître,
124, 462, 463, 466, 478.
anavehe il connaîtrait, 124.
ancofua oubli, 1 14.
anehè, anezo d'eux, 193, 196.
aneuz-ont ils ont, 473 ,
anezi, anei d'elle; elle, 191.
anezof, anou de lui, 191, 196.
ankeic'her feu follet, 247.
-ant indic. prés., 3'pers. plur., 117,
118.
aolier entonnoir, ivrogne, 197.
-aour suffixe d'agent, 112.
aprou éprouver, 480.
aquita acquitter, i 14.
-âr suflf. d'agent, 114.
arat labourer, 113.
arazr, arar, arèr charrue, 207.
arboùilein épargner, 360.
arbre arbre, 191 .
armerhein, amerhein, épargner, 360,
461 .
Armine, 1 36, 1 38.
aroez signe, 3 57.
arrêta, arrêter, 109,
arriuout arriver, 469.
arvez considérer; aspect, 461 .
arzaoio il cessera, 486.
-as, -az prétérit, 3^ pers. sing., 120,
472.
as bijes tu aurais, 472.
asconch instruction, doctrine, 183.
ascont (à) cause, 183 .
asien j'irais, je serais allé, 479.
assemblafî ensemble, 363.
assuret, assurit assurément, 100.
-at infinitif, 111, 113.
-at prétérit, passif ou indéfini, 483.
avouillein achever de remplir un ton-
neau, 197, 198.
avouillêtte entonnoir, 197.
aznauoudeguez connaissance, 462.
azurh de, depuis, 363 .
bacc bât, 3^5 .
Bachia 136, 138.
baneuez, banezeo mariage, noces,
191 , 192.
banves banquet, 191 .
baraz, baraçz baquet, 354.
barh, ba, dans, 363 .
barnat il fut jugé, 474
bazata, bazatâ bâtonner, 112.
becc, bénçz vesce, 3 54.
Becheve, Behièw 136, 138.
Table des principaux mois étudiés dans le tome XI.
523
bemdez c'houlou tous les jours que
Dieu fait, 356.
benak, bennaac quelconque, quelque,
111. 364, 365.
berhellihat pêcher des maquereaux,
"3-
bes tu serais ; que tu sois ; sois, 459.
bet (il a) été, 461 .
Beuzec, 140.
bezaff, bea, être, 97, 460, 469.
bezout être, 469.
bezé, bise qu'il lût, 122.
bezomp, bezamp nous sommes, 117.
bezont, bezant ils sont, 117.
bihent ils seraient, 465.
bije il aurait été, il était habituelle-
ment, 122.
bijemp nous aurions, 473.
bikenn jamais à l'avenir, 95.
Bili, 136, 138.
binidiguez béatitude, 464.
bifis vis, escalier tournant, 354.
biou, bieu il appartient, il possède,
477-
Birhiett, 139.
birviquen, bizuiquen jamais à l'ave-
nir, 95-97.
bizaou, bizaour bague, 183.
blaseta goûter, 111.
blashat, blazaff goûter, 113.
blecc, blençz plaie, 3 54.
blonça meurtrir, 3 54.
boa, voa il était, 460.
bochataff soutfleter, 112.
Bodiane, 1 36, 1 39.
boe, voe il fut, 460.
boeh voix, 3 1,4.
boeta, boetaff nourrir, 112.
boetâou il nourrira, 103.
bop ma à mesure que, i 14.
bostol de bête, 215.
Bothmael, 139.
bouet, bet être, 470.
bouras, bourlas, bourlançz cartilage,
3SS-
bout être, 1 24, 469, 470.
Bran, 139.
Brangualadre, Branwalatr, 136, 139,
490-492.
bras grand, 187, 188.
brazédiguiah grossesse, 464.
breig faute, manquement, 356.
Breizis Isell bas-bretons, 358.
bremafi, bromon maintenant, 193.
breutaer, breutaour plaideur, 112.
breuzr, breur, breu frère, 207.
bryata, bryatât, brihadal embrasser,
I I 2.
Brigida, 1 39.
Brioc, Briocus, 136, 139, 140.
Briomaglus, 1 39, 140.
bruncen « broisson (de choul) », 354.
bucellat beugler, 354.
Budmail, 136, 139, 140.
Budoc, ]40.
buiquen jamais à l'avenir, 97.
bufiçz muid, 3 54.
Cadaw, 140.
Cadoc, 140.
cafîout trouver, 470.
caliçz, calizr calice, 355.
campgur homme de combat, 90.
canef il chantait, 101.
Caoc, 1 36, 140.
car, carë, cara il aime, 115-117, 1 24.
carafF j'aime, 109.
Caradoc, 140.
Cardroc, 140.
carehe il aimerait, 1 24.
carei il aimera, 107, 108, 116, 124.
caret, carout aimer, 362, 471, 478,
479-
caret vous aimez ; aimez, 1 18.
caret, carzet r" aimé, voulu, 186.
5 24 Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
^
careze il aurait aimé, i 24.
Carnache, 1 36, 140.
carronçz carrosse, 554.
caset, cassât haïr, 113.
Castel-Lin, 141 .
Castel!-Paol, 148.
Catoce, 1 36, 140.
Catroc, 136, 140.
Catuodus, 140.
Cawrintin, 141.
certasn certain, 187.
chalvari charivari, 363.
charronce de la vesce, 3^4.
chévreenn, pi. chivre, cheor che-
vrette, 113.
chetu, chetë, cheto voilà, 193.
chiloïen j'écoutais, 479.
chilori, chilouri gazouillement, coas-
sement, 362, 36?.
chivrietat pêcher des crevettes, 113.
chinouri réjouissance, bombance, 362.
c'hoalenn sel, 3 57.
c'hoanta il désire, 368.
c'hoar, c'hoare_, c'hoarvez il arrive,
465.
c'hoarvezout advenir, 463, 471.
choer bouclier, 88, 90.
chom, choman rester, 97, 100, 485.
chouc cou, nuque, 355
c'houés'ta flairer, 111.
chucre sucre, 355.
chutel sein; bout de linge à sucer,
cillartt pierre posée sur son tran-
chant, 3 59.
Citawe, 1 36, 140.
clevet, cleyout entendre, 471 .
cloarec, pi. cloar, clouer, clerc, 364.
cloçzen, clozren écosse, 355.
coant, coent joli, 364.
coffa se souvenir; le souvenir, 113,
114.
coffes, coffessat confesser, 106.
cofr ventre, 186.
compot territoire, commune, 461,
462.
compret prendre, 193.
compsyemp nous parlerions, 479.
condadlant gl. conducunt, i 17.
Congar, 491 .
Conoc, 145, 1 50.
Conocane, 1 36, 141 .
coscor gens, famille, 74.
Courentin, 136, 141.
crac court, 188.
cresquein, crescat croître, 123.
crethat garantir, 110, 123.
cridifF, credout croire, oser, 468.
czucr sucre, 3 5 5.
czutell sifflet, 355.
da à, 99.
da que optatif, 99, 100.
da il vient, 115, 117, 124.
da c'hordèw tes ordres, 354.
daczon écho, 3 54.
daczorch ressusciter, 354.
da gavout, de gâd (aller) trouver,
189.
dan je viens, 115.
daoust, divis, deiJs d'oc'h vous avez
le choix, 363.
darbodi faire des mariages, 462.
darbout être sur le point de, 461,
462.
dareu prêt, qui a fini, 462.
darvout advenir; accident, 461, 462.
debeairh contingence, 1 17.
dediledet gl. apollit, 90.
defaint ils eurent, 473.
defotout faire défaut, 469.
de gé vers, du côté de^ 189.
dehou à lui, 196.
dei il viendra, <o6, deie il venait ha-
bituellement, 479; deitvenu, 119.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
525
demp, deomp allons, 1 10.
denessat approcher^ 111.
deo, do, deu, deux, 187.
dereab convenable, 469.
dereout convenir, 468.
Dergen, Deriane, Derrien, 136, 141.
deseu pensée, 462 ; il semble, 477.
deseuout penser, 462, 463.
deu venir; viens, 459.
d-eu il est, 458.
deui, deuio, deuo il viendra, 101,
103, 104.
deur on vient, 1 10.
deura, deurein abreuver, 117.
deuruout vouloir, 463, 469, 475,
478.
deusyot on vint, 483.
deuz viens, 459.
deuz elle a, 472.
dezurh à, jusqu'à, 363.
diablasder, dyufflaster peine, infamie,
dianaff inconnu, 462.
dianguet de écartez-vous de, 87, 89.
dibarz choisir, 1 17.
dicc, diîïçz, dins, dé, 3 54.
dicombit, dicomit (in — ), sans par-
tage, 461 .
diffaeczon défiguré, 354.
digoezaff arriver, 469.
digouzuez ignorant, 464.
diguery il ouvrait, 362.
dihuytein déchoir, 469.
d'inou là, avec mouvement, 196.
dinou verser, 1 1 6.
dioc'hountafi de lui, 192.
dioust, dius malgré, 363.
diouz, diouç de, 3 54.
Dircille, Dirchil, 136, 141 .
disccein, diskouez montrer, 104, 107,
115, 119.
diski apprendre, 107, 1 19.
dispar incomparable, 188.
dissiuout opinion, 462.
distér, distériq léger, peu important,
188.
distroncqa, distroùkan devenir livide;
essanger, 365.
ditaluezhat être sans valeur, 464.
diuers divers, 188.
divout (au) sujet de, 458.
dleout devoir, 104, 114,465, 466,
470, 478-480.
docordomni gl. arcemus, 1 17.
donet, dont venir, 1 24, 459, 480.
dornata prendre à poignées, 1 1 1.
douarha acquérir des terres, 112.
Douhe Dieu, le ciel, 191 .
doura, dourea abreuver, 1 12.
dracc, drast (course) rapide, 355.
drouc-c'hraçz, droulacz, droulans
disgrâce, discorde, 354.
drouill-drast à la hâte, 355.
du de, 363.
-ea, -eat, infinitifs, 111, 112.
ec'h eus, e teus tu as, 459.
-ec'h imparfait de l'indicatif, sens in-
défini, 482; 2'-' pers. p'ur., 483.
ed,-et, imparfait et prétérit, sens
passif ou indéfini, 100, 467, 483.
edeiunetic gl. desideratrix, 352.
Ediunet, 1 36, 141 , 352.
-éet participe passif, i 19.
-efec'h futur, 2'^ pers. plur. , 123.
-efen conditionnel, 1:3, 486.
-efet fut., 2^ pers. pi., 123, 486.
-efimp fut., ire pers. p|.^ 123, 486.
-efomp fut., irc pers. pi., 123.
eget que du comparatif, 196.
eguit que du compar. ; pour, 196.
-ehei fut., 2'^ pers. sing., 486.
-ehemb conditionnel, i^ pers. pi.,
124.
-ehemb fut., i^e pers. pi., 124, 187.
5 26 Table des principaux mots étudiés dans le tome XL
-ehen conditionnel, 122, 123.
-eher fut., sens passif ou indéfini, 474.
-ehet tut., 2c pers. p!.. 122, 187.
-ehet condition., 2* pers. pi., 483.
-ehoh condition., 2<-* pers. pi., 485.
ehom, ezom besoin, 118.352.
ei, êyo il ira, qu'il aille, 105, 106.
-ai, -i fut., 3c pers. sing., 107.
-ei fut., 2" pers. sing., 120, 187.
-eign, -ein, fut., rc pers. sing., 120,
■87.
-ein infinitif, 120.
-eint fut., 3'-- pers pi., 120, 187.
eistra, eistrat pêcher des huîtres, 113.
eit allé, 1 19.
-eit participe; impératif, 2^ pers.
pi., 1 18, 1 19.
Eleuc, 353.
eiot vous irez.? 105.
é mant, é maint ils sont, 1 17.
em bener je suis frappée (de douleur),
474-
em boan j'avais, 472.
eme dit-(il), 192, 465, 466, 476,
477-
empalazr empereur, 112.
en le, lui, 474, 475.
en eun, en un signe du participe
présent, 183, 184.
en eun, en eur, en ur, signe du verbe
réfléchi, 183, 184.
-en imparfait de l'indicatif, i 19.
en devoant ils avaient, 473.
en devout, en dout avoir, 97, 458-
460, 472-474, 478-480, 487.
enepwert pri.\ de l'honneur, 382.
e n'eunt ils ont, 473.
en evaz il eut, 472.
Enewor, 136, 141.
eno, ene là, 196.
enou dans lui, 196.
enquelezr géant, 247.
enta donc, 356.
envez virole d'outil, 90.
envou cieux, 369.
-eo fut., 3-= pers. sing., 107, 186,
187, 486.
-eot fut., 2e pers. pi., 486.
-eouint fut., 3c pers. pi., 486.
-er indicatif prés., sens passif ou in-
déf., 474.
-erfut., sens passif ou indéf., 485.
ercentbidite tu reconnaîtras, 461.
erc h neige, 78.
ero, erw sillon, 21 5.
erru, erro arrivé, 193.
erublobion prolétaires, 214, 21s.
-es, -ez impératif, 2^ pers. sing., 459.
esatcod gl. tetrex, 88, 90.
essae, essa essayer, io6_, 108, 109,
112, 113.
esuezafF être absent, 46;.
-et participe passif, 1 18, i 19.
-et indic. prés, et impér., 2'^ pers.
pi., 100, 1 18.
-et infinitif, 470, 471 .
-et superlatif d'exclamation, 206.
e te lu aurais, 460.
Ethbin, 141.
eu il est, 459, 460.
eun, eur un, 192.
eur on est, 460.
-eur indicat. prés., sens passif ou
indéf., 474.
eure il fit, plur. eurejont, 196, 460.
euryen bord, 3 56.
eùrus heureux, 188.
eus il y a, 460.
eusouion gl. gestatorum, 215.
eutcur, vutur vous voulez; il veut; je
veux, 475, 476.
euteurvezout daigner, 463.
evit pour ; que du comparatif, 192,
196, 481.
Table des principaux mois étudiés dans le tome XI. 527
ez carsettu aurais été aimé, 474.
ez signe d'adverbe, 356.
-ez prétérit, i" pers. sing., 120.
eza donc, 3 56.
-ezamp prétérit, i« pers. pi , 121.
-ezan prêt., i'-« pers. sing., 121.
-ezant prêt., 3"= pers. pi., 121.
-ezen condition, passé, 121, 122.
ezeuêtt disette, manque, 462.
faeczenn fesse, 3 H-
falvezout, fallout. fellout manquer;
vouloir, 465-468, 478.
fautout falloir, 469.
-fec'h condit., 2*= pers. pi., 484.
-fec'h fut., 2<^ pers. pi., 482.
-féet fut., 26 pers. pi., 482.
-fefet fut., 2« pers. pi., 482.
fehen je saurais. 481.
fell il faut; on veut; il veut, 465-
468; 192.
-fenn conditionnel, 123, 479-481.
-feomp fut., i"-" pers. pi., 485.
feon renoncule, 89.
-fer fut., sens passif ou indéf., 486.
-fet fut., 2" pers. plur., 482.
-fet, -fed condition., sens passif ou
indéf., 484.
-fimp, fut., 1'-'^ pers. pi., 486.
finesafï finesse, 363.
-fint fut., 3« pers. pi., 486.
Flogan, 136, 141.
-fofut., 3'^ pers. sing., 466, 487.
-foan imparfait-conditionnel, 465,
466.
-foat imparf.-condit., sens passif ou
indéf., 465.
-foc'h fut., 2« pers. pi., 484.
-foc'h, -forc'h futur-conditionnel,
2<= pers. pi., 485.
foeou violettes, 87, 89.
foillezer effeuilleur, 197.
-foint, -foink fut., 3'^ pers. pi-, 486.
-fomp fut., i>-^ pers. pi., 485.
fonce fonts baptismaux, 354.
-foflt fut., 5« pers. pi., 485 486-
-for tui., sens passif ou indéf., 486.
fos fau.x, 188.
-fot fut., 2'= pers. pi., 484.
fouillezet plein de feuilles; (bien) dis-
sipé, 197.
founilha entonner, dissiper, 197.
founill, foulin entonnoir, 197.
Fragan, Fregan, Frogan, 141.
fur sage, 188.
galler, guillir on peut, 474.
galloudus puissant, 187.
gallout pouvoir, 362, 466, 470, 474,
479-
ganat il naquit, 474.
gaolot, gavelodd fourche, 211.
ge, gye, ye, gai, 189, 190.
geot, icot herbe, 190.
Germane, 136, 141.
Gildas, 136, 141.
glann rive d'un fleuve, 352.
glas vert, bleu, gris, pâle, 183, 506.
glefoemp nous deviens, 465.
Goal, 142.
goal, gol terrible, 357.
goapeit moquez-vous ; moqué, 118,
119.
goapet vous vous moquez, 1 18.
goar il sait, 460.
goaz, goaçz pire, 354.
Goezian, 142.
Goeznoveus, Goueznou, 142, 143.
golou lumière, 3 56.
goneet, goneit gagné, 1 19.
gortoz attendre, 106, 115.
goskôr serviteurs, 74.
gouat, gouet fait, donné, 115.
gouyzyec savant, 464.
Goulchen, Goulven, Gulhuinne, 137,
143.
5 2 8 Table des principaux mois
goulc'hen je voudrais, 480.
gouzouk, gouk cou, 76.
gouzuout, gouzout, goût, goûeza,
etc., savoir, 460, 463-465, 469,
478, 479, 481, 482.
goyunez vœu, 352.
goz, guod taupe, 88, 90.
Gozien, 142.
gozro, goro traire, 357.
groa gra, il fait, etc., 101, 104-
106, 109, I 10, I 18, 1 19, I 24,
200, 459, 479.
gronç absolu, 3 54.
gruyat coudre, i 1 i .
Guedian, 142.
Gueganton 1 36, 142.
guelet, guelout voir, 362, 364, 470,
47 "i 479- _
gueleuout, gûilyoud couches, 458.
Gueltas, Gweltas, 142.
Guengualoe, Guingualui, 136, 142.
Guenhael, 142.
Guenleue, 1 37, 142.
Guennedat, 553.
Guidguale, Guoidwale, 137, 142.
Guidnoue, Guodnou, 137, 142.
Guikcrneau, 215.
Guiniau, 1 37, 143.
Guinnoce, 137, 143.
Guitalmezeau, 215.
Guitualus, Gudwalus, 142.
guizuidiguez connaissance, 464.
gulchy il lavait, 362.
Gunthiern, 143.
Guoidiane, Guidiane, 137, 142.
Guoitwal, 143.
guparth gi. remota, i 17.
Gurthierne, 137, 143.
GuzwaI, 142.
gwerz vente, 382.
gwic bourg, 215.
Gwrwallj Gurgualt 137, 143.
étudiés dans le tome XI.
-ha infinitif, 112.
ha ç- ton, 353, 3 54-
hadvéan, hadbéan être de nouveau,
461 .
-haimb conditionnel, i''^ pers. pi.,
123.
-haimb futur, !>'-■ pers. pi., 124.
ham nous allons, i i 7.
hama eh bien, 189.
hanbout manière d'être, 458.
hàfineges connaissance, 463.
hanoiou, hanvou noms, 486.
Harveus, 144.
-hat infinitif, 1 lo-i 12.
havalein-guetou imaginer, 468.
haznat connu, 463.
he. hec'h son à elle, 186,
•héd conditionnel, sens passif ou in-
déf.. 484.
hegacç agacer, 353.
hegas odieu.x, 353.
heint ils sont, 1 20.
■hen, -en conditionnel, 123, 480, 481 .
he peuc'h vous avez, 473.
he poc'h vous aurez, 473.
-her, -heur futur, sens passif ou in-
déf., 481, 486.
-her, -hér conditionnel passif ou in-
déf. 481, 483.
Hernin, Herlin, 144.
-het futur, 2^ pers. pi., i 22-1 24, 482.
heta plaire, 468, 471 .
hiat, ia oui, 244.
-himp fut., irt^ pers. p!., i 10, 486.
-hint fut.. 3'' pers. pi., 110, 486.
hirie, hizio aujourd'hui, 196.
ho les, eux. 190.
Hoarvé, 144.
hoaruout advenir, 463, 467.
Hoarzonus, Houardenus, Hoeiardone,
Huardone, 1 37, 144.
ho devoan ilsavaient, 473.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
S2Ç)
Hoeargnoue, Huarneue, 137, 144.
Hoeiarnbiu, 144.
hoent désir, volonté, 364.
-hoh condition., 2^ pers. pi., 485.
hoiarn, houarn fer, 144.
Hoiarnnine, 137, 144.
Hoiernin, Houernin, 144,
holen. halenn sel, 3 57.
-homp fut., ire pers. pi., 181, 485.
-hor fut. passif ou indéf., 486.
hor bijemp nous aurions, 473.
-hotfut., 2>= pars, pi., 484.
ho teveus, ho teus vous avez, 459.
Houarno, 144.
hou ç- votre, 353, 354.
hreit donnez, 186.
huël haut, 188.
huytout n'être pas bien, 469.
y tu iras, 101 , 103.
-y, -i, fut., 3e pers. sing,, 94, 101,
103, 108.
-i fut.. 2^ pers. sing., 120.
-y imparlait, 3e pers. sing., 362.
lahoevius. lahoiue, 137, 144.
larnhobri, 137, 144.
Idunete, 136.
leaguele, 137, 145.
iêat réjouir, 189.
iel, ielo, etc., il ira, 94-97, 103,
105,473.
-ien imparfait-conditionnel, 477-479.
yeoni gaieté, 189.
ies va, 459.
-iet imparfait, 2« pers. pi., 482.
-iff infinitif et fut., i^e pers. sing.,
120.
Ignaw, 146.
i hlareo il dira, 186.
Iliaue, 137, 145.
illin je pouvais, 362.
Iltute, 137, 145.
imguparton gl. se abdicant, 117.
-imp. fut., ire pers. pi-, 120.
impalaer empereur, 112.
impalaôures impératrice, 112.
implij, impli emploi, 182.
in dans, 192.
inaatoe gl. ineundum, 109.
Iniaw, higneau, 3 53.
innbisiou bandes, courroies, 90.
inosantât devenir sot, 1 14.
inou là, 196.
-int fut., 5e pers. pL, i 20.
inues bande, courroie, 90.
■yo pluriel, 104.
-yo fut., 3e pers. sing., 486.
-ioc'h comparatif, 104.
-yomp fut., ire pers. p|_^ 104.
-iont indicatif prés., 3e pers. pi., 104.
-yont futur et impératif, 3e pers. pi.,
104.
-yor fut., passif ou indéfini, 105, 486.
-yot fut., 2e pers. pi., 104, 105.
ir indicatif prés., passif ou indéf.,
474-
-is prêt., lie pers. sing., 120.
isel bas, 87, 89, 188.
istrein pêcher des huîtres, 113.
-it indicatif prés, et impératif, 2e p.
pi., 100, 1 18.
-it indicat.prés., 3'^ pers. sing., 205.
lubudoc, 137, 145.
lud, ludveus, 146.
ludicaele, Judicale, 137, 145.
ludoc, 137, 145, 491.
ludulus, 146.
ludwal, 145.
lunanau, 137, 145, 3J3.
luniau, 146, 3 52.
lunobrus, 353.
luti, 1 37, 146.
jalvari, jolori, charivari. 363.
Jaoua 144.
jaronçç de la vesce, 354.
5 50 Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
jaugein convenir, 46s.
-jec'h conditionnel passé, 2<^ pers. pi.,
484-
-jenn conditionnel passé; condition-
nel présent, 123.
-jet condit. passé, passif ou indéfini,
484.
jista pourvoir de cidre, 112.
joausaan,ioausean je deviensgai, 109.
-joc'h prétérit, 2^ pars, pi., 483.
-joc'h prêt., passif ou indéf., 484.
-joink prêt., 5'-" pers. pi., 486.
-jos prêt., 2^ pers. sing., 483.
-jot prêt., 2« pers. plur., 483.
-jot prêt., passif ou indéf., 483.
jubans, zubans symphonie, (cri de)
joie, 183.
Juguellus, 145.
kadoer, gouader chaise, 357.
karadek aimable, 188.
kared eur on est aimé, 484.
kembot, kombot étage, 461.
kend ar fin à la fin, 182.
kerc'ha, kerc'hât fournir d'avoine,
112, 113, 116.
kes va, 459.
kézek chevaux, 183.
ki chien, 502.
Kigavus, Kijaw, 140.
koantik gentil, 188.
komeret prenez, 193.
kreten je croirais, 480.
labourai travailler, 109, ni.
lagen, loaghen lac, 3 57.
Iakat, lakein, etc., mettre, 103, 105,
106, 108, 109, 111, 114.
Lampaul, 148.
Landeleau, 145.
Lan-Dujan, Landugen, 140.
Lan-Goesnou, 142.
Langueu.x, 140.
Lan-Houarneau, 144.
Lan Ildut, 145.
Lan-Nenec, 148.
Lan-Ratian, Larajen, 140.
Lan-Riec, 149.
lavariet on disait habituellement, 479.
Icc'h lieu, 90.
lech pierre plate, 90.
lec'hid limon, sédiment, 90.
leh marais ? 87, 89, 90.
lerc'h suite, trace, 79.
Les-Hernin, 144.
lestnaued gl. nausiam, 116.
Leubri, 1 37, 146.
leur, leu sol, aire, 207.
Leuthern, Loutierne, 137, 146.
Leviav, 146, 147.
licenn lice, 354.
Lisure.? 137, 146.
Lizinus, 146.
loar, loer lune, 364.
Loc-Brevalazr, 1 39, 490.
Loc-Gouziern, Loc-Gurthiern, 143.
Loc-Iudet, 491 .
Locmalo, 147.
Loc-Melaer, Lomener, 147.
Locoal 142.
Locoyarn, 143.
Loc-Pezran, Lopéran, 148.
Loc-Ronan, 149.
Locunole, 142.
Lohene, 1 37, 146.
Lohuzec, 491 .
lonce cuiller à pot, 354.
Loperhet, 139.
louc'h, loc'h mare d'eau, 90.
Loviau, 137, 146.
luson trace, i 16.
ma, më, me, moi, mon, 190.
ma si, 487 .
ma eh bien, 189.
mabr marbre, 3 58.
Maccent, 137, 147.
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI. 5^1
Machlow, Macloue, Malow, Ma!o,
Macutus, 137, 138, 147.
inacoer pi. maguaerou mur, 357.
maen pierre, 369.
maieste, meste, mese respect, façon
digne, 364.
mancqout manquer, 469.
mançzonner maçon, 354.
Mapedat, 355.
mar a plus d'un, plusieurs, 361 .
marc'heat chevaucher, iii, 112.
mat, vad, bon, bien, 188, 189, 208.
mateheoiï serviteurs, 183.
matez servante, 1 38, 183.
Matith? 137, 147.
Matoc, 147.
mau serviteur, 353.
Mauvedat, 3'i3.
me moi, 476, 477.
medi moissonner, 90.
medot gl. metes, 88, 90.
mein ils sont, 106.
Melani, 137, 147.
melen, melon jaune, blond, 193.
Meleor, Mêler, Melore, 137, 147,491.
membry je l'atteste, 477.
mennat souhaiter, demander, penser,
462.
meplaom être confondu, 109, iio.
merchaussy, mechochi, écurie 3^8.
mesa faire paître, 112.
mëtu dites, 476.
meump nous avons, 473.
meuz-om nous avons, 471.
Meven, Meuinne, 137, 147.
milhezr maladie des pieds, 3^5, 356.
mitisien serviteurs, 182, 183.
Mochdreb, Motreff, 138.
moez voix, 3 54.
moger mur, 357.
monçç manchot, estropié, émoussé.
trompeur, 354.
monçça moussa, émousser, 354.
monet, vonet, onet, mont aller, 97,
.87.
mons : klafi —, très malade, 554.
morgablou estuaires, 210, 211.
muled mules, engelures aux talons,
Munna, 1 37, 148. |
munsat flairer, 3 56.
na, ne, ne pas, 95, 96.
nadoez, noade aiguille, 357.
nehi d'elle, elle, 191.
nehoQ de lui, lui, 191, 363.
néjeta chercher des nids, ni.
nem denr je ne veux pas, 463, 467,
47S-
nemet, nemert sinon, 476, 480, 48 1 .
'n en, eun dén quelqu'un, on, 189.
Nenec, 148.
neuze, neuzo alors, 193.
Neventer, 141 .
nin a moamp nous avions, 473.
Nin, 141.
Ninnoca, 137, 148.
noas, noassat, noazout nuire, 113, 469.
no neun ils n'ont, 473.
0 lazet ils étaient tués, 474.
-0 pluriel, 466.
-0, -ou, fut., 3*; pers. sing., 94, 103,
107, 108, 186, 187.
oa il était, 460.
oade, ode brèche, 3 57.
oair on était, 481.
oalet, oled foyer, 357.
oan j'étais, je serais, 487.
oan, uën je suis, 193.
oar on est, 460.
oarez signe, 357.
oc'h outho à eux, 192.
•oc'h fut., 2^ pers. pi., 485.
0 defjont qu'ils aient, qu'ils eussent,
473-
5 J2 Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
oe il fut, 460.
oéd on fut, 485.
oéjoc'h vous fûtes, 460.
oejont ils furent, 460.
-oint fut., 3c pers. pi., 466.
ollored poursuite des traces, 79.
-omb nous, i 17.
omb, omp nous sommes, 117, 118.
-omp indicatif prés., !•■« pers. pi.,
117.
-omp fut., F*^ pers. pi., 104.
-ont indic. prés., 3'-" pers. pi., 117,
118.
-ont fut. et impér., 3'; pers. pi., 104,
105.
-or fut., passif ou indéf. , 486.
-or indic. prés., passif ou indéf., 474.
ord ordre, 554.
ou devezé, 0 devise qu'ils eussent,
122.
oueit allé, 119.
ous, out tu es, 483.
ous, ouz à, 100, 192.
ous n'em, ouz'ii im signe du participe
prés., 184.
-out infinitif, 463, 468, 469.
oz bez vous avez habituellement, 459.
palfuata manier, 1 12.
pan quand, 364.
paner, panner village, 364.
panevet n'était, 476.
paradoueis paradis, ciel, 191.
Paterne, 137, 148.
Patrici, 1 37, 148.
Paul, 137, 148.
Paulinine, Paulninan, 137, 148.
pec'h vous auriez, 473.
pellaat, péellein éloigner, 103, 105,
108, 116, 188.
pemped cinquième, 206.
pence! pièce, 3 54.
pençz fesse, 3 54.
peneverte n'était, 476.
penliêr hameau, bout du village, 364.
péré qui, lesquels, 11$.
pervean être tout à fait, 461.
perze sans cela, 476.
pesketaer pêcheur, i 1 2.
pesqueta,pesquetaiTpêcher, 111,112.
petoïnt qu'ils prient, 486.
Petran, 137, 148.
Petroc, 491 .
peuc'h vous avez, 473.
peul poteau, 369.
peulvan pierre longue, 369.
peur-bennâc toutes les fois que, 111.
piaoùout avoir, posséder, 469.
pignas-te monte, 459.
pijez tu aurais, 472.
pificin bénitier, 3 54.
pinevit e n'était, 476.
Pinnuh, 1 37, 148.
pisquetat pêcher, 113.
Pleu-Cadeuc, 140.
plich plût (à Dieu), 485.
plijout plaire, 114, 468, 471.
Ploe-Moven, Ploeven, 147.
Ploneour, 141.
Ploudalmezeau, 215.
ploue, plou, plo, pieu peuplade,
plèbe, 215.
Plouguerneau, 215.
Plou neventer, 141 .
Plueu Eneuur, 141 .
Pluherlin, 144.
poa vous aviez, 472.
poan, poen peine, 364.
polissaff, policzaflF polir, 356.
pop chaque, 193.
pore maladie subite et forte, 557.
Pritient, Prijent, 140.
profT prouver, 480, 481.
propr, prope propre, 187.
prui:s « prussien n, arbre, 355.
Table des principaux mois étudiés dans le tome XI.
W3
puncc puits, 3 54.
pussunius (plaisirs) empoisonnés, 1 87.
quea va, 109.
queah, pi. queih cher, 188.
queff il trouve, 102.
ra que optatif, 100.
ra il donne, 115, i iy, 119.
Racat, 148.
ra c'houzoc'h sachez, 485.
r'am béz que j'aie, 96.
ran je donne, 115.
ranneit partagé, 1 19.
rasspa grapiller, 1 12.
Ratian, 140.
Rauualus, 149.
Rawele, 137, 148.
rei, roy, etc., il donnera, 101, 103,
106.
reit, roëit donné, 1 19.
Renan, 149.
rencout, rancqout, devoir, avoir be-
soin, I 14, 469, 470.
Rethgualt, RethwaI, Restoald, 138,
149.
rez tu fais. 110.
rez, roez tu donnes, 1 10.
ri il fera, 107.
Rioc, 137, 149.
Riocat, 148.
Ritien, 145.
Riwalus, 149.
rof je donne, 1 10.
Ronan, 1 38, 149.
roncin roussin, 555.
roricseti gl. sulcavissent, 122.
Ros-Lohen, Ros-noen, 146.
Ros-Serechin, 149.
rôt donné, i 10.
Roteneuc, 1 50.
rou il fera, 107.
rouez rare, 365.
rouez don, 365.
Revue Celtique, XL
Runare, 1 38, 149.
rust (temps) rude, 188.
sainis il entraîna, 215.
Salmon, 1 38, 149.
saludhaimb nous saluerons, 124.
Samson, 1 38, 149.
santout sentir, 468.
savetei, sovetat sauver, 1 14.
sciir tranchant (d'épée), 359.
sca, scoa il frappe, 115, 116.
scouc cou, nuque, 3 5 5.
seblantout sembler, 469.
serc'h concubine, 78.
Serecine, 1 38, 149.
servi, servij service, 182.
Serwane, 1 38, 149.
-set conditionnel passé, passif ou in-
déf., 484.
seul seul, 188.
siab convenable, 469.
sioud être séant, 469.
skiinsen éclis, 3 54.
-soch prêt., 2^ pers. pi., 483.
-somp, -zomp prêt., F"^ pers. pi.
121.
-son, -zoun, -joun, -choun, prêt.,
1'''^ pers. sing., 121.
-sont, -zont, prêt., 3*^ pers. pi., 121,
-sot, -sout, -zoud, -joud, prêt.,
2^ pers. sing., 483.
splannein briller, i 16.
stlegat il fut traîné, on traîna, 474.
strocat il fut traîné, 365.
stronça ébranler, 36J.
stunteiet décavé, 355.
suk sucre, 355.
Sulian, 138, 145, 149.
-t participe passé, 1 10.
taffha, taflhafî, tanvat, tanvea, goûter,
112, 113.
tàleges valeur, 463.
talmeta tâtonner pour chercher, 111,
35
5 34 Table des principaux mots étudiés dans le tome XL
talvout, taleifi, talveza, etc., valoir,
i8o, 463, 466, 467, 478.
Tan Ici, Tannegui, 502.
taozeta glaner, 111.
Tearnmaile, 1 38, 1 50.
Tenenan. 1 50.
teskoa glaner, 1 12.
teureil, teureul jeter, 362.
teurvezout daigner, 463.
Ticiawa, 138, 150.
to- préfixe, 145.
Toconoce, Teconoce, 138, 145, 150.
Toninnane, 1 38, 1 50.
Toritien, 145.
Torntrient, gl. Trinovantum, 21 ^.
tortafi lanterner, 97.
testât, tosteign, etc., approcher, 114,
118, 479.
Tosuliau, 745.
'tou tu auras, 459.
Touez-^c, 143.
touferi je prouverais, 481.
tout tout, 187.
Towoedocus, 143.
traezer « couloire ', 197.
Trechmor, 1 50.
Treff-Riagat, Treffiagat, 148.
Tre-guehuc, Tregueux, 140.
tréhein, îréhatt faire passer en ba-
teau, 197.
trei tourner, 97, 101, 106, 110.
treiza faire passer en bateau, 197.
treizer entonnoir, 197.
Tremeler, 147.
Tremeven, 147.
treust poutre, 207.
treza prodiguer, 197.
trezer, trezenner prodigue, 189.
trezer entonnoir; ivrogne; prodigue,
197.
Trifina, 1 58, 1 50.
Iroèl, trui, turel, turui jeter, 362.
troieta tourner et virer, i 12.
tronczaff, tronsafi trousser, 354, 365.
trugar miséricordieux, 188.
Tudgual, Tudual, Tutgual, Tutwale,
138, I 50.
Tutian. 140.
ùier qu'on soit, 478.
uir? 87, 89.
un, eun, on un, 193.
va me, moi, 190, 191 .
vad du bien, 208.
ve il serait, 97, 487.
ve, vez il est habituellement, 97.
vedégez attention, 464.
vehai il serait, 1 24.
veher on serait, qu'on soit, 478.
Veho, Vec'ho, Vezo, 138.
véné il voulait, 192.
ver qu'on soit, 478.
vez, véz qu'il soit, il serait, 96, 97.
vezet qu'il soit, 96.
vied on serait, 484.
vient ils seraient, qu'ils fussent, 465,
478.
vihe il serait, 478.
vihet vous serez, 464.
vihoc'h que vous soyez, 484.
vihomp, viomp nous serons, 105.
vihon bet j'aurai été, 105.
vihont, viont ils seront, qu'ils soient,
105.
vihor, vior on sera, 105.
vihot, viot vous serez, 105.
viis, vis )e tus, 460.
vijed on serait, 484.
vioiin je fus, 105.
viout tu fus, 105.
vise il eût été, 478.
-visen conditionnel passé, 466.
visont ils étaient habituellement, 460.
vizent \\s seraient, ils étaient habi-
tuellement, 460.
■♦
Table des principaux mots étudiés dans le tome XI.
535
vizin je serai, 105.
voa il était, 487.
voan j'étais, 460.
Vodoalus, 142.
voe il iut, 464, 465, 487.
voejent ils seraient, 460.
voejomp nous fûmes, 460.
voint ils seront, 486.
vomp nous serons, 48^.
vont ils seront, 486.
vons fond, 3 54.
voùén je fus, 460.
Vulvinus, 143.
wert valeur, prix, 382.
Winganton, 142.
Winnoc, 143.
Winwaioe, 142.
Woednovius, 143.
WotwaI, Woitwal, 142.
za donc, 3 56.
-zand prêt., 3e pers, pi , 121.
-zeah cond. passé, 2^ pers. pi., 121.
-zed, -jed, conditionnel, passif ou in-
défini, 484.
-zeur, -jeur prétérit, passif ou indé-
fini, 484.
-zyéd conditionnel, passif ou indéf.,
484.
•zien conditionnel, 479.
zo, 'zoh de, 363.
zo, zeo (il) est, 187.
-zofit, -jont prêt., 3^ pers. pi., 460.
-zot, -jot prêt., 2^ pers. pi., 483.
ERRATA
P. 121, 1. 25, lisez -(e)iainl>, -(e)iant.
P. 195, V. 28, lis. nen deuruihe.
P. 201, 1. 31-32, lis. Le cantique de l'Enfant prodigue le fait
P. 354, 1. 8, lis. da c'Jjordèw
P. 354, 1. 13, lis. de la vesce
P. 474, dern. 1., lis. il fut traîné
P. 484, n. 2, 1. 2, lis. Breurici ar feii-
P. 516, col. I, 3-^ ligne à partir du bas, au lieu de Gaulçis Usc:^ Gaulois.
E. E.
Le Propriétaire-Gérant : E. BOUILLON.
Chartres. — Imprimerie DURAND.
/
ui^fi^dL
PB 1001 .R5 v.ll SMC
Revue celtique
Does Not Circulate